Hamilcar Barca (c. 285 - c. 228 av. J.-C.) était un général carthaginois actif lors de la première guerre punique (264-241 av. J.-C.). Il mata ensuite une rébellion plus proche de chez lui entre 241 et 237 av. J.-C. avant de retourner à l'étranger, où il réussit à étendre les intérêts carthaginois dans le sud de l'Espagne. Dans ces conflits, Hamilcar fit passer Carthage d'une puissance navale à une puissance terrestre avec beaucoup de succès, et il établit fermement la famille Barcid comme la maison régnante de Carthage. Il était le père d'Hannibal Barca, qui poursuivit les tactiques de son père et remporta d'importantes batailles terrestres en Italie pendant la deuxième guerre punique.
Nom et famille
Hamilcar, du punique hml-qrt, signifie partisan ou serviteur de Melqart, le dieu phénicien/punique, tandis que Barca dériverait du mot punique barqa, qui signifie foudre, et était utilisé en référence aux tactiques de guérilla d'Hamilcar lors de la première guerre punique.
Hamilcar Barca était membre du clan des Barcides de Carthage et le père d'Hannibal Barca, l'ennemi le plus célèbre de Rome, qui traversa les Alpes et causa des ravages en Italie lors de la deuxième guerre punique (218 - 201 av. J.-C.). En 237 av. J.-C., Hamilcar avait emmené son fils, alors âgé de neuf ans, au temple de Baal à Carthage et lui avait fait jurer de ne jamais être un ami de Rome. Les deux autres fils d'Hamilcar étaient Hasdrubal Barca et Hasdrubal Gisco, qui eurent tous deux des postes de commandement pendant la deuxième guerre punique.
Première guerre punique
Après 15 ans de combats, la première guerre punique n'était toujours pas terminée. Carthage avait battu une armée romaine en Afrique, mais Rome semblait pouvoir remplacer ses flottes navales à volonté. La Sicile avait été le principal champ de bataille mais n'avait pas encore connu de victoire décisive pour les deux camps. C'est alors qu'apparut l'entreprenant Hamilcar Barca. Il remplaça Carthalon, qui n'avait pas tout à fait échoué, au poste de commandant de la flotte carthaginoise.
Hamilcar fit un premier raid sur la côte italienne à Bruttium en 247 av. J.-C., peut-être à la recherche d'un butin pour payer ses mercenaires, puis débarqua en Sicile à Heircté près de Panormus (Palerme). Cette position permit à Hamilcar de tenir une base dans les montagnes et de harceler l'arrière des forces romaines qui assiégeaient Drépane et Lilybée, les dernières places fortes de Carthage en Sicile. Les Romains répondirent en bloquant Hamilcar, mais il semble avoir pu s'échapper très régulièrement et poursuivre ses tactiques de guérilla. Comme Carthage n'avait plus les ressources nécessaires à une grande armée, il ne put affronter l'ennemi dans une bataille totale, mais il parvint à capturer Eryx en 244 av. J.-C.qui devint sa nouvelle base. Sa liberté de mouvement s'en trouva encore réduite, mais le commandant carthaginois continua de coordonner des attaques sur le continent italien, peut-être jusqu'à Cumes. Cependant, sans une force significative à sa disposition (moins de 20 000 hommes) et malgré les éloges de Polybe qui le considérait comme le meilleur général carthaginois de la guerre, l'effet d'Hamilcar sur le conflit fut en fait limité.
La fin arriva finalement le 10 mars 241 av. J.-C. lorsque les Romains vainquirent une flotte carthaginoise dirigée par Hannon qui avait été envoyée pour soulager la ville assiégée de Drépane au large des îles Aegates (îles Égades). 50 navires carthaginois furent coulés, 70 capturés et 10 000 hommes furent faits prisonniers. Cette perte n'était pas énorme, mais après des décennies de guerre, elle poussa les Carthaginois à court d'argent à demander à Hamilcar de rechercher des conditions de paix. Hamilcar démissionna alors de son commandement, mais on aura de nouveau besoin de lui dans les mois qui suivaient.
La guerre sans trêve
Non seulement les Carthaginois perdirent la première guerre punique et donc le contrôle de la Sicile, mais ils furent également contraints de payer d'énormes réparations à Rome. C'est alors qu'éclata la "guerre sans trêve" (également appelée "guerre des mercenaires") en 241 av. J.-C. Carthage dut faire face à une rébellion conjointe de troupes mercenaires, naturellement mécontentes de ne pas avoir été payées pour leurs efforts lors de la première guerre punique, de groupes libyens saisissant l'opportunité d'une Carthage affaiblie pour se rebeller, et de plusieurs villes cherchant à obtenir leur indépendance, comme Tunis et Utique. Hamilcar Barca fut rappelé de Sicile et il rejoignit Hannon le Grand qui avait fait d'importantes conquêtes en Libye alors qu'Hamilcar était en Sicile, dans le but d'écraser la rébellion. Hamilcar brisa d'abord le siège de Carthage par les rebelles, puis vainquit une armée dirigée par Spendios près de la rivière Bagrada. Hamilcar avait réussi à persuader le prince numide Naravas de passer du côté carthaginois avec sa cavalerie, attiré par la promesse d'avoir pour épouse la fille d'Hamilcar. Hamilcar disposait désormais d'une armée de 12 000 hommes et de 70 éléphants pour affronter les rebelles.
