Christianisme au Japon

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Matthew Allison
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 23 juillet 2024
Disponible dans ces autres langues: anglais, portugais, espagnol
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Le christianisme arriva au Japon en 1549, lorsque les Jésuites posèrent le pied à Kagoshima. Les premières tentatives de diffusion de la religion suscitèrent de la confusion; cependant, en employant diverses méthodes, ils commencèrent à obtenir des résultats. Cependant, en 1650, le christianisme avait disparu de la société ouverte, la politique isolationniste du Japon ayant entraîné répression et persécution.

Painting of Francis Xavier, c. 1600
Peinture représentant Saint François Xavier, vers 1600
Unknown Artist (Public Domain)

Anjirō et Saint François Xavier

On peut dire que les premiers Jésuites à débarquer au Japon n'auraient peut-être pas connu le succès qu'ils connurent s'ils n'avaient pas été accompagnés par Anjirō (ou Yajiro), né au Japon, qui fut à la fois une aide et un obstacle pour la mission. Fuyant des accusations de meurtre, Anjirō embarqua clandestinement sur un navire portugais et fut suivi par deux compagnons, dont l'un était peut-être son frère. Quittant la terre qu'il connaissait pour un avenir inconnu, il se retrouva dans la ville de Macao, en Chine, un important centre de commerce de l'Empire portugais. Anjirō apprit la langue portugaise en moins d'un an et montra un grand intérêt pour le christianisme. Cherchant à en savoir plus, lui et ses compagnons partirent trouver le célèbre apôtre de l'Extrême-Orient, François Xavier, basé dans la ville portugaise de Malacca, en Malaisie. Anjirō impressionna François Xavier par ses questions, ce qui incita le prêtre jésuite à écrire:

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Si tous les Japonais sont aussi avides de savoir qu'Anjirō, il me semble que cette race est la plus curieuse de tous les peuples qui ont été découverts".

(cité dans Dougill, 13).

Après leur rencontre, François Xavier recommanda à Anjirō et à ses compagnons de se rendre dans le Goa portugais, en Inde, pour en apprendre davantage sur la foi, et c'est là qu'ils devinrent les premiers Japonais à se convertir au christianisme. François Xavier réquisitionna ensuite un rapport sur le peuple japonais auprès d'un capitaine portugais et, accompagné du père Cosme de Torres, du frère Juan Fernandes, d'un serviteur indien et des trois Japonais convertis, il partit pour le Japon dans ce qui serait une expérience surréaliste tant pour les autochtones que pour les étrangers.

Apôtre de l'Orient

François Xavier soutenait l'idée qu'un missionnaire devait s'inspirer de la culture locale, étudier la langue et former des prédicateurs autochtones.

Saint François Xavier (1506-1552) était l'un des fondateurs de la Compagnie de Jésus, qui se donnaient le nom de Jésuites. Célèbre pour ses efforts missionnaires en Inde, en Malaisie, en Indonésie, au Japon et en Chine, il consacra une grande partie de ses efforts à l'évangélisation des Japonais, car il pensait que le message se propagerait rapidement dans tout le pays. Ayant converti, tout au long de ses voyages missionnaires, quelque 30 000 personnes, François Xavier est considéré comme l'un des plus grands défenseurs de la foi catholique.

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François Xavier soutenait également l'idée qu'un missionnaire devait s'inspirer de la culture locale, étudier la langue et former des prédicateurs autochtones, une croyance rare à son époque. Il finit par succomber à une fièvre à Shangchuan, une île au large de la Chine. Il fut béatifié en 1619 et canonisé en 1622. Aujourd'hui, il est vénéré le 3 décembre, jour de sa fête, et ses reliques sont exposées dans le monde entier.

Les Portugais, qui atteignirent l'Inde pour la première fois en 1498, s'emparèrent de la ville de Malacca en 1511. Malacca s'avéra être une étape importante pour les marchands venant de l'océan Indien et se rendant plus à l'est, vers la Chine et le Japon. Le contrôle exercé par les Portugais sur la région leur permit de s'imposer en tant que puissante nation commerçante et posa des difficultés aux nations rivales qui cherchaient à s'implanter dans la région. Peu de temps après la prise de Malacca, des missionnaires arrivèrent, créèrent des églises et des écoles dans toute la région et firent du prosélytisme avec plus ou moins de succès.

