Les raids vikings en Grande-Bretagne

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Joshua J. Mark
de , traduit par Yves Palisse
publié le 20 mars 2018
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Disponible dans ces autres langues: anglais

Les raids des Vikings et les périodes de colonisation qui les ont parfois suivies signalent le début d'une période connue en Grande-Bretagne sous le nom d'ère viking, laquelle a profondément affecté le développement de la culture et de la langue du pays. La première de ces incursions eut lieu en juin 793, jour où trois navires accostèrent sur le rivage de l'abbaye de Lindisfarne. Le bailli de l'abbaye, un certain Beaduheard, crut voir en eux de paisibles commerçants scandinaves et, pensant qu'ils s'étaient égarés, se mit en devoir de les diriger le long de la côte jusqu'au domaine qu'il pensait être leur destination. Mais à peine s'était-il approché des navires qu'il tombait sous les coups des marins qui se mirent aussitôt à piller l'abbaye et à massacrer tous ceux qu'ils rencontraient sur leur chemin ; et cela ne faisait que commencer.

Viking Raids in Britain
Les raids vikings en Grande-Bretagne
The Creative Assembly (Copyright)

Les attaques se poursuivirent en 794, lorsque, jaillissant de leurs navires, des vikings mirent à sac le monastère de Jarrow en Northumbrie, et en 795, avec l'attaque du monastère d'Iona en Écosse ainsi que d'autres sites en Irlande. Les raids et les incursions militaires continuèrent en Grande-Bretagne jusqu'aux environs de 1066. Ils se terminèrent par l'invasion du nord de l'Angleterre par le grand roi norvégien Harald Hardrada (1046-1066), généralement décrit comme 'le dernier des Vikings'. On considère généralement que ses victoires sur le roi anglo-saxon Harold Godwinson (1066) ont largement contribué à la victoire du Normand Guillaume le Conquérant sur Harold lors de la bataille de Hastings, en Octobre de la même année.

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Si les Vikings étaient originaires de Scandinavie, le terme n'en désignait pas pour autant un groupe ethnique homogène, mais plutôt toute personne se joignant à une expédition dans le but express de s'enrichir par le pillage. En vieux Norrois, l'expression fara i viking (qui signifie 'partir en expédition') sous-entend une activité plus proche de la piraterie et du vol que du commerce légitime.

Bien qu'au début de leur histoire les Vikings n'aient été guère plus que de simples pirates qui harcelaient les côtes britanniques, ils finirent par se réunir en de vastes armées dirigées par des chefs de guerre compétents, établir des communautés et s'assimiler à la population. L'ère viking vit l'apparition des chefs nordiques légendaires tels que :

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  • Halfdan Ragnarsson (également connu sous le nom de Halfdane, vers 865-877).
  • Ivar le Désossé (vers 870), le frère d'Halfdan.
  • Guthrum (vers 890)
  • Harald à la dent bleue (vers 985)
  • Sven à la barbe fourchue (986-1014), fils d’Harald
  • Cnut le Grand (1016-1035)
  • Harald Hardrada (1046-1066)

Eric le Rouge (mort en 1003) et Leif Erikson (mort vers 1020), qui explorèrent et colonisèrent le Groenland et l'Amérique du Nord, sont quelques-uns des explorateurs scandinaves les plus connus de l'époque.

La même période vit aussi en Grande-Bretagne l’avènement de souverains célèbres tels qu'Alfred le Grand (871-899), Édouard l'Ancien (899-924) et la reine Aethelflaed, dame des Merciens (911-918), entre autres. En France, c'était l'époque de Charlemagne (800-814), dont les campagnes de christianisation des 'païens' du Nord auraient contribué de façon significative à la virulence des raids vikings en Grande-Bretagne et ailleurs.

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Les causes des raids

La principale raison invoquée par les historiens du Moyen-Âge pour justifier les raids vikings est la colère divine face au péché et à l'égoïsme du peuple. Le moine Alcuin (mort vers 804) exprime ce point de vue dans une lettre de 793 adressée à Ethelred, roi de Northumbrie, dans laquelle il se plaint du déclin moral du pays et attribue le raid viking de Lindisfarne à la punition divine :

Que pourrais-je dire de la cupidité, du vol, des actes de violence ? - alors qu'il est plus clair que le jour combien ces crimes ont augmenté partout et qu'un peuple spolié en témoigne. Quiconque lit les Saintes Écritures, réfléchit aux histoires anciennes et considère la fortune du monde, trouvera que pour des péchés de ce genre, des rois ont perdu des royaumes et des peuples leur pays ; et tandis que les forts s'emparaient injustement des biens d'autrui, ils perdaient à juste titre les leurs. (Somerville & McDonald, 186).

