Gouvernement de l'Égypte Ancienne

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 13 octobre 2016
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Disponible dans ces autres langues: anglais, grec, espagnol, suédois
The Seated Scribe (by Mindy McAdams, CC BY-NC-ND)
Le scribe assis
Mindy McAdams (CC BY-NC-ND)

Le gouvernement de l'Égypte ancienne était une monarchie théocratique, car le roi gouvernait sur mandat des dieux. Il était initialement considéré comme un intermédiaire entre les êtres humains et le divin et était censé représenter la volonté des dieux à travers les lois adoptées et les politiques approuvées.

L'existence d'un gouvernement central en Égypte est évidente vers 3150 avant notre ère, lorsque le roi Narmer unifia le pays, mais une certaine forme de gouvernement existait déjà avant cette date. Les rois Scorpion de la période prédynastique en Égypte (v. 6000-c. 3150 av. J.-C.) avaient manifestement une forme de gouvernement monarchique, mais on ne sait pas exactement comment il fonctionnait.

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Les égyptologues du XIXe siècle ont divisé l'histoire du pays en périodes afin de clarifier et de gérer leur champ d'étude. Les périodes au cours desquelles le gouvernement central était fort sont appelées "royaumes", tandis que celles au cours desquelles il y avait une désunion ou pas de gouvernement central sont appelées "périodes intermédiaires". En examinant l'histoire égyptienne, il faut comprendre qu'il s'agit là de désignations modernes; les anciens Égyptiens ne reconnaissaient aucune démarcation entre les périodes par ces termes. Les scribes du Moyen Empire d'Égypte (2040-1782 av. J.-C.) pouvaient considérer l'époque de la première période intermédiaire (2181-2040 av. J.-C.) comme une "période de malheur", mais cette période n'avait pas de nom officiel.

La forme de gouvernement de l'Égypte dura, SANS GRAND CHANGEMENT, d'environ 3150 av. j.-c. à 30 av. j.-c.

Le mode de fonctionnement du gouvernement changea légèrement au cours des siècles, mais le modèle de base fut établi lors de la première dynastie d'Égypte (c. 3150 - c. 2890 av. J.-C.). Le roi régnait sur le pays avec un vizir comme second, des fonctionnaires, des scribes, des gouverneurs régionaux (appelés nomarques), des maires de ville et, après la deuxième période intermédiaire (C. 1782 - C. 1570 av. J.-C.), une force de police. Depuis son palais de la capitale, le roi faisait des déclarations, décrétait des lois et commandait des projets de construction. Sa parole était ensuite mise en œuvre par la bureaucratie qui devenait nécessaire pour administrer le pays. La forme de gouvernement de l'Égypte dura, sans grand changement, d'environ 3150 avant notre ère à 30 avant notre ère, lorsque le pays fut annexé par Rome.

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Début de la période dynastique et Ancien Royaume

Le souverain était appelé "roi" jusqu'au Nouvel Empire d'Égypte (1570-1069 av. J.-C.), lorsque le terme "pharaon" (qui signifie "Grande Maison", en référence à la résidence royale) entra en usage. Le premier roi, Narmer (également connu sous le nom de Ménès), établit un gouvernement central après avoir unifié le pays, probablement par des moyens militaires. L'économie de l'Égypte était basée sur l'agriculture et utilisait un système de troc. Les paysans de la classe inférieure cultivaient la terre, donnaient le blé et les autres produits au noble propriétaire terrien (en gardant une modeste part pour eux-mêmes), et le propriétaire terrien remettait ensuite les produits au gouvernement pour qu'ils soient utilisés dans le commerce ou distribués à l'ensemble de la communauté.