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The Portuguese in Japan
Les Portugais au Japon
Kanō Naizen (Public Domain)

Premier contact et barrière linguistique

Les Japonais appelaient les étrangers nanbanjin, ou "barbares du sud", en raison de leur première apparition sur l'île méridionale de Tanegashima en 1543, lorsqu'un groupe de marchands portugais voyageant à bord d'une jonque chinoise avait fait naufrage à la suite d'une tempête. Quelque peu péjoratif à l'époque, le terme a pris un tout nouveau sens aujourd'hui, et des festivals Nanban sont même organisés dans tout le Japon - une célébration de l'histoire, de la culture et des liens.

Par pure coïncidence, le groupe mené par François Xavier atterrit là où Anjirō avait quitté sa patrie, à Kagoshima. Les Japonais décrivirent les Européens comme ayant "des yeux en forme de soucoupe, des mains allongées en forme de griffes et de longues dents" (Clements, 2). Le crâne chauve et tonsuré des jésuites était comparé au crâne rasé d'un kappa, un lutin japonais, et leur nez allongé ressemblait au bec d'un tengu, un démon ressemblant à un oiseau et un annonciateur de guerre.

Japanese Kappa, a Water Sprite
Un Kappa japonais, sorte de lutin des eaux
Reikai (Public Domain)

La barrière linguistique se révéla être un obstacle qui ne pouvait être franchi en recourant uniquement à l'assistance d'interprètes, un rôle qu'Anjirō et ses compagnons remplirent temporairement. Les prêtres devaient pouvoir converser dans la langue locale afin d'assurer la fiabilité du message. François Xavier écrivit:

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Jusqu'à présent, nous sommes parmi eux comme des statues, puisqu'ils parlent et disent beaucoup de choses sur nous, et nous-mêmes, puisque nous ne comprenons pas la langue, nous sommes muets; et nous devons maintenant devenir comme des petits enfants en apprenant la langue.

(cité dans Taida, 11)

Dans les 40 jours qui suivirent le début de son apprentissage, François Xavier commença à faire du prosélytisme dans un japonais approximatif en expliquant les dix commandements à un groupe d'habitants. Bien qu'il n'ait jamais appris à lire ou à écrire le japonais, il écrivait phonétiquement ce qu'il entendait en utilisant des lettres romaines, ce que l'on appelle aujourd'hui le Romaji. Améliorant constamment ses compétences linguistiques, le prêtre se rendait dans les temples locaux pour débattre avec les moines qui y résidaient, ce qui lui valait souvent des éclats de rire face à sa faible maîtrise du japonais. Sans se laisser perturber, lui et ses confrères jésuites restaient debout tard dans la nuit pour étudier ce dialecte complexe.

Malgré leurs efforts pour apprendre la langue, les premiers prêtres jésuites ne convertirent que très peu d'habitants.

Bien que François Xavier n'ait jamais parlé couramment le japonais, il demanda à l'Église d'Europe d'envoyer des prêtres "doués pour apprendre la langue" (Taida, 15). En outre, il construisit plus tard une école à Yamaguchi pour former des interprètes locaux afin qu'ils puissent, au moins temporairement, prêcher de cette manière. François Xavier fit l'éloge de ses frères jésuites qui étudiaient et étaient capables de converser librement en japonais, car il savait que c'était le meilleur moyen de diffuser leur message, même si lui-même et d'autres jésuites de haute autorité au Japon (Cosme de Torres, Francisco Cabral et Alessandro Valignano) avaient constamment besoin d'un interprète.

Malgré leurs efforts pour apprendre la langue, les premiers prêtres jésuites ne convertirent que très peu de locaux. Pour tenter de sauver la mission, François Xavier changea d'approche en choisissant de prêcher aux individus de la société qui détenaient le plus d'autorité et de richesses, tels que les daimyo (seigneurs) locaux. Pour ce faire, ils s'inspirèrent de la pratique bouddhiste qui consistait à porter des vêtements rayonnants et à disposer d'un entourage. De telles extravagances auraient certainement suscité l'ire de l'Europe, mais au Japon, une telle démonstration d'opulence était monnaie courante pour les organisations religieuses. Leur plan réussit, car lorsqu'un daimyo se convertit, nombre de ses sujets firent de même. Si beaucoup de ces nouveaux convertis le furent par conviction sincère, d'autres virent les opportunités qu'une telle relation avec le nanban pouvait apporter par le biais du commerce, d'autant plus que l'utilisation des armes à feu dans les conflits régionaux devenait de plus en plus courante.

