Dynastie des Lagides

Définition

Donald L. Wasson
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 29 septembre 2016
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Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
Bust of Ptolemy I (by Osama Shukir Muhammed Amin, Copyright)
Buste de Ptolémée Ier
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

La dynastie des Lagides (alias Dynastie des Ptolémées ou Dynastie ptolemaïque) contrôla l'Égypte pendant près de trois siècles (305 - 30 av.-J.-C.), avant de tomber aux mains des Romains. Curieusement, même s'ils régnaient sur l'Égypte, ils ne sont jamais devenus égyptiens. Au contraire, ils se sont isolés dans la capitale d'Alexandrie, une ville imaginée par Alexandre le Grand. La ville était grecque, tant dans sa langue que dans ses pratiques. Il n'y avait pas de mariages avec des étrangers: le frère épousait la sœur ou l'oncle épousait la nièce. La dernière reine ptolémaïque, Cléopâtre VII (v. 69-30 av. J.-C.), était macédonienne mais parlait l'égyptien ainsi que d'autres langues. À l'exception des deux premiers pharaons ptolémaïques, Ptolémée Ier et son fils Ptolémée II, la plupart des membres de la famille étaient plutôt ineptes et, en fin de compte, ne conservèrent leur autorité qu'avec l'aide de Rome.

Une famille grecque de pharaons égyptiens

L'un des aspects uniques et souvent mal compris de la dynastie des Lagides est de savoir comment et pourquoi elle ne devint jamais égyptienne. Les Ptolémées coexistèrent en tant que pharaons égyptiens et monarques grecs. À tous les égards, ils restérent complètement grecs, tant dans leur langue que dans leurs traditions. Cette caractéristique unique était maintenue par des mariages mixtes, le plus souvent entre frère et sœur, voire entre oncle et nièce. Cette consanguinité avait pour but de stabiliser la famille; la richesse et le pouvoir étaient ainsi consolidés. Bien que cela ait été considéré par beaucoup comme un fait égyptien et non grec - la déesse mère Isis avait épousé son frère Osiris - ces mariages entre frères et sœurs furent justifiés ou du moins rendus plus acceptables en se référant à des récits de la mythologie grecque dans lesquels les dieux se mariaient entre eux ; Cronos avait épousé sa sœur Rhéa, tandis que Zeus avait épousé Héra.

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Les Ptolémées coexistèrent en tant que pharaons égyptiens et monarques grecs. Ils restèrent totalement grecs, tant dans leur langue que dans leurs traditions.

Sur les quinze mariages ptolémaïques, dix furent contractés entre frère et sœur et deux avec une nièce ou une cousine. Cela signifie que même Cléopâtre VII, la dernière des Ptolémée à régner sur l'Égypte et sujet de pièces de théâtre, de poèmes et de films, n'était pas égyptienne mais macédonienne. Selon un historien, elle descendait de grandes reines grecques telles qu'Olympias, la mère trop possessive d'Alexandre le Grand.

Toutefois, à sa décharge, Cléopâtre fut la seule des Ptolémées à apprendre à parler l'égyptien et à faire des efforts pour connaître le peuple égyptien. Bien entendu, cette consanguinité était loin d'être idéale: la jalousie était omniprésente et les conspirations fréquentes. Ptolémée IV aurait assassiné son oncle, son frère et sa mère, tandis que Ptolémée VIII aurait tué son fils de quatorze ans et l'aurait découpé en morceaux.

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Hellenistic Successor Kingdoms c. 301 BCE
Royaumes des diadoques, 301 av. J.-C.
Simeon Netchev (CC BY-NC-SA)

Ptolémée Ier Soter

La mort soudaine d'Alexandre le Grand, en 323 avant notre ère, sema le chaos et la confusion dans son vaste empire, car il mourut sans désigner d'héritier ou de successeur, déclarant au contraire que l'empire était laissé "aux meilleurs". Les commandants qui l'avaient fidèlement suivi depuis la Macédoine à travers les sables désertiques de l'Asie occidentale furent laissés à eux-mêmes pour décider du sort du royaume. Certains voulaient attendre la naissance du fils de Roxanne et d'Alexandre, le futur Alexandre IV, tandis que d'autres préféraient une solution plus immédiate et plus intéressée: le diviser entre eux. La décision finale entraînerait des décennies de guerre et de dévastation. Le vaste territoire fut partagé entre les généraux les plus loyaux d'Alexandre : Antigone Ier le Borgne, Eumène de Cardie, Lysimaque, Antipater et enfin Ptolémée, le "plus audacieux" des commandants d'Alexandre.

