Huns Blancs

Définition

Muhammad Bin Naveed
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 22 juin 2015
Disponible dans ces autres langues: anglais
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White Hun (Huna) Empire (by John Huntington, CC BY-NC-SA)
Empire des Huns blancs
John Huntington (CC BY-NC-SA)

Les Huns blancs étaient un peuple essentiellement nomade qui faisait partie des tribus hunniques d'Asie centrale. Ils régnaient sur une vaste région s'étendant des terres d'Asie centrale jusqu'au sous-continent indien occidental. Bien qu'il se soit agi d'une tribu essentiellement nomade, ils adoptèrent néanmoins le mode de vie des pays conquis, tout en conservant leur nature guerrière. Leur règne commença au Ve siècle de notre ère, mais ils restèrent dans la région pendant une longue période après la chute de leur royaume et s'intégrèrent si bien à la culture indienne que leurs pratiques et leurs traditions y prirent une place à part entière.

Origine des Huns blancs

On ne peut dire avec certitude à quel groupe ethnique ou racial appartenaient les Huns blancs, mais on peut émettre certaines hypothèses à leur sujet. En ce qui concerne leurs origines physiques, Litvinsky, dans son livre History of civilisations of Central Asia, mentionne des sources chinoises qui les identifient soit aux Ch'e-shih de Tourfan (aujourd'hui dans la région ouïgoure de la Chine), soit aux K'ang Chu ou Kangju du sud du Kazakhstan ou encore aux tribus Yuezhi, très répandues en Chine centrale. Ces Yuezhi furent chassés des territoires chinois qu'ils occupaient par une autre bande de tribus connue sous le nom de Hsiung Nu. L'une de ces tribus Yue zhi était les Huns blancs ou Hephthalites.

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Selon Richard Heli, les chroniqueurs chinois affirment qu'ils étaient connus sous le nom de Ye-ti-li-do, ou Yeda, mais ils sont également connus sous le nom de peuple de Hua par les mêmes chroniqueurs. Ces sources font apparaître une ambiguïté qui pourrait indiquer que quelque chose s'est perdu dans la traduction du terme Hua, qui se serait transformé en Hun et fut associé aux tribus hunniques.

Le chercheur japonais Kazuo Enoki a écarté les théories fondées uniquement sur la similitude des noms, car les variations linguistiques sont si nombreuses qu'il est impossible d'affirmer avec certitude qu'un nom particulier n'a pas perdu quelque chose dans sa traduction. Son approche pour comprendre les origines des Hephthalites est de voir là où elles n'étaient pas en évidence plutôt que là où elles l'étaient. Cette approche lui a permis d'affirmer que leurs origines pourraient provenir du Hsi-mo-ta-lo au sud-ouest de Badakshan près de l'Hindukush, un nom qui signifie snowplain ou Himtala à l'époque moderne et qui pourrait être la forme sanskritisée d'Hephthal.

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Un rouleau daté de 492-93 de notre ère mentionne qu'ils étaient bouddhistes et qu'ils portaient des noms iraniens.

Les travaux du professeur Paul Harrison de l'université de Stanford, qui a déchiffré un rouleau de cuivre provenant d'Afghanistan en 2007, sont dignes d'intérêt. Le rouleau est daté de 492-93 de notre ère et date de la période des Hephthalites. Il mentionne apparemment qu'ils étaient bouddhistes et qu'ils portaient des noms iraniens. Il contient une douzaine de noms, dont celui de leur suzerain ou roi. En ce qui concerne leur nom général, ils étaient connus sous différents noms: Sveta Hunas ou Khidaritas en sanskrit, Ephtalites ou Hephthalites en grec, Haitals en arménien, Heaitels en arabe et en persan, Abdeles par l'historien byzantin Théophylacte Simocatta, tandis que les Chinois les nomment Ye-ta-li-to, d'après leur premier grand souverain Ye-tha ou Hephtal.

