Assassinat de Marat

Article

Harrison W. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 22 octobre 2022
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Disponible dans ces autres langues: anglais

L'assassinat du militant révolutionnaire et leader jacobin Jean-Paul Marat, le 13 juillet 1793, est l'un des moments les plus emblématiques de la Révolution française (1789-1799), immortalisé par le tableau de Jacques-Louis David, La Mort de Marat. L'assassin de Marat, Charlotte Corday, pensait que le seul moyen de sauver la Révolution et d'empêcher les excès du règne de la Terreur était sa mort.

Death of Marat
Mort de Marat
Jacques-Louis David (Public Domain)

Le meurtre ne réussit pas à empêcher la Terreur, mais donna aux Jacobins un martyr qu'ils purent utiliser pour faire aboutir leur programme. Après son exécution, quatre jours après l'assassinat, Corday devint également une figure symbolique pour ceux qui résistaient au régime jacobin. Dans les décennies qui suivirent l'événement, il devint mythique à travers les diverses poésies, l'art et la littérature qui en ont été faites.

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Le paria : Jean-Paul Marat

Au sujet de Marat, l'historienne Mona Ozouf fait une observation intéressante : "L'historiographie de la Révolution française a eu ses Dantonistes. Elle a toujours des Robespierristes. Mais elle a peu de maratistes" (Furet et al, 244). En vérité, même parmi les personnages hauts en couleur de la Révolution française, Marat est unique, un paria dans la mort comme il l'était dans la vie. Petit de taille, Marat était laid et extravagant, un ancien médecin qui n'avait pas réussi à percer dans les cercles sociaux de la société aristocratique, se tournant plutôt vers une vie de provocation, encourageant les excès les plus extrêmes au cours de sa carrière révolutionnaire. Chateaubriand l'a décrit comme un "Caligula des rues" et Victor Hugo comme un "fonctionnaire de la ruine" (ibid). Pour ses partisans, il a toujours été un visionnaire patriotique, un véritable ami du peuple. Pour ses détracteurs, il était une peste qui ne laissait que meurtre et destruction dans son sillage.

Marat devint rapidement célèbre pour ses remarques colorées et incendiaires et ses attaques enflammées contre les fonctionnaires.

Cet homme qui divise fortement vit le jour à Neuchâtel, en Suisse, le 24 mai 1743. Il vint en France pour poursuivre une carrière de médecin et écrire des articles sur des sujets scientifiques et philosophiques. Dès les années 1770, il s'attaqua à l'aristocratie ; dans son premier ouvrage politique, les Chaînes de l'esclavage (1774), il parle d'un prétendu complot aristocratique contre le peuple, ce qui deviendrait un thème récurrent de son œuvre. Ozouf réitère l'idée que la violence ultérieure de Marat vit le jour dans cette phase de sa vie où ses ambitions intellectuelles furent maintes fois contrariées. Quand la Révolution commença, dit Ozouf, elle lui offrit "une promesse sans précédent : la possibilité de venger les injures reçues ou imaginées et, par là, de venger l'humanité" (Furet et al, 246).

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Marat n'était pas le seul à se sentir opprimé par la société française dans les années qui précédèrent la Révolution. C'est dans cette grande foule de pauvres, d'affamés et de marginaux qu'il puisa son public. Publiant le premier numéro de son célèbre journal, L'Ami du Peuple , en septembre 1789, Marat devint rapidement célèbre pour ses remarques colorées et incendiaires et ses attaques enflammées contre les fonctionnaires. À un certain moment, en 1790, ses attaques contre le premier ministre Jacques Necker devinrent si virulentes qu'un mandat d'arrêt fut lancé contre lui, l'obligeant à se cacher.

Portrait of Jean-Paul Marat
Portrait de Jean-Paul Marat
Joseph Boze (Public Domain)

Il est difficile de quantifier l'impact exact de Marat sur la Révolution, étant donné qu'il ne participa activement aux événements que très rarement, préférant écrire à leur sujet avant ou après leur déroulement. Certes, il prenait plaisir à démasquer les ennemis de la Révolution, s'enorgueillissant de ses prédictions sur la trahison de Lafayette ou la corruption de Mirabeau. Il prôna également la violence politique comme moyen de parvenir à ses fins, déclarant notamment que "six cents têtes bien choisies" délivreraient la liberté à la France. Il parlait souvent de la nécessité de purger certains individus pour le bien de tous et appelait régulièrement à la violence contre les figures "contre-révolutionnaires".

