Philosophie Grecque

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Jerome Couturier
publié le 13 octobre 2020
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Disponible dans ces autres langues: anglais, hindi, espagnol, Turc
The School of Athens by Raphael (by Raphael, Public Domain)
L'École d'Athènes, par Raphaël, Musées du Vatican
Raphael (Public Domain)

La philosophie de la Grèce antique est un système de pensée qui commença à se développer au 6ème siècle av. JC, et qui se concentra sur la Cause Première des phénomènes observables. Avant le développement de ce système par Thalès de Milet (vers 585 av. JC), le monde était compris par les Grecs anciens comme ayant été créé par les dieux.

Sans nier l'existence des dieux, Thalès suggéra que la Cause Première de l'existence était l'eau. Cette suggestion ne suscita aucune accusation d'impiété, car l'eau, en tant que source de vie entourant la terre, était déjà associée avec les dieux dans la religion grecque. Les disciples de Thalès, Anaximandre (vers 610-546 av. JC) et Anaximène (vers 546 av. JC), poursuivirent ses études et ses recherches sur la nature de la réalité, mais suggérèrent des éléments différents comme Cause Première.

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Ces trois hommes ouvrirent la voie de recherche connue comme la philosophie grecque antique. Celle-ci fut développée par les philosophes dits Présocratiques, définis comme ceux qui s'engagèrent dans la spéculation philosophique et dans le développement de différentes écoles de pensée à partir des premiers efforts de Thalès jusqu'à l'époque de Socrate d'Athènes (470/469-399 av. JC). Celui-ci, selon son élève le plus fameux, Platon (424/423-348/347 av. JC), élargit le champ de la philosophie pour traiter non seulement de la Cause Première, mais aussi de l'obligation morale et éthique pour l'individu de s'améliorer pour son propre bien et pour celui de la communauté. L'œuvre de Platon inspira son élève Aristote de Stagire (384-322 av. JC) pour établir sa propre école avec sa vision personnelle, basée sur celle de Platon, mais cependant sensiblement différente.

LA PHILOSOPHIE GRECQUE EST LA FORME SOUS-JACENTE DES SYSTÈMES DE CROYANCE, DES VALEURS CULTURELLES et DES CODES JURIDIQUES AUTOUR DU MONDE CAR ELLE A LARGEMENT CONTRIBUÉ À LEUR DÉVELOPPEMENT.

Aristote deviendrait le précepteur d'Alexandre le Grand (356-323 av. JC), qui, par sa conquête de la Perse, répandit les concepts de la philosophie grecque dans tout l'Orient, depuis les régions de l'actuelle Turquie à travers l'Irak et l'Iran, en passant par la Russie, descendant vers l'Inde et retournant vers l'Égypte. La philosophie grecque devait y influencer le développement de l'école de pensée connue sous le nom de Néo-platonisme, formulée par le philosophe Plotin (vers 202-274 de notre ère), dont la vision de l'Esprit Divin et d'une réalité supérieure infusant le monde observable, développée à partir de celle de Platon, devait influencer celle de l'apôtre Paul (vers 5-64 de notre ère) dans sa compréhension et son interprétation de la mission et de la signification de Jésus-Christ, jetant ainsi les bases du développement du Christianisme.

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Les travaux d'Aristote, qui devaient en venir à influencer le Christianisme autant que ceux de Platon, devaient être également déterminants dans la formulation de la pensée islamique après l'établissement de l'Islam au 7ème siècle, ainsi que dans les concepts théologiques du Judaïsme. De nos jours, la philosophie grecque est la forme sous-jacente des systèmes de croyance, des valeurs culturelles et des codes juridiques autour du monde, car elle a largement contribué à leur développement.

Religion de la Grèce Antique

La religion grecque antique soutenait que le monde observable et tout ce qu'il contient avait été créé par des dieux immortels qui s'intéressaient personnellement à la vie des êtres humains pour les guider et les protéger. En retour, l'humanité remerciait ses bienfaiteurs par les louanges et l’adoration, lesquelles furent finalement institutionnalisées à travers les temples, un clergé, des rituels. L'écrivain grec Hésiode (8ème siècle av. JC) codifia ce système de croyance dans son œuvre, la Théogonie, et le poète grec Homère (8ème siècle av. JC) devait l'illustrer pleinement dans son Iliade et son Odyssée.