La diversité des noms montre qu'il existe une ambiguïté quant à l'identité spécifique de cette race et qu'historiquement, elle n'a pas d'origine précise qui la différencie des diverses autres tribus qui existaient dans cette région à la même époque et qui étaient pour la plupart d'origine nomade. L'écrivain chinois Wei Chieh a déclaré que malgré ces affirmations, nous ne pouvons pas être certains de leur authenticité, car les informations proviennent de pays lointains et sont rédigées dans des langues qui ont perdu beaucoup de leur sens dans la traduction, de sorte qu'il est impossible de trouver les origines des Hephthalites dans ces récits.

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Une définition intéressante de leurs origines a également été proposée. Jusqu'à présent, on considérait qu'ils étaient appelés les chasseurs "blancs" en raison de la couleur de leur peau. Ce n'est apparemment pas le cas, car les différentes tribus hunniques s'étaient depuis longtemps divisées en quatre groupes le long des points cardinaux, chacun ayant une couleur spécifique. Les Huns du Nord sont ainsi devenus les Huns "noirs", les Huns "blancs" étaient les tribus de l'Ouest, les Huns "verts" ou "bleus" étaient ceux du Sud et les Huns "rouges" occupaient les territoires de l'Est. Ainsi, bien que les Huns soient identifiés comme ayant la peau claire, leur nom n'a pas grand-chose à voir avec leur apparence physique, mais plutôt avec les méthodes qu'ils avaient eux-mêmes élaborées pour identifier leur tribu.

Territoire et coutumes

Procope de Césarée (VIe siècle) est cité à plusieurs reprises dans des publications comme donnant les premières descriptions physiques de ce peuple et de sa société dans les termes suivants:

"Les Ephthalitae sont de la souche des Huns, de fait comme de nom; cependant, ils ne se mêlent à aucun des Huns que nous connaissons, car ils occupent un territoire qui n'est ni contigu ni même très proche d'eux; mais leur territoire se trouve immédiatement au nord de la Perse; en effet, leur ville, appelée Gorgo, est située juste à côté de la frontière perse, et est par conséquent le centre de fréquentes disputes concernant les lignes de démarcation entre les deux peuples. En effet, ils ne sont pas nomades comme les autres peuples hunniques, mais ils sont établis depuis longtemps sur une terre fertile. De ce fait, ils n'ont jamais fait d'incursion sur le territoire romain, si ce n'est en compagnie de l'armée mède. Ils sont les seuls parmi les Huns à avoir un corps blanc et un visage qui ne soit pas laid. Il est vrai aussi que leur manière de vivre n'est pas la même que celle de leurs cousins, et qu'ils ne mènent pas une vie sauvage comme eux; mais ils sont gouvernés par un seul roi, et comme ils possèdent une constitution légale, ils observent le droit et la justice dans leurs rapports entre eux et avec leurs voisins, au même titre que les Romains et les Perses."

- Procope de Césarée (Livre I. ch. 3),

Ils reconnaissaient un seul roi, n'étaient pas divisés en tribus, disposaient d'une constitution appropriée pour la gestion quotidienne et étaient considérés comme justes et équitables par leurs voisins. Leur système funéraire était également différent de celui des Huns européens et chionites bien connus, puisqu'ils enterraient leurs chefs dans des monticules de terre et de pierre avec les compagnons qui les avaient servis dans leur vie, ce qui témoigne d'une culture funéraire différente et peut-être de croyances religieuses différentes.

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White Hun or Hephthalite Coin
Pièce avec Hun blanc (Hephthalite)
PHGCOM (CC BY)

Début des invasions des Huns blancs en Inde

Les Huns blancs apparurent dans la région de la Transoxiane à la fin du IIIe siècle de notre ère et, au début du IVe siècle, ils occupaient les régions du Tokharistan et de la Bactriane (nord de l'Afghanistan). Ce groupe de personnes était extrêmement guerrier et, dès son apparition, il conquit rapidement les territoires situés au sud de ses terres d'origine.

