Bibliothèque d'Assurbanipal

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 23 janvier 2023
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Disponible dans ces autres langues: anglais
Library of Ashurbanipal (by Gary Todd, Public Domain)
Bibliothèque d'Assurbanipal
Gary Todd (Public Domain)

La bibliothèque d'Assurbanipal (alias Assourbanipal, VIIe siècle av. J.-C.) est la plus ancienne bibliothèque organisée de manière systématique connue au monde. Elle fut créée à Ninive par le roi néo-assyrien Assurbanipal (r. de 668 à 627 av. J.-C.) pour préserver l'histoire et la culture de la Mésopotamie. Plus de 30 000 textes ont été découverts à Ninive au milieu du XIXe siècle, mais on pense que la collection originale était beaucoup plus importante.

Contrairement à ce qui est souvent affirmé, la bibliothèque d'Assurbanipal n'était pas la première bibliothèque du monde. Des bibliothèques existaient à Sumer, rattachées à des maisons de scribes, des temples et des palais dès le début de la période dynastique (2900-2334 av. J.-C.). Les Akkadiens et les Babyloniens avaient également des bibliothèques, tout comme les premiers rois assyriens. Les scribes de l'ancienne Mésopotamie tenaient également des bibliothèques privées en dehors de celles qu'ils auraient consultées au palais, à l'école ou au temple. La bibliothèque d'Assurbanipal était simplement la plus ancienne bibliothèque organisée de manière systématique afin de préserver une collection complète de connaissances (non limitée à un sujet ou à un type d'ouvrage) et, en raison de l'importance des tablettes qui y ont été trouvées, la plus significative. L'expert Paul Kriwaczek écrit :

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[La bibliothèque d'Assurbanipal] était loin d'être la première ou la seule grande collection de documents jamais établie dans l'ancienne Mésopotamie, mais elle semble avoir été une archive fondée spécifiquement dans le but de préserver l'héritage du passé. Le souci du roi de conserver les richesses littéraires de sa culture cunéiforme, afin qu'elles puissent être lues par les érudits du futur lointain, est mis en évidence par le colophon associé à de nombreuses tablettes stockées : "Pour l'amour des jours lointains". (250)

On ne sait pas exactement à quelle date Assurbanipal créa la bibliothèque mais, selon Kriwaczek et d'autres chercheurs, c'était probablement vers la fin de son règne, quelque temps après la deuxième campagne d'Élam de 647 avant J.-C., bien qu'il soit clair que des textes avaient été acquis plus tôt. Si tel est le cas, la bibliothèque ne resta en place que pendant environ 30 ans. Elle fut brûlée lors du sac de Ninive en 612 avant J.-C. par une coalition de Babyloniens, de Mèdes et de Perses lors de la chute de l'empire néo-assyrien.

Les ennemis des Assyriens cherchèrent à effacer tout souvenir d'eux de l'histoire, mais, ironiquement, lorsque la bibliothèque tomba, les murs en ruine enterrèrent les tablettes cunéiformes en argile qui constituaient les livres, et les incendies les ont cuites et préservées. Ces tablettes ont été découvertes plus de 2 000 ans plus tard par les archéologues Sir Austen Henry Layard et Hormuzd Rassam lors d'une découverte qui a été qualifiée par de nombreux chercheurs depuis lors comme l'une des plus importantes de l'ère moderne.

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Alphabétisation et ascension au pouvoir

Lorsqu'il accède au trône après la mort d'assarhaddon, Assurbanipal ne rencontre aucune résistance et peut agir à sa guise.

Assurbanipal était le fils cadet du roi néo-assyrien Assarhaddon (r. de 681 à 669 av. J.-C.) qui avait choisi son fils aîné, Sin-iddina-apla, pour lui succéder. Assurbanipal fut envoyé à l'edubba ("Maison des tablettes"), l'école des scribes, et reçut l'éducation standard nécessaire pour devenir scribe. Son frère cadet, Shamash-shum-ukin, reçut probablement lui aussi une éducation, car on sait que leur sœur, Serua-eterat (c. 652 av. J.-C.), savait lire et écrire, comme le prouve une lettre existante dans laquelle elle réprimande sa belle-sœur (la femme d'Assurbanipal) pour sa paresse à étudier.

