Les Empereurs-Soldats

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 13 novembre 2017
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Disponible dans ces autres langues: anglais
Tetricus I (by The Creative Assembly, Copyright)
Tétricus Ier
The Creative Assembly (Copyright)

Le terme "empereurs de caserne" ou "empereurs-soldats" fut inventé par les historiens ultérieurs pour désigner les empereurs romains qui avaient été choisis et soutenus par l'armée pendant la période connue sous le nom de crise du IIIe siècle (également appelée crise impériale, 235-284 de notre ère). En l'an 235, l'empereur Alexandre Sévère (r. de 222 à 235) fut assassiné par ses troupes qui choisirent alors leur commandant Maximin le Thrace (r. de 235 à 238) comme souverain. Maximin devint le premier de ces empereurs dits "de caserne" qui continueront à régner sur Rome jusqu'au règne de Carin (283-285) et qui caractérisent la période d'instabilité de Rome à cette époque. La crise du IIIe siècle fut résolue par l'empereur Dioclétien (r. de 284 à 305) qui s'attaque aux causes de la crise et assura l'avenir de Rome.

Les empereurs-soldats prirent leur essor en réponse à une série de menaces, internes et externes, pesant sur la stabilité de l'État. La dynastie des Sévères, dont Alexandre était le dernier, avait commencé à élargir l'armée tout en augmentant la solde des soldats. Pour pouvoir se permettre cette grande armée, Septime Sévère (r. de 193 à 211) avait avili la monnaie en ajoutant moins de métal précieux aux pièces afin d'en produire davantage. Cette politique sera suivie par les empereurs suivants et entraînera une inflation généralisée et un manque de confiance dans le pouvoir d'achat de la part des citoyens.

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Les empereurs-soldats étaient choisis par les militaires en fonction de leur popularité auprès des troupes, de leur générosité envers les militaires et de leur capacité à obtenir des résultats immédiats et perceptibles.

En plus des problèmes monétaires, une peste balaya le pays, dépeuplant et déstabilisant les communautés et la main d'œuvre. De plus, les incursions de tribus barbares à travers les frontières romaines perturbaient également l'équilibre social et économique de l'État. Dans le même temps, l'élévation de l'armée par la dynastie des Sévères (plus nécessaire que jamais pour combattre les invasions et autres menaces extérieures) plaçait l'empereur dans une position presque subordonnée aux commandants de son armée. Les empereurs avaient désormais le sentiment qu'ils devaient apaiser et courtiser les soldats plutôt que de gouverner objectivement pour le bien de tous les citoyens de Rome.

L'empereur avait toujours compté, dans une certaine mesure, sur le soutien de l'armée, mais ce soutien devenait désormais plus impératif. Alors qu'auparavant, un empereur accédait au pouvoir par le biais d'un système de succession - en tant que fils ou héritier adoptif de l'empereur en place - il était désormais choisi par les militaires en fonction de sa popularité auprès des troupes, de sa générosité envers les militaires et de sa capacité à obtenir des résultats immédiats et perceptibles. Lorsque l'un de ces critères était déçu - surtout le dernier - il était assassiné et remplacé par un autre. Ce paradigme caractérisait tous les empereurs-soldats et constitue la principale différence entre eux et ceux qui régnèrent avant et après la Crise du IIIe siècle.

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Les empereurs et leurs règnes

Les empereurs-soldats étaient tous des individus uniques, avec leurs propres forces et faiblesses, leurs triomphes et leurs échecs, mais, d'une manière générale, ils se définissaient par un désir de profiter des avantages personnels du pouvoir sans posséder le caractère nécessaire pour exercer ce pouvoir efficacement. En raison de l'incertitude de l'époque et de la menace réelle ou perçue d'une invasion imminente de la part de la population, du Sénat et de l'armée, un homme qui se montrait un chef militaire fort, courageux et, surtout, efficace, était choisi comme empereur par ses troupes. Cette décision était ensuite soit soutenue par le Sénat romain sur la base de la réputation de la personne, soit imposée au Sénat et au peuple par l'armée.

