Siècles Obscurs de la Grèce Antique

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Jerome Couturier
publié le 27 juillet 2023
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Disponible dans ces autres langues: anglais, grec, espagnol
Lefkandi Centaur (by Dan Diffendale, CC BY-SA)
Centaure de Lefkandi
Dan Diffendale (CC BY-SA)

Les siècles obscurs de la Grèce antique correspondent à l'intervalle entre l'effondrement de la civilisation mycénienne, vers 1200 av. J.-C., et la période archaïque, vers 800 av. J.-C. La période des siècles obscurs commence par un événement catastrophique, l'effondrement de la civilisation mycénienne, moment où tous les grands centres régionaux mycéniens tombèrent en désuétude après avoir subi une combinaison de destructions et d'abandons. Le système d'écriture mycénien, l'écriture linéaire B, fut perdu peu après 1200 av. J.-C., c'est pourquoi nous ne disposons d'aucun document écrit de première main pour cette période. Par conséquent, notre compréhension des siècles obscurs de la Grèce repose en grande partie sur la recherche archéologique.

Le travail du fer est la seule innovation technologique qui se distingue au cours de cette période, c'est pourquoi les siècles obscurs sont également connus aussi comme le début de l’âge du Fer en Grèce. Le travail du fer est une innovation qui semble avoir été importée, et non développée sur place, elle arriva peut-être en Grèce par Chypre et le Proche-Orient. Les méthodes de travail du métal pendant les siècles obscurs montrent des signes de déficiences techniques dans les objets de guerre sur plusieurs sites par rapport aux pratiques antérieures de l'âge du Bronze.

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Plus d'un siècle avant l'effondrement de Mycènes, on trouve des traces suggèrant qu'il existait déjà des conflits et de l'instabilité dans la mer Égée. Au cours de la période LH IIIA-B (voir tableau 1), une fortification qui protégeait le palais et une partie de l'espace résidentiel fut construite à Mycènes. Certaines des maisons situées à l'extérieur de la citadelle furent détruites au cours de la période LH IIIB (destruction peut-être accidentelle). Après cet incident, la fortification fut étendue et l'approvisionnement en eau sécurisé. À la même époque, des initiatives similaires furent prises à Athènes, Tirynthe et Gla (Béotie), et il est possible qu'un mur fermant l'isthme de Corinthe ait été construit, probablement pour contrôler le seul accès terrestre au Péloponnèse. Au moins certains de ces événements pourraient être liés aux documents égyptiens et hittites qui font état de raids terrestres et maritimes à la même époque.

Chronologie des siècles Obscurs

Bien que la destruction et l'abandon de plusieurs des principaux centres mycéniens soient généralement datés de vers 1200 av. J.-C., les documents archéologiques ne montrent pas de changements significatifs avant au moins un siècle, ou plus tard. Cela veut dire que la culture mycénienne persista après la destruction des centres palatiaux pendant environ un siècle, et que ses traits culturels étaient encore identifiables. La chronologie des siècles obscurs n'a pas le moindre 'point de référence', ainsi, les inscriptions ayant été perdues, nous n'avons pas le moindre événement historique qui puisse être rattaché à la chronologie mondiale. Certains spécialistes ont proposé une date comprise entre env. 1200 et 800 av. J.-C. pour les siècles obscurs. D'autres pensent qu'ils commencent vers 1100 av. J.-C. et se terminent en 776 av. J.-C., date des premiers Jeux olympiques (selon Hippias d'Élis). Une date comprise entre 1000 et 750 av. J.-C. a également été retenue. Toutes ces estimations seraient acceptables pour la plupart des chercheurs aujourd'hui. Le tableau 1 présente une chronologie simplifiée des siècles obscurs de la Grèce antique.

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Table 1 - Chronology of the Greek Dark Age
Tableau 1 - Chronology des Âges Obscurs de la Grèce
Cristian Violatti (Copyright)

Conséquences de l'Effondrement

LES ÉTABLISSEMENTS DES siècles OBSCURS ÉTAIENT GÉNÉRALEMENT PETITS et DISPERSÉS DANS LE PAYSAGE.

