La bataille du Métaure (207 av. J.-C.) fut un engagement militaire entre les forces romaines de Gaius Claudius Nero (c. 237 - c. 199 av. J.-C.), Marcus Livius Salinator (254-204 av. J.-C.) et L. Porcius Licinius et les forces carthaginoises d'Hasdrubal Barca (c. 244-207 av. J.-C.). Les forces de Nero vainquirent Barca qui fut tué dans la bataille. Les deux armées se rencontrèrent après qu'Hasdrubal eut traversé les Alpes jusqu'en Italie pour joindre ses forces à celles de son frère Hannibal (247-183 av. J.-C.) en vue d'une attaque commune contre la ville de Rome dans l'espoir de mettre fin à la deuxième guerre punique (218-202 av. J.-C.) entre Rome et Carthage. S'il avait réussi, Rome serait peut-être tombée aux mains des Carthaginois et la guerre se serait terminée de manière tout à fait différente, mais il ne s'agit là bien sûr que de spéculations.
Les écrivains et historiens romains de l'époque suggérèrent qu'Hasdrubal aurait probablement réussi à atteindre Hannibal - évitant ainsi le conflit à la rivière Métaure - s'il n'avait pas retardé sa marche pour tenter de réduire la colonie romaine de Placentia (Plaisance actuelle). L'objectif d'Hasdrubal en venant en Italie était de venir en renfort à son frère et organiser une poussée unie contre Rome, et non de conquérir seul les positions romaines, mais il estima peut-être qu'il ne pouvait pas laisser une colonie romaine fortifiée à l'arrière de son armée et essaya de la prendre en l'assiégeant.
Le siège échoua et ce délai permit à une force romaine dirigée par L. Porcius Licinius et Marcus Livius Salinator de le bloquer près du Métaure. Nero, agissant rapidement sur la base de renseignements, rejoignit ces généraux et les convainquit d'attaquer Hasdrubal immédiatement, ce qui entraîna une victoire romaine et empêcha Hannibal de recevoir les renforts dont il avait tant besoin pour attaquer Rome.
Sans l'armée d'Hasdrubal, Hannibal fut contraint de poursuivre ses tentatives pour gagner les villes d'Italie à sa cause et vaincre les Romains sur le terrain. Ses campagnes italiennes prirent fin lorsqu'il fut rappelé en Afrique pour défendre Carthage contre l'avancée du général romain Scipion l'Africain (236-183 av. J.-C.), qui le battit à la bataille de Zama en 202 av. J.-C., et remporta ainsi la guerre pour Rome.
La deuxième guerre punique
La deuxième guerre punique fut le résultat direct de la première guerre punique (264-241 av. J.-C.), également remportée par Rome. Après la première guerre punique, Rome imposa à Carthage de lourdes amendes sous forme de tribut, que la ville eut du mal à payer. Elle puisa des ressources dans ses colonies d'Espagne et envoya son premier général, Hamilcar Barca (275-228 av. J.-C.), dans la région en 237 av. J.-C. pour maintenir la paix entre les tribus et s'assurer que Rome ne fasse pas d'incursions en territoire carthaginois. Hamilcar emmena avec lui son fils Hannibal ainsi que son gendre Hasdrubal le Beau (c. 270-221 av. J.-C.). Lorsque Hamilcar fut tué à la bataille d'Héliké en 228 av. J.-C., alors qu'il combattait des tribus indigènes, Hasdrubal le Beau prit le commandement des forces carthaginoises.
Hasdrubal le Beau était plus enclin à la négociation qu'à la bataille et put maintenir des relations cordiales avec Rome. Il fixa la frontière en Espagne entre les territoires romains et carthaginois à l'Èbre, ce qui fut accepté par les Romains. Hasdrubal le Beau fut assassiné en 221 av, J.-C. et les soldats votèrent à l'unanimité pour qu'Hannibal prenne le commandement. Hannibal était littéralement un ennemi juré de Rome, l'ayant juré à son père qui avait combattu les Romains lors de la première guerre punique. Hannibal n'avait aucun intérêt à négocier quoi que ce soit avec les Romains et encore moins à continuer à payer un humiliant tribut qui taxait si lourdement Carthage.