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Le christianisme confondu avec le bouddhisme

Comme nous l'avons déjà mentionné, François Xavier débattait souvent avec des bonzes (moines) bouddhistes, qui considéraient les Jésuites comme des pauvres, étant donné leur tempérance pour tout ce qui était somptueux dans les premiers temps. Les comptes rendus de ces débats montrent que les moines bouddhistes avaient une certaine compréhension de la théologie chrétienne et des subtilités de la religion des Jésuites, et qu'ils argumentaient rationnellement contre elles avec François Xavier. Le missionnaire, qui tenait les Japonais en haute estime pour leur intelligence, mentionna que les capacités intellectuelles des moines bouddhistes avaient été détournées par une force maléfique, car il pensait que les connaissances des bonzes sur le christianisme et le monde en général leur avaient été enseignées par le Diable.

Ainsi, après avoir exposé sa foi chrétienne, un moine répondit qu'ils avaient tous les mêmes croyances, ce qui laissa François Xavier perplexe. En effet, même l'image de la déesse bouddhiste Kannon avec son enfant pouvait ressembler aux images de Mère Marie et de l'enfant Jésus que François Xavier utilisait pour prêcher à la population.

Une grande majorité de Japonais rejeta le christianisme comme une autre secte bouddhiste.

Le fait que le mot choisi par Anjirō pour désigner le Dieu chrétien ait été Dainichi - un mot qui pourrait être interprété à tort comme un autre nom pour Bouddha - n'arrangeait rien. En outre, il avait désigné les missionnaires par un terme que l'on pourrait attribuer à un moine bouddhiste, et avait insisté sur le fait qu'ils étaient originaires de l'Inde, la patrie de Bouddha. Cette situation, combinée à l'incapacité des Jésuites à communiquer de manière fiable et cohérente la structure des croyances du christianisme, conduisit une grande majorité de Japonais à rejeter le christianisme comme étant une autre secte bouddhiste.

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En l'espace d'une décennie, ils cherchèrent à résoudre ces problèmes en introduisant de nouveaux concepts et de nouveaux mots, tels que Deus (Dieu). Les ministres de Deus ne devaient pas porter les mêmes noms que les prêtres bouddhistes ou shintoïstes - ils devaient être appelés padres, ce que les Japonais avaient du mal à prononcer, et ils se rabattirent donc sur bataren. Un adepte du christianisme était appelé Kirishitan, ce qui comprenait le kanji (caractère) japonais pour bonheur et prospérité. En outre, ils formèrent des interprètes locaux, traduisirent les textes sacrés et apprirent eux-mêmes le japonais.

Les écoles chrétiennes et l'imprimerie

En 1551, François Xavier entreprit un voyage à Kyoto, à la recherche d'une audience avec l'empereur du Japon pour obtenir son approbation des activités des missionnaires. Cependant, à son arrivée, il découvrit que la cour impériale était fermée aux étrangers. Bien que ses objectifs n'aient pas été atteints au cours de ce voyage, Alessandro Valignano rencontra plus tard le shogun Oda Nobunaga (1534-1582), et le seigneur de guerre japonais autorisa le missionnaire à créer une école chrétienne à Azuchi. Valignano créerait de nombreuses autres écoles à travers le pays, dans des régions telles que Nagasaki, Yamaguchi et Kyoto, où les élèves recevraient des enseignements chrétiens ainsi qu'une éducation générale.

La première presse à imprimer arrivée au Japon, apportée par Valignano, fut utilisée pour produire diverses formes de textes dans un certain nombre de langues, dont le japonais. Des artisans locaux furent employés pour créer des blocs d'impression en japonais. La presse ne servait pas seulement à produire des catéchismes et des bibles, mais aussi des textes éducatifs dans des matières telles que les mathématiques et l'histoire.

Replica of Gutenberg's Press, Featherbed Alley Printshop Museum, Bermuda
Réplique de la presse de Gutenberg, Featherbed Alley Printshop Museum, Bermudes
Aodhdubh (CC BY-SA)

À l'apogée de sa popularité, le Japon comptait, à la fin du XVIe siècle, le plus grand nombre de chrétiens au monde en dehors de l'Europe. La popularité de la foi dans le pays inquiétait le successeur de Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi (1537-1598), qui prit des mesures pour endiguer sa croissance. Le Japon était en proie à des conflits et l'agitation sociale était quasi permanente. Une telle situation aurait pu sembler une occasion facile pour les puissances européennes d'étendre leurs possessions coloniales. En outre, Hideyoshi était conscient des difficultés à gérer les daimyos qui avaient prêté allégeance non pas à lui, mais à une puissance étrangère (le pape), ainsi que de la menace que les nouveaux arrivants pouvaient représenter pour la culture et les normes japonaises.