On n'a pas de preuve qu’après la destruction des palais mycéniens, ceux-ci furent reconstruits. Il semble toutefois apparent que certains de ces sites furent réoccupés, et que, dans certains cas, on tenta de construire de nouvelles structures, bien qu'aucune véritable tentative de reconstruction des anciens palais n'ait pu être identifiée. À Mycènes, les terrasses supérieures furent abandonnées, mais une partie de la citadelle fut réoccupée. À Dhimini, les activités au grand complexe palatial détruit furent partiellement restaurées, mais abandonnées peu après. Certains aspects de la culture mycénienne perdurèrent pendant environ un siècle après 1200 av. J.-C. En Grèce continentale et dans certaines îles des Cyclades, la poterie et les sépultures mycéniennes persistèrent.

Lion's Gate at Mycenae
Porte des Lions, Mycènes
Andreas Trepte, www.photo-natur.de (CC BY-SA)

En Crète, bien que la vie urbaine se soit poursuivie dans certaines villes côtières (par exemple à Palaikastro), de nombreux établissements importants de l'âge du Bronze furent abandonnés et un nouveau modèle apparut: l'implantation de nouveaux sites sur des zones éloignées et faciles à défendre. Certaines de ces zones n'étaient pas occupées avant 1200 av. J.-C. Le site de Karphi en est un bon exemple: la majeure partie du site se trouve à plus de 1 000 m d’altitude. Il semble peu probable que les habitants de Karphi aient librement choisi de s'installer dans un endroit aussi difficile d'accès, on peut donc supposer que ce choix fut conditionné par un ensemble de circonstances, probablement liées à des raisons défensives et à d'autres raisons stratégiques. Plus d'une centaine de sites de ce type ont été recensés rien qu'en Crète.

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Pratiques Funéraires durant les Âges Obscurs

Vers 1100 av. J.-C., un certain nombre de changements affectant les pratiques funéraires, les établissements et les styles de poterie peuvent être identifiés dans les relevés archéologiques. Dans de nombreuses régions, la coutume mycénienne de l'inhumation dans des caveaux familiaux fut soudainement remplacée par une nouvelle pratique d'inhumation individuelle, tandis que la crémation fut adoptée dans certaines régions. Des variations régionales dans les pratiques funéraires nt été identifiées, de même que des pratiques différentes coexistant au sein d'une même communauté.

  • Attique. À Athènes, l'inhumation dans des fosses et des cistes était la pratique funéraire dominante, comme dans le cimetière du Céramique avant 1050 av. J.-C. Entre 1100 et 1050 av. J.-C, des pratiques funéraires similaires furent utilisées à Athènes et à Salamine, et les deux endroits présentent peu de différence de richesse dans les tombes. Pendant la période protogéométrique, la crémation devint la principale pratique funéraire. Les restes incinérés étaient placés dans une amphore, laquelle était ensuite placée avec les objets funéraires dans une fosse, remplie de terre et recouverte d'une dalle de pierre. À Athènes, on soulignait la distinction entre les sexes: les armes et les grands cratères étaient associés aux hommes, et les bijoux et les amphores, aux femmes. À la fin du 8ème siècle av. J.-C., l'inhumation redevint la pratique funéraire dominante.
  • Eubée. À Lefkandi, on pratiquait la crémation et l'inhumation. Il existait différentes variantes: les restes incinérés pouvaient être placés dans une ciste ou laissés sur le bûcher, et les inhumations pouvaient avoir lieu dans des cistes ou des tombes à fosse. Dans certaines villes, des inhumations en fosse sous le sol des maisons ont été observées. A Érétrie, un mélange de crémation et d'inhumation a été trouvé dans le même cimetière.
  • Thessalie. Certains aspects des pratiques funéraires mycéniennes persistèrent ici, comme les petites tombes à tholos (largement présentes à l'époque mycénienne), qui continuèrent à être construites tout au long des siècles obscurs. Plusieurs cimetières de tombes à ciste (utilisées principalement pour les enfants au début) sont répertoriés, y compris des enterrements multiples dans des tombes à chambre taillées dans le roc. D'autres pratiques incluent des fosses couvertes de dalles creusées dans le sol de chambres voûtées (certaines d'entre elles contenant des restes d'incinération), la crémation dans des cistes, et des bûchers regroupés et couverts d'un tumulus communautaire.
  • Crète. Les tombes à chambre restèrent en usage dans certaines régions (par exemple à Knossos) où l'inhumation collective était la norme, mais beaucoup des tombes à chambre trouvées là furent abandonnées après deux générations au maximum. À Knossos, la distinction des sexes et des âges était soulignée par les objets funéraires, mais cette pratique fut abandonnée vers le 10ème siècle av. J.-C.

