Tyché

Définition

Liana Miate
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 20 novembre 2022
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol, Turc
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Tyche of Antioch (by Carole Raddato, CC BY-NC-SA)
Tyché d'Antioche
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Dans la mythologie grecque, Tyché est la déesse et la personnification de la chance, du hasard et de la fortune. La popularité de Tyché s'accrut après la période classique, lorsque de nombreuses villes et autorités du monde grec et méditerranéen l'adoptèrent en tant que divinité protectrice et que des sacrifices étaient faits dans ses sanctuaires. Sa popularité perdura pendant des centaines d'années.

Tyché était représentée dans de nombreuses formes d'art et était immédiatement reconnaissable à sa couronne murale, au gouvernail et à la corne d'abondance qu'elle tenait. Divers auteurs la décrivent comme "toute-puissante" et "sage". Son homologue romain est la déesse Fortuna.

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Naissance et famille

Selon Hésiode (c. 700 av. J.-C.), dans sa Théogonie, Tyché était l'une des nombreuses filles des Titans Océan et Téthys et la sœur de nombreuses autres, dont les Océanides Electre, Uranie, Métis, Styx (déesse des enfers) et Calypso. En tant que fille d'Océan, Tyché était réputée avoir un lien avec l'eau, ce qui est évident dans le gouvernail qu'elle tient dans les représentations artistiques d'elle. D'autres sources affirment qu'elle était la fille de Zeus, même si elle est mentionnée comme sa cousine dans la Théogonie.

La déesse de la fortune, de la chance et du hasard

La montée en popularité de Tyché montre que les Grecs de l'Antiquité croyaient que le hasard et la chance régissaient leur vie.

Bien que Tyché ait été reconnue très tôt, elle ne devint une déesse à part entière qu'au cours de la période hellénistique (323-30 av. J.-C.). La montée en popularité de Tyché montre que les Grecs anciens croyaient que la chance et le hasard gouvernaient leur vie. Sa popularité se traduisit par la pratique répandue de lui dédier des villes pendant les périodes hellénistique et romaine (à la seule exception d'Athènes qui avait déjà sa divinité protectrice en la personne d'Athéna). Tyché était l'explication par défaut de tout ce qui n'était pas lié aux divinités olympiennes.

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Les Grecs pensaient que chaque lieu, chaque ville et chaque État avait sa propre Tyché, étroitement liée au bien-être de la ville en question. Elle était la force constante qui régulait leur vie, et les gens l'invoquaient pour obtenir son aide ou la dénigraient, en fonction de leur situation personnelle. On dit même que les dieux acceptaient ses ordres. Elle était généralement dépeinte comme une déesse bienveillante qui provoquait des sentiments de bien-être et de bonheur chez les personnes qui la vénéraient.

Tyché acquit une importance politique encore plus grande après la mort d'Alexandre le Grand (356-323 av. J.-C.) et les bouleversements qui l'ont suivie avec l'établissement de nouvelles cités hellénistiques à travers l'Égypte et l'Asie Mineure (Turquie actuelle).

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Head of the Goddess Tyche
Tête de la déesse Tyché
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Tyché dans les sources écrites

Certains auteurs font référence à Tyché en tant que déesse, mais la plupart la dépeignent comme une Tyché impersonnelle - une qualité plutôt qu'une identité réelle. Tyché était souvent utilisée pour décrire des événements historiques, et elle personnifiait des événements tels que les attaques de pirates, les naufrages, l'esclavage et les événements fortuits. L'une des plus anciennes mentions de Tyché se trouve dans les Olympiques de Pindare (c. 518 à c. 438 av. J.-C.), où elle est implorée d'aider Ergotélès d'Himère alors qu'elle participe à la longue course :

Fille de Jupiter Libérateur , Fortune conservatrice des cités, accorde, je t'en conjure, ta protection divine à la florissante Himère.
C'est toi qui fais voler sur les ondes les vaisseaux légers ; c'est toi qui présides aux combats sanglants et aux sages délibérations des mortels. Tu te joues de leurs espérances trompeuses : tantôt tu les portes au sommet de la roue, tantôt tu les en précipites.
(Pindare, Olympiques, 12.1-6a)

Dans l' hymne homérique à Déméter, Tyché est dépeinte comme une néréide (nymphe de la mer). L'hymne mentionne comment Tyché et ses sœurs jouaient avec Perséphone dans une prairie avant son violent enlèvement par Hadès. L'historien antique Polybe (c. 208-125 av. J.-C.) réfléchit à l'influence de Tyché, qui avait le pouvoir d'infliger la malchance et la colère à des dirigeants douteux, tout comme la providence divine pouvait le faire.