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Finalement, alors que son journal gagnait en popularité, l'influence de Marat se retrouva au cœur de plusieurs des moments les plus sanglants de la Révolution. Parmi ceux-ci figurent la prise du palais des Tuileries, qui renversa la monarchie, et les massacres de septembre, au cours desquels entre 1 100 et 1 400 ecclésiastiques et prisonniers politiques furent massacrés par la foule parisienne. Il avait appelé tous les bons patriotes à se rendre à la prison de l'Abbaye, à prendre les prêtres et les gardes suisses qui y étaient emprisonnés, et à "les passer au fil de l'épée" (Schama, 630).

À la fin de l'année 1792, Marat était suffisamment populaire pour obtenir un siège à la Convention nationale, et quelques mois plus tard, il était président du Club des Jacobins. En avril 1793, il fut arrêté par les rivaux des Jacobins, la faction modérée des Girondins, qui espéraient l'utiliser en tant qu'exemple pour leurs ennemis. Marat fut accusé d'incitation à la violence et jugé le 24 avril. De manière inattendue, de grandes foules vinrent le soutenir alors que Marat se défendait éloquemment en affirmant que les déclarations utilisées contre lui avaient été sorties de leur contexte.

The Triumph of Marat
Le Triomphe de Marat
Louis-Léopold Boilly (Public Domain)

Il fut acquitté, une rareté pour les personnes placées devant le Tribunal révolutionnaire, à la grande joie de la foule qui l'acclama, le hissa sur ses épaules et plaça une couronne de laurier sur sa tête. Marat n'aurait pas à attendre longtemps pour prendre sa revanche. Un peu plus d'un mois après son procès, il joua un rôle déterminant dans les insurrections qui conduisirent à la chute des Girondins le 2 juin. À l'été 1793, il semble que Marat était au sommet de son influence, qu'il n'était plus un paria et que plus personne ne lui résistait, à l'exception d'une jeune femme originaire de Normandie.

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L'assassine : Charlotte Corday

Charlotte Corday vit le jour à Saint-Saturnin, en Normandie, le 27 juillet 1768. À 13 ans, elle fut envoyée dans un couvent de Caen à la suite du décès de sa mère. C'est là qu'elle se passionna pour les œuvres des philosophes des Lumières français tels que Jean-Jacques Rousseau et Voltaire. Au début de la Révolution, elle était une républicaine convaincue, malgré l'origine aristocratique de sa famille.

Charlotte Corday in Caen
Charlotte Corday à Caen
Tony Robert-Fleury (Public Domain)

En 1793, Corday était dégoûtée par la direction que prenait la Révolution. La nouvelle des massacres de septembre l'avait particulièrement horrifiée, et la violence politique avait trouvé son chemin jusqu'à Caen, sa ville natale. En avril, l'abbé Gombault, le prêtre réfractaire qui avait donné les derniers sacrements à la mère mourante de Corday, fut le premier à être guillotiné à Caen. Corday, qui vivait à quelques pas du quartier général local des Girondins, en vint à imputer la violence aux Jacobins qui avaient depuis longtemps encouragé les foules parisiennes dans leurs insurrections. Elle aurait en outre été influencée par l'atmosphère militante qui régnait en Normandie qui se préparait à se rebeller contre le régime jacobin, comme d'autres villes l'avaient fait récemment lors des révoltes fédéralistes. Les pamphlets girondistes qui circulaient à Caen étaient tout aussi incendiaires que ceux des Jacobins, ce qui peut avoir aidé Corday à choisir sa cible. Un de ces pamphlets disait :

Que la tête de Marat tombe et la République est sauvée... Purgez la France de cet homme de sang... Marat ne voit la Sécurité Publique que dans une rivière de sang ; eh bien, le sien doit couler, car sa tête doit tomber pour en sauver deux cent mille autres (Schama, 730).

En utilisant une logique étrangement similaire à celle de Marat, Corday arriva à la conclusion que Marat devait mourir pour que la République puisse vivre. Le 9 juillet, elle quitta Caen pour Paris, où elle arriva deux jours plus tard. Le matin du 13 juillet, elle se rendit dans les jardins du Palais-Royal et acheta un couteau de cuisine avec un manche en bois et une lame de 15 cm. Elle le glissa sous sa robe et se dirigea vers les appartements de Marat, rue des Cordeliers.