Traces Archéologiques des Établissements

L'étude des établissements suggère un déclin dramatique de la population en Grèce pendant les siècles obscurs. Cela se reflète dans la réduction du nombre d'établissements pouvant être identifiés autour de 1100 av. J.-C.: le nombre de sites et de cimetières répertoriés en Grèce au cours des périodes LH IIIB et LH IIIC montre clairement cette tendance (voir figure 1). Ceci est cohérent avec les chiffres proposés par le Pr. Anthony Snodgrass pour le nombre de sites occupés, en fonction de différents styles de poterie :

  • env. 320 sites occupés au 13ème siècle av. J.-C. (sur la base de la poterie mycénienne IIIB)
  • env. 130 sites occupés au 12ème siècle av. J.-C. (sur la base de la poterie mycénienne IIIC)
  • env. 40 sites occupés au 10ème siècle av. J.-C. (sur la base de poteries sub-mycéniennes et protogéométriques anciennes).

Dans certaines régions de Grèce, comme la Laconie et le sud de l'Argolide, très peu de découvertes archéologiques ont été identifiées pour la période 1100-1000 av. J.-C., et les quelques sites qui ont été trouvés sont de petite taille par rapport aux époques précédentes. L’archéologue Vincent Desborough a estimé que la population avait fortement diminué vers 1100, "à environ un dixième de ce qu'elle était un peu plus d'un siècle auparavant".

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Figure 1 - Decline in the number of recorded sites and cemeteries in Greece
Figure 1 - Déclin du Nombre de Sites et de Cimetières Répertoriés en Grèce
Cristian Violatti (CC BY-NC-SA)

Les établissements durant les siècles obscurs étaient généralement petits et dispersés dans le paysage, et l'ensemble de la culture matérielle montrait des signes d'appauvrissement par rapport à l'époque mycénienne. Le site de Lefkandi (en Eubée), considéré comme le plus riche de Grèce, offrait une image différente vers 1000 av. J.-C. Le site montre des preuves de contacts avec l'étranger (Chypre et le Proche-Orient) et présente aussi des constructions qui dépassent de loin toutes les autres constructions contemporaines en Grèce. Mais aussi passionnant que cela puisse paraître, Lefkandi reflète également le déclin matériel de la Grèce: en termes de normes de construction, le site se place bien en deçà du niveau de sophistication de l'architecture mycénienne. La culture matérielle grecque en général s'appauvrit pendant les âges obscurs, elle devint moins innovante, et les sites comme Lefkandi sont de rares exceptions plutôt que la règle.

La Poterie durant les siècles obscurs

À l'instar des sépultures, les styles de poterie virent l'émergence de variations régionales durant les âges obscurs, contrairement à l'époque mycénienne où la poterie présentait une unité stylistique. Pendant un certain temps après la destruction des palais, l'industrie de la poterie se poursuivit au cours de la période LH IIIC, mais elle finit par perdre de sa qualité, et de nouveaux styles régionaux émergèrent. Une vue d'ensemble des styles de poterie régionaux grecs est présentée dans le tableau 2.

Table 2 - Overview of the Greek Dark Age pottery styles
tableau 2 - Vue d'Ensemble des Styles de Poterie des Âges Obscurs de la Grèce
Cristian Violatti (Copyright)

La décoration abstraite domina les styles de poterie des âges obscurs. L'art figuratif, largement absent à cette période alors qu’il était assez courant à l'époque mycénienne, revint à la fin du style géométrique, avec des représentations de batailles, de processions de chars et de scènes funéraires. On n'a répertorié que quelques exemples d'art figuratif dans la poterie avant le style géométrique tardif (par exemple, les premiers styles protogéométriques à Lefkandi et en Crète).