Serua-eterat fait remarquer que la négligence de sa belle-sœur en matière d'éducation pourrait faire honte à la famille, ce qui suggère que ses frères et sœurs savaient également lire et écrire. Il est également peu probable, aussi progressiste qu'Assarhaddon ait pu être dans l'éducation de ses filles, qu'il ait négligé de faire de même pour ses fils, bien qu'il ne soit pas clair si Sin-iddina-apla reçut le même niveau d'éducation qu'Assurbanipal ou Serua-eterat.

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Sin-iddina-apla mourut en 672 av. J.-C., et Assarhaddon choisit Assurbanipal comme successeur. Afin d'éviter les mêmes problèmes qu'à son arrivée au pouvoir, lorsqu'il dut combattre ses frères pour le trône de leur père Sennachérib (r. de 705 à 681 av. J.-C.), il obligea ses États vassaux à jurer à l'avance leur loyauté envers Assurbanipal. La mère d'Assarhaddon, Zakutu (c. 728 à c. 668 av. J.-C.), une femme puissante à la cour, avait soutenu son fils et son petit-fils en publiant le traité de Zakutu, obligeant tous les territoires sous domination assyrienne, ainsi que les membres de la cour, à accepter Assurbanipal comme successeur incontesté d'Assarhaddon. Lorsqu'il accéda au trône après la mort d'Assarhaddon en 669 avant J.-C., Assurbanipal ne rencontra aucune résistance et put agir à sa guise.

King Ashurbanipal (Artist's Impression)
Roi Assurbanipal (Impression d'artiste)
Mohawk Games (Copyright)

Règne et campagnes militaires

Assarhaddon avait déjà désigné Shamash-shum-ukin comme futur roi de Babylone, mais Assurbanipal, selon ses propres inscriptions, donna à son jeune frère encore plus de responsabilités et de cadeaux qu'il n'était obligé de le faire. Après s'être assuré des régions méridionales de son empire, il acheva ce que son père avait commencé et conquit l'Égypte vers 667-666 avant notre ère. Il réprima ensuite les rébellions à Tyr, soumis Urartu (alias Ourartou) et reconquis l'Anatolie entre 665 et 657 avant notre ère.

Bien qu'Assurbanipal ait clairement eu l'impression de bien traiter son jeune frère, Shamash-shum-ukin lui en voulait secrètement et souhaitait devenir roi de l'Empire assyrien. En 653 avant J.-C., il entama des négociations avec l'Élam, lui promettant son soutien s'ils envahissaient et renversaient son frère. Lorsque Assurbanipal apprit que les Élamites mobilisaient leurs armées, il les attaqua, les battit et mit leurs villes à sac. Il coupa la tête du roi élamite Teumman et des autres nobles et les ramena à Ninive où il les suspendit aux arbres de son jardin comme trophées.

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Il ignorait que son frère était à l'origine de l'agression élamite, mais cela devint clair l'année suivante lorsque, en 652 avant J.-C., Shamash-shum-ukin déclara l'indépendance de Babylone et prit ouvertement des territoires assyriens. Assurbanipal marcha sur la ville, l'assiégea pendant quatre ans et, lorsqu'elle tomba, en massacra les habitants. Shamash-shum-ukin s'immola par le feu pour échapper à la capture.

