Sargon II

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 03 juillet 2014
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Sargon II Wall Relief (by Jastrow, Public Domain)
Bas-relief de Sargon II, Dur Sharrukin, Irak
Jastrow (Public Domain)

Sargon II (r. de 722 à 705 av. J.-C.) fut l'un des rois les plus importants de l'empire néo-assyrien, en tant que fondateur de la dynastie sargonide qui régna sur l'empire pendant le siècle suivant, jusqu'à sa chute. Il fut un grand chef militaire, un tacticien, un mécène des arts et de la culture, et un constructeur prolifique de monuments, de temples et même d'une ville.

Son plus grand projet de construction fut la ville de Dur-Sharrukin (la "forteresse de Sargon", aujourd'hui Khorsabad, en Irak), qui devint la capitale de l'empire assyrien sous son règne. Il était le fils de Tiglath Phalazar III (r. de 745 à 727 av. J.-C.) et peut-être le frère cadet de Salmanazar V (r. de 727 à 722 av. J.-C.). Il n'était pas l'héritier désigné mais prit le trône de son frère dans des circonstances qui restent floues.

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Il est cependant probable qu'il ait orchestré un coup d'État après s'être lassé de ce qu'il considérait comme le règne inepte de son frère. Tout comme le grand Sargon d'Akkad (r. de 2334 à 2279 av. J.-C.), fondateur de l'empire akkadien, dont il s'inspira, son nom de trône, Sargon, signifie "vrai roi", ce que les spécialistes ont interprété comme un moyen pour lui de se légitimer après le coup d'État.

Son nom de naissance est inconnu, de même que le poste qu'il occupait à la cour avant de monter sur le trône. Bien que des régions de l'empire se soient révoltées lorsqu'il prit le pouvoir et qu'il ne semble pas avoir eu le soutien de la cour, Sargon II maintint les politiques et les stratégies initiées par son père, améliora l'armée et l'économie et porta l'empire assyrien à son apogée sur les plans politique et militaire. Son règne est considéré comme l'apogée de l'empire néo-assyrien. Son fils Sennachérib lui succéda (r. de 705 à 681 av. J.-C.).

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Début de règne et conquêtes

Sargon II était dans la force de l'âge lorsqu'il monta sur le trône. Le rôle qu'il joua dans l'administration de son père est inconnu, car aucune inscription n'identifie le fils cadet de Tiglath Phalazar III par son nom. La seule raison pour laquelle les érudits savent que Sargon II était le fils de Tiglath Phalazar III provient des inscriptions de Sargon II lui-même et des documents de la cour de son règne. Sargon II désigne également Salmanazar V comme son frère de sang et non comme un "frère" à titre honorifique.

Salmanazar V s'efforça de maintenir l'empire de son père et de l'étendre, ce qu'il réussit dans une certaine mesure, mais ses exploits militaires ne furent pas menés avec la rapidité et l'efficacité qui avaient marqué le règne de son père, et ses politiques fiscales et de travail étaient impopulaires auprès du peuple. Les archives assyriennes ne disent pas comment il mourut. L'érudite Susan Wise Bauer commente ce point en écrivant :

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À ce stade [de l'histoire], les récits assyriens se taisent. Lorsqu'ils se rouvrent, Salmanazar V, qui ne resta que cinq ans sur le trône et qui mena deux sièges de front, était mort. Un nouveau roi était monté sur le trône sous le nom de Sargon II. Si Salmanazar était mort au combat, [les archives] l'auraient probablement indiqué. Il est plus probable que son successeur Sargon II était un fils cadet de Tiglath Phalazar, profitant de la faiblesse de son frère pour prendre le pouvoir; ces longs sièges, apparemment infructueux, ne furent sans doute pas populaires auprès de l'armée et Salmanazar V s'était également rendu impopulaire dans son pays en essayant d'introduire une obligation de travail forcé pour le peuple d'Assur. Cette tentative n'avait pas été bien accueillie. (374)

Sargon II porta l'empire assyrien à son apogée politique et militaire.

Sargon II monta sur le trône, abolit les politiques fiscales et de travail et mit fin aux sièges que l'administration de son frère avait prolongés. Il conquit Samarie et détruisit le royaume d'Israël. Les inscriptions de Sargon indiquent qu'il déporta 27 290 Israélites de leur patrie et les réinstalla dans des régions de l'empire, de l'Anatolie aux monts Zagros (l'étendue de l'empire assyrien sous son règne, citée dans Pritchard, p. 195).

