Bataille de Pydna

Définition

Donald L. Wasson
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 19 février 2015
Disponible dans ces autres langues: anglais
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The Triumph of Aemilius Paulus (by Fotopedia, Public Domain)
Le triomphe de Paul-Émile
Fotopedia (Public Domain)

La bataille de Pydna, en juin 168 avant J.-C., fut une victoire romaine décisive qui mit fin à la troisième guerre de Macédoine et établit Rome en tant que puissance dominante en Méditerranée. La République romaine était en pleine expansion, élargissant sa sphère d'influence le long de l'Adriatique, et lorsque plusieurs des cités-États de la Grèce méridionale lui firent appel pour contrer les avancées de Philippe V de Macédoine, elle entra dans la mêlée, amorçant ainsi la célèbre série des guerres macédoniennes. En juin 168 avant J.-C., le général romain Lucius Aemilius Paullus (alias Paul-Émile) engagea le combat contre Persée, fils et successeur de Philippe, près de Pydna, une ville du nord-est de la Grèce. Le combat qui s'ensuivit marqua la fin de l'empire établi par Philippe II et son fils Alexandre le Grand.

Fin de la première guerre macédonienne et début de la seconde

Cette ultime rencontre entre les Macédoniens et les Romains intervint après une longue période de conflit qui débuta vers 215 avant notre ère. Il s'agissait là de la dernière occasion de savoir qui était le plus fort: la phalange de Macédoine ou les légions de Rome. Les Romains avaient été impliqués pour la première fois en Grèce lorsque Hannibal Barca de Carthage, déjà en guerre contre Rome lors de la deuxième guerre punique (218-201 av. J.-C.), avait conclu une alliance avec Philippe V de Macédoine. Craignant les conséquences de cette union, les cités-États grecques firent appel à Rome - alliée de l'Illyrie - et ensemble, elles empêchèrent Philippe de conquérir la péninsule. Si l'alliance avec Hannibal s'avéra être une distraction pour Rome, elle ne la détourna pas du conflit en Grèce. Une paix précaire fut conclue, mettant fin à la première guerre macédonienne. Malheureusement pour Rome et la Grèce, Philippe ne pouvait pas rester inactif bien longtemps et il ranima son désir de conquérir toute la Grèce, déclenchant la deuxième guerre macédonienne. En 200 av. J.-C., il conclut une nouvelle alliance, cette fois avec Antiochos III, le roi de l'empire séleucide (Syrie) qui faisait partie de l'ancien empire d'Alexandre.

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La bataille de Pydna permit à Rome d'assurer sa place de puissance dominante sur la Méditerranée.

En 197 av. J.-C., les Romains remportèrent la victoire sur les forces de Philippe à Cynoscéphalie où il perdit plus de 13 000 hommes. Philippe se rendit compte qu'il ne pouvait pas gagner contre une armée supérieure et abandonna ses plans. En 194 avant Jésus-Christ, les Romains rentrèrent chez eux et, pendant un court moment, la Grèce fut déclarée libre. En 190 avant J.-C., le roi Antiochos, qui avait étendu son empire à l'Asie mineure et aux Balkans, mit finalement fin à son combat contre Rome après une défaite désastreuse à la bataille de Magnésie aux mains de Scipion l'Africain (le même homme qui avait vaincu Hannibal à la bataille de Zama lors de la deuxième guerre punique). Ses terres conquises lui furent rendues. Ironiquement, Philippe, malgré son alliance antérieure, en fait, aida Rome contre Antiochos. Bien que Rome ne soit jamais entrée en guerre pour gagner des terres, de nombreuses cités-États grecques devinrent redevables à Rome.

La légion ou la phalange ?

Tout au long de ces batailles en Grèce, les Romains restèrent confiants, persuadés que leur entraînement supérieur, associé à la souplesse et à la rapidité de la guerre romaine, leur apporterait le succès. Pour les Romains, les victoires contre Philippe et Antiochos étaient principalement dues à la supériorité de l'armée romaine qui se montra bien plus adaptable que celle de leur ennemi. Ce sont les victoires de la légion romaine sur la phalange grecque ; les victoires du gladius à double tranchant (épée courte romaine) sur la sarissa de 18 pieds (lance macédonienne) .

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L'histoire a longtemps montré la force de la phalange, une formation qui avait conduit à la conquête de la Perse des décennies auparavant, et une formation avancée par Philippe II et son fils Alexandre. Au IVe siècle av. J.-C., les Macédoniens possédaient une armée dont l'armement et la capacité tactique globale s'étaient considérablement améliorés et qui avait forgé un empire englobant une grande partie du monde connu, mais il s'agissait également d'une formation dépendant surtout de la cohésion ; elle pouvait être inefficace le cas échéant. Si la phalange s'était auparavant révélée précieuse pour l'armée macédonienne, les victoires de la bataille d'Issos et de la bataille de Gaugamèles appartenaient au passé. Les Romains avaient reconnu l'un des rares défauts de la phalange : elle était vulnérable aux attaques de flanc et d'arrière. Ce défaut allait finalement entraîner la défaite des Macédoniens et leur suprématie sur la Grèce.