La plupart des chercheurs pensent que les Huns blancs auraient également été rejoints et renforcés par les Chionites en Transoxiane, car ces deux tribus étaient apparentées. D'autres chercheurs encore pensent que ces Huns blancs étaient des descendants de la dynastie Kouchane, puisqu'ils s'appelaient eux-mêmes "Shahan-Shahis", comme le faisaient les Kouchanes, sur les pièces de monnaie retrouvées de l'époque. En fait, dans la plupart des sources indiennes, aucune distinction n'est faite entre les Kouchanes, les Kidarites et les Huns en général, si bien que la confusion demeure quant à savoir à qui exactement les sources anciennes, telles que les Puranas, faisaient référence lorsqu'elles parlaient des "Hunas".

Quoi qu'il en soit, ce que nous savons, c'est que la période au cours de laquelle les Hephthalites auraient guerroyé pour le contrôle de cette région était une période de tumulte général dans le sous-continent et les régions adjacentes. À cette époque, les Sassanides étaient simultanément en guerre contre les Kouchanes (ou Saces, Kidarites ou Hephthalites, leur identité étant décrite différemment selon les sources), eux-mêmes occupés par des problèmes internes, sans compter qu'ils essayaient de conserver des territoires à l'est qui leur étaient alors disputés par les Guptas.

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Les Guptas finirent par s'opposer de manière décisive aux Kidarites et les vainquirent, les renvoyant dans leurs fiefs du Pendjab vers 460 avant notre ère. C'est alors que le pouvoir des Kidarites fut usurpé par les nouveaux Hephthalites, une autre tribu issue de la même souche qu'eux, qui s'efforça néanmoins d'établir sa domination sur les territoires occupés auparavant par ses rivaux.

C'est vers 470 de notre ère que les raids des Huns blancs en Inde auraient commencé ou du moins atteint un point culminant, à la mort du roi gupta Skandagupta. Le Tegin (ou gouverneur) Khingila aurait mené ces raids en Inde, prenant le Gandhara aux Kidarites en 475 de notre ère. Ils descendirent ensuite de la vallée de Kaboul vers le Pendjab, pillant villes et villages jusqu'à ce qu'ils n'atteignent le siège du pouvoir gupta à Pataliputra.

Les souverains des Huns blancs

Avant de détailler les souverains de l'empire indien des Huns blancs, il convient de distinguer leur rôle exact. Le premier roi des Huns blancs en Inde est connu sous le nom de Tunjina ou Khingila. Cependant, ce nom est accompagné du titre de "Tegin". Ce titre désigne un gouverneur ou un chef de guerre. Il existe cependant un titre totalement différent, celui de Kagan, qui est donné au seigneur des Huns blancs, dont le siège se trouverait près de Boukhara. Les preuves suggèrent que les Huns Blancs qui arrivèrent en Inde étaient, bien que de la même lignée, différents en termes de dynastie dirigeante et qu'ils établirent un royaume indépendant en Inde qui travaillait en tandem avec les territoires plus vastes d'Asie centrale. Ainsi, les Huns blancs peuvent être divisés entre les Hunas de l'Inde et les Hephthalites de l'Asie centrale. Bien qu'ils aient conservé des pouvoirs distincts, ils étaient néanmoins en contact et en alliance, s'aidant mutuellement sur le plan militaire en cas de besoin.

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Liste des souverains

Les souverains dont il est question ici sont ceux de l'Indo-Hunas, car ils sont les plus étroitement liés à notre sujet principal, la région du Gandhara. Différentes lignées sont indiquées, mais la plupart des spécialistes semblent s'accorder sur la chronologie suivante:

  1. Tunjina (Khingila); le premier à lancer les invasions indiennes. 455-484 de notre ère
  2. Toramana; Fils de Tunjina. 484-515
  3. Mihirakula; fils de Toramana. 515-533
  4. Pravarasena; Le plus jeune demi-frère de Mihirakula. 537-597
  5. Gokarna; Fils de Pravarasena
  6. Khinkhila; Fils de Gokarna. 600 et 633
  7. Yudhishthira/Judhishthira; Fils de Khinkhila. De 633 à 657
  8. Lakhana; Fils de Yudhishthira. 657 À 670

À l'époque de Lakhana, les Huns blancs se retirèrent à Ghazni en passant par la vallée de Peshawar. Ahmad Hasan Dani aurait nommé Yudhishthira comme le dernier roi pour cette raison, car à l'époque de Lakhana, les Hunas avaient été mis en déroute en tant qu'empire. C'est à cette époque que l'on considère que le règne des Hephthalites en Inde aurait pris fin après près de 20 ans de combats.