Ce faisant, il ne faisait que suivre la procédure politique et militaire assyrienne initiée par le roi Adad-Nerari Ier (r. de 1307 à 1275 av. J.-C.) et pratiquée depuis lors. Cet incident particulier lié à la politique assyrienne de réinstallation entraîna la fameuse perte des dix tribus d'Israël. Bauer note que:

La déportation était une sorte de génocide, un meurtre non pas de personnes, mais de l'idée qu'une nation se faisait d'elle-même. Ces Israélites furent connus comme les "dix tribus perdues", non pas parce que le peuple lui-même était perdu, mais parce que leur identité en tant que descendants d'Abraham et adorateurs de Yahvé s'était dissipée dans les nouvelles régions sauvages où ils étaient désormais contraints de s'installer. (375)

Après la conquête d'Israël et la fin des campagnes militaires de son frère, Sargon II se tourna vers les régions de l'empire qui se révoltèrent contre lui.

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Neo-Assyrian Empire
L'Empire néo-assyrien
Ningyou (Public Domain)

Campagnes militaires

En 720 avant notre ère, il marcha sur la ville de Hamat (dans la région de la Syrie) et la détruisit. Il continua ensuite à écraser les autres villes qui avaient rejoint la rébellion, Damas et Arpad, lors de la bataille de Qarqar. Une fois l'ordre rétabli dans les régions syriennes, il retourna dans sa capitale de Kalhu et ordonna la déportation et la réinstallation des communautés assyriennes de la région qui n'avaient pas soutenu son ascension au trône ou qui s'étaient activement rebellées contre lui. Plus de 6 000 "citoyens ingrats" furent déportés en Syrie pour reconstruire Hamat et les autres villages et villes détruits lors de la campagne de Sargon II.

À cette époque, la cour apprit qu'un chef de tribu nommé Merodach-Baladan avait pris le contrôle de la ville de Babylone. Sargon II laissa Kalhu à la tête de son armée et affronta les forces combinées de Babylone et de l'Élam dans une bataille dans les plaines à l'extérieur de la ville de Dur. L'armée de Sargon II fut repoussée par les Élamites (les Babyloniens arrivèrent trop tard pour avoir un effet quelconque) et quitta le champ de bataille; il perdit ainsi la ville de Babylone et les régions du sud.

Sargon II retourna à nouveau à Kalhu et mit de l'ordre dans son administration. Vers 717 avant notre ère, il conçut pour la première fois l'idée de construire sa propre capitale sur des terres vierges et en ordonna la construction. Cette ville deviendrait Dur-Sharrukin, une préoccupation centrale du roi tout au long de son règne. Il conçut lui-même la ville et choisit l'emplacement, mais il fut à nouveau distrait par des questions militaires. Il nomma son fils, le prince héritier Sennachérib, comme administrateur et partit en campagne.

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La ville de Karkemish était la capitale d'un royaume très riche qui avait longtemps connu la prospérité grâce à sa situation sur une route commerciale. En 717 avant notre ère, Sargon II accusa le roi de Karkemish de comploter avec les ennemis de l'Assyrie et envahit la ville avec toute son armée. Karkemish n'ayant pas d'armée à proprement parler, la ville fut facilement prise. Sargon II renvoya les captifs et l'immense trésor de la ville à Kalhu.

Ce trésor était si riche en argent qu'il "fit passer l'économie assyrienne d'une économie basée sur le bronze à une économie financière basée sur l'argent, qui dépendait de l'argent selon la norme de Karkemish" (Radner, 1). En 716 avant notre ère, il conquit les Mannéens (un peuple de l'Iran actuel) et pilla leurs temples et, en 715 avant notre ère, il marcha à travers la Médie, conquérant ces villes et établissements et envoyant des richesses et des captifs à Kalhu.

