Lorenzo Ghiberti

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Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 21 septembre 2020
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
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The Story of Joseph by Ghiberti (by Sailko, CC BY)
L'histoire de Joseph par Ghiberti
Sailko (CC BY)

Lorenzo Ghiberti (1378-1455) était un sculpteur et orfèvre italien de la Renaissance dont l'œuvre la plus célèbre sont les portes en bronze doré du baptistère de la cathédrale de Florence. Ces portes, dont la réalisation dura 27 ans, étaient si impressionnantes que Michel-Ange (1475-1564) les qualifia de "Portes du Paradis", un nom qui n'a pas changé depuis. Une autre contribution majeure à l'histoire de l'art est constituée par les Commentaires autobiographiques de Ghiberti, un document inestimable sur le monde de l'art de la Renaissance au milieu du XVe siècle et la plus ancienne autobiographie d'un artiste européen qui ait été conservée.

Influences et techniques

Lorenzo Ghiberti vit le jour à Florence en 1378, sous le nom de Lorenzo di Cione di ser Buonaccorso. Il commença sa carrière comme orfèvre, mais il finit par se faire une réputation à Florence pour sa maîtrise de la sculpture en bronze, un matériau alors coûteux et très apprécié. Ghiberti réalisait lui-même ses moulages (ce qui n'était pas le cas de tous les artistes célèbres) en utilisant la technique directe de la cire perdue, c'est-à-dire en créant un modèle en cire avec un noyau d'argile qui était ensuite recouvert d'argile et cuit afin de faire fondre la cire pour que l'espace laissé puisse ensuite être rempli de bronze fondu. Cependant, la partie du processus où Ghiberti démontra vraiment sa maîtrise du métal était sa capacité à "chasser" ou à finir une pièce coulée, c'est-à-dire à utiliser des limes, des ciseaux et des pierres ponces pour éliminer les imperfections et donner au métal une vie éclatante.

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Vasari: Ghiberti "a fait preuve d'une telle invention, d'un tel ordre, d'une telle manière et d'une telle conception que ses figures semblent bouger et avoir une âme".

Les études de Ghiberti sur l'art d'hier et d'aujourd'hui lui donnèrent l'idée de ce qu'il allait faire de ces techniques artisanales. Le sculpteur étudiait attentivement les œuvres d'art de l'Antiquité et en particulier les préoccupations des artistes classiques concernant l'anatomie et les proportions humaines. Il possédait même une petite collection de pièces antiques. D'autres influences venaient de sculpteurs renommés comme son compatriote florentin Donatello (c. 1386-1466), qui avait été l'assistant de Ghiberti au début de sa carrière. En outre, Ghiberti puisa des idées dans le style gothique international qui prévalait alors, et chez les métallurgistes avec lesquels il était en contact dans le nord de l'Europe, en particulier les artisans allemands.

Portrait of Lorenzo Ghiberti
Portrait de Lorenzo Ghiberti
Sailko (CC BY-SA)

Les portes du Paradis

Le baptistère San Giovanni de Florence est un immense bâtiment octogonal avec un toit pyramidal, qui se trouve en face de la façade principale de la cathédrale de la ville. Construit aux IVe et Ve siècles de notre ère, le baptistère fut remodelé aux XIe et XIIIe siècles et fut doté d'un extérieur caractéristique en marbre vert et blanc. Le baptistère comporte trois portes, et Ghiberti fut chargé de réaliser les portes (qui se trouvent au nord aujourd'hui) qui illustrent des récits du Nouveau Testament. Ghiberti avait battu six autres artistes, dont le sculpteur florentin Filippo Brunelleschi (1377-1446), lors d'un concours organisé en 1401 pour savoir qui réaliserait ces portes. Il fallut plus de 20 ans pour achever ces portes qui, au final, se composaient de 28 panneaux, de 74 minces bordures, de 48 têtes et de trois autres larges bordures extérieures. Les portes sud, quant à elles, furent réalisées par Andrea Pisano et représentent des scènes de Jean-Baptiste et des vertus.

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Mais ce sont les portes orientales qui captivèrent le public. Ces portes furent commandées par l'Arte dei Mercanti en 1425. Les travaux nécessitèrent la création d'un atelier spécialisé et de nombreux artistes renommés de la Renaissance franchirent ses portes au fil des ans. Michelozzo di Bartolomeo (1396-1472), contremaître du projet pendant plusieurs années, est l'un des grands noms de l'art qui influença sans doute les éléments architecturaux de certains panneaux. Les portes ne furent achevées qu'en 1452.

Ghiberti's 'Gates of Paradise', Florence
Les « Portes du paradis » de Ghiberti, Florence
Maksim (CC BY-SA)

Les portes sont composées de cinq panneaux de bronze doré représentant des scènes de l'Ancien Testament. Chaque panneau mesure environ 80 x 80 cm. Autour des panneaux se trouve un cadre qui contient des représentations de personnages célèbres de la Bible et d'artistes contemporains. On y trouve même les têtes de Ghiberti et de son fils Vittorio.

