Isis est une ancienne déesse égyptienne qui est devenue la divinité égyptienne la plus populaire et la plus durable de toutes. Son nom vient de l'égyptien Eset, ("le siège"), qui fait référence à sa stabilité et au trône d'Égypte, car elle était considérée comme la mère de chaque pharaon en raison de l'association du roi avec Horus, le fils d'Isis.
Son nom a également été interprété comme "Reine du trône", et sa coiffe d'origine était le trône vide de son mari assassiné, Osiris. Ses symboles sont le scorpion (qui la protégeait lorsqu'elle se cachait), le milan (une sorte de faucon dont elle prit la forme pour ramener son mari à la vie), le trône vide et le sistre.
Elle est régulièrement dépeinte comme une mère, une épouse et une protectrice altruiste et généreuse, qui place les intérêts et le bien-être des autres avant les siens. Elle était également connue sous le nom de Weret-Kekau ("la Grande Magie") pour sa puissance et de Mut-Netjer, "Mère des Dieux", mais portait de nombreux noms en fonction du rôle qu'elle remplissait à ce moment-là. En tant que déesse qui provoquait l'inondation annuelle du Nil et fertilisait la terre, elle était Sati, par exemple, et en tant que déesse qui créait et préservait la vie, elle était Ankhet, et ainsi de suite.
Avec le temps, elle devint si populaire que tous les dieux étaient considérés comme de simples aspects d'Isis et qu'elle était la seule divinité égyptienne adorée par tous dans le pays. Elle, son mari et son fils remplacèrent la triade thébaine d'Amon, Mout et Khons, qui était la trinité de dieux la plus populaire en Égypte. Osiris, Isis et Horus sont dénommés la triade d'Abydos. Son culte commença dans le delta du Nil et son sanctuaire le plus important se trouvait dans le sanctuaire de Behbeit El-Hagar, mais le culte d'Isis finit par s'étendre à toutes les régions d'Égypte.
Des hommes aussi bien que des femmes servaient Isis en tant que clergé et il ne fait aucun doute que les rituels relatifs à son culte étaient menés de la même manière que pour les autres divinités : un temple abritant sa statue était construit pour lui servir de demeure terrestre, et cette image était entretenue avec respect par les prêtres et les prêtresses. Le peuple égyptien était encouragé à visiter le temple pour y déposer des offrandes et faire des supplications, mais personne, à l'exception du grand prêtre ou de la grande prêtresse, n'était autorisé à entrer dans le sanctuaire où se trouvait la statue de la déesse.
Cependant, on sait peu de choses sur les détails des rituels entourant son culte. Comme les mystères d'Éleusis , le culte d'Isis se développa en une religion à mystères promettant les secrets de la vie et de la mort aux initiés qui étaient ensuite tenus au secret. On sait que le culte promettait la vie éternelle à ceux à qui ses secrets avaient été révélés. Les personnes qui la vénéraient dans toute l'Égypte ont pu ou non être des initiés à part entière mais, dans tous les cas, ils n'ont laissé aucune trace de la façon dont la déesse était honorée.
Il a fallu attendre qu'Isis soit vénérée à Rome pour que les gens écrivent sur le culte de manière significative et il était alors clair que la connaissance des rituels impliqués était réservée aux initiés. Son temple, situé sur l'île de Philae en Haute-Égypte, resta un lieu de pèlerinage actif pendant des milliers d'années, jusqu'à sa fermeture au VIe siècle par l'empereur chrétien Justinien. Dans son rôle de "déesse du trône", elle était considérée comme la mère de tous les rois, mais sa bienveillance ne se limitait pas à la royauté.
Dans certains récits et inscriptions, elle est représentée sous les traits d'une femme sans abri, d'une vieille femme, d'une épouse cherchant et pleurant son mari perdu, d'une mère pleurant un enfant disparu, d'une femme luttant pour sa famille, et tous ces récits l'identifient au peuple d'Égypte et à ses moments les plus sombres ; pour cette raison, Isis devint la déesse de tous les Égyptiens, hommes et femmes, membres de la famille royale et gens du peuple. Avec son mari Osiris, elle enseigna aux humains les arts de l'agriculture et de la médecine et institua la pratique du mariage.
