Marcus Claudius Marcellus

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 30 August 2017
Disponible dans ces autres langues: anglais, Turc
Imprimer l'article PDF
Marcus Claudius Marcellus (by Unknown Artist, Public Domain)
Marcus Claudius Marcellus
Unknown Artist (Public Domain)

Marcus Claudius Marcellus (c. 270-208 av. J.-C.) fut cinq fois consul et reçut le surnom d'"Épée de Rome", car il fut l'un des plus grands commandants militaires de la ville. Actif lors de la première et de la deuxième guerre punique, il se distingua également par ses campagnes en Gaule et la prise de Mediolanum (l'actuelle Milan). Après avoir combattu Hannibal dans le sud de l'Italie et s'être emparé de Syracuse en Sicile, Marcellus vit sa série de victoires s'achever lorsqu'il affronta le général carthaginois en 209 avant notre ère. Un an plus tard, le commandant romain fut tué dans une embuscade près de Venusia (l'actuelle Venosa), où se trouve encore aujourd'hui sa tombe. Il ne faut pas le confondre avec le neveu du même nom de l'empereur Auguste.

Début de carrière

Marcellus vit le jour vers 270 avant notre ère et se fit tout d'abord connaître en tant que tribun militaire pendant les dernières années de la première guerre punique (264-241 av. J.-C.) contre Carthage. Il devint (à des dates inconnues) augure, curule, questeur, puis édile vers 226 avant J.-C., et enfin préteur au fur et à mesure qu'il gravit les échelons de la hiérarchie politique de la Rome antique. Selon l'écrivain gréco-romain Plutarque (c. 45 - c. 125 de notre ère), dans sa biographie de Marcellus, il eut un fils, Marcus. Dans son premier paragraphe, Plutarque décrit le caractère de Marcellus dans les termes suivants:

Supprimer la pub
Publicité

Il était, vraiment, par une longue expérience, habile dans l'art de la guerre, d'un corps robuste, d'une main vaillante, et par des inclinations naturelles enclin à la guerre. C'est dans les combats qu'il manifestait le plus son caractère emporté et son ardeur; pour le reste, il était modeste et serviable.

Marcellus reçut le grand honneur des spolia opima ou "butin d'honneur" pour avoir tué le commandant adverse Viridomaros.

Campagnes en Italie du Nord

Marcellus fut nommé consul pour la première fois en 222 avant notre ère. C'est un rôle qu'il occuperait à quatre autres reprises en 215, 214, 210 et 208 avant notre ère, un parcours inhabituel rendu possible par la suspension des règles électorales habituelles pendant la longue deuxième guerre punique (218-201 av. J.-C.). Au cours de son premier consulat, il établit sa réputation d'habileté et de courage sur le champ de bataille. En menant campagne contre les Gaulois dans le nord de l'Italie, il sauva Clastidium (aujourd'hui Casteggio) d'un effondrement imminent. Puis, avec l'aide de Cornelius Scipio Calvus, il s'empara de Mediolanum et mena une charge de cavalerie célèbre qui lui permit de tuer le chef des Insubres Viridomaros en combat singulier. Il reçut le grand honneur des spolia opima ou "butin d'honneur" pour cet acte - l'un des rares duels de commandants dans l'histoire romaine - et un triomphe pour sa campagne. Les exploits de Marcellus furent ensuite célébrés dans une pièce populaire de l'époque, Clastidium, de Naevius. Marcellus lui-même dédia un temple à Honos et Virtus, les dieux romains de l'honneur et de la vertu respectivement, bien que le projet ne fut réellement achevé qu'en 208 avant notre ère.

Roman Victory
Victoire romaine
CA (Copyright)

Deuxième guerre punique

Au cours de la deuxième guerre punique, les horreurs de la guerre se rapprochèrent des Romains et des commandants comme Marcellus durent faire face à leur plus grand défi. En 216 avant notre ère, Marcellus était à nouveau préteur et il fut envoyé défendre la ville de Nola en Campanie contre les attaques du général carthaginois Hannibal qui avait envahi l'Italie et avait déjà remporté d'importantes batailles sur le Tessin, la Trébie, le lac Trasimène et Cannes (218-216 av. J.-C.). La ville de Nola fut tenue et Marcellus obtint brièvement un poste de consul pour la deuxième fois en 215 avant J.-C. avant d'être contraint de se retirer, probablement parce que son élection signifiait qu'aucun consul n'appartenait à la classe patricienne. Au lieu de cela, il reçut un commandement de proconsul, puis fut nommé consul l'année suivante.

