Sardes

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 27 septembre 2022
X
translations icon
Disponible dans ces autres langues: anglais
The Bath-Gymnasium Complex at Sardis (by Carole Raddato, CC BY-SA)
Le complexe bain-gymnase de Sardes
Carole Raddato (CC BY-SA)

Sardes (près de l'actuelle ville de Sart, en Turquie) était la capitale de l'ancien royaume de Lydie fondé (selon Hérodote) par les Héracléides, la dynastie des Héraclides descendant du héros Héraclès (Hercule). La ville était célèbre dans l'Antiquité pour sa richesse, sa culture et sa position favorable sur la route commerciale centrale reliant la mer Égée à l'intérieur de l'Asie mineure.

Selon Hérodote (c. 484-425/413 av. J.-C.), la Lydie fut fondée par un certain Lydos, fils d'Atys, et fut ensuite confiée aux Héracléides, qui la conservèrent pendant 505 ans jusqu'à ce que le dernier roi, Candaule, ne soit assassiné par Gygès, qui établit alors la dynastie des Mermnades, laquelle s'acheva avec Crésus (r. de 560 à 546 av. J.-C.) lorsque Sardes fut prise par l'empire perse achéménide sous Cyrus II (également connu sous le nom de Cyrus le Grand, r. d'environ 550 à 530 av. J.-C.) en 547/546 av. J.-C.

Supprimer la pub
Advertisement

Les Perses la conservèrent jusqu'à la conquête d'Alexandre le Grand en 334 avant notre ère. Après sa mort, elle fit partie de l'empire séleucide (312-63 av. J.-C.) avant d'être absorbée par Rome en tant qu'importante ville commerciale de la province romaine d'Asie. Sardes fut mise à sac par l'empire perse sassanide et gravement endommagée au VIIe siècle, époque à laquelle elle était depuis longtemps associée au christianisme en tant que l'une des sept églises d'Asie mentionnées dans le livre biblique de l'Apocalypse. Elle demeura un important centre religieux, intellectuel, culturel et commercial jusqu'au début du XVe siècle, époque à laquelle elle fut abandonnée.

Depuis sa fondation jusqu'à sa chute, Sardes est associée à plusieurs personnes et événements notables, dont voici quelques exemples:

Supprimer la pub
Advertisement
  • la première ville au monde à frapper des pièces de monnaie sous le règne du roi Alyatte (r. d'environ 635 à 585 av. J.-C.)
  • capitale du royaume de Lydie et résidence de Crésus, considéré comme l'homme le plus riche de son époque
  • terminus occidental du commerce administratif de l'empire achéménide (c. 550-330 av. J.-C.)
  • site du lancement de l'invasion de la Grèce par Xerxès Ier en 480 av. J.-C.
  • site du rassemblement des mercenaires grecs en 401 av. J.-C., décrit par Xénophon dans son Anabase
  • site du siège de Sardes (215-213 av. J.-C.) mené par Antiochos III de l'Empire séleucide
  • site du temple d'Artémis, le quatrième plus grand temple ionique du monde (vers 300 av. J.-C.)
  • l'une des plus grandes métropoles d'Asie mineure; le carien, le grec, l'hébreu, le latin, le lydien et d'autres langues apparaissent sur les inscriptions jusqu'à la fin de la période romaine
  • Site de la plus grande synagogue d'Asie mineure.
  • Résidence de Méliton de Sardes (mort vers 180 av. J.-C.), évêque et apologiste chrétien.
  • l'une des sept Églises d'Asie dont il est question dans l'Apocalypse
  • site du cimetière de Bin Tepe, datant de la période lydienne à la période ottomane

L'une des caractéristiques les plus souvent citées de Sardes est sa citadelle, que les auteurs contemporains décrivent régulièrement, en citant l'historien Polybe, comme "la place la plus forte du monde". La phrase de Polybe est en fait ironique dans son contexte et concerne la capture d'Achaïos II (mort en 213 av. J.-C.), seigneur de Sardes, par Antiochos III (le Grand, r. de 223 à 187 av. J.-C.). Polybe (c. 200 à c. 118 av. J.-C.) observe comment, après qu'Achaïos eut été secrètement piégé pour qu'il quitte la citadelle et capturé, son peuple, ne sachant rien de son enlèvement, le croyait en sécurité dans "la place la plus forte du monde" (8.20.12); il ne dit pas qu'il était réellement ainsi.