Par la suite, elle fut associée à la mer et devint la protectrice des marins et des marchands qui portaient des talismans l'honorant et invoquaient son aide en cas de problème (ce qui est attesté par des preuves archéologiques). Contrairement aux autres dieux égyptiens, Isis transcenda les frontières nationales et fut adorée par les Grecs et les Romains, qui voyaient en elle la divinité suprême ayant créé le monde. À Rome, son culte était le plus grand rival de la jeune religion chrétienne, qui s'inspira de l'image d'Isis et de l'enfant-dieu Horus pour la représentation de la Madone avec l'enfant Jésus. Son culte restera l'un des plus populaires de la Méditerranée antique jusqu'à ce que le christianisme ne triomphe sur les croyances païennes aux IVe et VIe siècles, et que le culte d'Isis ne soit interdit avec celui des autres dieux païens.
Origine mythique
Dans la mythologie, Isis vit le jour après la création du monde. Selon la version la plus populaire du mythe, il n'y avait autrefois que des eaux chaotiques tourbillonnantes et l'obscurité dans l'univers jusqu'à ce qu'un jour, un monticule ne s'élève des mers avec le dieu Atoum debout dessus. Atoum contempla l'éternel néant et réalisa qu'il se sentait seul. Il s'accoupla donc avec sa propre ombre pour donner naissance à Shou (dieu de l'air) et Tefnout (déesse de l'humidité). Ces deux divinités laissèrent ensuite leur père seul sur le monticule primordial (connu sous le nom de benben) et partirent créer le monde.
Atoum, seul sur la colline au milieu du chaos, se languissait de ses enfants et s'inquiétait de leur sécurité, il retira donc son œil et l'envoya à leur recherche. Cet œil deviendrait plus tard l'une des images les plus emblématiques de l'Égypte : l'œil qui voit tout (connu sous le nom d'œil Oudjat ou œil de Râ). Shou et Tefnout revinrent avec l'œil, après avoir échoué à créer le monde, et Atoum était si heureux de les voir qu'il se mit à pleurer. Lorsque ses larmes tombèrent sur la terre fertile des benben, des hommes et des femmes surgirent.
Mais ces nouveaux êtres fragiles n'ayant nulle part où vivre, Shou et Tefnout s'accouplèrent et donnèrent naissance à Geb (la terre) et à Nout (le ciel). Ces deux-là tombèrent rapidement amoureux et devinrent inséparables, une situation qu'Atoum trouva intolérable puisqu'ils étaient frère et sœur. Il poussa Nout au-dessus de Geb et l'y attacha afin que les deux amants puissent se voir mais ne se touchent plus jamais. Cependant, Nout était déjà enceinte de Geb et donna bientôt naissance à cinq enfants : Osiris, Isis, Seth, Nephtys et Horus (connu sous le nom d'Horus l'Ancien). Ces cinq dieux reçurent la tâche de gérer le domaine des affaires humaines sur la terre et, d'eux, naquirent tous les autres dieux d'Égypte.
Osiris et Seth
Osiris épousa Isis et, en tant que premier né, assuma le rôle de Seigneur de la Terre, avec Isis comme reine et consort. Le couple royal prit ses responsabilités si sérieusement que les humains eurent bientôt un paradis où vivre, avec des ruisseaux frais et impétueux, de la nourriture en abondance et un climat parfait. Il n'y avait pas d'injustice dans ce pays, les hommes et les femmes étaient égaux et tout le monde était en paix. Cependant, Seth était jaloux du pouvoir et du prestige de son frère, et il conçut un plan pour s'en débarrasser. Il fit fabriquer un magnifique cercueil à la taille exacte d'Osiris, puis organisa une grande fête au cours de laquelle il présenta cette boîte et dit aux invités que celui d'entre eux qui y entrerait le plus parfaitement pourrait l'avoir en cadeau. Quand Osiris s'allongea dans le cercueil, Seth fit claquer le couvercle, le ferma et le jeta dans le Nil, où il fut emporté vers la mer.
Isis fut désemparée lorsqu'elle découvrit que son mari avait disparu et se mit à sa recherche dans toute l'Égypte, sans succès. Osiris, quant à lui, avait voyagé vers la mer, et son cercueil finit par se loger dans un grand tamaris qui poussait près de Byblos en Phénicie. L'arbre grandit rapidement autour du cercueil jusqu'à le circonscrire du tout au tout. Le roi de Byblos, Malcandre, vint sur le rivage avec sa femme Astarté et admira l'arbre et le doux parfum qui semblait en émaner. Il ordonna d'abattre l'arbre et le fit apporter dans son palais pour en faire un pilier ornemental pour la cour, et Osiris y resta, piégé dans le cercueil à l'intérieur du pilier, jusqu'à sa mort.
