Aryen

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 08 octobre 2020
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Disponible dans ces autres langues: anglais
Indus Valley (by hceebee, CC BY-NC-ND)
Vallée de l'Indus
hceebee (CC BY-NC-ND)

Aryen est une désignation qui signifie à l'origine "civilisé", "noble" ou "libre", sans référence à une quelconque ethnie. Il fut d'abord appliqué en tant que terme d'auto-identification par un groupe migratoire d'Asie centrale connu plus tard sous le nom d'Indo-Iraniens (qui s'installèrent sur le plateau iranien) et, plus tard, appliqué aux Indo-Aryens (qui voyagèrent vers le sud pour s'installer dans le nord de l'Inde).

Le mot n'avait pas de connotation ethnique répandue avant le 19e siècle, si ce n'est son utilisation par les Perses (appelés "Iraniens" à partir d'"Aryens") pour se distinguer de leurs conquérants arabes musulmans au 7e siècle, et même à cette époque (on pourrait dire) qu'il ne s'agissait pas tant d'une distinction ethnique que d'une distinction de classe et de personne. Avant la conquête, la Perse avait été "le pays des Aryens" et, par la suite, un terme fut inventé pour les non-aryens.

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Le terme "aryen" n'a été associé à l'ethnicité et, en particulier, à la supériorité de la peau claire (caucasienne) qu'après que les érudits d'Europe occidentale eurent commencé à traduire, et souvent à mal interpréter, les textes sanskrits au 18e et, plus largement, au 19e siècle. Des théories avaient déjà été avancées concernant une corrélation entre le sanskrit et les langues européennes, mais ce concept fut popularisé par le philologue anglo-gallois Sir William Jones (1746-1794) en 1786, qui affirma qu'il existait une source commune pour ces langues, qu'il appela proto-indo-européenne.

L'affirmation de Jones inspira des auteurs ultérieurs à identifier cette "source commune" et encouragea l'élitiste français Joseph Arthur de Gobineau (1816-1882) à développer les théories racistes concernant le "sang aryen" et la suprématie blanche qui seraient popularisées en Allemagne par les travaux de Houston Stewart Chamberlain (1855-1927), philosophe politique d'origine britannique qui deviendrait le mentor et l'inspirateur d'Adolf Hitler et qui influencerait l'idéologie et l'œuvre d'Alfred Rosenberg (1893-1946) qui donna du pouvoir au parti nazi en Allemagne vers 1930-1945.

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Les travaux de tous ceux qui ont contribué à une définition de l'aryen comme faisant référence au caucasien ont été rejetés comme étant soit malavisés, soit mal interprétés, soit intentionnellement racistes.

L'affirmation de Jones influença également les travaux du philologue allemand Max Muller (1823-1900) qui, en tentant d'identifier cette "source commune" via le Rig Veda et l'histoire de la civilisation de la vallée de l'Indus, créa le mythe d'une invasion aryenne de la région, selon lequel les Aryens à la peau claire auraient conquis les indigènes à la peau plus foncée et établi une haute civilisation; une interprétation de ses travaux que Muller lui-même n'avait jamais envisagée et qu'il a d'ailleurs rejetée.

Les travaux de Gobineau, Chamberlain et la revendication de l'invasion aryenne seraient repris par les Britanniques tout au long des 19e et 20e siècles pour justifier leur contrôle de l'Inde car ils étaient les "Aryens" - une race supérieure - qui apportaient culture et civilisation aux moins fortunés. Ce point de vue fut encouragé et popularisé par les travaux de l'archéologue britannique Sir Mortimer Wheeler (1890-1976), qui fouilla les anciennes villes de la civilisation de la vallée de l'Indus, Harappa et Mohenjo-daro, et affirma que ses découvertes confirmaient la théorie de l'invasion aryenne de Muller. Selon Wheeler, tout comme les Aryens à la peau claire de jadis avaient apporté la civilisation en Inde, les Britanniques l'avaient fait à leur tour.

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La plupart des travaux de Wheeler ont été discrédités de nos jours, tout comme la théorie de l'invasion de Muller, et les travaux de tous ceux qui ont contribué à définir le terme Aryen comme faisant référence à la race blanche ont également été rejetés comme étant soit malavisés, soit mal interprétés, soit intentionnellement racistes. Aujourd'hui, le terme est considéré comme faisant référence aux premiers groupes migratoires indo-iraniens et indo-aryens, peut-être originaires de la région de l'Oural ou, selon certains spécialistes, aux Indo-iraniens uniquement, en raison de l'utilisation continue du terme par les grands empires perses du Proche-Orient.

