Poterie Étrusque

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Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 07 mars 2017
Disponible dans ces autres langues: anglais, italien
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Etruscan Maenad Roof Tile (by Carole Raddato, CC BY-SA)
Tuile de toit étrusque représentant une ménade
Carole Raddato (CC BY-SA)

La poterie étrusque, produite pendant cinq siècles, ne manquait pas de variété. Des pièces indigènes, comme le bucchero noir et brillant, côtoyaient des poteries à figures rouges et noires qui imitaient, tout en les modifiant, celles produites dans le monde grec. Les décorations géométriques, florales, figuratives et narratives étaient appréciées et adaptées du Proche-Orient et de l'Ionie, et des potiers et artistes étrangers s'installaient même dans les villes d'Étrurie, tant les Étrusques étaient demandeurs de poteries fines pour l'usage quotidien, les banquets et les offrandes à leurs dieux et à leurs morts. La poterie était également le matériau de prédilection pour la sculpture de figures, notamment sur les couvercles des grandes urnes funéraires, et pour la décoration des bâtiments sous la forme de statues et de plaques décoratives. Outre ce qu'ils nous ont laissé de leurs propres œuvres, les Étrusques, grands collectionneurs de poteries fines qu'ils étaient, ont laissé à la postérité quelques-uns des plus beaux vases grecs jamais fabriqués, qui figurent aujourd'hui dans les collections des musées du monde entier.

Poterie villanovienne

La culture villanovienne était un précurseur de la civilisation étrusque, pendant l'âge du fer en Italie centrale, entre 1000 et 750 avant notre ère. À cette époque, la poterie était fabriquée à la main, et non au tour, et utilisait de l'argile contenant des impuretés de mica ou de pierre, qui était cuite à basse température pour produire des objets relativement primitifs. Ce type de poterie, connu sous le nom d'impasto était utilisé pour fabriquer des bols, des jarres de stockage, des pots de cuisson, des tasses et des braseros. À la fin du VIIIe siècle avant notre ère, les potiers étaient parvenus à améliorer la qualité de l'impasto grâce à une longue pratique et au raffinement de la technique.

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Dans les cimetières de la culture de Villanova, les restes incinérés étaient enterrés dans des urnes biconiques (deux vases dont l'un, plus petit, servait de couvercle à l'autre) qui portaient souvent un simple décor incisé de motifs géométriques, de tourbillons et de svastikas, voire de simples figures humaines en forme de "bâton". Certaines urnes sont décorées de bandes métalliques en plomb ou en étain. Un type d'urne plus rare ne possède pas de couvercle en céramique, mais un casque en bronze surmonté d'une impressionnante crête angulaire et d'une décoration en relief.

Etruscan Circular House Model
Maquette de maison circulaire étrusque
Sailko (CC BY)

Une autre forme courante d'utilisation de la terre cuite était la production de petites maquettes de maisons destinées à contenir les cendres du défunt. Ces modèles, qui imitent peut-être l'architecture réelle, sont décorés de motifs géométriques sur les murs extérieurs et d'une ouverture au-dessus de la porte pour l'évacuation de la fumée. Elles présentent également des décorations sur le toit, imitant probablement les ajouts en terre cuite qui deviendront si typiques dans l'architecture étrusque ultérieure.

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Poterie rouge sur blanc

Ce type de poterie, originaire de Phénicie, fut produit en Étrurie à partir de la fin du VIIIe siècle avant notre ère et jusqu'au VIIe siècle avant notre ère, en particulier à Cerveteri et à Veii. Les récipients de couleur rouge étaient souvent recouverts d'un engobe blanc, puis décorés de motifs géométriques ou floraux rouges. Une autre solution consistait à utiliser du blanc pour créer des motifs sur le fond rouge non peint. Les grands vases de stockage dotés de petits couvercles à anse sont fréquents dans ce type de pièces, de même que les cratères qui présentent également des scènes telles que des batailles navales et des guerriers en marche.

Etruscan Red on White Pottery Vessel
Récipient rouge sur fond blanc étrusque
Marcus Cyron (CC BY-SA)

Poterie en Bucchero

Remplaçant en grande partie les céramiques à impasto du VIIe siècle avant notre ère, le bucchero était utilisé dans la vie quotidienne et comme objet funéraire ou votif. Il fut précédé par un type intermédiaire connu sous le nom d'impasto buccheroïde. Tourné sur le tour, ce nouveau type de poterie avait une cuisson plus uniforme et, grâce au processus de réduction de l'apport d'oxygène dans le four, donnait une finition brillante et caractéristique allant du gris foncé au noir (l'oxyde ferrique rouge de l'argile étant transformé en oxyde ferreux noir).