Résurrection d'Osiris
Isis avait entre-temps quitté l'Égypte à la recherche de son mari et elle finit par arriver à Byblos, où elle s'assit sur le rivage et pleura son mari disparu. Les jeunes filles qui assistaient Astarté venaient se baigner sur le rivage et Isis leur apprit à prendre soin de leurs cheveux et à les tresser. Lorsqu'elles rentrèrent au palais, Astarté admira leurs nouvelles coiffures et le magnifique parfum qui semblait flotter autour d'elles. Elle leur demanda comment elles avaient eu l'idée de tresser leurs cheveux, et les jeunes filles lui parlèrent d'une femme mystérieuse au bord de la mer. Astarté fit venir Isis, déguisée en femme âgée, et lui demanda de s'occuper de ses enfants à la cour. Isis se prit d'affection pour le plus jeune des enfants, Dictys, et pensa le rendre immortel en brûlant sa faiblesse mortelle dans un feu sacré.
Lorsqu'Astarté entra dans la chambre une nuit et trouva sa nourrice en train de placer son fils dans le feu, elle hurla et Isis, effrayée, prit sa véritable forme de déesse glorieuse (ces détails rejoignent le mythe grec de Déméter à la cour d'Éleusis). Astarté et Malcandre, terrifiés à l'idée d'être tués, lui offrirent tous les cadeaux qu'elle désirait. Elle ne demanda que le pilier, qu'il s'empressa de lui offrir. L'image de ce pilier contenant le dieu mort qui reviendrait à la vie fut représentée plus tard dans toute la culture égyptienne par le symbole Djed (une colonne avec une large base traversée par quatre lignes parallèles), qui apparaît régulièrement dans l'iconographie et l'architecture égyptiennes et qui représente la stabilité.
Après avoir quitté la cour, Isis sortit Osiris de l'arbre et ramena son corps en Égypte où elle le cacha de Seth dans la région marécageuse du delta du Nil. Elle le quitta pour aller cueillir des herbes afin de préparer une potion qui le ramènerait à la vie, laissant sa sœur Nephtys garder le corps. Pendant son absence, Seth apprit le retour de son frère et partit à la recherche de son corps. Il réussit à obtenir de Nephtys qu'elle lui dise où il se trouvait, et lorsqu'il le trouva, il le découpa en morceaux et les dispersa à travers le pays et dans le Nil. Quand Isis revint, elle fut horrifiée mais se ressaisit rapidement et s'attela à retrouver les morceaux de son mari assassiné. Avec l'aide de Nephtys, elle récupéra toutes les parties du corps, sauf le pénis, qui avait été jeté dans le Nil et mangé par un poisson.
Isis réussit néanmoins à ranimer Osiris et, une fois qu'il fut en vie, elle prit la forme d'un milan et vola autour de lui, attira la semence de son corps dans le sien et tomba enceinte d'un fils, Horus (devenant ainsi une mère vierge). Même si Osiris était à nouveau vivant, il était incomplet et ne pouvait plus régner sur la terre des vivants. Il se retira dans l'au-delà où il devint Seigneur et Juge des Morts. Isis, craignant ce que Seth pourrait faire à son fils, cacha Horus dans les marais d'Égypte jusqu'à ce qu'il ne soit adulte. À ce moment-là, Horus devint un puissant guerrier et combattit Seth pour le contrôle du monde. Dans certaines versions de l'histoire, Seth est tué mais, dans la plupart, il est vaincu et chassé du pays. Le chaos que Seth avait semé dans le monde fut vaincu par Horus, qui rétablit l'ordre, puis régna avec sa mère et Nephtys comme consorts.
