Jacques III d'Écosse

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 15 janvier 2021
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Disponible dans ces autres langues: anglais
Portrait of James III of Scotland (by Unknown Artist, Public Domain)
Portrait de Jacques III d'Écosse
Unknown Artist (Public Domain)

Jacques III d'Écosse régna de 1460 à 1488. Il succéda à son père Jacques II d'Écosse (r. de 1437 à 1460) à l'âge de huit ans, ce qui amena certains nobles à profiter du très jeune âge du roi et même à l'enlever. Jacques fut également contesté par ses deux frères, puis par son fils aîné, au cours d'un règne tout à fait impopulaire, marqué par des impôts élevés et une marginalisation systématique de la noblesse. Jacques III fut tué lors d'une escarmouche avec des rebelles en juin 1488. La lignée royale des Stuart se poursuivit avec le fils aîné de Jacques qui devint Jacques IV d'Écosse (r. de 1488 à 1513).

Succession et régence

Jacques II avait établi un contrôle royal fort sur le royaume en éliminant ou en marginalisant des familles aussi puissantes que les Douglass, les Crichton et les Livingston. Le roi se sentait même suffisamment sûr de lui pour attaquer le nord de l'Angleterre au cours de plusieurs campagnes majeures dans les années 1450. Le fils aîné de Jacques, un autre Jacques, naquit en mai 1452. Sa mère était Marie d'Egmont (ou de Gueldre, morte en 1463), fille du duc de Gueldre et nièce de Philippe le Bon, l'immensément puissant duc de Bourgogne. La tragédie frappa la famille royale lorsque le roi mourut dans un accident le 3 août 1460. Jacques II attaquait le château de Roxburgh, alors tenu par les Anglais, et le canon à côté duquel il se tenait explosa; il avait 29 ans. Par conséquent, le prince Jacques n'avait que huit ans lorsqu'il devint Jacques III d'Écosse. Le garçon-roi fut couronné le 10 août à l'abbaye de Kelso.

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En juillet 1466, Jacques III fut enlevé lors d'une partie de chasse par les courtisans Alexander et Robert Boyd de Kilmarnock.

La reine Marie assura avec succès la régence de son fils. Elle acheva le siège du château de Roxburgh et parvint même à reprendre le contrôle de Berwick, une propriété très disputée entre l'Écosse et l'Angleterre. Marie avait négocié avec Henri VI d'Angleterre (r. de 1422 à 1461 et de 1470 à 1471) pour recevoir Berwick en mars 1461 en échange d'un abri, car le roi était alors en train de mener sa propre guerre civile pendant le conflit dynastique connu aujourd'hui sous le nom de Guerre des deux Roses (1455-1487). Marie améliora considérablement le palais de Falkland et fit construire le château de Ravenscraig à Fife, dont les créneaux avaient été conçus pour accueillir les canons qui devenaient rapidement une nécessité dans les guerres. Connue pour sa piété, la reine fonda l'église Holy Trinity à Édimbourg, dont le retable fut réalisé par l'artiste flamand Hugo van der Goes avec des panneaux peints représentant Jacques III et sa reine.

Mary of Gueldres
Marie d'Egmont ou de Gueldre
Unknown Artist (Public Domain)

Malheureusement, la régence de la reine Marie fut brève puisqu'elle mourut en décembre 1463 et que James Kennedy, évêque de Saint Andrew, devint alors le tuteur du roi. En 1464, il veilla à ce que le jeune Jacques effectue deux tournées dans son royaume afin d'encourager le soutien populaire à la monarchie. L'évêque Kennedy mourut en mai 1465, ce qui offrit à des nobles ambitieux une occasion longtemps attendue d'améliorer leur propre position aux dépens de la Couronne.

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La position pro-anglaise de Jacques III, ses impôts élevés et la vente sans scrupules des grâces royales contre de l'argent contribuèrent à son manque de popularité.

