Japon Ancien

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 09 juin 2017
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Disponible dans ces autres langues: anglais, malais, portugais, espagnol
Torii, Fujiwara Inari Shrine (by James Blake Wiener, CC BY-NC-SA)
Torii, sanctuaire de Fujiwara Inari
James Blake Wiener (CC BY-NC-SA)

Le Japon ancien a apporté des contributions uniques à la culture mondiale, notamment la religion shintoïste et son architecture, des objets d'art distinctifs tels que les figurines haniwa, les plus anciens récipients en poterie du monde, les plus grands bâtiments en bois du monde à l'époque de leur construction, et de nombreux classiques de la littérature, dont le premier roman du monde. Bien que le Japon ait été fortement influencé par la Chine et la Corée, les îles n'ont jamais été soumises à un contrôle politique étranger et étaient donc libres de choisir les idées qui leur plaisaient, de les adapter comme elles le souhaitaient et de poursuivre leurs pratiques culturelles indigènes pour créer une approche unique à la façon de gouverner, à la religion et aux arts.

Le Japon dans la mythologie

Dans la mythologie shinto, les îles japonaises furent créées par les dieux Izanami et Izanagi lorsqu'ils plongèrent une lance ornée de bijoux dans la mer primordiale. Ils créèrent également plus de 800 kami ou esprits, dont la principale était la déesse du soleil Amaterasu, et créèrent ainsi les divinités du shinto, la religion indigène du Japon ancien. Le petit-fils d'Amaterasu, Ninigi, devint le premier souverain, et il était l'arrière-grand-père du premier empereur du Japon, le semi-légendaire empereur Jimmu (r. de 660 à 585 av. J.-C.). Ainsi, un lien divin fut établi entre tous les empereurs suivants et les dieux.

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Période Jomon

La première période historique du Japon est la période Jomon, qui s'étend d'environ 14 500 à environ 300 avant notre ère (bien que les dates de début et de fin de cette période soient contestées). Le nom de cette période provient de la poterie caractéristique produite à cette époque, les plus anciens récipients du monde, qui présente une décoration simple en forme de corde ou jomon. C'est l'apparition de cette poterie qui marque la fin de la période précédente, le Paléolithique (il y a 30 000 ans), lorsque les hommes traversèrent des ponts terrestres aujourd'hui disparus, de l'Asie continentale aux îles du nord et du sud du Japon. Ils se répandirent ensuite dans les quatre îles principales de Hokkaido, Honshu, Shikoku et Kyushu, et finalement dans les plusieurs centaines d'îles plus petites qui composent le Japon. La production de poterie ne signifie pas nécessairement que les communautés vivaient dans des établissements fixes, et pendant la majeure partie de cette période, les gens auraient continué à mener une existence de chasseurs-cueilleurs utilisant des outils en bois et en pierre.

Les premiers signes d'agriculture apparaissent vers 5000 avant notre ère et le plus ancien établissement connu à Sannai-Maruyama date d'environ 3500 avant notre ère.

Les premiers signes d'agriculture apparaissent vers 5000 avant notre ère et le plus ancien établissement connu à Sannai-Maruyama date de 3500 avant notre ère et se prolonge jusqu'à 2000 avant notre ère. Les populations semblent s'être concentrées dans les zones côtières et comptaient entre 100 000 et 150 000 personnes sur l'ensemble des îles. Il existe des preuves de la présence du riz vers 1250 avant notre ère, mais sa culture n'a probablement pas eu lieu avant 800 avant notre ère. Les premières preuves de culture du riz dans des champs humides datent d'environ 600 avant notre ère. Les squelettes datant de cette période sont ceux de personnes musclées au visage large et carré, d'une taille moyenne de 1,52 m pour les femmes et de 1,60 m pour les hommes. Des études génétiques et crâniennes suggèrent que les Jomon sont les ancêtres du groupe minoritaire actuel, les Aïnous.

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Le type d'enterrement le plus courant de cette période est celui des fosses, parfois bordées de dalles de pierre, qui contiennent un ou plusieurs individus. D'autres types de sépulture comprennent des individus isolés dans des jarres et de grandes fosses contenant jusqu'à 100 squelettes. Les artefacts découverts en rapport avec la période Jomon comprennent des figurines de forme humaine en argile et en pierre, des masques en argile, des bâtons en pierre et des bijoux (perles et boucles d'oreilles) en argile, en pierre et en jade. L'archéologie a également révélé que les Jomon construisaient des structures rituelles composées de cercles de pierres, de lignes de pierres en forme de flèches et de hautes pierres isolées entourées d'un groupe de pierres plus petites.

