Économie de l'Égypte Ptolémaïque

Article

Arienne King
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 25 juillet 2018
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Disponible dans ces autres langues: anglais

L'Égypte ptolémaïque s'était rapidement imposée en tant que puissance économique du monde antique à la fin du 4e siècle avant notre ère. La richesse de l'Égypte était due en grande partie à la fertilité inégalée du Nil qui servait de grenier à blé au royaume ptolémaïque. L'économie égyptienne connut de nombreux changements radicaux au cours de la période ptolémaïque, notamment l'introduction de la première monnaie officielle, l'apparition de nouvelles cultures et le développement du commerce international. Les pratiques bureaucratiques corrompues, les sécheresses, les dépenses militaires et les troubles politiques affectèrent l'économie de la dynastie ptolémaïque alors que le royaume entrait dans une période de déclin au IIe siècle avant notre ère. Néanmoins, l'Égypte ptolémaïque resta l'une des plus grandes économies de la Méditerranée jusqu'à la conquête romaine de l'Égypte en 30 avant notre ère.

Nile Mosaic of Palestrina
Mosaïque du Nil de Palestrina
Yann (Public Domain)

Gestion de l'économie égyptienne

Au lieu de déraciner la tradition égyptienne, la dynastie des Ptolémées incorpora des pratiques administratives préexistantes lorsqu'elle prit le contrôle de l'Égypte à la fin du IVe siècle avant notre ère. Ptolémée II Philadelphe (285 av. J.-C. - 246 av. J.-C.) jeta les bases de la politique économique ptolémaïque en introduisant de nouvelles lois sur les revenus et la propriété, ainsi que de nouveaux impôts. Ptolémée II commença également à distribuer aux fonctionnaires des "textes d'instruction" décrivant un comportement gouvernemental idéal, afin de créer une sorte de norme bureaucratique.

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Le gouvernement ptolémaïque ne disposait pas d'une chaîne de commandement claire et les domaines de responsabilité se chevauchaient fréquemment.

Le principal ministre de l'économie de l'Égypte ptolémaïque était le dioikète, nommé par le monarque au pouvoir pour définir les politiques économiques de l'Égypte. Tous les bureaux chargés des finances, de l'agriculture et de la tenue des registres étaient placés sous son égide. Pour des raisons pratiques, l'Égypte ancienne était divisée en provinces administratives appelées nomes. Au niveau du nome, les fonctionnaires traitaient avec les autorités municipales et villageoises pour gérer les questions économiques telles que la gestion des terres, la fiscalité et la circulation de la monnaie.

À première vue, l'Égypte ptolémaïque semble avoir été une bureaucratie très organisée, que les premiers historiens modernes ont caractérisée comme le produit d'un État despotique très centralisé. La couronne ptolémaïque dirigeait sans doute les politiques économiques, mais celles-ci ne pouvaient être appliquées que par les autorités locales qui cherchaient à accroître leur propre pouvoir et leur prestige. Pour compliquer les choses, le gouvernement ptolémaïque ne disposait pas d'une chaîne de commandement claire et les domaines de responsabilité se chevauchaient fréquemment. Il ne faut pas non plus négliger l'initiative indépendante des agriculteurs et des marchands. L'économie de l'Égypte ptolémaïque ne fut donc jamais le produit d'une direction étatique, mais le résultat d'influences fiscales, agricoles et sociales qui se chevauchaient. Sitta Von Reden, dans The Ancient Economy and Ptolemaic Egypt (L'économie antique et l'Égypte ptolémaïque ), résume cela de manière concise:

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La transformation d'un système en un autre basé sur la monnaie et le contrat ne fut toutefois pas obtenue par la force ou la centralisation comme l'ont affirmé les chercheurs précédents; il s'agissait plutôt d'un système soigneusement conçu comme un équilibre entre le pouvoir étatique et local, le patronage royal et l'initiative privée, ainsi que les modèles agraires indigènes et l'innovation grecque. (175)

La corruption sévissait à tous les niveaux du gouvernement et laissait place à des pratiques bureaucratiques prédatrices. Cette situation persista malgré les décrets royaux interdisant l'exploitation financière des sujets ptolémaïques par les fonctionnaires. En raison de la défaillance du système fiscal, les souverains ptolémaïques commençaient souvent leur règne en accordant une remise générale de toutes les dettes dues au gouvernement afin d'aider à réparer les dommages causés par la corruption de l'État.

