Pythagore

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 23 mai 2019
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Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
Bust of Pythagoras (by Skies, CC BY-SA)
Buste de Pythagore
Skies (CC BY-SA)

Pythagore (c. 571- c. 497 av. J.-C.) était un philosophe grec dont les enseignements mettaient l'accent sur l'immortalité et la transmigration de l'âme (réincarnation), sur un comportement vertueux et humain envers tous les êtres vivants, et sur le concept de "nombre" en tant que vérité en ce sens que les mathématiques non seulement libèrent l'esprit mais permettent une compréhension objective de la réalité.

Il est surtout connu de nos jours pour le théorème de Pythagore, une formule mathématique qui stipule que le carré de l'hypoténuse d'un triangle rectangle est égal à la somme des carrés des deux autres côtés. Cette formule a été appliquée à la mesure de la distance et de l'espace comme, par exemple, dans la planification et l'exécution de la construction d'un bâtiment. Bien que les auteurs anciens l'aient attribuée à Pythagore, les chercheurs modernes citent des textes babyloniens, écrits bien avant Pythagore, qui traitent de la même formule ou, du moins, d'une formule très similaire.

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On ne sait presque rien de la vie de Pythagore, même si des auteurs plus tardifs (comme Diogène Laërce, c. 180-240 de notre ère) ont tenté de constituer des biographies à partir de récits et de fragments d'œuvres antérieures. La biographie de Pythagore par Laeërce est la plus complète mais, malheureusement, l'auteur ne cite jamais ses sources et il est donc impossible de corroborer nombre de ses affirmations.

La difficulté dans toute discussion sur Pythagore est de séparer l'homme réel et ses enseignements de la mythologie qui l'entoure.

L'influence de Pythagore sur les philosophes ultérieurs, et sur le développement de la philosophie grecque en général, fut énorme. Platon (c. 428/427-348/347 av. J.-C.) fit référence à Pythagore dans un certain nombre de ses œuvres et la pensée pythagoricienne, telle qu'elle est comprise et relayée par d'autres auteurs anciens, est la forme sous-jacente de la philosophie de Platon. Le célèbre élève de Platon, Aristote (384-322 av. J.-C.), incorpora également les enseignements pythagoriciens dans sa propre pensée et les œuvres d'Aristote influencèrent les philosophes, les poètes et les théologiens (parmi beaucoup d'autres) de son époque jusqu'au Moyen Âge (c. 476-1500) et jusqu'aux temps modernes. Bien que Pythagore reste une figure mystérieuse de l'Antiquité, il est donc aussi l'un des plus importants dans le développement de la pensée philosophique et religieuse.

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Vie et œuvre

Ce que l'on sait de Pythagore provient d'auteurs ultérieurs qui rassemblèrent des fragments de sa vie auprès de ses contemporains et de ses étudiants. On sait que Pythagore vit le jour sur l'île de Samos, au large de l'Asie Mineure, où ses ancêtres s'étaient installés après avoir quitté Phlius, une ville du nord-ouest du Péloponnèse, à la suite de la guerre civile qui s'y était déroulée en 380 avant Jésus-Christ. Il reçut une éducation de qualité car son père, Mnésarque, était un riche marchand. Il étudia peut-être à Babylone et en Égypte et eut peut-être les meilleurs précepteurs grecs de l'époque. Tout ceci n'est cependant que spéculation, car les informations proviennent d'auteurs postérieurs qui acceptèrent, sans critique, ce que d'autres avaient écrit sur lui. S'il y eut une biographie de Pythagore faisant autorité, ou des œuvres originales de Pythagore en personne , elles sont perdues depuis longtemps. L'expert Forrest E. Baird commente :

Pythagore a été associé à tant de légendes que peu de spécialistes osent en dire beaucoup sur sa vie, sa personnalité ou même ses enseignements, sans ajouter que nous ne pouvons pas être sûrs que nos informations sont exactes. Qu'il y ait eu un homme du nom de Pythagore qui fonda la secte appelée les Pythagoriciens, nous n'avons pas à en douter; parmi les témoins de son historicité figure son contemporain plus jeune, Héraclite, qui en pensait du mal. Néanmoins, il est notoirement difficile de distinguer les enseignements de Pythagore de ceux de ses disciples, les Pythagoriciens. (14)

L'historicité de Pythagore n'a jamais été remise en question. Héraclite (vc. 500 avant J.-C.), comme le note Baird, considérait que Pythagore était très surestimé et un autre contemporain, le visionnaire Xénophane de Colophon (c. 570-478 av. J.-C.), se moquait de Pythagore pour sa croyance en la réincarnation. La difficulté dans toute discussion sur Pythagore est d'essayer de séparer l'homme réel et ses enseignements de la mythologie qui l'entourait même de son vivant.