Jomon Spouted Vessel
Récipient Jōmon à bec verseur
James Blake Wiener (CC BY-NC-SA)

Période Yayoi

La période Yayoi s'étend de 300 av. J.-C. à 250 ap. J.-C., bien que, comme mentionné ci-dessus, la date de début soit repoussée au fur et à mesure des découvertes archéologiques. Le nom dérive de la poterie rougeâtre trouvée pour la première fois dans le quartier Yayoi de Tokyo, qui indique une évolution de la poterie de la période Jomon. À partir d'environ 400 avant notre ère (ou même avant), des migrants commencèrent à arriver d'Asie continentale, notamment de la péninsule coréenne, probablement poussés par les guerres causées par l'expansion chinoise et entre royaumes rivaux.

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Les nouveaux arrivants conquirent les peuples indigènes ou se s'intégrèrent à eux, comme l'indiquent les preuves génétiques, et ils apportèrent avec eux de nouvelles poteries, du bronze, du fer et des techniques améliorées de travail du métal qui permirent de produire des outils agricoles plus efficaces et de meilleures armes et armures.

Grâce à l'amélioration de la gestion agricole, la société put se développer avec des métiers et des professions spécialisés (et les marchés correspondants sont apparus), des pratiques rituelles utilisant des objets distinctifs tels que les cloches de bronze dotaku, des classes sociales plus ou moins prospères et une classe dirigeante établie qui gouvernait des alliances de groupes de clans qui finirent par former de petits royaumes. Les sources chinoises notent la fréquence des guerres au Japon entre royaumes rivaux, et l'archéologie a révélé les vestiges de villages fortifiés. À la fin de cette période, la population du Japon atteignait peut-être 4,5 millions d'habitants.

Yayoi Period Bracelet
Bracelet de la période Yayoi
James Blake Wiener (CC BY-NC-SA)

A la fin de la période, le Japon commençait ses premières tentatives de relations internationales. Des envoyés et des tributs furent envoyés aux commanderies chinoises du nord de la Corée par les Wa, comme on appelait alors la confédération de petits États du sud et de l'ouest du Japon, dont le plus important était le Yamato. Ces missions furent constatées en 57 et 107 de notre ère. On sait qu'un souverain japonais envoya des ambassades en territoire chinois (238, 243 et vers 248 de notre ère) et la figure la plus célèbre de cette période est la reine Himiko (r. d'environ 189 à 248 de notre ère). Régnant sur 100 royaumes (ou peut-être simplement le monarque du plus puissant d'entre eux), la reine ne se maria jamais et vivait dans un château servi par 1 000 femmes. Himiko était également une chamane, incarnant le double rôle de souveraine et de grand prêtre, ce qui était courant à l'époque. Le fait qu'une femme puisse jouer l'un ou l'autre de ces deux rôles témoigne de l'attitude plus favorable à l'égard des femmes dans le Japon ancien, avant que la culture chinoise ne devienne plus influente à partir du VIIe siècle.

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Période Kofun

La période Kofun, qui s'étend de 250 à 538 de notre ère, doit son nom aux grands tumulus funéraires qui furent construits à cette époque. Cette période est parfois appelée période Yamato (250-710 de notre ère), car c'était alors l'État ou la région dominante qui incorporait les régions rivales dans son propre domaine ou, comme dans le cas du grand rival Izumo, en les conquérants par la guerre. L'emplacement exact de Yamato n'est pas connu avec certitude, mais la plupart des historiens s'accordent à dire qu'il se trouvait dans la région de Nara.

À partir du IVe siècle de notre ère, on assiste à un afflux important de population en provenance de la péninsule coréenne, notamment du royaume de Baekje et de la Confédération de Gaya.

