Inde Ancienne

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 13 novembre 2012
Disponible dans ces autres langues: anglais, chinois, grec, indonésien, italien, espagnol
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Map of the Indo-Saka Kingdoms (by World Imaging, GNU FDL)
Carte des royaumes indo-scythes
World Imaging (GNU FDL)

L'Inde est un pays d'Asie du Sud dont le nom vient de la rivière Indus. Le nom "Bharata" est utilisé pour désigner le pays dans sa constitution, en référence à l'ancien empereur mythologique Bharata, dont l'histoire est racontée, en partie, dans l'épopée indienne Mahabharata.

Selon les écrits connus sous le nom de Puranas (textes religieux/historiques rédigés au 5e siècle de notre ère), Bharata aurait conquis l'ensemble du sous-continent indien et régné sur le pays dans la paix et l'harmonie. Le pays était donc connu sous le nom de Bharatavarsha (`le sous-continent de Bharata'). L'activité des hominidés dans le sous-continent indien remonte à plus de 250 000 ans et c'est donc l'une des plus anciennes régions habitées de la planète.

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Les fouilles archéologiques ont permis de découvrir des objets utilisés par les premiers humains, notamment des outils en pierre, qui suggèrent une date extrêmement précoce pour l'habitation et la technologie humaines dans la région. Si les civilisations de Mésopotamie et d'Égypte sont depuis longtemps reconnues pour leurs célèbres contributions à la civilisation, l'Inde a souvent été négligée, notamment en Occident, alors que son histoire et sa culture sont tout aussi riches. La civilisation de la vallée de l'Indus (environ 7000 à 600 avant J.-C.) était l'une des plus importantes du monde antique, couvrant plus de territoire que l'Égypte ou la Mésopotamie, et produisant une culture tout aussi dynamique et progressive.

C'est le berceau de quatre grandes religions mondiales - l'hindouisme, le jaïnisme, le bouddhisme et le sikhisme - ainsi que de l'école philosophique de Charvaka qui a influencé le développement de la pensée et de la recherche scientifiques. Les inventions et les innovations des habitants de l'Inde ancienne comprennent de nombreux aspects de la vie moderne considérés comme acquis aujourd'hui, notamment les toilettes à chasse d'eau, les systèmes de drainage et d'égouts, les piscines publiques, les mathématiques, la science vétérinaire, la chirurgie plastique, les jeux de société, le yoga et la méditation, et bien d'autres encore.

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Préhistoire de l'Inde

Les régions de l'Inde, du Pakistan et du Népal actuels ont fourni aux archéologues et aux chercheurs les sites les plus riches et les plus anciens. L'espèce Homo heidelbergensis (un proto-humain ancêtre de l'Homo sapiens moderne) a habité le sous-continent indien des siècles avant que les humains ne migrent dans la région connue sous le nom d'Europe. Des preuves de l'existence de l'Homo heidelbergensis ont été découvertes pour la première fois en Allemagne en 1907 et, depuis, d'autres découvertes ont établi des schémas de migration assez clairs de cette espèce hors d'Afrique.

La reconnaissance de l'ancienneté de leur présence en Inde est due en grande partie à l'intérêt archéologique assez tardif pour la région car, contrairement aux travaux en Mésopotamie et en Égypte, les fouilles occidentales en Inde n'ont véritablement commencé que dans les années 1920. Bien que l'existence de la ville antique de Harappa ait été connue dès 1829, son importance archéologique a été ignorée et les fouilles ultérieures ont coïncidé avec le désir de localiser des sites mentionnés dans les grandes épopées indiennes Mahabharata et Ramayana (toutes deux du 5e ou 4e siècle avant J.-C.), alors que tous ignoraient la possibilité d'un passé beaucoup plus ancien pour la région.

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Le village de Balathal (près d'Udaipur au Rajasthan), pour ne citer qu'un exemple, illustre l'ancienneté de l'histoire de l'Inde puisqu'il date de 4000 avant notre ère. Balathal n'a été découvert qu'en 1962 et les fouilles n'y ont commencé que dans les années 1990. Encore plus ancien, le site néolithique de Mehrgarh, daté d'environ 7000 avant notre ère mais présentant des traces d'habitation encore plus anciennes, n'a été découvert qu'en 1974.

Les fouilles archéologiques des 50 dernières années ont radicalement changé notre compréhension du passé de l'Inde et, par extension, de l'histoire du monde.

