Michel Psellos

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 14 décembre 2017
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Disponible dans ces autres langues: anglais
Michael Psellos & Michael VII (by Unknown Artist, Public Domain)
Michel Psellos et Michel VII
Unknown Artist (Public Domain)

Michel Psellos (1018- c. 1082) était un historien, un écrivain et un intellectuel byzantin. Il fut le courtisan et le conseiller de plusieurs empereurs byzantins et le précepteur de Michel VII. Rédigés entre 1042 et 1078, ses textes mêlent théologie, philosophie et psychologie. Son œuvre la plus célèbre est la Chronographie, une série de biographies d'empereurs et d'impératrices, qui s'est révélée être une source inestimable sur l'Empire byzantin du XIe siècle.

Vie et œuvre

Né à Constantinople en 1018 et prénommé Constantin par ses parents aristocrates, Michel changea plus tard de nom lorsqu'il entra dans un monastère à mi-carrière. Avant cette décision, il avait réussi à réaliser sa promesse précoce d'enfant prodige lorsqu'il reçut l'enseignement de Jean Mavropus (un futur évêque), s'éleva à partir du niveau plutôt bas de greffier de juge et connut une brillante carrière dans l'administration impériale dans la capitale de l'Empire byzantin, Constantinople. L'un des intellectuels de la cour - et ils étaient nombreux à l'époque - Michael était un écrivain influent qui combinait à la fois philosophie et théologie dans ses lettres et ses livres, qui couvraient également un large éventail d'autres sujets, de la rhétorique au droit, en passant par la médecine et l'histoire. Il se pencha sur les motivations psychologiques des amitiés et de la gouvernance, souligna l'importance de la nature (physis) dans les affaires humaines et raviva l'intérêt pour le néoplatonisme. Pendant des décennies, il fit partie de la scène intellectuelle dynamique de Constantinople et comptait parmi ses amis les patriarches (évêques) Jean VIII Xiphilinos et Constantin Lichoudès.

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Bien que sa longue présence à la cour ait fait de lui un conseiller idéal pour de nombreux empereurs au règne court, Michel ne fut pas toujours un favori à la cour de tous les souverains. Il se brouilla avec l'empereur Constantin IX (r. de 1042 à 1055), ce qui conduisit Michel à devenir moine dans un monastère du mont Olympe. Cependant, en 1045, il y eut une réconciliation et Constantin nomma Michel à la tête de l'université refondée de Constantinople. L'érudit reçut le titre impressionnant d'hypatos ton philosophon ou consul des philosophes. À l'université, il se concentra particulièrement sur la rhétorique. Michel écrivit en abondance sur un nombre impressionnant de sujets, publiant par exemple ses lettres, une topographie de l'Athènes antique, un résumé de l'Iliade d'Homère, un traité d'alchimie, sept panégyriques, d'innombrables poèmes et une liste complète de maladies. Michel mourut vers 1082, bien que certains érudits préfèrent la date plus tardive de 1096.

LES DESCRIPTIONS SAISISSANTES DES EMPEREURS BYZANTINS de MICHEL Psellos PERMETTENT D'EXAMINER CE QUI AURAIT PU CONDUIRE AU DÉCLIN DRAMATIQUE DE L'EMPIRE APRÈS LE RÈGNE DE BASILE II.

Chronographie

L'œuvre la plus célèbre de Michel Psellos est la Chronographie ("Chronique"), qui couvre l'histoire de l'Empire byzantin de 976 à 1078. Il semble que son séjour à la cour n'ait été qu'une préparation à sa véritable vocation ou, comme le dit l'historien E. R. A. Sewter dans son introduction à sa traduction de la Chronographie, "les triomphes inhabituels d'une carrière politique sont surpassés par sa brillance en tant qu'érudit" (14).