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Les êtres humains furent créés, ainsi que toutes les plantes et tous les animaux, par les dieux du Mont Olympe qui régulaient les saisons et étaient considérés comme la Cause Première de l'existence. Des histoires connues aujourd'hui comme la mythologie grecque se développèrent pour expliquer les différents aspects de la vie et la façon dont les dieux devaient être compris et adorés. Dans ce climat culturel, il n'y avait par conséquent aucune motivation intellectuelle ou spirituelle pour rechercher une Cause Première, car celle-ci était déjà bien établie et définie.

The Titan Oceanus
Le Titan Océanos
Mary Harrsch (CC BY-NC-SA)

Origine de la Philosophie Grecque

Thalès de Milet était une aberration culturelle dans la mesure où, au lieu d'accepter la définition théologique de la Cause Première de sa culture, il chercha la sienne dans une réflexion raisonnée sur le monde naturel, en partant de ce qu'il pouvait observer et en remontant jusqu'à ce qui l'avait amené à exister. La question que se posèrent plus tard les philosophes, les historiens et les spécialistes des sciences sociales est de savoir comment il commença son investigation. Les spécialistes contemporains sont loin d'être d'accord sur la réponse à cette question et ils ont en général deux points de vue :

  • Thalès est un penseur original qui développa une nouvelle méthode de recherche.
  • Thalès développa sa philosophie à partir de sources babyloniennes et égyptiennes.

À l'époque de Thalès, l'Égypte avait des relations commerciales bien établies avec les villes de Mésopotamie, dont Babylone bien sûr, et les Mésopotamiens comme les Égyptiens croyaient que l'eau était l'élément sous-jacent à l'existence. Le récit babylonien de la création (tiré de l'Enuma Elish, vers 1750 av. JC pour sa forme écrite) raconte l'histoire de la déesse Tiamat (signifiant mer) et de sa défaite par le dieu Marduk qui créa alors le monde à partir de ses restes. L'histoire égyptienne de la création présente également l'eau comme l'élément primordial du chaos à partir duquel surgit la terre, que le dieu Atoum met sous son contrôle, et où l'ordre s'établit. Ceci résulta finalement en la création des autres dieux, des animaux et des êtres humains.

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Thales of Miletus
Thalès de Milet
Peter Paul Rubens (Copyright)

Il est établi depuis longtemps que la philosophie grecque antique commença dans les colonies grecques d'Ionie, le long de la côte de l'Asie Mineure, puisque les trois premiers philosophes Présocratiques venaient tous de Milet, et que l'École Milésienne était la première école de pensée philosophique grecque. L'explication standard de la manière dont Thalès conçut sa philosophie fut la première théorie citée ci-dessus. La seconde théorie, cependant, est plus logique dans la mesure où aucune école de pensée ne se développe dans le vide et où rien dans la culture grecque du 6ème siècle av. JC ne suggère que la recherche intellectuelle de la cause des phénomènes observables était appréciée ou encouragée.

L'historien George G. M. James note que de nombreux philosophes postérieurs, de Pythagore à Platon, sont connus pour avoir étudié en Égypte et, en partie, pour y avoir développé leur philosophie. Il suggère que Thalès aurait également étudié en Égypte et établi cette pratique comme une tradition que d'autres devaient suivre. Bien que cela puisse certainement être le cas, on ne dispose pas de documentation pour l'étayer avec certitude, alors que l'on sait que Thalès étudia à Babylone. Il fut certainement exposé à la philosophie mésopotamienne, ainsi qu'à la philosophie égyptienne, lors de ses études là-bas, et ce fut très probablement la source de son inspiration.