Premières migrations et origine du terme

On pense que la bande migratoire de peuples plus tard désignés sous le nom d'Indo-Iraniens et d'Indo-Aryens provenait à l'origine de la région de l'actuel Kazakhstan, près de l'Oural, et se déplaça lentement vers le plateau iranien où elle arriva quelque temps avant le 3e millénaire avant notre ère. On ignore quel nom ils se donnaient à cette époque, mais ils s'auto-référencèrent plus tard en tant qu' Aryens, désignant une classe de personnes libres, nobles et civilisées par opposition à celles qui ne partageaient pas leurs valeurs. Il n'y a aucune preuve d'une différence raciale, seulement d'une différence de classe. Le terme semble avoir été utilisé de la même manière que l'on pourrait aujourd'hui différencier les individus de haute ou de basse classe. L'expert Kaveh Farrokh commente:

Le mot aryen signifie "noble", "seigneur" ou "libre" dans les langues iraniennes anciennes et n'a pas grand-chose à voir avec les doctrines eurocentriques de suprématie raciale nordique, formulées pour la première fois par des philosophes racialistes du 19e siècle tels que Chamberlain. L'archéologue J.P. Mallory affirme que, "en tant que désignation ethnique, le mot [aryen] est plus proprement limité aux Indo-Iraniens, et plus justement à ces derniers où il donne encore son nom au pays Iran... le grand roi perse Darius se décrit lui-même comme aryen"... Le nom "Iran" (litt. Terre des Aryens) est dérivé de Aryanam (la forme plurielle en Avestan). (17)

L'Avestan est la langue iranienne primitive dans laquelle sont écrites les écritures zoroastriennes, l'Avesta, la source la plus ancienne pour l'origine et la signification du terme Aryen. Ce qui vaut la peine d'être entendu et retenu dans l'Avesta est appelé arya; celui qui entend, retient et agit selon ces préceptes dignes est un Aryen. Le zoroastrisme se développa, en partie, à partir de la religion iranienne primitive et en conserva divers aspects. Il est donc fort probable que le terme était utilisé de la même manière avant l'époque de Zoroastre (1500-1000 av. J.-C.) pour désigner celui qui adhérait à la voie de la lumière plutôt qu'à celle des ténèbres.

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Major Indo Iranian Neolithic Sites & the Indus Civilization
Principaux sites néolithiques indo-iraniens et civilisation de l'Indus
John Huntington (CC BY-NC-SA)

Le même sens du terme était compris en Inde où il apparaît dans les textes de l'hindouisme, du bouddhisme et d'ailleurs. L'expert Jeffrey D. Long donne la définition hindoue standard de l'aryen comme suit :

Noble, cultivé, "gentleman", terme par lequel les anciens peuples védiques se désignaient eux-mêmes ainsi que leurs pratiques culturelles et religieuses (par opposition à mleccha, ou "barbare"). Il ne semble pas que le terme arya ait eu une quelconque connotation ethnique ou raciale jusqu'à ce que l'érudition européenne du 19ème siècle ne l'interprète ainsi, sur la fausse hypothèse d'une corrélation entre culture et ethnicité. Le terme ne fait pas référence à des caractéristiques ethniques, mais à des caractéristiques culturelles et spirituelles. (60)

Commentant davantage la signification ancienne du terme, l'expert John Keay cite l'opinion éclairée de l'historien indien Romila Thapar selon laquelle "il est douteux que le terme arya ait jamais été utilisé dans un sens ethnique" (19). Les experts Robert E. Buswell Jr. et Donald S. Lopez Jr. notent que, dans le bouddhisme, arya conserve le sens persan de "noble" ou "supérieur" (64), et l'érudit John M. Koller est d'accord, écrivant à propos du concept des Quatre Nobles Vérités du Bouddha, "Cette quadruple vérité est appelée "noble" (arya), ce qui signifie qu'elle est digne d'assentiment et de respect parce qu'elle a une valeur suprême" (53). Il n'est pas surprenant que ce terme ait la même signification dans deux cultures différentes, car toutes deux partagent de nombreux aspects culturels communs.

