Polis

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 06 juin 2013
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Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
The Greek City-states c. 500 BCE (by Simeon Netchev, CC BY-NC-SA)
Les cités-États grecques vers 500 avant notre ère
Simeon Netchev (CC BY-NC-SA)

Une polis (pluriel : poleis) était la structure typique d'une communauté dans le monde grec antique. Une polis consistait en un centre urbain, souvent fortifié et doté d'un centre sacré construit sur une acropole naturelle ou un port, qui contrôlait un territoire environnant (chora). Le terme polis a donc été traduit par "cité-état" car il n'y avait généralement qu'une seule ville et comme une polis individuelle était indépendante des autres poleis en termes d'institutions et de pratiques politiques, judiciaires, juridiques, religieuses et sociales, chaque polis était en fait un État. Comme un État, chaque polis était également impliquée dans les affaires internationales, tant avec les autres poleis qu'avec les États non grecs, dans les domaines du commerce, des alliances politiques et des guerres. D'autres cultures avaient une structure sociale et politique similaire, notamment les Babyloniens, les Étrusques et les Phéniciens, et ces derniers sont considérés comme les initiateurs de la polis en tant qu'unité communautaire.

La polis émergea de l'âge des ténèbres qui suivit la chute de la civilisation mycénienne en Grèce et, au 8e siècle avant Jésus-Christ, un important processus d'urbanisation avait commencé. Il y avait finalement plus de 1 000 poleis dans le monde grec, mais parmi les plus importantes figuraient Athènes, Sparte, Corinthe, Thèbes, Syracuse, Égine, Rhodes, Argos, Érétrie et Elis. La plus grande était Sparte, bien qu'avec environ 8 500 km² de territoire, elle était exceptionnellement grande et que la plupart des poleis étaient de petite taille. Cependant, des poleis comme Athènes, Rhodes et Syracuse possédaient d'importantes flottes navales qui leur permettaient de contrôler de vastes étendues de territoire dans la mer Égée.

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La ville est bien pourvue de bâtiments publics, de gymnases, de stoas, de temples, de théâtres, de tableaux, de statues et d'une agora qui est parfaitement située pour toutes les activités commerciales.
Description de la cité de Chalcis au IIIe siècle avant J.-C. (Anonyme).

Caractéristiques communes

Bien que chaque polis ait sa propre identité et que les institutions et pratiques individuelles diffèrent largement et évoluent même avec le temps, il existe plusieurs caractéristiques communes à la majorité. La majorité de la population d'une polis vivait dans la ville plutôt que d'être répartie dans de petites communautés agricoles sur le territoire environnant et le cœur de la zone urbaine était généralement un espace sacré avec un ou plusieurs temples. À partir du 8e siècle avant J.-C., ces temples étaient presque toujours les bâtiments les plus impressionnants de la polis, mais ils étaient parfois séparés de la zone urbaine proprement dite, peut-être pour profiter de sites naturels plus impressionnants ou parce que ces sites avaient une signification religieuse particulière. À partir du VIIe siècle avant J.-C., la ville était généralement fortifiée par un mur d'enceinte (Sparte étant une exception notable) et l'espace de l'agora avait été créé pour les activités civiques et commerciales. À partir du Ve siècle avant J.-C., de nombreuses poleis présentent des signes d'urbanisme (surtout dans les colonies nouvellement établies), avec des zones spécifiques de la ville désignées pour des fonctions privées, publiques et religieuses. De nombreuses poleis disposaient également d'un espace désigné pour les rassemblements publics, soit à des fins politiques, soit pour le divertissement, par exemple un théâtre et un gymnase.

En pratique, quel qu'ait été le système politique adopté, le pouvoir politique était dominé par quelques familles aristocratiques.

Une idée fondamentale commune à la plupart des poleis était que tous les citoyens masculins avaient (au moins théoriquement) des droits politiques égaux basés sur la propriété des biens. En pratique, quel qu'ait été le système politique adopté - tyrannie, oligarchie ou démocratie - le pouvoir politique était dominé par quelques familles aristocratiques qui détenaient pour elles-mêmes tous les postes importants de la polis, tels que l'appartenance aux conseils d'élite, aux magistères et aux grades militaires supérieurs. En outre, au sein de ces corps de citoyens, il y avait des citoyens plus riches et plus pauvres. Au fil du temps, et surtout après l'introduction de l'argent, la classe la plus riche, dont le statut était autrefois fondé sur la propriété foncière, commença à accumuler des richesses grâce aux investissements et aux prêts qu'elle faisait, ce qui eut pour effet d'accroître la différence entre les riches et les pauvres.