Isis et l'harmonie
Le mythe exprime la valeur centrale de la culture égyptienne, qui était l'harmonie (connue sous le nom de ma'at) exprimée en équilibre. Les Égyptiens croyaient que les dieux comptaient sur eux pour vivre en accord avec les valeurs éternelles, et la principale d'entre elles était ma'at, symbolisée par la déesse du même nom qui tenait la plume blanche de la vérité. Si l'on vivait en accord avec ma'at, on pouvait jouir d'une existence paisible sur terre et être récompensé dans l'au-delà, lorsque son cœur était jugé plus léger que la plume de vérité, et être ensuite admis dans le paradis connu sous le nom de Champ des roseaux. Ce concept d'équilibre est exprimé à plusieurs reprises par des images montrant Isis et sa sœur jumelle Nephtys ensemble, où Isis est la lumière, Nephtys l'obscurité ; Isis est substantielle, Nephtys l'éther et ainsi de suite. Nephtys n'a jamais été représentée comme étant le mal par rapport au bien d'Isis, mais elle était associée à la mort, tandis qu'Isis était associée à la vie, et ces deux divinités sœurs symbolisaient donc l'équilibre cosmique.
Isis a personnifié ma'at dans toutes les histoires que l'on raconte à son sujet. L'une des plus populaires est connue sous le nom d'Isis et les sept scorpions, qui souligne la bonté d'Isis, même envers ceux qui ne sont pas gentils avec elle. L'histoire raconte que, lorsque Horus était un enfant et qu'Isis le cachait de Seth dans les marais, sept scorpions lui tenaient compagnie. Elle sortait parfois le soir pour chercher de la nourriture, et les scorpions formaient une sorte de garde du corps autour d'elle. Trois d'entre eux - Petet, Tjetet et Matet - la précédaient pour s'assurer que le chemin était sûr et que Seth n'était pas en embuscade, deux étaient de chaque côté d'elle - Mesetet et Mesetetef - et deux couvraient l'arrière - Tefen et Befen, les plus féroces - au cas où Seth arriverait par derrière.
Chaque fois qu'elle quittait le marais, Isis dissimulait sa gloire pour ressembler à une pauvre femme âgée demandant l'aumône en ville. Une nuit, alors qu'elle et son garde du corps entraient dans la ville, une noble très riche les regarda de sa fenêtre et s'empressa de claquer sa porte et de la verrouiller à leur approche. Les scorpions, furieux de cet affront fait à leur maîtresse, décidèrent de le faire payer à la femme. Les six autres scorpions abandonnèrent tous leur poison à Tefen qui le fit monter dans son dard et attendit le bon moment. Entre-temps, une pauvre paysanne avait vu la noble femme refuser l'hospitalité et, même si elle n'avait pas grand-chose, elle offrit à Isis et à ses scorpions une place sous son toit pour la nuit et un simple repas.
Pendant qu'Isis mangeait avec la jeune femme, Tefen se faufila hors de la maison et se glissa sous la porte de la maison de la noble femme où il piqua son jeune fils. Le garçon tomba dans un état de stupeur, et la noble femme le prit dans ses bras et essaya de le ranimer, en vain. Elle courut dans les rues en criant à l'aide, et Isis l'entendit. Même si la femme lui avait refusé de la nourriture et un endroit pour la nuit, Isis lui pardonna. Elle ne voulait pas que le garçon paie pour l'insulte de sa mère. Isis prit l'enfant dans ses bras et appela chacun des scorpions par son nom secret afin de les commander et neutraliser leur pouvoir, et elle récita des formules de grande magie. Le poison s'évapora, quittant le corps de l'enfant, et celui-ci revint à la vie. La noble femme fut si reconnaissante et si honteuse de son comportement qu'elle offrit toute sa richesse à Isis et à la paysanne.
Pour un Égyptien de l'Antiquité qui entendait ce récit, un certain nombre de leçons pouvaient en être tirées: l'importance de l'hospitalité, de la gentillesse envers les étrangers, du pardon, de l'abstention d'agir sous le coup de la colère, et la façon dont les dieux sont justes et gentils, quel que soit le degré d'indignité d'une personne. Si une grande déesse comme Isis pouvait pardonner l'insulte de la noble femme, les gens devraient également se pardonner et s'entraider. Dans une autre version de l'histoire, la déesse Selket encouragea les scorpions à se venger du fils de la femme riche, puis elle eut honte quand Isis pardonna à la femme et guérit le garçon. Selket devint ensuite la protectrice des enfants contre les morsures venimeuses, montrant ainsi que même une déesse pouvait apprendre la bonté et la compassion à partir de l'exemple d'Isis.
Isis hors d'Égypte
Quand Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.) conquit l'Égypte en 331 avant J.-C., ses troupes associèrent Isis à la déesse grecque populaire Déméter. Cette association la rendit accessible au peuple grec, qui initia ses propres rituels honorant la déesse égyptienne. Après la mort d'Alexandre, son général Ptolémée Ier Soter (r. de 305 à 283 av. J.-C.) prit l'Égypte comme territoire lors du partage, et l'hellénisation de la culture égyptienne se poursuivit.
