Société Aztèque

Article

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 23 novembre 2015
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Disponible dans ces autres langues: anglais, bosniaque, portugais, espagnol

La société aztèque était hiérarchisée et divisée en classes clairement définies. La noblesse dominait les postes clés de l'armée, de l'administration de l'État, du système judiciaire et de la prêtrise. Si les commerçants pouvaient devenir extrêmement riches et puissants, même leur prospérité dépendait de leur classe, et la plupart des citoyens restaient de simples agriculteurs.

Au sein de la société aztèque, les possibilités pour les individus d'améliorer leur position sociale étaient limitées, notamment dans les sphères militaire et religieuse. Il est également vrai que le népotisme prévalait mais, dans le même temps, des promotions pouvaient être obtenues au mérite ainsi que des rétrogradations pour cause d'incompétence. Dans la pratique, cependant, la grande majorité de la population aztèque restait dans le groupe social de sa famille immédiate tout au long de sa vie.

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Aztec Musicians
Musiciens aztèques
Madman2001 (Public Domain)

Les Calpulli

Le groupe social le plus important de la société aztèque était le calpulli qui était un ensemble de familles liées par le sang ou par une longue association. Les anciens, dirigés par le calpolec (un chef élu à vie), contrôlaient les terres du calpulli et les distribuaient à ses membres pour qu'ils les exploitent à leur guise, à condition qu'ils paient un tribut régulier en retour. Une autre condition de ces fermiers communs ou macehualtin (également macehuales) était qu'ils ne laissent pas leurs terres en jachère pendant plus de deux ans. Si un fermier mourait sans enfant, ses terres étaient rendues aux anciens pour être redistribuées. Les calpulli avaient également leur propre temple, et le groupe accomplissait donc ensemble les rituels religieux et les fêtes. La capitale aztèque Tenochtitlan comptait 80 calpoltin, mais le système existait dans tout l'empire.

Les fermiers, ou macehualtin, constituaient de loin la plus grande partie de la société aztèque.

Agriculteurs

Les agriculteurs, ou macehualtin, constituaient de loin la plus grande partie de la société aztèque et étaient divisés en deux autres groupes. Le premier, de statut inférieur, était constitué des travailleurs des champs qui effectuaient le travail des ânes : binage, désherbage, plantation, irrigation, etc. Le groupe supérieur avait un rôle de supervision et était composé d'horticulteurs spécialisés qui étaient responsables des semis et des transplantations. Ils comprenaient également des questions telles que la rotation des cultures et les meilleurs moments pour planter. Les agriculteurs aztèques peuvent être divisés en deux groupes : ceux qui travaillaient leurs propres terres et ceux qui travaillaient les terres de grands domaines et payaient leur loyer avec ce qu'ils cultivaient. Les serfs, appelés mayeque, constituaient la classe la plus basse de la société aztèque ; ils ne possédaient aucune terre et payaient jusqu'à 30 % de leur production à leurs suzerains. Outre l'agriculture, les macehualtindevaient également effectuer un service militaire en temps de guerre et participer à des projets d'État tels que la construction de routes et de temples.

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Aztec Agriculture
L'agriculture aztèque
Peter Isotalo (Public Domain)

Esclaves

La société aztèque comptait également des esclaves ou tlacohtin("achetés") qui étaient des peuples conquis, des personnes coupables de crimes graves comme le vol, ou des individus qui s'étaient tellement endettés (le plus souvent par le jeu) qu'ils étaient obligés de se vendre comme marchandise pour une certaine période ou même à vie. S'ils en avaient les moyens, les esclaves pouvaient également racheter leur liberté. On pouvait exiger des esclaves qu'ils travaillent non seulement dans l'agriculture, mais aussi comme manœuvres, domestiques ou concubines. Les esclaves n'étaient généralement pas revendus et étaient protégés par la loi contre tout abus de la part de leurs maîtres ou de toute autre personne. Les esclaves talentueux pouvaient obtenir des postes importants, tels que directeur de domaine, et étaient libres d'épouser des non-esclaves. Les enfants issus d'un tel mariage naissaient libres, car le statut d'esclave n'était pas hérité.

Artisans et commerçants

La classe des artisans était connue sous le nom de tolteca, d'après la civilisation toltèque, que les Aztèques vénéraient, et les artisans étaient donc tenus en haute estime. Ils travaillaient souvent dans des ateliers spécialisés à grande échelle et comprenaient des charpentiers, des potiers, des tailleurs de pierre, des métallurgistes, des tisserands, des plumassiers et des scribes. D'autres professions importantes étaient les marchands, les commerçants et les chasseurs professionnels. Les commerçants les plus prestigieux étaient ceux qui exerçaient leur activité sur de vastes territoires et étaient connus sous le nom de pochteca, un poste héréditaire. Ils négociaient souvent pour le compte de l'État et étaient spécialisés dans les biens précieux tels que les plumes d'oiseaux tropicaux, l'or, les turquoises, les coquillages, la pierre verte, les fèves de cacao et les peaux d'animaux exotiques. Les pochteca étaient supervisés par les pochtecatlatoque, les commerçants les plus expérimentés, qui administraient le commerce et la justice parmi la classe commerciale dans des tribunaux spéciaux. Un groupe spécialisé de commerçants était les tlaltlani, qui faisaient le commerce des esclaves. Comme ils avaient le rôle important de fournir à l'État des victimes sacrificielles, ils bénéficiaient de privilèges spéciaux et obtenaient de grandes richesses.