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L'historien de l'art K. W. Woods donne l'explication technique suivante sur la façon dont les panneaux furent coulés:

Ghiberti a coulé certaines figures séparément en utilisant un bronze plus fluide et les a jointes au panneau principal. Tous les reliefs étaient ensuite dorés au feu: la surface du bronze était recouverte d'une pâte d'or broyé mélangée à du mercure et cuite à basse température pour que le mercure brûle, laissant l'or fondu et fusionné avec la surface du bronze sans faire fondre la sculpture. (121)

Les panneaux principaux présentent les éléments suivants:

Porte de gauche, de haut en bas

  • La création d'Adam et d'Ève, leur déchéance et leur expulsion du Paradis.
  • Noé offrant un sacrifice après avoir quitté l'arche et l'ivresse de Noé.
  • Scènes de la vie d'Ésaü et de Jacob.
  • Moïse reçoit les dix commandements sur le mont Sinaï.
  • La bataille contre les Philistins et David tuant Goliath.

Porte de droite, de haut en bas

  • Le travail des premiers hommes et l'histoire de Caïn et Abel.
  • Les anges devant Abraham et le sacrifice d'Isaac.
  • L'histoire de Joseph et de ses frères.
  • Le peuple d'Israël dans le Jourdain et la chute de Jéricho.
  • Salomon rencontre la reine de Saba.

The Angels before Abraham & Sacrifice of Isaac by Ghiberti
Les anges devant Abraham et le sacrifice d'Isaac de Ghiberti
Ricardo André Frantz (CC BY-SA)

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Les panneaux contiennent des figures rendues avec un tel relief qu'elles sont presque entièrement rondes. Chaque panneau est doté d'astucieux dispositifs de perspective, qui donnent l'illusion d'une réelle profondeur dans des scènes assez complexes, avec de multiples zones d'action. Le panneau représentant l'histoire de Joseph (fils de Jacob) est un exemple particulièrement réussi de l'habileté de Ghiberti à rendre la profondeur grâce à la double couche d'éléments architecturaux en retrait derrière la foule des personnages du premier plan. D'autres astuces consistent à diminuer la taille des personnages dans les différentes scènes et à utiliser un relief élevé au premier plan et un relief peu profond à l'arrière. Des effets similaires sont obtenus dans le panneau d'Abraham en utilisant le relief montagneux, les arbres et le raccourcissement des figures (voir en particulier l'âne au premier plan). Comme le nota si bien l'artiste et historien de l'art Giorgio Vasari (1511-1574), Ghiberti "a fait preuve d'une telle invention, d'un tel ordre, d'une telle manière et d'une telle conception que ses figures semblent bouger et avoir une âme" (Woods, 103). Les autorités florentines furent tellement impressionnées par les résultats de leur commande qu'elles firent déplacer la première série de portes de Ghiberti du côté nord afin que les nouvelles puissent prendre la meilleure position face à la cathédrale.

Lorsque le célèbre sculpteur et peintre Michel-Ange vit les portes de Ghiberti, il les décrivit comme dignes des portes du Paradis, et ce nom est utilisé depuis lors. Il existe un autre lien avec le paradis: les Florentins appelaient"paradiso" l'espace situé entre le baptistère et la cathédrale, car cette dernière servait de dernière demeure à d'importants personnages. Les portes de Ghiberti allaient lui permettre d'asseoir sa position parmi les meilleurs artistes de la Renaissance. Pour que la plus grande œuvre du sculpteur survive aux générations futures, les panneaux ont été nettoyés et déplacés au Museo dell'Opera del Duomo à Florence. Des répliques ont été installées sur les portes du baptistère.

Autres œuvres

Au cours de la deuxième décennie du XVe siècle, Ghiberti s'occupa d'autres domaines, notamment de la création d'un trio de statues plus grandes que nature pour l'église d'Orsanmichele à Florence. Il était inhabituel de couler des figures aussi grandes en bronze, et Ghiberti dut accepter d'endosser la responsabilité financière en cas d'échec de ses ambitieux projets. Le Saint Jean-Baptiste (vers 1415) est souvent considéré comme la plus belle de ces figures, bien que son Saint Matthieu (vers 1412 ou peut-être vers 1423) soit captivant par son attitude et son geste, semblable, pourrait-on imaginer, à celui d'un orateur du Sénat romain. Le troisième personnage est Saint Étienne, créé entre 1426 et 1428. Chacune des statues mesure plus de 2,5 mètres de haut. L'attention portée par Ghiberti aux détails de ces figures est visible dans l'utilisation d'incrustations d'argent pour les yeux (qui n'ont été révélées qu'après la restauration), et ce malgré la distance qui sépare le spectateur de la niche située en hauteur dans le mur, où les statues originales étaient placées. Ces figures originales sont aujourd'hui conservées au Musée d'Orsanmichele, tandis que des répliques fidèles se trouvent dans les niches extérieures.