La ville fut redécouverte par Howard Crosby Butler, de l'université de Princeton, entre 1910 et 1914, mais les travaux furent interrompus par la Première Guerre mondiale et la d'autres hostilités dans la région. Bien que les fouilles se soient poursuivies sur le site dans les années 1920, la prochaine expédition importante fut menée en 1958 par George M. A. Hanfmann, de l'université de Harvard, et les travaux se poursuivent de nos jours, sous la direction du Dr Nicholas Cahill, de l'université du Wisconsin-Madison.

Supprimer la pub
Advertisement

Histoire ancienne et localisation

Sardes était située près du fleuve Hermos (l'actuel fleuve Gediz), au pied du mont Tmolos, nommé d'après le roi mythique de Lydie qui, selon la légende, y fut encorné à mort par un taureau pour avoir offensé les dieux. Sa veuve, Omphale (selon Diodore de Sicile), fonda la dynastie des Héraclides, tandis que, selon Hérodote, c'était le roi Agron (bien que cela ait été contesté). Hérodote affirme que les ancêtres des Héraclides étaient "Héraclès et une esclave" (Livre I.7), mais il est possible qu'il confonde Omphale, qui tint Héraclès en esclavage pendant un an, avec l'Omphale de Tmolos. Il est également possible que la femme des deux récits soit en fait le même personnage mythique.

Alyatte fut le premier monarque au monde à frapper des pièces de monnaie en électrum.

Hérodote raconte que les Héracléides régnèrent pendant 505 ans, jusqu'à ce que le roi Candaule ne soit assassiné par son garde du corps, Gygès, qui épousa alors la veuve de Candaule et fonda la dynastie des Mermnades. Ses successeurs combattirent les Cimmériens du nord qui menèrent des raids répétés dans le royaume jusqu'à ce que le roi Alyatte, allié aux Scythes, n'ait raison d'eux et ne stabilise le royaume. Alyatte fut le premier monarque au monde à frapper des pièces de monnaie (en électrum), tandis que son fils et successeur, Crésus, serait le premier à les frapper en or.

La richesse de Crésus proviendrait du fleuve Pactole où, selon la légende, le roi Midas s'était lavé les mains pour se libérer du "don" de transformer en or tout ce qu'il touchait. Ce faisant, il aurait rendu le lit de la rivière riche en dépôts d'or. L'or du fleuve provenait en fait des gisements du mont Tmolos, ce qui, combiné à la fertilité de la vallée de l'Hermos, fit de Sardes une ville très riche. Les pièces de monnaie frappées à Sardes étaient d'une telle pureté qu'elles étaient acceptées dans le commerce par tous, ce qui contribua à enrichir Sardes et son roi.

Supprimer la pub
Advertisement

Red-Figure Depiction of Croesus
Représentation de Crésus en figure rouge
Marco Prins (Public Domain)

Crésus soumit les cités ioniennes et éoliennes, s'allia à des cités-états insulaires et poursuivit ses campagnes militaires pour établir le royaume de Lydie avec la Mysie au nord, la Phrygie à l'est et la Carie au sud. Les tributs versés par les cités conquises et le commerce avec les autres villes continuèrent d'enrichir la ville, et sa situation dans une vallée fertile, le long de la route centrale reliant la mer Égée à l'intérieur de l'Asie mineure (Anatolie), lui conféra un statut encore plus élevé. L'acropole et la citadelle situées sur la chaîne du Tmolos, au-dessus de la ville, la rendaient facilement défendable, et Crésus, le roi le plus riche de la région, avait toutes les raisons de se croire invincible et de faire ce qu'il voulait.