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Heraion, Samos
Héraion de Samos
Ondra (CC BY-NC-SA)

Croyances pythagoriciennes

Comme nous l'avons indiqué, aucun des écrits de Pythagore - s'il a jamais écrit quoi que ce soit - n'a survécu et, en raison du secret qu'il exigeait de ses élèves, les détails de ses enseignements furent soigneusement gardés. Le philosophe Porphyre (c. 234 - c. 305 de notre ère), qui a écrit une biographie ultérieure de Pythagore, note :

Ce qu'il a enseigné à ses disciples, personne ne peut le dire avec certitude, car ils ont gardé un silence remarquable. Néanmoins, ce qui suit est généralement connu. Premièrement, il a dit que l'âme est immortelle ; deuxièmement, qu'elle migre vers d'autres espèces d'animaux ; troisièmement, que les mêmes événements se répètent par cycles, rien n'étant nouveau au sens strict ; et enfin, que toutes les choses ayant une âme doivent être considérées comme semblables. Pythagore semble avoir été le premier à introduire ces croyances en Grèce. (Robinson, 58)

L'historien grec Hérodote (c. 484 - c. 425/413 av. J.-C.) fait allusion à Pythagore (mais refuse notoirement de le nommer) dans ses Histoires:

Ces peuples sont aussi les premiers qui aient avancé que l'âme de l'homme est immortelle ; que, lorsque le corps vient à périr, elle entre toujours dans celui de quelque animal ; et qu'après avoir passé ainsi successivement dans toutes les espèces d'animaux terrestres, aquatiques, volatiles, elle rentre dans un corps d'homme qui naît alors ; et que ces différentes transmigrations se font dans l'espace de trois mille ans. Je sais que quelques Grecs ont adopté cette opinion, les uns plus tôt, les autres plus tard, et qu'ils en ont fait usage comme si elle leur appartenait. Leurs noms ne me sont point inconnus, mais je les passe sous silence.(Livre II.123, trad. Remacle)

Comme le théorème de Pythagore, le concept de Pythagore de la transmigration des âmes peut également avoir été emprunté. Le savant George G. M. James, dans son ouvrage Stolen Legacy : The Egyptian Origins of Western Philosophy, souligne que tous les grands philosophes présocratiques ont soit étudié en Égypte soit dans les écoles de mystères égyptiennes d'Asie mineure (James, 9). Thalès (c. 585 avant J.-C.), considéré comme le premier philosophe occidental, étudia à Babylone et deux autres des plus importants présocratiques - Anaximandre (c. 610-c.546 av. J.-C.) et Anaximène (c. 546 av. J.-C.) - ont tous deux beaucoup voyagé et ont eu accès aux écoles à mystères axées sur la pensée religieuse égyptienne.

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Quelle qu'en soit la raison, le secret des enseignements de Pythagore a grandement contribué à sa mystique et à sa réputation.

Il est donc plus que probable que la pensée de Pythagore était en fait une spiritualité égyptienne transplantée en Grèce. Le célèbre secret de Pythagore avait peut-être pour but d'empêcher que ce fait ne circule trop largement et ne le discrédite en tant que penseur original. On dit de lui qu'il était très charismatique et qu'il était un orateur puissant, ce qui aurait sapé son autorité si sa philosophie avait été révélée comme étant simplement une croyance égyptienne reconditionnée.

