Cléopâtre de Macédoine

Définition

Nathalie Choubineh
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié sur
Disponible dans ces autres langues: anglais
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Terracotta Bust of a Noble Maiden from Pella (by Nathalie Choubineh, CC BY-NC-SA)
Buste d'une noble jeune fille en terre cuite de Pella
Nathalie Choubineh (CC BY-NC-SA)

Cléopâtre de Macédoine (355/4-308 av. J.-C.), fille de Philippe II de Macédoine (r. de 359 à 336 av. J.-C.) et de sa reine molosse, Olympias d'Épire (vers 375-316 av. J.-C.), était la seule sœur à part entière d'Alexandre le Grand (r. de 336 à 323 av. J.-C.). Née à Pella, capitale de l'ancien royaume de Macédoine, Cléopâtre grandit comme une princesse royale à la cour des Argéades. Elle devint ensuite reine d'Épire par son mariage avec son oncle maternel, Alexandre Ier d'Épire (r. de 343/2 à 331 av. J.-C.). Leur fils, Néoptolème II (r. de 302 à 297 ou 295 av. J.-C.), était très jeune lorsque son père partit pour une expédition militaire en Italie. En son absence, Cléopâtre régna en régente presque indépendante pendant quelques années.

Malgré ce passé prestigieux, la vie de Cléopâtre est peu documentée et ce que l'on sait d'elle est limité et souvent controversé. Contrairement à sa mère et à sa demi-sœur aînée, Cynane (vers 357-323 av. J.-C.), qui sont dépeintes avec des images plus distinctives et plus affirmées dans les documents anciens, l'importance de Cléopâtre est généralement associée à son rôle dans les stratégies politiques de ses pairs masculins, et parfois même féminins. Ironiquement, elle passa le reste de sa vie relativement longue en tant que femme indépendante, c'est-à-dire sans kyrios (tuteur masculin) attitré, tout en essayant de trouver un mari convenable. Bien qu'elle ait été courtisée par de nombreux dirigeants importants de son époque, Cléopâtre échoua dans ses différents projets de mariage et finit par perdre la vie lors de sa dernière tentative.

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Jeunesse et mariage

Tout comme son père, Philippe II, et son frère Alexandre, Cléopâtre vit le jour à Pella, la nouvelle capitale du royaume de Macédoine établie par son arrière-arrière-grand-père, Archélaos de Macédoine (r. de 413 à 399 av. J.-C.). La ville de Pella, qui signifie "pierre" ou "rocher", avait été construite au début du IVe siècle avant notre ère, à environ un kilomètre à l'est de la ville actuelle, en remplacement de l'ancienne capitale, Aigai. La date de naissance de Cléopâtre, 355/4 avant notre ère, est essentiellement estimée par rapport à celle d'Alexandre, 356 avant notre ère, et prête parfois à confusion puisque Cléopâtre Eurydice, la septième et dernière épouse de Philippe II, est également censée être née à la même date que Cléopâtre. Le nom de Cléopâtre, qui signifie "honneur à son père", pourrait avoir été choisi en référence à l'éminente épouse d'Archélaos, qui aurait été la première Cléopâtre de Macédoine (comme l'affirme Aristote dans ses Politiques). D'après les inscriptions existantes, la popularité de ce nom dans le monde grec est apparue à l'époque de Cléopâtre, vers le IVe siècle avant notre ère.

Il est probable que Cléopâtre ait reçu au moins une partie de l'éducation dispensée à son frère Alexandre.

Les premières années de Cléopâtre à Pella restent obscures pour nous, mais de nombreux spécialistes estiment que les jeunes filles de la cour macédonienne étaient susceptibles de recevoir un niveau d'éducation relativement élevé. Cet arrangement découlait très probablement du fait que les rois macédoniens étaient souvent partis en campagne militaire et que les femmes royales étaient donc chargées de gérer les questions religieuses, administratives et politiques au sein de la cour pendant l'absence de leurs maris ou d'agir en tant que régentes pour leurs héritiers masculins mineurs. Dans ce contexte, il est probable que Cléopâtre ait reçu au moins une partie de l'éducation dispensée à son frère Alexandre et à ses compagnons à Pella.