À partir du IVe siècle de notre ère, la péninsule coréenne, en particulier le royaume de Baekje (Paekche) et la Confédération de Gaya (Kaya), connut un afflux important de population. Il s'agissait peut-être des guerriers à cheval de la théorie controversée du "cavalier", selon laquelle le Japon fut conquis par les Coréens et n'était plus qu'un État vassal. Il semble peu probable qu'une conquête totale ait réellement eu lieu (et certaines sources suggèrent de manière controversée l'inverse et que le Japon aurait établi une colonie en Corée du Sud), mais il est plus certain que les Coréens occupèrent des postes élevés au sein du gouvernement et se mélèrent même à la lignée impériale. Quelles qu'aient été les relations politiques entre la Corée et le Japon à cette époque, il y eut très certainement un afflux de produits manufacturés coréens, de matières premières telles que le fer, et d'idées culturelles provenant d'enseignants, de savants et d'artistes coréens qui se rendirent au Japon. Ils apportèrent avec eux des éléments de la culture chinoise tels que l'écriture, les textes classiques confucéens, le bouddhisme, le tissage et l'irrigation, ainsi que des idées coréennes en matière d'architecture. Des envoyés furent également envoyés en Chine en 425 et 478 de notre ère, puis 11 autres jusqu'en 502. Le Japon de Yamato établissait peu à peu une présence diplomatique internationale.

Shionjiyama Kofun
Kofun de Shionjiyama
Kansai explorer (CC BY)

Les grands tumulus connus sous le nom de kofun constituent un autre lien avec l'Asie continentale, car ils furent construits pour l'élite dans divers États de la péninsule coréenne. Il existe plus de 20 000 tumulus au Japon, qui ont généralement la forme d'un trou de serrure vu d'en haut; les plus grands exemples mesurent plusieurs centaines de mètres de diamètre et sont entourés d'un fossé. De nombreuses tombes contiennent des harnachements de chevaux que l'on ne retrouve pas dans les sépultures précédentes et qui donnent du poids au contact avec le continent asiatique. Une autre caractéristique des kofun était le placement de grandes figurines en terre cuite d'humains, d'animaux et même de bâtiments appelés haniwa autour et au-dessus d'eux, probablement pour servir de gardiens.

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Les kofun, construits à plus grande échelle au fil du temps, montrent que les souverains de Yamato pouvaient disposer de ressources considérables, tant humaines que matérielles. Régnant par un mélange de force et d'alliances avec d'importants clans ou uji consolidées par des mariages mixtes, l'élite Yamato était en bonne voie pour créer un État centralisé à proprement parler. Ce qu'il fallait maintenant, c'était un meilleur modèle de gouvernement avec un appareil bureaucratique pleinement opérationnel, et celui-ci viendrait de Chine.

Période Asuka

La période Asuka s'étend de 538 à 710. Son nom provient de la capitale de l'époque, Asuka, située dans le nord de la préfecture de Nara. En 645, la capitale fut déplacée à Naniwa, et entre 694 et 710, elle se trouvait à Fujiwarakyo. Nous voyons maintenant le premier empereur historique fermement établi (par opposition aux souverains légendaires ou mythiques), l'empereur Kimmei, qui était le 29e de la lignée impériale (r. de 531 - 539 à 571). Le souverain le plus important fut le prince Shotoku, qui fut régent jusqu'à sa mort en 622. On attribue à Shotoku le mérite d'avoir réformé et centralisé le gouvernement sur le modèle chinois, notamment en créant sa Constitution à dix-sept articles, en éradiquant la corruption et en encourageant le renforcement des liens avec la Chine.

Prince Shotoku Statue
Statue du prince Shōtoku
PHGCOM (CC BY-SA)

L'événement politique majeur suivant de la période Asuka se produisit en 645 lorsque le fondateur du clan Fujiwara, Fujiwara no Kamatari, organisa un coup d'État qui prit le pouvoir au clan Soga, alors dominant. Le nouveau gouvernement fut remodelé, toujours sur le modèle chinois, par une série de réformes durables, connues sous le nom de réformes Taika, dans lesquelles la terre fut nationalisée, les impôts devaient être payés en nature plutôt qu'en travail, les rangs sociaux furent recatégorisés, des examens d'entrée dans la fonction publique furent introduits, des codes de loi furent rédigés et l'autorité absolue de l'empereur fut établie. Kamatari fut nommé ministre principal de l'empereur et porta le nom de Fujiwara. C'est le début de l'un des clans les plus puissants du Japon, qui monopoliserait le gouvernement jusqu'au 12e siècle.

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L'empereur Temmu (r. de 672 à 686) réduisit la famille royale élargie afin que seuls les descendants directs puissent prétendre au trône impérial, ce qui entraîna la création d'autres groupes claniques rivaux. Temmu choisit Fujiwarakyo comme première véritable capitale japonaise, avec un palais de style chinois et des rues disposées selon un quadrillage régulier.