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Deux autres groupes de commerçants étaient les tencunenenque, qui faisaient office de collecteurs de tribut, et les naualoztomeca, qui se déguisaient et faisaient du commerce en territoire hostile, jouant le rôle d'espions pour l'État en recueillant des commérages sur les marchés étrangers. Les commerçants étaient également impliqués dans la religion d'État, en particulier dans le festival de tonalpohualli dédié à Huitzilopochtli, le dieu de la guerre, où ils finançaient les banquets de célébration et fournissaient des esclaves pour les sacrifices.

Aztec Empire
L'Empire aztèque
wikipedia user: El Comandante (CC BY-SA)

Nobles

Les nobles ou pipiltin (sing. pilli) étaient facilement identifiables par leur apparence car ils portaient exclusivement des vêtements en plumes très prisés. Propriétaires de terres privées, ils étaient riches grâce aux tributs versés par leurs locataires et leurs serfs. Les administrateurs de l'État étaient choisis dans la classe des pipiltins, même si les roturiers pouvaient accéder à cette classe héréditaire en accomplissant des actes de grande valeur sur le champ de bataille. Ces ascendants sociaux étaient connus sous le nom de cuauhpipiltin ou "nobles aigles".

Un niveau au-dessus du pipiltin se trouvait le teteuchtin, qui occupait les plus hautes fonctions de l'appareil d'État, comme les gouverneurs de ville et de région. Vivant dans de grands palais, ils portaient des vêtements et des bijoux encore plus splendides, et on ajoutait à leur nom le prestigieux suffixe -tzin. Le roi aztèque, le tlatoani, faisait partie de cette classe.

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Les prêtres

La classe sacerdotale orchestrait non seulement la religion d'État et ses nombreux festivals et rituels, mais gérait également le système éducatif public et, dans une large mesure, contrôlait la production artistique aztèque sous toutes ses formes. Un homme ou une femme de n'importe quelle classe sociale pouvait devenir prêtre, ou tlamacazqui, mais les plus puissants étaient toujours issus de la classe pipiltin . Au sommet de la hiérarchie religieuse se trouvait le roi lui-même, assisté de deux grands prêtres : Quetzalcoatl totec tlamacazqui, responsable du culte de Huitzilopochtli, et Quetzalcoatl tlaloc tlamacazqui, chef du culte au dieu de la pluie Tlaloc. Parmi les autres postes sacerdotaux notables, citons le superviseur des écoles publiques d'élite, le Mexicatl Teohuatzin; les superviseurs généraux de la prêtrise, des festivals et des sites des temples, le Huitznahua Teohuatzin et le Tecpan Teohuatzin; enfin, le niveau le plus bas de prêtre était le quacuilli qui était responsable d'un petit district ou d'une paroisse.

Huitzilopochtli
Huitzilopochtli
Gigette (Public Domain)

Certains prêtres devinrent également experts dans d'autres domaines, pourtant étroitement liés, comme l'astronomie et l'écriture. D'autres encore développèrent un talent pour la médecine, la prophétie et l'interprétation des visions et des rêves. Ces derniers acquéraient le titre de tonalpouhque et ils donnaient des conseils sur les jours propices à toutes sortes d'événements, des mariages aux longs voyages. Les prêtres pouvaient également être des guerriers, et deux fonctions sacerdotales importantes dans les guerres aztèques consistaient à porter au combat les effigies des principaux dieux aztèques et à recueillir les victimes sacrificielles des guerriers les plus courageux parmi les vaincus. Enfin, les sorciers et les magiciens, qui pratiquaient des cérémonies étranges, revendiquaient des dons de transformation et jetaient des sorts aux méchants, formaient un groupe distinct mais apparenté.

Éducation

Comme dans les sociétés modernes, l'éducation aztèque pouvait déterminer la position sociale future d'une personne. Les enfants des roturiers allaient à l'école, qui était obligatoire, mais seulement à partir du début de leur adolescence. Avant cela, les enfants étaient éduqués par leurs parents. La pratique consistant à couper les cheveux de tous les garçons de 10 ans en laissant une mèche longue sur la nuque (un piochtli) montre que la priorité de la plupart des hommes était de devenir un guerrier de valeur pour l'État. Ce n'est que lorsqu'ils avaient capturé leur premier prisonnier qu'ils pouvaient couper cette mèche.