Le dernier roi hunnique des tribus indo-hunas est connu sous le nom de Purvaditya, qui régna vers 670. Il convient de préciser que ces rois ont vécu bien plus tard et qu'ils ne régnaient probablement que sur une très petite région par rapport à leurs prédécesseurs.

Ces régions, appelées Hun "Mandalas" ou centres, existèrent pendant longtemps, même après l'effondrement de l'empire principal. Le Malwa, le Madhya Pradesh, le Rajasthan et le Gujrat oriental sont des centres hunas connus en Inde.

Le pilier Garuda mentionne la défaite des Hunas par le roi pour lequel il fut érigé. Il est daté de 850, ce qui prouve l'existence continue des descendants des Huns blancs dans la région. L'inscription d'Atpru, datée de 977, qui mentionne le mariage du souverain de Medapatta avec la fille d'un roi Hun Mandala, est encore plus tardive.

De nombreuses autres preuves attestent de l'ampleur de la propagation des Huns en Inde et, de plus, ils seraient les ancêtres de nombreuses tribus locales de la région, telles que les Rajputs, les Gujars et les Jats, ainsi que les Abdalis, les Karluks et les Khalachs d'Afghanistan et d'Asie centrale.

Il s'agissait d'une coutume assez répandue en Inde à l'époque, où les conquérants s'assimilaient progressivement à la population autochtone et s'intégraient au peuple, parfois même en se convertissant eux-mêmes en castes, comme ce fut le cas pour les Gujars qui devinrent des "bergers royaux" de la caste des Kashatrya et les Jats qui devinrent de courageux combattants et donnèrent plus tard naissance à un autre groupe de guerriers, les Sikhs. Les Rajputs eux-mêmes ont conservé leurs capacités guerrières et ont été initiés plus tard à la religion hindoue en tant que caste. Aradi affirme, par le biais de diverses références, que cela est dû au fait que la caste des brahmanes aurait vu l'utilité d'intégrer ce peuple redoutable dans le giron de l'hindouisme et les aurait donc initiés par le biais d'une cérémonie spéciale au VIIe siècle. Leurs racines sont encore évidentes dans leur musique et leur passé guerrier.

Principaux souverains de l'empire indo-huna

Bien qu'il y ait de nombreux souverains dans la longue ligne de succession des Hephthalites, seuls les plus importants sont évoqués, ceux qui dirigeaient l'empire le plus vaste et le plus puissant au début, plutôt que de petites principautés ou des cités-états comme ce fut le cas par la suite.

Toramana

La première mention de Toramana provient de la région de Madhya Pardesh en Inde où une inscription le proclame Maharajadhiraja (le roi des rois). Une autre inscription sur le pilier principal de Kura, dans la petite ville de Kura au Pendjab (Pakistan), mentionne également "Maharajadhiraja Shri Toramana", ce qui montre qu'il aurait régné au moins du centre de l'Inde jusqu'au Pendjab au cours du Ve siècle, époque à laquelle ces inscriptions ont été datées. La troisième mention provient de l'inscription de Gwalior, mais elle a été faite sous le règne de son héritier, Mihirakula. L'inscription indique également la date exacte à laquelle elle fut réalisée, à savoir la 15e année du règne de Mihirakula, ce qui signifie que Toramana aurait régné de 484 à 515. Cette inscription mentionne même la religion du père et du fils, qui font partie de la secte shivaïte de l'hindouisme.