La migration et la civilisation de la vallée de l'Indus

À un moment donné, les Indo-Aryens du groupe migratoire d'origine se dirigèrent vers le sud de l'Inde où ils auraient fusionné avec les populations indigènes de la civilisation de la vallée de l'Indus (également connue sous le nom de civilisation harappane ou culture harappane, entre 7000 et 600 avant notre ère). Cette civilisation était très avancée, comme en témoignent les sites néolithiques tels que Mehrgarh, occupés avant 7000 avant notre ère, dont la population développa des techniques agricoles, des rituels religieux, la domestication de plantes et d'animaux, et produisit des œuvres artistiques impressionnantes.

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Vers 2600 avant J.-C., les grandes villes de Harappa, Mohenjo-daro, Ganeriwala et plus de 1000 autres s'étaient élevées, et leurs ruines témoignent d'un urbanisme et d'une technologie avancés. Ces villes disposaient de l'eau courante et d'un système d'égouts et de drainage très développé qui dirigeait l'eau de pluie ou les déchets vers les installations situées de part et d'autre des rues. Les maisons étaient construites de manière à réduire les bruits extérieurs et étaient équipées de "coupe-vent" qui permettaient de climatiser l'intérieur, un luxe que même Rome, à son apogée, n'avait pas développé. Les habitants de la vallée de l'Indus créèrent également un système d'écriture (non encore déchiffré), des instruments de musique, des outils agricoles et de grands bateaux à fond plat. Ils construisirent des ports avec de grands entrepôts pour les marchandises et faisaient du commerce avec un certain nombre d'autres nationalités, notamment les peuples de Mésopotamie et d'Égypte.

Mohenjo-daro
Mohenjo-daro
Andrzej Nowojewski (CC BY-SA)

Entre 1900 et 1500 avant J.-C., la civilisation de la vallée de l'Indus commença à décliner. Les villes furent abandonnées et on assista à une importante migration des populations vers le sud du sous-continent. Cette période de migration et de changement coïncide avec le développement de la pensée védique et la période dite védique (c. 1500 - c. 500 av. J.-C.), au cours de laquelle les Vedas, les textes sacrés de l'hindouisme, furent mis par écrit en sanskrit. Comme les habitants de la civilisation de la vallée de l'Indus n'écrivaient pas en sanskrit, cette langue - et les concepts qu'elle exprime dans les écritures - avait dû venir d'ailleurs. On pense qu'ils étaient arrivés avec une migration indo-aryenne, peut-être en grand nombre et sur un certain nombre d'années, et que les cultures des deux peuples se s'étaient ensuite mélangées. Koller écrit :

L'âge védique a commencé lorsque les peuples parlant le sanskrit ont commencé à dominer la vie et la pensée dans la vallée de l'Indus, probablement entre 2000 et 1500 avant notre ère. Les historiens avaient l'habitude de penser que ces peuples parlant le sanskrit, qui s'appelaient eux-mêmes Aryens, étaient arrivés dans la vallée de l'Indus, au nord-ouest de l'Inde, en tant que conquérants, il y a environ trois mille cinq cents ans. Mais des études récentes ont remis en question cette thèse des Aryens conquérants. Ce que nous savons, c'est que la culture antérieure de l'Indus, qui s'est épanouie de 2 500 à 1 500 avant notre ère et qui, à en juger par ses vestiges archéologiques, était très sophistiquée, a décliné à cette époque. Nous savons également que la pensée et la culture védiques, reflétées dans le Rig Veda, ont dominé l'Inde de manière continue au cours des trente-cinq dernières années. Il est probable que les traditions culturelles des peuples védiques se soient mêlées aux traditions et aux coutumes des peuples de l'Indus. (5)

Une contre-théorie de ce qui précède est la théorie dite Out of India (généralement donnée comme OIT) qui affirme que la pensée védique, et le sanskrit, se développèrent dans la vallée de l'Indus, furent exportés en Asie centrale, puis revinrent avec une vague migratoire. Cette théorie a été rejetée par la majorité des chercheurs et est presque toujours avancée par ceux qui ont un programme nationaliste. Il est toutefois compréhensible que l'on puisse soutenir une telle opinion alors que, depuis plus de 100 ans, les chercheurs occidentaux attribuent régulièrement des réalisations culturelles à d'autres.

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La migration des habitants de la vallée de l'Indus vers le sud est bien établie, mais il n'est pas nécessaire de supposer qu'une force d'invasion soit à l'origine de ce déplacement.