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Vers 1125 av. J.-C., l'Attique vit l'émergence d'un style local appelé 'sub-mycénien'. Ce style fut également observé dans d'autres régions, mais avec des variations significatives. À Lefkandi par exemple, il est de moins bonne qualité qu'en Attique. En Argolide, il existe aussi des différences de qualité entre les différents sites. Le style sub-mycénien est en général inférieur aux normes du style mycénien tardif en termes de matériaux et de qualité des peintures. Les styles mycénien tardif et sub-mycénien ont coexisté jusqu'à environ 1050 av. J.-C., lorsque le style protogéométrique les remplaça et apparut en Argolide, à Corinthe, en Thessalie, dans les Cyclades méridionales et centrales et dans l'ouest de l'Asie mineure. Entre 950 et 900 av. J.-C., le style protogéométrique fut le plus populaire en Grèce, mais demeurait absent dans certaines régions: en Élide, Laconie, Arcadie, à Samos et Chios (où aucune donnée n'est disponible); à Lesbos, en Macédoine, Sicile et Italie (où des céramiques locales ont été répertoriées); et en Crète orientale (où le style sub-minoen était utilisé).

À partir de 900 av. J.-C., le style géométrique émergea progressivement jusqu'à remplacer tous les styles antérieurs vers 750 av. J.-C., sauf en Macédoine. Vers 725 av. J.-C., le style protocorinthien apparut à Corinthe et, peu après, d'autres styles entièrement figuratifs furent également détectés en Crète.

Les variations régionales de la poterie peuvent être interprétées comme une perte ou une réduction du niveau de contact entre les différents groupes: les styles de décoration sont généralement empruntés et échangés au cours de l'interaction entre les groupes. L'absence d'une tradition artistique unificatrice, liée à l'absence d'une unité politique dominante en Grèce, pourrait également être un facteur à prendre en compte pour tenter d'expliquer ces différences régionales. Des influences de styles de poterie étrangers ne sont observées que dans de rares cas (par exemple à Lefkandi et à Athènes).

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Geometric Pottery Designs
Motifs de Céramique Géométrique
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Opinions antérieures sur les siècles obscurs

Il y a plusieurs décennies, les chercheurs avaient une vision des siècles obscurs assez différente de celle que nous avons aujourd'hui. La civilisation mycénienne, pensait-on, s'était effondrée à la suite de plusieurs vagues d'invasions par différents groupes qui auraient apporté violence et chaos aux Mycéniens sophistiqués. L’appellation de siècles obscurs était appropriée pour cette vision apocalyptique d'une société complexe déchirée par des nomades entrant en Grèce et la 'rétrogradant' à un âge de sauvagerie. Cette image était étayée principalement par des récits anciens sur les envahisseurs doriens, tribu grecque qui avait migré en Grèce et qui était en grande partie tenue pour responsable de l'effondrement des Mycéniens. On pensait que les Doriens

...en étaient encore au stade de l'élevage et de la chasse; [...] ils étaient principalement dépendants de leur bétail, et le besoin de nouveaux pâturages obligeait les tribus à se déplacer constamment. [...] le métal dur de leurs épées et de leurs esprits leur conférait une suprématie impitoyable sur les Achéens et les Crétois qui utilisaient encore le bronze pour tuer. [...] [les Doriens] passèrent les classes dirigeantes au fil de l'épée et tournèrent les rescapés mycéniens en serfs hilotes. [...] Les Achéens survivants s'enfuirent [...] chaque homme, se sentant en danger, porta des armes: la violence croissante perturba l'agriculture et les échanges sur terre, ainsi que le commerce sur mer. La guerre prospèra, la pauvreté s'aggrava et s'étendit. La vie devint instable, les familles errant d'un pays à l'autre, cherchant la sécurité et la paix. (Durant: 62-63)

Dans le passé, les chercheurs prirent les récits anciens sur les Doriens et d'autres groupes d'envahisseurs au pied de la lettre. Plutôt que de porter un regard critique sur ces sources, ils cherchaient des preuves susceptibles de confirmer leur validité. C'est ainsi qu'il fut proposé que certains des vestiges archéologiques découverts autour de 1200 av. J.-C. soient le reflet de ces nouveaux arrivants. Les inhumations simples et les crémations furent considérées comme un nouvel élément 'intrusif' dans les traces archéologiques, et habituellement associé aux Doriens; elles furent considérées comme de nouvelles pratiques funéraires, étrangères au monde mycénien, et introduites par les tribus envahissantes. Il s'agissait d'une 'confirmation' du récit antique sur les groupes envahisseurs.

