Éris

Définition

Liana Miate
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 19 octobre 2022
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Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
Eris with Wings (by The Trustees of the British Museum, CC BY-NC-SA)
Éris ailée
The Trustees of the British Museum (CC BY-NC-SA)

Eris est la déesse grecque et la personnification de la discorde et des conflits. Elle est une figure impopulaire de la mythologie grecque en raison de son comportement problématique et de sa capacité à semer le trouble partout où elle passe. Éris est surtout célèbre pour sa pomme d'or de la Discorde qui joua un rôle clé dans la cause de la guerre de Troie.

Éris est la fille de Nyx, ou Zeus, et d'Héra, et la sœur d'Arès, le dieu grec de la guerre, qu'elle accompagnait souvent au combat, montant à ses côtés dans son char.

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Naissance et famille

Dans l'Iliade, Homère (vers 750 av. J.-C.) la mentionne comme étant la sœur d'Arès, faisant d'elle l'enfant de Zeus et d'Héra. Cependant, selon la plupart des sources, y compris la Théogonie d'Hésiode (vers 700 av. J.-C.), Éris était la dernière née de Nyx (la personnification de la nuit). Eris donna naissance à de nombreux enfants qui représentaient tous des choses sombres et nuisibles pouvant naître de la discorde et du conflit :

le Travail importun, l'Oubli, la Faim, les Douleurs qui font pleurer, les Disputes, les Meurtres, les Guerres, le Carnage, les Querelles, les Discours mensongers, les Contestations, le Mépris des lois et Até, ce couple inséparable, enfin Horcus, si fatal aux habitans de la terre quand l'un d'eux se parjure volontairement.

(Théogonie, 225-230, Trad. M. A. Bignan, Remacle)

Nature et apparence

Le seul dieu qui peut tolérer éris est son frère Arès qui part souvent au combat avec elle et se réjouit des horreurs de la guerre à ses côtés.

Tout au long de la mythologie grecque, Éris est dépeinte comme un personnage méchant, fauteur de troubles. Elle est évitée par la plupart de ses collègues dieux et déesses. Le seul dieu qui la tolère est son frère Arès qui part souvent au combat avec elle et se réjouit des horreurs de la guerre à ses côtés. Dans l'Iliade, Homère mentionne qu'elle parcourt souvent la terre, répandant la haine contre les armées troyennes et grecques. Contrairement à Arès, qui finit par se ranger du côté des Troyens, Éris n'a jamais pris parti pendant la guerre de Troie. Dans le livre 11, Zeus a envoyé Éris sur le navire d'Ulysse, où elle a crié de sa terrible et grande voix, soulevant l'esprit de combat dans le cœur de chaque soldat grec et les empêchant effectivement de rentrer chez eux. À un moment donné dans l'Iliade, Éris est la seule des dieux qui reste sur le champ de bataille pour assister à la bataille, exaltant le sang versé et étant entièrement dans son élément.

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Hésiode présente une autre Éris dans ses Travaux et Jours, qui auraient été écrits après sa Théogonie. Dans les Travaux et les Jours, Hésiode suggère qu'il y a deux Éris ; la plus jeune et secondaire est horrible envers les humains et leur cause des problèmes, tandis que la principale Éris est plus âgée et une force du bien, instillant un sens de la compétition dans l'humanité au lieu de la lutte.

On ne voit pas régner sur la terre une seule rivalité ; il en existe deux : l'une digne des éloges du sage, l'autre de son blâme ; toutes deux animées d'un esprit différent. L'une excite la guerre désastreuse et la discorde ; la cruelle ! nul homme ne la chérit, mais tous, d'après la volonté des dieux, sont contraints de l'honorer en la haïssant. L'autre, c'est la Nuit obscure qui l'enfanta la première, et le grand fils de Saturne, habitant au sommet des cieux, la plaça sur les racines mêmes de la terre pour qu'elle vécût parmi les humains et leur devînt utile. Elle pousse au travail le mortel le plus indolent.