La Perse et Alexandre

Conscient qu'une campagne réussie contre l'empire grandissant de Cyrus II de Perse ne pouvait que l'enrichir davantage, Crésus envoya des émissaires à l'oracle de Delphes pour obtenir des garanties. L'oracle leur renvoya le message suivant: "Si Crésus partait en guerre, il détruirait un grand royaume" (Hérodote, Livre I. 53). Crésus, pensant que la prédiction lui assurait la victoire, se réjouit de cette nouvelle, lança son attaque et fut vaincu à la bataille de Thymbrée en 547 avant notre ère. Ayant battu en retraite à Sardes après la bataille de Ptéria (547 av. J.-C.), qui s'était soldée par un match nul entre Crésus et Cyrus II, il démobilisa ses troupes pour l'hiver, s'attendant à ce que Cyrus II en fasse de même, comme le voulait la coutume.

Cyrus II le poursuivit, le battit à la bataille de Thymbrée, près de Sardes, et après un siège de 14 jours, la ville tomba. Le "grand royaume" détruit s'avéra être le sien. Hérodote, l'historien Ctésias (au Ve siècle av. J.-C.) et des auteurs ultérieurs affirment que Crésus aurait été récompensé par Cyrus II après avoir expliqué comment il avait mal interprété le message de l'oracle, mais il fut plus probablement exécuté. Il n'existe aucune trace de sa mort ni de sa date, ce qui permit aux historiens de l'Antiquité de donner à son histoire une conclusion conforme à son règne réussi.

Supprimer la pub
Advertisement

Cyrus II incorpora la Lydie à son empire achéménide et, en raison de sa situation, elle devint l'une des satrapies les plus importantes pour l'administration des régions occidentales du territoire perse et pour le commerce. Sous Darius Ier (Le Grand, r. de 522 à 486 av. J.-C.), la route royale reliait directement Suse, l'une des capitales de l'empire, à Sardes. Pendant la révolte ionienne (499-493 av. J.-C.), lorsque les Grecs ioniens se rebellèrent contre la domination perse, une force dirigée par les Athéniens brûla Sardes en 498 av. J.-C., ce qui mit Darius Ier dans une telle colère qu'il jura de se venger d'Athènes, ce qui conduisit à la première invasion perse de la Grèce en 490 av. J.-C., qui se solda par une victoire grecque à la très célèbre bataille de Marathon.

Persian Royal Road
Route royale persane
Fabienkhan (CC BY-SA)

Le successeur de Darius Ier, Xerxès Ier (r. de 486 à 465 av. J.-C.), tenta de venger cette défaite et mobilisa sa vaste armée à Sardes en 480 av. J.-C. pour sa propre invasion de la Grèce, qui fut également repoussée. Sardes joua un rôle essentiel dans une autre invasion en 401 avant notre ère, lorsqu'elle servit de base de lancement à l'armée de Cyrus le Jeune (+ 401 av. J.-C.) contre son frère Artaxerxès II (r. de 404 à 358 av. J.-C.) pour le contrôle de l'empire. Cyrus le Jeune enrôla les dix mille mercenaires grecs rendus célèbres par l'Anabase de Xénophon (430 à c. 354 av. J.-C.), mais il fut tué à la bataille de Cunaxa en 401 av. J.-C., laissant Xénophon, l'un des commandants, ramener ses hommes en Grèce - le voyage décrit dans l'Anabase.