Lorsque les Romains installèrent un gouvernement anti-carthaginois dans la ville espagnole de Saguntum (alias Sagonte), Hannibal s'en servit comme prétexte pour entrer en guerre. Une délégation romaine vint le voir pour lui demander de laisser Saguntum tranquille, mais Hannibal, se présentant comme un libérateur du peuple, affirma qu'on ne pouvait pas faire confiance à Rome pour traiter équitablement la ville, congédia la délégation avec un ferme refus et marcha sur Saguntum puis s'en empara ; ce fut la première action de la deuxième guerre punique.
Hannibal en Italie et Hasdrubal en Espagne
Hasdrubal Barca se trouvait en Espagne depuis au moins 228 av. J.-C., puisqu'il est mentionné comme étant présent avec Hannibal à la mort de leur père à Héliké. Après la prise de Saguntum, Hannibal informa ses commandants, dont Hasdrubal, que la seule façon de gagner la guerre était de combattre l'ennemi et c'est ce qu'il allait faire. En avril 218 av. J.-C., il franchit les Alpes pour entrer en Italie avec son armée et entama une campagne de conquêtes et de conciliations. Il laissa Hasdrubal à la tête de ses armées en Espagne. L'experte Rose Mary Sheldon commente :
À cette époque, la majeure partie de l'Italie n'était pas encore un territoire romain mais un conglomérat d'États indépendants et autonomes réunis sous la primauté romaine. Hannibal, qui mit au point sa propre méthode de guerre psychologique, s'efforça de creuser un fossé entre Rome et les autres communautés autochtones d'Italie. Dès sa première apparition sur le sol italien, il annonça qu'il était venu non pas pour combattre les peuples de la péninsule, mais pour les libérer de la domination romaine. Après chaque bataille, il libérait sans rançon les non-Romains qui avaient été faits prisonniers, afin qu'ils fassent connaître dans leurs régions natales les objectifs politiques et la générosité d'Hannibal . (48)
Sa stratégie fut un immense succès. Il remporta la bataille du Tessin en novembre et la bataille de la Trébie en décembre 218 av. J.-C. gagnant ainsi davantage de personnes à sa cause. En 217 av. J.-C., il fut à nouveau victorieux dans tous les combats, notamment la bataille du lac Trasimène en juin. En 216 av. J.-C., il était en mesure de menacer Rome et, en août, il remporta sa plus célèbre victoire à Cannes.
Pendant qu'Hannibal marchait en Italie, Hasdrubal tenait tête aux forces romaines en Espagne. Peu après le départ d'Hannibal pour l'Italie, Hasdrubal créa un système de défense composé de tours de guet et de murs qui l'alertaient à l'approche de toute marine romaine débarquant une force d'invasion. Cependant, à l'automne 218 av. J.-C., Gnaeus Cornelius Scipion (265-211 av. J.-C.) réussit à s'établir en Espagne et vainquit peu après le commandant carthaginois Hannon à la bataille de Cissé. Cette victoire permit aux Romains de disposer d'une base importante à partir de laquelle ils purent lancer d'autres campagnes dans la région.
Hasdrubal arriva trop tard pour aider Hannon dans la bataille et concentra donc son attention sur les navires romains, en détruisant presque la moitié avant de battre en retraite. En 217 av. J.-C., il engagea les Romains dans une bataille navale sur l'Èbre qui semblait prometteuse en raison de sa plus grande flotte et des succès passés des tactiques navales carthaginoises. Cependant, les Romains avaient des alliés marseillais, qui connaissaient les stratégies utilisées par Carthage dans le passé et retournèrent ces tactiques contre eux. Hasdrubal perdit la majeure partie de sa flotte et battit en retraite sans offrir de nouvelle bataille sur terre.
Le frère de Scipion, Publius Cornelius Scipion (mort en 211 av. J.-C.) le rejoignit en Espagne avec des renforts et représenta une menace bien plus sérieuse pour Hasdrubal. Ils prirent Saguntum et libérèrent les otages que les Carthaginois avaient pris aux tribus locales pour s'assurer de leur obéissance. Par cette action les Romains obtinrent un plus grand soutien et un certain nombre de tribus se rebellèrent contre la domination carthaginoise. Hasdrubal dut passer la majeure partie de l'année 216 av. J.-C. à réprimer les révoltes, ce qui donna aux frères Scipion plus de temps pour se préparer.