Dans la Description de la Grèce de Pausanias (115-180 de notre ère), il s'intéresse de près à Tyché, visitant plusieurs de ses sanctuaires à travers la Grèce. Il se lamente sur la décadence de Mégalopolis et admet que tout est modifié par Tyché selon ses caprices. Il affirme qu'Alexandrie et d'autres villes, en revanche, ont atteint une grande prospérité, bien qu'étant des villes nouvelles, parce que Tyché les a favorisées.

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Tyche Furniture Ornaments
Tyché en décorations de meubles
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Dans le théâtre grec antique, Tyche était souvent à l'origine de résultats inattendus - un désastre soudain ou un répit de dernière minute bienvenu. On s'adressait à elle de manière polie et indirecte pour l'encourager à porter chance. Le dramaturge grec Ménandre (342-291 av. J.-C.) utilisa Tyché comme narratrice dans le prologue de sa pièce Le Bouclier, où elle annonce que la fin sera surprenante. Il la qualifie de déesse aveugle. Cependant, il semble que cela indique davantage sa nature imprévisible et aveugle plutôt qu'un quelconque handicap physique.

Dans la pièce Cyclope d'Euripide (c. 484-407 av. J.-C.), il utilise Tyché comme personnification après qu'Ulysse ait invoqué Héphaïstos et le sommeil (Hypnos) pour l'aider à lier le cyclope avec succès. Il déclara que si les dieux ne répondaient pas à son appel à l'aide, il considérerait Tyché comme une divinité et comme une personne plus puissante que les dieux.

Tyché et la philosophie grecque

Le philosophe grec Platon (428/427-348/347 av. J.-C.) pensait que Tyché était la cause spontanée de toutes les actions divines. De même, Aristote (384-322 av. J.-C.), élève de Platon, la considérait comme l'incarnation même de la spontanéité. Les stoïciens définissaient Tyché comme quelqu'un ou quelque chose qui était un mystère pour les humains et qui ne pouvait être compris adéquatement que par une intelligence supérieure. Les épicuriens donnaient un sens à l'univers en le considérant d'une manière physique et scientifique. Ils croyaient que le hasard n'existait pas et que chaque événement ou occurrence aléatoire pouvait être expliqué par le mouvement de la matière.

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Tyché dans l'art

Chaque ville la représentait différemment, car elle était l'incarnation de chaque communauté.

Tyché est représentée dans de nombreuses formes d'art, notamment des pièces de monnaie, des sculptures, des amulettes, des mosaïques, des pierres tombales et des gobelets. Chaque ville la représentait différemment, car elle était l'incarnation de chaque communauté. Elle était souvent représentée avec des symboles uniques qui représentaient chaque lieu, y compris des caractéristiques géographiques ou culturelles comme une rivière ou des navires de guerre dans les villes phéniciennes. Les souverains et les fonctionnaires de la ville utilisaient les signes de Tyché pour transmettre des messages patriotiques ou idéologiques.

Cependant, son apparence de base avait un thème similaire : elle était toujours représentée avec une couronne murale sur la tête et portait souvent un gouvernail dans une main et/ou une corne d'abondance dans l'autre. La couronne murale (couronne de murs de ville) symbolisait son lien avec les différentes villes dont elle supervisait le destin. La corne d'abondance représentait la prospérité qu'elle apportait. Le gouvernail était un symbole de son orientation et de sa filiation. Elle porte également une longue tunique ou robe surmontée d'une palla , fixée par une fibule, et porte parfois une torche en or autour du cou.

Au IVe siècle avant J.-C., Praxitèle d'Athènes (395-330 av. J.-C.) réalisa deux sculptures de Tyché, tandis qu'au début du IIIe siècle av. J.-C., le sculpteur Eutychidès créa la célèbre sculpture grecque Tyché d'Antioche, dont une réplique se trouve actuellement dans les musées du Vatican. La statue représente Tyché assise sur un rocher, avec à ses pieds la personnification du fleuve Oronte. Elle tient dans sa main une gerbe de blé, symbole de prospérité. Pausanias parle d'une autre sculpture qu'il a vue dans le sanctuaire de Tyché, où Tyché tient dans ses bras un jeune Ploutos, le dieu grec de la richesse et de la générosité agricole.