Isis fut ensuite associée à Déméter, notamment en raison des similitudes entre leurs histoires de Perséphone, la fille disparue de Déméter, et d'Isis, son mari disparu, et des détails de ces deux histoires distinctes qui se sont mélangés. Les mystères d'Éleusis, le rituel religieux le plus important de la Grèce antique, élevèrent Déméter à la position suprême de gardienne des mystères de la vie et de la mort, et Isis finit par endosser ce même rôle.
Elle voyagea jusqu'à Rome où elle était connue sous le nom de Reine du Ciel et liée à l'homologue de Déméter, Cérès, et finalement à Vénus. Après l'assassinat de Jules César en 44 avant J.-C. et le chaos de la guerre civile qui en résulta, les Romains voulurent construire un temple en l'honneur d'Isis, et non de Vénus, dans l'espoir qu'elle les protège et les guide pendant cette période sombre. Auguste César (r. 27 av. J.-C. - 14 ap. J.-C.) cependant refusa de le faire, car il considérait le culte d'Isis comme une dangereuse croyance égyptienne qui affaiblirait Rome. Les dieux de Rome étaient intimement liés aux affaires de l'État, et Auguste pensait qu'encourager le culte de dieux étrangers entraînerait une rupture de l'autorité. De plus, il avait tout simplement une haine de longue date envers Cléopâtre VII et tout ce qui était égyptien, ce qui joua sans doute un rôle dans sa décision.
Les objections d'Auguste furent ignorées par ses successeurs, cependant, et sous le règne de Caligula (r. 37-41 de notre ère) le culte d'Isis à Rome fut fermement établi par l'empereur à travers le Festival Isiaque en son honneur. Le temple connu sous le nom d'Iseum fut construit sous le règne de Vespasien et Domitien en fit construire un autre pour honorer la déesse pendant son propre règne. Hadrien aimait particulièrement Isis et décora sa villa avec des scènes de ses histoires. Un temple d'Isis a été découvert à Pompéi, et un autre en Grande-Bretagne sur le site romain de Londinium (Londres moderne). D'autres temples furent construits dans tout l'Empire romain, de la Germanie à la Gaule, en passant par l'Hispanie et l'Asie mineure. Le culte d'Isis devint si populaire en dehors de l'Égypte qu'au moment où le christianisme prenait forme, Isis était la divinité prééminente de l'Europe et de la Méditerranée, associée à des déesses plus anciennes comme Inanna/Ishtar, Aphrodite et Sauska, entre autres.
Isis et le christianisme
Isis domina la sensibilité religieuse des gens au moment où le christianisme prenait forme grâce aux missions évangéliques de saint Paul, vers 42-62 de notre ère. Le concept du Dieu qui meurt et qui revit, établi depuis longtemps par le mythe d'Osiris, se manifestait désormais dans la figure du fils de Dieu, Jésus-Christ. Avec le temps, les épithètes d'Isis sont devenues celles de la Vierge Marie, telles que "Mère de Dieu" et "Reine du ciel", la nouvelle religion s'appuyant sur le pouvoir de l'ancienne croyance pour s'établir. Le culte d'Isis fut la plus tenace des croyances païennes à rivaliser avec la nouvelle foi et perdura plus longtemps que toute autre.
En 391 de notre ère, l'empereur romain Théodose Ier décréta que tous les temples païens devaient être fermés et les rites païens interdits. Le culte d'Isis se poursuivit toutefois et son temple de Philae, en Égypte, resta ouvert longtemps après que d'autres eurent été fermés, détruits, démantelés pour d'autres projets ou transformés en églises. Philae resta un site vital dédié à Isis jusqu'à ce que l'empereur Justinien ne le fasse fermer, avec d'autres centres importants d'apprentissage et de culte, en 529 de notre ère. Philae est considéré comme le dernier des temples païens du monde antique à avoir résisté à la montée du christianisme et, une fois fermé, le culte d'Isis fut complètement éclipsé par la nouvelle religion. De la même façon qu'Osiris, Isis et Horus avaient pris la place d'Amon, Mut et Khons en Égypte, la trinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit remplaça la triade d'Abydos en tant que divinités suprêmes d'une nouvelle compréhension religieuse.