Les fouilles archéologiques de ces 50 dernières années ont radicalement changé la compréhension du passé de l'Inde et, par extension, de l'histoire du monde. Un squelette vieux de 4000 ans, découvert à Balathal en 2009, constitue la plus ancienne preuve de lèpre en Inde. Avant cette découverte, la lèpre était considérée comme une maladie beaucoup plus jeune, qui aurait été transportée d'Afrique en Inde à un moment donné, puis de l'Inde en Europe par l'armée d'Alexandre le Grand après sa mort en 323 avant notre ère.

On sait maintenant qu'une activité humaine importante était en cours en Inde à l'Holocène (il y a 10 000 ans) et que de nombreuses hypothèses historiques, fondées sur des travaux antérieurs en Égypte et en Mésopotamie, doivent être revues et corrigées. Les débuts de la tradition védique en Inde, encore pratiquée aujourd'hui, peuvent maintenant être datés, du moins en partie, des populations indigènes des sites anciens tels que Balathal et de leur interaction et mélange avec la culture des migrants aryens qui arrivèrent dans la région entre 2000 et 1500 avant J.-C., initiant la période dite védique (1500 à 500 avant J.-C.) au cours de laquelle les écritures hindoues connues sous le nom de Vedas ont été rédigées.

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La civilisation de Mohenjo-daro et Harappa

La civilisation de la vallée de l'Indus date d'environ 7000 avant notre ère et se développa progressivement dans la région de la basse vallée du Gange, vers le sud et vers le nord jusqu'à Malwa. Les villes de cette période étaient plus grandes que les établissements contemporains dans d'autres pays, elles étaient situées selon les points cardinaux et étaient construites en briques de boue, souvent cuites au four. Les maisons étaient construites avec une grande cour s'ouvrant sur la porte d'entrée, une cuisine/salle de travail pour la préparation des aliments et des chambres plus petites.

Les activités familiales semblent avoir été centrées sur l'avant de la maison, en particulier la cour, et sont en cela similaires à ce qui a été déduit des sites de Rome, d'Égypte, de Grèce et de Mésopotamie. Les bâtiments et les habitations des peuples de la vallée de l'Indus étaient toutefois bien plus avancés sur le plan technologique, nombre d'entre eux étant équipés de toilettes à chasse d'eau et de "capteurs de vent" (peut-être développés pour la première fois dans la Perse antique) sur les toits, qui permettaient d'assurer la climatisation. Les systèmes d'égouts et de drainage des villes fouillées jusqu'à présent sont plus avancés que ceux de Rome à son apogée.

Excavation Site at Mohenjo-daro
Site d'excavation de Mohenjo-daro
Grjatoi (CC BY-NC-SA)

Les sites les plus célèbres de cette période sont les grandes villes de Mohenjo-Daro et Harappa, toutes deux situées dans l'actuel Pakistan (Mohenjo-daro dans la province de Sindh et Harappa dans le Punjab) qui faisait partie de l'Inde jusqu'à la partition du pays en 1947 qui créa la nation séparée que nous connaissons aujourd'hui. Harappa a donné son nom à la civilisation harappéenne (autre nom pour la civilisation de la vallée de l'Indus) qui est habituellement divisée en périodes précoce, moyenne et mature correspondant approximativement à 5000-4000 av. J.-C. (précoce), 4000-2900 av. J.-C. (moyenne) et 2900-1900 av. J.-C. (mature). Harappa date de la période intermédiaire (vers 3000 av. J.-C.), tandis que Mohenjo-Daro fut construite au cours de la période mature (vers 2600 av. J.-C.).

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Les bâtiments d'Harappa furent gravement endommagés et le site compromis au XIXe siècle lorsque des ouvriers britanniques emportèrent une quantité importante de matériaux pour les utiliser comme ballast dans la construction du chemin de fer. Avant cette époque, de nombreux bâtiments avaient déjà été démantelés par les citoyens du village local de Harappa (qui donne son nom au site) pour être utilisés dans leurs propres projets. Il est donc difficile aujourd'hui de déterminer l'importance historique de Harappa, mais il est clair qu'il s'agissait d'une communauté importante de l'âge du bronze, comptant jusqu'à 30 000 habitants.