La migration des habitants de la vallée de l'Indus vers le sud est bien établie, mais il n'est pas nécessaire de supposer qu'une force d'invasion soit à l'origine de cette relocalisation. Elle était très probablement due, non pas à de nouveaux arrivants, mais au changement climatique, à la sécheresse et au déclin du commerce avec la Mésopotamie et l'Égypte, toutes deux distraites par leurs affaires intérieures. Le déclin de la civilisation de la vallée de l'Indus correspond à l'âge du bronze moyen en Mésopotamie (2119-1700 av. J.-C.), au cours duquel les Sumériens étaient occupés à chasser les Goutis, Hammurabi de Babylone à conquérir des villes et les Hittites à envahir. En Égypte, le Moyen Empire (2040-1782 av. J.-C.) commença à décliner après le règne de Néférousobek (vers 1807-1802 avant J.-C.), et ce déclin fut accéléré par la faiblesse de la 13e dynastie, qui n'avait pas les compétences bureaucratiques et la force administrative de ses prédécesseurs.

Le commerce à longue distance devint plus difficile pour les marchands de ces régions à cette époque, ce qui contribua sans doute au déclin de la civilisation de la vallée de l'Indus, qui reposait sur ce type de commerce. Les gens ne se déplacèrent pas vers le sud pour fuir quoi que ce soit ; ils se déplacèrent vers le sud pour bénéficier de meilleures conditions de vie et d'opportunités. Les villes furent abandonnées, non pas à cause d'une invasion, mais en raison de la surutilisation des ressources et, très probablement, de la surpopulation.

Réinterprétation raciale

Lorsque les ruines de la ville de Harappa furent découvertes par l'explorateur Charles Masson (pseudonyme du soldat et érudit britannique James Lewis, 1800-1853) en 1829, personne ne savait que cette civilisation avait existé et plus tard, en appliquant les théories raciales qui s'étaient développées, les érudits occidentaux conclurent qu'il y avait eu une invasion aryenne massive qui avait détruit les villes et poussé les survivants vers le sud. On ne savait rien de la civilisation de la vallée de l'Indus lorsque Sir William Jones publia sa théorie proto-indo-européenne du langage en 1786 et, si elle avait été connue, elle aurait sans aucun doute été attribuée à l'œuvre d'une autre race, soi-disant à la peau claire, de la même manière que les archéologues et les savants occidentaux ont prétendu plus tard que les Égyptiens étaient de race blanche et que les Mayas de Méso-Amérique étaient, en quelque sorte, une colonie d'Égypte.

Le type de racisme systémique qui conduisit à ces conclusions ne peut être imputé à un seul individu, mais l'association de l'aryen à la suprématie blanche peut l'être. Joseph Arthur de Gobineau était un prétendu savant et écrivain de fiction issu d'une famille aristocratique française qui, bien que pauvre lui-même et luttant constamment pour gagner sa vie, se considérait toujours comme supérieur aux autres. Il publia son ouvrage intitulé Essai sur l'inégalité des races humaines en 1855 dans lequel, entre autres affirmations racistes, il insistait sur le fait que le terme aryen s'appliquait aux Européens à la peau claire qui avaient du "sang aryen" et étaient supérieurs aux autres Européens au teint plus foncé qui n'en avaient pas.

An Essay on the Inequality of the Human Races
Essai sur l'inégalité des races humaines
Daehan (CC BY-SA)

Gobineau devint un ardent admirateur du compositeur allemand Richard Wagner (1813-1883) qui, découvrit-il, avait lu son livre et l'admirait également. Gobineau devint membre du cercle de Bayreuth de Wagner, tout comme un autre enthousiaste de Wagner et ardent raciste, Houston Stewart Chamberlain, qui devint par la suite le gendre de Wagner. Dans son œuvre, Chamberlain associe encore plus l'aryen à l'ethnie, affirmant que les Caucasiens avaient établi toutes les grandes civilisations du monde. Ce point de vue est généralement cité comme ayant contribué à la formulation de la théorie de l'invasion aryenne, et c'est peut-être le cas, mais si tel est le cas, cela ne semble pas avoir été intentionnel de la part de Max Muller.