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À l'âge de 18 ans, Cléopâtre fut mariée au frère de sa mère, Alexandre Ier d'Épire. Il était le fils et l'héritier de Néoptolème Ier (r. de 370 à 357 av. J.-C.), qui régnait sur l'Épire avec son frère Arybbas (r. de 370 à 343 av. J.-C.). Alexandre Ier n'était qu'un enfant lorsque son père mourut et que son oncle devint le seul souverain. Pour protéger le jeune prince des menaces potentielles, Philippe II l'emmena à Pella, où il fut élevé aux côtés de ses propres neveu et nièce, Alexandre et Cléopâtre.

Vers 343 avant notre ère, alors qu'Alexandre Ier avait une vingtaine d'années, Philippe II déposa Arybbas et lui rendit le trône d'Épire. En 337 avant notre ère, Olympias quitta la cour de Macédoine pour se réfugier avec lui en Épire. Elle était offensée par Attale, le tuteur et oncle de la nouvelle épouse de Philippe II, Cléopâtre Eurydice, qui avait manqué de respect à Olympias lors des noces sans que Philippe n'y fasse quoi que ce soit. Olympias tenta alors de persuader son frère de s'opposer à son mari, mais Alexandre Ier refusa et au lieu de cela accepta de réaffirmer son alliance avec Philippe II en épousant Cléopâtre.

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Hellenistic Terracotta Figurines from Pella
Figurines hellénistiques en terre cuite de Pella
Carole Raddato (CC BY-SA)

Le mariage, comme en témoignent presque tous les écrivains passés et présents, fut extrêmement somptueux, en partie en guise d'excuses à Olympias, mais plus probablement en tant que "panēguris [rassemblement général] international avec des processions publiques, des sacrifices et des représentations théâtrales" pour promouvoir le pouvoir et la proéminence de la Macédoine (Carney, Philip II, 47). Au cours de ces célébrations, en octobre 336 avant notre ère, Philippe II fut assassiné à la sortie du théâtre d'Aigai. Son assassin, Pausanias d'Orestis, qui était l'un de ses gardes du corps, fut immédiatement tué par un autre garde du corps, Leonnatus (356-322 av. J.-C.), un ami et compagnon d'Alexandre de la maison royale de Lyncestide donc un parent de la mère de Philippe, Eurydice Ire (r. de 393 à 369 av. J.-C.).

Reine d'Épire

Après le mariage, suivi à la hâte des funérailles de Philippe II et du couronnement d'Alexandre, Cléopâtre s'installa en Épire avec son mari. Leurs enfants, Néoptolème II et sa sœur Cadmée, virent probablement le jour peu après, puisque leur père, Alexandre Ier, partit pour une campagne en Italie en 334 avant notre ère et ne revint jamais.

Après le départ de son mari, Cléopâtre devint la régente de leur fils en bas âge. Bien qu'elle ait été généralement ignorée par les historiens, les sources anciennes qui s'intéressent à Cléopâtre la décrivent parfois comme un théatadoch (chef des affaires religieuses), mais se concentrent plus souvent sur sa relation étroite et sa correspondance constante avec Alexandre le Grand. Selon Memnon (FGrH 434, F 4.37), Cléopâtre non seulement joui de son association avec Alexandre le Grand, elle exerça également une influence suffisante sur lui pour recevoir des requêtes d'exploitation de ce lien.

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Alexander the Great [Profile View]
Alexandre le Grand [Vue de profil]
Egisto Sani (CC BY-NC-SA)

Des preuves archéologiques, en revanche, ont récemment commencé à révéler une vision plus profonde de Cléopâtre au bureau. Une inscription honorifique de l'Épire, SEG XXIII 189, la présente comme la seule femme la seule femme haut-placée à accueillir les délégués religieux en Épire, qui occupait une position prestigieuse en tant qu'État présidant l'oracle de Zeus à Dodone. Pausanias (1.44.6) laisse entendre que Cléopâtre de Macédoine avait les moyens et l'autorité nécessaires pour commander une tombe spéciale pour Téléphane, un célèbre joueur de flûte samien qui était son contemporain.

Toutefois, il est beaucoup plus fréquent que les documents historiques restent muets sur Cléopâtre et d'autres femmes souveraines. Bien que cette omission puisse être attribuée à l'attitude dominante de l'époque, elle peut également indiquer que l'autorité des femmes, indépendamment de toute concession personnelle ou situationnelle, était principalement confinée à l'administration domestique et aux rôles religieux publics. Cléopâtre et sa mère, Olympias, sont toutes deux mentionnées indépendamment dans une inscription récemment trouvée à Cyrène comme bénéficiaires de céréales à la fin des années 330 avant notre ère. Ces preuves archéologiques peuvent fournir des informations sur les personnages féminins de l'histoire qui furent ignorés ou profondément remaniés par les auteurs antiques. Plutarque a particulièrement mis l'accent sur la quête non conventionnelle du pouvoir politique par Cléopâtre et Olympias et sur leur rupture avec les valeurs morales attendues des femmes respectables. Il cite une lettre d'Alexandre qui décrit la liaison de Cléopâtre avec un jeune courtisan, bien que dans cette citation, Alexandre dise négligemment que sa sœur, très occupée, mérite certainement une agréable pause dans ses responsabilités (Plutarque, Moralia 818b-c).