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La telpochcalli ou "maison de la jeunesse" pour les garçons donnait une formation militaire tandis que celle pour les filles enseignait les devoirs à accomplir lors des cérémonies religieuses. Les deux sexes apprenaient également la danse, le chant, l'art oratoire et les récitations, l'histoire, ainsi que des leçons fondamentales de morale et de religion.

L'école calmecac était réservée aux enfants de la noblesse qui y apprenaient les compétences essentielles pour une carrière publique dans l'armée, la politique ou la religion d'État. Là encore, les sexes étaient séparés, et il semble que les enfants exceptionnellement doués des classes inférieures pouvaient également fréquenter une calmecac. Les matières enseignées comprenaient la rhétorique, la musique, la poésie, le droit, l'astronomie, les mathématiques, l'histoire, l'architecture, l'agriculture et la guerre. Pour ceux qui étaient sélectionnés pour entrer dans la prêtrise, leur éducation se poursuivait dans une institution spéciale appelée tlamacazcalli. Les étudiants y recevaient une éducation sévère et menaient une vie d'austérité qui incluait de longues périodes de méditation, de jeûne et de sacrifice de leur propre sang en se perçant les endroits sensibles avec des épines de cactus.

Les couples se mariaient lors d'une cérémonie de quatre jours au cours de laquelle la mariée était recouverte d'une poudre étincelante "l'or des fous".

Mariage

L'éducation d'une jeune personne prenait fin lorsqu'elle était prête à se marier. Celui-ci était organisé par les anciens, bien que leur choix ait probablement été influencé par le jeune couple lui-même, qui avait peut-être déjà établi une relation lors des nombreux festivals publics. En général, les partenaires venaient du même calpulli. Le couple, âgé d'une dizaine ou d'une vingtaine d'années, se mariait lors d'une cérémonie de quatre jours au cours de laquelle la mariée était parée de plumes rouges et recouverte d'une poudre étincelante de pyrite "l'or des fous". De nombreux festins et discours venaient compléter la célébration.

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Bien que les femmes aient été censées s'occuper du foyer, cuisiner, s'occuper des enfants et pratiquer le tissage et la vannerie, les Aztèques gardaient également le contrôle de leurs biens personnels et de la richesse héritée et pouvaient participer à la vie publique dans les domaines de la médecine, de l'éducation, de la religion et même du commerce. Autre fait inhabituel dans les sociétés anciennes, les hommes aztèques devaient assumer la responsabilité de l'éducation de leur progéniture masculine. Néanmoins, l'arrangement matrimonial favorisait l'homme puisque le couple vivait avec sa famille, et il était également autorisé à avoir plusieurs autres épouses et à accueillir un certain nombre de concubines.

Conclusion

Pour les Aztèques, à l'exception peut-être de la classe des commerçants, la richesse n'était pas une fin en soi, mais plutôt un avantage lié à la position sociale. Le rang et la réputation étaient de loin les considérations les plus importantes pour ceux qui souhaitaient s'élever dans la société et, surtout, la propriété de la terre restait le meilleur indicateur du statut d'une personne. La société aztèque était clairement stratifiée et comportait de nombreux niveaux, mais l'obligation commune de guerre perpétuelle et d'une religion omniprésente permirent de créer un appareil social sophistiqué et fonctionnel, à la fois cohésif et inclusif. L'une des grandes questions de l'histoire est de savoir si cette société, qui évoluait déjà à mesure que la classe marchande devenait plus influente dans des domaines traditionnellement réservés à l'aristocratie, aurait pu se développer et prospérer si elle ne s'était pas effondrée à la suite de l'invasion de l'Ancien Monde .

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Questions & Réponses

Quel genre de société avaient les Aztèques ?

La société aztèque était très hiérarchisée avec des classes très clairement définies. Ces classes comprenaient la royauté et la noblesse au sommet, puis les prêtres, les guerriers, les marchands et les agriculteurs. Il existait une certaine possibilité de passer d'une classe à l'autre, mais elle était très limitée.

Quelles étaient les cinq classes de la société aztèque ?

Les cinq classes de la société aztèque étaient : la royauté et les nobles dirigeants, les prêtres, les guerriers, les marchands et les artisans, et les paysans. Il y avait aussi des esclaves qui venaient des ennemis vaincus.

Qui était au sommet de la société aztèque ?

Le souverain ou roi (tlatoani) était au sommet de la société aztèque, de même que les calpulli - les familles liées par le sang ou par une longue association à la famille royale.

Quel était le rôle des femmes dans la société aztèque ?

Dans la société aztèque, les femmes devaient s'occuper du foyer, élever les enfants et faire de la vannerie. Les hommes dominaient, mais les femmes aztèques pouvaient avoir leur propre propriété, hériter de la richesse et participer à la vie publique dans les domaines de la médecine, de l'éducation, de la religion et même du commerce.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2015, novembre 23). Société Aztèque [Aztec Society]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-845/societe-azteque/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Société Aztèque." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le novembre 23, 2015. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-845/societe-azteque/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Société Aztèque." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 23 nov. 2015. Web. 19 avril 2024.

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