Bien que la phalange ait été efficace contre Darius III et les Perses, les Romains s'avérèrent être une autre paire de manches, mais cette bataille finale à Pydna n'était pas la première rencontre entre la légion et la phalange. Au départ, la phalange se révéla être un adversaire digne et efficace. En 280 avant Jésus-Christ, alors que Rome étendait son domaine sur la botte italienne, la ville de Tarentum fit appel à Pyrrhus, le roi de Molosses (cousin d'Alexandre), pour obtenir de l'aide. Les Romains furent rapidement vaincus par Pyrrhus, son armée et ses éléphants à la bataille d'Héraclée. L'année suivante, les deux armées se rencontrèrent à nouveau à Ausculum, et là encore, Pyrrhus et son armée de plus de 40 000 hommes mirent les Romains en déroute, malgré des pertes importantes, ce qui est depuis connu en tant que victoire à la Pyrrhus. En 276 avant Jésus-Christ, la troisième et dernière rencontre entre les deux forces (Carthage s'était également jointe à la bataille aux côtés de Rome) à Bénévent (une ville près de Naples) vit la victoire des Romains.

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Coin of Philip V of Macedon
Pièce de Philippe V de Macédoine
PHGCOM (Public Domain)

Sous la direction de Philippe V et de son fils Persée, la Macédoine était en déclin ; elle n'était plus la force dominante qu'elle avait été sous Alexandre et ses successeurs. L'armée avait peu changé. Le soldat macédonien portait toujours la sarisse traditionnelle, le xiphos, une épée plus courte pour le combat rapproché, et un bouclier accroché à son épaule gauche ; ses deux mains restaient libres pour porter la longue pique de 18 pieds. Comme par le passé, la phalange fonctionnait bien sur un terrain clair et plat, mais elle ne pouvait combattre que dans une seule direction, car elle avait besoin de troupes plus légères sur les flancs pour protéger les côtés. Pour être juste, certains contestent cette idée, en soulignant la victoire d'Alexandre à Gaugamèles. D'un autre côté, les légions romaines s' avérèrent bien plus flexibles, s'appuyant sur des manœuvres tactiques pour vaincre leurs ennemis, et comme démontré à Pydna, elles pouvaient fonctionner sur n'importe quel terrain. Comme la phalange, la légion romaine était bien organisée. Comptant généralement environ 5 000 hommes, elle était divisée en manipules : chaque manipule était composé de deux centuries (environ 80-100 hommes). Outre l'épée courte ou gladius, le soldat romain portait un javelot ou pilum et un bouclier ou scutum.

Persée succède à Philippe V

En 179 avant J.-C., Philippe V mourut et il fut remplacé par son fils Persée qui, comme Alexandre avant lui, choisit de poursuivre le rêve de son père. Certains affirment que le nouveau roi se débarassa rapidement de son frère pro-romain. En 172 avant J.-C., une guerre éclata entre Eumène de Pergame et Persée. Eumène avait commencé à acquérir des territoires en Asie Mineure et dans les Balkans. Cette expansion inquiétait beaucoup Rome et la Macédoine. Persée irrita encore plus les Romains lorsqu'il conclut une alliance avec un certain nombre de tribus germaniques, les ennemis de Rome au nord. Estimant que Persée représentait une menace sérieuse, les Romains se rangèrent du côté d'Eumène. Malheureusement pour les Romains, Persée les vainquit lors de trois batailles distinctes (171-170 av. J.-C.). Cependant, Persée choisit de ne pas attaquer les forces romaines. Au lieu de cela, il se positionna de manière plus défensive, donnant peut-être à Rome plus de respect qu'elle ne le méritait à l'époque. En 168 avant J.-C., le Sénat prit l'initiative de nommer quelqu'un de nouveau pour diriger les forces romaines contre Persée. Il s'agissait du consul Lucius Aemilius Paullus (Paul-Émile), récemment nommé, un vétéran de 60 ans des batailles en Espagne et en Ligurie et le beau-frère de Scipion l'Africain.

Perseus, King of Macedon
Persée, roi de Macédoine
PHGCOM (Public Domain)

Persée fait face à Paul-Émile

En juin 168 avant J.-C., Paul-Émile rencontra enfin Persée au combat. Après son arrivée en Grèce, Paul-Émile avait pris le temps de bien former son armée épuisée, une armée qui avait sérieusement besoin de discipline. Avec la flotte romaine stationnée dans le golfe de Thessalonique servant de leurre, peut-être pour couper la ligne d'approvisionnement macédonienne, l'armée romaine atteignit la rivière Elpeus où Paul-Émile avait prévu d'attaquer le camp de Persée. Utilisant des guides locaux, il envoya une petite force le long d'un chemin à la base du Mont Olympe, espérant prendre Persée par le nord-ouest. En ayant vent de ce plan, Persée choisit de ne pas combattre et leva rapidement le camp pour s'enfuir vers le sud.