Le site de Mohenjo-Daro, quant à lui, est bien mieux préservé puisqu'il est resté en grande partie enterré jusqu'en 1922. Le nom Mohenjo-Daro signifie "monticule des morts" en sindhi et a été appliqué au site par les populations locales qui y ont trouvé des ossements d'humains et d'animaux, ainsi que des céramiques anciennes et d'autres objets, émergeant périodiquement du sol. Le nom d'origine de la ville est inconnu, bien que diverses possibilités aient été suggérées par les découvertes faites dans la région, notamment le nom dravidien "Kukkutarma", la ville du coq, une allusion possible au site aujourd'hui connu sous le nom de Mohenjo-Daro comme centre de combats rituels de coqs ou, peut-être, comme centre d'élevage de coqs.

Mohenjo-Daro était une ville à la construction élaborée, avec des rues disposées à angle droit et un système de drainage sophistiqué. Le Grand Bain, une structure centrale du site, était chauffé et semble avoir été un point de convergence pour la communauté. Les citoyens étaient habiles dans l'utilisation de métaux tels que le cuivre, le bronze, le plomb et l'étain (comme en témoignent des œuvres d'art telles que la statue en bronze de la danseuse et des sceaux individuels) et ils cultivaient l'orge, le blé, les pois, le sésame et le coton. Le commerce était une source importante d'échanges et on pense que les anciens textes mésopotamiens qui mentionnent Magan et Meluhha font référence à l'Inde en général ou, peut-être, à Mohenjo-Daro en particulier. Des artefacts de la région de la vallée de l'Indus ont été trouvés sur des sites en Mésopotamie, bien que leur point d'origine précis en Inde ne soit pas toujours certain.

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Harappa Ruins
Ruines d'Harappa
Hassan Nasir (CC BY-SA)

Déclin de la civilisation harappéenne

Les habitants de la civilisation Harappéenne vénéraient de nombreux dieux et pratiquaient un culte rituel. Des statues de diverses divinités (comme Indra, le dieu de la tempête et de la guerre) ont été trouvées sur de nombreux sites et, surtout, des pièces en terre cuite représentant la Shakti (la déesse mère) suggérant un culte populaire et commun du principe féminin. Entre 2000 et 1500 avant notre ère, on pense qu'une autre race, connue sous le nom d'Aryens, migra en Inde par le col de Khyber et s'assimila à la culture existante, apportant avec elle ses dieux et la langue sanskrite qu'elle introduit ensuite dans le système de croyances existant dans la région. L'identité des Aryens et l'effet qu'ils eurent sur les populations indigènes continuent de faire l'objet de débats, mais il est généralement admis qu'à peu près au même moment que leur arrivée, la culture harappéenne commença à décliner.

Les chercheurs citent le changement climatique comme l'une des raisons possibles, en notant les preuves de sécheresse et d'inondation dans la région. On pense que l'Indus commença à inonder la région plus régulièrement (comme en témoignent les 9 mètres de limon à Mohenjo-Daro), ce qui aurait détruit les cultures et encouragé la famine. On pense également que la trajectoire de la mousson, sur laquelle on comptait pour arroser les cultures, aurait pu changer et que les gens auraient quitté les villes du nord pour les terres du sud. Une autre possibilité est la perte des relations commerciales avec la Mésopotamie et l'Égypte, leurs deux partenaires commerciaux les plus vitaux, car ces deux régions connaissaient des conflits intérieurs à la même époque.

Les écrivains et philosophes politiques racialistes du début du 20e siècle, suivant l'exemple du philologue allemand Max Muller (1823-1900), affirmaient que la civilisation de la vallée de l'Indus était tombée à cause d'une invasion d'Aryens à la peau claire, mais cette thèse est aujourd'hui discréditée depuis longtemps. Tout aussi indéfendable est la théorie selon laquelle le peuple aurait été poussé vers le sud par des extraterrestres. L'un des aspects les plus mystérieux de Mohenjo-daro est la vitrification de certaines parties du site, comme s'il avait été exposé à une chaleur intense qui aurait fait fondre la brique et la pierre. Ce même phénomène a été observé sur des sites tels que Traprain Law en Écosse et attribué aux résultats de la guerre. En revanche, les spéculations concernant la destruction de la ville par une sorte d'explosion atomique ancienne (œuvre d'extraterrestres venus d'autres planètes) ne sont généralement pas considérées comme crédibles.