Ptolemy I
Ptolémée Ier
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Ptolémée Ier Soter (Sauveur) (366 - 282 av. J.-C.) était un noble macédonien et, selon la plupart des sources, le fils de Lagos et d'Arsinoé. Il avait été un ami d'enfance d'Alexandre, son goûteur officiel, son garde du corps et peut-être même un parent; les rumeurs abondaient sur le fait qu'il aurait été le fils illégitime de Philippe II, le père d'Alexandre. Après la mort du roi, il mena la campagne de partage de l'empire entre les principaux généraux et le partage de Babylone, et, à sa grande joie, il reçut la terre qu'il avait toujours convoitée, l'Égypte. Aux yeux de Ptolémée, l'Égypte était la terre idéale, riche en ressources.

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Après des années d'oppression sous les Perses, le peuple égyptien avait accueilli Alexandre et son armée conquérante. Les conquérants perses avaient été intolérants à l'égard des coutumes et de la religion égyptiennes. Alexandre était beaucoup plus tolérant, embrassant même leurs dieux et priant dans leurs temples. Il avait même construit un temple en l'honneur de la déesse mère égyptienne Isis. Cependant, Ptolémée voyait surtout en l'Égypte un vaste potentiel, purement égoïste. Ses frontières étaient faciles à défendre avec la Libye à l'ouest et l'Arabie à l'est (il était assez sage pour ne pas faire confiance à ses collègues commandants), et l'Égypte était proche de sa patrie, la Macédoine.

Malheureusement, si le partage accorda bel et bien l'Égypte à Ptolémée, certains ne faisaient pas confiance au méfiant commandant, à savoir Perdiccas, le successeur autoproclamé d'Alexandre. C'est ainsi que Cléomène de Naucratis, qui avait été nommé ministre des finances égyptien par Alexandre, fut nommé par Perdiccas comme auxiliaire ou hyparchos pour surveiller (ou espionner) Ptolémée. Se rendant compte du stratagème de Perdiccas, Ptolémée savait qu'il devait se débarrasser de Cléomène. Il accusa donc l'imprudent ministre de "malversations fiscales" - une accusation qui n'était pas tout à fait fausse - et le fit exécuter. Cléomène éliminé, il pouvait désormais régner seul sans que personne ne le surveille et, ce faisant, il fonda une dynastie qui durerait près de trois siècles, jusqu'à l'époque de Jules César et de Cléopâtre VII. Au cours de ses quatre décennies à la tête de l'Égypte, Ptolémée plaça le pays sur des bases économiques et administratives solides.

Après la mort de Cléomène, Ptolémée Ier s'imposa rapidement et fermement en Égypte. Son seul objectif était de rendre à l'Égypte sa grandeur. À contrecœur, cependant, il s'impliqua dans les guerres des successeurs (les batailles destructrices entre les généraux d'Alexandre le Grand). Bien que Ptolémée Ier n'ait pas intentionnellement cherché à conquérir des territoires en dehors de l'Égypte, il saisit toutefois l'occasion qui se présenta et occupa l'île de Chypre vers 318 avant notre ère. Une autre occasion lui permit de combattre un Spartiate nommé Thribon qui s'était emparé de la ville de Cyrène sur la côte nord-africaine. Après une victoire rapide et décisive, il remit le conquérant déchu à la ville qui l'exécuta vite fait bien fait. Malheureusement, Ptolémée ne put éviter d'être mêlé aux autres commandants, et il donna refuge à Séleucos, puis soutint Rhodes contre les forces d'invasion de Démétrios Ier Poliorcète, fils d'Antigone.

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Family Tree of the Ptolemaic Dynasty of Egypt (305-30 BCE)
Arbre généalogique de la dynastie ptolémaïque d'Égypte (305-30 avant notre ère)
Simeon Netchev (CC BY-NC-SA)