À partir du IIIe siècle avant notre ère, les inégalités sociales et économiques provoquèrent des soulèvements et des troubles civils qui mirent à rude épreuve l'économie égyptienne. Le soulèvement le plus important se produisit entre 205 et 185 avant notre ère, lorsque la Haute-Égypte se sépara temporairement du royaume ptolémaïque avec le soutien de la Nubie. La Haute-Égypte fut reconquise sous le règne de Ptolémée V (204 av. J.-C. - vers 180 av. J.-C.), mais les effets de cette insurrection ébranlèrent l'Égypte et incitèrent la dynastie ptolémaïque à réformer de nombreux aspects de son régime.

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Propriétaires terriens et ouvriers agricoles

On estime que 30 à 50 % des terres agricoles de l'Égypte ptolémaïque appartenaient directement à la couronne, les propriétés des temples constituant une autre catégorie importante de terres. Les temples géraient les terres, archivaient les informations et possédaient de grands domaines qui finançaient les dépenses des temples par le biais de la production agricole et des impôts. Contrairement à ce que l'on croit généralement, la propriété foncière privée existait bel et bien dans l'Égypte ptolémaïque, et elle est particulièrement bien attestée en Haute-Égypte.

Plowing Egyptian Farmer
Fermier égyptien en train de labourer
Zenodot Verlagsgesellschaft mbH (GNU FDL)

La dynastie ptolémaïque attribua des terres arables aux cavaliers et aux fantassins pour toute leur vie afin de créer une classe de soldats loyaux et propriétaires (appelés cleruchs) comparable à celle de la Grèce et de la Macédoine. Les cleruchs étaient principalement des Grecs, des Thraces, des Cyréniens et des Égyptiens hellénisés dont les fils héritaient de leur statut et recevaient leurs propres "domaines en cadeau" lorsqu'ils entraient au service militaire. Les fonctionnaires et les favoris de la famille royale recevaient également des domaines.

Comme partout ailleurs dans la Méditerranée antique, la majorité de la population égyptienne était constituée d'ouvriers agricoles. La plupart étaient des métayers qui vivaient et travaillaient sur des parcelles de terre louées ou affermées. Leurs employeurs leur fournissaient du matériel agricole et leur prêtaient des semences. La couronne et les propriétaires de domaines avaient également souvent recours à la main-d'œuvre salariée. Les sujets ptolémaïques étaient convoqués par la couronne pour des prélèvements de main-d'œuvre à certaines périodes de l'année, lorsqu'une main-d'œuvre supplémentaire était nécessaire pour aider aux plantations et aux récoltes.

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Agriculture

À l'époque ptolémaïque, l'Égypte était un grand producteur de céréales, de vin, de lin, de coton, de papyrus et d'un large éventail de fruits, de légumes et d'épices. L'introduction de nouvelles cultures, la culture du vin et de l'huile d'olive au cours de la période ptolémaïque jouèrent un rôle important dans la transformation de l'alimentation et de la culture égyptiennes à cette époque. Les premiers investisseurs dans cette révolution agricole étaient des clérouques ou des fonctionnaires ptolémaïques comme Apollonius, le dioikète de Ptolémée II. Les olives et les raisins devinrent peu à peu des cultures de base à mesure que le régime alimentaire traditionnel était de plus en plus influencé par la cuisine méditerranéenne dans l'Égypte ptolémaïque et romaine. Le vin était cultivé en Égypte depuis des millénaires, mais sa consommation était loin d'être aussi omniprésente ou importante sur le plan culturel qu'en Grèce. Le climat de la majeure partie de l'Égypte ne se prêtait pas à la viticulture et le vin égyptien était notoirement médiocre. Pour améliorer les millésimes, certains propriétaires de vignobles importèrent à grands frais des vignes plus âgées de Grèce pour les cultiver en Égypte.