(Travaux et Jours, 120-130, trad. M. A. Bignan, Remacle)

Éris est très rarement représentée dans l'art antique. Cependant, l'auteur et géographe grec Pausanias (c. 115 - c. 180 de notre ère) a écrit qu'il avait vu un coffre magnifiquement décoré qui montrait une Éris hideuse debout entre deux guerriers. Elle est également représentée sous la forme d'une figure féminine ailée.

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Eris
Éris
Berlin Antikensammlung (Public Domain)

Éris et la pomme de la discorde

Le mythe le plus célèbre impliquant Éris est le Jugement de Pâris, qui marque le début de la guerre de Troie. Le récit commence par le mariage de Pélée, héros grec et roi de Phthie, et de Thétis, nymphe de la mer, sur le mont Pélion. Parmi les invités au mariage figurent les Olympiens qui offrent au couple une armure d'or et les chevaux immortels Balios et Xanthe. Une absence remarquée est celle d'Éris qui était souvent écartée des événements en raison de son caractère turbulent. Furieuse d'être laissée de côté, Éris décida de semer la zizanie en provoquant des conflits entre les Olympiens.

Alors qu'Athéna, Héra et Aphrodite discutaient bras dessus bras dessous, Éris fit rouler sa pomme d'or de la discorde vers leurs pieds. La pomme portait les mots "à la plus belle". Ne sachant pas à qui la pomme était adressée, les trois déesses réclamèrent la pomme et commencèrent à faire un esclandre. Zeus agit rapidement en tant que médiateur et ordonne aux déesses de se présenter devant Pâris, prince de Troie.

Golden Apple of Discord
Pomme d'or de la Discorde
Jacob Jordaens (Public Domain)

Paris se réveille d'une sieste et trouve le dieu Hermès debout devant lui. Hermès présente Athéna, Héra et Aphrodite à Pâris et lui demande de désigner la plus belle. Chaque déesse offre à Pâris un cadeau en échange de son vote. Héra lui offre la domination du monde, Athéna la gloire de la guerre et Aphrodite la plus belle femme du monde (Hélène de Sparte). Ne pouvant résister à l'offre d'Aphrodite, Pâris la choisit comme la plus belle déesse. C'est ainsi que commença sa poursuite de la déjà mariée Hélène de Sparte et le début de la guerre de Troie.

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Autres mythes

Éris est également présente dans le mythe de l'artiste Polytechnos et de sa femme, Édon. Comme le mentionne l'Ornithogonia du grammairien grec Boïos, Polytechnos et Édon menaient une vie prospère avec leur fils Itys. Cependant, un jour, ils commencèrent bêtement à se vanter que leur amour était plus grand que celui de Zeus et Héra. Héra, furieuse, leur envoya Éris pour les punir. Éris fit ce qu'elle savait faire le mieux : attiser les conflits et la compétition entre le couple. Le résultat fut une tragédie : Édon tua leur fils, Itys, et le donna à manger à son mari. En découvrant ce qu'il avait mangé, Polytechnos poursuivit Édon, mais fut capturé, couvert de miel et jeté dans une prairie. Édon éprouva de la miséricorde pour son mari et alla le sauver. Cependant, sa famille se retourna contre elle et tenta de la tuer avant que Zeus n'intervienne et ne transforme toute la famille en différents oiseaux pour éviter une nouvelle tragédie.

Le mariage de Pirithoos, le roi des Lapithes, et d'Hippodamie est un autre mariage auquel participa l'importune Éris. Une fois de plus, tous les Olympiens sont invités, à l'exception d'Éris, car tout le monde se souvient des problèmes qu'elle avait provoqués lors du mariage de Pélée et Thétis. Éris trouve cependant le moyen de se faire remarquer. Les centaures, qui n'étaient pas habitués à la force du vin, burent à satiété et, dès que la mariée entra dans la caverne, le centaure Eurytion se jeta sur elle et l'entraîna au loin. Pirithoos courut au secours d'Hippodamie, coupa le nez et les oreilles d'Eurytion et le jeta hors de la caverne. Cela déclencha un combat entre les Lapithes et les centaures et fut le début d'une longue querelle - orchestrée par Éris et Arès.