Cependant, sa rivalité avec Perdiccas ne faiblit pas. L'hostilité ne s'apaisa guère lorsque Ptolémée vola le corps d'Alexandre alors qu'il était transporté dans un tombeau nouvellement construit en Macédoine. En tant que chiliarque du roi, Perdiccas s'était solidement établi après la mort d'Alexandre, espérant toujours réunifier l'empire. Il possédait l'anneau sigillaire ainsi que le corps du roi et s'apprêtait à le ramener en Macédoine. Mais à Damas, le corps disparut inexplicablement. Ptolémée Ier l'avait volé et emmené à Memphis, puis à Alexandrie où le sarcophage d'or était exposé au centre de la ville. Le moins que l'on puisse dire, c'est que Perdiccas fut scandalisé. Cependant, pour les Égyptiens, la légitimité de la dynastie ptolémaïque résidait dans son lien avec le roi déchu. Même mort, il jouait un rôle majeur dans l'imaginaire égyptien et ptolémaïque. Le vol d'Alexandre était trop important pour Perdiccas. Le long désaccord aboutit finalement à une guerre (322 - 321 av. J.-C.). Il intensifia ses attaques militaires contre le pharaon ptolémaïque, mais après trois tentatives infructueuses de traverser le Nil pour entrer en Égypte et la perte de plus de deux mille soldats, son armée en eut assez et l'exécuta. Les autres commandants ne le pleurèrent guère, car Perdiccas n'était pas très populaire.

Ptolémée II Philadelphe

Ptolémée Ier mourut en 282 avant notre ère et nomma son fils Ptolémée II Philadelphe (308 - 246 av. J.-C.) pour lui succéder. Le jeune Ptolémée était corégent avec son père depuis 285 avant notre ère. Ptolémée II épousa la fille du régent/roi thrace Lysimaque, Arsinoé I. À des fins d'alliance, après la mort de sa première femme, Lysimaque avait choisi d'épouser Arsinoé II, la fille de Ptolémée Ier et de sa maîtresse Bérénice, aux alentours de 300 avant notre ère. Un mariage qu'il allait regretter. Pour des raisons inconnues - probablement pour assurer le trône de Thrace à son propre fils - Arsinoé II convainquit son mari de tuer son fils aîné et héritier (issu de son premier mariage), sous l'accusation fallacieuse de trahison. L'assassinat du jeune commandant populaire provoqua l'émoi de nombreux officiers.

Après la mort de Lysimaque, Ptolémée épousa sa sœur (la veuve du roi) Arsinoé II. Contrairement à la plupart de ses successeurs, Ptolémée II agrandit l'Égypte en reprenant Cyrène (la ville avait déclaré son indépendance vis-à-vis de l'Égypte) et en faisant des acquisitions en Asie Mineure et en Syrie. Il mena deux guerres - les guerres de Syrie - contre Antiochos Ier et Antiochos II (r. de 260 à 252 av. J.-C.) et maria sa fille Bérénice à Antiochos II. Malheureusement, il participa également à la guerre de Chrémonidès contre la Macédoine (267 - 261 av. J.-C.), où il échoua. En Égypte, il établit des comptoirs commerciaux le long de la mer Rouge, acheva la construction du Phare et agrandit la bibliothèque et le musée. Pour honorer ses parents, il institua une nouvelle fête, les Ptolemaia.

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Ptolemaic Egypt c. 240 BCE
Égypte ptolémaïque vers 240 avant notre ère
Simeon Netchev (CC BY-NC-SA)

Guerres de Syrie

Manifestement, Ptolémée II serait l'un des derniers grands pharaons d'Égypte. Nombre de ses successeurs ne réussirent pas à renforcer l'Égypte, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. La jalousie et les luttes intestines étaient monnaie courante. À la mort de son père en 246 avant notre ère, Ptolémée III Évergète (le Bienfaiteur, 284 - 221 av. J.-C.) monta sur le trône. Il épousa Bérénice II, originaire de la ville grecque de Cyrène. Parmi leurs six enfants, on compte Ptolémée IV et une princesse également nommée Bérénice.

La mort soudaine de la princesse entraîna le décret de Canope (238 av. J.-C.) qui, entre autres proclamations, l'honorait en tant que déesse. Une suggestion intéressante faite dans le décret concernait un nouveau calendrier, qui comprenait 365 jours avec un jour supplémentaire tous les quatre ans, mais elle ne fut pas adoptée. En 246 avant notre ère, Ptolémée III envahit la Syrie pour soutenir le mari de sa sœur, Antiochos II, dans la troisième guerre de Syrie contre Séleucos II, mais il n'acquit que des villes en Syrie et en Asie mineure.

Son successeur et fils Ptolémée IV Philopatôr (qui aime son père, 244 - 205 av. J.-C.) monta sur le trône d'Égypte en 221 avant notre ère. Fidèle à la tradition familiale, il épousa sa sœur Arsinoé III en 217 avant notre ère. Il remporta quelques succès lors de la quatrième guerre de Syrie (219 - 217 av. J.-C.) contre Antiochos III. Cependant, il fut généralement parlant plutôt inefficace et sa seule autre réalisation fut la construction du Sema, un tombeau en l'honneur d'Alexandre et des Ptolémées. Malheureusement, lui et sa femme furent assassinés lors d'un coup d'État au palais en 205 avant notre ère.