Pendant tout ce temps, cependant, un problème persistant se présentait dans le nord. Le royaume d'Urartu avait été conquis par son père, mais jamais complètement. Sous le règne de Salmanazar V, l'Urartu se souleva à nouveau et fit des incursions en Assyrie à partir de bases situées le long de la frontière. En 719 et 717 avant notre ère, Sargon II dut envoyer des troupes à ses frontières contre les Urartéens qui avaient envahi et provoqué des conflits entre les colonies. En 715 avant notre ère, l'Urartu organisa une invasion à grande échelle et prit 22 villes assyriennes le long de la frontière. Sargon II riposta en reprenant les villes, en chassant les forces urartéennes des terres assyriennes et en rasant leurs provinces méridionales le long de la frontière.

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Il savait cependant que ce type d'invasions se poursuivrait et qu'il devrait à plusieurs reprises consacrer du temps et des ressources pour y faire face. Afin de protéger son empire contre de futures incursions, Sargon II dut vaincre l'Urartu de manière décisive. La difficulté résidait dans l'emplacement stratégique de leur royaume, niché dans les contreforts des monts Taurus et fortement défendu. C'est pour cette raison que les précédents rois assyriens qui avaient combattu l'Urartu ne l'avaient jamais complètement vaincue. Les forces urartéennes étaient toujours en mesure de s'éclipser dans les montagnes après un engagement, de se regrouper, puis de revenir harceler l'empire.

Archer Relief, Khorsabad
Relief représentant un archer, Khorsabad
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

La campagne d'Urartu de 714 av. J.-C.

Le royaume d'Urartu (également connu sous les noms bibliques de royaume d'Ararat et de royaume de Van) avait gagné en puissance entre le 13e et le 11e siècle avant notre ère. Le temple de Haldi, dans la ville sainte de Musasir en Urartu, était un important centre de pèlerinage depuis le troisième millénaire avant notre ère et les offrandes des rois, des princes, de la noblesse et des marchands remplissaient son trésor. Les Urartéens s'étaient enrichis grâce au commerce et aux caravanes de pèlerins qui venaient visiter Musasir. Pour s'assurer une prospérité continue, les Urartéens essayèrent de garder sous leur contrôle les basses terres autour de leur royaume. Depuis leur forteresse située dans les montagnes, ils menaient sans cesse des raids et annexèrent des territoires dans les basses terres.

Les Urartéens étaient de féroces guerriers qui élevaient certains des meilleurs chevaux de la région, spécialement pour le combat. Salmanazar Ier (r. de 1274 à 1245 av. J.-C.) mentionne pour la première fois l'Urartu dans les inscriptions assyriennes en relatant sa conquête du royaume mais, depuis son époque, les Urartéens s'étaient montrés résistants et pleins de ressources car, chaque fois qu'ils avaient été battus, ils s'ètaient relevés. Sargon II parla d'eux avec respect, même s'ils étaient ses ennemis, comme le note Bauer:

Les récits de Sargon lui-même parlent avec admiration du roi urartéen Rusas et du réseau de canaux et de puits qu'il avait construit; des troupeaux de chevaux bien élevés et gardés, élevés dans des vallées protégées jusqu'à ce qu'ils soient nécessaires pour la guerre; de la splendide efficacité des communications urartiennes, avec des tours de guet construites au sommet des montagnes, gardant des tas de combustible qui pouvaient être allumés à l'improviste. Une balise allumée s'enflammait au sommet de sa montagne en un énorme feu de joie qui apparaissait comme une étincelle au poste le plus éloigné, où le feu de joie suivant pouvait alors être allumé. Elles brillaient comme des "étoiles au sommet des montagnes", selon les propres termes de Sargon, et répandaient les nouvelles de l'invasion plus rapidement qu'un messager ne pouvait le faire à cheval. (376)

Dans ces mêmes inscriptions, Sargon II note l'existence du système d'irrigation qanat, qui allait jouer un rôle déterminant dans l'Empire achéménide sous Cyrus II (le Grand, r. vers 550-530 av. J.-C.). Bien que le système qanat - une brillante innovation permettant de faire remonter à la surface les eaux souterraines profondes - soit souvent attribué à Cyrus le Grand, il s'agit en fait d'une invention perse antérieure.

Sargon II comprit que le seul moyen de vaincre les Urartéens était de les surprendre. Il lança donc son invasion de l'Urartu en 714 avant notre ère en évitant soigneusement une attaque frontale évidente. À la tête de l'armée, il marcha vers l'est, contournant la forteresse d'Urartu, et espérant faire remonter ses forces, sans se faire remarquer, à travers les terres plates pour surprendre l'Urartu par l'arrière.