Sardes demeura une importante satrapie de l'empire jusqu'au règne de Darius III (336-330 av. J.-C.), qui fut vaincu par Alexandre le Grand, mettant fin à l'empire achéménide. Sardes resta un centre de commerce et centre administratif important à l'époque d'Alexandre et, après sa mort en 323 avant notre ère, son général Séleucos Ier Nicator (r. de 305 à 281 av. J.-C.) conserva la ville dans le cadre de son empire séleucide. Séleucos Ier poursuivit les politiques administratives et politiques des Perses et Sardes conserva donc sa stature pendant et après son règne. Le grand temple d'Artémis aurait été conçu et commencé pendant cette période (c. 300 av. J.-C.), mais il n'était toujours pas achevé au IVe siècle de notre ère.

Vous aimez l'Histoire?

Abonnez-vous à notre newsletter hebdomadaire gratuite!

Empire séleucide

L'empire séleucide conserva le contrôle de ses vastes territoires jusqu'en 247 avant notre ère, date à laquelle Arsace Ier de Parthie (r. de 247 à 217 av. J.-C.) se sépara et forma l'État indépendant qui deviendrait le centre de l'empire parthe. D'autres régions suivirent l'exemple et les monarques séleucides luttèrent pour garder le contrôle tandis que, dans le même temps, Carthage, la superpuissance navale de la Méditerranée, entrait en conflit avec la petite cité-État de Rome. Rome acquit rapidement les compétences nécessaires à la guerre navale, vainquit Carthage lors de la première guerre punique (264-241 av. J.-C.) et devint le nouveau maître de la Méditerranée.

Les rois séleucides poursuivirent leurs luttes jusqu'à ce qu'Antiochos III ne prenne le pouvoir en 223 avant notre ère et ne mène ses troupes en campagne pour ramener les régions rebelles dans le droit chemin. Il nomma son cousin, Achaïos, commandant de l'armée à l'ouest des monts Taurus, car Achaïos s'était montré loyal envers le roi par le passé. Accusé à tort d'incitation à l'insurrection, Achaïos se proclama roi et s'installa à Sardes avec sa reine, Laodicé du Pont. Antiochos III arriva et mit Sardes en état de siège, mais Achaïos, sa femme et ses principaux conseillers restèrent hors d'atteinte dans la citadelle qui surplombait la ville.

Ruins of Sardis
Ruines de Sardes
Monsieurdl (CC BY-NC-SA)

Selon Polybe, le siège épuisa progressivement les ressources de la ville et un partisan d'Achaïos conçut donc un plan pour le faire sortir en douce afin qu'il puisse rallier des troupes et lever le siège. Un Crétois nommé Bolis, qui connaissait la région, fut engagé pour cette tâche, mais après avoir convaincu Achaïos de son intention sincère de le conduire en lieu sûr, il le trahit et Antiochos III le fit exécuter. Cet événement est à l'origine de l'une des phrases les plus fréquemment répétées sur Sardes, "la place la plus forte du monde", mais Polybe fait une remarque ironique. Personne ne savait à l'époque qu'Achaïos avait été enlevé, et Polybe écrit donc:

Et maintenant, alors qu'il était supposé, par ses propres forces et celles de l'ennemi, habiter en sécurité dans la place la plus forte du monde, il était en fait assis sur le sol, pieds et poings liés, à la merci de ses ennemis, sans qu'aucune âme n'ait conscience de ce qui s'était passé, à l'exception des véritables auteurs de l'acte.(Histoires, 8.20.12)

Polybe ne dit jamais que Sardes ou sa citadelle était "la place la plus forte du monde", mais seulement qu'elle était considérée comme telle et, de toute évidence, elle n'était pas assez sûre pour empêcher qu'Achaïos ne tombe entre les mains de l'ennemi. Après avoir appris la mort de son mari, Laodicé livra la ville à Antiochos III.