Les Philosophes Présocratiques

Quelle que soit la manière dont il développa sa vision d'une investigation raisonnée et empirique sur la nature de la réalité, Thalès lança un mouvement intellectuel qui inspira d'autres à faire de même. Ces philosophes sont connus comme Présocratiques parce qu'ils sont antérieurs à Socrate. Selon la formulation du Pr. Forrest E. Baird, les principaux philosophes Présocratiques étaient les suivants :

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  • Thalès de Milet - vers 585 av. JC.
  • Anaximandre - vers 610-546 av. JC.
  • Anaximène - vers 546 av. JC.
  • Pythagore - vers 571-497 av. JC.
  • Xénophane de Colophon - vers 570-478 av. JC.
  • Héraclite - vers 500 av. JC.
  • Parménide d'Élée - vers 485 av. JC.
  • Zénon d'Élée - vers 465 av. JC.
  • Empédocle - vers 484-424 av. JC.
  • Anaxagore - vers 500-428 av. JC.
  • Démocrite - vers 460-370 av. JC.
  • Leucippe - vers 5ème siècle av. JC.
  • Protagoras - vers 485-415 av. JC.
  • Gorgias - vers 427 av. JC.
  • Critias - vers 460-403 av. JC.

Les trois premiers se concentraient sur la Cause Première de l'existence. Thalès affirmait qu'il s'agissait de l'eau, mais Anaximandre rejetait cette idée en faveur du concept supérieur de l'apeiron - "l'illimité, le sans limites, l'infini ou l'indéfini" (Baird, 10) - force créatrice éternelle. Anaximène revendiqua l'air comme Cause Première pour la même raison que Thalès choisit l'eau: il pensait que c'était l'élément qui était le composant le plus fondamental de tous les autres, sous des formes variées.

La définition d'une Cause Première fut rejetée par Pythagore qui déclarait le nombre comme étant la Vérité. Les nombres n'ont ni début ni fin, pas plus que le monde ou l'âme d'un individu. L'âme immortelle de chacun passe par de nombreuses incarnations, acquiert de la sagesse et, bien que Pythagore suggère qu'elle s'unisse finalement à une âme supérieure (Dieu), la façon dont il définit cette âme supérieure n'est pas claire. Xénophane répond à cela avec sa déclaration qu'il n'y a qu'un seul Dieu, qui est Cause Première et aussi gouverneur du monde. Il rejette la vision anthropomorphique des dieux de l'Olympe pour une vision monothéiste de Dieu en tant que pur esprit.

Bust of Pythagoras
Buste de Pythagore
Skies (CC BY-SA)

Son jeune contemporain, Héraclite, rejetait cette vision et remplaçait ‘Dieu’ par ‘Changement’. Pour Héraclite, la vie était un flux - le changement était la définition même de la ‘vie’ - et toutes les choses naissaient et disparaissaient du simple fait de la nature de l'existence.

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Parménide combinait ces deux points de vue dans son École Éléatique, école de pensée qui enseignait le Monisme, c'est-à-dire la croyance que toute la réalité observable est constituée d'une seule substance, incréée et indestructible. La pensée de Parménide fut développée par son élève Zénon d'Élée, qui créa une série de paradoxes logiques prouvant que la pluralité était une illusion des sens et que la réalité était en fait uniforme.

Empédocle combinait les philosophies de son prédécesseur avec la sienne, disant que les quatre éléments étaient nés de la lutte entre des forces naturelles qui s'affrontaient, mais qu'ils étaient soutenus par l'amour, qu'il définissait comme une force créatrice et régénératrice. Anaxagore reprit cette idée et développa son concept du semblable et du non semblable et des ‘semences’. Rien ne peut provenir de ce qui n'est pas semblable et tout est composé de particules (‘semences’) qui constituent cette matière particulière.

Sa théorie des ‘semences’ devait influencer le développement du concept de l'atome par Leucippe et son élève Démocrite, qui, en examinant la ‘semence’ à la base de toutes les choses, affirmèrent que l'univers entier était constitué d'’éléments insécables’ appelés atomos. La théorie atomique inspira Leucippe dans sa théorie du fatalisme en ce sens que, de même que les atomes constituaient le monde observable, leur dissolution et leur reformation dirigeaient le destin d'un individu.