La Chronique anglo-saxonne attribue également le raid à une cause surnaturelle. L'entrée pour l'année 793 se lit ainsi :

En cette année, de terribles présages apparurent partout en Northumbrie et effrayèrent le peuple au plus haut point. Il s’agissait de vents violents accompagnés d’extraordinaires éclairs, et l’on vit de féroces dragons voler dans les airs. Une grande famine suivit immédiatement ces signes et peu de temps après, le sixième jour avant les Ides de janvier, une odieuse attaque de païens détruisit l'église de Dieu sur l'île de Lindisfarne par le pillage et le meurtre. (Somerville & McDonald, 184).

Le moine Dudon de St Quentin (mort vers 1027) attribuait les raids à la surpopulation en Scandinavie et à l'état généralement dépravé des ‘barbares’ qui les aurait contraint à trouver de nouvelles régions à coloniser outre-mer :

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Or, ces gens consumés par une lascivité perverse et un dérèglement des sens particulièrement dépravé se livrent aux pires débauches et s'accouplent avec autant de femmes qu'il leur plaît ; et ainsi, en se vautrant dans des accouplements illégitimes, ils engendrent d'innombrables enfants. Une fois ceux-ci adultes, ils disputent âprement à leurs pères et grands-pères, ou plus fréquemment entre eux, le moindre lopin de terre ; et, comme ils sont infiniment nombreux, et que la terre qu'ils habitent n'est pas assez grande pour qu'ils puissent tous y vivre, ils font appel à une très ancienne coutume par laquelle une multitude de jeunes est tirée au sort et expédiée dans d'autres nations, afin de s’y tailler des royaumes par le combat. (Somerville & McDonald, 182-183)

Cette dernière hypothèse gagna en popularité auprès des auteurs ultérieurs au point de devenir l'explication la plus couramment admise pour les attaques des Vikings, mais cette explication n’est pas plus corroborée par les faits historiques que la notion de punition divine. La raison la plus plausible des raids vikings est tout simplement l’appât du gain. La Grande-Bretagne, en particulier, était réputée pour la grande prospérité de ses centres de commerce, que les Scandinaves connaissaient très bien du fait de leurs propres relations commerciales avec la région.

Les premiers sites attaqués étaient tous des institutions religieuses, mais cela semble avoir été plus une question de commodité qu'autre chose ; en effet, les premières abbayes et prieurés à tomber sous les coups des Vikings étaient situés près de la côte. Bien que la Chronique anglo-saxonne cite le mois de janvier pour le raid sur Lindisfarne, d'autres sources indiquent clairement qu'il se déroula en juin, ce qui parait logique, la mer étant plus calme et les déplacements s'en trouvant d'autant plus aisés. En outre, Il aurait été vain de s'enfoncer davantage à l'intérieur des terres une fois arrivés en Grande-Bretagne alors qu'il y avait des proies si faciles en bordure de mer, et que le prieuré de Lindisfarne était d’une richesse exceptionnelle.

Lindisfarne
Lindisfarne
Damian Entwistle (CC BY-NC-SA)

Fondé vers l'an 635, Lindisfarne devint le lieu de pèlerinage le plus important de la région après que l’on ait rapporté des miracles attribués à l'évêque Saint Cuthbert (vers 634-670) qui en fut le prieur. Après sa mort, on lui imputa toutes sortes d'événements miraculeux, en raison du fait que les moines qui avaient ouvert son cercueil avaient trouvé son corps en si parfait état de conservation qu'il fut élevé à la sainteté.