Sous Rome

Lorsque Antiochos III s'empara de Sardes en 213 avant notre ère, Rome était à nouveau en conflit avec Carthage dans le cadre de la deuxième guerre punique (218-202 av. J.-C.) et, après la défaite de Carthage, son général, Hannibal Barca (247-183 av. J.-C.), se réfugia à sa cour. Hannibal conseilla le roi contre Rome et l'encouragea à frapper le premier avant que les Romains ne puissent le renverser. Antiochos III marcha donc contre Rome et fut vaincu à la bataille de Magnésie en 190 avant notre ère. Il fut ensuite contraint de signer le traité d'Apamée (188 av. J.-C.) qui l'obligeait à se retirer d'Anatolie et à céder Sardes à la dynastie des Attalides de Pergame, alliée de Rome. Le comité permanent d'archéologie de l'université de Harvard, dans le cadre de sa conférence de 2014 sur Sardes, observe:

La compréhension traditionnelle du siège de Sardes par Antiochos III en 215-213 avant notre ère en tant que grande rupture dans l'histoire de la ville ne peut plus être soutenue. Il semble plutôt que la fortune de la ville ait tourné avec la paix d'Apamée en 188 avant notre ère, à la suite de laquelle Sardes fut incorporée à l'empire attalide nouvellement élargi. Peu après, les élites de la ville introduisirent de nouveaux cultes et festivals, un nouveau théâtre en pierre fut construit, des dédicaces furent réinscrites dans le sanctuaire d'Artémis, une culture politique de statuaire honorifique se développa, et des articles ménagers inspirés de Pergame furent produits pour une classe moyenne en plein essor. (2)

Sardes continua à prospérer sous la dynastie des Attalides jusqu'à ce qu'elle ne soit cédée à Rome, avec le reste du royaume de Pergame, par le dernier roi Attale III (r. de 138 à 133 av. J.-C.) en 133 av. J.-C. L'ancien royaume de Pergame devint la province asiatique de Rome et Sardes joua le même rôle que par le passé en matière d'administration, de commerce et de culture mais, à cette époque, elle était beaucoup plus cosmopolite qu'à l'époque de Crésus, attirant de nombreuses nationalités et religions différentes.

Temple of Artemis, Sardis
Temple d'Artémis, Sardes
Carole Raddato (CC BY-SA)

La ville continua de prospérer jusqu'à ce qu'elle ne soit détruite par un tremblement de terre en 17 de notre ère, mais elle fut reconstruite grâce aux fonds fournis par l'empereur romain Tibère (r. de 14 à 37 de notre ère). On pense qu'une église fut établie dans la ville à un moment donné avant la date communément admise pour la composition du Livre de l'Apocalypse (vers 95 de notre ère), qui met en garde la congrégation contre le maintien d'une apparence de piété et de dévotion tout en s'éloignant d'un véritable engagement envers Dieu:

Écris à l'ange de l'Église de Sardes: Voici les paroles de celui qui détient les sept esprits de Dieu et les sept étoiles. Je connais tes œuvres: tu as la réputation d'être vivant, mais tu es mort. (3:1)

Il n'existe aucune preuve archéologique de l'existence d'une église à Sardes avant l'an 95 de notre ère, mais comme seule une petite partie de la vaste ville a été fouillée, cela pourrait être mis au jour à l'avenir. Le temple d'Artémis était encore inachevé au IVe siècle de notre ère et fut abandonné au moment où une petite église fut construite à son angle sud-est (Cahill, 3). Cependant, on ne pense pas que cette église soit celle dont il est question dans l'Apocalypse.

Les empereurs ultérieurs admiraient également la ville, notamment Trajan (r. de 98 à 117 de notre ère) et Hadrien (r. de 117 à 138 de notre ère). L'apologiste et évêque chrétien Méliton de Sardes écrivit à Marc Aurèle (r. de 161 à 180 de notre ère) depuis la ville, lui expliquant le christianisme et lui demandant de mettre fin aux persécutions qui encourageaient la violence quotidienne contre les chrétiens de Sardes et d'ailleurs. Méliton s'adressa à Aurèle en tant que protecteur et l'on pense que les persécutions étaient encouragées par les gouverneurs régionaux, et non par l'empereur. Quoi qu'il en soit, les arguments de Méliton furent ignorés et les persécutions se poursuivirent sous Dioclétien (r. de 284 à 305 de notre ère), qui, à la même époque, accorda à Sardes le titre honorifique de métropole.