Satyrs Making Wine
Satyres faisant du vin
Wikipedia (GNU FDL)

Pendant la période ptolémaïque, les agriculteurs égyptiens commencèrent à cultiver le blé dur à la place du blé tendre et de l'orge. Ces nouvelles céréales atteignaient des prix plus élevés sur les marchés étrangers et étaient plus populaires auprès des colons hellénistiques et proche-orientaux installés en Égypte. L'inconvénient était que ces nouvelles cultures nécessitaient encore plus d'eau que les denrées traditionnelles égyptiennes qu'elles remplaçaient. À la fin du IIIe siècle avant notre ère, de vastes systèmes de canaux furent construits pour irriguer les terres qui, autrement, étaient trop éloignées du Nil pour être alimentées par le fleuve. Ces canaux étaient entretenus par une combinaison de travailleurs salariés sous contrat et de prélèvements sur la main-d'œuvre.

Les nouvelles techniques d'irrigation jouèrent également un rôle dans l'ouverture de nouvelles terres à l'agriculture. À cette époque, un programme massif de mise en valeur des terres fut lancé pour drainer le Fayoum marécageux, qui allait devenir une zone agricole importante dans l'Égypte ptolémaïque. La dépendance à l'égard des crues annuelles du Nil, plutôt qu'à l'égard de la pluie, était à la fois un atout et une faiblesse de l'Égypte. Le fait que le Nil ne soit pas entièrement inondé certaines années entraîna des sécheresses et des famines périodiques. Pour faire face à ces famines récurrentes, les réserves gouvernementales de céréales et de lentilles pouvaient être vendues sur le marché ou distribuées à la population.

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Argent dans l'Égypte ptolémaïque

Avant la conquête de l'Égypte par Alexandre le Grand, le pays n'avait jamais utilisé de système de monnaie frappée. Les échanges se faisaient en nature ou par troc à des taux fixes. Le blé était le plus souvent échangé en Égypte, de même que les métaux précieux tels que l'or, l'argent et le cuivre. Des imitations égyptiennes de la monnaie athénienne avaient frappées aux 4e et 5e siècles avant notre ère, et la 30e dynastie égyptienne avait introduit le statère en or égyptien (c. 360 av. J.-C.) afin de payer les mercenaires grecs. Cependant, ces pièces n'avaient jamais été utilisées à grande échelle et furent abandonnées après la conquête de l'Égypte par les Perses achéménides en 343 avant notre ère.

Alexander the Great, Ptolemaic Coin of Alexandria
Alexandre le Grand, pièce de monnaie ptolémaïque d'Alexandrie
PHGCOM (CC BY-SA)

Après la conquête de l'Égypte par Alexandre le Grand (336 av. J.-C. - 323 av. J.-C.), des pièces de Macédoine et du reste de son empire commencèrent à circuler dans le pays. Alors que l'Égypte était une satrapie de l'empire d'Alexandre le Grand, des drachmes commencèrent à être frappées en Égypte et utilisées par l'élite. Malgré ces développements, l'Égypte n'avait pas vraiment eu de monnaie frappée qui lui soit propre avant le règne de Ptolémée Ier. Le royaume ptolémaïque frappa des pièces égyptiennes qui étaient à peu près équivalentes aux dénominations grecques standard qu'étaient le chalque, l'obole et la drachme.

La monnaie avait une fonction pratique, car elle permettait de créer une économie partiellement monétisée, mais elle servait également de propagande politique. Ce nouveau système monétaire fut utilisé dans toute l'Égypte, bien que les échanges en nature aient continué à être utilisés dans les transactions quotidiennes, tant par les Hellènes que par les Égyptiens. Ces transactions étaient enregistrées par des reçus en grec ou en démotique égyptien, rédigés sur des ostraca (tessons de poterie).

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Les sources d'or et de cuivre étaient relativement abondantes, mais l'argent, l'étalon des monnaies hellénistiques, avait toujours été rare en Égypte et devait être importé. Pour faire face à la pénurie d'argent, Ptolémée Ier (323 av. J.-C. - 285 av. J.-C.) réduisit les drachmes d'argent et d'or à 80 % de leur poids d'origine en 305 av. J.-C. Le calibre de la monnaie ptolémaïque dans son ensemble varia considérablement, car les monarques suivants avilirent la monnaie en réduisant le pourcentage de métaux précieux afin de financer des guerres ou de faire face à des difficultés économiques.