Répression et persécution

Après la consolidation du Japon sous le règne du shogunat Tokugawa, le Japon entra dans une période d'isolement du reste du monde et des règles strictes furent mises en place: Les Japonais n'étaient pas autorisés à quitter le Japon et aucun étranger, à l'exception de ceux qui avaient l'autorisation du bakufu (gouvernement), n'était autorisé à entrer dans le pays. Même les Néerlandais, qui étaient autorisés à continuer à commercer avec les Japonais, étaient logés dans un petit complexe insulaire surveillé lié à Nagasaki. Les édits antérieurs supprimant la propagation du christianisme furent rigoureusement respectés pendant cette période, sauf dans certaines régions périphériques. Les manifestations ouvertes de culte à Deus étaient interdites, sous peine de mort.

Pour extirper les croyants du reste de la population, les autorités exigeaient que les citoyens marchent sur un fumi-e: un bloc de bois ou de métal portant une image chrétienne telle que celle de Jésus-Christ ou de la mère Marie. Ceux qui ne posaient pas le pied sur l'image étaient démasqués comme chrétiens. Le bakufu tentait alors d'amener ces personnes à renoncer à leurs croyances. Si les chrétiens refusaient d'abandonner leur foi, ils étaient torturés et finalement tués s'ils continuaient à résister.

Memorial of the 26 Martyrs of Japan in Nagasaki
Mémorial des 26 martyrs du Japon à Nagasaki
thaths (CC BY-NC)

Les méthodes de torture et d'exécution variaient. Une histoire populaire est celle des 26 martyrs de Nagasaki, dont plusieurs étaient des enfants, qui furent crucifiés. On raconte qu'en arrivant sur le lieu de leur exécution, les condamnés couraient vers les croix qui allaient les mener à une mort atroce et les embrassaient. Une autre méthode consistait à recueillir l'eau brûlante d'un onsen et à la verser directement sur la peau d'un chrétien. Lorsque les chrétiens résistaient à cette torture, ils pouvaient être jetés dans l'onsen et on les laissait se noyer dans le bassin brûlant.

Chrétiens cachés

Pour garder leur foi secrète, les Kakure Kirishitan ("chrétiens cachés") se cachaient souvent à la vue de tous: on pouvait voir l'instrument de la mort du Christ dans la poutre transversale d'une maison, une image de la Mère Marie pouvait être déguisée en la divinité bouddhiste Kannon (qui pouvait aussi parfois être représentée tenant un enfant), une lanterne en pierre pouvait avoir une image chrétienne gravée dans sa base, qui était ensuite recouverte de terre. À l'instar de la lanterne, les chrétiens cachés devaient projeter l'image d'un citoyen japonais consciencieux à l'extérieur, tout en cachant leurs véritables croyances.

Au fil des ans, le christianisme au Japon se diversifia, des villages voisins ayant des croyances totalement différentes les unes des autres tout en se réclamant de la même religion. Sans l'aide des aumôniers et hésitant à écrire de peur d'être pris, les anciens transmettaient les prières, les pratiques et les doctrines de bouche à oreille et, comme les chrétiens de tout le pays ne pouvaient pas se réunir, les paroles des anciens étaient considérées comme la vérité.

De nombreux descendants de ces chrétiens japonais qui se cachèrent pratiquent encore aujourd'hui leur foi dans l'intimité, non pas par crainte des répercussions d'une découverte, mais plutôt dans le cadre d'un rituel où l'acte de secret est presque aussi important que le message que l'Évangile leur a apporté.