The Neo-Assyrian Empire (c. 921 - 627 BCE)
L'Empire néo-assyrien (vers 921 - 627 avant notre ère)
Simeon Netchev (CC BY-NC-SA)

En 648/647 avant J.-C., les Élamites étaient engagés dans une guerre civile, et Assurbanipal saisit l'occasion d'attaquer pendant qu'ils étaient divisés. Il brûla les villes, y compris Suse, massacra ou déporta d'importantes populations et, selon ses propres inscriptions, recouvrit le pays de sel après avoir profané les tombes de leurs rois. L'Élam fut transformé en friche et Assurbanipal retourna à Ninive triomphant et, très probablement, sûr d'avoir préservé son empire pour ses fils et leurs fils.

Bibliothèques assyriennes et divination

Il semble que ce soit à cette époque, vers 647/646 avant notre ère, qu'il ait conçu pour la première fois une bibliothèque universelle qui abriterait le savoir collectif du passé. La littérature mésopotamienne fut rédigée pour la première fois vers 2600 avant notre ère à Sumer, et les textes sumériens furent ensuite conservés en écriture akkadienne après 2334 avant notre ère, les Akkadiens, les Hittites, les Babyloniens, les Kassites (alias Cassites) et les Assyriens poursuivant cette tradition jusqu'à son époque.

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Assurbanipal décida d'agrandir sa propre bibliothèque, qui comprendrait des ouvrages de toutes sortes provenant de tous les coins de son empire.

En tant que scribe par sa formation, Assurbanipal devait en être conscient et, ayant récemment détruit Babylone et l'Élam, il se dit peut-être que ce qui leur était arrivé pourrait aussi leur arriver à lui, à ses fils et à leurs fils. Une bibliothèque, contenant toutes les connaissances des 2 000 dernières années, préserverait cependant sa culture, ainsi que son histoire personnelle. De plus, l'établissement d'une ressource comprenant une collection complète de textes divinatoires pourrait l'aider à prévenir et à répondre à toute menace pour son empire.

Les bibliothèques assyriennes existaient déjà à cette époque - tout comme les bibliothèques sumériennes, akkadiennes et babyloniennes - mais elles contenaient essentiellement des textes administratifs et divinatoires, des copies de décrets et de traités royaux, des registres fonciers et fiscaux et des accords commerciaux. Parmi les documents conservés dans les bibliothèques royales assyriennes, les textes de divination étaient les plus importants, comme l'explique le spécialiste Stephen Bertman :

La divination était fondée sur l'idée que l'association équivaut à la causalité : c'est-à-dire que si deux événements inhabituels se produisent à proximité l'un de l'autre, l'un est responsable de l'autre. Ainsi, si un roi mourait après une éclipse, on en concluait que l'éclipse présageait sa mort. De même, si une étoile filante était observée la nuit précédant une victoire militaire, une observation ultérieure annonçait un autre succès militaire.

Pendant la majeure partie de l'histoire de la Mésopotamie, la divination était utilisée pour guider les affaires de l'État. Rares étaient les souverains qui prenaient ou appliquaient une décision importante sans consulter au préalable leurs voyants royaux. Pour prédire l'avenir, les voyants mésopotamiens étudiaient les phénomènes célestes et météorologiques et examinaient les organes et les entrailles des animaux sacrifiés... En fait, le voyant antique était comme le météorologue moderne qui utilise son expertise professionnelle pour prévoir ce que l'avenir nous réserve. (169)

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Les conclusions de ces voyants étaient consignées par écrit dans des textes divinatoires afin que d'autres puissent les consulter. Le père d'Assurbanipal possédait une bibliothèque de textes de divination, tout comme son grand-père, Sennachérib, et son arrière-grand-père, Sargon II (r. de 722 à 705 av. J.-C.), et ainsi de suite dans le passé. Assurbanipal décida de développer sa propre bibliothèque qui conserverait les textes de divination essentiels et les autres, mais qui inclurait des ouvrages de toutes sortes provenant de tous les coins de son empire. Une fois rangés sur les étagères, tous ces ouvrages seraient conservés à jamais, entourés des solides murs de la grande ville de Ninive.