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L'assassinat

Corday avait espéré tuer Marat sous les yeux de la Convention nationale pour maximiser l'impact de son message, mais peu avant son arrivée à Paris, Marat souffrit de la résurgence d'une vilaine affection cutanée qui le gênait par intermittence depuis deux ans. Confiné à faire trempette dans sa baignoire, Marat reçut la visite du peintre et partisan des Jacobins Jacques-Louis David (1748-1825) la veille de sa mort. David trouva son ami de bonne humeur et en plein travail, utilisant une planche posée sur sa baignoire comme bureau. La salle de bains était ornée de cartes de la République et de slogans révolutionnaires. Lorsque David souhaita à Marat un prompt rétablissement, le malade se mit à rire. "Dix ans de plus ou de moins dans la durée de ma vie ne me concernent pas", dit-il. "Mon seul désir est de pouvoir dire dans mon dernier souffle 'je suis heureux que la patrie soit sauvée'" (Schama, 731).

Le lendemain matin, à 11h30, Charlotte Corday se présenta sur le pas de la porte de l'appartement de Marat, sollicitant une visite du célèbre Ami du Peuple. Elle fut accueillie par Catherine Evrard, la sœur de Simonne, la fiancée de Marat, qui lui refusa l'entrée, déclarant que Marat était trop malade pour recevoir des visiteurs. Corday remit à Catherine une lettre sur une prétendue conspiration girondiste à Caen avant de prendre congé. Elle revint à sept heures du soir, se faufilant dans l'appartement au moment de la livraison du pain frais. Cette fois, c'est Simonne en personne qui l'arrêta dans l'escalier. Se méfiant du désir de l'inconnue de voir Marat, Simonne tenta à nouveau de la repousser. Alors qu'elles se disputaient, Corday haussa délibérément la voix pour que Marat puisse entendre dans la pièce voisine, affirmant qu'elle souhaite lui donner des informations sur les traîtres en Normandie. Avant que Simonne ne puisse la repousser dans l'escalier, une voix retentit de la salle de bain : "Laissez-la entrer."

Corday ne fit aucune tentative pour s'échapper ou résister à l'arrestation, affirmant qu'elle était venue à Paris avec la seule intention de tuer Marat.

À contrecœur, Simonne conduisit Corday dans la pièce où Marat était en train de prendre son bain, un linge humide noué sur le front. Il invita Corday à s'asseoir près de sa baignoire tandis que Simonne attendait dans un coin de la pièce, gardant un œil attentif sur la visiteuse. Pendant un quart d'heure, ils discutèrent de la situation politique à Caen avant que Marat ne fasse sortir Simonne de la pièce pour aller lui chercher une solution fraîche pour l'eau de son bain. Une fois qu'elle fut partie, Marat demanda à Corday la liste complète des conspirateurs. Selon Corday, une fois qu'elle avait énuméré les noms, Marat aurait dit : "Bien. Dans quelques jours, je les ferai tous guillotiner" (Schama, 736).

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C'est alors que l'assassine frappa. En fouillant dans sa robe, Corday sortit le couteau de cuisine qu'elle plongea dans le côté droit de Marat, juste en dessous de la clavicule. Il hurla de douleur en criant : "Aide-moi, ma bien-aimé !". Lorsque Simonne se précipita à nouveau dans la pièce, elle trouva Marat flottant dans une baignoire d'eau rougie, et la jeune fille debout à côté de lui. Simonne hurla : "Mon Dieu, il a été assassiné !", et se tourna vers Corday : "Qu'avez-vous fait ?". (Schama, 737).

Le cri d'agonie de Marat fut entendu par ses voisins qui se précipitèrent pour l'aider. Un homme, Laurent Bas, qui distribuait le journal de Marat, lança une chaise sur Corday avant de la plaquer au sol. Deux des voisins, un dentiste et un chirurgien, soulevèrent le corps de la baignoire pour essayer d'arrêter l'hémorragie. Mais il était trop tard. L'Ami du Peuple était déjà mort.

The Assassination of Marat
L'assassinat de Marat
Paul-Jacques-Aimé Baudry (Public Domain)

La nouvelle de l'attaque circula rapidement, et dans l'heure qui suivit, une grande foule s'était rassemblée devant les appartements de Marat. Six députés de la Convention nationale arrivèrent pour interroger Corday qui ne tenta pas de s'échapper ou de résister à l'arrestation. Elle répondit à toutes les questions qui lui furent posées, affirmant qu'elle était venue à Paris avec la seule intention de tuer Marat, et qu'elle l'avait fait de son plein gré, sans l'aide d'aucune personne extérieure.