Les Assyriens étaient un peuple de plaine qui n'avait aucune expérience de la guerre en montagne. Les précédents rois assyriens qui avaient combattu l'Urartu l'avaient chassé des basses terres mais n'avaient jamais gravi les pentes des montagnes. Les forces de Sargon II rencontrèrent:

Les forêts de cèdres sur les pentes des montagnes, comme celles dans lesquelles Gilgamesh s'était aventuré il y a tant d'années, abritaient un ennemi d'autant plus terrifiant qu'il était invisible. (Bauer, 376)

Sargon II chargea donc l'avant-garde de son armée de frayer un chemin à ses forces. Sargon II le décrivit lui-même dans une lettre qu'il adressa au dieu Assur, dans laquelle il exposa également les grands défis qu'il avait dû relever au cours de sa campagne:

Le mont Simirria, une grande montagne qui pointe vers le haut comme la lame d'une lance, et qui élève sa tête au-dessus de la montagne où vit la déesse Belet-ili, dont les deux sommets s'appuient sur le ciel en haut, dont les fondations s'étendent jusqu'au milieu du monde souterrain en bas, qui, comme le dos d'un poisson, n'a pas de chemin d'un côté à l'autre et dont l'ascension est difficile par devant ou par derrière, des ravins et des gouffres sont profondément creusés dans son flanc, et vu de loin, il est enveloppé de crainte, il n'est pas bon d'y monter dans un char ou avec des chevaux au galop, et il est très difficile d'y faire progresser de l'infanterie ; Pourtant, avec l'intelligence et la sagesse que les dieux Ea et Belet-ili m'ont destinées et qui ont élargi ma foulée pour aplanir le pays ennemi, j'ai fait porter à mes sapeurs de lourdes haches de bronze, et ils ont défoncé les pics de la haute montagne comme s'il s'agissait de calcaire, et ils ont aplani la route. J'ai pris la tête de mon armée et j'ai fait en sorte que les chars, la cavalerie et les troupes de combat qui m'accompagnent la survolent comme des aigles. J'ai fait suivre les troupes de soutien et les fantassins, et les chameaux et les mulets de bât ont sauté sur les sommets comme des chèvres élevées dans les montagnes. J'ai fait en sorte que le flot déferlant des Assyriens franchisse facilement cette hauteur difficile et, au sommet de cette montagne, j'ai établi mon campement. (Van De Mieroop, 216)

L'armée avait alors marché sur un terrain difficile au début de l'été et, bien qu'elle ait été ravitaillée et abreuvée par les Mèdes précédemment conquis, elle était épuisée au moment où elle établit son camp final. Sargon écrit que "leur moral s'est transformé en mutinerie. Je ne pouvais ni soulager leur fatigue, ni étancher leur soif". Il choisit un champ de bataille et déploya ses troupes juste au moment où le roi Rusas arrivait avec ses forces pour la bataille; mais l'armée de Sargon ne voulait pas se battre. Ils avaient parcouru trop de chemin et enduré trop de choses pendant la marche, et maintenant qu'ils avaient l'objectif devant eux, ils refusaient d'engager le combat avec l'ennemi.

Sargon II était venu de trop loin et avait dépensé trop de ressources pour se contenter de battre en retraite ou de se rendre. Il appela sa garde personnelle autour de lui, puis, comme l'écrit Bauer:

Il les dirigea dans une attaque frénétique et suicidaire contre l'aile la plus proche de la force de Rusas. L'aile céda face à sa sauvagerie désespérée et, selon son propre récit, l'armée de Sargon, le voyant se jeter dans la ligne, prit courage et le suivit. L'armée urartéenne vacilla, se brisa et commença à battre en retraite. La retraite se transforma en déroute. L'armée assyrienne poursuivit l'ennemi désintégré vers l'ouest, au-delà du lac d'Urmia et sur son propre territoire. Rusas abandonna toute tentative de tenir sa propre capitale, Turushpa, et s'enfuit dans les montagnes. (377)

Après la défaite de l'Urartu et craignant que ses troupes ne se mutinent s'il les poursuivait plus loin dans les montagnes, Sargon II fit demi-tour et retourna vers l'Assyrie. Il s'arrêta cependant à la ville de Musasir, la mit à sac et pilla le temple sacré de Haldi, emportant littéralement des tonnes d'or, d'argent et de pierres précieuses.