En 215 av. J.-C., le sénat carthaginois fit savoir qu'Hasdrubal devait rejoindre son frère en Italie. Hasdrubal se mit en marche mais, à la bataille de Dertosa, il rencontra les Scipions et fut battu. Hasdrubal battit en retraite et la puissance romaine en Espagne s'accrut. Après cette défaite, le sénat carthaginois envoya Magon Barca (243-203 av. J.-C.) et Hasdrubal Giscon (mort en 202 av. J.-C.) en Espagne avec des renforts.
Hasdrubal Barca, Hasdrubal Giscon et Magon tinrent les Scipions occupés mais ne parvinrent pas à les battre ; chaque engagement fut une victoire romaine. En 213 av. J.-C., Hasdrubal se retira d'Espagne pour réprimer une offensive du roi numide Syphax (un allié de Rome) en Afrique - un soulèvement prétendument organisé par les Scipions pour éloigner Hasdrubal ; si tel fut le cas, ils ne profitèrent jamais de son absence.
Hasdrubal revint en Espagne en 211 av. J.-C. avec de nouveaux renforts et des provisions et croisa le fer avec les Romains, divisant son armée entre son propre commandement et celui de Magon et Giscon. Les Scipions, peut-être inconscients de l'ampleur de l'armée rassemblée, divisèrent leurs forces ; Publius dirigea son armée vers les lignes de Magon et d'Hasdrubal Giscon tandis que Gnaeus partit à la rencontre de celles d'Hasdrubal Barca dans une autre région. Hasdrubal soudoya les mercenaires celtibères de l'armée de Gnaeus pour qu'ils abandonnent les Romains et rentrent chez eux, ce qu'ils firent rapidement, réduisant encore plus les forces de Gnaeus. Les Scipions furent vaincus et tués lors de la bataille du Bétis supérieur qui s'ensuivit et l'armée romaine fut dispersée. Ce fut une grande victoire pour Carthage et une défaite cuisante pour Rome.
Gaius Claudius Nero et Scipion l'Africain
Cette victoire de Carthage, cependant, mit en avant deux leaders romains dont le brio et l'esprit de décision allaient causer la perte de Carthage : Gaius Claudius Nero et Scipion l'Africain. Les deux hommes avaient déjà affronté Hannibal en Italie - Scipion avait survécu à la bataille de Cannes - et connaissaient ses tactiques ainsi que, peut-être, celles de son frère. Lorsque les frères Scipion furent tués, aucun dirigeant romain ne voulut prendre leur place en Espagne, mais Scipion se porta volontaire. Nero, lui, fut transféré d'Italie.
Scipion commença sa guerre en Espagne par la brillante prise de la Nouvelle Carthage alors que Nero ne s'en sortit pas aussi bien. Il avait pourtant coincé Hasdrubal à Lapides Atri mais le général carthaginois demanda des négociations sur plusieurs jours pour régler les détails de la reddition et du passage en sécurité de son armée. Chaque nuit, après les réunions, il envoyait secrètement de plus en plus de ses hommes hors du camp, en lieu sûr ; finalement, par un matin particulièrement brumeux, il démonta tout le camp et s'éclipsa. Nero fut alors rappelé en Italie et Scipion mena les opérations en Espagne.
Les choses n'allèrent pas bien pour Hasdrubal une fois que Scipion fut aux commandes. Les Carthaginois prirent finalement position à Baecula en 208 av. J.-C. dans une position bien fortifiée au-dessus d'une rivière, ce qui obligea Scipion à charger en amont contre une position fortement défendue. Scipion n'envoya qu'un léger contingent au centre contre les lignes carthaginoises et, lorsque l'ennemi les attaqua, il fit passer son infanterie lourde par deux ravins de part et d'autre des lignes adverses, écrasant les flancs et remportant la victoire. Hasdrubal s'échappa de la bataille et conduisit ce qui restait de son armée vers les Alpes pour rejoindre son frère en Italie.