Le développement le plus important de la période Asuka ne fut peut-être pas politique mais religieux, avec l'introduction du bouddhisme au Japon au cours du VIe siècle, traditionnellement en 552. Le bouddhisme fut officiellement adopté par l'empereur Yomei et encouragé par le prince Shotoku, qui fit construire plusieurs temples impressionnants comme le Horyuji. Le bouddhisme fut généralement bien accueilli par l'élite japonaise, car il contribua à élever le statut culturel du Japon en tant que nation développée aux yeux de ses puissants voisins, la Corée et la Chine.

Shotoku envoya des ambassades officielles à la cour des Sui en Chine à partir de 607, et ces ambassades se poursuivirent tout au long du VIIe siècle. Cependant, les relations avec les voisins du Japon n'étaient pas toujours amicales. Le royaume de Silla envahit son voisin Baekje en 660, avec l'aide d'une importante force navale chinoise Tang. Une force rebelle de Baekje persuada le Japon d'envoyer 800 navires pour l'aider à tenter de reprendre le contrôle de son royaume, mais la force conjointe fut vaincue à la bataille de Baekgang en 663. Le succès du royaume unifié de Silla entraîna l'arrivée au Japon d'une autre vague d'immigrants en provenance des royaumes effondrés de Baekje et de Goguryeo.

Central Gate & Pagoda, Horyuji Temple
Porte centrale et pagode, temple Hōryū-ji
Horyuji Chumon Warizuka (CC BY-SA)

Les arts, quant à eux, prospérèrent et donnèrent lieu à un autre nom, la période Suiko (552-645), d'après l'impératrice Suiko (r. de 592 à 628). La littérature et la musique suivant les modèles chinois étaient activement encouragées par la cour et les artistes bénéficiaient d'allégements fiscaux.

Période Nara

La période Nara s'étend de 710 à 794 et est appelée ainsi parce que la capitale se trouvait à Nara (Heijokyo) pendant cette période, avant d'être brièvement déplacée à Nagaokakyo en 784. La capitale fut construite sur le modèle chinois de Chang-an, la capitale des Tang, et présentait donc un plan quadrillé régulier et bien défini, ainsi que des bâtiments publics familiers à l'architecture chinoise. Un palais royal tentaculaire, le Heijo, fut construit et la bureaucratie de l'État fut étendue à quelque 7 000 fonctionnaires. La population totale de Nara atteignait peut être 200 000 habitants à la fin de la période.

Le contrôle du gouvernement central sur les provinces fut renforcé par une présence militaire accrue dans toutes les îles du Japon, et le bouddhisme fut encore plus répandu grâce au projet de l'empereur Shomu (r. de 724 à 749) de construire un temple dans chaque province, un plan qui augmenta les impôts à des niveaux brutaux. De grands temples furent également construits à Nara, comme le Todaiji (752) avec sa salle du Grand Bouddha, le plus grand bâtiment en bois du monde contenant la plus grande sculpture en bronze du Bouddha au monde. Le shintoïsme était représenté, entre autres, par le sanctuaire Kasuga Taisha dans les forêts à l'extérieur de la capitale (710 ou 768) et le sanctuaire Fushimi Inari Taisha (711) près de Kyoto.

Le Japon devint également plus ambitieux à l'étranger et noua des relations étroites avec le Balhae (Parhae), l'État du nord de la Corée et de la Mandchourie. Au fil des décennies, le Japon envoya 13 ambassades diplomatiques et le Balhae 35 en retour. Le commerce était florissant, le Japon exportant des textiles et le Balhae des fourrures, de la soie et des tissus de chanvre. Les deux États complotèrent pour envahir le royaume unifié de Silla qui contrôlait désormais la péninsule coréenne, avec une armée commune et une attaque en 733 impliquant une grande flotte japonaise, mais cela ne donna rien. Ensuite, une invasion prévue en 762 ne quitta jamais le tableau des généraux.

La période Nara produisit sans doute les deux œuvres les plus célèbres et les plus importantes de la littérature japonaise jamais écrites: les histoires Kojiki et Nihon Shoki avec leurs mythes de création, les dieux shintoïstes et les généalogies royales. Il y eut également l'anthologie de poésie Manyoshu, la première du Japon, qui fut compilée vers 760.