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Une identité unique

Outre les citoyens masculins, les groupes sociaux qui composaient la société grecque comprenaient également des femmes, des enfants, des esclaves, des esclaves affranchis, des ouvriers et des étrangers. Ces derniers pouvaient représenter jusqu'à 90 % de la population totale de la polis et devaient donc être inclus et impliqués dans la polis d'une manière ou d'une autre si celle-ci devait fonctionner comme une communauté cohésive. L'un des moyens d'y parvenir était de créer une identité sociale qui différenciait une polis de toutes les autres. Cette identité était obtenue de diverses manières, comme la création d'un espace commun où les gens pouvaient se mélanger et se rencontrer (l'agora). Un autre moyen était la pratique de festivals et de célébrations spécifiques à la polis à des dates précises de l'année, généralement de nature religieuse, ce qui renforçait également l'idée que la polis avait un fondateur unique (souvent mythique) et une divinité protectrice.

The Parthenon
Le Parthénon
Andrew Griffith (CC BY-NC-SA)

D'autres indicateurs plus pratiques de la polis en tant qu'unité distincte étaient les bornes, les codes de loi écrits, la frappe de monnaie utilisant une imagerie spécifique liée à l'histoire de la polis (par exemple, la chouette sur les pièces athéniennes représentant Athéna, la patronne de la ville), les guerres - où les soldats combattaient un ennemi commun, souvent pour régler des revendications territoriales contestées, et la production de biens distinctifs (par exemple, la poterie corinthienne). L'histoire commune de la communauté ou "mémoire civique" était renforcée et commémorée par des statues publiques de dieux, de dirigeants, de bienfaiteurs et de champions sportifs locaux. Enfin, la polis fondait des colonies à l'étranger, notamment en Grande-Grèce et en Ionie, et devenait une ville "mère". Elle assurait à la fois un transfert symbolique d'identité (par exemple, un feu provenant du foyer de la ville) et un transfert pratique de personnes et de compétences communautaires (par exemple, des potiers et des métallurgistes).

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Le panhellénisme

Bien que les poleis aient été des unités culturelles et politiques uniques, les caractéristiques communes mentionnées ci-dessus et d'autres facteurs tels que la langue et les croyances religieuses plus larges signifient qu'il existe des sentiments de connexion entre les poleis. Les poleis partageant les mêmes idées conclurent souvent des alliances politiques pour se protéger mutuellement, comme la ligue de Délos et la ligue du Péloponnèse. Une attitude hellénique plus large entre les poleis se manifestait dans deux cas particuliers : les guerres contre des ennemis non grecs (par exemple les guerres médiques du Ve siècle avant J.-C.) et les festivals panhelléniques tels que les Jeux olympiques qui se tenaient à Olympie tous les quatre ans. De nombreuses poleis participaient à ces événements et cherchaient à faire connaître leurs succès en érigeant des trophées et des monuments commémoratifs sur des sites tels qu'Olympie et Delphes, où tous les Grecs les verraient pendant des siècles.

À la fin du IVe siècle avant J.-C., Alexandre le Grand et ses successeurs répandirent l'idée de la polis dans tout l'empire macédonien en Asie, où les Grecs réinstallés constituaient l'élite dirigeante et où la population locale devenait des agriculteurs soumis. À l'époque romaine, la polis demeura une unité fonctionnelle, mais elle était subordonnée à un appareil impérial plus large composé de provinces définies par les Romains. Les poleis devinrent donc moins importantes en termes de pouvoir politique indépendant, mais continuèrent à être importantes en tant que pourvoyeuses de fierté civique basée sur de beaux bâtiments publics et la culture des arts et des sciences.

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Questions & Réponses

Qu'est-ce qu'une "Polis grecque" ?

Une polis grecque était une cité-état. Dans l'Antiquité, la Grèce n'était pas un pays unifié mais un ensemble de cités-états indépendantes comme Athènes, Sparte, Corinthe et Thèbes. Bien que la culture ait été la même, chaque cité avait son propre gouvernement et sa propre armée.

D'autres cultures anciennes avaient-elles un système de polis ?

La Grèce est la culture la plus célèbre de l'Antiquité pour ses poleis ou cités-états, mais d'autres cultures fonctionnaient selon ce système de villes indépendantes, notamment les Babyloniens, les Étrusques et les Phéniciens.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2013, juin 06). Polis [Polis]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-12026/polis/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Polis." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juin 06, 2013. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-12026/polis/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Polis." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 06 juin 2013. Web. 24 avril 2024.

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