Il existe également des preuves numismatiques concernant le règne de Toramana et l'étendue de son royaume, qui montrent que celui-ci s'étendait de la Bactriane à l'Iran oriental et jusqu'à la moitié des terres du sous-continent indien. Son règne fut suffisamment important pour que des pièces de monnaie de son époque soient encore utilisées au XVIIIe siècle dans les bazars du Cachemire. Bien que certaines preuves numismatiques indiquent que la religion originelle des Hephthalites était le culte du soleil, ils avaient adopté les pratiques shivaïtes lorsqu'ils s'établirent au Gandhara, montrant ainsi leur capacité à se conformer ou à s'adapter aux conditions existantes plutôt qu'à être rigides dans leurs idéologies.

En termes de force physique, Toramana n'avait rien à envier à Atilla le Hun, bien connu en tant que fléau de l'Europe à la même époque, car il établit les Huns dans un État viable et en tant que puissante dynastie, avec un territoire s'étendant de l'Asie centrale à l'Inde centrale. Il réorganisa les différentes tribus disparates en un ensemble cohérent avec une armée et un système gouvernemental bien structurés, disposant de deux sièges de pouvoir: l'un dans le nord à Kaboul et Purushapura et l'autre dans le sud de l'Inde à Malwa (aujourd'hui Rajasthan et Madhya Pradesh). C'est grâce à son système de gouvernance et de gouvernement très structuré que les gens l'acceptèrent, car il était très conciliant avec les peuples conquis et n'était pas inutilement oppressif ou injuste. Cela lui permit de régner sur un vaste territoire et donna aux Huns blancs et aux tribus qui les rejoinirent le statut de nation pendant près d'un siècle.

Mihirakula

Bien qu'il soit considéré comme un grand souverain en termes de conquêtes militaires pour l'empire Hephthalite, Mihirakula n'est pas aussi bien considéré que son père. On le décrit comme un souverain dur et cruel qui n'était pas du tout aimé par ses sujets. Il est considéré comme la raison pour laquelle le nom Huna était craint et finit par être combattu dans le sous-continent par les dirigeants locaux. Il est mentionné avec son père dans l'inscription de Gwalior de 530 et seulement trois ans plus tard dans l'inscription de Mandasor de 533, qui relate sa défaite face au prince tribal Yasodharman, ce qui montre le déclin rapide de son pouvoir.

D'autres preuves de son règne se trouvent dans les pièces de monnaie, trouvées dans toute la Bactriane, le Cachemire et certaines parties de l'Inde, qui montrent à différentes époques des images du dieu Soleil, Ahura Mazda des Zoroastriens ou le trident de Shiva, montrant que bien que le souverain soit le même, les régions sous le contrôle des Hephtalites avaient leurs propres religions dominantes, malgré l'inclination des souverains pour l'une ou l'autre des religions. La mention que fait de lui le pèlerin chinois Sun Yung, qui vint au Cachemire alors qu'il y régnait, le fait passer pour un souverain très cruel et arrogant, car il n'avait pas rendu le respect dû à l'empereur chinois en se levant lorsque sa lettre fut lue, mais aurait au contraire déclaré "pourquoi devrais-je rendre hommage à un morceau de papier?".

Bien que connu en tant que grand guerrier et chef militaire, il était également considéré comme un dirigeant fanatique qui souhaitait garder le contrôle par tous les moyens. Un missionnaire grec, Cosmas Indicopleustès, qui se rendit en Inde en 530, écrivit sur sa puissance militaire, décrivant 2000 éléphants et une importante cavalerie. Il parle des rançons (ou tributs) prélevées sur les territoires qui ne sont pas sous le commandement de Mihirakula. Son nom est écrit Gollas, ce qui indique une prononciation différente de la deuxième partie de son nom, "kula" ou "gula".

La chronique historique du Cachemire, le Rajatanagini, témoigne de sa cruauté et décrit comment il aurait persécuté les bouddhistes et suivi strictement l'hindouisme shivaïte. Il fit même construire un temple pour le culte de Shiva alors qu'il résidait au Cachemire. Ses troupes auraient détruit 1400 monastères dans le centre du Gandhara, au Cachemire et dans le nord-ouest du sous-continent, les régions où son autorité était la plus solide. Les régions plus éloignées, telles que Mardan et Swat, furent épargnées car elles n'étaient pas facilement accessibles et bénéficièrent donc d'un certain degré d'autonomie. Curieusement, avant de se tourner vers les persécutions, il s'intéressait à la religion.