Il est impossible de savoir s'il cacha ses enseignements pour cette raison ou pour une autre. Il est possible qu'il ait simplement pensé que les masses ne comprendraient pas ou n'apprécieraient pas ses idées. Quelle que soit la raison, le secret contribua grandement à sa mystique et à sa réputation. Sa croyance en l'immortalité de l'âme et en la réincarnation le conduisit tout naturellement à adopter un mode de vie végétarien, en mettant l'accent sur la nécessité de ne faire aucun mal aux autres êtres vivants. Diogène Laërce décrit son régime alimentaire et ses habitudes :

Quant à lui, on dit qu'il se contentait ordinairement de miel, de rayons de cire ou de pain, et qu'il ne buvait pas de vin pendant le jour. Ses mets habituels étaient des légumes crus ou cuits, quelquefois, mais rarement, de la marée. Il portait une tunique blanche d'une propreté irréprochable ; son manteau également blanc était en laine, car l'usage du lin n'avait pas encore pénétré dans les lieux qu'il habitait. Jamais on ne le vit se livrer à la bonne chère ou à l'amour, ni s'abandonner à l'ivresse. Il s'interdisait sévèrement la raillerie et toute espèce de plaisanteries, de sarcasmes ou de propos blessants. (VIII.19)

Laërce décrit Pythagore comme un pescatarien qui mangeait du poisson et des fruits de mer, mais la plupart des autres auteurs anciens soutiennent qu'il était un végétarien strict s'abstenant de la viande de tout être vivant pouvant être considéré comme ayant une âme. De même, il s'abstenait de relations sexuelles et restait célibataire pour conserver son pouvoir spirituel et la clarté de ses pensées. En se désengageant des plaisirs du monde tels que le sexe et la nourriture, il se libéra des distractions du corps pour se concentrer sur l'amélioration de l'âme.

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Cet ascétisme était considéré par certains comme allant trop loin. Lui et ses disciples étaient connus pour s'abstenir de manger, ou même de toucher, des haricots (un récit de sa mort prétend d'ailleurs qu'il ne voulait pas entrer dans un champ de haricots pour échapper à ses poursuivants et qu'il fut donc tué). Laërce mentionne également la critique satirique de Xénophane sur la croyance de Pythagore en la transmigration des âmes :

Il passait un jour auprès d'un jeune chien qu'on maltraitait ; Il en eut pitié, dit-on, et s'écria :
Arrête-loi, cesse de frapper ; c'est mon ami,
C'est son âme; je l'ai reconnu à sa voix. (VIII.36)

Pour Xénophane, qui rejetait la réincarnation, les croyances de Pythagore étaient aussi insensées que de prétendre pouvoir reconnaître la voix d'un ami défunt dans l'aboiement d'un chien. Pour Pythagore, cependant, le végétarisme, le pacifisme et le traitement humain des autres êtres vivants faisaient tous partie du chemin vers la paix intérieure et, par extension, la paix mondiale, car les humains ne pourraient jamais vivre en harmonie tant qu'ils tueraient, mangeraient et seraient cruels envers les animaux. Le mauvais traitement des animaux et la consommation de chair animale dévalorisaient toute vie en soutenant que certaines créatures (les humains) avaient plus de valeur dans la vie que d'autres. Pythagore croyait que toutes les créatures étaient créées égales et devaient être traitées avec respect.

Ses contemporains et les auteurs ultérieurs le considéraient comme un mystique - et non un mathématicien comme on le définit parfois de nos jours - et son école était associée au salut spirituel et à la révélation miraculeuse. Une croyance centrale, qui allait influencer Platon de manière significative, était que la recherche philosophique était vitale pour le salut de l'âme et l'appréhension de la vérité ultime. Un aspect de cette vérité était que rien ne changeait jamais de manière significative et que tout était éternel et se répétait éternellement. Selon l'écrivain antique et élève d'Aristote, Eudème de Rhodes (c. 370 - c. 300 av. J.-C.), Pythagore croyait en la récurrence éternelle comme une nécessité logique et mathématique. Eudème écrit :

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Si l'on croit les pythagoriciens, que les événements se répètent dans un cycle arithmétique, et que je vous parlerai à nouveau assis comme vous l'êtes maintenant, avec cette aiguille dans la main, et que tout le reste sera comme maintenant, alors il est plausible de supposer que le temps, aussi, sera le même que maintenant. (Baird, 16)

Dans cette croyance, Pythagore préfigure le grand philosophe allemand Fredrich Nietzsche (1844-1900) et sa théorie de la récurrence éternelle dans laquelle Nietzsche prétend que, en l'absence de la "ligne d'arrivée" d'un Dieu qui rend son jugement après la mort, la vie d'une personne se réinitialisera automatiquement et se répétera précisément de la même manière. La théorie de Nietzsche a souvent été interprétée comme un encouragement à bien réfléchir à la façon dont on passe son temps, puisqu'on devra revivre éternellement chaque événement, petit ou grand, ce qui a pu être suggéré par les enseignements de Pythagore.