En 331 avant notre ère, le mari de Cléopâtre fut tué lors de la bataille de Pandosia contre les Lucaniens et les Bruttiens, dans le sud de l'Italie. Selon Eschine, Cléopâtre reçut les envoyés athéniens qui lui transmirent le message de consolation en tant que reine veuve indépendante (Contre Ctésiphon 242). Cependant, nous n'avons pas d'autres preuves du règne de Cléopâtre dans cette position. Les écrits historiques s'accordent sur le fait qu'Alexandre Ier fut remplacé par son cousin Éacide (r. de 331 à 316 av. J.-C.), fils d'Arybbas. Cléopâtre dut retourner en Macédoine avec ses enfants peu de temps après. Il est intéressant de noter qu'à la même époque, Olympias s'installa en Épire après avoir tenté pendant des années de dominer Antipater (r. de 321 à 319 av. J.-C.), qui gouvernait la Macédoine en tant que régent pendant l'absence d'Alexandre le Grand. Cependant, il est peu probable qu'elle ait pu rester dans une cour qui n'était plus gouvernée par son frère, sa fille ou son très jeune petit-fils.

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Olympias
Olympias
Walters Art Museum (CC BY-SA)

Là encore, Plutarque reste notre seule source concernant les projets supposés d'Olympias et de Cléopâtre de régner respectivement sur l'Épire et la Macédoine. Il rapporte qu'Alexandre loua le choix de sa mère mais exprima des doutes sur le fait que les Macédoniens acceptent un jour le règne d'une femme:

En effet, même contre Antipater, Olympias et Cléopâtre avaient soulevé une faction, Olympias s'emparant de l'Épire et Cléopâtre de la Macédoine. Lorsqu'il apprit cela, Alexandre déclara que sa mère avait fait le meilleur choix, car les Macédoniens ne se soumettraient pas à la domination d'une femme.

(Plutarque, Alexandre 7.68.4-5)

Veuve royale

Alexandre ne se montra jamais très intéressé par le rôle de kyrios pour sa mère ou ses sœurs veuves. Après une tentative ratée de marier sa demi-sœur veuve, Cynane, à ses débuts sur le trône, il n'y a aucune preuve qu'Alexandre se soit à nouveau présenté en tant que tuteur masculin d'une femme de sa famille. Par ailleurs, plusieurs reines macédoniennes veuves décidaient de se remarier ou de rester célibataires sans l'intervention d'un kyrios. Il est donc très probable que Cléopâtre ait passé les années entre 331 avant notre ère et la mort d'Alexandre le Grand dans le calme, se consacrant à l'éducation de ses enfants et à la gestion de ses responsabilités domestiques et éventuellement religieuses.

La mort soudaine d'Alexandre en 323 avant notre ère fut un réel boulversement. Au cours des quatre décennies suivantes, entre 323 et 281 avant notre ère, les commandants, parents, gouverneurs et régents d'Alexandre se disputèrent âprement la part du lion, voire la totalité, de l'empire nouvellement conquis, dans une série de conflits connus sous le nom de guerres des Diadoques (= princes héritiers, c'est-à-dire les successeurs d'Alexandre). Un aspect essentiel de cette lutte pour le pouvoir consistait à légitimer sa prétention à la succession en épousant l'une des veuves royales macédoniennes, qui étaient les filles de Philippe II et les sœurs d'Alexandre. Lorsque Cynane fut tuée au combat en 322 avant notre ère, les possibilités de mariage se réduisirent à Cléopâtre et Thessaloniké (vers 345-295 av. J.-C.).

