Les LGBTQ au Début du Christianisme

Article

Rebecca Denova
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 01 juillet 2021
Disponible dans ces autres langues: anglais, arabe, espagnol
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Dans les débats modernes concernant l'homosexualité, les mariages entre personnes du même sexe et l'identification du genre, il est courant de se tourner vers la Bible pour y trouver des passages qui valident une position. La culture moderne attribue de nombreux éléments à la compréhension de l'homosexualité, mais dans le monde antique, il n'y avait pas de concept de ce que nous appelons un mode de vie gay, ni de discussion sur l'identification de genre, telle que nous l'entendons.

Stained Glass Window of a Christian Church
Vitrail d'une église chrétienne
Fr Lawrence Lew O.P. (CC BY-NC-ND)

Les premiers auteurs chrétiens étaient influencés par plusieurs facteurs lorsqu'ils écrivirent sur le comportement sexuel humain:

  • l'importance de la fertilité
  • les traditions et les préceptes du judaïsme
  • les éléments culturels et sociaux gréco-romains
  • les concepts trouvés dans diverses écoles de philosophie en relation avec le corps et l'âme.

Les preuves de l'existence d'opinions et d'enseignements chrétiens sur le sujet sont maigres au 1er siècle de notre ère et dans le Nouveau Testament. La plupart des enseignements sur la sexualité humaine apparurent au IIe siècle de notre ère, avec les écrits des Pères de l'Église.

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Fertilité

La sexualité humaine était directement liée à la communauté. Dans un monde caractérisé par des conditions difficiles, une espérance de vie courte, des catastrophes naturelles dévastatrices, des taux de mortalité infantile élevés et des guerres incessantes, le concept de fertilité, vieux de plusieurs siècles, revêtait une importance cruciale. Il s'agissait de la fertilité des cultures, des troupeaux et surtout des hommes. C'est pourquoi les pouvoirs de la nature ont été imaginés par paires sexuées. La plupart des dieux avaient une consort féminine, ou déesse, avec laquelle ils reproduisaient d'autres divinités. Ces puissances étaient sollicitées pour obtenir des bienfaits humains par le biais de rituels et de sacrifices.

Le genre d'une personne était une construction sociale qui organisait le rôle et le devoir de chaque membre de la société.

Le sexe de chacun était lié aux caractéristiques physiques à la naissance, tandis que le genre était une construction sociale qui organisait le rôle et le devoir de chaque membre de la société. Cette construction était présentée dans les codes de lois, "dictés par les dieux". La société reflétait l'idée que les divinités étaient des familles, et la famille devint donc la structure sociale de base. Les hommes avaient le devoir religieux et donc civique de se marier et d'avoir une descendance. Les femmes étaient appréciées principalement pour leur rôle dans la procréation. C'était la seule façon de comprendre l'identification des genres. Chacun contribuait à la lutte incessante pour transmettre le flux de la vie de génération en génération.

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Influence du judaïsme

Le christianisme était à l'origine une secte du judaïsme et utilisa les Écritures juives comme textes sacrés et sources. L'importance de la fertilité est soulignée dans le premier commandement de Dieu dans la Genèse (1:28): "Soyez féconds et multipliez-vous". La loi de Moïse dictait les règles et les obligations des hommes et des femmes. Les femmes étaient considérées comme la propriété des hommes et la violation de la propriété d'un autre homme, l'adultère, entraînait la peine de mort pour les deux. Cela paraît sévère aux yeux des modernes, mais dans un monde sans tests ADN, il fallait s'assurer de la paternité dans la lignée correcte.

Dans les débats modernes sur les attitudes à l'égard des relations homosexuelles, les chrétiens citent souvent deux sources du judaïsme: l'histoire de Sodome et Gomorrhe dans la Genèse 18-19, et la législation dans le livre du Lévitique 18:22.

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Sodome et Gomorrhe

Sodome et Gomorrhe étaient deux villes situées au sud de la mer Morte, le long d'une ligne de faille marquée par des tremblements de terre volcaniques. Le contexte plus large de l'histoire est l'intrigue narrative sur la manière d'amener le vieux couple d'Abraham et Sarah (qui est stérile) à accomplir la promesse de Dieu à Abraham qu'il serait "le père d'une grande nation". L'histoire commence avec Dieu qui, une fois de plus, dit à Sarah qu'elle sera enceinte, mais elle s'en moque. C'est alors que trois anges rendent visite à Abraham. Les premiers passages des Écritures juives décrivent des anges ressemblant à des hommes. Ce n'est que plus tard, après leur exil à Babylone puis en Perse, que les anges ont des ailes (un concept perse issu du zoroastrisme).