Approximation to the Value of Square Root of 2
Approximation de la valeur de la racine carrée de 2
Cristian Violatti (Copyright, fair use)

Même si Pythagore n'a pas formulé le concept de cette façon, il dut le formuler d'une manière ou d'une autre pour que les pythagoriciens ultérieurs le reprennent. Les concepts de la nature cyclique de la vie et de l'immortalité de l'âme étaient au cœur de la pensée pythagoricienne et ont influencé de nombreux écrivains et penseurs de la Grèce antique, mais aucun n'a eu autant d'importance que Platon.

Pythagore et Platon

Il est possible que Platon ait d'abord été l'élève de Socrate, qu'il ait adhéré à la dialectique pour établir la vérité, puis qu'il se soit progressivement rallié à l'idéalisme de Pythagore - comme l'ont affirmé certains chercheurs - mais il semble plus probable que Socrate était lui-même aligné sur la pensée pythagoricienne. Il n'y a vraiment aucun moyen d'établir une quelconque affirmation dans ce sens, car la majeure partie de ce que nous savons de Socrate provient des Dialogues de Platon, qui furent écrits après la mort de Socrate, lorsque Platon avait déjà un esprit philosophique arrivé à maturité.

Quelle que soit la manière dont elle lui fut présentée, la pensée pythagoricienne influença de manière significative la philosophie de Platon qui comprenait le concept d'une vérité ultime non sujette à l'opinion, d'un mode de vie éthique conforme à cette vérité, de l'immortalité de l'âme, de la nécessité du salut par la philosophie et de l'apprentissage comme recueil. Les concepts pythagoriciens sont apparents dans toute l'œuvre de Platon, mais plus particulièrement dans les dialogues du Ménon et du Phédon

Dans le Ménon, le personnage principal de Platon, Socrate, montre que ce que l'on appelle "apprendre" n'est en fait que "se souvenir" des leçons d'une vie passée. Il prouve son affirmation en demandant à un jeune esclave sans instruction de résoudre un problème de géométrie. Platon soutient que, si l'on meurt avec l'esprit intact, on se "souviendra" de ce que l'on a appris pendant cette vie lorsqu'on naîtra dans la suivante. Ce que l'on croit "apprendre" dans cette vie, on ne fait en réalité que se "souvenir" de sa vie passée et ce que l'on savait dans cette vie passée a été retenu d'une vie précédente.

Platon n'aborde jamais le problème évident que pose cette théorie : à un moment donné, l'âme a dû réellement "apprendre" et pas seulement "se souvenir". Son affirmation selon laquelle on se "souvient" de ce que l'on a appris dans l'éther entre deux vies - et pas seulement dans la forme mortelle - ne résout pas le problème, car l'âme doit toujours "apprendre" à un moment donné, que ce soit dans le corps ou en dehors de celui-ci.

L'affirmation de Pythagore selon laquelle " les choses sont des nombres " et que l'on peut comprendre le monde physique grâce aux mathématiques apparaît également dans le Ménon, non seulement à travers l'interaction de Socrate avec l'esclave, mais aussi à travers son argument selon lequel la vertu est une qualité singulière inhérente à tous les individus, indépendamment de leur âge, de leur sexe ou de leur statut social, de la même manière que le " nombre " informe et définit le monde connu ; on reconnaît la réalité à travers la distinction entre unité et dualité.

Plato
Platon (Musées du Vatican, Rome)
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Cette affirmation irait dans le sens du développement de la célèbre Théorie des formes de Platon, dans laquelle il décrit un monde objectif de la Vérité, au-dessus du royaume des mortels, qui sous-tend et informe toutes les vérités humaines et leur donne leur valeur de "véracité". Selon Platon, sans ce royaume des formes, il ne peut y avoir de vérité réelle, mais seulement des opinions sur ce que l'on estime être la vérité.