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Roman Assassination
Assassinat romain
Mohawk Games (Copyright)

Tout au long de la crise du IIIe siècle, plus de 20 empereurs accédèrent rapidement au pouvoir et, dans de nombreux cas, furent écartés tout aussi rapidement. Même un homme qui aurait été un empereur capable et acceptable à une autre époque pouvait être jugé insuffisant à cette période de l'Histoire, et il n'y avait aucune marge d'erreur dans la façon dont un empereur se comportait ou menait ses campagnes militaires. Tout signe de faiblesse ou d'inefficacité pouvait être considéré comme un motif valable pour destituer un empereur et le remplacer par un jugé plus apte.

Les empereurs-soldats et leurs réalisations respectives, ainsi que leur fin opportune ou inopportune, sont les suivants :

Maximin le Thrace (r. de 235 à 238), un commandant thrace qui, en raison de sa nationalité, craignait de ne pas être respecté par le Sénat ou les citoyens et qui choisit donc de se tailler une réputation personnelle en menant des campagnes en Allemagne. Bien que couronnées de succès, ces campagnes furent si coûteuses qu'elles épuisèrent le trésor public. Maximin agissait selon ses propres caprices, sans tenir compte de la pression exercée sur ses troupes ou du bien général de l'empire. Son règne donna lieu à une guerre civile, le Sénat ayant élevé d'autres personnes chargées de le destituer. Il fut tué par ses propres commandants dans le but de mettre fin aux hostilités.

Gordien I et Gordien II (238 de notre ère, mars-avril) étaient le père et le fils qui prirent part à la tentative de renversement de Maximin. Gordien II fut tué au cours d'une bataille contre les forces pro-Maximin et Gordien Ier se suicida en apprenant la mort de son fils.

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Balbin et Pupien (238, avril-juillet) furent deux empereurs que le Sénat avait mis en avant pour s'opposer à Maximin. Ils étaient impopulaires auprès du peuple qui leur lançait des pierres alors qu'ils marchaient dans la rue, et furent finalement assassinés par la garde prétorienne.

Gordien III (r. de 238 à 244) co-dirigea avec Balbin et Pupien jusqu'à ce qu'ils ne soient assassinés et fut ensuite proclamé empereur par les partisans militaires de Gordien I et Gordien II. Il n'avait que 13 ans lorsqu'il arriva au pouvoir et était contrôlé par sa mère, puis par son beau-père. Son règne fut considéré comme inefficace et il fut assassiné, probablement par son successeur Philippe l'Arabe.

Gordian III
Gordien III
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Philippe l'Arabe (r. de 244 à 249), également connu sous le nom de Julius Philippus, était le préfet prétorien de Gordien III et prit le pouvoir après l'avoir assassiné. Pour assurer une succession sans heurts, il fit de son fils, Philippe II, son co-empereur et se lança dans un certain nombre de campagnes réussies. Il conclut une paix avec la Perse et remporta un certain nombre de victoires sur les Goths, après quoi il célébra le millième anniversaire de Rome en tant que ville. Cependant, les commandants des armées provinciales ne l'appréciaient guère et il fut tué au combat par l'un d'entre eux : son successeur Dèce. Philippe II fut assassiné peu après la mort de son père.

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Dèce (r. de 249 à 251) fut sénateur et consul avant d'être nommé à un commandement dans la région du Danube où il monta en puissance avec le soutien de ses troupes. Il inaugura la persécution systématique de la secte chrétienne en exigeant des citoyens qu'ils fassent des sacrifices aux dieux de l'État en présence de fonctionnaires. Cette politique et le martyre de nombreux chrétiens qui en résulta ne firent que populariser la nouvelle foi. Il suivit la politique de Philippe et fit de son fils son co-empereur, mais tous deux furent tués au combat contre les Goths du roi Cniva à la bataille d'Abrittus en 251 de notre ère.

Hostilien (251 de notre ère, juin-novembre), le fils cadet de Dèce fut nommé coempereur par Trébonien Galle lorsque Dèce fut tué au combat. Il mourut peu après de la peste.

Galle (r. de 251 à 253) était un commandant sous Dèce qui devint empereur à sa mort. Il nomma également son fils, Volusien, co-empereur ; tous deux furent assassinés par leurs propres troupes qui ont élevé Aemilianus.

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Émilien (253 de notre ère, août-octobre), était un gouverneur régional choisi par les troupes qui se révéla décevant et fut donc rapidement assassiné en faveur de Valérien.