Le roi devient un pion

Le 9 juillet 1466, Jacques III fut enlevé lors d'une partie de chasse par les courtisans Alexander (gardien du château d'Édimbourg) et Robert Boyd de Kilmarnock. Les frères Boyd obligèrent le roi à faire semblant de ne pas être retenu contre son gré. Robert Boyd, le frère aîné, prit alors les devants, écarta Alexander et fit de son propre fils Thomas le comte d'Arran. Thomas était également fiancé à Marie, la sœur aînée du roi. Robert Boyd convainquit même Jacques d'épouser Marguerite de Danemark (c. 1457-1486), la fille du roi de Norvège, de Danemark et de Suède. Le mariage eut lieu le 13 juillet 1469 et l'union donnerait à l'Écosse le contrôle des Orcades et des Shetland, ce qu'elle recherchait depuis longtemps. Robert Boyd, quant à lui, se déclara gardien de l'Écosse et prit la fonction de chambellan du roi. Lorsque James atteignit sa maturité en 1469, les deux frères Boyd furent jugés et reconnus coupables de trahison. Robert et son fils parvinrent à s'enfuir en Angleterre, mais Alexander fut exécuté.

Une politique impopulaire

Le roi était déterminé à accroître le pouvoir royal à tout prix, une politique symbolisée par l'adoption du symbole de la couronne impériale fermée et par une large application de la lèse majesté, le délit de trahison consistant à insulter le roi, afin d'inclure toute action que James considérait comme un obstacle à sa volonté. Les nobles furent négligés au profit des administrateurs et des ecclésiastiques. Édimbourg devint le grand centre bureaucratique du gouvernement, même si, en réalité, l'Écosse restait un royaume qui dépendait de ses barons régionaux pour faire appliquer les politiques gouvernementales dans l'ensemble du royaume. Le roi, cependant, ne fit aucun effort pour visiter une partie de son royaume en dehors de la capitale. En 1474, le roi organisa le mariage de son fils aîné et héritier Jacques (né en 1473) avec Cécilia, la fille d'Édouard IV d'Angleterre (r. de 1461 à 1470 et de 1471 à 1483). La position pro-anglaise de Jacques III, ses impôts élevés et la vente sans scrupules des grâces royales pour de l'argent sont autant de facteurs qui expliquent son manque de popularité, non seulement parmi ses nobles, mais aussi au sein de sa propre famille.

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James III of Scotland with St. Andrew
Jacques III d'Écosse avec Saint André
Hugo van der Goes (CC BY-NC-SA)

L'intérêt porté par le roi à la musique, les arts et l'alchimie devint trop important pour certains barons. Cependant, pour étouffer toute rébellion dans l'œuf, Jacques fit emprisonner ses deux frères cadets, John, comte de Mar, et Alexander, duc d'Albany, en 1479. John mourut en prison dans des circonstances mystérieuses, apparemment en se vidant de son sang alors qu'il prenait un bain. Alexandre, quant à lui, s'échappa en France pour se mettre à l'abri, mais il ne tarderait pas à revenir pour revendiquer le trône. Ces événements ne furent pas de nature à apaiser les nobles écossais qui se préoccupaient de plus en plus de l'autocratie du roi et de sa préférence pour les compagnies de bas étage. De nombreux nobles n'appréciaient guère voir William Scheves, un ancien serviteur qui avait cousu les chemises du roi, se voir confier le contrôle de l'archevêché de Saint Andrews. La décision de Jacques de dévaluer la monnaie en 1479-80, qui lui procura personnellement beaucoup d'argent mais dévasta le commerce, fut peut-être la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Les pièces étaient peut-être d'une valeur douteuse, mais elles avaient une importance historique, car elles étaient les premières pièces médiévales frappées au nord des Alpes qui présentaient le portrait d'un roi.

Deuxième enlèvement

En juillet 1482, il n'est peut-être pas surprenant que le roi ait été enlevé une deuxième fois, cette fois par un groupe de nobles mécontents dont Alexandre Stuart était la figure de proue. Alexandre avait comploté avec Édouard IV en Angleterre pour usurper la place de son frère. Une armée anglaise dirigée conjointement par Alexandre et le frère d'Édouard envahit l'Écosse, la première à le faire depuis 1400. Jacques fut capturé à Lauder, au nord de Melrose, et il eut la chance d'en réchapper, ce qui ne fut pas le cas de deux membres de son entourage. Le roi fut alors emprisonné au château d'Édimbourg. Les rebelles avaient peut-être l'intention de faire d'Alexandre le régent du roi, tandis qu'Édouard IV voyait une occasion en or de reprendre le contrôle de Berwick. En fin de compte, l'armée d'invasion ne fut en aucun cas contestée et la révolution s'essouffla par manque de détermination et de leadership. Le soutien anglais disparut également avec la mort d'Édouard IV en avril 1483. Mais surtout, et ce n'est pas la première fois, les nobles écossais s'opposaient à l'idée d'assassiner leur roi. Jacques fut libéré et une fragile suspension des hostilités s'ensuivit.