Abraham ordonne à Sarah de leur préparer un repas, et deux des anges partent ensuite enquêter sur les cris et les hurlements du mal de Sodome et Gomorrhe. Le troisième ange se transforme en Dieu, et Abraham négocie le sauvetage des villes si Dieu peut y trouver dix hommes de bien. Les anges rencontrent Lot, le neveu d'Abraham, aux portes de la ville de Sodome, et celui-ci les accueille dans sa maison. La maison est entourée d'hommes qui réclament que Lot envoie les anges "pour que nous les connaissions", un euphémisme pour les relations sexuelles (Genèse 19:5). Les invités sont inviolables dans cette culture, et Lot offre donc ses deux filles vierges. À ce moment-là, les anges disent à Lot de prendre sa maison et de fuir la destruction à venir. Cette histoire a également pour but d'expliquer pourquoi la région de la mer Morte est si désolée.

Sodom and Gomorrah Afire
Sodome et Gomorrhe en proie aux flammes
Jacob de Wet II (Public Domain)

Une interprétation moderne courante de cette histoire consiste à assimiler la "sodomie" (terme qui existe désormais) à l'"homosexualité". Techniquement, la sodomie désigne les rapports sexuels anaux et peut également s'appliquer aux femmes. En sortant cette histoire de son contexte historique et de sa fonction narrative, on passe à côté d'un élément important des anciennes cultures nomades. Le concept d'hospitalité régissait les relations, en particulier à l'époque du mode de vie nomade. Les conditions difficiles des climats désertiques étaient compensées par l'idée que les gens s'entraidaient en cas de besoin. L'hospitalité était offerte, même à l'ennemi. Ainsi, Sarah a offert un repas aux étrangers, et les invités étant inviolables, Lot a offert ses filles à la place. Quel était le plus grand "péché" de Sodome: la violation des règles de l'hospitalité ou l'idée de rapports sexuels entre hommes?

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Lévitique

Une abomination diffère d'un péché ordinaire en ce sens qu'il n'y a pas de rituel d'expiation - on est condamné.

Le troisième livre des Écritures juives, le Lévitique, résume la législation reçue sur le mont Sinaï par Moïse après la fuite des Hébreux d'Égypte. Il s'agit essentiellement d'un "manuel du prêtre", car il contient l'adaptation (ultérieure) des règles du Temple concernant les sacrifices et les procédures de purification rituelle. La seconde moitié du livre comprend un code de sainteté, qui décrit la manière dont les Juifs doivent préserver le caractère sacré de la terre. Cette section dénonce certains comportements en tant qu'"abominations". Un péché normal et quotidien (une violation de l'un des commandements de Dieu) pouvait être expié par un sacrifice et le passage du temps. Une abomination diffère en ce sens qu'il n'y a pas de rituel d'expiation - la personne est condamnée.

Le Lévitique 20:13 stipule ce qui suit: "Quand un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, tous deux commettent une abomination; ils seront mis à mort, leur sang retombera sur eux.."

Le sang et le sperme étaient les deux sources de la vie et étaient donc considérés comme sacrés par Dieu. En matière de procréation, les anciens n'avaient pas nos connaissances médicales; ils ne savaient pas que le sperme se régénère. Les réserves étant limitées, il était crucial d'utiliser son sperme pour le bien commun, dans le cadre d'un contrat de mariage, pour la survie du groupe. Les relations masculines étaient condamnées pour avoir "gaspillé la semence de la vie". Les lesbiennes ne sont pas mentionnées dans le Lévitique et aucun texte ne traite du comportement sexuel des femmes, car les relations féminines n'impliquent pas de sperme. Cela ne prouve ni n'infirme leur existence dans l'ancien Israël.

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Les livres des prophètes

Lorsqu'Israël subissait des catastrophes nationales (la conquête assyrienne en 722 av. J.-C.; la conquête babylonienne en 587 av. J.-C.), les prophètes d'Israël tentaient d'expliquer pourquoi Dieu avait permis à ces ennemis d'être victorieux. Dieu n'avait pas laissé tomber son peuple, mais s'était servi de ces ennemis pour discipliner Israël pour ses péchés. Le grand péché était d'avoir permis à l'idolâtrie de se perpétuer dans le pays. L'idolâtrie des divinités de la fertilité donna lieu à l'utilisation prophétique de métaphores de la sexualité humaine pour décrire leurs péchés. L'idolâtrie conduisait à l'immoralité sexuelle: "Et toi, qui t’es prostituée à de nombreux amants, tu reviendrais à moi ! ...et tu as profané le pays par tes prostitutions et ta malice." (Jérémie 3:1-3). La référence à la prostitution correspondait à l'idée qu'Israël avait commis un "adultère" en se tournant vers d'autres dieux.