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Un autre projet dans l'emploi du temps chargé de Ghiberti était la construction d'un nouveau tombeau pour le premier évêque de Florence, Saint Zénobe, un travail qui avait commencé en 1409 sous la direction d'autres artistes et qui ne fut achevé qu'en 1428. Très en vogue, Ghiberti fut chargé de concevoir de nouveaux fonts baptismaux pour la cathédrale de Sienne en 1414. Les impressionnants fonts baptismaux et le bassin en marbre reçurent six plaques de bronze en relief pour leur base, et Ghiberti exécuta l'une d'entre elles, une scène montrant le baptême du Christ, achevée en 1427. Donatello réaliserait l'une des autres plaques de l'ensemble, qui mesurent chacune environ 62 x 63 cm (24 x 24 pouces). La rivalité entre les villes de Florence et de Sienne était grande et il n'est donc pas surprenant que les autorités civiles aient tenté de débaucher les artistes les plus renommés des projets en cours dans les villes rivales.

Ghiberti revendiquerait une partie du mérite pour la coupole de la cathédrale de Florence.

En 1418, Ghiberti et Filippo Brunelleschi rivalisèrent à nouveau pour obtenir le droit d'exécuter un important projet public, cette fois la coupole de la cathédrale Santa Maria del Fiore de Florence. Les deux hommes n'avaient qu'une expérience limitée en matière d'architecture, mais ils présentèrent tous deux des dessins et des maquettes en bois. Brunelleschi remporta le concours, mais les institutions florentines insistèrent pour que Ghiberti y participe également. Loin d'être les meilleurs amis du monde depuis le concours des portes du baptistère, on dit que Brunelleschi aurait pris plusieurs jours de congé maladie au début du projet, tout simplement pour prouver que, selon lui, Ghiberti était un architecte incompétent. Ghiberti revendiqua une partie du mérite de la coupole, mais il abandonna le projet en 1425 pour se rendre à Venise, avant que la construction de la partie vraiment difficile n'ait commencé. Par conséquent, c'est finalement à Brunelleschi que revint le mérite de la vertigineuse coupole.

Saint John the Baptist by Ghiberti
Saint Jean-Baptiste de Ghiberti
Samuel Maddox (Public Domain)

L'une des dernières œuvres de Ghiberti pourrait être une sculpture de la Vierge à l'enfant datant de 1450 environ. Réalisée en terre cuite puis peinte, la figure est accompagnée d'une Ève allongée dans la base inférieure. Elle se trouve aujourd'hui au Cleveland Museum of Art, dans l'Ohio, aux États-Unis. Cette sculpture est intéressante en tant qu'exemple de la façon dont une pose peut être répétée dans plusieurs œuvres différentes. Dans le cas présent, il existe une quarantaine d'exemples conservés. Un atelier comme celui de Ghiberti aurait produit de telles poses-modèles pour que d'autres artistes et assistants puissent les copier sur différents supports. L'œuvre est également intéressante car sa base solide suggère qu'elle était destinée à être posée sur un meuble et qu'il s'agit donc d'un exemple d'art destiné à un usage privé.

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Les commentaires

Vers 1450, Ghiberti rédigea ses Commentaires (Commentarii), qui constituent la première autobiographie d'un artiste européen. Jamais auparavant un artiste n'avait été le sujet d'un genre jusqu'alors réservé aux souverains et aux saints. C'est un signe des temps: les artistes n'étaient plus considérés comme de simples artisans, leur travail comportait une dimension intellectuelle évidente, puisqu'ils étudiaient le passé et se penchaient sur des théories telles que la perspective mathématique. De plus, l'art devenait un élément essentiel et important dans la façon dont une ville ou un État se voyait. Plus qu'une simple biographie, l'ouvrage couvre la vie et l'œuvre de nombreux autres artistes, de l'Antiquité aux contemporains de Ghiberti, et constitue donc un document historique inestimable sur le passé et le début de la Renaissance. Dans cette œuvre, Ghiberti déplore la destruction de l'art de la Rome et de la Grèce antiques par l'Église chrétienne, mais se réjouit du regain d'intérêt pour l'Antiquité et du rajeunissement de l'art en général, amorcé par des peintres comme Giotto (1267 ou 1277-1337). Lorenzo Ghiberti mourut à Florence en 1455; on peut se demander s'il finit oui ou non par se rendre au Paradis et ce qu'il aurait alors pensé de la porte d'entrée.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2020, septembre 21). Lorenzo Ghiberti [Lorenzo Ghiberti]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-19116/lorenzo-ghiberti/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Lorenzo Ghiberti." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 21, 2020. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-19116/lorenzo-ghiberti/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Lorenzo Ghiberti." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 21 sept. 2020. Web. 11 déc. 2024.

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