Sous le règne du successeur de Narmer, Hor-Aha (c. 3100-3050 av. J.-C.), un événement connu sous le nom de Shemsu Hor (la suite d'Horus) fut mis en place et devint une pratique courante pour les rois suivants. Le roi et sa suite se déplaçaient à travers le pays et rendaient ainsi visibles la présence et le pouvoir du roi à ses sujets. L'égyptologue Toby Wilkinson commente:

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Le Shemsu Hor avait plusieurs fonctions à la fois. Il permettait au monarque d'être visible dans la vie de ses sujets, à ses fonctionnaires de suivre de près tout ce qui se passait dans le pays, de mettre en œuvre des politiques, de résoudre des litiges et de rendre la justice ; il permettait de couvrir les frais d'entretien de la cour et de supprimer le fardeau que représentait le fait de la soutenir tout au long de l'année en un seul endroit ; enfin, et surtout, il facilitait l'évaluation et la perception systématiques de l'impôt. Un peu plus tard, sous la deuxième dynastie, la cour reconnut explicitement le potentiel actuariel de la suite d'Horus. Par la suite, l'événement fut associé à un recensement officiel des richesses agricoles du pays. (44-45)

Le Shemsu Hor (mieux connu aujourd'hui sous le nom de recensement du bétail égyptien) devint le moyen par lequel le gouvernement évaluait la richesse individuelle et prélevait des impôts. Chaque district (nome) était divisé en provinces, avec un nomarque qui administrait l'ensemble du nome, puis des fonctionnaires provinciaux de moindre importance, et enfin les maires des villes. Plutôt que de faire confiance à un nomarque pour rapporter avec précision ses richesses au roi, ce dernier et sa cour se déplaçaient pour évaluer personnellement ces richesses. Le Shemsu Hor devint ainsi un événement annuel (plus tard semestriel) important dans la vie des Égyptiens et, bien plus tard, il permit aux égyptologues de connaître au moins approximativement les règnes des rois, puisque le Shemsu Hor était toujours enregistré par règne et par année.

Les collecteurs d'impôts suivaient l'évaluation des fonctionnaires de la suite du roi et collectaient une certaine quantité de produits dans chaque nome, province et ville, qui était remise au gouvernement central. Le gouvernement utilisait alors ces produits pour le commerce. Tout au long de la première période dynastique, ce système fonctionna si bien qu'à l'époque de la troisième dynastie d'Égypte (c. 2670-2613 av. J.-C.), des projets de construction nécessitant des coûts importants et une main-d'œuvre efficace furent lancés, le plus connu et le plus durable étant la pyramide à degrés du roi Djéser. Au cours de l'Ancien Empire d'Égypte (c. 2613-2181 av. J.-C.), le gouvernement était suffisamment riche pour construire des monuments encore plus grands, tels que les pyramides de Gizeh.

La personne la plus puissante du pays après le roi était le vizir. Il y avait parfois deux vizirs, l'un pour la Haute et l'autre pour la Basse-Égypte. Le vizir était la voix du roi et son représentant et était généralement un parent ou une personne très proche du monarque. Le vizir gérait la bureaucratie du gouvernement et déléguait les responsabilités selon les ordres du roi. Au cours de l'Ancien Empire, les vizirs étaient chargés des projets de construction et de la gestion d'autres affaires.

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Imhotep
Imhotep
Trustees of the British Museum (Copyright)

Vers la fin de l'Ancien Empire, les vizirs devinrent moins vigilants car leur position devint plus confortable. L'énorme richesse du gouvernement était consacrée à ces projets de construction massifs à Gizeh, Abusir, Saqqarah et Abydos, et les prêtres qui administraient les complexes de temples sur ces sites, ainsi que les nomarques et les gouverneurs provinciaux, devenaient de plus en plus riches. Au fur et à mesure que leur richesse augmentait, leur pouvoir s'accroissait et ils étaient de moins en moins enclins à se soucier de ce que pensait le roi ou de ce que son vizir pouvait ou ne pouvait pas exiger d'eux. La montée en puissance des prêtres et des nomarques entraîna le déclin du gouvernement central, ce qui, combiné à d'autres facteurs, provoqua l'effondrement de l'Ancien Empire.

Première période intermédiaire et Moyen Empire

Au début de la première période intermédiaire, les rois régnaient toujours depuis leur capitale de Memphis, mais ils n'avaient que très peu de pouvoir réel. Les nomarques administraient leurs propres régions, collectaient leurs propres impôts, construisaient leurs propres temples et monuments en leur honneur et commandaient leurs propres tombes. Les premiers rois de la Première Période Intermédiaire (7e-10e dynasties) étaient si peu efficaces que l'on se souvient à peine de leurs noms et que leurs dates sont souvent confondues. Les nomarques, en revanche, ne cessèrent de gagner en puissance. L'historienne Margaret Bunson explique leur rôle traditionnel avant la première période intermédiaire :

