Harsha

Définition

Gaurav Chugani
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 14 mars 2016
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Ruins of Nalanda, Bihar (by Tushar Dayal, CC BY-NC-SA)
Ruines de Nalanda, Bihar
Tushar Dayal (CC BY-NC-SA)

L'empereur Harshavardhana, plus connu sous le nom de Harsha, vécut de 590 à 647 et fut le dernier souverain de l'empire Vardhana, le dernier grand empire de l'Inde ancienne avant l'invasion islamique. Il régna de 606 à 647. Après la mort d'Harshavardhana, cependant, la dynastie Vardhana ou Pushyabhuti prit fin et son empire se dissout.

L'Inde, terre située au-delà de l'Indus, a vu défiler de nombreux souverains qui rêvaient de conquérir ce vaste pays et de régner de l'Himalaya au nord au Deccan au sud, des montagnes de Kandhar à l'ouest à l'Assam à l'est, mais très peu réussirent à soumettre l'histoire selon leur volonté. Harshavardhana était l'un de ces souverains. Son empire n'était peut-être pas aussi grand que celui des grands Maurya, mais il mérite une mention spéciale. Après la chute du grand empire Gupta au milieu du VIe siècle, sous lequel l'Inde connut son propre âge d'or, c'est Harshavardhana qui unifia la majeure partie de l'Inde du Nord et régna pendant quatre décennies depuis sa capitale Kanyakubja.

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Ascension au pouvoir et campagnes militaires

L'origine de la dynastie Pushyabhuti est incertaine, mais les sources deviennent plus claires à partir de 580 environ, lorsque Prabhakaravardhana régnait sur le royaume de Thaneshwar, dans l'actuel Haryana. La femme de Prabhakaravardhana, Yasovati, donna naissance à deux fils, Rajyavardhana et Harshavardhana, et à une fille nommée Rajyashri, qui fut ensuite mariée au roi Grahvarman de Kanyakubja, l'actuel Kânauj (autrefois Canouge). C'était une période de tension car l'Inde devait fréquemment faire face à l'invasion des Huns d'Asie centrale. Les combats constants étaient si coûteux qu'ils affaiblissaient l'empire au plus haut point, ce qui finit par conduire à la chute de l'empire Gupta. Comme les frontières occidentales de l'Inde et les zones adjacentes à la rivière Indus étaient sous l'occupation des Huns, les escarmouches entre Huns et Thaneshwar étaient régulières. Alors que Harsha et son frère étaient occupés à traiter avec les Huns à l'ouest, Prabhakaravardana mourut à Thaneshwar. Son fils aîné, Rajyavardhana, lui succéda.

Après la mort de son frère, à l'âge de 16 ans, Harshavardhana devint le souverain incontesté de Thaneshwar et déclara la guerre à Sasaka pour venger son frère et se lança dans une campagne de Digvijay, c'est-à-dire de conquête du monde.

Pendant ce temps, à l'est, des événements bien plus importants se produisirent qui modifièrent le cours de l'histoire. Shashanka, du royaume de Gauda, l'actuel Bengale, marcha et tua le roi Grahvarmana, puis enleva sa veuve Rajyashri. L'enlèvement de sa sœur obligea le frère aîné Vardhana à marcher vers l'est et à affronter Shashanka. Shashanka invita alors Rajyavardhana à une réunion et le tua par traîtrise. Après la mort de son frère, àlors qu'il n'avait lui-même que 16 ans, Harshavardhana devint le souverain incontesté de Thaneshwar et déclara la guerre à Sasaka pour venger son frère et se lança dans une campagne de Digvijay, c'est-à-dire de conquête du monde (ce qui dans ce contexte signifie conquérir l'Inde entière). Cependant, son principal ennemi était maintenant Shashanka qui devait faire face à la colère d'un frère en colère. Harsha lança une proclamation à tous les rois connus pour qu'ils lui déclarent leur allégeance ou l'affrontent sur le champ de bataille. Les ennemis de Shashanka ayant répondu à l'appel de Harsha, ce dernier se dirigea vers Kânauj.