Un système monétaire fermé fut créé en interdisant l'utilisation de monnaies étrangères en Égypte au début du troisième siècle avant notre ère. Tous les marchands étrangers désireux d'acheter des marchandises en Égypte devaient échanger leurs devises contre de l'argent égyptien à un taux de 1 pour 1. L'administration royale empochait les bénéfices réalisés grâce à l'échange de pièces étrangères contre de la monnaie égyptienne de moindre valeur.

Cleopatra VII
Cléopâtre VII
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Une réforme majeure eut lieu vers 260 avant notre ère. Tout d'abord, de nouvelles pièces d'argent furent ajoutées aux pièces existantes. D'autre part, des pièces de bronze plus lourdes furent frappées pour remplacer partiellement l'argent dans les transactions importantes. La plus grande de ces nouvelles pièces de bronze pesait entre 69 et 72 grammes et équivalait approximativement à une drachme d'argent. Dans les années 230 avant notre ère, le bronze avait pratiquement remplacé l'argent dans les transactions quotidiennes, ce qui était inédit dans le monde grec.

Ptolémée IV (221 av. J.-C. - 204 av. J.-C.) réduisit considérablement le poids des pièces de bronze. En conséquence, le pouvoir d'achat du bronze fut divisé par deux et un "étalon argent" prit le relais, ce qui devint de plus en plus pénible pour les travailleurs ruraux qui étaient payés en bronze. En réaction à cette évolution, Ptolémée V (205 av. J.-C. - 180 av. J.-C.) remania complètement le système monétaire en 197 av. J.-C. et introduisit de nouvelles dénominations en bronze. L'avilissement le plus spectaculaire de l'argent se produisit sous le règne de Ptolémée XII (80 av. J.-C. - 58 av. J.-C., second règne de 55 av. J.-C. - 51 av. J.-C.) qui réduisit la pureté de l'argent à 33 % en 53 av. J.-C. pour tenter de rembourser ses énormes dettes aux créanciers romains. Cléopâtre VII (55 av. J.-C. - 30 av. J.-C.) réforma le système monétaire en 51 av. J.-C. Elle introduisit notamment de nouvelles dénominations en bronze et réduisit la pureté des drachmes d'argent ptolémaïques de plus de 50 % pour les aligner sur le denier romain.

Taxes

La fiscalité était la principale source de revenus de la couronne ptolémaïque. La plupart des impôts pouvaient être payés en nature, seuls quelques-uns devaient être payés en pièces. Afin d'évaluer les taxes, les champs, les vergers et les vignobles étaient périodiquement arpentés. Les produits agricoles et artisanaux étaient taxés à chaque étape de la production, de la récolte à la vente finale. Non seulement les biens et les terres étaient taxés, mais aussi les individus, leurs enfants et leurs esclaves. À cette fin, des scribes procédaient à des recensements à intervalles réguliers.

Demotic Ostracon Recording Payment of Necropolis Tax
Ostracon démotique attestant du paiement de la taxe sur les nécropoles
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Tous les sujets ptolémaïques n'étaient pas imposés aux mêmes taux. L'éligibilité à une taxation réduite était évaluée en fonction d'un certain nombre de facteurs liés à la profession et à la classe sociale. Les citoyens de villes comme Alexandrie et Ptolémaïs, ainsi que les résidents des capitales de nome, étaient exemptés de certaines taxes annuelles et en payaient d'autres à des taux réduits. Les propriétaires terriens qui avaient planté des vignes avec leurs propres fonds payaient des taxes réduites sur leurs vignobles.