Après sa défaite en 533 face à Yasodharman à l'ouest, Mihirakula tenta de consolider son pouvoir à l'est de son empire, autour de Patna, mais fut vaincu par le roi Baladitya, qui, étant bouddhiste, ne tua pas Mihirakula, qui se retira alors au Cachemire. Il finit par monter sur le trône du Cachemire par la ruse et la tromperie, mais ne réussit pas à garder le pouvoir trop longtemps, mourant de maladie en 533. Alors qu'il se trouvait au Cachemire, il reforma ses forces et attaqua à nouveau la région du Gandhara, tuant toute la famille royale et brûlant les temples et les stupas bouddhistes. Il massacra également la moitié des habitants de confession bouddhiste.

Pravarsena

Fils cadet de Toramana et d'une autre épouse, il était farouchement opposé à son demi-frère Mihirakula, raison pour laquelle il fut caché après la mort de Toramana et resta dans le nord de l'Inde en tant que pèlerin jusqu'à la mort de son frère. Il monta ensuite sur le trône du Cachemire en 533 ou 537, à l'âge de 25 ans. On sait qu'il régna pendant 60 ans, jusqu'en 597, et qu'il était considéré comme un allié fort et loyal, accepté par ses sujets, contrairement à son prédécesseur. On considère également qu'il fonda Srinagar au Cachemire et qu'il éleva un temple près de la ville pour le culte de Shiva.

C'est sous le règne de Pravarsena que l'on trouve des preuves de l'utilisation du mot "cerf" en référence aux Huns, un symbole utilisé tout au long de l'histoire et mentionné par un poète de la cour. En outre, grâce aux preuves numismatiques, nous savons que les fiefs des Hephthalites étaient les mêmes qu'auparavant, à savoir le Cachemire, le nord-ouest du Pendjab, le sud de la Bactriane et le Gandhara. Sur ces pièces de monnaie, on trouve également le qualificatif honorifique "Kidara" avec le nom du roi dans des endroits tels que le Cachemire, ce qui montre que les Huns blancs essayaient de prouver leurs anciennes racines kouchanes afin d'asseoir leur domination.

Société et culture

Mode de vie

D'abord nomades, se déplaçant de pâturage en pâturage et entre climats froids et chauds, les Hephtalites finirent par s'installér dans diverses villes après avoir établi leur domination sur le sous-continent et l'Asie centrale. Les premiers récits de pèlerins chinois décrivent leur mode de vie nomade, racontant comment ils déplaçaient des populations entières vers de nouvelles régions avec le roi et toute sa cour, mais les écrits ultérieurs indiquent qu'ils s'étaient installés dans des villes bien défendues et peuplées dans toutes les régions conquises. Il existait également une différence de classe marquée entre l'élite et les gens du peuple, l'élite jouissant évidemment des meilleurs produits et du luxe et les gens du peuple étant relégués à des tâches subalternes, comme dans n'importe quelle autre société.

Pratiques religieuses

Des pèlerins chinois, notamment Sung Yun, témoignent de la religion des Hephthalites, en particulier au Gandhara, comme étant le culte du feu, bien que dans l'ensemble on ait dit qu'ils suivaient des dieux païens, étrangers ou démoniaques. L'idée du culte du feu ou du soleil, bien qu'elle ne soit pas inhabituelle à cette époque de l'histoire, nous permet de relier les Hephthalites à une origine iranienne, c'est-à-dire aux débuts de la religion zoroastrienne, ce qui donne encore plus de crédit aux idées d'Enoki selon lesquelles les Huns blancs seraient d'origine iranienne et pas du tout des Huns (Heli, 2007) et aussi qu'ils furent intégrés plus tard dans l'hindouisme.