Pour Pythagore, les mathématiques étaient la voie vers l'illumination et la compréhension et, comme il l'affirmait, "Dix est la nature même du nombre". Par ce "nombre", il entendait non seulement une unité de mesure, mais aussi un moyen d'appréhender et de comprendre le monde. Il nota comment les gens peuvent compter jusqu'à dix sur leurs doigts et, après avoir atteint dix, revenir à l'unité et recommencer. De la même manière, une âme entre dans un corps, y vit pendant un certain temps, meurt et revient à son point de départ, pour parcourir à nouveau le même chemin.

Ce concept est pleinement exploré dans le Phédon de Platon, le récit du dernier jour de prison de Socrate avant son exécution, qui porte sur l'immortalité de l'âme et l'au-delà. Dès le début du dialogue, Platon utilise le lien de Pythagore avec Phlius, en choisissant Échécrate de Phlius comme interlocuteur et public de Phédon, le narrateur. De plus, les personnages de Simmias et de Cébès de Thèbes - les interlocuteurs centraux de Socrate dans le récit de Phédon - sont tous deux pythagoriciens. Le choix d'Échécrate par Platon relie directement le dialogue à la pensée pythagoricienne dès la première ligne, mais, par l'intermédiaire de Simmias et de Cébès, les concepts pythagoriciens sont introduits et développés tout au long du dialogue.

Vers la fin du dialogue, après que Socrate ait donné diverses preuves de l'immortalité de l'âme, il conclut par cet échange avec Cébès :

Maintenant, continua Socrate, réponds. Que faut-il qui se trouve en un corps pour qu’il soit vivant ?
— Une âme, dit-il.
— En est-il toujours ainsi ?
— Sans doute, fit-il.
— Ainsi, quoi qu’elle occupe, l’âme y vient toujours en y apportant la vie ?
— Oui certainement, dit-il.
— Or y a-t-il quelque chose de contraire à la vie, ou n’y a-t-il rien ?
— Il y a quelque chose, dit-il.
— Quoi ?
— La mort.
— Donc il n’est pas à craindre qu’elle reçoive jamais le contraire de ce qu’elle apporte toujours ; cela suit de nos prémisses.
— Assurément, dit Cébès.

...

Fort bien ; mais ce qui ne reçoit pas la mort, comment l’appelons-nous ?
— Immortel, dit-il.
— Or l’âme ne reçoit pas la mort ?
— Non.
— L’âme est donc immortelle ?
— Elle est immortelle.
— Fort bien, dit-il. Pouvons-nous dire que cela est démontré ? Qu’en penses-tu ?

(Phédon, 105c-e, trad. Remacle)

Les preuves mathématiques offertes précédemment par Socrate concernant les nombres pairs et impairs mènent finalement à la preuve ci-dessus que le "pair" ne peut admettre l'"impair" afin de rester lui-même (pair) et que la vie (l'âme) ne peut admettre la mort et rester la vie ; par conséquent, l'âme doit être immortelle. Toute cette argumentation est caractéristique de la pensée pythagoricienne telle qu'elle est comprise par les auteurs anciens et pratiquée par les sectes pythagoriciennes de l'époque de Platon.

Conclusion

Le Phédon établit également la géographie de l'au-delà qui sera utilisée plus tard par l'Église pour créer les concepts d'enfer, de purgatoire et de paradis. Le concept de purgatoire apparaît pour la première fois dans le Phédon 108b-d, le jugement des morts dans 113d-e, l'enfer dans 113e-114a, et le ciel dans 109d-110b. L'argument de Platon en faveur d'un domaine de vérité ultime, indéniable, à partir duquel toutes les autres vérités sont établies, est également évident dans les récits évangéliques de la Bible, notamment l'Évangile de Jean, et dans les épîtres de saint Paul.

Bien que l'on ne puisse rien affirmer avec certitude sur la vie ou les enseignements originaux de Pythagore, ses disciples et admirateurs ont développé suffisamment sa pensée pour avoir influencé le plus grand philosophe grec de l'Antiquité. L'œuvre de Platon a établi la discipline de la philosophie et a imprégné toutes les autres, à des degrés divers, au cours des 2 000 dernières années. Les détails de la vie de Pythagore ne seront peut-être jamais complètement connus, mais son influence continue de se faire sentir, dans le monde entier, à l'heure actuelle.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2019, mai 23). Pythagore [Pythagoras]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10118/pythagore/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Pythagore." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le mai 23, 2019. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10118/pythagore/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Pythagore." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 23 mai 2019. Web. 19 avril 2024.

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