Le terme "immoralité sexuelle" vient du grec pornea, qui signifie "unions sexuelles illicites". Il fait souvent référence aux codes de l'inceste ou au degré de parenté autorisé dans le mariage. De nombreuses bibles anglaises traduisent ce terme par "fornication". Lors de la traduction des Écritures grecques en latin, le terme fornix fut adopté. Fornix est une voûte ou un arc et était l'endroit où les prostituées exerçaient leur métier dans la rue à Rome, sous les arcs. Ce terme devint un euphémisme pour désigner la prostitution, les maisons closes et toutes les formes de pratiques sexuelles non approuvées par un groupe.

Grèce antique, Rome et philosophie

Les sources sur la Grèce et la Rome antiques sont souvent utilisées dans les discussions sur la façon dont ces cultures toléraient le comportement homosexuel. Les études modernes comprennent des analyses homoérotiques de la mythologie grecque et du comportement de certains dieux de l'Olympe.

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Dans la culture grecque, les relations entre des hommes plus âgés et des adolescents plus jeunes étaient connues sous le nom de pédérastie ("amour des garçons"). Les hommes plus âgés jouaient le rôle de mentors pour la génération suivante. Ils leur enseignaient notamment les bonnes manières et les règles de gouvernance. Dans la Grèce antique, les femmes étaient séparées des hommes, de sorte que les liens sociaux entre les hommes dominaient dans la société grecque. C'était particulièrement vrai lorsqu'il s'agissait de recevoir des invités masculins à dîner. (Voir le Banquet de Platon pour une discussion sur les différentes idées liées à l'amour et aux relations).

Symposium Scene, Tomb of the Diver
Scène de banquet, Tombe du plongeur
Miguel Hermoso Cuesta (CC BY-SA)

Tout comportement était soumis à des concepts sociaux connus sous le nom d'honneur et de honte, et la personnalité privée et publique d'une personne était sujette à la critique. Les relations entre hommes étaient soumises à des règles. Les éléments homoérotiques devaient se dérouler face à face, le plus jeune homme servant le plus âgé. S'il y avait pénétration, elle devait toujours être pratiquée sur l'homme le plus jeune. Cependant, la pénétration a toujours été critiquée. Les idées médicales anciennes considéraient les femmes comme physiquement plus faibles que les hommes, ce qui se traduisait par des rôles sociaux: les hommes étaient actifs, les femmes passives. Le fait de recevoir des rapports sexuels anaux plaçait l'homme dans la zone liminale de la douceur, dans le rôle passif d'une femme. Ces relations n'étaient pas permanentes. Parvenus à l'âge adulte, les jeunes hommes devaient se marier et avoir des enfants pour la cité-État.

Presque toutes les preuves de relations lesbiennes dans l'Antiquité proviennent de références aux écrits de Sappho (630-570 av. J.-C.). Elle était largement admirée pour ses poèmes d'amour lyriques. La tradition hellénistique tardive suggère qu'elle dirigeait une école pour filles sur l'île de Lesbos, d'où le terme moderne. En dehors de Sappho, il existe peu de preuves du comportement des femmes dans leurs relations sexuelles avec d'autres femmes.

Les Romains de l'Antiquité ont souvent tourné en dérision et critiqué les Grecs pour leur mollesse dans ces pratiques. Cela ne signifie pas que les relations homosexuelles n'existaient pas. Cependant, une grande partie de la littérature romaine est de nature polémique, à charge contre un opposant politique ou un empereur romain impopulaire (Tibère, Caligula et Néron).

Débuts du christianisme

Les évangiles ne rapportent aucun enseignement spécifique de Jésus de Nazareth sur la sexualité humaine. La tradition chrétienne suivit l'importance du mariage et de la procréation dans le judaïsme. Jésus semble soutenir le mariage en se référant à la Genèse:

Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas !

(Marc 10:6-9).

Ce texte est souvent appliqué par ceux qui s'opposent aux mariages homosexuels. Cependant, ce passage traite de l'opinion de Jésus sur le divorce, qui faisait l'objet d'un débat précoce au sein des communautés chrétiennes.