LES SOPHISTES ENSEIGNAIENT LES MOYENS PAR LESQUELS ON POUVAIT "FAIRE APPARAÎTRE LA PIRE CAUSE COMME ÉTANT LA MEILLEURE" DANS N’IMPORTE QUEL DÉBAT.

Les travaux de ces philosophes (et ceux de nombreux autres non mentionnés ici) encouragèrent le développement de la profession de Sophiste - intellectuels très instruits qui, moyennant une rétribution, enseignaient ces diverses philosophies à la jeunesse masculine de la classe supérieure grecque, en partie dans le but d'enseigner l'art de la persuasion pour gagner dans les débats. Les procès étaient courants dans la Grèce antique, notamment à Athènes, et les compétences offertes par les Sophistes étaient très appréciées. De même que les premiers philosophes argumentaient contre ce qui était accepté comme ‘connaissance commune’, les sophistes enseignaient les moyens par lesquels on pouvait "faire apparaître la pire cause comme étant la meilleure" dans n'importe quel débat.

Protagoras, Gorgias et Critias étaient parmi les plus fameux de ces enseignants. Protagoras est surtout connu pour son affirmation selon laquelle "l'homme est la mesure de toutes choses", tout est relatif à l'expérience et à l'interprétation individuelles. Gorgias enseignait que ce que les gens appellent ‘connaissance’ n'est qu'une opinion, et que la connaissance réelle est incompréhensible. Critias, un des premiers disciples de Socrate, est surtout connu pour son argument selon lequel la religion a été créée par des hommes forts et intelligents pour contrôler les faibles et les crédules.

Socrate, Platon et les Écoles Socratiques

Socrate est considéré par certains comme une sorte de Sophiste, mais qui enseignait librement sans attendre de rétribution. Socrate lui-même n'a rien écrit, et tout ce que l'on sait de sa philosophie provient de ses deux élèves Platon et Xénophon (vers 430-354 av. JC) et des formes que sa philosophie prit dans les écoles philosophiques ultérieures fondées par ses autres disciples, comme Antisthène d'Athènes (vers 445-365 av. JC), Aristippe de Cyrène (vers 435-356 av. JC) et d'autres.

Socrate se concentrait sur l'amélioration du caractère individuel, qu'il définissait comme ‘l'âme’, afin de mener une vie vertueuse. Sa vision centrale est résumée dans l'affirmation que lui attribuait Platon, selon laquelle "une vie sans examen ne vaut pas la peine d'être vécue" (Apologie, 38b). Il ne faut donc pas se contenter de répéter ce que l'on a appris des autres, mais plutôt examiner ce que l'on croit - et comment ses croyances influencent son comportement - afin de se connaître vraiment et de se comporter de manière juste. Ses principaux enseignements sont donnés dans quatre des dialogues de Platon, généralement publiés sous le titre Les Derniers Jours de Socrate - Euthyphron, Apologie, Criton et Phédon - qui racontent sa mise en accusation par les Athéniens pour impiété et corruption de la jeunesse, son procès, son séjour en prison et son exécution.

Socrates Bust, British Museum
Buste de Socrate, British Museum
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Les autres dialogues de Platon - qui ont presque tous Socrate comme personnage central - peuvent ou non refléter la pensée réelle de Socrate. Même les contemporains de Platon affirmaient que le ‘Socrate’ qui apparaissait dans ses dialogues ne ressemblait en rien au maître qu'ils avaient connu. Antisthène fonda l'École Cynique, qui mettait l'accent sur la simplicité de vie - sur le comportement en tant que caractère - et le refus de tout luxe comme principe de base, tandis qu'Aristippe fonda l'École Cyrénaïque d'hédonisme, dans laquelle le luxe et le plaisir étaient considérés comme les objectifs les plus élevés auxquels on pouvait aspirer. Ces deux hommes étaient des élèves de Socrate, tout comme Platon, mais leurs philosophies n'ont que peu ou rien en commun avec la sienne.