Sargon écrit que, lorsque le roi Rusas apprit le sac de Musasir, "la splendeur d'Assur le submergea et, avec son propre poignard de fer, il se transperça le cœur, comme un porc, et mit fin à ses jours". Les Urartéens ayant été vaincus en moins de six mois de campagne, Sargon II retourna à Kalhu à la tête de son armée en pleine gloire, emportant avec lui les immenses richesses de Musasir.

Servants at Dur-Sharukkin (Khorsabad)
Serviteurs à Dur-Sharukkin
Jastrow (Public Domain)

Dur-Sharrukin et Babylone

Pour célébrer sa victoire et créer un monument durable de sa campagne, il se consacra à la construction et à l'ornementation de sa ville Dur-Sharrukin en l'an 713 avant notre ère. La ville serait décorée de reliefs représentant les conquêtes de Sargon II et, en particulier, le sac de Musasir. Il s'intéressa personnellement à tous les aspects de la construction de la ville. Ses lettres officielles, retrouvées dans les archives de Kalhu et de Ninive, témoignent de son implication dans le projet. Dans l'une d'elles, il écrit:

Parole du roi au gouverneur de Kalhu: 700 bottes de paille et 700 fagots de roseau, chaque fagot dépassant la capacité d'un âne, doivent arriver à Dur-Sharrukin avant le premier du mois de Kislev. Si un jour passe, vous mourrez.

Pendant trois ans, Sargon II supervisa la construction de Dur-Sharrukin tout en recevant des envoyés d'Égypte, de Nubie et d'autres nations dans son palais de Kalhu. Il contrôlait tout le nord de la Mésopotamie, l'Anatolie, et soumit le royaume d'Urartu, mais il n'avait pas encore repris Babylone et les terres du sud à Merodach-Baladan. La dernière fois qu'il avait marché sur Babylone et ses alliés élamites, il avait adopté une approche directe et avait été vaincu; cette fois-ci, il décida d'adopter une autre tactique.

En 710 avant notre ère, Sargon II laissa la construction de Dur-Sharrukin et l'administration de l'empire aux mains de Sennachérib et marcha à la tête de son armée vers l'est de l'Élam. Il ravagea les villages et les villes, puis tourna en demi-cercle pour attaquer Babylone par le sud-est. Mérodach-Baladan s'enfuit de la ville avec toutes les richesses qu'il pouvait emporter, y compris son mobilier royal: un lit, un trône et une table en argent, la cruche royale pour les ablutions et son propre collier (Bauer, 379). Il les envoya en cadeau au roi d'Élam pour lui demander l'asile.

L'inscription de Sargon II concernant la suite des événements se lit comme suit: "La canaille élamite accepta son pot-de-vin mais craignit ma puissance militair ; elle barra donc la route à Merodach-Baladan et lui interdit d'entrer en Élam. Merodach-Baladan s'enfuit dans sa ville natale de Bit-Yakin, sur le golfe Persique, où les forces de Sargon II le suivirent, l'attaquèrent et détruisirent la ville. Sargon II rapporte: "Je l'ai brûlée par le feu et même ses fondations ont été détruites."

Il laissa cependant la vie sauve à Mérodach-Baladan, une décision qui mystifie depuis lors les historiens et les érudits. Ce même chef chaldéen émergerait plus tard pour causer des ennuis au successeur de Sargon II, Sennachérib, qui s'occupait de la gestion quotidienne de l'empire pendant que son père était parti en campagne militaire.

Dernières années et héritage

Après avoir conquis le sud, Sargon II marcha sur Babylone et revendiqua la royauté. Il régnait désormais sur toute la Mésopotamie et l'empire assyrien était à son apogée en termes d'étendue, de richesse et de puissance. Il choisit de résider à Babylone et reçut les envoyés d'autres rois et nations, notamment ceux du roi Mita de Phrygie, identifié par certains érudits comme le roi Midas, célèbre pour son toucher d'or.