Daibutsuden, Todaiji
Daibutsuden, Todaiji
James Blake Wiener (CC BY-NC-SA)

Contrairement aux arts, la population ordinaire était tout sauf florissante. L'agriculture dépendait encore d'outils primitifs, les terres n'étaient pas suffisamment préparées pour les cultures et les techniques d'irrigation étaient insuffisantes pour empêcher les fréquentes mauvaises récoltes et les épidémies de famine. La plupart des paysans préféraient donc travailler pour les aristocrates terriens qui leur offraient une plus grande sécurité. À ces malheurs s'ajoutèrent les épidémies de variole de 735 et 737, qui, selon les historiens, réduisirent la population du pays de 25 à 35 %.

La cour, en plus d'être confrontée à ces désastres naturels, fut à court de fonds après que trop d'aristocrates terriens et de temples eurent été exemptés de taxes. Nara était également en proie à des conflits internes pour obtenir des faveurs et des postes au sein de l'aristocratie et la politique était indûment influencée par les temples bouddhistes disséminés dans la ville. En conséquence, l'empereur Kammu (r. de 781 à 806) changea une nouvelle fois de capitale, ce qui annonça la prochaine période d'or de l'histoire du Japon.

Période Heian

La période Heian s'étend de 794 à 1185 et porte le nom de la capitale de l'époque, Heiankyo, connue aujourd'hui sous le nom de Kyoto. La nouvelle capitale était disposée selon un plan quadrillé régulier. La ville avait une large avenue centrale et, comme Nara avant elle, l'architecture suivait les modèles chinois, du moins pour les bâtiments publics. La ville possédait des palais pour l'aristocratie, et un grand parc d'agrément fut construit au sud du palais royal (Daidairi). Aucun bâtiment de Heian ne subsiste aujourd'hui, à l'exception du Shishin-den (salle d'audience), qui fut dévoré par les flammes mais fidèlement reconstruit, et du Daigoku-den (salle d'État), qui subit un sort similaire et fut reconstruit à plus petite échelle au sanctuaire de Heian. À partir du 11e siècle, le nom informel de la ville, qui signifie simplement "la capitale", fut officiellement adopté: Kyoto. Elle resterait la capitale du Japon pendant un millier d'années.

Kyoto était le centre d'un gouvernement composé de l'empereur, de ses hauts ministres, d'un conseil d'État et de huit ministères, qui, avec l'aide d'une vaste bureaucratie, régnait sur quelque 7 000 000 de personnes réparties dans 68 provinces. La grande majorité de la population japonaise travaillait la terre, soit pour elle-même, soit pour les domaines d'autrui. Accablés par le banditisme et une fiscalité excessive, les rébellions n'étaient pas rares. Au XIIe siècle, 50 % des terres étaient détenues par des propriétés privées (shoen), et nombre d'entre elles, bénéficiant d'une dispense spéciale grâce à des faveurs ou pour des raisons religieuses, étaient exemptées d'impôts, ce qui portait gravement atteinte aux finances de l'État.

Izumi Shikibu
Izumi Shikibu
Komatsuken (Public Domain)

À la cour, l'empereur, bien que toujours considéré comme divin, fut mis à l'écart par de puissants bureaucrates issus d'une même famille: le clan Fujiwara. La position royale fut davantage affaiblie par le fait que de nombreux empereurs montèrent sur le trône alors qu'ils étaient enfants et furent donc gouvernés par un régent (Sessho), généralement un représentant de la famille Fujiwara. Lorsque l'empereur atteignait l'âge adulte, il était toujours conseillé par un nouveau poste, le Kampaku, qui permettait aux Fujiwara de continuer à tirer les ficelles politiques de la cour. L'empereur Shirakawa (r. de 1073 à 1087) tenta d'affirmer son indépendance vis-à-vis des Fujiwara en abdiquant en 1087 et en permettant à son fils Horikawa de régner sous sa supervision. Cette stratégie d'empereurs "à la retraite" qui continuaient à gouverner est connue sous le nom de "gouvernement retiré" (insei), car l'empereur restait généralement derrière les portes closes d'un monastère. Cela ajoutait une roue supplémentaire à la machine gouvernementale déjà complexe.

Le bouddhisme continua à dominer, aidé par des moines érudits tels que Kukai (774-835) et Saicho (767-822), qui apportèrent tous deux des idées et des textes de Chine et fondèrent les sectes bouddhistes Shingon et Tendai respectivement. Dans le même temps, les principes confucéens et taoïstes continuaient d'avoir une influence sur le gouvernement et les anciennes croyances shintoïstes et animistes continuaient d'avoir une influence sur la population.