La période védique

Quelle que soit la raison de l'abandon des villes, la période qui suivit le déclin de la civilisation de la vallée de l'Indus est connue sous le nom de période védique, caractérisée par un mode de vie pastoral et l'adhésion aux textes religieux connus sous le nom de Vedas. La société était divisée en quatre classes (les Varnas), plus connues sous le nom de "système des castes", comprenant les Brahmanes au sommet (prêtres et érudits), les Kshatriya ensuite (guerriers), les Vaishya (agriculteurs et commerçants) et les Shudra (ouvriers). La caste la plus basse était celle des Dalits, les intouchables, qui s'occupaient de la viande et des déchets, bien qu'il y ait un débat sur l'existence de cette classe dans l'Antiquité.

Au début, il semble que ce système de castes était simplement le reflet de l'occupation d'une personne mais, avec le temps, il a été interprété de manière plus rigide comme étant déterminé par la naissance et il n'était pas permis de changer de caste ni de se marier dans une autre caste que la sienne. Cette interprétation était le reflet de la croyance en un ordre éternel de la vie humaine, dicté par une divinité suprême.

Le Sanatan Dharma soutient qu'il n'existe qu'un seul dieu, Brahma, qui ne peut être appréhendé pleinement qu'à travers les nombreux aspects révélés par les différents dieux du panthéon hindou.

Bien que les croyances religieuses qui ont caractérisé la période védique soient considérées comme beaucoup plus anciennes, c'est à cette époque qu'elles ont été systématisées sous la forme de la religion du Sanatan Dharma (l'"ordre éternel"), connue aujourd'hui sous le nom d'hindouisme (ce nom provient de la rivière Indus (ou Sindhu pour les Indiens) où les fidèles se rassemblaient, d'où "Hindous"). Le principe sous-jacent du Sanatan Dharma est qu'il existe un ordre et un but pour l'univers et la vie humaine et qu'en acceptant cet ordre et en vivant en accord avec lui, on expérimente la vie telle qu'elle doit être vécue.

Alors que le Sanatan Dharma est considéré par beaucoup comme une religion polythéiste composée de nombreux dieux, il est en fait monothéiste dans la mesure où il considère qu'il n'y a qu'un seul dieu, Brahman (le Soi mais aussi l'Univers et le créateur de l'univers observable), qui, en raison de sa grandeur, ne peut être pleinement appréhendé qu'à travers les nombreux aspects qui sont révélés comme les différents dieux du panthéon hindou.

C'est Brahman qui décrète l'ordre éternel et maintient l'univers grâce à lui. Cette croyance en un ordre de l'univers reflète la stabilité de la société dans laquelle elle s'est développée et épanouie car, au cours de la période védique, les gouvernements se sont centralisés et les coutumes sociales ont été pleinement intégrées à la vie quotidienne dans toute la région. Outre les Védas, les grandes œuvres religieuses et littéraires que sont les Puranas, le Mahabharata, la Bhagavad-Gita et le Ramayana proviennent toutes de cette période.

Map of India, 600 BCE
Carte de l'Inde, 600 avant notre ère
Kmusser (CC BY-SA)

Au VIe siècle avant J.-C., les réformateurs religieux Vardhamana Mahavira (vers 599-527 avant J.-C.) et Siddhartha Gautama (vers 563-483 avant J.-C.) développèrent leurs propres systèmes de croyance et se détachèrent du Sanatan Dharma dominant pour finalement créer leurs propres religions, le jaïnisme et le bouddhisme. Ces changements religieux s'inscrivaient dans un contexte plus large de bouleversements sociaux et culturels qui aboutirent à la formation de cités-États et à l'émergence de puissants royaumes (comme le royaume de Magadha sous le règne de Bimbisara), ainsi qu'à la prolifération d'écoles philosophiques qui remettaient en question l'hindouisme orthodoxe.

Mahavira rejetait les Vedas et plaçait la responsabilité du salut et de l'illumination directement sur l'individu, ce que ferait plus tard le Bouddha. L'école philosophique de Charvaka rejetait tous les éléments surnaturels de la croyance religieuse et soutenait que seuls les sens pouvaient permettre d'appréhender la vérité et que le plus grand objectif de la vie était le plaisir et la jouissance personnelle. Bien que Charvaka n'ait pas perduré en tant qu'école de pensée, il influença le développement d'un nouveau mode de pensée plus fondé, plus pragmatique, et finit par encourager l'adoption de l'observation et de la méthode empiriques et scientifiques.