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Gold Ivy Wreath from Nea Apollonia, Thessaloniki
Couronne de lierre doré de Nea Apollonia, Thessalonique
Nathalie Choubineh (CC BY-NC-SA)

Pour des raisons encore contestées, Thessaloniké semble être restée célibataire jusqu'à la fin de la vingtaine. Elle est presque perdue pour les historiens avant son mariage avec Cassandre (r. de 317 à 297 av. J.-C.), l'un des Diadoques, qui vainquit et tua Olympias en 316 av. J.-C. et élimina ensuite le seul fils légitime et héritier d'Alexandre, Alexandre IV de Macédoine (323-309 av. J.-C.), ainsi que sa mère, Roxane. D'autre part, Cléopâtre devint rapidement un pion précieux dans les plans ambitieux de chacun et finit par recevoir des propositions de presque tous les Diadoques, y compris Cassandre, Lysimaque, Antigone Ier et Ptolémée Ier.

Prétendants et sa mort

Le premier projet de mariage de Cléopâtre aurait été fixé par elle ou par sa mère. Peu après la mort d'Alexandre, Cléopâtre écrivit une lettre à Léonnatos de Lyncestide, son compagnon d'enfance et ami intime d'Alexandre, et l'invita à venir l'épouser. Leonnatos était alors gouverneur de la Phrygie, sur l'Hellespont, nommé par Perdiccas (vers 355-320 av. J.-C.), le commandant de confiance d'Alexandre. Apparemment, l'offre de Cléopâtre plut à Léonnatos, qui se mit immédiatement en route pour la Macédoine. Mais avant d'y arriver, pour des raisons encore contestées par les spécialistes, Léonnatos emmena une armée avec lui pour réprimer la révolte des Athéniens contre l'hégémonie macédonienne à la suite de la mort d'Alexandre. Sa campagne se solda par une victoire décisive des Macédoniens, bien qu'elle lui ait coûté la vie (Plutarque, Phocion 25.5).

Après la mort de Léonnatos au printemps 322 avant notre ère, Cléopâtre modifia ses projets matrimoniaux pour se tourner vers une option encore plus intéressante, Perdiccas. Ayant reçu le sceau d'Alexandre du roi, Perdiccas présidait le nouvel empire au nom du frère et successeur immédiat d'Alexandre, le roi Philippe III Arrhidée de Macédoine (r. de 323 à 317 av. J.-C.), mentalement handicapé et dont on prévoyait une mort prématurée. Un mariage entre Perdiccas et Cléopâtre aurait pu mettre fin aux conflits concernant la succession d'Alexandre, avec le commandant et la sœur qu'il avait choisis sur le trône de l'empire macédonien. Cependant, Cléopâtre et Olympias n'étaient pas les seules à avoir besoin d'une association avec Perdiccas. Leur ennemi le plus acharné, Antipater, avait les mêmes intentions. En tant que régent d'Alexandre pendant son absence, Antipater avait régné à la cour des Argéades à Pella et était prêt à tout pour conserver son siège. Lorsque Cléopâtre se rendit à Sardes pour rejoindre Perdiccas en réponse à son offre de mariage, elle découvrit que Perdiccas était déjà fiancé à la fille d'Antipater, Nicée (c. 335 à c. 302 av. J.-C.).

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Une fois Perdiccas écarté, les autres Diadoques ne predirent pas de temps et essayèrent de prendre sa place aux côtés de Cléopâtre.

Bien que Perdiccas ait continué et épousé Nicée, il suivit rapidement les conseils d'Eumène de Cardia (v. 361-315 av. J.-C.), le secrétaire personnel d'Alexandre, et divorça pour épouser Cléopâtre. Non seulement Antipater fut furieux, mais le reste des Diadoques fut alerté de la conquête du trône d'Alexandre par Perdiccas. Aucun d'entre eux n'hésita à attaquer Perdiccas sur-le-champ, et c'est ainsi que débuta la première guerre des Diadoques avant la fin de l'année 322 avant notre ère. Perdiccas, commandant très habile, remporta des succès considérables bien qu'il ait dû affronter de nombreux ennemis avec seulement quelques alliés. Cependant, ses progrès contre les forces de Ptolémée en Égypte se révélèrent si lents et si laborieux qu'il finit par être assassiné par ses propres généraux mécontents en 320 avant notre ère.

Perdiccas écarté, les autres Diadoques ne perdirent pas de temps pour prendre sa place aux côtés de Cléopâtre. L'un d'entre eux, le rusé Eumène, fit part de son intention de combattre et de vaincre Antipater dans le seul but de gagner les faveurs de Cléopâtre. Cléopâtre, cependant, ne se faisait aucune illusion sur la puissance massive d'Antipater et sur le manque de moyens et de prouesses militaires d'Eumène. Elle convainquit donc Eumène de renoncer à ses projets et de partir en toute sécurité et en paix.