Supprimer la pub
Publicité
Après avoir pris Léontines, Marcellus s'attaqua au joyau de la Sicile, la forteresse de Syracuse.

En 214 avant notre ère, Marcellus défendit à nouveau Nola contre les forces d'Hannibal, puis reprit à l'ennemi Casilinum sur la Via Appia. Le général romain changea ensuite de champ de bataille pour se rendre en Sicile. Après avoir pris Léontines, Marcellus s'attaqua au joyau de la Sicile, la forteresse de Syracuse. Il bloqua le port avec 60 navires équipés d'artillerie et attaqua par la mer, tandis que Claudius Pulcher mena une armée sur terre pour bombarder la ville de deux côtés. Mais les défenseurs avaient un atout dans leur manche: le brillant scientifique et inventeur Archimède, dont l'artillerie et les célèbres griffes d'Archimède réussirent à tenir les Romains à distance. Après un siège de huit mois, et malgré l'envoi par Carthage d'une armée de 23 000 hommes pour la soutenir, la ville finit par tomber en 212 avant notre ère. La capitulation de la forteresse fut due en grande partie à la défection de plusieurs chefs mercenaires en faveur des Romains. Ce furent eux qui indiquèrent à Marcellus que les défenseurs étaient en pleine fête en l'honneur d'Artémis, et le général en profita rapidement pour lancer une attaque nocturne et s'empara de la ville. Dans le chaos qui suivit l'occupation de la ville, Archimède (et beaucoup d'autres) furent impitoyablement tués, bien que Marcellus ait ordonné que le scientifique soit épargné.

Marcellus s'empressa d'expédier tout le butin artistique qu'il put récupérer dans sa nouvelle prise, dans le cadre d'une stratégie innovante et très réussie visant à impressionner ses concitoyens romains. Marcellus serait critiqué par l'historien Polybe (vers 200-115 av. J.-C.), non pas parce qu'il était mauvais de prendre aux vaincus, mais parce qu'il était dangereux d'adopter leurs habitudes luxueuses qui les avaient menés tout droit à la défaite. L'étendue et l'excellence de l'art grec qui parvint de Sicile à Rome eurent pour effet d'inciter les artistes romains à redoubler d'efforts dans leurs propres peintures et sculptures.

Supprimer la pub
Publicité

Territories During the Second Punic War
Territoires pendant la Seconde Guerre Punique
Javierfv1212 (CC BY-SA)

D'autres victoires sur l'île, dont celle d'Agrigento contre les forces carthaginoises survivantes, permirent à Marcellus de mériter son ovatio (un cran en dessous du triomphe) à Rome en 211 avant notre ère. Ce furent les premières célébrations militaires de la deuxième guerre punique et, avec les victoires de Scipion l'Africain en Espagne en 209 avant notre ère, le conflit basculait enfin du côté de Rome.

Les ailes de la fortune flottaient peut-être du côté des Romains, mais il leur restait un ennemi mortel, campé dans le sud de la péninsule italienne, à affronter. Marcellus bouleversa la stratégie romaine établie, qui consistait à ne pas essayer d'affronter l'armée d'Hannibal dans une bataille directe. Depuis Cannes et leur lourde défaite, les Romains avaient adopté la "politique de Fabius", du nom de Fabius Maximus Verrucosus, le dictateur de 217 avant notre ère, qui avait reçu le surnom de "Cunctator" (le Temporisateur). Fabius savait qu'Hannibal pouvait gagner des confrontations directes, mais qu'il pouvait être épuisé en attaquant ses alliés et en bloquant ses approvisionnements par la mer. Marcellus, quant à lui, était désormais désireux d'affronter le Carthaginois de face et de régler la question le plus tôt possible. C'est ainsi que le commandant le plus agressif se verrait attribuer un surnom par l'historien ultérieur Posidonios qui qualifia Maximus et Marcellus, de "bouclier" et d'"épée" de Rome.