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Paul-Émile n'avait pas l'intention de laisser le roi macédonien s'échapper ; il regroupa ses hommes à Diem et poursuivit Persée, le rattrapant près de Pydna, une ville située sur la rivière Leucus. Paullus établit son camp sur les contreforts du mont Olocrus, dominant le campement macédonien. Il disposait de 25 000 hommes d'infanterie (ainsi que de 34 éléphants), tandis que Persée avait 40 000 hommes d'infanterie et 4 000 de cavalerie (sans éléphants). À ce moment-là, Persée aurait pu vaincre les Romains sans bataille ; il aurait pu facilement empêcher les lignes de ravitaillement romaines de les atteindre et les affamer. Au lieu de cela, les deux camps se préparèrent à livrer bataille.

The Battle of Pydna
La bataille de Pydna
Web Gallery of Art (Public Domain)

Dans la nuit du 21 juin 168 avant J.-C., il y eut une éclipse de lune qui avait été prédite par l'un des soldats romains. C'était un signe que les dieux favorisaient les Romains. Pour honorer les dieux, Paul-Émile fit un sacrifice de bœufs et de génisses. Les Macédoniens interprétèrent l'éclipse de manière différente ; ils crièrent à la lune de revenir ; pour eux, c'était un signe de malheur qui annonçait leur défaite. Tôt le lendemain, une courte trêve fut déclarée, ce qui permit aux deux camps de s'approvisionner en eau à partir d'un court ruisseau qui coulait entre les deux armées. Une histoire raconte que c'est un cheval (certains disent une mule) qui déclencha le combat. Persée et ses hommes passèrent immédiatement à l'offensive en traversant le fleuve. Il avait deux phalanges au centre, des mercenaires sur la gauche et de la cavalerie sur la droite. Paul-Émile positionna ses hommes au pied de la montagne, avec ses éléphants à l'arrière et sa cavalerie sur la gauche, les alliés du Latium sur la droite, et deux légions au centre.

La fin de la bataille de Pydna

La bataille ne dura qu'une heure environ. Les Macédoniens remportèrent un premier succès ; les Romains commencèrent à reculer, mais ce succès initial s'estompa rapidement lorsque l'armée de Persée marcha sur un terrain accidenté et ralentit, créant ainsi une brèche. Paul-Émile passa à l'offensive. Il envoya ses éléphants attaquer le flanc gauche de Persée qui s'effondra immédiatement et ordonna à ses légions d'entrer dans la brèche et, comme avec Darius à Gaugamèles, cela s'avéra avantageux pour les Romains et leurs épées courtes; cela devint une attaque de l'intérieur. Les Macédoniens furent contraints de jeter leurs sarissas et d'utiliser leurs xiphos, et un combat au corps à corps commença. Voyant que la défaite était imminente, Persée s'enfuit, emmenant sa cavalerie avec lui, d'abord vers sa capitale de Pella, puis vers l'île de Samothrace (perdant une grande partie de leur trésor à cause d'un capitaine de mer sans scrupules).

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Les Romains massacrèrent les Macédoniens restants : il y eut plus de 20 000 morts et 6 000 prisonniers (5 000 autres prirent la fuite). Rome ne perdit que 100 hommes et 400 soldates furent blessés. Persée fut poursuivi et capturé après que les Romains ont encerclé l'île. Il fut emmené à Rome où il fut exhibé dans les rues, une humiliation totale pour lui mais un symbole de victoire pour les Romains. Pydna fut pillée et saccagée et les campagnes environnantes furent ravagées. Le reste de la Grèce était loin d'être à l'abri puisque les Romains envahirent Athènes et Corinthe.

Ainsi se termina la troisième guerre de Macédoine. La Macédoine était, enfin, vaincue. Tout au long des guerres précédentes, Rome n'avait fait aucun gain territorial, mais après la bataille de Pydna, sa chance avait tourné et sa politique changea. Le Sénat romain choisit d'occuper la Grèce et la Macédoine. Rome contrôlait désormais l'Adriatique. Les Macédoniens n'étaient plus une menace. Si la culture grecque a peut-être conquis Rome, la République romaine et, plus tard, l'Empire romain, ont conquis les Grecs et dominé la Méditerranée pendant les siècles suivants.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Donald L. Wasson
Donald a enseigné l’histoire antique et médiévale ainsi que l’histoire des États-Unis à Lincoln College (Illinois). Éternel étudiant en Histoire depuis qu’il a découvert Alexandre le Grand, il met toute son énergie à transmettre son savoir à ses étudiants.

Citer cette ressource

Style APA

Wasson, D. L. (2015, février 19). Bataille de Pydna [Battle of Pydna]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10634/bataille-de-pydna/

Style Chicago

Wasson, Donald L.. "Bataille de Pydna." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le février 19, 2015. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10634/bataille-de-pydna/.

Style MLA

Wasson, Donald L.. "Bataille de Pydna." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 19 févr. 2015. Web. 31 oct. 2024.

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