Les individus étaient tenus de payer des impôts différents en fonction de leur statut ethnique lors du recensement. Les Hellènes (Grecs) payaient moins d'impôts que des groupes comme les Égyptiens ou les Cyréniens (Libyens). Bien que ces statuts aient été définis en termes ethniques, ils ne reflétaient pas nécessairement l'appartenance ethnique réelle de l'individu. Ces étiquettes ethniques étaient en réalité fortement liées à la culture et à la profession. Les exemples les plus notables sont la désignation de tous les prêtres comme Hellènes à des fins fiscales et la désignation d'étiquettes ethniques en fonction du rôle militaire d'un soldat. Les enseignants et les acteurs bénéficiaient d'exemptions similaires, car ils étaient considérés comme des promoteurs de la culture grecque.

Fabrication de produits dans l'Égypte ptolémaïque

Outre les produits de base tels que les céréales et le papyrus, l'Égypte ptolémaïque exportait des produits de luxe et des marchandises vers le Proche-Orient, la Grèce, l'Italie romaine et Méroé. De grands ateliers égyptiens transformaient les matières premières en produits finis tels que des tissus teints, des bijoux et des œuvres d'art, qui étaient vendus dans le pays ou exportés dans tout le monde antique. Des travailleurs libres et des esclaves travaillaient dans ces ateliers pour tisser et fabriquer les produits finis.

Pendant une grande partie de l'histoire de l'Égypte, le lin était le textile préféré, mais cette situation commença à changer à l'époque ptolémaïque. La laine était le vêtement préféré des colons grecs qui avaient immigré en Égypte sous le règne des Ptolémées, et de nouvelles industries apparurent pour répondre à leurs besoins. À cette fin, des moutons provenant de régions telles que Milos en Grèce furent importés. La laine était souvent teintée de couleurs vives, égyptiennes ou importées, et utilisée pour produire des tapis, des vêtements et d'autres tapisseries.

Egyptian Faience Capital-shaped Cosmetic Box
Boîte à cosmétiques en chapiteau en faîence égyptienne
Metropolitan Museum of Art (Copyright)

Le secteur des cosmétiques, des médicaments et des parfums était une industrie importante dans l'Égypte ptolémaïque. Bien que certains ingrédients de ces produits aient dû être importés, beaucoup étaient également produits dans le pays, car l'Égypte disposait de riches ressources agricoles et minérales. Les minéraux trouvés en Égypte, comme le natron, la malachite et le calcaire, étaient utilisés dans la production de produits médicinaux et cosmétiques qui étaient prisés et imités dans tout le monde antique.

Le verre et la poterie étaient également des produits importants, utilisés à des fins diverses, allant des récipients pour manger et boire au quotidien à des bijoux et des objets d'art plus raffinés. La faïence égyptienne était particulièrement recherchée dans toute la Méditerranée pour sa texture brillante et ses couleurs vives.

Commerce dans l'Égypte ptolémaïque

L'Égypte était un centre commercial important depuis des millénaires, mais le volume et la portée du commerce égyptien se multiplièrent au cours de la période ptolémaïque. Alexandrie fut placée à dessein au carrefour de l'Afrique, de l'Asie et de l'Europe pour encourager le commerce, et la ville devint l'un des centres de commerce les plus importants de la Méditerranée antique. Les produits méditerranéens affluaient à Alexandrie pour nourrir les appétits culturels d'une métropole hellénistique en plein essor. Le vin grec et les poteries provenant de régions comme la Crète et Chypre étaient des importations particulièrement importantes pour la capitale. Du vin et d'autres marchandises étaient également importés de la péninsule italienne, le commerce romain-égyptien devenant de plus en plus important aux IIe et Ier siècles avant notre ère.

Les villes portuaires de la côte égyptienne et de la mer Rouge étaient des voies de passage pour le commerce maritime et terrestre vers l'Égypte depuis l'Asie et l'Afrique. Diverses polities arabes servaient d'intermédiaires pour le commerce entre l'Égypte et le Proche-Orient, et l'Arabie elle-même était une source importante d'articles tels que l'encens et la myrrhe. L'argent était importé du Proche-Orient pour pallier le manque de ressources en argent de l'Égypte. Le commerce de la mer Rouge reliait aussi indirectement l'Égypte à l'Asie du Sud-Est et au sous-continent indien. La soie chinoise, l'écaille de tortue et les épices exotiques étaient importées en tant qu'articles de luxe coûteux.