Les villes se développèrent également à cette époque et l'urbanisation et la richesse croissantes attirèrent l'attention de Cyrus II (le Grand, r. d'environ 550 à 530 av. J.-C.) de l'empire perse achéménide (c. 550-330 av. J.-C.) qui envahit l'Inde en 530 av. J.-C. et lança une campagne de conquête dans la région. Dix ans plus tard, sous le règne de son fils, Darius Ier (le Grand, r. de 522 à 486 av. J.-C.), le nord de l'Inde était fermement sous contrôle perse (les régions correspondant à l'Afghanistan et au Pakistan actuels) et les habitants de cette région soumis aux lois et coutumes perses. L'une des conséquences possibles de cette situation fut l'assimilation des croyances religieuses perses et indiennes, que certains spécialistes considèrent comme une explication des réformes religieuses et culturelles ultérieures.

Gupta Dynasty India, 320 - c. 550 CE
Dynastie Gupta, Inde, 320 - vers 550 de notre ère
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

Les grands empires de l'Inde ancienne

La Perse domina l'Inde du Nord jusqu'à la conquête d'Alexandre le Grand en 330 av. J.-C., qui marcha sur l'Inde après la chute de la Perse. Là encore, des influences étrangères furent exercées sur la région, ce qui donna naissance à la culture gréco-bouddhique qui eut un impact sur tous les domaines de la culture en Inde du Nord, de l'art à la religion en passant par l'habillement. Les statues et les reliefs de cette période représentent le Bouddha, ainsi que d'autres personnages, dans des vêtements et des poses typiquement helléniques (connus sous le nom d'école d'art du Gandhara). Après le départ d'Alexandre de l'Inde, l'empire mauryen (322-185 av. J.-C.) se développa sous le règne de Chandragupta Maurya (r. d'environ 321 à 297 av. J.-C.) jusqu'à ce que, à la fin du troisième siècle avant J.-C., il ne finisse par régner sur presque tout le nord de l'Inde.

Le fils de Chandragupta, Bindusara (r. de 298 à 272 av. J.-C.), étendit l'empire à la quasi-totalité de l'Inde. Son fils Ashoka le Grand (r. de 268 à 232 av. J.-C.), sous le règne duquel l'empire connut son apogée. Huit ans après le début de son règne, Ashoka conquit la cité-état orientale de Kalinga, ce qui fit plus de 100 000 morts. Choqué par la destruction et la mort, Ashoka adhéra aux enseignements du Bouddha et se lança dans un programme systématique de promotion de la pensée et des principes bouddhistes.

Il créa de nombreux monastères, fit de généreuses donations aux communautés bouddhistes et aurait érigé 84 000 stupas à travers le pays pour honorer le Bouddha. En 249 av. J.-C., lors d'un pèlerinage sur les sites associés à la vie du Bouddha, il établit officiellement le village de Lumbini comme lieu de naissance du Bouddha, en y érigeant un pilier, et il commanda la création de ses célèbres édits d'Ashoka pour encourager la pensée et les valeurs bouddhistes. Avant le règne d'Ashoka, le bouddhisme était une petite secte qui peinait à trouver des adeptes. Après qu'Ashoka ait envoyé des missionnaires dans les pays étrangers pour transmettre la vision bouddhiste, la petite secte commença à se développer pour devenir la religion majeure qu'elle est aujourd'hui.

Ashoka
Asóka
Dharma (CC BY)

L'empire mauryen déclina et s'effondra après la mort d'Ashoka et le pays se divisa en de nombreux petits royaumes et empires (comme l'empire kushan) dans ce que l'on a appelé la période intermédiaire. Cette époque vit l'augmentation du commerce avec Rome (qui avait commencé vers 130 av. J.-C.) à la suite de l'incorporation de l'Égypte par Auguste César dans l'Empire romain nouvellement établi en 30 av. J.-C.. Rome devint alors le principal partenaire commercial de l'Inde, les Romains ayant déjà annexé une grande partie de la Mésopotamie. Ce fut une période de développement individuel et culturel dans les différents royaumes qui s'épanouissaient finalement dans ce qui est considéré comme l'âge d'or de l'Inde sous le règne de l'empire Gupta (320-550).