Quoi que le Socrate historique ait pu enseigner, la philosophie que Platon lui attribue est fondée sur le concept d'un royaume éternel de la Vérité (le Royaume des Formes) dont la réalité observable n'est qu'un reflet. Les concepts de vérité, de bonté, de beauté et autres existent dans ce royaume, et ce que les gens considèrent comme vrai, bon ou beau ne sont que des tentatives de définition, et non les choses elles-mêmes. Platon disait que la compréhension des gens était obscurcie et limitée par l'acceptation du ‘vrai mensonge’ (également connu comme le ‘Mensonge de l'Âme’), qui les amenait à croire de façon fausse aux aspects les plus importants de la vie humaine. Pour se libérer de ce mensonge, il fallait reconnaître l'existence du royaume supérieur et aligner sa compréhension sur celui-ci par la recherche de la sagesse.

Aristote et Plotin

Il se pourrait que Platon ait délibérément attribué ses idées philosophiques personnelles à Socrate pour éviter de subir le même sort que son maître. Socrate fut reconnu coupable d'impiété et exécuté en 399 av. JC, ce qui dispersa ses disciples. Platon lui-même se rendit en Égypte et visita un certain nombre d'endroits avant de revenir à Athènes pour créer son Académie et commencer à rédiger ses dialogues. Parmi ses élèves les plus célèbres de la nouvelle école figurait Aristote, fils de Nicomaque, originaire de Stagire, près de la frontière macédonienne.

Aristote rejetait la Théorie des Formes de Platon et s’attachait à une approche téléologique de la recherche philosophique, dans laquelle les causes premières sont déterminées par l'examen des états finaux. Selon Aristote, on n'essaierait pas de comprendre comment un arbre pousse à partir d'une graine en contemplant sa ‘nature d’arbre’, mais en regardant l'arbre lui-même, en observant comment il pousse, ce qui constitue une graine, quel sol semble le meilleur pour sa croissance. De la même manière, on ne peut pas comprendre l'humanité en considérant ce qu'un humain ‘doit’ être, mais en reconnaissant ce qu'il est, et comment un individu humain pourrait s'améliorer.

Aristotle Bust by Lisippo
Buste d'Aristote, par Lysippe, Musée National, Rome
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Aristote pensait que le but de la vie humaine était le bonheur. Les gens étaient malheureux parce qu'ils confondaient la richesse matérielle, la position ou les relations - qui sont toutes impermanentes - avec la satisfaction intérieure durable, qui se cultivait en développant l'arété (‘excellence personnelle’), ce qui permettait de faire l'expérience de l'eudaimonia (‘être possédé d'un bon esprit’). Une fois l'eudaimonia atteinte, on ne pouvait pas la perdre, et l’on pouvait alors voir clair pour aider les autres à atteindre le même état. Il croyait que la Cause Première était une force qu'il définissait comme le Premier Moteur - qui mettait tout en mouvement - et que, par la suite, les choses en mouvement restaient en mouvement. Les préoccupations relatives à la Cause Première n'étaient pour lui pas aussi importantes que la compréhension du fonctionnement du monde observable et de la meilleure façon d'y vivre.

Aristote devint le précepteur d'Alexandre le Grand, qui devait ensuite diffuser sa philosophie et celle de ses prédécesseurs dans tout le Proche-Orient et jusqu'en Inde. Au même moment, Aristote créait à Athènes sa propre école, le Lycée, et y enseignait. Il étudia pratiquement tous les domaines et toutes les disciplines de la connaissance humaine jusqu'à la fin de sa vie, et fut connu simplement comme ‘le Maître’ par les auteurs postérieurs.

Cependant, tous ces penseurs postérieurs n'adhéraient pas entièrement à sa philosophie, et parmi ceux-ci, Plotin prit le meilleur de l'idéalisme de Platon et de l'approche téléologique d'Aristote et les combina dans la philosophie connue comme le Néoplatonisme, lequel contenait également des éléments des mysticismes indien, égyptien et perse. Dans cette philosophie, il existe une vérité ultime - si grande qu'elle ne peut être comprise par l'esprit humain - qui n'a jamais été créée, ne peut jamais être détruite et ne peut même pas être nommée; Plotin l'a appelée le nous en grec, qui se traduit par Esprit Divin.