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Bien qu'il n'y ait aucune preuve, une histoire dans Harshacharitra prétend que Rajyashri, une fois libérée de prison, se réfugia dans la forêt de Vindhyas. Apprenant cela, Harsha se précipita dans la forêt pour la sauver et la trouva au moment où elle était sur le point de se suicider en se jetant dans un feu. Après avoir sauvé sa sœur, il rejoignit son armée sur la rive du Gange. Après cela, Harsha conquit facilement Kanyakubja et Shashanka s'en retourna au Bengale, et ainsi commença une longue inimitié. Ce n'est qu'après la mort de Shashanka que Harsha put contrôler toute l'Inde orientale, y compris Magadha, le Bengale et Kalinga.

Le Digvijay de Harsha, ou "conquête du monde", avait maintenant commencé. Après Kânauj, il tourna son attention vers le Gujarat. Il vainquit le royaume local de Valabhi et étendit son empire. Cependant, cette expansion rapide provoqua des tensions entre lui et le roi Chalukya Pulakeshin II (r. de 609 à 642). C'est alors que les royaumes les plus puissants du nord et du sud de l'Inde s'affrontèrent sur le champ de bataille sur les rives de la rivière Narmada. Au final, les sudistes, sous la direction compétente de Pulakeshin II, l'emportèrent, laissant l'ambitieux souverain du nord, Harsha, vaincu. On dit que Harsha perdit tout enthousiasme lorsqu'il vit ses éléphants mourir dans la bataille.

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Harsha conclut un traité de paix avec le roi Chalukya, traité qui fit de la rivière Narmada la limite sud de son empire, après quoi il ne s'avança plus jamais vers le sud. Ceci dit, cela n'empêcha en rien sa conquête du nord. Il prit le titre de sakal uttara patha natha (seigneur de l'Inde du Nord). Hieun Tsang nous raconte que :

Il mena une guerre incessante, jusqu'à ce qu'en six ans il ait combattu cinq Indiens (en référence aux cinq plus grands royaumes). Puis, ayant agrandi son territoire, il augmenta son armée, portant le corps des éléphants à 60 000 et la cavalerie à 100 000, et régna en paix pendant trente ans sans lever une arme. (Majumdar, 252)

Pourtant, de nombreux historiens pensent que cette affirmation est peut-être exagérée. Néanmoins, cela donne un aperçu de ses prouesses militaires.

L'empire de Vardhana se composait de deux types de territoires distincts : les régions directement sous la domination de Harsha, telles que les provinces centrales, le Gujarat, le Bengale, le Kalinga, le Rajputana, et les États et royaumes qui étaient devenus ses vassaux, notamment le Jalandhar, le Cachemire, le Népal, le Sind, le Kamarupa (l'actuel Assam). Ainsi, de nombreux historiens ne trouvent pas ce titre justifié, car il ne fut jamais capable de rassembler tout le Nord sous un seul commandement. Cependant, cela ne signifie pas que son pouvoir ne s'est pas fait sentir au-delà des limites de son autorité directe. Son autorité s'étendait à tout le nord de l'Inde. Il ordonna, par exemple, au roi de Jalandhar d'escorter le voyageur chinois Hiuen Tsang jusqu'aux frontières de l'Inde. Une autre fois, le roi du Cachemire dut soumettre une relique de dent de Bouddha à Harsha. La source chinoise suggère que le roi de Kamarupa n'aurait jamais osé incarcérer un pèlerin chinois dans sa capitale contre la volonté de Harsha.