Depuis les années 1960, les travaux archéologiques sur les siècles obscurs en Grèce se sont multipliés et bon nombre des anciennes hypothèses ont été remises en question. Des sépultures individuelles, par exemple, furent identifiées tout au long de la période mycénienne à Argos. La crémation, autre élément 'intrusif', fut également observée à l'époque mycénienne en Anatolie occidentale, en Attique, et même en Italie. Cela signifie que nous avons des raisons de croire que ces expressions funéraires, interprétées dans le passé comme 'preuve' de l'entrée de groupes d'envahisseurs en Grèce, pourraient en fait avoir une origine mycénienne indigène, ou même une origine dans les régions voisines ayant des liens commerciaux forts avec le monde mycénien, comme l'Italie. Il est possible que des tribus doriennes aient migré en Grèce à l'époque de l'effondrement de Mycènes, et il est également possible qu'elles aient joué un rôle dans l'effondrement à proprement parler, mais le fait est que les preuves sont loin d'être concluantes, et que l'on n'a pas de bases archéologiques solides.

Critique du Terme " siècles obscurs’

Un certain nombre de chercheurs ont soulevé des questions concernant le terme "siècles obscurs’. L’archéologue James Whitley a déclaré que ce terme était "plutôt chargé". Timothy Darvill estime que le terme n'est "pas très utile" car il implique que l'on sait très peu de choses sur la période, bien que l'archéologie ait fait progresser notre connaissance. Sur la base de ces observations et d'autres, il existe quelques alternatives pour désigner cette période, comme le 'premier âge du Fer' (basé sur le système des 'trois âges'), qui peut être divisé en Grèce 'protogéométrique' (1050 av. J.-C. à 900 av. J.-C.) et 'géométrique' (900 av. J.-C. à 700 av. J.-C.).

Malgré ces nouvelles objections sur le terme "siècles obscurs', l'image globale suggérée par les données archéologiques pour cette période correspond aux caractéristiques générales de l'effondrement d’un système sans administration centrale identifiable, avec déclin de la population et appauvrissement de la culture matérielle. Ceci est conforme à l'opinion d'Anthony Snodgrass qui soutient qu'en Grèce, pendant les âges obscurs, peu de choses furent préservées de la culture mycénienne et que "ce peu de choses se réduisit ensuite à presque rien jusqu'à ce que certains éléments soient artificiellement ravivés" à la fin du 8ème siècle av. J.-C., et plus tard.

Reprise et transition vers la période archaïque

Vers 800 av. J.-C., le nombre d’établissements commença à augmenter. Cette croissance est observée en Grèce continentale en général, dans les îles de la mer Égée, et se reflète également dans l'augmentation du nombre d'établissements grecs en dehors de la Grèce (Méditerranée occidentale et mer Noire). L'augmentation du nombre d'établissements correspond avec le nombre croissant de tombes à Athènes, en Attique et à Argos au cours du 8ème siècle av. J.-C. La même tendance a été observée à Knossos et dans d'autres cimetières de Grèce. La culture matérielle de la Grèce du 8ème siècle av. J.-C. apparaît très variée et innovante par rapport aux siècles précédents. D'autres changements ont été répertoriés vers la fin des siècles obscurs: la reprise des inscriptions (alphabet grec) après l'abandon de l'écriture mycénienne linéaire B, l'augmentation des contacts avec les régions situées en dehors de la mer Égée, et l'émergence d'une nouvelle forme réussie d'institution politique, les premieres poleis (cités). Ces signes sont compatibles avec une société connaissant une augmentation de sa population et acquérant un niveau de complexité plus élevé.

Cette période de reprise marque la fin des siècles obscurs et la transition vers la période archaïque, période considérée comme un tournant ou renouveau dans l'histoire grecque.

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Traducteur

Jerome Couturier
Je suis médecin, spécialisé en Génétique. J'aime l'Histoire et l'Antiquité depuis mon plus jeune âge. J'ai toujours eu un interêt pour la recherche dans divers domaines scientifiques, dont l'archéologie.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2023, juillet 27). Siècles Obscurs de la Grèce Antique [Greek Dark Age]. (J. Couturier, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13516/siecles-obscurs-de-la-grece-antique/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Siècles Obscurs de la Grèce Antique." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. modifié le juillet 27, 2023. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13516/siecles-obscurs-de-la-grece-antique/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Siècles Obscurs de la Grèce Antique." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 27 juil. 2023. Web. 29 avril 2024.

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