Le but de la vie est d'éveiller l'âme à la conscience de l’Esprit Divin et alors de vivre en conséquence. Ce que les gens appellent ‘le mal’ est causé par l'attachement aux choses impermanentes de ce monde et aux illusions dont les gens pensent qu’elles les rendent heureux; le vrai ‘bien’ est la reconnaissance de la nature impermanente et finalement insatisfaisante du monde matériel et la concentration sur l'Esprit Divin d'où provient toute bonté dans la vie.

Conclusion

Plotin répond à la question de Thalès concernant la Cause Première avec la réponse dont celui-ci essayait de s'éloigner, le divin. Comme les dieux de la Grèce antique, le nous était une croyance qui ne pouvait être prouvée; on ne le connaissait que par des phénomènes observables interprétés en fonction de sa croyance. L'insistance de Plotin sur la réalité du nous était encouragée par son insatisfaction face à toute autre réponse. Pour que quoi que ce soit soit vrai dans le monde, il doit y avoir une source pour la Vérité, et si tout est relatif à l'individu, comme le prétendait Protagoras, alors il n'existe pas de Vérité, il n'y a que des opinions. Plotin, comme Platon, rejetait le point de vue de Protagoras et établit l'Esprit Divin comme la source non seulement de la vérité, mais de toute vie et de la conscience elle-même.

Sa pensée néo-platonicienne devait influencer Saint Paul dans son développement de la vision chrétienne. Le Dieu chrétien était compris par Paul dans les mêmes termes que la nous de Plotin, mais comme une divinité individuelle avec un caractère défini plutôt que comme un esprit divin nébuleux. Les œuvres d'Aristote, qui avaient été traduites et étaient mieux connues au Proche-Orient, influencèrent le développement de la théologie islamique, tandis que les savants juifs s’inspiraient de Platon, d'Aristote et de Plotin pour former la leur.

La philosophie de la Grèce antique en vint aussi à influencer les valeurs culturelles autour du globe, non seulement au départ par les conquêtes d'Alexandre le Grand, mais aussi par sa diffusion par des auteurs postérieurs. Les codes juridiques et les concepts séculaires de la morale jusqu'à aujourd’hui sont dérivés de la philosophie des Grecs, et même ceux qui n'ont jamais lu les œuvres d'un seul philosophe de la Grèce antique ont été influencés par elles à des degrés divers. De la recherche initiale de Thalès sur les causes premières à la métaphysique complexe de Plotin, la philosophie de la Grèce antique trouva un public admiratif à la recherche des mêmes réponses aux questions qu'elle posait et, en se répandant, elle fournit les fondements culturels de la civilisation occidentale.

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Questions & Réponses

Quel est le sens de la philosophie ?

Le terme philosophie est un mot grec qui signifie "amour de la sagesse".

Qu'est-ce que la philosophie grecque ?

La philosophie grecque est le terme qui désigne le système de croyances développé par les philosophes grecs de l'Antiquité, de Thalès de Milet à Aristote.

Qui sont les philosophes grecs les plus célèbres ?

Les trois philosophes grecs les plus célèbres sont Socrate, Platon et Aristote.

Pourquoi la philosophie grecque est-elle importante ?

La philosophie grecque est importante pour ses contributions aux systèmes de croyance sous-jacents des codes juridiques, des valeurs culturelles et des religions monothéistes modernes.

Traducteur

Jerome Couturier
Je suis médecin, spécialisé en Génétique. J'aime l'Histoire et l'Antiquité depuis mon plus jeune âge. J'ai toujours eu un interêt pour la recherche dans divers domaines scientifiques, dont l'archéologie.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2020, octobre 13). Philosophie Grecque [Greek Philosophy]. (J. Couturier, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-11892/philosophie-grecque/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Philosophie Grecque." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. modifié le octobre 13, 2020. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-11892/philosophie-grecque/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Philosophie Grecque." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 13 oct. 2020. Web. 19 avril 2024.

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