Au milieu du 1er siècle de notre ère, l'apôtre Paul, un pharisien, devint un membre du nouveau mouvement chrétien. Juif de la diaspora, Paul fut formé aux Écritures juives et à la philosophie gréco-romaine. Ses voyages le mirent en contact avec des modes de vie contemporains qu'il critiqua souvent Les remarques de Paul sur la sexualité et le comportement humain concernaient la manière dont ses communautés pouvaient vivre de manière proleptique, comme si le royaume de Dieu était déjà là, "pour vivre comme des anges" (1 Corinthiens 6). Dans 1 Corinthiens 7, Paul aborde la question du mariage, du remariage et du divorce. Il recommande à chacun de "rester comme il est", car toutes les conventions sociales seront bouleversées dans le royaume à venir.

Apostle Paul Mosaic
L'Apôtre Paul, Mosaïque, Veria, Grèce
Edgar Serrano (CC BY-NC-SA)

Seuls quatre passages du Nouveau Testament sont pertinents:

1 Corinthiens 6:9-10

Dans un passage où il réprimande sa communauté pour les procès qu'elle a intentés les uns contre les autres, Paul écrit:

Ne savez-vous pas que ceux qui commettent l’injustice ne recevront pas le royaume de Dieu en héritage? Ne vous y trompez pas: ni les débauchés, les idolâtres, les adultères, ni les dépravés et les sodomites, ni les voleurs et les profiteurs, ni les ivrognes, les diffamateurs et les escrocs, aucun de ceux-là ne recevra le royaume de Dieu en héritage.

Cette liste de mœurs juives, telle qu'elle est décrite dans la littérature du judaïsme hellénistique, reflétait le mépris des Juifs pour les opinions religieuses et les modes de vie des Gentils (non-Juifs). Paul reflétait ces attitudes et faisait appel à la littérature prophétique pour ses vues sur l'immoralité sexuelle inhérente à tout ce qui est associé à l'idolâtrie. Ce passage est polémique et ne fournit pas de vérification contemporaine du comportement des non-Juifs.

Romains 1:26-27

C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions déshonorantes. Chez eux, les femmes ont échangé les rapports naturels pour des rapports contre nature. De même, les hommes ont abandonné les rapports naturels avec les femmes pour brûler de désir les uns pour les autres ; les hommes font avec les hommes des choses infâmes, et ils reçoivent en retour dans leur propre personne le salaire dû à leur égarement.

C'est le seul endroit de la Bible où il est question du comportement sexuel des femmes. Une interprétation ancienne a assimilé les "contre nature" à des actes sexuels contre nature entre hommes et femmes. D'autres encore ont interprété "contre nature" comme se référant à la bestialité, bien qu'aucune précision ne soit donnée. Ce texte a été utilisé pour l'interdiction chrétienne de l'homosexualité pour les hommes et les femmes.

1 Timothée 1:9-10

1 et 2 Timothée sont ce que les érudits appellent "deutéro-paulin" ou second Paul. Il s'agit de lettres écrites au nom de Paul, mais par un disciple ultérieur.

Nous savons également que la loi n'est pas faite pour les justes, mais pour les contrevenants et les rebelles, les impies et les pécheurs, les impies et les irréligieux, pour ceux qui tuent leur père ou leur mère, pour les meurtriers, pour les immoraux, pour ceux qui pratiquent l'homosexualité, pour les marchands d'esclaves, pour les menteurs et les parjures, et pour tout ce qui est contraire à la saine doctrine.

Là encore, il s'agit de listes de mœurs juives traditionnelles où la polémique sur les péchés de la culture dominante a pris de l'ampleur.

Hébreux 13:4

Que le mariage soit honoré de tous, que l’union conjugale ne soit pas profanée, car les débauchés et les adultères seront jugés par Dieu..

Certaines lectures modernes de ce passage affirment que le terme "débauchés" inclut l'homosexualité.

Adaptations chrétiennes sur le rôle des genres et la sexualité humaine

Au IIe siècle de notre ère, les dirigeants chrétiens n'avaient plus de liens ethniques avec le judaïsme, mais conservaient les Écritures juives pour leurs enseignements sur le nouveau mouvement. Connus rétrospectivement sous le nom de Pères de l'Église, ces hommes étaient des païens convertis qui avaient été éduqués dans la philosophie gréco-romaine. Ils reprenaient les idées juives traditionnelles, l'enseignement de Paul sur le mariage et le divorce, et les concepts philosophiques de l'ascétisme.