Dans le domaine des affaires étrangères, après 838, le Japon devint quelque peu isolationniste, sans avoir besoin de défendre ses frontières ou de se lancer dans des conquêtes territoriales. Cependant, des échanges commerciaux et culturels sporadiques se poursuivirent avec la Chine, comme auparavant. Les marchandises importées de Chine comprenaient des médicaments, des tissus de soie travaillée, des livres, des céramiques, des armes et des instruments de musique, tandis que le Japon envoyait en retour des perles, de la poudre d'or, de l'ambre, de la soie brute et des laques dorées. Des moines, des savants, des étudiants, des musiciens et des artistes étaient envoyés pour voir ce qu'ils pouvaient apprendre de la culture encore plus avancée de la Chine.

Cette période est connue pour ses réalisations culturelles, notamment la création d'une écriture japonaise (kana) utilisant les caractères chinois, principalement de manière phonétique, qui permit la production du premier roman au monde, le Conte de Genji de Murasaki Shikibu (vers 1020), et de plusieurs journaux intimes (nikki) écrits par des dames de la cour, dont Notes de chevet de Sei Shonagon (vers 1002). Un autre ouvrage important est l'anthologie de poèmes Kokinshu , datant de 905.

Periods of Ancient Japanese History
Périodes historiques du Japon ancien
Simeon Netchev (CC BY-NC-SA)

Les arts visuels étaient représentés par des peintures sur paravent, des rouleaux d'images et de textes (e-maki) et une calligraphie fine. Les peintres et les sculpteurs continuèrent de s'inspirer du bouddhisme, mais progressivement, une approche plus entièrement japonaise élargit la gamme des sujets artistiques aux personnes et aux lieux ordinaires. Un style japonais, le Yamato-e, bien distinct des œuvres chinoises, se développa, notamment en peinture. Il se caractérise par des lignes plus angulaires, l'utilisation de couleurs plus vives et des détails décoratifs plus importants.

Toute cette production artistique dans la capitale était très belle, mais dans les provinces, de nouveaux agents de pouvoir faisaient leur apparition. Livrés à eux-mêmes et alimentés par le sang de la petite noblesse, deux groupes importants se développèrent: les clans Minamoto et Taira. Avec leurs propres armées privées de samouraïs, ils devinrent des instruments importants aux mains des membres rivaux de la lutte de pouvoir interne du clan Fujiwara, qui éclata lors de la rébellion de Hōgen en 1156 et de la rébellion de Heiji en 1160.

Les Taira finirent par balayer les Fujiwara et tous leurs rivaux, mais lors de la guerre de Genpei (1180-1185), les Minamoto revinrent victorieux, et lors de la bataille finale de Dannoura, le chef des Taira, Tomamori, et le jeune empereur Antoku se suicidèrent. Peu après, le chef du clan Minamoto, Yoritomo, se vit attribuer le titre de shogun par l'empereur. Son règne marqua le début du chapitre médiéval de l'histoire du Japon avec la période Kamakura (1185-1333), également connue sous le nom de shogunat Kamakura, au cours de laquelle le gouvernement japonais était dominé par les militaires.

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Questions & Réponses

Donnez cinq faits concernants le Japon ancien ?

5 faits sur le Japon ancien : la première période historique est la période Jomon, qui commence vers 14 500 avant notre ère et tire son nom de la poterie Jomon ; les cloches en bronze étaient un élément important des rituels anciens ; la célèbre reine Himiko a régné de 189 à 248 après Jésus-Christ ; les personnalités importantes étaient inhumées dans de grands tumulus appelés kofun ; le bouddhisme a été introduit au Japon au VIe siècle, avec d'importantes conséquences culturelles.

Le Japon est-il une civilisation ancienne ?

Le Japon est une civilisation ancienne puisque sa culture remonte à la période Jomon, au deuxième millénaire avant notre ère.

Qui sont les premiers hommes à avoir foulé le sol japonais ?

Selon la légende, les premiers hommes au Japon ont été créés par les dieux Izanami et Izanagi. Leur premier souverain fut Ninigi, le petit-fils de la déesse Amaterasu.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2017, juin 09). Japon Ancien [Ancient Japan]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-11132/japon-ancien/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Japon Ancien." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juin 09, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-11132/japon-ancien/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Japon Ancien." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 09 juin 2017. Web. 24 avril 2024.

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