Eris at the Wedding of Peleus and Thetis
Éris au mariage de Pelée et Thétis
Jean Miélot (Public Domain)

Éris apparaît dans un mythe impliquant Atrée, roi de Mycènes et père d'Agamemnon et de Ménélas. Atrée revendiquait le trône de Mycènes par droit de primogéniture et en tant que propriétaire de l'agneau à la toison d'or, qui avait été créé par Pan, l'ami d'Hermès. Atrée sacrifie l'agneau à Artémis comme cela avait été prédit. Cependant, son règne est contesté par son frère jumeau, Thyeste, qui conteste la propriété de l'agneau et revendique le trône de Mycènes. Zeus favorise Atrée et demande à Hermès d'intervenir. Hermès se rendit chez Atrée et lui dit de demander à Thyeste s'il renoncerait à la couronne si le soleil reculait sur le cadran. Thyeste accepta, et Zeus demanda l'aide d'Éris pour inverser les lois de la nature, et Atrée fut rétabli sur le trône, bannissant son frère de Mycènes.

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Héritage et discordianisme

Bien qu'Éris ne soit pas présente dans de nombreux mythes grecs, la plus grande planète naine porte son nom. Elle tourne autour du soleil juste au-delà de la ceinture de Kuiper, et c'est l'objet le plus éloigné connu de l'homme qui tourne autour du soleil (en dehors des comètes). Elle possède une lune appelée Dysnomie. Éris, le mariage de Pélée et Thétis, et sa pomme de discorde sont également la source d'inspiration du conte de fées La Belle au bois dormant dans lequel une méchante fée n'est pas invitée au baptême de la princesse et lui jette une malédiction en guise de punition.

Une religion moderne appelée Discordianisme, dédiée à Éris, a été créée en 1957 par Gregory Hill (Malaclypse le Jeune) et Kerry Wendell Thornley (Omar Khayyam Ravenhurst). Les enseignements du discordianisme tournent autour de la mythologie grecque, de l'analyse des théories du complot et d'une forme de paganisme moderne axée sur les déesses. La religion s'est développée au fil des ans grâce au bouche à oreille, aux clubs de jeux de rôle, à Internet et à l'industrie de l'édition clandestine. Son principal texte sacré est le Principia Discordia, écrit principalement par Gregory Hill. Il décrit comment la religion a commencé avec une vision d'Éris, qui leur a montré un symbole ressemblant à un yin-yang avec la pomme de la discorde d'un côté et un pentagone de l'autre. Il raconte comment l'humanité est tombée en disgrâce à cause de la rebuffade originelle (le mariage de Pélée et Thétis). La pomme de la discorde a établi les mystères discordiens, notamment la loi des cinq, qui enseigne que tous les événements de l'univers tournent autour du nombre cinq. Elle implique les cinq commandements, les cinq apôtres d'Éris et la main à cinq doigts d'Éris qui guide toutes les décisions et les mouvements chaotiques de l'humanité.

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Questions & Réponses

De quoi Éris est-elle la déesse?

Éris est la déesse grecque et la personnification de la discorde et des conflits.

Qu'est-ce que le discordianisme ?

Le discordianisme est une religion moderne dédiée à Éris qui a été créée en 1957 par Gregory Hill (Malaclypse le Jeune) et Kerry Wendell Thornley (Omar Khayyam Ravenhurst). Il s'agit d'une forme de paganisme moderne centrée sur les déesses.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Liana Miate
Liana est la responsable des réseaux sociaux pour World History Encyclopedia. Elle est titulaire d'une licence en arts avec une spécialisation en Grèce antique, Rome et Antiquité tardive. Elle est particulièrement passionnée par Rome et la Grèce, ainsi que par tout ce qui a trait à la mythologie et aux femmes.

Citer cette ressource

Style APA

Miate, L. (2022, octobre 19). Éris [Eris]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-21107/eris/

Style Chicago

Miate, Liana. "Éris." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le octobre 19, 2022. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-21107/eris/.

Style MLA

Miate, Liana. "Éris." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 19 oct. 2022. Web. 23 avril 2024.

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