Sidon

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 02 septembre 2009
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Disponible dans ces autres langues: anglais, italien
Alexander Sarcophagus (detail) (by Carole Raddato, CC BY-SA)
Sarcophage d'Alexandre (détail)
Carole Raddato (CC BY-SA)

Sidon est le nom grec (signifiant "pêcherie") de l'ancienne ville portuaire phénicienne également connue sous le nom de Saïda dans ce qui est aujourd'hui le Liban (situé à environ 25 miles au sud de Beyrouth). Avec la ville de Tyr, Sidon était la cité-État la plus puissante de l'ancienne Phénicie et fut la première à fabriquer la teinture pourpre qui fit la renommée de Tyr et qui était si rare et si chère que la couleur pourpre devint synonyme de royauté.

La région de Sidon fut habitée dès 4 000 ans avant notre ère et Homère, au VIIIe siècle, souligna l'habileté des Sidoniens à produire du verre. La production de verre rendit Sidon à la fois riche et célèbre et la ville était connue pour être très cosmopolite et "progressiste". La princesse Jézabel, qui deviendrait plus tard reine d'Israël (comme le relatent les livres bibliques des Rois I et II), était la fille du roi de Sidon, Ethbaal (alias Ithobaal Ier), au 9e siècle avant notre ère, et elle épousa le roi Achab d'Israël pour resserrer les liens entre les deux royaumes. La ville est mentionnée à plusieurs reprises dans la Bible et Jésus et Saint Paul y auraient tous deux effectué des visites.

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Sidon est considérée comme le "siège" de la civilisation phénicienne, car c'est de son port que partaient la plupart des navires qui sillonnaient les mers et diffusaient la culture phénicienne. Sidon fut renversée lors de la conquête de la Phénicie par Alexandre le Grand en 332 avant notre ère et, comme le reste de la civilisation phénicienne fragmentée, elle finit par être absorbée par Rome et, enfin, par les musulmans arabes au 7e siècle.

Richesse commerciale

La ville de Sidon s'enrichit grâce au commerce maritime. Les Phéniciens étaient connus pour leur habileté à construire des navires et à naviguer sur les vastes étendues de la mer Méditerranée. L'historien Richard Miles écrit:

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Dès le troisième millénaire avant notre ère, les marins de la cité phénicienne de Byblos avaient mis au point des navires dont les coques incurvées étaient capables de relever les défis de la mer, et utilisaient ces embarcations pour livrer des cargaisons de bois de cèdre à l'Égypte. Au cours des siècles suivants, Byblos et d'autres États phéniciens tels que Sidon, Tyr, Arvad et Beyrouth ont créé une niche importante pour eux-mêmes en transportant des produits de luxe et des matières premières en vrac des marchés d'outre-mer vers le Proche-Orient. (28)

La popularité du commerce phénicien est attestée par les objets fabriqués à Sidon qui ont été retrouvés de l'Égypte à la Grande-Bretagne.

La popularité du commerce phénicien est attestée par les objets fabriqués à Sidon qui ont été retrouvés de l'Égypte à la Mésopotamie, en passant par Rome et la Grande-Bretagne. Les Phéniciens ont été appelés les "intermédiaires" de la culture en raison du transfert culturel qui accompagnait leur commerce.

Les produits de Sidon, en particulier, étaient très prisés et l'on pense que les Égyptiens apprirent leur savoir-faire en matière de fabrication de faïence auprès des Sidoniens. Les verriers de Sidon étaient si habiles que l'invention du verre leur a été attribuée.

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La fabrication de teintures, en particulier la teinture pourpre obtenue à partir du murex, permettait de produire des tissus si coûteux que seule la noblesse pouvait se permettre de les acheter, ce qui, bien entendu, contribuait grandement à la richesse de Sidon. Cette teinture est à l'origine du nom grec des Phéniciens, Phoinkes, qui signifie "le peuple pourpre", et bien qu'elle soit communément associée à la ville de Tyr, c'est à Sidon qu'elle était fabriquée à l'origine. Richard Miles déclare:

Les produits pour lesquels les villes phéniciennes allaient devenir les plus renommées étaient des vêtements luxueusement brodés et des tissus teints dans la pourpre la plus profonde. Leur qualité est reconnue dans la littérature ancienne, de la Bible à l'Odyssée d'Homère. La teinture était obtenue à partir des glandes hypobranchiales de deux espèces de mollusques qui proliféraient dans la région. Des installations destinées à la production de la teinture ont été découvertes par les archéologues dans un certain nombre de villes phéniciennes. La puanteur qui émanait des mollusques en décomposition était si forte que les teintureries étaient situées à la périphérie de la ville. La production se faisait souvent à très grande échelle, le monticule de coquilles de murex jetées à Sidon mesurant plus de 40 mètres de haut (131 pieds). (30)

Lycian Sarcophagus, Sidon
Sarcophage lycien, Sidon
A.K. (Copyright)

Concurrence de Tyr

La ville prospéra au sein d'une confédération de cités-États disséminées le long de la côte du pays de Canaan. Bien qu'elles aient partagé "un héritage linguistique, culturel et religieux commun, la région n'était que très rarement unie politiquement, chaque ville fonctionnant comme un État souverain dirigé par un roi ou un dynaste local" (Miles, 26). Sidon se trouvait ainsi en concurrence avec les autres États de Phénicie pour le commerce et, en particulier, avec la ville de Tyr.

Au 10e siècle avant notre ère, l'équilibre du pouvoir se déplaça vers Tyr, principalement sous l'impulsion des rois de cette ville, Abibaal et, après lui, son fils Hiram Ier. Tyr conclut des accords commerciaux avec le nouveau royaume d'Israël-Juda et son roi David. Cet accord fit la richesse de Tyr et Sidon, essayant de rivaliser, conclut ses propres pactes avec le royaume d'Israël, y compris le mariage de la princesse sidonienne Jézabel, fille d'Ethbaal, avec le roi Achab d'Israël (une histoire célèbre dans la Bible). L'insistance de Jézabel à maintenir sa propre religion et son identité personnelle fut un affront pour un certain nombre de sujets d'Achab et, plus particulièrement, pour le prophète Élie qui la fustigea. Un coup d'État du général Jéhu mit fin au règne de Jézabel et d'Achab et, par la même occasion, aux accords commerciaux entre Sidon et Israël.

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Votive Stele from Sidon
Stèle votive de Sidon
Osama Shukir Muhammed Amin (Copyright)

Alexandre le Grand et le déclin de Sidon

Sidon fut conquise par plusieurs nations (ainsi que le reste de la Phénicie), dont les Syriens, les Perses et, finalement, Alexandre le Grand en 332 avant notre ère. Ayant entendu parler des exploits d'Alexandre et de sa campagne pour renverser Darius III (r. de 336 à 330 av. J.-C.) de l'empire perse achéménide, les Sidoniens se rendirent à lui sans combattre. L'historien Worthington écrit : "Les habitants de Sidon sont même allés jusqu'à déposer leur roi, Straton II, parce qu'il était l'ami de Darius" (105). Les efforts de Sidon pour apaiser Alexandre ne furent cependant pas suivis par Tyr qui résista au conquérant la même année et fut finalement mise à sac; ses habitants furent massacrés et les survivants vendus comme esclaves.

Après la mort d'Alexandre, Sidon et le reste de la Phénicie tombèrent sous la domination de l'un de ses généraux et successeurs, Séleucos Ier Nicator (r. de 305 à 281 av. J.-C.), fondateur de la dynastie des Séleucides. La région de Phénicie, y compris Sidon bien sûr, s'hellénisa de plus en plus sous le règne de Séleucos Ier et le resta même après 64 avant notre ère, lorsque le général romain Pompée annexa la région à l'Empire romain. Lorsque l'empire se divisa, Sidon faisait partie de la moitié orientale qui devint l'Empire byzantin. Des tremblements de terre et d'autres catastrophes naturelles, ainsi que la peste, décimèrent la région entre environ 395 et le VIIe siècle, lorsque la ville fut reprise par les Arabes musulmans.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2009, septembre 02). Sidon [Sidon]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-501/sidon/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Sidon." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 02, 2009. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-501/sidon/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Sidon." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 02 sept. 2009. Web. 27 avril 2024.

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