On pense que l'empire Gupta fut fondé par un certain Sri Gupta (Sri signifie "Seigneur") qui aurait probablement régné entre 240 et 280 de notre ère. Comme Sri Gupta aurait appartenu à la classe des Vaishya (marchands), son accession au pouvoir en défiant le système des castes fut sans précédent. Il jeta les bases d'un gouvernement qui allait stabiliser l'Inde à tel point que pratiquement tous les aspects de la culture atteignirent leur apogée sous le règne des Guptas. La philosophie, la littérature, les sciences, les mathématiques, l'architecture, l'astronomie, la technologie, l'art, l'ingénierie, la religion et l'astronomie, entre autres domaines, ont tous prospéré durant cette période, donnant lieu à certaines des plus grandes réalisations humaines.

Bodhisattva Head, Gandhara
Tête de Bodhisattva, Gandhara
Mary Harrsch (Photographed at The Art Institute of Chicago) (CC BY-NC-SA)

Les Puranas de Vyasa furent compilés pendant cette période et les célèbres grottes d'Ajanta et d'Ellora, avec leurs sculptures élaborées et leurs salles voûtées, furent également commencées. Le poète et dramaturge Kalidasa écrivit son chef-d'œuvre Shakuntala et le Kamasutra fut également écrit ou compilé à partir d'œuvres antérieures, par Vatsyayana. Varahamihira explora l'astronomie en même temps qu'Aryabhatta, le mathématicien, fit ses propres découvertes dans ce domaine et reconnut l'importance du concept de zéro, dont on lui attribue l'invention. Le fondateur de l'empire Gupta ayant défié la pensée hindoue orthodoxe, il n'est pas surprenant que les souverains Gupta aient prôné et propagé le bouddhisme comme croyance nationale, ce qui explique l'abondance d'œuvres d'art bouddhistes, par opposition aux œuvres hindoues, dans des sites tels qu'Ajanta et Ellora.

Le déclin de l'empire et l'arrivée de l'islam

L'empire déclina lentement sous une succession de souverains faibles jusqu'à son effondrement vers 550. L'empire Gupta fut alors remplacé par le règne d'Harshavardhana (alias Harsha, 590-647) qui régna sur la région pendant 42 ans. Homme de lettres aux réalisations considérables (il écrivit trois pièces de théâtre entre autres œuvres), Harsha était un mécène et un fervent bouddhiste qui interdisait de tuer des animaux dans son royaume mais reconnaissait la nécessité de tuer parfois des humains au combat.

C'était un tacticien militaire très compétent qui ne fut vaincu sur le terrain qu'une seule fois dans sa vie. Sous son règne, le nord de l'Inde prospéra mais son royaume s'effondra après sa mort. L'invasion des Huns avait été repoussée à plusieurs reprises par les Guptas puis par Harshavardhana mais, avec la chute de son royaume, l'Inde tomba dans le chaos et se fragmenta en petits royaumes manquant de l'unité nécessaire pour combattre les forces d'invasion.

Ruins of Nalanda, Bihar
Ruines de Nalanda, Bihar
Tushar Dayal (CC BY-NC-SA)

En 712, le général musulman Muhammed bin Quasim conquit le nord de l'Inde et s'établit dans la région de l'actuel Pakistan. L'invasion musulmane mit fin aux empires indigènes de l'Inde et, à partir de ce moment, les cités-états indépendantes ou les communautés sous le contrôle d'une ville seraient le modèle standard de gouvernement. Les sultanats islamiques virent le jour dans la région de l'actuel Pakistan et s'étendirent vers le nord-ouest.

Les visions du monde disparates des religions qui se disputaient désormais l'acceptation dans la région et la diversité des langues parlées rendirent l'unité et les avancées culturelles, telles que celles observées à l'époque des Guptas, difficiles à reproduire. Par conséquent, la région fut facilement conquise par l'empire islamique moghol. L'Inde resterait ensuite soumise à diverses influences et puissances étrangères (notamment les Portugais, les Français et les Britanniques) jusqu'à ce qu'elle n'obtienne finalement son indépendance en 1947.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2012, novembre 13). Inde Ancienne [Ancient India]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-328/inde-ancienne/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Inde Ancienne." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le novembre 13, 2012. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-328/inde-ancienne/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Inde Ancienne." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 13 nov. 2012. Web. 03 oct. 2024.

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