La bibliothèque

Comme son père avant lui, Assurbanipal s'intéressait particulièrement à la divination et était désireux d'acquérir tous les textes sur le sujet qu'il ne possédait pas encore. Sa correspondance avec des scribes et des voyants après 647 avant J.-C. montre une préoccupation croissante pour l'avenir et pour sa santé et son bien-être personnels. Il envoya des groupes, comprenant bien sûr des scribes, dans tout l'empire pour se procurer ces textes et d'autres encore, qui seraient ensuite copiés et conservés dans sa bibliothèque. Dans une lettre au scribe Shadunu, Assurbanipal (ou un représentant du roi) écrit :

Tu rechercheras et m'enverras ... des rituels, des prières, des inscriptions sur pierre, et tout ce qui est utile à la royauté, comme des textes d'expiation pour les villes, pour éloigner le mauvais œil en période de panique, et tout ce qui est nécessaire au palais, tout ce qui est disponible, et aussi des tablettes rares dont il n'existe aucune copie. J'ai écrit au surveillant du temple et au premier magistrat pour que tu places les tablettes dans ton entrepôt et que personne ne t'en refuse l'accès. Et au cas où tu verrais une tablette ou un texte rituel que je n'ai pas mentionné, et qui conviendrait au palais, examine-le, prends-en possession et envoie-le moi. (Kriwaczek, 251-252)

L'acquisition des textes de divination était le moteur de toute l'entreprise. Assurbanipal voulait tout ce qui avait été écrit, mais surtout les ouvrages qui pouvaient le guider pour faire les bons choix concernant son avenir. L'expert Marc Van De Mieroop commente le processus scribal des acquisitions :

Les manuscrits n'étaient pas simplement collectés mais copiés selon un format standard pour la bibliothèque. L'écriture cunéiforme et la mise en page des tablettes étaient uniformes, et à la fin de chaque tablette, une identification indiquait qu'elle appartenait à la bibliothèque d'Assurbanipal. Ces inscriptions ou colophons pouvaient être de simples tampons portant le texte "palais d'Assurbanipal, roi de l'univers, roi d'Assyrie", mais ils indiquaient souvent longuement que les textes précédents avaient été soigneusement copiés à partir d'une tablette originale, et que la copie avait été revue et vérifiée. En effet, les scribes étaient soigneux dans leur travail. Ils indiquaient dans leurs copies quand ils trouvaient une rupture dans la tablette originale et quand ils remplissaient un vide. Ils corrigeaient les erreurs et, très rarement, indiquaient les variantes qu'ils trouvaient dans les différents manuscrits originaux.

Le but de la bibliothèque est indiqué par les colophons, c'est-à-dire une déclaration à la fin qui donne des informations sur la nature et le lieu de conservation de la tablette. Les textes étaient conservés afin de fournir des versions autorisées que les devins et les exorcistes pouvaient utiliser. De nombreux manuscrits contenaient des présages, et il était important qu'une version correcte soit enregistrée. De même, les textes littéraires et savants étaient conservés, car les spécialistes dont le devoir était de protéger le roi et l'État avaient parfois besoin de les citer dans leurs rapports, et l'exactitude de ces citations était importante. (261-262)

Les apprentis scribes signaient leur travail après qu'un supérieur en eut vérifié l'exactitude. Ils ajoutaient parfois des mises en garde contre le fait de sortir une tablette de la bibliothèque et de ne pas la rendre. Un fragment du poème babylonien Le pauvre de Nippur, trouvé dans les ruines de la bibliothèque d'Assurbanipal, se termine par un tel avertissement dans les lignes suivantes : " Quiconque emporte cette tablette, que [les dieux] l'emportent ! Qu'il n'ait pas de descendants, pas de descendance... N'emportez pas les tablettes! Ne dispersez pas la bibliothèque!"