Bien que Muller soit régulièrement cité comme "l'auteur" de la théorie de l'invasion aryenne, il n'a fait que donner un nom à ce que des hommes comme Gobineau et Chamberlain croyaient déjà. Muller lui-même n'a jamais défendu l'idée que les Aryens avaient quelque chose à voir avec l'ethnicité, mais il avait fondé sa théorie d'une invasion de l'Inde par un peuple nordique sur son interprétation du Rig Veda, le plus ancien des Vedas, dont certaines parties lui suggéraient cette possibilité. Il est d'ailleurs regrettable que le nom de Muller soit systématiquement associé à ceux des racistes et des antisémites, car lui-même n'était ni l'un ni l'autre et croyait à l'égalité raciale.

Les travaux de Gobineau et Chamberlain inspireraient et encourageraient Hitler et son architecte idéologique Alfred Rosenberg à créer le parti nazi en Allemagne et à mettre le pays sur la voie de la Seconde Guerre mondiale et de l'Holocauste. Après la défaite de l'Allemagne en 1945, leurs travaux furent discrédités et rejetés par la plupart des grands spécialistes, mais, dans un langage académique souvent édulcoré et diffus, ils sont apparus - et continuent d'apparaître - dans des ouvrages savants sur l'histoire et le développement culturel du sous-continent indien. Ces théories furent popularisées par les travaux de Sir Mortimer Wheeler, un archéologue et érudit très respecté qui fouilla les sites de Harappa et Mohenjo-Daro entre 1944 et 1948, interpréta ses découvertes à la lumière des théories racialistes et certifia la théorie de l'invasion aryenne comme une histoire bien établie.

Conclusion

Dans les années 1960, cependant, les affirmations de Wheeler - qui reposaient en grande partie sur les squelettes découverts lors de ses fouilles et qui, selon lui, témoignaient d'une mort violente au combat - ont été réfutées, en grande partie grâce aux travaux de l'érudit et archéologue américain George F. Dales (Keay, 23). Dales n'a trouvé aucune preuve sur aucun des sites antiques pour soutenir les revendications d'invasion et de conquête, et personne d'autre depuis. De nos jours, la théorie de l'invasion aryenne a été discréditée et n'est plus avancée que par ceux qui défendent un programme racial ou nationaliste.

L'ancienne théorie, qui était encore enseignée dans les lycées et les universités - du moins aux États-Unis - jusqu'à une date assez récente, et qui entretenait la vision d'Aryens à la peau claire conquérant des Dravidiens à la peau sombre, a été remplacée par la compréhension beaucoup plus avisée et réaliste d'un modèle de migration et de mélange des cultures. John Keay commente :

Peut-être que certains des clans aryens ont été invités en Inde en tant qu'alliés, mercenaires ou commerçants ; les indigènes n'étaient peut-être pas des "Dravidiens" mais des arrivées indo-aryennes antérieures ; rien ne suggère que [les Aryens] aient jamais construit des "châteaux et des villes" [comme certains l'ont affirmé] et les preuves archéologiques, presque entièrement en céramique, ne donnent aucun indice du changement soudain auquel on pourrait s'attendre de la conquête et de la suppression d'une nationalité entière...On peut soutenir que le processus d'aryanisation par lequel la culture arya s'est répandue chez les peuples non-arya s'est poursuivi tout au long de l'histoire du sous-continent, et qu'il se poursuit encore aujourd'hui. (28)

Keay note également que les habitants de la civilisation de la vallée de l'Indus ont donné autant qu'ils ont reçu, culturellement, des migrants aryens et que la relation était mutuellement bénéfique (24-26). L'association malheureuse du terme "aryen" avec le concept erroné et ignorant de la suprématie blanche se poursuit de nos jours, mais il est à espérer qu'avec le temps, cela changera, tout comme les définitions et interprétations racialistes du passé, et que le terme "aryen" reprendra sa signification initiale, à savoir la définition d'une personne noble, qui reconnaît ce qui vaut la peine d'être entendu et retenu pour son propre bien et pour le bien de tous, et qui est donc civilisée. Dans le même temps, la définition d'"Aryen" pourrait être étendue et élargie, dans un sens universel, pour inclure toute personne - quelle que soit sa couleur de peau, sa classe sociale ou son appartenance culturelle - qui respecte et reconnaît la dignité humaine et les droits inhérents à tout autre individu.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2020, octobre 08). Aryen [Aryan]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-11520/aryen/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Aryen." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le octobre 08, 2020. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-11520/aryen/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Aryen." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 08 oct. 2020. Web. 19 avril 2024.

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