Ptolemaic Trade Networks in the Late 1st Century BCE
Les réseaux commerciaux ptolémaïques à la fin du 1er siècle avant notre ère
Arienne King (CC BY-SA)

Outre les épices, l'Inde était une source importante d'éléphants de guerre pour l'armée ptolémaïque. Comme ce commerce devait se faire par voie terrestre, l'expansion de l'empire séleucide coupa l'accès du royaume ptolémaïque aux éléphants de guerre dès le IIe siècle avant notre ère. La nécessité de trouver une autre source d'approvisionnement fut un facteur clé dans l'augmentation du commerce ptolémaïque avec l'Afrique de l'Est. La première utilisation d'éléphants éthiopiens ou "troglodytiques" pour la guerre date du règne de Ptolémée III (246-222 av. J.-C.). Toutefois, ces éléphants d'Afrique se révélèrent incapables de rivaliser avec leurs homologues indiens et leur utilisation fut abandonnée après la bataille de Raphia (217 av. J.-C.).

Le commerce entre l'Égypte et d'autres parties de l'Afrique du Nord-Est et de l'Est était très lucratif pendant la période ptolémaïque. Les comptoirs et les petites villes situés à la frontière de la Nubie, dans le Dodécaschène, constituaient une source importante d'or et de gibier exotique. Le commerce maritime ptolémaïque sur la côte est-africaine s'étendait jusqu'à des villes comme Sarapion et Nikon, dans l'actuelle Somalie. L'ivoire, l'or et l'encens figuraient parmi les marchandises les plus importantes de ce commerce côtier en raison des prix élevés qu'ils atteignaient sur le marché égyptien. Un large éventail de meubles, d'œuvres d'art et d'ornements personnels en ivoire furent créés dans l'Égypte ptolémaïque à cette époque, car ce matériau était à la fois exotique et facile à sculpter.

Ivory Token Depicting Egyptian Obelisk and Temple
Jeton en ivoire représentant un obélisque et un temple égyptiens
Getty Museum (CC BY)

Les échos de la politique ptolémaïque dans l'Égypte romaine

L'État romain ne déracina pas complètement les anciens systèmes de l'administration ptolémaïque. La plupart des bureaux de la bureaucratie royale furent remplacés par des fonctionnaires romains. Les terres qui avaient appartenu à la couronne ptolémaïque furent réorganisées en ager publicus ou terres publiques, et les loyers et taxes qu'elles généraient furent versés directement au trésor romain. Même le système monétaire fermé fut conservé jusqu'en 296 de notre ère.

La domination romaine apporta cependant certains changements immédiats à l'économie égyptienne. Certaines régions d'Égypte, en particulier la Haute-Égypte, furent soumises à une fiscalité sévère, ce qui entraîna plusieurs révoltes au cours des premières années de la domination romaine. Le système hellénistique des soldats terriens fut démantelé et remplacé par la mise en garnison des légions romaines en Égypte. Faire partie de l'Empire romain signifiait également s'intégrer dans ce qui est souvent considéré comme le premier exemple d'économie mondiale, avec tous ses avantages et ses inconvénients. L'importance commerciale déjà considérable de l'Égypte s'accrut considérablement pendant la période romaine, même si, à bien des égards, Rome en profita de manière disproportionnée.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Arienne King
Arienne King est une étudiante et rédactrice indépendante passionnée d'histoire, d'archéologie et de média numérique. En plus d'animer le blog Muses & Mayhem, elle occuppe le poste d'éditrice média au sein de l'Ancient History Encyclopedia.

Citer cette ressource

Style APA

King, A. (2018, juillet 25). Économie de l'Égypte Ptolémaïque [The Economy of Ptolemaic Egypt]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1256/economie-de-legypte-ptolemaique/

Style Chicago

King, Arienne. "Économie de l'Égypte Ptolémaïque." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juillet 25, 2018. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1256/economie-de-legypte-ptolemaique/.

Style MLA

King, Arienne. "Économie de l'Égypte Ptolémaïque." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 25 juil. 2018. Web. 27 avril 2024.

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