Mort et héritage

De nouveau nommé consul en 210 avant notre ère, Marcellus était sans doute convaincu, après ses propres victoires contre les Gaulois et les Siciliens, qu'il pourrait rivaliser avec le grand ennemi de Rome. Cependant, en 209 avant notre ère, Marcellus agissant cette fois en tant que proconsul, lorsque les deux hommes finirent par s'affronter sur le champ de bataille de Canusium, c'est le Carthaginois qui l'emporta. Critiqué pour avoir été trop passif à Canusium, Marcellus n'eut pas l'occasion de se venger car il tomba dans une embuscade près de Venusium, dans le sud de l'Italie, en 208 avant notre ère. De nouveau consul et s'apprêtant à attaquer Locri avec son collègue Quinctius Crispinus, Marcellus fut tué sur le coup tandis que Crispinus fut blessé (mais mourrait plus tard). Selon l'écrivain romain Tite-Live (64/59 av. J.-C. - 17 ap. J.-C.), Hannibal eut la décence de donner à Marcellus des funérailles convenables, mais il utilisa également le sceau romain pour essayer de tromper les villes fidèles à Rome avec de fausses lettres, notamment Salapia. La ruse échoua car Crispinus réussit à les informer à temps de la mort de Marcellus.

Supprimer la pub
Publicité

Tomb Marker of Marcellus
Marqueur de la tombe de Marcellus
Mark Cartwright (CC BY-NC-SA)

Pendant ce temps, Hannibal fit envoyer à Rome les ossements de Marcellus dans une urne d'argent avec une couronne d'or. Malheureusement, selon Plutarque, un contingent de Numides intercepta la mission et jeta les os sans cérémonie sur le sol où ils furent abandonnés et perdus. Tite-Live, en revanche, rapporte que les reliques seraient arrivées à Rome sans encombre. Le discours du fils de Marcellus, prononcé lors des funérailles de son père, fut publié plus tard. Les vestiges du monument de pierre censé marquer la tombe du guerrier se dressent encore aujourd'hui, de manière assez triste, il faut bien le dire, dans l'actuelle Venosa, au milieu d'une banale rangée de maisons de rue. Le grand général fut honoré par diverses statues et monuments tout autour de la Méditerranée, dont l'un, à Lindus, portait, selon Posidonios (cité par Plutarque), l'inscription suivante:

C'était, ô étranger, l'étoile divine de Rome,

Claudius Marcellus d'une ancienne lignée;

Il fut sept fois consul pour mener ses guerres,

Il fit tomber ses ennemis dans la poussière.

La perte de Marcellus fut un coup dur pour Rome - il avait occupé un poste de commandement de l'imperium tout au long de la décennie précédente - mais Hannibal serait bientôt contraint de retourner en Afrique et de défendre Carthage contre les attaques de Scipion l'Africain. La longue guerre de Carthage contre Rome se terminerait par une défaite à la bataille de Zama en 202 avant notre ère. La réputation et la notoriété de Marcellus perdureraient bien au-delà de sa propre mort. Tite-Live se montre quelque peu critique, suggérant que le commandant était plutôt pédant et trop superstitieux, mais Plutarque dresse un portrait plus élogieux du personnage, bien qu'il soit destiné à s'inscrire dans son schéma de biographies parallèles des commandants grecs. Quoi qu'il en soit, les succès de Marcellus en Gaule et la prise de la puissante Syracuse sont des faits historiques incontestés. En outre, en tant que l'un des plus grands commandants de Rome et symbole d'un leadership honorable, ses campagnes contre les Gaulois furent citées dans les Fasti triumphales d'Auguste, deux siècles plus tard, comme l'incarnation de la vertu romaine.

Supprimer la pub
Publicité

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur, à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que partagent toutes les civilisations. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2017, August 30). Marcus Claudius Marcellus [Marcus Claudius Marcellus]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/Fr/1-16277/marcus-claudius-marcellus/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Marcus Claudius Marcellus." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le August 30, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/Fr/1-16277/marcus-claudius-marcellus/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Marcus Claudius Marcellus." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 30 Aug 2017, https://www.worldhistory.org/Marcus_Claudius_Marcellus/. Web. 25 Jun 2025.

Adhésion