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Les Étrusques étaient des commerçants méditerranéens et leurs poteries étaient donc exportées au-delà de l'Italie, dans des régions aussi éloignées que l'Ibérie, le Levant et la région de la mer Noire.

Les plus anciens exemples connus proviennent de Cerveteri et datent d'environ 675 avant notre ère. Le bucchero était produit dans de nombreux centres étrusques (notamment Cerveteri, Tarquinia, Veii et Vulci) et est devenu un signe distinctif de la présence étrusque sur les sites archéologiques du centre et du nord de l'Italie. Les Étrusques étaient également des commerçants de la Méditerranée et le bucchero était donc exporté au-delà de l'Italie, dans des régions aussi éloignées que l'Ibérie, le Levant et la région de la mer Noire.

Les formes les plus courantes sont les bols, les coupes à une ou deux anses, les amphores, les calices et les cruches. Les pièces plus élaborées comportent des figures tridimensionnelles d'hommes et d'animaux. Les offrandes votives et funéraires de Bucchero prennent généralement la forme de figurines et de plateaux de service (focolare) comprenant des bols, des assiettes, des tasses et des ustensiles. La décoration ressemble à celle des récipients en métal, avec des pièces ajoutées et une sculpture avant la cuisson pour ressembler à un travail en relief. Certains vases de bucchero étaient recouverts de feuilles d'or ou d'argent, parfois aussi d'une fine couche d'étain. Les vases sont le plus souvent unis mais peuvent être décorés de lignes simples, de spirales et d'éventails en pointillés incisés sur la surface. L'ocre rouge était parfois peinte dans ces incisions. Des motifs et des scènes mythologiques simples pouvaient être appliqués sur le pot avant la cuisson à l'aide d'un tampon.

Bucchero Krater
Cratère en bucchero
Metropolitan Museum of Art, N.Y: (Copyright)

Curieusement, les céramiques en bucchero présentent la tendance inverse du raffinement observé dans de nombreuses autres évolutions de types de poterie. Les céramiques de la première période sont plus fines, avec des parois beaucoup plus minces et une fabrication plus soignée; elles sont connues sous le nom de sottile ou fine (675-626 av. J.-C.). Il y a ensuite une phase intermédiaire appelée transizionale ou transitionnelle (625-575 av. J.-C.) avant une phase finale où les céramiques sont qualifiées de pesante ou lourde (575-480 av. J.-C.). Les céramiques les plus fines sont généralement associées aux villes étrusques du sud et les plus lourdes à celles du nord. Au début du Ve siècle avant notre ère, le bucchero fut remplacé par des poteries étrusques plus fines, telles que les poteries à figures noires et rouges.

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Céramiques étrusco-grecques

Entre 670 et 600 avant notre ère, de nombreuses poteries furent importées de Corinthe en particulier, d'Attique, d'Ionie et du Proche-Orient. Les importations populaires en provenance de Phénicie étaient la cruche à bec et la "gourde de pèlerin", une bouteille ronde et plate avec une décoration géométrique. Ces produits importés, et parfois l'immigration des artistes eux-mêmes, incitèrent les artistes étrusques à produire leurs propres versions et à copier le nouveau style de décoration dans leurs propres œuvres. Les plantes, les animaux et les figures humaines remplaçaient désormais les motifs géométriques plutôt austères qui avaient dominé jusqu'alors. La production était si importante que les historiens de l'art ont pu identifier plusieurs peintres étrusques distincts sur la base de leur style et de leurs sujets. L'un de ces artistes est le peintre Micali de Vulci, à qui l'on attribue plus de 200 vases conservés. Les scènes de la mythologie grecque sont typiques, mais avec des ajouts et des inventions locales. La grande hydrie de Caeré, un vase à deux anses destiné à contenir de l'eau, était une spécialité de Cerveteri.

Au cours des IVe et IIIe siècles avant notre ère, une tendance se développa qui consistait à utiliser des cratères à colonnes comme urnes funéraires. Ces urnes étaient souvent peintes avec deux grandes têtes se faisant face, l'une masculine et l'autre féminine. Bien qu'il ne s'agisse pas de portraits à proprement parler, ils sont plus naturels que des représentations similaires sur des poteries grecques. Une méthode inventive fut mise au point pour imiter à peu de frais les objets en métal: les récipients en poterie étaient plongés dans un bassin d'étain pour leur donner une fine couche brillante qui ressemblait à de l'argent, d'où leur nom, ceramica argentata. Enfin, et c'est une particularité de la région des Falisques, des têtes de déesse (peut-être Déméter) étaient fabriquées et déposées comme gardiennes dans les tombes.