Le pouvoir de ces dirigeants locaux était modifié à l'époque où les pharaons étaient puissants, mais en général ils servaient le gouvernement central, acceptant le rôle traditionnel de premier sous le roi. Ce rang confère à un fonctionnaire le droit d'administrer un nome ou une province particulière au nom du pharaon. Ces fonctionnaires étaient chargés des tribunaux, du trésor, des bureaux fonciers, des programmes de conservation, de la milice, des archives et des entrepôts de la région. Ils rendaient compte au vizir et au trésor royal des affaires relevant de leur juridiction. (103)

Au cours de la Première Période Intermédiaire, cependant, les nomarques utilisèrent leurs ressources croissantes pour se servir eux-mêmes et servir leurs communautés. Les rois de Memphis, peut-être dans le but de regagner une partie de leur prestige perdu, déplacèrent la capitale dans la ville d'Héracléopolis, mais ils n'eurent pas plus de succès que dans l'ancienne capitale.
C. 2125 avant notre ère, un seigneur connu sous le nom d'Intef accéda au pouvoir dans une ville provinciale appelée Thèbes, en Haute-Égypte, et incita sa communauté à se rebeller contre les rois de Memphis. Ses actions inspirèrent ceux qui lui succédèrent et aboutirent à la victoire de Montouhotep II sur les rois d'Héracléopolis vers 2040 avant notre ère, marquant ainsi le début du Moyen Empire.

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Montouhotep II régna depuis Thèbes. Bien qu'il ait chassé les anciens rois et commencé une nouvelle dynastie, il modela son règne sur celui de l'Ancien Empire. L'Ancien Empire était considéré comme une grande époque de l'histoire de l'Égypte, et les pyramides et les vastes complexes de Gizeh et d'ailleurs étaient de puissants rappels de la gloire du passé. Comme l'explique Bunson, l'un des anciens modèles qu'il conserva, et qui avait été négligé pendant la dernière partie de l'Ancien Empire, était la duplication des agences pour la Haute et la Basse-Égypte :

En général, les bureaux administratifs du gouvernement central étaient des copies exactes des agences provinciales traditionnelles, à une différence près. À la plupart des époques, les bureaux étaient doublés, un pour la Haute-Égypte et un pour la Basse-Égypte. Cette dualité se retrouvait également dans l'architecture, avec des palais à deux entrées, deux salles du trône, etc. La nation se considérait comme un tout, mais certaines traditions remontaient aux ancêtres légendaires du Nord et du Sud, aux rois semi-divins de la période prédynastique et au concept de symétrie. (103)

Le dédoublement des agences n'honorait pas seulement le nord et le sud de l'Égypte de manière égale mais, plus important encore pour le roi, il permettait un contrôle plus étroit des deux régions. Le successeur de Montouhotep II, Amenemhat Ier (c. 1991 - c. 1962 av. J.-C.), déplaça la capitale dans la ville d'Ititaouy près de Licht et poursuivit les anciennes politiques, enrichissant le gouvernement assez rapidement pour commencer ses propres projets de construction. Le déplacement de la capitale de Thèbes à Licht pourrait avoir été une tentative d'unifier davantage l'Égypte en centrant le gouvernement au centre du pays plutôt qu'au sud. Afin de limiter le pouvoir des nomarques, Amenemhat Ier créa la première armée permanente d'Égypte directement sous le contrôle du roi. Auparavant, les armées étaient levées par conscription dans les différents districts et le nomarque envoyait ensuite ses hommes au roi. Les nomarques disposaient ainsi d'un grand pouvoir, car les hommes étaient loyaux envers leur communauté et leur chef régional. Une armée permanente, fidèle d'abord au roi, encourageait le nationalisme et une unité plus forte.