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Les descriptions saisissantes de Michel sur les empereurs byzantins permettent d'examiner ce qui aurait pu conduire au déclin dramatique de l'empire après le règne de Basile II (r. de 976 à 1025). En tant que conseiller de plusieurs empereurs et à la fois tuteur puis ministre principal de Michel VII (r. de 1071à 1078), Michel put s'appuyer sur son expérience personnelle et son accès privilégié à la cour impériale pour donner un aperçu unique de la politique byzantine. L'influence de l'historien à la cour est illustrée par le fait qu'il persuada Constantin X (r. de 1059 à 1067) de nommer Jean VIII Xiphilinos patriarche en 1064, alors qu'il n'était pas favorisé auparavant. En effet, Michel avait contribué à l'accession au trône de Constantin. C'est peut-être pour cette raison que l'œuvre est souvent personnelle, écrite à la première personne et exprimant ouvertement les opinions de l'auteur. Il convient également de se rappeler que Michel, en plus d'être un érudit remarquable, était également "égoïste, vaniteux, moralisateur et indigne de confiance" (Norwich, 230), comme le montrent les nombreux passages élogieux de ses biographies, et que son histoire est donc rarement tout à fait objective.

La Chronographie manque d'une perspective militaire et d'une vision plus large des affaires internationales, se concentrant comme elle le fait sur les politiques intérieures et les personnalités des dirigeants, et sur la façon dont celles-ci purent affecter leurs décisions et leurs succès ou leurs échecs. Il y a parfois une curieuse omission de noms et une sélection certaine de faits. Michel était également membre de l'aristocratie dirigeante, même s'il s'agissait de la branche intellectuelle, et la Chronographie ne traite pas du sort et du rôle de la paysannerie au sein de l'État byzantin. Néanmoins, ces omissions ne sont pas rares chez les écrivains de son époque, et l'ouvrage dans son ensemble est l'un des plus importants sur l'histoire byzantine qui nous soit parvenu. En outre, Michel lui-même déclare dans une lettre privée que l'ouvrage n'a pas pour but d'être une histoire complète ni de présenter toute la vérité:

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Comme je l'ai dit, je n'essaie pas pour l'instant d'enquêter sur les circonstances particulières de chaque événement. Mon but est plutôt de poursuivre une voie moyenne entre ceux qui ont enregistré les actes impériaux de la Rome antique, d'une part, et nos chroniqueurs modernes, d'autre part. Je n'ai pas cherché à atteindre le caractère diffus des premiers, ni à imiter l'extrême brièveté des seconds. (16)

La Chronographie couvre les 14 souverains byzantins suivants (toutes les citations sont tirées de la traduction de E. R. A. Sewter):

Basile II (r. de 976 à 1025)

Le caractère de Basile était dual, car il s'adaptait facilement aux crises de la guerre comme au calme de la paix. À vrai dire, il était plus un méchant en temps de guerre qu'un empereur en temps de paix. Il contrôlait ses accès de colère et, comme le proverbial "feu sous la cendre", gardait la colère cachée dans son cœur, mais si ses ordres étaient désobéis en temps de guerre, de retour dans son palais, il allumait sa colère et la révélait. La vengeance qu'il exerçait sur le mécréant était alors terrible. (47-8)

Coin of Basil II
Pièce d'or de Basile II
PHGCOM (CC BY-SA)

Constantin VIII (r. de 1025 à 1028)

Une personne au caractère résolument efféminé qui n'a qu'un seul but dans la vie: s'amuser au maximum. Comme il hérite d'un trésor rempli d'argent, il peut suivre son penchant naturel et le nouveau souverain s'adonne à une vie de luxe. (53)

Romain III (r. de 1028 à 1034)

Il avait une tournure de discours gracieuse et une élocution majestueuse. Homme de stature héroïque, il avait l'air d'un roi. L'idée qu'il se faisait de ses connaissances était largement exagérée, mais, voulant modeler son règne sur celui des grands Antonins du passé, du célèbre philosophe Marc Aurèle et d'Auguste, il accorda une attention particulière à deux choses: l'étude des lettres et la science de la guerre. De cette dernière, il était totalement ignorant, et pour les lettres, son expérience était loin d'être profonde. (63-4)

Michel IV (r. de 1034 à 1041)

Je suis conscient que de nombreux chroniqueurs de sa vie donneront, selon toute probabilité, un compte rendu différent du mien, car à son époque de fausses opinions prévalaient. Mais j'ai participé à ces événements et, en outre, j'ai obtenu des informations plus confidentielles de la part d'hommes qui étaient ses amis intimes... Pour ma part, lorsque j'examine ses actes et que je compare les succès et les échecs, je constate que les premiers ont été les plus nombreux. (109 & 118)

Michel V (r. de 1041 à 1042)