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Tyche On a Golden Double Shekel
Tyché sur un double shekel doré
RomanDeckert (CC BY-SA)

Tyché et Byzance

Tyché joua un rôle essentiel dans le mythe fondateur de Byzance. Byzas, le fondateur légendaire de Byzance, avait consacré Rhéa comme la Tyché de la ville, les combinant toutes deux en une seule déesse connue sous le nom de Tyché Poliade et "reine de la ville". Rhéa et Tyché étaient les divinités les plus importantes de la ville de Byzance. L'empereur romain Constantin Ier (r. de 306 à 337 de notre ère) maintint le culte des deux déesses même après avoir établi Constantinople, comme en témoignent les cérémonies de dédicace et la statuaire. Il installa deux statues de Tyché Constantinopolis et de Rhéa dans des niches du tétrastoon (un porche entourant une cour). Les cultes de Tyché et de Rhéa furent lentement intégrés aux autres déesses. Le culte de Tyché était mélangé à celui d'Athéna, Déméter et Hécate.

Le culte en tant que Tyché de la Polis

Tyché était largement vénérée dans de nombreuses cités de la Méditerranée antique. Le culte de Tyché s'établit en Grèce antique au Ve ou VIe siècle avant J.-C. et apparut dans le reste de la Méditerranée au cours du IVe siècle avant J.-C. Dans sa Description de la Grèce, Pausanias mentionne la présence de temples dédiés à Tyché dans les villes grecques d'Élis, de Mégare, de Sicyone et de Tégée. En outre, son sanctuaire d'Alexandrie était censé être si beau qu'aucun autre temple du monde hellénistique ne pouvait le surpasser. Tyché avait également des temples à Césarée (aujourd'hui Israël), Antioche (aujourd'hui Turquie), Constantinople (aujourd'hui Turquie) et Palmyre (aujourd'hui Syrie).

À Selge (Turquie actuelle), le grand prêtre du culte de Tyché était en fonction à vie. À Mytilène (Lesbos, Grèce), Tyché était connue sous le nom de "Grande Tyché de Mytilène". À Trapezopolis (ville de Carie), elle était connue comme la "grande déesse de la défense de la ville".

Tyche & Plutus
Tyché et Ploutos
Giovanni Dall'Orto (CC BY-NC-SA)

Les preuves archéologiques montrent que Tyché/Fortuna était l'une des divinités les plus importantes en Israël, en Syrie et en Jordanie pendant la période romaine. La popularité de Tyché perdura pendant de nombreuses années. Les preuves montrent que l'empereur Alexandre Sévère (r. de 222 à 235 de notre ère) fut le premier à utiliser la figure de Tyché sur les pièces produites à Césarée sous son règne. L'empereur Julien (r. de 361 à 363 de notre ère) fit un sacrifice à Tyché à Antioche en 361 ou 362 de notre ère.

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Questions & Réponses

Pour quoi Tyché était-elle connue ?

Tyché était connue pour être la déesse grecque de la chance, de la fortune et du hasard. Elle était la divinité protectrice de nombreuses cités et villes antiques du monde méditerranéen.

Quels sont les pouvoirs de Tyché ?

Tyché a le contrôle de la chance et du destin.

Dans quel mythe trouve-t-on Tyché ?

Tyché ne fait pas l'objet d'un mythe particulier, mais elle est mentionnée dans la littérature ancienne et dans diverses pièces de théâtre.

Comment prononce-t-on Tyché en grec ?

En grec ancien, Tyché se prononce tý.kʰɛ, tandis qu'en grec moderne, elle se prononce ti.çi.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Liana Miate
Liana est la responsable des réseaux sociaux pour World History Encyclopedia. Elle est titulaire d'une licence en arts avec une spécialisation en Grèce antique, Rome et Antiquité tardive. Elle est particulièrement passionnée par Rome et la Grèce, ainsi que par tout ce qui a trait à la mythologie et aux femmes.

Citer cette ressource

Style APA

Miate, L. (2022, novembre 20). Tyché [Tyche]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15274/tyche/

Style Chicago

Miate, Liana. "Tyché." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le novembre 20, 2022. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15274/tyche/.

Style MLA

Miate, Liana. "Tyché." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 20 nov. 2022. Web. 31 oct. 2024.

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