Mentuhotep II Head
Tête de Montouhotep
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Le successeur d'Amenemhat Ier, Sésostris Ier (alias Senousert Ier, c. 1971 - c. 1926 av. J.-C.), poursuivit sa politique et enrichit encore le pays grâce au commerce. C'est Sésostris Ier qui, le premier, fit construire un temple à Amon sur le site de Karnak et lança la construction de l'une des plus grandes structures de la religion égyptienne jamais édifiées. Les fonds dont le gouvernement avait besoin pour des projets d'une telle ampleur provenaient du commerce et, pour ce faire, les fonctionnaires taxaient le peuple égyptien. Wilkinson explique comment cela fonctionnait :

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Lorsqu'il s'agissait de collecter les impôts, sous la forme d'une proportion des produits agricoles, nous devons supposer qu'un réseau de fonctionnaires opérait au nom de l'État dans toute l'Égypte. Il ne fait aucun doute que leurs efforts étaient soutenus par des mesures coercitives. Les inscriptions laissées par certains de ces fonctionnaires, principalement sous forme d'empreintes de sceaux, nous permettent de reconstituer le fonctionnement du trésor, qui était de loin le service le plus important dès le début de l'histoire égyptienne. Les produits agricoles collectés en tant que revenus de l'État étaient traités de deux manières. Une certaine proportion allait directement aux ateliers de l'État pour la fabrication de produits secondaires - par exemple, le suif et le cuir du bétail, la viande de porc, le lin, le pain, la bière et la vannerie à partir des céréales. Certains de ces produits à valeur ajoutée étaient ensuite commercialisés et échangés avec profit, produisant ainsi des revenus supplémentaires pour l'État ; d'autres étaient redistribués sous forme de paiement aux employés de l'État, finançant ainsi la cour et ses projets. Le reste de la production agricole (essentiellement des céréales) était stocké dans les greniers de l'État, probablement situés dans les centres régionaux importants de l'Égypte. Une partie des céréales stockées était utilisée à l'état brut pour financer les activités de la cour, mais une part importante était mise de côté comme stock d'urgence, à utiliser en cas de mauvaise récolte pour éviter une famine généralisée. (45-46)

Les nomarques du Moyen Empire coopéraient pleinement avec le roi pour l'envoi de ressources, en grande partie parce que leur autonomie était désormais respectée par le trône comme elle ne l'était pas auparavant. L'art égyptien du Moyen Empire est beaucoup plus varié que celui de l'Ancien Empire, ce qui suggère une plus grande importance accordée aux goûts régionaux et aux styles distincts plutôt qu'à l'expression approuvée et réglementée par la cour. De plus, les lettres de l'époque montrent clairement que les rois de la XIIe dynastie accordaient aux nomarques un respect qu'ils n'avaient pas connu pendant l'Ancien Empire. Sous le règne de Sésostris III (vers 1878-1860 av. J.-C.), le pouvoir des nomarques fut réduit et les nomes réorganisés. Le titre de nomarque disparut complètement des documents officiels sous le règne de Sésostris III, ce qui laisse penser qu'il fut aboli. Les souverains provinciaux n'avaient plus les libertés dont ils jouissaient auparavant, mais ils continuèrent à bénéficier de leur position; ils étaient désormais plus fermement contrôlés par le gouvernement central.

La 12e dynastie du Moyen Empire égyptien (c. 2040-1802 av. J.-C.) est considérée comme l'"âge d'or" du gouvernement, de l'art et de la culture égyptienne, lorsque certaines des œuvres littéraires et artistiques les plus importantes furent créées, que l'économie était robuste et qu'un gouvernement central fort favorisait le commerce et la production. La production de masse d'objets tels que les statues (poupées chaouabtis, par exemple) et les bijoux au cours de la première période intermédiaire conduisit à l'essor du consumérisme de masse, qui se poursuivit à l'époque du Moyen Empire, mais avec une plus grande habileté et en produisant des œuvres de plus grande qualité. La 13e dynastie (c. 1802-c. 1782 av. J.-C.) fut plus faible que la 12e. Le confort et le niveau de vie élevé du Moyen Empire déclinèrent à mesure que les gouverneurs régionaux prirent de nouveau plus de pouvoir, que les prêtres amassèrent plus de richesses et que le gouvernement central devint de plus en plus inefficace. À l'extrême nord de l'Égypte, à Avaris, un peuple sémite s'était installé autour d'un centre commercial et, au cours de la 13e dynastie, ce peuple gagna en puissance jusqu'à ce qu'il ne soit en mesure d'affirmer sa propre autonomie, puis d'étendre son contrôle sur la région. Il s'agissait des Hyksôs ("rois étrangers") dont l'ascension marqua la fin du Moyen Empire et le début de la deuxième période intermédiaire de l'Égypte.