Les dirigeants jacobins, convaincus d'un grand complot girondiste, firent subir à Corday un contre-interrogatoire par le Tribunal révolutionnaire, et ce à trois reprises au cours des quatre jours suivants. A chaque fois, Corday insista fièrement sur le fait qu'elle avait agi seule. Lorsqu'on lui demanda pourquoi elle avait tué Marat, Corday répondit : "Je savais qu'il pervertissait la France. J'ai tué un homme pour en sauver cent mille... J'étais républicaine bien avant la Révolution, et je n'ai jamais manqué d'énergie" (Andress, 189). Elle ne se repentait pas, croyant avoir rendu un service patriotique à la France. Le 17 juillet, Corday fut guillotinée, dix jours seulement avant son 25e anniversaire.

Deux martyrs

L'assassinat de Marat aurait une signification pour les deux côtés de la division révolutionnaire. Pour certains, c'était la délivrance de la justice, une créature vile aspirant à la dictature terrassée par la main vertueuse d'une jeune fille. Pour d'autres, c'était une tragédie, l'ami du peuple tué dans sa propre baignoire par un aristocrate traître. Avec le temps, Marat et Corday atteindraient tous deux le statut de martyrs, l'un pour les Jacobins, l'autre pour ceux qui leur résistèrent. Loin du désir de Corday de réduire l'effusion de sang et de diminuer l'influence des Jacobins, son acte ne fit qu'accentuer les divisions dans les mois précédant la suprématie des Jacobins et le règne de la Terreur.

Lorsque les Jacobins finirent par établir leur propre culte de l'Être suprême pour remplacer le christianisme, Marat devint pratiquement un saint.

Le statut de martyre de Marat fut créé presque immédiatement. Dans les semaines précédant son assassinat, ses collègues chefs jacobins s'étaient méfiés de lui, craignant qu'il ne retourne sa rhétorique populiste contre eux. À ce moment là, ils prirent des mesures pour maximiser leurs gains politiques de sa mort. Les cérémonies funéraires furent organisées par le peintre David, très estimé, qui paya 7 500 livres pour que le meilleur embaumeur de Paris prépare le corps de Marat. C'était une commande difficile ; la blessure fatale devait être soulignée pour montrer la souffrance de Marat, tandis que son état de peau défigurant devait être dissimulé. En fin de compte, cela n'avait guère d'importance. La chaleur étouffante de l'été provoqua une telle puanteur sur le cadavre que l'on fut contraint d'avancer les funérailles de plusieurs jours, ce qui signifie que la plupart des hauts fonctionnaires français ne purent y assister.

Cependant, ces funérailles malheureuses n'empêchèrent en rien une immense vénération d'entourer Marat assassiné. Son cœur fut retiré et placé dans une urne qui fut suspendue au-dessus du club radical des Cordeliers. Lors de la cérémonie commémorative, le marquis de Sade prononça un éloge funèbre qui démontrait la nature de plus en plus anti-chrétienne de la Révolution en comparant Marat à Jésus-Christ:

Ô cœur de Jésus, ô cœur de Marat... leur Jésus n'était qu'un faux prophète, mais Marat est un dieu. Vive le cœur de Marat... Comme Jésus, Marat détestait les nobles, les prêtres, les riches, les vauriens. Comme Jésus, il a mené une vie pauvre et frugale... (Schama, 744).

Des chansons populaires furent écrites au nom du "patriote Marat", tandis que son buste remplaçait une statue de la Vierge Marie dans la rue aux Ours. Pendant un temps, la ville portuaire du Havre changea même de nom pour devenir Le Havre-de-Marat, et lorsque les Jacobins finirent par établir leur propre culte de l'Être suprême pour remplacer le christianisme, Marat devint pratiquement saint. Ses restes furent enterrés au Panthéon français en 1794, et les Jacobins utilisèrent son martyre pour faire aboutir leur propre programme. Comme le souligne l'historien Simon Schama, l'imprévisible et chaotique Marat leur fut plus utile dans la mort que dans la vie.

La chute des Jacobins et la réaction thermidorienne mirent toutefois fin à cette déification de Marat. En 1795, ses bustes furent brisés dans les rues, et son cercueil fut retiré du Panthéon. Bien que Marat ait connu un bref regain de popularité post-mortem dans les premières années de l'Union soviétique, il était véritablement redevenu un paria.