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Art et éducation

Harsha était un mécène de l'art et de l'éducation. Il était lui-même auteur et écrivit trois pièces sanskrites, Nagananda, Ratnavali, Priyadarshika. Un quart de ses revenus était consacré au parrainage d'érudits. Hiuen Tsang donna une description assez vivante de la célèbre université de Nalanda qui était à son zénith sous le règne de Harsha. Il décrivit comment les tours régulièrement disposées, les forêts de pavillons, les temples semblaient "s'élever au-dessus des brumes du ciel" afin que, de leurs cellules, les moines "puissent assister à la naissance des vents et des nuages". Le pèlerin déclare :

Un bassin azur serpente autour des monastères, orné des coupes épanouies du lotus bleu ; les fleurs rouges éblouissantes du beau kanaka pendent ci et là, et à l'extérieur des bosquets de manguiers offrent aux habitants leur ombre dense et protectrice. (Grousset,158,159)

À son apogée, Nalanda comptait environ 10 000 étudiants et 2 000 enseignants. Le processus d'admission était très strict. Selon les archives, il y avait un examen oral rigoureux mené par des gardiens, et beaucoup étaient rejetés. Le programme d'études comprenait les Védas, le bouddhisme, la philosophie, la logique, l'urbanisme, la médecine, le droit, l'astronomie, etc.

Ruins of Nalanda
Ruines de Nalanda
Thibault Deckers (CC BY-NC-ND)

Société et religion

Le système des castes était très répandu chez les Hindous. Ils étaient divisés en quatre castes ou varna : Brahmana, Vaishya, Kshariya et Shudra, qui parmi eux avaient leurs propres sous-castes. Les intouchables, qui se situaient au plus bas de la hiérarchie, menaient une vie misérable. Le statut des femmes déclina par rapport à l'ère libérale des temps précédents. Le satipratha (immolation des veuves) était courant, et le remariage des veuves n'était pas autorisé dans les castes supérieures.

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Au début, Harsha était un adorateur de Shiva, mais il devint ensuite un bouddhiste Mahayana. Il était cependant tolérant à l'égard des autres croyances. Dans le but de populariser et de propager les doctrines du bouddhisme Mahayana, Harsha organisa à Kanyakubja une grande assemblée présidée par Hiuen Tsang. Hiuen Tsang emporta de nombreux manuscrits en Chine et en traduisit plus de 600. Une autre grande cérémonie se tint pendant 75 jours à Prayag (Allahabad). Les images de Bouddha, du Soleil et de Siva y étaient vénérées, et des dons d'articles de valeur et de vêtements étaient distribués par charité. Tous les cinq ans, des cérémonies religieuses étaient célébrées dans l'ancienne ville d'Allahabad. C'est là qu'avait lieu la cérémonie de Dana, ou don, qui durait trois mois. Au cours de celle-ci, la plupart des richesses accumulées au cours des cinq années précédentes furent épuisées. Une fois, il fit même don de ses vêtements et ses bijoux et supplia sa sœur de lui donner un vêtement ordinaire à porter.

Mort et héritage

L'empire de Harsha marqua le début du féodalisme en Inde. Des terres furent accordées dans les villages, ce qui rendit les propriétaires locaux plus puissants. Cela conduisit à l'affaiblissement de l'empire et donna lieu à des querelles locales. Harsha devait être en mouvement constant pour maintenir l'ordre.

Harsha mourut en 647 après J.-C., et l'empire avec lui. La mort d'Harshavardhana n'est pas bien documentée. On dit qu'il était marié à Durgavati et qu'il avait deux fils nommés Vagyavardhana et Kalyanvardhana. L'histoire raconte qu'ils furent tués par un ministre de sa cour, avant même la mort de Harsha lui-même. Par conséquent, Harsha mourut sans héritier. En conséquence, Arjuna, l'un des principaux ministres, monta sur le trône. Plus tard, en 648, Arjuna fut capturé et retenu prisonnier lors d'une attaque des Tibétains.

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Bibliographie

  • Banabhatta. Harshacharitra.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Gaurav Chugani
I am not a professional historian, just a history buff trying to understand the world

Citer cette ressource

Style APA

Chugani, G. (2016, mars 14). Harsha [Harsha]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-14459/harsha/

Style Chicago

Chugani, Gaurav. "Harsha." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le mars 14, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-14459/harsha/.

Style MLA

Chugani, Gaurav. "Harsha." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 14 mars 2016. Web. 10 oct. 2024.

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