Kofun

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Julie Zeisser
publié le 03 mai 2017
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Disponible dans ces autres langues: anglais
Shionjiyama Kofun (by Kansai explorer, CC BY)
Kofun de Shionjiyama
Kansai explorer (CC BY)

Les kofun (littéralement, «vieux tumulus») sont de grands tertres artificiels construits pour servir de sépulture aux membres de la classe dirigeante du Japon ancien, entre le IIIe et le VIIe siècle de notre ère. Beaucoup de ces tumuli mesurent plusieurs centaines de mètres de long, sont entourés d’un fossé et contiennent des figurines protectrices de terre cuite appelées haniwa, en plus d’objets de bronze ou de fer. Le mobilier retrouvé dans les sépultures reflète la prospérité croissante du Japon ancien, puisque les dirigeants du Yamato échangeaient autant des artefacts que des idées avec les États voisins. Ces tertres ont donné leur nom à la période Kofun de l’histoire du Japon, qui commence aux alentours de 250 apr. J.-C. et se termine en 538 environ.

Localisation

Les kofun sont disséminés dans toute la région nippone du Kinai, qui englobe des sites aussi importants que Nara, Kyōto et Ōsaka. Le concept de ces grands tertres à inhumation fut probablement importé de Chine ou de Corée, où l’on construisait également à cette époque des tumuli servant de sépulture aux membres de l’élite sociale. Au Japon, les tertres apparurent d’abord dans la plaine sud de Nara, puis sur les pentes occidentales des collines surplombant la ville et, finalement, sur les rives orientales de la mer intérieure du Japon, où leur concentration est particulièrement importante. Cette coutume funéraire finit par se propager dans tout le Japon, de sorte que l’on compte aujourd’hui quelque vingt mille kofun dans le pays.

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Structure

Les premiers kofun étaient souvent construits à la faveur de tertres naturels que l’on agrandissait pour les rendre plus imposants, puis, à partir du Ve siècle apr. J.-C., il devint plus courant d’élever les kofun sur des terrains plats. Les structures les plus anciennes, datées de 250 apr. J.-C. environ, sont de forme circulaire, tandis que les kofun postérieurs suivent tous un plan en forme de serrure. À l’intérieur des tumuli de terre, se trouve une chambre funéraire aux murs de pierre où l’on déposait le corps du défunt. À l’extérieur, les tumuli sont souvent encerclés par des douves ou un canal peu profond.

Le tombeau de l’empereur Ōjin (r. 270-310 apr. J.-C.) est l’un de ces kofun monumentaux, avec ses 415 mètres de long et 35 mètres de haut.

Les plus petits kofun mesurent environ 15 mètres de diamètre, mais nombre des cent quarante kofun de la province de Kibi s’élèvent à plus de 27 mètres et s’étendent sur plus de 335 mètres dans la longueur, tandis que les plus vastes peuvent recouvrir jusqu’à près de 40 hectares. Le tombeau de l’empereur Ōjin (r. de 270 à 310 apr. J.-C.) est l’un de ces kofun monumentaux, avec ses 415 mètres de long et 35 mètres de haut. Toujours dans la préfecture moderne d’Ōsaka, le tombeau de l’empereur Nintoku, successeur d’Ōjin, compte parmi les plus grands kofun du pays. Entouré de trois douves, il mesure 823 mètres de longueur. D’après la tradition, l’empereur Nintoku aurait régné au cours du IVe siècle apr. J.-C. (de 313 à 399) et la construction de son kofun aurait pris vingt ans, mais le tertre n’a jamais fait l’objet de fouilles archéologiques.

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La chambre funéraire la plus spacieuse appartient au kofun du temple Miyajidake, réputé contenir la dépouille du seigneur Tokuzen du clan Munakata (Munakata no kimi Tokuzen). La chambre mesure 22 mètres de longueur et ses murs sont construits en blocs de pierre hauts de 4,8 mètres.