Une innovation introduite par les Pères de l'Église était que toute forme de sexualité humaine était désormais considérée comme un péché. Dans le monde antique, les rapports sexuels n'étaient pas seulement essentiels à la survie du groupe, mais étaient également considérés comme un plaisir, un cadeau des dieux. D'un point de vue philosophique, les rapports humains reposaient sur la perte de contrôle des passions. C'est ce qui donna naissance au péché de luxure. Augustin d'Hippone utilisa ces enseignements pour sa doctrine du péché originel dans le jardin d'Eden; la luxure est entrée dans le jardin et a été transmise à tous les humains au moment de la conception. Bien qu'il s'agisse d'un péché, la procréation humaine est devenue une concession au péché, un mal nécessaire en raison de la faiblesse de l'homme, pour faire grandir l'Église chrétienne. L'évêque Irénée de Lyon soutenait que les humains étaient faits à l'image de Dieu et que leur vie sexuelle devait uniquement suivre le commandement de procréation (Imago Dei).

[Image:7871]

Au IIe siècle de notre ère, divers groupes de chrétiens enseignaient des enseignements différents de Jésus et adoptèrent des points de vue différents sur la sexualité humaine. Connus collectivement sous le nom de gnostiques, ils enseignaient que les humains contiennent une étincelle divine de Dieu, piégée dans un corps maléfique. Pour empêcher les étincelles divines d'entrer dans d'autres corps, les chrétiens gnostiques furent les premiers à pratiquer la chasteté (ne jamais avoir de rapports sexuels) et le célibat (ne jamais conclure de contrat de mariage légal). Les Pères de l'Église créèrent également les concepts jumeaux d'orthodoxie et d'hérésie (pour les croyances correctes et incorrectes) pour s'opposer aux opinions des chrétiens gnostiques. Cependant, ces hommes admiraient la chasteté et le célibat pour le clergé, comme autant de moyens pour élever le statut des évêques. Le fait de renoncer à toutes les conventions sociales créait une aura de sainteté; ils avaient sacrifié une vie normale en tant que martyrs vivants.

À partir de cette période, les écrivains chrétiens vont promouvoir l'idée de la virginité à vie comme l'idéal pour tous les chrétiens. Les jeunes filles étaient confiées à l'Église pour qu'elle prenne soin d'elles et qu'elles passent leur vie dans la dévotion à Dieu, à l'abri des désirs du corps. Toutes les formes de rapports sexuels et les relations sexuelles qui n'aboutissent pas à la procréation sont condamnées. S'inspirant des livres des prophètes, ils considéraient que l'immoralité sexuelle (qui signifiait désormais la déviation sexuelle) entraînerait la colère de Dieu, tout comme l'idolâtrie l'avait fait dans le passé.

De nombreux points de vue chrétiens modernes sur la sexualité humaine et le genre sont ancrés dans des traditions qui proposaient des styles de vie chrétiens en opposition à la culture dominante. C'est ainsi qu'est née l'image selon laquelle les païens (terme péjoratif inventé au IVe siècle de notre ère pour désigner les non-chrétiens) étaient constamment impliqués dans des "orgies" sexuelles (mot grec signifiant "rituels") et des perversions déviantes. Hollywood a nourri ces idées dans ses présentations des personnalités de la Rome antique. Les versions du banquet romain incluent toujours des orgies (et donnent un coup de pouce à l'audimat). La plupart des témoignages sur les conceptions antiques du corps et de la sexualité humaine proviennent de 1 à 5 % de l'élite éduquée, les classes supérieures. On ne sait pas ce que les gens du peuple pensaient au sujet de ces questions. Leur principale préoccupation était la survie, et la majorité d'entre eux maintenait donc les rôles traditionnels de l'homme et de la femme.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Rebecca Denova
Rebecca I. Denova, Ph. D., est Maître de Conférences à temps plein en Christianisme Primitif au Département d'Études Religieuses de l'Université de Pittsburgh. Elle a récemment publié un ouvrage, "The Origins of Christianity and the New Testament" (Wiley-Blackwell).

Citer cette ressource

Style APA

Denova, R. (2021, juillet 01). Les LGBTQ au Début du Christianisme [LGBTQ in Early Christianity]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1794/les-lgbtq-au-debut-du-christianisme/

Style Chicago

Denova, Rebecca. "Les LGBTQ au Début du Christianisme." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juillet 01, 2021. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1794/les-lgbtq-au-debut-du-christianisme/.

Style MLA

Denova, Rebecca. "Les LGBTQ au Début du Christianisme." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 01 juil. 2021. Web. 07 oct. 2024.

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