Les coutumes funéraires auraient été similaires à celles d'autres tribus hunniques ou mongoloïdes, avec un cairn de pierre élevé pour abriter la tombe et une fosse pour contenir le cercueil, qui était parfois en bois. Des biens étaient également déposés dans la tombe avec le défunt, notamment ceux qu'il avait utilisés de son vivant. Les Huns blancs d'Asie centrale enterraient également des esclaves ou des amis proches du défunt dans la tombe. À la mort d'un parent, l'enfant se coupait une oreille. Ces sépultures sont en contradiction avec le zoroastrisme, où les cadavres sont laissés à l'air libre, mais il pourrait s'agir d'une branche dissoute de tribus iraniennes ayant adopté des coutumes locales d'Asie centrale. Leurs pratiques funéraires les mettent également en contradiction avec les idées d'origine turque.

La polyandrie est un aspect bien documenté de leur mode de vie: une femme était mariée à plusieurs frères, l'aîné étant censé être le père de tous les enfants qu'elle pouvait avoir. Les coiffes étaient ornées de cornes, dont le nombre indiquait le nombre de maris de la femme qui les portait.

À cette époque, le bouddhisme aurait connu à peu près le même modèle de développement qu'auparavant, mais peu à peu, les souverains héphtalites commencèrent à le discriminer, peut-être en raison de l'augmentation d'autres religions parmi leurs sujets, qui menaçaient de vaincre leurs idéologies. C'est peut-être aussi la raison pour laquelle ils essayèrent d'abord d'intégrer les populations sur le plan religieux en frappant diverses pièces de monnaie, mais s'opposèrent ensuite totalement au bouddhisme et peut-être même à d'autres religions comme le manichéisme et le christianisme, qui venait d'arriver. Toutefois, leur tolérance et leur adhésion continue au bouddhisme se manifestent jusqu'au VIe siècle et ne commencent à décliner qu'après l'éviction des Hephthalites du pouvoir dans le sous-continent, ce qui montre que ce sont les dynasties hindoues suivantes qui furent la véritable raison du déclin ultérieur du bouddhisme.

Tous les textes soulignent que la région du Gandhara était considérée comme une plaque tournante de toutes les religions de la région et qu'elle était extrêmement tolérante par nature. Les Hindous, les Zoroastriens, les Perses adeptes de Mithra et les Ardoksho auraient tous co-existé dans cette région et auraient été acceptés initialement par les Huns blancs, ce qui, comme nous l'avons déjà mentionné, est évident dans leurs pièces de monnaie et leurs inscriptions.

En ce qui concerne le bouddhisme (dont l'essor dépendait des moines itinérants et des revenus du commerce, ainsi que de la docilité des souverains), l'Inde connut également une recrudescence des enseignements de l'hindouisme puranique sous le règne des Guptas. Ces enseignements s'articulaient autour de la résurgence des enseignements hindous fondés sur les Puranas nouvellement composés. C'est à cette époque, par le biais des lois écrites de l'hindouisme (qui n'existaient pas avant cette période), que les classes dirigeantes cherchèrent à établir leur domination incontestée sur le sous-continent. Cette division brutale de l'ordre social allait à l'encontre de l'ensemble des philosophies bouddhistes et jaïns et, associée à une vague de conquêtes par les Guptas fondées sur les philosophies religieuses d'un empire pan-indien, elle conduisit à un rejet général des autres religions, soutenu par l'État. Au cours de la période pré-Gupta, d'autres religions comme le jaïnisme et le bouddhisme se seraient développées plus pleinement car elles n'étaient pas menacées par une philosophie religieuse qui cherchait à s'implanter dans la région.

La langue

De nombreuses théories ont été proposées quant à la langue des Hephtalites, mais aucune preuve concluante n'a été trouvée. Le turc et divers indo-iraniens sont des langues proposées, mais il y a suffisamment de preuves pour nous dire que les différentes régions contrôlées par les Hephthalites étaient sous l'influence de différentes langues telles que le bactrien, le pahlavi, le sogdien, entre autres, ainsi que de nombreuses écritures telles que le bactrien, le kharoshti, le brahmi et le pahlavi.