Shionjiyama Kofun Model
Maquette du kofun de Shionjiyama
Author Kansai explorer (GNU FDL)

Au IIIe siècle, une technique différente fut utilisée dans la construction de la chambre du kofun de Nakayama Ōtsuka, proche de celui de Kurozuka. Longue de 7,5 mètres et large de 1,4 mètre, elle possède des murs d’une épaisseur de 1,5 mètre, échafaudés avec de petits blocs concaves d’andésite. Parfaitement verticaux jusqu’à environ cinquante centimètres de hauteur, ils commencent alors à s’incurver progressivement vers l’intérieur de manière à former une voûte en encorbellement, à deux mètres au-dessus du sol. Le sol est en terre battue (d’autres exemples possèdent un sol recouvert de galets) et le défunt reposait dans un coffre de bois, presque entièrement désagrégé au moment où le site a été fouillé. La chambre avait été recouverte d’une succession de couches d’argile et de sable, puis drapée d’une étoffe de chanvre teinte de bandes rouges et noires. Ce tertre intérieur fut ensuite lui-même enseveli sous de grandes quantités de terre pour le rendre plus imposant. Comme souvent, les pentes du tumulus extérieur se composent d’une couche de pierres atteignant presque un mètre d’épaisseur et permettant probablement d’en améliorer le drainage, ainsi que de protéger la chambre intérieure des intempéries.

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La nature des découvertes archéologiques dans les kofun et l’ampleur du travail nécessaire pour les construire nous permettent de supposer que ces sépultures étaient réservées à l’élite, à l’origine probablement uniquement aux chefs et à leur famille proche. L’apparition de kofun de plus petite taille à partir du VIe siècle suggère que des non-chefs comptaient également parmi les individus honorés de cette manière. Les kofun disparaissent dès le VIIe siècle, indice probable de l’influence grandissante du bouddhisme et du recours à la crémation plutôt qu’à l’inhumation. Ils avaient en effet constitué des manifestations de pouvoir et de richesse faciles à identifier; une fonction que remplissaient désormais les temples bouddhistes, dont la construction et l’entretien étaient également financés par les membres de l’élite.

Haniwa Warrior
Guerrier haniwa
James Blake Wiener (CC BY-NC-SA)

Artefacts

Le mobilier funéraire retrouvé dans les kofun se compose d’objets de valeur, tels que miroirs et armes de bronze (épées, lances, têtes de flèches). On y trouve aussi fréquemment des magatama, ces bijoux ou pierres précieuses polies en forme de virgule, répandus à la fois au Japon et en Corée, qui symbolisent probablement la vie et la fertilité. À partir du Ve siècle, s’y ajoutent des objets en fer – armes, armures, outils agricoles –, ainsi que des pièces de harnachement de chevaux – selles, brides ornementées, masques équins –, signes probables d’une culture où les guerriers cavaliers dominaient la société. La poterie, les couronnes et chaussures de bronze doré, les décorations d’or et d’argent, ainsi que les bijoux présentent tous des influences de la Corée et de la Chine antiques, et témoignent de l’enrichissement de la classe dirigeante suite à l’intensification des contacts et des échanges commerciaux entre le Japon et ses voisins d’Asie orientale. Ainsi, la chambre funéraire du kofun de Takamatsuzuka, au sud de la plaine de Nara, est décorée de peintures murales similaires à celles retrouvées dans les tumuli coréens.

Des figurines, connues sous le nom de haniwa, étaient disposées en rangées autour des kofun et à leur sommet. Réalisées en terre cuite, elles pouvaient prendre la forme d’humains, d’animaux, de maisons ou de cylindres lisses tout simples. Elles mesuraient entre un mètre et un mètre cinquante de hauteur. Leur fonction exacte est inconnue, mais il semble probable qu’elles aient joué le rôle de gardiennes des sépultures – soit pour l’esprit du défunt, soit pour protéger les vivants de ce même esprit. Visibles depuis une grande distance, il se peut aussi qu’elles aient simplement servi à marquer le caractère sacré de l’espace funéraire.

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This content was made possible with generous support from the Great Britain Sasakawa Foundation.

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Bibliographie

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Traducteur

Julie Zeisser
Traductrice spécialisée en histoire et archéologie, Julie aime découvrir de nouvelles cultures et partager ses connaissances. Polyglotte passionnée, elle parle couramment cinq langues et a voyagé de la France au Japon.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2017, mai 03). Kofun [Kofun]. (J. Zeisser, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15962/kofun/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Kofun." Traduit par Julie Zeisser. World History Encyclopedia. modifié le mai 03, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15962/kofun/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Kofun." Traduit par Julie Zeisser. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 03 mai 2017. Web. 28 avril 2024.

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