Une deuxième particularité était la contradiction chez l'homme entre le cœur et la langue - il pensait une chose et disait quelque chose de tout à fait différent. Il y avait plusieurs exemples d'hommes qui, à l'aube du lendemain matin, étaient destinés par lui à subir les tortures les plus horribles, alors qu'ils avaient partagé sa table au dîner de la veille... L'homme était esclave de sa colère, changeant, poussé à la haine et à la colère par n'importe quel événement. (125-6)

Théodora (r. en 1042 et de 1055 à 1056)

Sans la moindre gêne, elle assuma les fonctions d'un homme et abandonna toute prétention d'agir par l'intermédiaire de ses ministres. Elle nommait elle-même ses fonctionnaires, rendait la justice depuis son trône avec la solennité qui s'imposait, exerçait son droit de vote dans les tribunaux, promulguait des décrets, tantôt par écrit, tantôt de vive voix. Elle donnait des ordres, et ses manières ne témoignaient pas toujours de considération pour les sentiments de ses sujets, car elle était parfois plus qu'un peu abrupte. (261-2)

Zoé (r. en 1042)

Zoé était une femme aux intérêts passionnés, préparée avec un enthousiasme égal pour les deux alternatives - la mort ou la vie, je veux dire. En cela, elle me faisait penser aux vagues de la mer, qui soulèvent un navire dans les hauteurs et le plongent ensuite dans les profondeurs. (157)

Constantin IX (r. de 1042 à 1055)

Dans le cas de l'empereur, le peuple était convaincu qu'une puissance surnaturelle lui prédisait l'avenir: c'est pourquoi il s'était plus d'une fois montré imperturbable en temps de calamité. D'où, selon eux, son mépris du danger et sa totale nonchalance. (204)

Michel VI (r. de 1056 à 1057)

Dans le cas de Michel VI, l'attribution d'honneurs dépassait les limites de la bienséance. Il promut des individus, non pas au poste immédiatement supérieur à celui qu'ils occupaient déjà, mais les éleva au rang suivant et à celui encore plus haut... Sa générosité conduisit à un état de chaos absolu. (275-6)

Isaac Ier Comnène (r. de 1057 à 1059)

Lorsqu'il traitait avec les ambassadeurs, il ne suivait aucune politique fixe, si ce n'est qu'il conversait toujours avec eux vêtu des plus beaux habits. À cette occasion, il déversait un flot de paroles, plus abondant que la crue du Nil en Égypte ou de l'Euphrate sur les rives de l'Assyrie. Il faisait la paix avec ceux qui la désiraient, mais sous la menace d'une guerre s'ils transgressaient ne serait-ce qu'un seul terme de son traité. (306)

Constantin X Doukas (r. de 1059 à 1067)

Il était un fervent étudiant de la littérature et l'une de ses phrases favorites était la suivante: "Si seulement j'étais plus connu en tant qu'érudit qu'en tant qu'empereur !" (344)

Eudocie (r. en 1067)

Ses déclarations avaient la note d'autorité que l'on associe à un empereur. Cela n'est pas surprenant, car c'était une femme extrêmement intelligente. De chaque côté d'elle se trouvaient les deux fils, qui restaient presque figés sur place, subjugués par l'admiration et le respect qu'ils portaient à leur mère. (345)

Romain IV Diogène (r. de 1068 à 1071)

Le roi, qui avait l'habitude de mépriser tous les conseils, qu'ils soient d'ordre civil ou militaire, partit immédiatement avec son armée et se rendit en hâte à Césarée. Une fois cet objectif atteint, il ne voulut plus avancer et chercha des prétextes pour rentrer à Byzance. (354)

Michel VII (r. de 1071 à 1078) - une biographie inachevée.

Je dois d'abord prier mes lecteurs de ne pas considérer ma version du caractère et des actes de cet homme comme exagérée. Au contraire, je ne rendrai justice ni à l'un ni à l'autre. En écrivant ces mots, je me sens envahi par les mêmes émotions que celles que je ressens souvent lorsque je suis en sa présence: le même émerveillement m'envahit. Il m'est en effet impossible de ne pas l'admirer. (367)

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

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Cartwright, M. (2017, décembre 14). Michel Psellos [Michael Psellos]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16591/michel-psellos/

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Cartwright, Mark. "Michel Psellos." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le décembre 14, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-16591/michel-psellos/.

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Cartwright, Mark. "Michel Psellos." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 14 déc. 2017. Web. 29 avril 2024.

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