Conclusion

Le caractère cosmopolite de Sardes au IIIe siècle de notre ère est attesté non seulement par les écrits, mais aussi par les vestiges archéologiques, dont la plus grande synagogue d'Asie Mineure datant de cette époque. En 330 de notre ère, lorsque Byzance devint Constantinople et fut la nouvelle capitale de l'Empire romain d'Orient, Sardes fut mise à l'écart par le nouveau système de routes et, pour la première fois de son histoire, perdit son prestige. Elle fut mise à sac en 615 par l'Empire sassanide sous Khosro II (r. de 590 à 628) et les dégâts considérables ne furent jamais réparés, car, à cette époque, Rome ne pouvait pas se permettre de telles dépenses.

La ville resta un centre culturel important, comme en témoignent les tumulus de Bin Tepe, un ancien cimetière qui s'étend sur 116 km² et qui date du royaume de Lydie, de l'époque hellénistique, de l'époque romaine et de l'époque ottomane. Les Turcs ottomans prirent Sardes pour la première fois au XIe siècle, et la ville commença à décliner jusqu'à ce qu'elle ne soit abandonnée et peut-être détruite vers 1402.

Les ruines de Sardes furent peu à peu envahies par la végétation et les pierres des bâtiments et des temples furent enlevées au fil des ans par les habitants pour d'autres usages. Des explorateurs britanniques prélevèrent des statues et d'autres objets au XIXe siècle, mais aucune fouille officielle du site ne fut entreprise avant celle d'Howard Crosby Butler de l'université de Princeton en 1910-1914. Les fouilles se poursuivent actuellement sur le site sous la supervision du Dr Nicholas Cahill de l'université du Wisconsin-Madison, mettant en lumière l'une des plus grandes cités du monde antique, dont l'histoire s'étend sur plus de 2 000 ans.

Supprimer la pub
Publicité

Questions & Réponses

Qu'est-ce que Sardes?

Sardes était la capitale du royaume de Lydie (dans l'actuelle Turquie), qui resta un important centre commercial, administratif et culturel pendant plus de 2 000 ans, jusqu'à ce qu'elle ne soit abandonnée vers 1402.

Pourquoi Sardes est-elle importante?

Sardes est importante parce qu'elle fut le site de nombreux événements significatifs, notamment la première frappe de monnaie au monde, le rassemblement de l'armée perse pour l'invasion de la Grèce en 480 avant notre ère, le site du quatrième plus grand temple grec ionique au monde, la maison de Méliton de Sardes et le site du cimetière de Bin Tepe. La ville est surtout connue pour sa mention dans le livre biblique de l'Apocalypse.

Pourquoi la ville de Sardes est-elle appelée "l'endroit le plus fort du monde"?

Sardes est souvent désignée comme "la place la plus forte du monde" à partir d'un passage des Histoires de l'écrivain Polybe, qui fait preuve d'ironie. Dans ses Histoires 8.20.12, il précise que la citadelle de Sardes était considérée comme "la place la plus forte du monde", mais qu'elle ne put assurer la sécurité de son roi.

Qu'est-il arrivé à Sardes?

Sardes fut mise à sac par les Perses sassanides en 615 et ne fut jamais complètement rétablie. Elle déclina sous les Turcs ottomans et fut abandonnée à l'état de ruine vers 1402.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2022, septembre 27). Sardes [Sardis]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-573/sardes/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Sardes." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 27, 2022. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-573/sardes/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Sardes." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 27 sept. 2022. Web. 27 avril 2024.

Adhésion