La bataille du Métaure
Une fois les montagnes franchies, Hasdrubal commença sa marche vers le sud pour rejoindre Hannibal mais s'arrêta pour tenter de prendre la colonie de Placentia. L'expert Ernle Bradford commente :
Ayant raversé le Pô et maîtrisé le col de Stradella, il se rendit à Placentia. Là, il hésita et perdit du temps, il décida d'assiéger cette fidèle colonie romaine qui lui avait fermé ses portes, ayant pris note du fait que, comme Hannibal, il n'avait aucun équipement pour mener un siège. Certains historiens reprochent à Hasdrubal de s'être attardé à Placentia au lieu de la contourner et d'aller au rendez-vous avec son frère avant que les Romains ne puissent rassembler toutes leurs forces. Il était cependant confronté au fait que Placencia semblait être une garnison trop forte pour être laisser à l'arrière et - plus important encore peut-être - les tribus gauloises locales étaient lentes à se ranger à ses côtés. Il devait attendre que suffisamment de Ligures ne viennent à lui et que le plus grand nombre possible de Gaulois soient recrutés. (171)
Le siège de Placentia fut un échec pour la raison sur laquelle les citoyens comptaient tant: il n'avait pas d'engins de siège, pas de catapultes, rien qui ne lui permette de faire tomber une ville. Il quitta Placentia et se dirigea vers le sud alors qu'au même moment, Hannibal était harcelé par le vieil ennemi d'Hasdrubal, Claudius Nero. Nero avait été envoyé contre Hannibal peu après son redéploiement en Italie et jouait maintenant une sorte de jeu du chat et de la souris avec lui dans le Bruttium.
La marche d'Hasdrubal le conduisit sur le chemin des armées de Marcus Livius Salinator et L. Porcius Licinius près de la rivière Métaure. Les deux armées étaient cependant de force égale et n'engagèrent pas le combat. Peu avant cette rencontre, Hannibal avait envoyé des messagers au nord pour localiser Hasdrubal et lui demander de se hâter de le rejoindre. Les messages furent bel et bien reçus et Hasdrubal répondit en indiquant à Hannibal où il se trouvait ainsi que la taille de son armée. Il envoya les messages par six cavaliers qui furent capturés par des sentinelles romaines près de Tarentum. Comme les lettres n'étaient pas écrites en code, elles furent facilement traduites du punique indigène et ces renseignements furent rapidement envoyés au camp de Nero.
Nero agit rapidement sans attendre l'approbation du sénateur de Rome. Tirant parti de la nuit pour cacher ses mouvements, il s'éloigna d'Hannibal avec 6 000 légionnaires et 1 000 cavaliers et les conduisit rapidement au camp de Porcius et de Salinator. Comme le camp romain n'était situé qu'à un demi-mille des Carthaginois, Nero fit loger ses hommes avec ceux qui étaient déjà sur place afin qu'aucune nouvelle tente ne trahisse sa présence.
Le lendemain matin, Hasdrubal mobilisait ses forces pour la bataille lorsqu'il remarqua des chevaux plus maigres dans le camp ennemi et d'étranges boucliers bien exposés. Il envoya des éclaireurs en reconnaissance qui revinrent pour rapporter que rien n'était différent d'avant, mais ils avaient observé qu'une seule trompette avait sonné les ordres du matin dans le camp du préteur - comme d'habitude - mais que deux avaient sonné dans le camp du consul, indiquant la présence d'un second consul et donc, certainement, de son armée. Hasdrubal comprit qu'il était désormais confronté à une force beaucoup plus importante et ordonna à ses hommes de renoncer à l'attaque.
Cette nuit-là, il se retira de sa position en direction de la rivière Métaure, prévoyant très probablement de la traverser le lendemain matin. On ne sait pas exactement ce qu'il comptait faire ensuite, car on pense qu'il eut une baisse de moral en pensant que, sans doute, son frère avait été tué au combat. Quel que soit le consul inconnu qui s'était joint aux autres opposants, il aurait certainement été occupé par Hannibal auparavant. Le consul ne se serait pas désengagé d'Hannibal pour le poursuivre, à moins qu'Hannibal n'ait été tué. Hasdrubal pensa peut-être qu'il était désormais seul contre des forces écrasantes dans un pays étranger.