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Ptolemy V
Ptolémée V
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Ptolémée V Épiphane (210 - 180 av. J.-C.) était le fils de Ptolémée IV et d'Arsinoé III et, en raison de la mort soudaine de ses parents, il hérita du trône alors qu'il n'était encore qu'un jeune enfant. Il épousa la princesse séleucide Cléopâtre I en 193 avant notre ère. Malheureusement, son ascension fut suivie d'une guerre et d'une révolte des rois séleucides et macédoniens qui espéraient s'emparer des terres égyptiennes. À la suite de la bataille de Panion, en 200 avant notre ère, l'Égypte perdit de précieux territoires dans la mer Égée et en Asie mineure, y compris la Palestine. En 206 avant notre ère, une dissidence apparut dans la ville égyptienne de Thèbes, qui resta hors du contrôle des Ptolémées pendant vingt ans.

Le successeur de Ptolémée V, Ptolémée VI Philométor (qui aime sa mère), commença son règne, comme son père, alors qu'il était encore un petit enfant, servant avec sa mère jusqu'à la mort inattendue de celle-ci en 176 avant notre ère. Malgré de graves problèmes avec son frère, le futur Ptolémée VIII Evergète II, il épousa sa sœur Cléopâtre II et entama un règne tumultueux. L'Égypte fut envahie à deux reprises (169 - 164 av. J.-C.) par Antiochos IV, dont l'armée s'approcha même de la ville d'Alexandrie. Avec l'aide de Rome, Ptolémée VI reprit le contrôle nominal de l'Égypte, mais son règne - aux côtés de son frère et de sa femme - resta marqué par des troubles. En 163 avant notre ère, son frère et lui parvinrent finalement à un compromis selon lequel Ptolémée VI prendrait l'Égypte tandis que Ptolémée VIII règnerait sur Cyrène. En 145 avant notre ère, Ptolémée VI mourut dans une bataille en Syrie.

Guerre civile

On ne sait pas grand-chose du règne de Ptolémée VII, ni même s'il régna vraiment, mais Ptolémée VIII, le frère cadet de Ptolémée VI, monta sur le trône en 145 avant notre ère. Fidèle à la tradition ptolémaïque, il épousa la veuve de son frère, Cléopâtre II, avant de la remplacer par sa fille, sa nièce, Cléopâtre III. Une guerre civile ravagea l'Égypte de 132 à 124 avant notre ère, en particulier la capitale Alexandrie, qui détestait Ptolémée VIII. En fait, ce n'était pas rare, car les citoyens de la ville n'aimaient guère la famille royale, si tant est qu'ils l'ait jamais aimée. Cette haine intense entraîna des persécutions et des expulsions extrêmes pour les habitants de la ville. Finalement, une amnistie fut conclue en 118 avant notre ère.

Ptolemaic King
roi ptolémaïque
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Son fils aîné succéda à Ptolémée VIII en 116 avant notre ère. Ptolémée IX Soter II (Sauveur) (142 - 80 av. J.-C.) était également connu sous le nom de Lathyre (pois chiche). Comme beaucoup de ses prédécesseurs, il épousa deux de ses sœurs, Cléopâtre IV, mère de Bérénice IV, et Cléopâtre V Sérénissime, qui lui donna deux fils. Il régna conjointement avec sa mère Cléopâtre III jusqu'en 107 avant notre ère, date à laquelle il s'enfuit à Chypre après avoir été renversé par son frère. Il reprit le trône en 88 avant notre ère et régna jusqu'à sa mort en 80 avant notre ère.

Essor de Rome

Les pharaons suivants n'eurent que peu d'impact, voire aucun, sur l'Égypte et, pour la première fois, une puissance montante à l'ouest eut un impact majeur: Rome. Ptolémée X Alexandre Ier (140 - 88 avant J.-C.) était le frère cadet de Ptolémée IX et avait été gouverneur de Chypre jusqu'à ce que sa mère ne l'amène en Égypte en 107 avant J.-C., en remplacement de son frère. En 101 avant notre ère, il aurait assassiné sa mère Cléopâtre IV. Il épousa alors la fille de Cléopâtre V Sérénissime (sa nièce), Bérénice III. Il quitta l'Égypte après en avoir été chassé en 88 avant notre ère, mais se perdit en mer. Son fils cadet, Ptolémée XI Alexandre II, lui succéda brièvement (100 - 80 av. J.-C.). Après avoir cédé l'Égypte et Chypre à Rome, Ptolémée XI fut placé sur le trône par le général romain Cornelius Sulla et gouverna conjointement avec sa belle-mère Cléopâtre Bérénice jusqu'à ce qu'il ne l'assassine. Malheureusement, il fut lui-même assassiné par les Alexandrins.