Demand for Tablets for the Libary of Ashurbanipal
Commande de tablettes pour la bibliothèque d'Assurbanipal
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Chaque tablette, une fois copiée et vérifiée, était placée sur une étagère ou dans un recoin le long des murs de la bibliothèque. Les textes n'étaient pas seulement copiés sur des tablettes d'argile mais aussi sur des écritoires - des panneaux d'ivoire ou de bois recouverts de cire sur lesquels on pouvait inscrire des caractères cunéiformes. Un grand nombre de ces textes - tablettes et écritoires - furent emportés de Babylone après sa chute devant Assurbanipal en 649/648 avant notre ère. Selon Van De Mieroop, un registre de ces textes fait état de 2000 tablettes et de 300 tableaux d'écriture "confisqués pour la plupart dans les bibliothèques privées de prêtres ou d'exorcistes babyloniens" acquis pour la bibliothèque en l'an 648 avant notre ère (261).

À mesure que la collection de la bibliothèque s'enrichissait, il incombait au bibliothécaire en chef (gardien de la bibliothèque) de l'entretenir et de remplacer les tablettes usées ou cassées. La collection était conservée dans le bâtiment désigné comme la bibliothèque royale ainsi que dans le palais du Nord et comprenait des ouvrages sur des questions administratives, l'astronomie, l'astrologie, la botanique, la correspondance personnelle et royale, la correspondance étrangère, les décrets royaux, les textes de divination, les textes religieux et les hymnes, les inscriptions historiques, la littérature et les textes médicaux. Parmi les ouvrages les plus célèbres de la collection figurent le Mythe d'Adapa, le Mythe d'Etana, l'Enuma Elish et l'Epopée de Gilgamesh, tous des récits originaux concernant la création du monde, la chute de l'homme et le grand déluge qui, jusqu'à la découverte de la bibliothèque au XIXe siècle, étaient considérés comme ayant pour origine la Bible.

Destruction de la bibliothèque

Assurbanipal était fier de son éducation et tout aussi satisfait de sa bibliothèque. Dans ses inscriptions, il écrit :

Moi, Assurbanipal, au sein du palais, j'ai compris la sagesse de Nabu [le dieu du savoir]. Je me suis rendu maître de tout l'art de l'écriture ... de toute sorte ... J'ai lu les fines tablettes de Sumer, et la sombre langue akkadienne qui est difficile à utiliser correctement ; j'ai pris plaisir à lire les pierres inscrites avant le [Grand] déluge ... Le meilleur de l'art du scribe, des travaux qu'aucun des rois qui m'ont précédé n'avait jamais appris, des remèdes du sommet de la tête jusqu'aux ongles des pieds, des sélections non canoniques, des enseignements intelligents, tout ce qui concerne la maîtrise médicale des [dieux] Ninurta et Gula, je l'ai écrit sur des tablettes, vérifié et rassemblé, et déposé dans mon palais pour qu'il soit consulté et lu.

(Kriwaczek, 250-251)

Malheureusement, bien qu'on se souvienne de lui comme du roi néo-assyrien le plus instruit et le plus lettré, Assurbanipal est également considéré comme le plus brutal. Les rois assyriens, en particulier ceux de la période néo-assyrienne (912-612 av. J.-C.), ont la réputation d'avoir mené une politique sévère à l'égard de leurs ennemis mais, même parmi eux, Assurbanipal se distingue par sa cruauté excessive. Sa politique impitoyable contribuerait cependant à la chute de l'empire assyrien.

King Ashurbanipal
Roi Assurbanipal
Artaxiad (GNU FDL)

Bien que ses inscriptions et reliefs montrent clairement qu'il était fier de la destruction de l'Élam, il avait de ce fait supprimé un État tampon entre son empire et le pays des Mèdes et des Perses qui, une fois l'Élam disparu, s'installèrent et établirent des communautés. Assurbanipal mourut de causes naturelles en 627 avant J.-C., mais, contrairement à son père, il n'avait pas prévu de succession équitable pour ses fils. Son fils Assur-etil-ilani lui succéda, mais peu après son accession au trône, il fut défié par son frère jumeau, Sîn-shar-ishkun, ce qui divisa l'Empire assyrien en une guerre civile.