Valérien (r. de 253 à 260) nomma son fils Gallien co-empereur car il avait compris que l'empire était trop grand pour être gouverné par un seul homme. Gallien était responsable de la partie occidentale et Valérien de la partie orientale du royaume. Lors d'une campagne à l'est, il fut capturé par les Perses sassanides et mourut en captivité. Il fut le premier empereur romain à être capturé par l'ennemi et, comme il suivit la politique de Dèce de persécuter sévèrement les chrétiens, la secte chrétienne s'en empara comme d'un acte de leur dieu et d'une justification de leur secte.

Valerian Defeated by Shapur I
Valérien battu par Chapour Ier
Pierre Mertens (CC BY-NC-ND)

Gallien (r. de 253 à 268) fut un souverain et un chef militaire efficace qui parvint à maîtriser le chaos de l'Empire romain au point que des avancées culturelles, littéraires et philosophiques se développèrent sous son règne. Il fut également à l'origine d'un certain nombre de changements importants dans l'armée, notamment l'expansion du rôle de la cavalerie. Malgré tout, il ne put échapper au climat de l'époque et fut assassiné par ses propres troupes en campagne, dans le cadre d'une conspiration impliquant le futur empereur Aurélien.

Claude II le Gothique (r. de 268 à 270 de notre ère) était un officier de cavalerie sous Gallien qui se révéla être un chef et un administrateur compétent. Il vainquit les Alamans, réprima une rébellion du futur usurpateur Auréolus et reçut l'épithète honorifique de "Gothicus" à la suite de ses victoires sur les Goths. Claude aurait pu accomplir de plus grands exploits, mais il fut frappé par la peste et mourut.

Quintillus (270 de notre ère), le frère de Claude le Gothique, accéda brièvement au pouvoir après la mort de ce dernier mais mourut peu après, probablement assassiné par Aurélien.

Aurélien (r. de 270 à 275) était co-commandant de la cavalerie de Gallien avec Claude et, lorsque ce dernier arriva au pouvoir, il servit sous ses ordres. Aurélien, comme Gallien et Claude, fut l'un des rares empereurs-soldats à avoir placé le bien de Rome au-dessus de son ambition personnelle. Il restaura l'empire en sécurisant ses frontières et en ramenant sous contrôle romain les territoires dissidents des empires gaulois et palmyrène. Pourtant, aucun de ces accomplissements ne suffit à le protéger, et il fut assassiné par ses commandants qui craignaient qu'il ne projette de les faire exécuter.

Coin Depicting Roman Emperor Aurelian
Pièce représentant l'empereur Aurélien
Wikipedia User: CNG (CC BY-SA)

Tacite (r. de 275 à 276) était un sénateur âgé choisi par le Sénat comme empereur après l'assassinat d'Aurélien. Il ne régna que neuf mois, au cours desquels il fut engagé dans une guerre constante avant de mourir de causes naturelles ou - plus probablement - d'être assassiné.

Florien (276) était le frère de Tacite et ne régna que trois mois avant d'être assassiné par ses propres troupes en faveur de Probus.

Probus (r. de 276 à 282) fut soutenu avec enthousiasme par ses troupes dans la région des Balkans et devint empereur à la mort de Florien. Son règne fut marqué par des campagnes militaires presque continuelles mais, comme il avait une formation d'agriculteur, il souligna l'importance de l'agriculture entre les différents engagements. Cet intérêt, selon un rapport, pourrait avoir conduit à sa chute. L'un de ses officiers, Carus, devint de plus en plus populaire auprès des hommes qui le firent empereur tandis que Probus fut assassiné par des troupes qui s'étaient lassées du travail agricole forcé.

Carus (r. de 282 à 283) était le préfet de la garde prétorienne sous Probus et vengea le meurtre de son ancien empereur après son arrivée au pouvoir. Il fit de ses fils Numérien et Carin des co-empereurs et leur confia le contrôle de l'ouest tandis qu'il faisait campagne à l'est contre les Perses sassanides. Il aurait été tué en campagne, frappé par la foudre.

Numérien et Carin (r. de 283 à 285), les fils de Carus, furent co-empereurs après la mort de leur père. Ils menèrent tous deux des campagnes militaires pour tenter de sécuriser les frontières, et Carin réussit également à mater une révolte à l'intérieur de l'empire. Numérien développa une maladie des yeux et mourut de causes naturelles ou fut assassiné, tandis que Carin fut tué par ses propres troupes lors d'une bataille avec son successeur Dioclétien.