Bien que les tentatives de mariage de Cléopâtre n'aient pas abouti, Antipater s'inquiétait de plus en plus de l'influence qu'elle exerçait sur les ambitieux successeurs. Il chercha d'abord à l'affaiblir en l'accusant, peut-être publiquement, d'être capricieuse dans sa philia (amitié) avec Perdiccas et Eumène. Toutefois, ces accusations furent facilement rejetées. Cléopâtre, en retour, adopta une approche plus directe en rappelant à Antipater qu'il avait soutenu Perdiccas dans le meurtre de sa sœur, Cynane. Antipater fut alors contraint de reconsidérer sa position et commença à envisager d'épouser Cléopâtre ou de faire en sorte que l'un de ses fils l'épouse.

Cependant, avant que tout cela ne puisse avoir lieu, Antipater mourut en 319 avant notre ère, et la deuxième guerre des Diadoques éclata pour prendre sa place à la tête de la Macédoine. Le déroulement des conflits donna un pouvoir immense à l'un des commandants les plus importants de l'armée d'Alexandre, Antigone Ier le borgne (382-301 av. J.-C.). Il réussit à s'emparer de plusieurs centres clés de l'empire d'Alexandre, dont Sardes. Dès lors, Cléopâtre vécut sous sa protection, ou plutôt, comme l'entendent la plupart des spécialistes, "une détention à domicile virtuelle" (Whitehorne, 58). On ne sait pas grand-chose de sa vie pendant une décennie, bien qu'elle n'ait pu être exempte de peur, de chagrin et de douleur avec l'assassinat de sa mère, Olympias, en 316 avant notre ère, et de son neveu adolescent, Alexandre IV, en 310 avant notre ère, parmi les rebondissements incessants de son propre destin au cours des guerres de succession.

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Hellenistic Successor Kingdoms c. 301 BCE
Royaumes des diadoques, 301 av. J.-C.
Simeon Netchev (CC BY-NC-ND)

En 308 avant notre ère, Ptolémée, déjà maître de l'Égypte, dans ses expéditions contre Antigone, débarqua en Asie. Cléopâtre, agitée par une récente querelle avec Antigone et/ou épuisée de vivre dans sa réclusion, quitta Sardes pour le rejoindre. Elle fut arrêtée à mi-chemin, ramenée à Sardes et secrètement assassinée par l'une de ses servantes. Comme le raconte Diodore:

Le gouverneur de Sardes, qui avait reçu d'Antigone l'ordre de surveiller Cléopâtre, l'empêcha de partir ; mais plus tard, sur l'ordre du prince, il fit traîtreusement périr Cléopâtre par l'entremise de certaines femmes. Mais Antigone, ne voulant pas que le meurtre lui soit imputé, punit certaines des femmes qui avaient comploté contre elle et veilla à ce que les funérailles se déroulent selon les règles de la royauté. C'est ainsi que Cléopâtre, après avoir été la lauréate d'un concours entre les chefs les plus éminents, connut ce sort avant que son mariage ne soit réalisé.

(20.37.5-6)

Avec la mort de Cléopâtre, il ne restait plus grand-chose pour compléter l'histoire des Argéades. Son fils, Néoptolème II, monta sur le trône d'Épire et régna quelques années jusqu'en 297 avant notre ère, date à laquelle il fut assassiné et remplacé par son cousin, Pyrrhus (règne 297-272 av. J.-C.). Deux ans plus tard, la plus jeune sœur de Cléopâtre, Thessaloniké de Macédoine, fut également assassinée par son propre fils en 295 avant notre ère, qui tua ensuite son frère et fut assassiné en l'espace de quelques mois.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Nathalie Choubineh
L'autrice, traductrice et chercheuse, aime se plonger dans les danses anciennes, les croyances et les rituels, les mythes et les histoires, les œuvres d'art et les autres formes d'expression culturelle et leurs imbrications. Elle aime apprendre et partager.

Citer cette ressource

Style APA

Choubineh, N. (2025, juin 17). Cléopâtre de Macédoine [Cleopatra of Macedon]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18913/cleopatre-de-macedoine/

Style Chicago

Choubineh, Nathalie. "Cléopâtre de Macédoine." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juin 17, 2025. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18913/cleopatre-de-macedoine/.

Style MLA

Choubineh, Nathalie. "Cléopâtre de Macédoine." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 17 juin 2025, https://www.worldhistory.org/Cleopatra_of_Macedon/. Web. 14 juil. 2025.

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