Pendant que les deux frères s'affrontaient, les ennemis des Assyriens - dont les Babyloniens, les Cimmériens, les Mèdes, les Perses et les Scythes - saisirent leur chance, tout comme Assurbanipal l'avait fait des années auparavant en lançant sa campagne contre l'Élam. Une coalition menée par les Mèdes et les Babyloniens s'abattit sur les villes assyriennes en 612 avant J.-C., les mettant à sac et les détruisant. La grande bibliothèque de Ninive tomba lors de l'incendie de la ville et, avec le temps, ses ruines furent englouties par la terre et restèrent enfouies pendant les 2000 années suivantes.

Conclusion

Au 19e siècle, des expéditions archéologiques furent financées par des institutions occidentales dans le but de trouver des preuves matérielles pour corroborer les récits bibliques. À l'époque, la Bible était considérée comme une œuvre totalement originale et le plus vieux livre du monde. On ne connaissait même pas l'existence de la civilisation sumérienne et presque tout ce que l'on savait des Babyloniens et des Assyriens provenait de la Bible. Au lieu de cela, les archéologues découvrirent les diverses civilisations de la Mésopotamie dont l'histoire fut dévoilée lorsque l'écriture cunéiforme fut déchiffrée.

Flood Tablet of the Epic of Gilgamesh
Tablette du déluge de l'Épopée de Gilgamesh
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Entre 1850 et 1853, Layard et Rassam découvrirent les tablettes de la bibliothèque d'Assurbanipal enterrées dans les ruines de Ninive (dans l'actuelle Kouyunjik, en Irak). En 1872, l'expert George Smith avait traduit l'épopée de Gilgamesh et établi que le récit biblique du grand déluge n'était pas un récit original mais une réécriture d'un ancien mythe sumérien et babylonien.

Au fur et à mesure que les textes de la bibliothèque d'Assurbanipal étaient traduits, la connaissance du passé s'élargit considérablement. C'est pourquoi la découverte de la bibliothèque d'Assurbanipal est considérée par certains chercheurs comme la plus importante du XIXe siècle et l'une des plus importantes de tous les temps. Plus de 2 000 ans après qu'Assurbanipal eut conçu sa bibliothèque et son espoir que l'on se souvienne de sa culture "dans des jours lointains", son souhait fut exaucé et changea à jamais la façon dont les gens appréhenderaient l'histoire du monde.

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Questions & Réponses

La bibliothèque d'Assurbanipal était-elle la première bibliothèque au monde ?

Non. Les bibliothèques furent établies en Mésopotamie vers 2900-2334 avant notre ère. La bibliothèque d'Assurbanipal (7e siècle av. J.-C.) fut la première collection de textes organisée de manière systématique à des fins de conservation.

Où et quand la bibliothèque d'Assurbanipal fut-elle été créée ?

La bibliothèque d'Assurbanipal fut établie dans la ville de Ninive au 7e siècle avant notre ère.

Comment la bibliothèque d'Assurbanipal fut-elle été détruite ?

La bibliothèque d'Assurbanipal fut détruite par une coalition menée par les Mèdes et les Babyloniens qui saccagèrent les villes assyriennes en 612 avant Jésus-Christ.

Pourquoi la bibliothèque d'Assurbanipal est-elle importante de nos jours ?

La bibliothèque d'Assurbanipal est importante en raison des plus de 30 000 textes qui y ont été découverts au XIXe siècle et qui, une fois les textes cunéiformes déchiffrés, ont permis de mieux comprendre l'histoire du monde.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2023, janvier 23). Bibliothèque d'Assurbanipal [Library of Ashurbanipal]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-21476/bibliotheque-dassurbanipal/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Bibliothèque d'Assurbanipal." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le janvier 23, 2023. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-21476/bibliotheque-dassurbanipal/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Bibliothèque d'Assurbanipal." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 23 janv. 2023. Web. 18 avril 2024.

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