Outre ces empereurs-soldats, il y eut deux autres souverains dont les actions allaient avoir un impact significatif sur le cours de Rome pendant la crise : Postume (r. de 260 à 269) à l'ouest, qui fonda l'Empire gaulois, et Zénobie (r. de 267 à 272) à l'est, reine de l'Empire palmyrénien.

Empires dissidents

Sous le règne de Gallien, Postume était gouverneur de la Haute et de la Basse Allemagne. Lorsque Valérien fut capturé par les Perses sassanides, Gallien se retrouva seul pour défendre l'empire, ce qui encourage Postume à affirmer son autorité. Le fils et héritier de Gallien, Salonin, avait été envoyé en sécurité dans la région de Postume avec Silvanus, le préfet de la garde prétorienne, pour le défendre. Postume avait déjà vaincu des tribus germaniques en maraude qui faisaient des incursions dans ses territoires, mais ses pouvoirs étaient limités par sa position ; il n'était que gouverneur régional, et non empereur, et n'avait pas l'autorité dont il estimait avoir besoin pour défendre son territoire. Gallien était entièrement engagé dans ses propres batailles, et Salonin à Cologne ne pouvait ou ne voulait pas s'engager dans la région de la façon que Postume jugeait nécessaire.

Roman Empire 271 CE
Empire romain en l'an 271 de notre ère
Pomalee et al. (CC BY-SA)

En l'an 260, Postume marcha sur Cologne, prit la ville et exécuta Salonin et Silvanus ; il se proclama ensuite empereur de la région. Il envoya des messages à Gallien expliquant pourquoi il avait agi ainsi, professant sa loyauté envers Rome, et promettant qu'il ne lèverait pas les armes contre l'empire et n'empiéterait pas sur les territoires romains. Malgré cela, Gallien ne pouvait pas se permettre de se séparer d'une partie aussi importante de son empire - la Gaule, la Germanie, l'Hispanie et la Britannie. En 263 de notre ère, Gallien conduisit ses troupes en Gaule pour tenter de déloger Postume, mais il fut blessé par une flèche au combat et se retira.

Postume poursuivit son règne et tint sa promesse de protéger et de défendre Rome, jusqu'à ce qu'il ne soit tué par ses propres troupes en 269, lorsqu'il refusa de les laisser mettre à sac l'une de ses propres villes (l'actuelle Mayence) qui s'était rebellée. Un forgeron (et peut-être un fantassin de l'armée) nommé Marius (269 de notre ère) fut alors proclamé empereur par les troupes, mais il fut assassiné peu de temps après, et le tribun prétorien Victorin (269-271) devint empereur. Bien que Victorin ait été un commandant militaire compétent, son incapacité à ne pas toucher aux femmes des autres entraîna son assassinat par l'un de ses commandants, et l'usurpateur Domitien II (271) prit le pouvoir. Il fut vaincu au combat par Tetricus Ier (271-274), un administrateur et un chef militaire compétent, considéré comme le seul véritable successeur de Postume.

Tetricus Ier nomma son fils (également nommé Tetricus) co-empereur afin de partager les responsabilités du gouvernement et de gérer l'empire plus efficacement. Il stabilisa la région, en réprimant les rébellions des tribus germaniques, mais son règne fut interrompu - puis terminé - par Aurélien en 274, à la bataille de Chalons. Aurélien marcha sur l'Empire gaulois après avoir vaincu et réabsorbé l'Empire palmyrénien qui s'était formé sous la reine Zénobie, épouse du défunt gouverneur romain de la région, Odénat.

Coin Depicting Roman Emperor Tetricus
Pièce représentant l'empereur romain Tetricus
Rasiel Suarez (CC BY-SA)

Lorsque Valérien fut capturé en 260, et que Gallien ne put rien y faire, le gouverneur romain de Syrie, Odénat, leva une armée et attaqua les Perses. Bien qu'il n'ait pas réussi à libérer Valérien, il repoussa les forces perses des frontières de la partie orientale de l'empire romain. Il rendit également service à Gallien en l'aidant à réprimer la rébellion d'un usurpateur à l'intérieur de l'empire, et pour ces efforts, Gallien le nomma gouverneur de toute la partie orientale de l'empire, qui s'étendait de la Syrie au Levant.