Ptolémée XII Néos Dionysos (également connu sous le nom d'Aulète) était un autre fils de Ptolémée IX qui succéda à Ptolémée XI en 80 avant notre ère. Il épousa sa sœur Cléopâtre Tryphène. Malheureusement, ses relations étroites avec Rome lui valurent d'être méprisé par les Alexandrins et d'être expulsé en 58 avant notre ère. Cependant, il retrouva le trône avec l'aide du gouverneur syrien Gabinius et ne parvint à rester que grâce à des pots-de-vin et à ses liens avec Rome, car le Sénat romain se méfiait de lui.

Ptolemy XII Bust
Buste de Ptolémée XII
Veselin (Public Domain)

Le pharaon suivant, Ptolémée XIII (63 - 47 av. J.-C.), était le frère et l'époux de la très célèbre Cléopâtre VII. Son passage sur le trône fut de courte durée. Il s'était associé sans succès à sa sœur Arsinoé dans une guerre civile, choisissant de s'opposer à la fois à Jules César et à Cléopâtre dans une lutte pour le trône. Au départ, il s'attendait à gagner les faveurs de César lorsqu'il tua le général romain Pompée, qui s'était réfugié en Égypte et présenta la tête coupée à César. Cependant, le commandant romain s'était mis en colère peut-être parce qu'il aurait voulu tuer Pompée lui-même. L'armée de Ptolémée XIII fut vaincue après une bataille intense et il se noya dans le Nil lorsque son bateau se renversa. Arsinoé fut emmenée à Rome, enchaînée (elle serait libérée plus tard).

Après Ptolémée XIII, un autre frère, Ptolémée XIV (59 - 44 av. J.-C.), qui avait été brièvement gouverneur de Chypre et avait ensuite épousé sa sœur (selon les souhaits de César), régna jusqu'à sa mort brutale, probablement causée par un empoisonnement sur ordre de sa grande sœur.

Cléopâtre, dernier pharaon ptolémaïque

Enfin, le dernier pharaon d'Égypte fut Cléopâtre VII, que l'histoire connaît sous le nom de Cléopâtre. Elle régna sur l'Égypte pendant 22 ans, contrôlant une grande partie de la Méditerranée orientale. Comme beaucoup de femmes de son époque, elle était très instruite, son père Ptolémée XII l'ayant préparée au trône selon la tradition grecque (hellénistique). Elle se fit aimer du peuple égyptien, participant à de nombreuses fêtes et cérémonies égyptiennes et en étant la seule des Ptolémées à apprendre la langue égyptienne en plus de parler l'hébreu, l'éthiopien et d'autres dialectes.

Bust of Cleopatra
Buste de Cléopâtre
Louis le Grand (Public Domain)

Pour s'assurer le trône après avoir vaincu ses frères et sa sœur, elle se rendit compte qu'elle devait rester amie avec Rome. Sa relation avec Jules César fut le sujet des dramaturges et des poètes pendant des siècles. Après la mort de César et la remise en cause de l'équilibre des pouvoirs à Rome, elle se rangea malheureusement du côté du général romain Marc Antoine, pour tout perdre à la bataille d'Actium. Malheureusement, elle ne trouva aucune compassion chez Octave, le futur empereur Auguste, et se suicida. Le fils qu'elle eut de César, Césarion (Ptolémée XV), fut mis à mort par Octave. Ses autres enfants, Alexandre Hélios, Cléopâtre Séléné et Ptolémée Philadelphe, plus jeunes, furent amenés à Rome pour être élevés par l'épouse d'Octave. Comme tout le reste de la Méditerranée - décrite autrefois comme un lac romain - l'Égypte se soumit à la domination romaine et le pouvoir des Ptolémées prit fin.

Hellénisation et Alexandrie

L'une des caractéristiques les plus importantes du régime ptolémaïque fut sa politique d'hellénisation, qui consista à intégrer la langue et la culture grecques dans la vie quotidienne des Égyptiens. Il n'y eut aucune tentative d'assimilation à la civilisation égyptienne. L'une des premières mesures prises par Ptolémée Ier fut de déplacer le centre du gouvernement de son emplacement traditionnel à Memphis - qui resterait le centre religieux - vers la ville nouvellement construite d'Alexandrie.