Deuxième période intermédaire et Nouvel Empire

Les auteurs égyptiens postérieurs qualifièrent l'époque des Hyksôs de chaotique et affirmèrent qu'ils avaient envahi et détruit le pays. En réalité, les Hyksôs admiraient la culture égyptienne et ils l'adoptèrent. Bien qu'ils aient mené des raids sur des villes égyptiennes telles que Memphis, emportant des statues et des monuments à Avaris, ils s'habillaient comme des Égyptiens, vénéraient les dieux égyptiens et incorporèrent des éléments du gouvernement égyptien dans le leur.

Le gouvernement égyptien installé à Ititaouy près de Licht ne put plus contrôler la région et abandonna la Basse-Égypte aux Hyksôs, déplaçant la capitale à Thèbes. Tandis que les Hyksôs gagnaient en puissance dans le nord, les Koushites avançaient dans le sud et reprenaient les terres conquises par l'Égypte sous Sésostris III. Les Égyptiens de Thèbes tolérèrent cette situation jusqu'à ce que, vers 1580 avant notre ère, le roi égyptien Seqenenrê Tâa, s'estimant insulté et défié par le roi hyksôs Apepi, passe à l'attaque. Cette initiative fut reprise et poursuivie par son fils Ouadjkheperrê Kames (v. 1575 avant notre ère) et enfin par son frère Ahmôsis Ier (c. 1570 - 1544 avant notre ère), qui vainquit les Hyksôs et les chassa d'Égypte.

La victoire d'Ahmôsis Ier marqua le début de la période connue sous le nom de Nouvel Empire d'Égypte, l'époque la plus connue et la mieux documentée de l'histoire égyptienne. À cette époque, le gouvernement égyptien fut réorganisé et légèrement réformé, de sorte que la hiérarchie allait désormais du pharaon au sommet, au vizir, au trésorier royal, au général de l'armée, aux surveillants (superviseurs des sites gouvernementaux comme les chantiers) et aux scribes qui tenaient les registres et transmettaient la correspondance.

Stela of Ptahmay
La stèle de Ptahmay
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Le Nouvel Empire vit également l'institutionnalisation des forces de police, commencée sous Amenemhat Ier. Les premières unités de police étaient composées de membres des tribus bédouines qui gardaient les frontières mais n'avaient pas grand-chose à voir avec le maintien de la paix intérieure. La police du Nouvel Empire était composée de Medjaÿ, des guerriers nubiens qui avaient combattu les Hyksôs aux côtés d'Ahmôsis Ier et qui furent récompensés par ce nouveau poste. La police était organisée par le vizir sous la direction du pharaon. Le vizir déléguait ensuite son autorité à des fonctionnaires subalternes qui géraient les différentes patrouilles de la police d'État. La police gardait les temples et les complexes mortuaires, sécurisait les frontières et contrôlait l'immigration, montait la garde devant les tombes royales et les cimetières, et surveillait les travailleurs et les esclaves dans les mines et les carrières de pierre. Sous le règne de Ramsès II (1279-1213 av. J.-C.), les Medjaÿ étaient ses gardes du corps personnels. Cependant, pendant la majeure partie de leur mandat, ils maintenaient la paix le long des frontières et intervenaient dans les affaires des citoyens sous la direction d'un fonctionnaire supérieur. Avec le temps, certains de ces postes furent occupés par des prêtres, comme l'explique Bunson :

Les unités de police des temples étaient normalement composées de prêtres chargés de maintenir la sainteté des complexes de temples. Les règlements concernant le sexe, le comportement et l'attitude pendant et avant toutes les cérémonies rituelles exigeaient une certaine vigilance et les temples gardaient leur propre personnel disponible pour assurer un esprit harmonieux. (207)

La police des temples devait être particulièrement occupée lors des fêtes religieuses, dont beaucoup (comme celle de Bastet ou d'Hathor) incitaient à boire avec excès et à se défaire de ses inhibitions.

Le Nouvel Empire connut également la réforme et l'expansion de l'armée. L'expérience de l'Égypte avec les Hyksôs avait montré à quel point une puissance étrangère pouvait facilement dominer le pays, et les Égyptiens ne voulaient pas revivre cette expérience. Ahmôsis Ier avait d'abord conçu l'idée de zones tampons autour des frontières de l'Égypte pour assurer la sécurité du pays, mais son fils et successeur Amenhotep Ier (v. 1541-1520 av. J.-C.) poussa cette idée plus loin.

