Arretium

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 09 mars 2017
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Disponible dans ces autres langues: anglais
Detail, Chimera of Arezzo (by mbalestrieri, CC BY)
Détail, Chimère d'Arezzo
mbalestrieri (CC BY)

Arretium (aujourd'hui Arezzo) était une importante ville étrusque située à l'extrême nord-est de l'Étrurie, en Italie centrale. Centre commercial et industriel florissant, Arretium réussit à surmonter sa rivalité avec Rome et à rester une ville prospère jusqu'à l'époque impériale. Bien qu'une grande partie de l'architecture ancienne ait disparu, l'un des principaux héritages de la période étrusque est la magnifique statue de bronze connue sous le nom de Chimère d'Arezzo, qui est peut-être la plus belle œuvre d'art de cette culture qui nous soit parvenue.

Débuts de colonisation

Bien que l'occupation humaine du site remonte à la période paléolithique, Arretium fut un peu tardif par rapport aux autres sites étrusques qui virent le jour pendant la période villanovienne (1100-750 av. J.-C.). L'Arretium étrusque s'établit plutôt au cours du 6e siècle avant notre ère. Arretium prospéra grâce à sa situation géographique, à la jonction des vallées du Tibre et de l'Arno. La colonie était également située près d'une brèche dans les Apennins, ce qui permettait à l'Étrurie élargie d'accéder à la région côtière de l'Adriatique, dans l'est de l'Italie.

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L'Arretium étrusque

Prospérant en tant que centre de commerce, la ville fabriquait également ses propres produits, en particulier des œuvres en bronze, des poteries et des statues en terre cuite. Les artistes d'Arretium produisirent une des plus belles œuvres d'art étrusques qui nous soient parvenues, la "Chimère d'Arezzo". Cette représentation de la créature mythique mi-lion mi-chèvre mi-serpent, datant du Ve au IVe siècle avant notre ère, fut miraculeusement retrouvée dans un fossé en 1553, lors de l'édification de nouvelles fortifications par le grand-duc Côme Ier de Toscane. Elle est aujourd'hui exposée au musée archéologique national de Florence.

Etruscan Civilization
Civilisation étrusque
NormanEinstein (GNU FDL)

Relations avec Rome

Arretium a toujours entretenu des relations difficiles avec sa puissante voisine Rome. Selon Denys d'Halicarnasse, la ville s'était rangée du côté des Latins au cours du VIe siècle avant notre ère dans leurs combats contre le roi romain Tarquin l'Ancien. Illustrant la nature ambiguë des relations étrusques-romaines au fil des siècles, l'historien romain Tite-Live affirme que Rome aida en fait Arretium en 302 avant notre ère, ou du moins son aristocratie dirigeante. Le clan dominant des Cilnii, confronté à un soulèvement populaire d'une classe inférieure de plus en plus désabusée, appela Rome à l'aide. Une force romaine fut envoyée, mais elle fut attaquée et sévèrement malmenée dans une embuscade. Une seconde force plus importante, dirigée par le dictateur Marcus Valerius Maximus, rétablit rapidement l'ordre. Rome commençait à s'intéresser de manière inquiétante aux affaires étrusques.

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Rusellae (l'actuelle Roselle) fut mise à sac en 294 avant notre ère, un avertissement brutal de la futilité de s'opposer à Rome. Selon Tite-Live, les villes étrusques de Volsinii, Perusia et Arretium négocièrent alors une paix avec Rome. Le prix à payer pour une trêve de 40 ans était une somme énorme de 500 000 as par ville. La trêve ne dura pas très longtemps car, en 284 avant notre ère, les Volsinii profitèrent de l'invasion d'une armée de Gaulois pour se joindre à eux et attaquer Arretium, alors fidèle à Rome. Une armée romaine de secours fut défaite, mais l'année suivante, les Romains, menés par P. Cornelius Dolabella, remportèrent une victoire décisive à la bataille du lac Vadimon.