Son armée, qui se dirigeait vers le Métaure, se perdit dans l'obscurité et au matin, elle se retrouva le long du fleuve en ordre dispersé. Nero, de retour dans le camp romain, vit l'opportunité et, contre l'avis des deux autres, ordonna une attaque immédiate. Les Romains marchèrent vers la bataille tandis qu'Hasdrubal rassembla ses forces du mieux qu'il le put et les deux hommes s'affrontèrent. Hasdrubal plaça ses Gaulois sur une petite colline à sa gauche, ses Espagnols et ses Ligures au centre où il plaça également dix éléphants, et sa cavalerie était sur l'aile droite. Les Romains se déployèrent avec Salinator au centre, Porcius à gauche, et Nero à droite, faisant face aux Gaulois sur leur colline qui était protégée par un terrain accidenté.
Les éléphants d'Hasdrubal causèrent plus de mal que de bien car les Romains avaient compris, après les rencontres avec Hannibal, que les éléphants pouvaient devenir un handicap pour l'adversaire lorsqu'ils étaient blessés ; les Romains les attaquèrent avec des lances et ils firent demi-tour pour se ruer sur les troupes carthaginoises. Salinator et Porcius pressèrent le centre et la gauche mais Nero ne parvint pas à déloger les Gaulois de leur colline.
Reconnaissant que la bataille pouvait être gagnée par une charge concertée à l'autre extrémité de la ligne, il retira ses troupes de l'engagement contre les Gaulois et les déplaça rapidement derrière les lignes romaines pour faire pression sur la gauche - l'aile droite des Carthaginois - brisant la ligne et entraînant les troupes d'Hasdrubal dans une déroute qui se transforma rapidement en massacre. L'armée d'Hasdrubal tenta de se retirer en traversant le Métaure, mais soit elle se noya, soit fut abattue par les Romains. Reconnaissant qu'il était vaincu, et que son frère était probablement mort quelque part dans le sud, Hasdrubal poussa son cheval vers les lignes ennemies en brandissant son épée et fut tué.
Une fois la bataille terminée, Nero rassembla rapidement ses troupes et les fit marcher vers le sud pour affronter à nouveau le frère d'Hasdrubal. Hannibal ne sut jamais qu'il était parti. La première fois qu'Hannibal eut vent de la défaite de son frère - ou même de sa localisation - c'est lorsqu'un contingent de cavalerie romaine jeta la tête d'Hasdrubal dans son camp près du Bruttium.
Conclusion
La bataille du Métaure est une partie importante de l'un des plus grands " Et si ... " de l'histoire. Bien qu'Hannibal et Hasdrubal n'aient disposés d'aucun engin de siège ni d'aucun moyen de prendre une ville, il est probable que, s'ils avaient concentré leurs forces combinées dans un assaut sur Rome, la ville se serait rendue et Carthage aurait gagné la guerre. Hannibal était invaincu en Italie et Hasdrubal était connu comme le général qui avait vaincu et tué deux des plus grands généraux romains de leur génération. Rome avait déjà paniqué lors de la victoire d'Hannibal à Cannes en 216 av. J.-C. et aurait certainement été encline à le faire à nouveau.
Et si Hasdrubal ne s'était pas attardé à Placentia ? Et s'il n'avait pas envoyé les lettres en punique qui alertèrent Nero de sa position ? Ou s'il avait simplement transmis les messages aux cavaliers verbalement plutôt que par écrit ? Et s'il avait chargé le camp romain au lieu de battre en retraite lorsqu'il pressentit la présence de Nero ?
Toutes ces questions, aussi fascinantes soient-elles, resteront sans réponse. Les choix d'Hasdrubal le conduisirent à la rencontre du Métaure, et après cela, Hannibal n'avait plus d'autre choix que de mener une guerre perdue d'avance contre des forces écrasantes qui se terminerait par sa défaite. Le sénat carthaginois lui refusa plus de troupes et de vivres, et lorsque Scipion l'Africain proposa son plan, attaquer Carthage et attirer Hannibal hors d'Italie, il fonctionna à la perfection, comme il l'avait prévu. Hannibal fut vaincu à la bataille de Zama et, par la suite, il vécut plus ou moins une vie de constante cavale pour échappper aux agents de Rome jusqu'à ce qu'il ne se suicide à l'âge de 65 ans dans un pays loin de chez lui.