L'armée dirigée par Ahmôsis Ier contre les Hyksôs était composée de soldats réguliers égyptiens, de conscrits et de mercenaires étrangers comme les Medjaÿ. Amenhotep Ier forma une armée égyptienne de professionnels et la conduisit en Nubie pour achever les campagnes de son père et reconquérir les terres perdues au cours de la XIIIe dynastie. Ses successeurs poursuivirent l'expansion des frontières de l'Égypte, mais c'est surtout Thoutmôsis III (1458-1425 av. J.-C.) qui établit l'Empire égyptien en conquérant des territoires allant de la Syrie à la Libye, en passant par la Nubie.

À l'époque d'Amenhotep III (1386-1353 av. J.-C.), l'Égypte était un vaste empire qui conclut des accords diplomatiques et commerciaux avec d'autres grandes nations telles que les Hittites, les Mitanni, l'empire assyrien et le royaume de Babylone. Amenhotep III régnait sur un pays si vaste et si sûr qu'il pouvait s'occuper principalement de la construction de monuments. Il en construisit tellement que les premiers égyptologues lui attribuèrent un règne exceptionnellement long.

Amenhotep III
Amenhotep III
Trustees of the British Museum (Copyright)

Son fils allait largement défaire toutes les grandes réalisations du Nouvel Empire par une réforme religieuse qui sapa l'autorité du pharaon, détruisit l'économie et envenima les relations avec les autres nations. Akhenaton (1353-1336 av. J.-C.), peut-être dans le but de neutraliser le pouvoir politique des prêtres d'Amon, interdit tous les cultes religieux dans le pays, à l'exception de celui de son dieu personnel Aton. Il ferma les temples et déplaça la capitale de Thèbes vers une nouvelle ville qu'il fit construire dans la région d'Amarna, Akhetaton, où il s'enferma avec sa femme Néfertiti et sa famille et négligea les affaires de l'État.

La position du pharaon était légitimée par son adhésion à la volonté des dieux. Dans toute l'Égypte, les temples n'étaient pas seulement des lieux de culte, mais aussi des usines, des dispensaires, des ateliers, des centres de conseil, des maisons de guérison, des centres éducatifs et culturels. En les fermant, Akhenaton stoppa net l'élan du Nouvel Empire pendant qu'il commandait de nouveaux temples et sanctuaires construits selon sa croyance monothéiste dans le dieu unique Aton. Son successeur, Toutânkhamon (1336-1327 av. J.-C.) inversa sa politique, ramena la capitale à Thèbes et rouvrit les temples, mais il ne vécut pas assez longtemps pour achever le processus. C'est le pharaon Horemheb (1320-1295 av. J.-C.) qui se chargea d'effacer toute trace de l'existence d'Akhenaton. Horemheb redonna à l'Égypte un certain statut social par rapport aux autres nations, améliora l'économie et reconstruisit les temples qui avaient été détruits, mais le pays n'atteignit jamais les sommets qu'il avait connus sous Amenhotep III.

Le gouvernement du Nouvel Empire commença à Thèbes, mais Ramsès II le déplaça vers le nord, dans une nouvelle ville qu'il construisit sur le site de l'ancienne Avaris, Pi-Ramsès. Thèbes resta un centre religieux important, principalement en raison du Grand Temple d'Amon à Karnak, auquel tous les pharaons du Nouvel Empire contribuèrent. Les raisons du déménagement de Ramsès II ne sont pas claires, mais l'une des conséquences est que, la capitale du gouvernement étant éloignée à Pi-Ramsès, les prêtres d'Amon à Thèbes étaient libres de faire ce qu'ils voulaient. Ces prêtres accrurent leur pouvoir au point de rivaliser avec le pharaon et le Nouvel Empire s' acheva lorsque les grands prêtres de Thèbes gouvernèrent à partir de cette ville, tandis que le dernier pharaon du Nouvel Empire s'efforçait de maintenir le contrôle à partir de Pi- Ramsès.