Etruscan Red-Figure Krater with Charun
Cratère à figures rouges etrusque avec Charon
Carole Raddato (CC BY-SA)

Malgré cette production domestique variée, les vases grecs originaux continuèrent à être très prisés et fréquemment déposés dans les tombes étrusques, l'une des meilleures sources de ces objets en dehors de la Grèce. Par exemple, la bien nommée tombe des vases grecs de Cerveteri renfermait plus de 150 récipients de poterie à figures rouges et noires provenant de l'Attique, déposés sur plusieurs générations à partir de 550 avant notre ère.

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Décorations de toit en terre cuite

Un domaine inhabituel de la poterie qui devint une spécialité typiquement étrusque était la création de décorations de toit en terre cuite. L'idée remonte à la culture de Villanova, où les toits en pointe de simples huttes étaient décorés de la sorte. Les Étrusques allèrent plus loin que les décorations similaires sur les bâtiments grecs et produisirent des sculptures de personnages grandeur nature pour décorer les toits de leurs temples. Les bâtiments privés étaient également décorés de terre cuite sous forme de plantes, de palmiers et de figurines. Le vestige le plus impressionnant dans ce domaine est la figure d'Apollon en marche, du temple de Portonaccio à Veii, vers 510 avant notre ère. L'intérieur de ce temple était également décoré de panneaux en terre cuite représentant des scènes mythologiques.

Les panneaux de terre cuite étaient également utilisés à l'extérieur des bâtiments, généralement sur les pignons, et le format est le plus visible dans les exemples du VIIe et du VIe siècle avant notre ère provenant d'Acquarossa. Ils représentent des scènes de dîner ou de banquets avec des invités allongés sur des bancs, des musiciens et des danseurs, dont l'un fait une roue acrobatique, et un cortège de guerriers portant des lances et des boucliers, accompagnés de chars. Les panneaux sont actuellement exposés au Musée national étrusque de Viterbe.

Apollo of Veii
Apollon de Véies
Carole Raddato (CC BY-NC-SA)

Sarcophages et urnes funéraires

Les Étrusques enterraient les restes incinérés des défunts dans des urnes funéraires en terre cuite. Au cours du VIe siècle avant notre ère, la tendance était également à l'inhumation des corps dans des sarcophages décoratifs. Les deux variantes pouvaient présenter une figure sculptée du défunt sur le couvercle et, dans le cas des sarcophages, parfois un couple. L'exemple le plus célèbre de ce dernier type est le sarcophage des époux de Cerveteri, aujourd'hui conservé à la Villa Giulia à Rome. Les deux personnages sont allongés sur un canapé ou un lit, le bras droit du mari entourant les épaules de sa femme. À l'origine, ils devaient tenir des objets tels que des flacons de parfum ou des œufs, symboles de régénération.

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Chiusi offre une autre utilisation intéressante de la poterie. Les premières tombes contenaient de grands récipients en terre cuite à l'intérieur desquels étaient placées des jarres canopes contenant les restes incinérés du défunt. Les jarres, qui mesurent généralement un demi-mètre de haut, sont faites pour ressembler à des figures humaines, parfois avec un masque en bronze, vêtues de vêtements, de ceintures et de bijoux, et assises sur des trônes miniatures en pierre, en bronze ou en terre cuite.

Etruscan Funerary Portrait
Portrait funéraire étrusque
Carole Raddato (CC BY-SA)

À l'époque hellénistique, les arts funéraires connurent un véritable essor et les figures, bien que présentées dans des poses similaires à celles des sarcophages du VIe siècle avant notre ère, devinrent des représentations moins idéalisées et plus réalistes des défunts. Elles ne représentaient généralement qu'un seul individu et étaient à l'origine peintes dans des couleurs vives. Les côtés de la partie inférieure de la boîte étaient souvent décorés de sculptures en relief représentant des scènes de la mythologie ou des motifs architecturaux, par exemple des triglyphes et des rosaces. Le sarcophage de Seianti Thanunia Tlesnasa de Chiusi, aujourd'hui conservé au British Museum de Londres, en est un excellent exemple.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2017, mars 07). Poterie Étrusque [Etruscan Pottery]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15660/poterie-etrusque/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Poterie Étrusque." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le mars 07, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15660/poterie-etrusque/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Poterie Étrusque." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 07 mars 2017. Web. 12 déc. 2024.

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