La rébellion de Shimabara

La persécution des chrétiens au Japon atteignit son paroxysme à Kyushu, la plus méridionale des trois îles principales du Japon, et aboutit à la rébellion de Shimabara. Les habitants de Shimabara et de certaines régions environnantes (notamment les îles Amakusa) se révoltèrent, non seulement à cause du traitement réservé aux chrétiens par le bakufu, mais aussi à cause d'une récente famine et de daimyos locaux malveillants. Censés être menés par un jeune homme de 16 ans nommé Amakusa Shiro (ou Jérôme Amakusa), des dizaines de milliers de rebelles assiégèrent des châteaux et menèrent des batailles rangées contre les consulats. Le shogunat envoya une armée en surnombre pour écraser les rebelles, obligeant Jérôme Amakusa et ses partisans à se retrancher dans le château de Hara. Les forces du shogunat, ainsi qu'un navire hollandais et ses marins priés de se joindre à elles, finirent par avoir raison des défenseurs et ouvrirent une brèche dans la forteresse. Après quelques jours de massacre, au cours desquels Jérôme Amakusa fut tué, la rébellion prit fin.

Statue of Amakusa Shiro in Amakusa
Statue d'Amakusa Shiro à Amakusa
JoshBerglund19 (CC BY)

Les pertes humaines furent si dévastatrices que le bakufu dut repeupler certaines zones de la région, ce qui donna lieu à un mélange diversifié de cultures et de coutumes qui existe encore aujourd'hui. Les habitants furent contraints de se faire enregistrer dans les sanctuaires locaux et d'accomplir des rituels d'apostasie (renoncement à la foi chrétienne). Les habitants étaient si désireux de prouver qu'ils n'étaient pas chrétiens qu'ils laissaient en place des décorations religieuses saisonnières tout au long de l'année, une pratique culturelle qui existe encore aujourd'hui.

La rébellion confirma la conviction du bakufu que le christianisme était une religion déviante et dangereuse qui, si elle n'était pas contrôlée, conduirait à sa chute, voire à sa colonisation, que ce soit par la force ou par la conversion de la population. Les restrictions imposées à la foi furent encore renforcées et les manifestations extérieures du christianisme, habituellement tolérées par les daimyos, furent presque entièrement supprimées.

Conclusion

La pression exercée par les pays occidentaux finit par obliger le gouvernement japonais à agir en 1873, lorsque les autorités de Meiji publièrent un édit de tolérance religieuse qui décriminalisait la pratique du christianisme. Cependant, le nombre de croyants qui, à leur apogée, s'élevait à quelque 600 000, s'était réduit à environ 30 000. Les Églises occidentales se réjouirent de voir le christianisme survivre dans des conditions aussi difficiles, mais, après une enquête plus approfondie, elles découvrirent que la religion pratiquée par les chrétiens cachés du Japon était très différente de celle que François Xavier avait apportée dans le pays plus de 300 ans auparavant. Les différences de croyances étaient telles que de nombreux chrétiens cachés rejetaient les doctrines des églises, ne voulant pas que les croyances de leurs ancêtres soient oubliées. Ainsi, les croyances religieuses des chrétiens cachés s'apparentaient davantage aux religions populaires japonaises qu'au christianisme occidental traditionnel.

Aujourd'hui, les Japonais qui s'identifient comme chrétiens représentent environ 1 à 2 % de la population. Cela peut être attribué à la suppression historique de la religion, aux politiques isolationnistes qui prirent fin en 1853, aux religions et pratiques japonaises traditionnelles liées à l'identité nationale et à l'urbanisation rapide du Japon, qui conduit souvent à la sécularisation.

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Questions & Réponses

Le christianisme est-il accepté au Japon?

Le christianisme est accepté au Japon depuis 1873, date à laquelle les autorités de Meiji publièrent un édit de tolérance religieuse qui décriminalisait la religion.

Qui apporta le christianisme au Japon?

Le christianisme fut introduit au Japon par le missionnaire jésuite Saint François Xavier qui arriva au Japon accompagné du père Cosme de Torres, du frère Juan Fernandes, un serviteur indien, et des trois Japonais convertis.

Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Matthew Allison
Matthew is an avid writer and historian. He is particularly interested in the Shimabara Rebellion, Japanese history, and military history in general. He holds a BA in History and Political Science from the University of Waikato, New Zealand

Citer cette ressource

Style APA

Allison, M. (2024, juillet 23). Christianisme au Japon [Christianity in Japan]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2503/christianisme-au-japon/

Style Chicago

Allison, Matthew. "Christianisme au Japon." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juillet 23, 2024. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2503/christianisme-au-japon/.

Style MLA

Allison, Matthew. "Christianisme au Japon." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 23 juil. 2024. Web. 04 déc. 2024.

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