Egyptian King-list
Liste des rois d'Égypte
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Période tardive de l'Égypte ancienne et période ptolémaïque

L'Égypte fut à nouveau divisée et entra dans la Troisième période intermédiaire (1069-525 av. J.-C.). Le gouvernement de Thèbes revendiqua la suprématie tout en reconnaissant la légitimité des souverains de Pi-Ramsès et en se mariant avec eux. La division du gouvernement affaiblit l'Égypte qui commença à se fourvoyer dans des guerres civiles durant la Basse Époque (c. 664-332 av. J.-C.). À cette époque, les prétendants au trône de l'Égypte s'affrontèrent en faisant appel à des mercenaires grecs qui, avec le temps, se désintéressèrent de la lutte et fondèrent leurs propres communautés dans la vallée du Nil.

En 671 et 666 avant notre ère, les Assyriens envahirent le pays et en prirent le contrôle, et en 525 avant notre ère, les Perses l'envahirent. Sous la domination perse, l'Égypte devint une satrapie dont la capitale eétait Memphis et, comme les Assyriens avant eux, les Perses se placèrent à tous les postes de pouvoir. Lorsqu'Alexandre le Grand conquit la Perse, il prit l'Égypte en 331 avant notre ère, se fit couronner pharaon à Memphis et plaça ses Macédoniens au pouvoir.

Après la mort d'Alexandre, son général Ptolémée (323-285 av. J.-C.) fonda la dynastie des Ptolémées en Égypte, qui dura de 323 à 30 avant notre ère. Les Ptolémées, comme les Hyksôs avant eux, admiraient beaucoup la culture égyptienne et l'intégrèrent à leur règne. Ptolémée Ier tenta de fusionner les cultures grecque et égyptienne pour créer un pays harmonieux et multinational - et il y parvint - mais cela ne dura pas longtemps après le règne de Ptolémée V (204-181 av. J.-C.). Sous le règne de Ptolémée V, le pays était à nouveau en rébellion et le gouvernement central était faible. Le dernier pharaon ptolémaïque d'Égypte fut Cléopâtre VII (69-30 av. J.-C.), et après sa mort, le pays fut annexé par Rome.

Héritage

La théocratie monarchique de l'Égypte dura plus de 3 000 ans, créant et maintenant l'une des plus grandes cultures anciennes du monde. Un grand nombre d'appareils, d'artefacts et de pratiques modernes trouvent leur origine dans les périodes plus stables de l'Égypte, à savoir l'Ancien, le Moyen et le Nouvel Empire, lorsqu'un gouvernement central fort assurait la stabilité nécessaire à la création de l'art et de la culture.

Egyptian Scribe's Palette
Palette de scribe égyptien
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Les Égyptiens inventèrent le papier et l'encre de couleur, firent progresser l'art de l'écriture, furent les premiers à utiliser les cosmétiques, inventèrent la brosse à dents, le dentifrice et les pastilles à la menthe, firent progresser les connaissances et les pratiques médicales telles que la réparation des os cassés et la chirurgie, créèrent des horloges à eau et des calendriers (à l'origine du calendrier de 365 jours utilisé aujourd'hui), perfectionnèrent l'art de brasser la bière, les progrès agricoles tels que la charrue tirée par des bœufs, et même la pratique du port de perruques.

Les rois, puis les pharaons de l'Égypte ancienne commençaient leur règne en se mettant au service de la déesse de la vérité, Maât, qui personnifiait l'harmonie et l'équilibre universels et incarnait le concept de Maât, si important pour la culture égyptienne. En maintenant l'harmonie, le roi d'Égypte offrait au peuple une culture qui encourageait la créativité et l'innovation. Chaque roi commençait son règne en "présentant Maât" aux autres dieux du panthéon égyptien afin de les assurer qu'il suivrait ses préceptes et d'encourager son peuple à faire de même pendant son règne. Le gouvernement de l'Égypte ancienne respecta, dans l'ensemble, ce marché divin avec ses dieux, ce qui donna naissance à la grande civilisation de l'Égypte ancienne.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2016, octobre 13). Gouvernement de l'Égypte Ancienne [Ancient Egyptian Government]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15007/gouvernement-de-legypte-ancienne/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Gouvernement de l'Égypte Ancienne." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le octobre 13, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15007/gouvernement-de-legypte-ancienne/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Gouvernement de l'Égypte Ancienne." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 13 oct. 2016. Web. 24 avril 2024.

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