Pendant trois ans, Sargon II resta à Babylone, recevant régulièrement des nouvelles de Sennachérib à Kalhu sur les progrès de Dur-Sharrukin, puis, en 707 avant notre ère, il reçut la nouvelle que sa ville était achevée. Il quitta Babylone et s'installa dans son palais de Dur-Sharrukin en 706 avant notre ère. Il fit de sa nouvelle ville la capitale de l'Assyrie et se lança dans des projets de construction, commanda des œuvres d'art et rédigea des récits de ses conquêtes. Bauer note:

Les reliefs de son nouveau palais à [Dur-Sharrukin] témoignent de sa grandeur; son immense silhouette reléguait même les formes des dieux à l'arrière-plan. Il était le second Sargon, le second fondateur de l'empire, le roi d'une seconde Assyrie avec de nouvelles frontières, une nouvelle capitale et un nouveau pouvoir redoutable. (381)

Il avait enfin la ville qu'il voulait voir construire en son honneur, mais il n'allait pas en profiter longtemps.

Sargon II Basalt Stele
Stèle de Sargon II en basalte
Ronnie Jones III (CC BY-NC-SA)

Les habitants de Tabal, une province d'Anatolie centrale, s'étaient détachés de l'empire et Sargon II devait reprendre le contrôle de la région. Au lieu d'envoyer quelqu'un d'autre pour s'occuper de la campagne, Sargon II laissa à nouveau Sennachérib à la tête du gouvernement et conduisit son armée à travers la Mésopotamie et en Anatolie en 705 avant notre ère.

Tabal opposa une forte résistance aux forces assyriennes et Sargon II fut tué au combat. Les combats furent si violents que son corps ne put être récupéré et fut perdu entre les mains de l'ennemi. Les Assyriens furent chassés du champ de bataille et rentrèrent chez eux sans leur chef.

La mort du roi et la perte de son corps furent considérées comme une énorme tragédie et un mauvais présage. On pensait que Sargon II avait commis un péché pour que les dieux l'abandonnent aussi complètement sur le champ de bataille. Dur-Sharrukin fut immédiatement abandonnée et la capitale déplacée à Ninive par Sennachérib. Le nouveau roi, qui avait été laissé à la maison à plusieurs reprises pendant que Sargon II se lançait dans de glorieuses campagnes, en voulait manifestement à son père, car il n'écrivit rien et ne construisit rien pour honorer sa mémoire. Aucune des inscriptions de Sennachérib ne mentionne son père et aucun édifice ou monument ne fut élevé en son nom.

L'habileté de Sargon en tant que chef militaire et politicien élargit l'empire assyrien et l'amena à son apogée en tant que plus grand empire du Proche-Orient. Pourtant, sa mort au combat et le refus de son fils de le reconnaître après sa mort entachèrent ses accomplissements pour ceux qui vinrent immédiatement après lui. Dur-Sharrukin, avec ses grands reliefs et ses peintures, resta vide alors que tout ce qui pouvait être déplacé fut transporté à Ninive. Les exploits et les réalisations du roi Sargon II sont aujourd'hui connus grâce aux inscriptions de Sargon lui-même et aux écrits des chroniqueurs ultérieurs, et c'est grâce à eux que l'on reconnaît son héritage de grand roi. Immédiatement après sa mort, cependant, le peuple semble avoir été encouragé à oublier qu'un tel roi avait jamais régné.

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Questions & Réponses

Qui était Sargon II?

Sargon II (r. de 722 à 705 av. J.-C.) fut le fondateur de la dynastie sargonide de l'empire néo-assyrien, considéré comme le plus grand de ses rois, qui porta l'empire à son apogée.

Pourquoi Sargon II est-il célèbre?

Sargon II est connu comme un grand roi qui étendit l'empire néo-assyrien par des victoires militaires et encouragea le développement culturel de son peuple. Il est surtout connu pour sa campagne d'Urartu en 714 avant notre ère et la construction de sa ville, Dur-Sharrukin.

Pourquoi la campagne d'Urartu de Sargon II est-elle si célèbre?

La campagne d'Urartu menée par Sargon II en 714 avant notre ère est célèbre pour la détermination et le courage du roi, qui sut remporter la victoire contre des forces écrasantes, alors que même sa propre armée voulait se rendre. Sa victoire sur Urartu fut l'une de ses plus grandes réussites.

Comment est mort Sargon II?

Sargon II mourut au combat en 705 avant notre ère.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2014, juillet 03). Sargon II [Sargon II]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-505/sargon-ii/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Sargon II." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juillet 03, 2014. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-505/sargon-ii/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Sargon II." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 03 juil. 2014. Web. 04 oct. 2024.

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