Charlotte Corday deviendrait également martyre, pour le camp opposé. Elle edevint un symbole de la résistance aux Jacobins ; la coiffe verte qu'elle portait le jour du meurtre contribua à faire du vert la couleur de la contre-révolution dans toute la France. Bien que de nombreuses féministes de l'époque l'aient critiquée pour ses actions et pour avoir potentiellement provoqué l'exécution de femmes révolutionnaires de premier plan comme Madame Roland, Corday joua un rôle important dans le débat sur les femmes dans la Révolution française. En commettant son acte seule, sans l'implication d'un homme, elle prouva que les femmes étaient capables d'être autonomes et de commettre des actes politiques. Elle devint romanesque dans les peintures, les poèmes et la littérature. En 1847, l'écrivain Alphonse de Lamartine lui attribua même le surnom d'"ange de l'assassinat".

Hauer's Portrait of Charlotte Corday
Portrait de Charlotte Corday par Hauer
Jean-Jacques Hauer (Public Domain)

Dans l'art et la culture populaire

Marat et Corday cherchèrent tous deux à atteindre les idéaux révolutionnaires par des actes de violence. Tous deux devinrent des héros et des martyrs pour leurs idéologies respectives. Et tous deux ont continué à vivre jusqu'à nos jours, sous la forme de l'art. Dans le cadre de la machine de propagande jacobine, Jacques-Louis David réalisa une peinture de son ami déchu qui devint l'une des œuvres d'art les plus célèbres de la Révolution. On y voit Marat étendu mort dans sa baignoire, les traits embellis et l'expression paisible. Elle est largement considérée comme le chef-d'œuvre de David et est souvent reproduite pour sa signification historique et culturelle. Corday, elle aussi, fut peinte par l'officier de la Garde nationale Jean-Jacques Hauer dans les dernières heures de sa vie. Derrière l'innocence de la Corday de Hauer se cache une détermination sans faille, le visage de celle qui se pensait patriote.

Outre d'innombrables autres peintures, Marat et Corday ont tous deux fait l'objet de romans et de poèmes au fil des siècles. Marat figure dans le roman Quatre-vingt-treize de Victor Hugo, tandis que Corday est brièvement évoquée dans une autre de ses célèbres œuvres, Les Misérables. De nombreuses pièces de théâtre et de nombreux opéras ont été consacrés à cet assassinat, dont le relativement récent Charlotte Corday, écrit par le compositeur italien Lorenzo Ferrero en 1989 pour commémorer le 200e anniversaire de la Révolution. Des références à l'assassinat ont même fait leur chemin dans les jeux vidéo ; dans le populaire jeu Assassin's Creed : Unity de 2014, le joueur doit résoudre le mystère du meurtre de Marat, ce qui entraîne la capture et la confession de Charlotte Corday. Il est clair que l'assassinat de Marat a eu un impact majeur sur l'histoire culturelle, tout autant que sur le cours de la Révolution à proprement parler.

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Questions & Réponses

Qu'est-ce que la mort de Marat a apporté à la Révolution française ?

La mort de Jean-Paul Marat a donné aux Jacobins un martyr qu'ils pouvaient utiliser pour promouvoir leur propre programme politique, tandis que son assassin, Charlotte Corday, était également vénéré par les ennemis des Jacobins.

Pourquoi Marat a-t-il été assassiné ?

Jean-Paul Marat était un activiste révolutionnaire connu pour ses propos incendiaires qui étaient souvent considérés comme une incitation à la violence politique. Son assassin, Charlotte Corday, pensait que Marat provoquerait la mort de centaines de milliers de personnes s'il n'était pas lui-même assassiné.

Quel rôle Jacques-Louis David a-t-il joué dans l'assassinat de Marat ?

Le peintre Jacques-Louis David a aidé les Jacobins dans leur propagande en dépeignant Marat tel un martyr dans son célèbre tableau "La mort de Marat", tableau qui est très largement considéré comme son plus grand chef-d'œuvre.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Harrison W. Mark
Harrison Mark est diplômé de SUNY Oswego où il a étudié l'histoire et les sciences politiques.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, H. W. (2022, octobre 22). Assassinat de Marat [Assassination of Marat]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2092/assassinat-de-marat/

Style Chicago

Mark, Harrison W.. "Assassinat de Marat." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le octobre 22, 2022. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2092/assassinat-de-marat/.

Style MLA

Mark, Harrison W.. "Assassinat de Marat." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 22 oct. 2022. Web. 18 avril 2024.

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