Ce que l'on peut dire avec certitude, c'est que la langue bactriane était la langue officielle des Hephthalites, qui était elle-même un développement de l'écriture grecque. Cette écriture est considérée comme très difficile à lire, et seuls quelques exemples ont été trouvés, qui ne sont pas représentatifs des grandes quantités de documents dont Hsuan-Tsang, le pèlerin chinois, a parlé. En outre, la chronique chinoise Pei-shih affirme que "leur langue diffère de celle des Juan-Juan (mongoloïdes), des Kao-che et de divers Hu (tribus turques)" (Silk Road Foundation), et Wei Shu (Book of Wei) présente un récit similaire. La langue "Hu" fait référence à celle des peuples iranophones d'Asie centrale, que les Chinois appelaient Hu. D'après les récits ultérieurs du pèlerin chinois Xuang Zang, nous pouvons comprendre que leur langue était d'origine bactrienne avec une base grecque et qu'elle était encore utilisée au 8e siècle de notre ère.

Villes et villages

Bien que moins nombreux que les établissements ruraux, les centres urbains des Hephtalites étaient néanmoins très importants pour l'administration et le commerce. Les villes étaient construites en deux parties: une citadelle et une ville urbaine, toutes deux hautement fortifiées et construites avec des briques crues et de l'argile battue. Ce sont les pèlerins chinois, principalement Hsuan-Tsung, qui nous en donnent l'idée la plus claire. Il écrit que la plus grande ville connue est celle de Balkh, qui aurait eu de fortes fortifications mais une population peu nombreuse. Elle comptait 100 monastères abritant 3 000 moines, ainsi qu'un grand monastère à l'extérieur de la ville.

Termez est un autre centre décrit par Hsuan-Tsung, de la même taille que Balkh, soit environ 70 ha. Il comptait 10 monastères et environ 1000 moines, une ville centrale et un faubourg entouré d'une muraille avec une possible citadelle.

Conclusion

L'ensemble des recherches étudiées nous permet de constater que les Huns blancs sont en fait un peuple très difficile à cerner. En effet, leurs origines, leur religion, leurs coutumes, leurs noms, leurs affiliations tribales, etc. sont tous contestés ou avaient fusionné si étroitement avec ceux d'autres groupes similaires qu'il n'est pas facile de tracer une frontière nette qui nous permette de dire avec certitude qu'il s'agit d'un peuple entièrement hun blanc. À cela s'ajoute la capacité évidente de ces peuples à s'intégrer pleinement dans les régions conquises, ce qui brouille encore davantage les lignes de démarcation entre les dirigeants et les dirigés et ne nous fournit que des références isolées à leur sujet. Le problème important des sources qui les regroupent avec d'autres hordes nomades ou les distinguent complètement rend également difficile la détermination des limites que ce groupe occupait.

Quoi qu'il en soit, qui qu'ils aient été, de nombreux éléments nous indiquent que leur influence dans cette région fut rapide et brutale, et peut-être pas dans le sens négatif du terme. Elle fut brutale dans la mesure où, en très peu de temps, ils réussirent à s'infiltrer très profondément dans le sous-continent indien, adoptant des religions, des coutumes, des villes et même des États pour s'y installer. Ils renoncèrent à leur vie nomade antérieure et s'intégrèrent peu à peu au tissu social indien, à tel point qu'aujourd'hui encore, des villes portant leur nom existent sous la forme de Hunavasa, Hunaganva, Hunajunmu, Madarya, Kemri dans les provinces indiennes où ils s'installèrent de manière permanente. Ainsi, malgré la durée limitée de leur règne, ils réussirent à s'implanter profondément dans cette région et ont laissé un héritage qui persiste encore aujourd'hui.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Muhammad Bin Naveed
Architecte pakistanais passionné d'Archéologie, je fais mon possible pour diffuser la connaissance à travers cette merveilleuse plateforme.

Citer cette ressource

Style APA

Naveed, M. B. (2015, juin 22). Huns Blancs [White Huns (Hephthalites)]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13822/huns-blancs/

Style Chicago

Naveed, Muhammad Bin. "Huns Blancs." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juin 22, 2015. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13822/huns-blancs/.

Style MLA

Naveed, Muhammad Bin. "Huns Blancs." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 22 juin 2015. Web. 04 oct. 2024.

Adhésion