Minerva of Arezzo
Minerve d'Arezzo
Egisto Sani (used with permission) (Copyright)

Au cours de la seconde moitié du IIIe siècle avant notre ère, Arretium fut également attaquée par Carthage. Cependant, la ville fut l'alliée (bien que passive) d'Hannibal lors de ses attaques en Italie pendant la deuxième guerre punique (218-201 av. J.-C.), bien qu'elle ait auparavant promis sa loyauté à Rome et qu'elle ait souvent servi de base romaine importante à partir de laquelle lancer des attaques en Italie du Nord. Dans la situation complexe et délicate d'une armée étrangère en Italie et de villes étrusques à l'allégeance douteuse, Rome tenta de s'assurer une plus grande loyauté en prenant un certain nombre d'otages parmi les familles dirigeantes d'Arretium. Lorsque les Romains remportèrent la victoire sur Carthage, le manque de soutien d'Arretium ne fut pas oublié et la ville dut payer une compensation sous la forme de milliers de pièces d'armes et d'armures en bronze.

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Arretium semble ensuite s'être installée comme une ville mineure au sein de l'empire romain en plein essor. Au IIe siècle avant notre ère, une partie de son territoire fut redistribuée aux vétérans romains, mais elle bénéficia du fait d'être la première étape de la via Cassia qui partait de Rome et traversait les Apennins jusqu'à Aquilée. Au début du 1er siècle avant notre ère, Arretium devint un municipium. La ville prit alors la décision fatidique de soutenir le mauvais camp dans la guerre civile de Rome, en soutenant Caius Marius. Le vainqueur, Sulla, créa une colonie et réinstalla ses vétérans à Arretium en 80 avant notre ère; Jules César ferait exactement la même chose avant la fin du siècle.

Après avoir surmonté ses problèmes initiaux liés à l'expansion de Rome, Arretium devint une ville romaine relativement prospère au début de la période impériale, sans doute aidée par le fait que le grand confident de l'empereur Auguste, Caius Maecenas alias Mécène, était originaire d'Arretium. La ville bénéficia notamment de la construction d'un amphithéâtre, d'un théâtre, d'un forum et de thermes romains. La ville devint également un centre de production majeur pour la poterie en terre sigillée d'Arretina, à la couleur corail caractéristique, qui était largement exportée dans tout le monde romain. La ville tomba progressivement dans l'oubli à partir du IIe siècle de notre ère, lorsque Trajan décida de relier la via Cassia directement à Florentia (Florence), contournant ainsi Arretium et la privant de son trafic commercial. La ville retrouverait un peu de sa gloire à la fin du Moyen Âge, lorsqu'elle redeviendrait une cité-État indépendante.

Vestiges archéologiques

Comme pour d'autres villes étrusques qui furent transformées à l'époque médiévale et qui sont encore occupées aujourd'hui, l'archéologie de l'ancienne Arretium a rencontré des difficultés. Il existe des traces de murs de fortification de l'époque. Deux sanctuaires étrusques situés à la périphérie d'Arretium sont signalés par la présence d'offrandes votives. L'un d'eux, la Fonte Veneziana (du nom d'une fontaine située près de l'une des portes de la ville), contenait quelque 200 objets dans une fosse votive. Il s'agit de figurines humaines et animales en bronze (certaines décorées à la feuille d'or), de récipients en poterie et de plaques anatomiques représentant des yeux, des bras, des jambes et des bustes. Le second gisement de Monti Falterona était un lac utilisé entre le VIe et le IIIe siècle avant notre ère où l'on jetait des offrandes telles que des pointes de flèches, des pépites de bronze, des fragments de poterie et des figurines en bronze. De beaux exemples de cette dernière catégorie sont une tête d'homme en bronze et une statuette de guerrier, toutes deux conservées au British Museum de Londres.

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The Arringatore (Orator)
L'Arringatore, Florence
corneliagraco (CC BY)

De la période romaine, il reste des vestiges d'ateliers de poterie et quelques habitations privées. En outre, l'amphithéâtre romain a conservé une assise inférieure et plusieurs arcs , ce qui donne une idée de la forme de l'édifice.

Outre la magnifique chimère déjà mentionnée, d'autres belles statues en bronze sont la "Minerve d'Arezzo" (IIIe-1er siècle av. J.-C.), une statuette du IVe siècle avant notre ère représentant deux bœufs et un laboureur, et une figure grandeur nature du Ier siècle avant notre ère connue sous le nom d'Arringatore ou "Orateur". Cette dernière œuvre fut découverte près du lac Trasimène en 1566. Le personnage sûr de lui, le bras levé en signe d'appel et portant une toge, est peut-être la réponse à la question fréquemment posée "qu'est-il advenu des Étrusques": ils sont devenus Romains.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2017, mars 09). Arretium [Arretium]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10104/arretium/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Arretium." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le mars 09, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10104/arretium/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Arretium." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 09 mars 2017. Web. 01 mai 2024.

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