James III of Scotland & Margaret of Denmark
Jacques III d'Écosse et Marguerite de Danemark
Unknown Artist (Public Domain)

Le répit dans la turbulente politique écossaise fut de courte durée. En juillet 1484, une petite force anglo-écossaise dirigée par le comte d'Angus, le principal membre de la puissante famille des Red Douglas, tenta une nouvelle fois de faire monter Alexandre sur le trône. Les royalistes battirent cette force à Lochmaben le 22 juillet, où le comte d'Angus fut capturé. Une fois de plus, Alexandre s'enfuit vers le sud. Revenu imprudemment l'année suivante, Alexandre fut capturé et détenu au château d'Édimbourg jusqu'à ce qu'il ne parvienne à s'enfuir à nouveau en France. L'homme qui allait devenir roi fut alors tué dans un étrange accident lors d'un tournoi médiéval à Paris, frappé par un éclat de lance alors qu'il observait le tournois depuis les tribunes.

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Pendant ce temps, le roi Jacques semblait incapable de comprendre le lien entre sa politique sévère et la désaffection de la noblesse. Le roi continuait à agir comme il l'avait toujours fait, renvoyant des fonctionnaires compétents, nommant des personnes impopulaires et persécutant tous ceux qu'il considérait comme déloyaux. En février 1488, une nouvelle attaque contre le roi se produisit, impliquant cette fois son fils Jacques, qui se déclara "prince d'Écosse". Dans un premier temps, les barons du Nord restèrent fidèles à la Couronne, mais Jacques junior bénéficia du soutien du comte d'Argyll. Les deux camps s'affrontèrent lors d'une bataille à Stirling, bataille qu'il vaudrait mieux qualifier d'escarmouche. De petite envergure, peut-être, le sort de l'Écosse dépendrait de son issue.

Queen Margaret of Scotland
Reine Marguerite d'Écosse
Hugo van der Goes (Public Domain)

Mort et successeur

Le 11 juin 1488, la petite force dirigée par le roi fut vaincue par les rebelles à Sauchieburn, près de Bannockburn Field. Jacques III portait la grande épée du héros écossais Robert le Bruce (r. de 1306 à 1329), mais elle ne lui servit à rien. Tentant d'échapper à la colère des vainqueurs, le roi fut tué peut-être involontairement ou, selon d'autres versions, par un ennemi déguisé en prêtre. Son fils Jacques devint Jacques IV d'Écosse et fut pris de remords pour avoir provoqué les troubles qui avaient coûté la vie à son père. Le nouveau roi aurait porté une chaîne de fer autour de la taille à chaque carême suivant, en guise de pénitence pour son rôle dans le régicide. Jacques III fut enterré dans l'abbaye de Cambuskenneth à côté de la reine Marguerite, décédée deux ans auparavant.

Jacques IV n'avait que 15 ans lorsqu'il monta sur le trône, mais il devint un roi populaire grâce à son intérêt pour l'application de la justice dans tous les coins de son royaume, au développement de la première marine écossaise et à la promotion d'innovations telles que l'imprimerie. Les relations avec l'Angleterre commencèrent avec son mariage avec Marguerite Tudor (1489-1541), fille d'Henri VII d'Angleterre (r. de 1485 de 1509), mais se détériorèrent ensuite avec le règne d'Henri VIII d'Angleterre (r. de 1509 à 1547). Jacques IV régna sur l'Écosse jusqu'en 1513, date à laquelle il fut tué lors d'une bataille contre les Anglais. Son fils, Jacques V d'Écosse, lui succéda (r. de 1513 à 1542).

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

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Style APA

Cartwright, M. (2021, janvier 15). Jacques III d'Écosse [James III of Scotland]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-19363/jacques-iii-decosse/

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Cartwright, Mark. "Jacques III d'Écosse." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le janvier 15, 2021. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-19363/jacques-iii-decosse/.

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Cartwright, Mark. "Jacques III d'Écosse." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 15 janv. 2021. Web. 02 mai 2024.

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