Alexandrie occupait un emplacement plus stratégique, beaucoup plus proche de la mer Méditerranée et de la Grèce. Grâce à ce déménagement, Alexandrie devint une ville plus grecque qu'égyptienne. En fait, les Ptolémée quittaient rarement la ville, seulement pour faire une croisière sur le Nil. Comme dans la majeure partie de l'ancien empire alexandrin, le grec devint la langue du gouvernement et du commerce.

Ptolémée Ier fit également d'Alexandrie le centre intellectuel de la Méditerranée en y construisant une imposante bibliothèque et un musée. Alors que le musée offrait des sièges pour une réflexion tranquille, la bibliothèque amassait une collection de milliers de rouleaux de papyrus, attirant des hommes de philosophie, d'histoire, de littérature et de science de toute la Méditerranée pour les décennies à venir. Le conseiller de Ptolémée Ier pour ce projet était Démétrios de Phalère, diplômé du Lycée d'Aristote à Athènes; la bibliothèque devint un véritable centre de la culture hellénistique. Malheureusement, la bibliothèque et son contenu furent détruits dans une série d'incendies au cours des années sous contrôle des Romains.

Dans le port de la ville, Ptolémée commença la construction du Phare, un phare immense (qui serait achevé par son fils Ptolémée II). Ce phare unique en son genre était une immense structure de trois étages. Son phare était visible à des kilomètres à la ronde et était éclairé de jour comme de nuit, devenant ainsi l'une des sept merveilles du monde antique. Outre Alexandrie, une autre ville, moins prestigieuse, Ptolémaïs, fut construite en Haute-Égypte pour accueillir l'afflux de nouveaux résidents grecs.

Lighthouse of Alexandria Illustration
Illustration du phare d'Alexandrie
Prof. H. Thiersch (Public Domain)

S'il semble que Ptolémée Ier ait voulu transformer l'Égypte en une autre Grèce, il n'en respecta pas moins le peuple égyptien et reconnut l'importance de la religion et des traditions dans sa société. Lui et ses successeurs encouragèrent les nombreux cultes locaux. Pour maintenir la paix avec les prêtres des temples, il restitua de nombreux objets religieux volés par les Perses. Cependant, alors que les anciens dieux égyptiens étaient respectés - il ne fallait pas fâcher les dieux - deux nouveaux cultes apparurent: le premier était dédié à Alexandre le Grand, ce qui, pour la population grecque, était une façon d'exprimer sa loyauté continue envers les Ptolémées. Un second culte, qui ne gagna jamais en popularité, était consacré au dieu de la guérison Sérapis. Localement, les prêtres des temples continuaient à faire partie de la classe dirigeante, ce qui constituait une autre preuve de leur allégeance aux Ptolémées.

Enfin, si la capitale fut déplacée, la structure administrative de base fut conservée, bien que de nombreux scribes égyptiens aient éprouvé des difficultés à écrire en grec. L'économie égyptienne était étroitement contrôlée; la plupart des terres étaient des terres royales et il fallait une autorisation pour abattre un arbre ou même pour élever des porcs. La tenue de registres était importante, toutes les terres étaient arpentées et le bétail inventorié. Bien entendu, l'économie égyptienne reposant sur l'agriculture, les taxes basées sur les recensements et les études foncières étaient essentielles. Sous Cléopâtre VII, il y avait une taxe sur le sel, une taxe sur les digues et même une taxe sur les pâturages. Les pêcheurs devaient même renoncer à vingt-cinq pour cent de leurs prises.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Donald L. Wasson
Donald a enseigné l’histoire antique et médiévale ainsi que l’histoire des États-Unis à Lincoln College (Illinois). Éternel étudiant d’histoire depuis qu’il a découvert Alexandre le Grand, il met toute son énergie à transmettre son savoir à ses étudiants.

Citer cette ressource

Style APA

Wasson, D. L. (2016, septembre 29). Dynastie des Lagides [Ptolemaic Dynasty]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15258/dynastie-des-lagides/

Style Chicago

Wasson, Donald L.. "Dynastie des Lagides." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 29, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15258/dynastie-des-lagides/.

Style MLA

Wasson, Donald L.. "Dynastie des Lagides." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 29 sept. 2016. Web. 28 avril 2024.

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