Ailleurs, les choses ne se passèrent pas aussi bien. Hippacra et Utique furent toutes deux assiégées, et Hannon ne parvint pas à les libérer. En 239 av. J.-C., une force mercenaire prit le contrôle de la Sardaigne, puis défit une armée carthaginoise envoyée pour reprendre l'île. La même année, Hippacra et Utique rejoignirent les rebelles. La guerre devint alors particulièrement brutale, des atrocités étant commises des deux côtés. Les rebelles mutilèrent les prisonniers, et Hamilcar fit piétiner ses captifs par des éléphants. Hamilcar et Hannon, rivaux de longue date, ne parvinrent pas à se mettre d'accord sur la meilleure stratégie à adopter et l'armée fut finalement autorisée à choisir le général qui la dirigerait. Ils choisirent Hamilcar.
La guerre commença tourner au mieux pour Carthage lorsqu'elle fut aidée par Rome qui rapatria gratuitement les soldats carthaginois capturés, et par le tyran de Syracuse Hiéron, qui craignait que sans Carthage, Rome puisse agir à sa guise en Méditerranée centrale. Hamilcar mit fin au second siège de Carthage par Mathos et se dirigea vers l'intérieur des terres où l'attendait une armée rebelle. Là, après plusieurs escarmouches, Hamilcar coinça l'ennemi à "la Scie" (Prion), une crête dans les montagnes libyennes. L'armée rebelle, privée de vivres, chercha à se rendre. Hamilcar refusa et les fit tous massacrés, à l'exception des commandants. Ceux-ci furent emmenés à Tunis, la capitale des rebelles, et furent crucifiés à la vue de l'armée de Mathos. Entre-temps, Mathos avait vaincu une armée carthaginoise, et il infligea le même traitement au général carthaginois capturé. Mathos ne put cependant résister à une armée conjointe de Hamilcar et Hannon, et il fut chassé de la ville et vaincu à Byzacium. Enfin, avec la chute de la capitale rebelle en 237 av. J.-C., le retour d'Hippacra et d'Utique dans le camp carthaginois, et la Libye désormais docile, Carthage avait repris le contrôle de son empire africain. Hamilcar et la lignée des Barcides allaient désormais dominer les arènes politiques et militaires carthaginoises pendant les 35 années suivantes.
Hamilcar en Espagne
Carthage était de nouveau en pleine ascension et désireuse de créer un empire méditerranéen plus vaste. Sans flotte significative et ayant perdu leurs forteresses stratégiquement importantes en Sicile, en Corse et en Sardaigne, les Carthaginois devaient cependant chercher ailleurs une source d'argent pour financer leurs armées. La réponse était l'Espagne. Ils contrôlaient depuis longtemps les anciennes colonies phéniciennes et l'Espagne s'était déjà révélée être une riche source d'argent. En conséquence, Hamilcar Barca fut envoyé en 237 av. J.-C. pour étendre le territoire carthaginois, ce qu'il fit en établissant sa base à Gadès (Cadix) et en fondant une nouvelle ville, Akra Leuca. Il compléta sa force initiale d'environ 25 000 hommes par des recrues locales et rassembla une armée de 50 000 hommes comprenant un corps de cavalerie numide (fourni par le prince Naravas) et 100 éléphants. Utilisant un mélange de terreur et de diplomatie, Hamilcar étendit sans relâche son contrôle sur le sud de l'Espagne. Les richesses tirées de ces campagnes étaient reversées à Carthage. L'abandon par Hamilcar de la puissance navale traditionnelle de Carthage au profit d'une force terrestre portait ses fruits.
Une fois qu'Hamilcar conquit le sud et le sud-est de l'Espagne, Rome se méfia des intentions de son vieil ennemi. Des messagers furent envoyés à Hamilcar pour demander une explication. Le rusé commandant leur répondit qu'il ne faisait que procurer des richesses à Carthage afin qu'elle puisse s'acquitter de ses obligations de réparation envers Rome. Des tributs en argent, sinon en hommes, étaient clairement extorqués aux villes locales et de nouvelles mines d'argent étaient exploitées. Quoi qu'il en soit, les Carthaginois continuèrent à faire campagne en Espagne. Après le siège d'Helice (Elche moderne?) et trahi par ses alliés locaux, Hamilcar battit en retraite et se noya en traversant une rivière au cours de l'hiver 229/228 av. J.-C. Hasdrubal le Beau prit alors le commandement de l'armée carthaginoise. Lorsqu'il fut remplacé par Hannibal en 221 av. J.-C., les Carthaginois rompirent l'accord territorial conclu avec Rome en 226 av. J.-C., selon lequel ils ne devaient pas traverser l'Èbre, et attaquèrent Saguntum (Sagonte), l'alliée de Rome. C'est ainsi que naquit la deuxième guerre punique et qu'Hannibal emmena son armée en Italie, de l'autre côté des Alpes. Hamilcar avait en effet obtenu ce qu'il souhaitait : que la lignée des Barcides ne soit jamais l'amie de Rome.