Odénat fut tué lors d'une partie de chasse en 266/267 de notre ère, et sa femme Zénobie devint régente pour leur jeune fils Vaballath. Zénobie, comme Postume, prit soin de ne pas aliéner son royaume à Rome et de ne pas contrarier l'empereur, mais elle entama des négociations avec les États voisins, annexa l'Égypte, émit sa propre monnaie et se fit adresser, ainsi qu'à son fils, des titres réservés à la famille régnante de Rome.

Elle avait sa propre cour, son propre sceau, son propre commandant en chef et sa propre armée, et était impératrice de son propre empire en tout sauf en titre officiel. Elle semble avoir espéré, tout comme Postume, qu'en restant en bons termes avec Rome et en accomplissant des services militaires qui ne profitaient qu'à l'empire, elle serait laissée seule pour gouverner sa région et que son fils pourrait un jour être choisi comme empereur.

En fait, Zénobie fut laissée tranquille tant que les empereurs de Rome étaient engagés dans leur guerre perpétuelle contre les menaces extérieures et entre eux, mais lorsqu'Aurélien arriva au pouvoir, il tourna son attention vers l'est aussi rapidement que possible. Lors de la bataille d'Immae, en 272 de notre ère, il vainquit les forces de Zénobie et la repoussa jusqu'à Émèse où, lors d'un second combat, il fut à nouveau victorieux. Après la défaite de Zénobie et le rattachement de son empire palmyrénien à Rome, Aurélien marcha vers l'ouest et vainquit Tetricus Ier en 274, mettant ainsi fin à l'Empire gaulois.

Aurélien fit preuve de clémence envers Zénobie et Tetricus Ier, ainsi qu'envers la plupart des villes et villages sur lesquels il marcha, et après avoir restauré l'empire, il se mit en devoir de remédier aux causes sous-jacentes de la crise du IIIe siècle. Il est probable qu'il pensait que sa démonstration de clémence envers ses ennemis dissuaderait de futures rébellions, mais il ne le saurait jamais puisqu'il fut assassiné par ses commandants en l'an 275.

Les réformes de Dioclétien

La crise du IIIe siècle et le règne des empereurs-soldats se poursuivront après Aurélien jusqu'à l'arrivée au pouvoir de Dioclétien en 284. Dioclétien développa les politiques des meilleurs empereurs-soldats, Gallien et Aurélien, en réformant l'armée, en resserrant les frontières de l'empire et en introduisant des réformes dans la monnaie et le gouvernement. Sa tétrarchie (règle des quatre) divisa le fonctionnement du gouvernement entre deux hommes qui avaient des successeurs désignés lorsqu'ils prirent leurs fonctions ; cela permit de faciliter la succession et d'empêcher l'ascension d'usurpateurs potentiels.

L'époque de la crise et des empereurs-soldats passa à l'Histoire lorsque Dioclétien alla plus loin en divisant l'empire en deux - l'Empire romain d'Orient et l'Empire romain d'Occident - car il s'était rendu compte que le royaume était devenu trop vaste pour être gouverné par un seul homme ou même par quatre. L'erreur commise par la plupart des empereurs-soldats était de croire que l'on pouvait exercer le pouvoir politique principalement pour son bénéfice individuel plutôt que pour le bien de son État et de ses concitoyens. Par conséquent, ils pouvaient facilement être remplacés lorsque leurs méthodes ou leurs choix personnels ne convenaient plus à l'armée ou aux citoyens. Aucun de ces groupes n'avait quoi que ce soit à perdre en remplaçant un dirigeant égoïste par un autre plus à leur goût. Ce modèle fut tellement accepté que même les meilleurs empereurs ne pouvaient se sentir en sécurité dans leur position. Ce n'est qu'après les réformes de Dioclétien que le modèle changea et assura l'avenir de Rome pour les générations suivantes.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2017, novembre 13). Les Empereurs-Soldats [The Barracks Emperors]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16451/les-empereurs-soldats/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Les Empereurs-Soldats." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le novembre 13, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16451/les-empereurs-soldats/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Les Empereurs-Soldats." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 13 nov. 2017. Web. 26 avril 2024.

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