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À la suite de cet événement, les fidèles commencèrent à se rendre régulièrement à Lindisfarne pour prier le saint, recevoir des réponses à leurs prières et invoquer sa protection pour eux-mêmes et leurs communautés. En retour, ils offraient au prieuré de riches donations - dans la mesure de leurs moyens - en remerciement des miracles et de la protection qu'ils continuaient de recevoir. Le raid des Vikings sur cette communauté religieuse spécifique fut donc particulièrement dévastateur, car saint Cuthbert n'ayant manifestement pas réussi à protéger les siens lors de l’attaque du prieuré, il semblait dès lors peu probable qu'il ait été en mesure de faire mieux pour quiconque.

De la même manière que les Huns avaient surgi de nulle part pour brutalement frapper les villes orientales de l'Empire romain au Ve siècle, les Vikings venaient d’annoncer avec fracas leur arrivée en Grande-Bretagne. Comme pour les Huns, il était impossible d’anticiper leurs attaques, de comprendre d'où venait l'adversaire et de discerner d'autres motifs que le massacre et le vol. La sauvagerie gratuite des attaques, en particulier contre les institutions religieuses, favorisa la croyance selon laquelle les Vikings avaient été envoyés par Dieu pour punir le peuple de ses péchés. De même qu'Attila le Hun était considéré comme le ‘fléau de Dieu’ par les prélats de son époque, on pensait que ce nouveau fléau avait été envoyé pour détruire les bergers du troupeau chrétien en Grande-Bretagne, ce qui ne manquerait pas d'entraîner la destruction du reste du monde.

Medieval Battle by City Walls
Bataille médiévale au pied des fortifications d’une ville
Mohawk Games (Copyright)

Influence de la religion sur les raids

Il semble toutefois peu probable que les Vikings aient ciblé des communautés religieuses pour une raison autre que la commodité. Loin d’avoir tourné leur attention vers Lindisfarne en raison de son affiliation religieuse, les Vikings l'auraient choisi pour son opulence, autrement dit, comme l'observe l'universitaire Janet T. Nelson : ‘ce qui attirait les Vikings, c'était la richesse mobilière’ (Sawyer, 36). Les riches donations offertes à Lindisfarne en remerciement des prières exaucées n'étaient naturellement pas protégées, car les moines n'avaient pas d'armes et n'en avaient pas l’utilité. De nombreuses communautés religieuses similaires suivaient ce même modèle et constituaient donc des cibles de choix pour les pillards vikings.

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LOIN D’AVOIR TOURNé leur attention VERS LINDISFARNE en raison de SON Affiliation RELIGIEUSE, LES VIKINGS L'AURAIENT CHOISI POUR son opulence

Mais en même temps, on ne saurait nier le rôle joué par la religion dans ces raids, et cet aspect est intimement lié au commerce et à la migration. Vers 2300 avant notre ère, des peuples germanophones avaient migré vers la Scandinavie, apportant avec eux leurs croyances religieuses en des dieux féroces qui récompensaient les héros courageux au combat. Cette période marqua le début de l'âge du bronze (vers 2300 - vers 1200 avant notre ère), au cours duquel les peuples commencèrent à fabriquer des outils et des armes en bronze, un alliage de cuivre et d'étain. L’accroissement de la demande pour ces matériaux obligea les Scandinaves à s'engager dans un commerce de longue distance avec l'Europe et la Méditerranée, ce qui les mit en contact étroit avec ces autres cultures.

Avec le temps, un certain nombre de marchands scandinaves finirent par établir des communautés permanentes en Europe et par se christianiser, tandis que leurs familles et leurs voisins restés au pays s’accrochaient à leur croyance ancestrale dans les dieux nordiques. Le professeur Kenneth Harl note qu'en 625 :

Les parents germaniques occidentaux des Scandinaves s'étaient convertis au christianisme et avaient commencé à oublier leurs propres histoires. Entre 650 et 700, de nouvelles cultures chrétiennes apparurent en Angleterre, dans le monde franc et en Frise, ce provoqua une séparation entre le cœur historique de la Scandinavie et les nouveaux États de l'ancien Empire romain. (25)

À mesure que le christianisme se répandait dans ces communautés scandinaves, il en allait de même pour la croyance en les dieux nordiques dans leur pays d’origine. Aux IIe et IIIe siècles de notre ère, le dieu nordique Odin était parvenu à une position de suprématie dans le panthéon de la religion scandinave et allait ainsi devenir ‘le dieu par excellence de l'ère viking’ (Harl, 15). Odin était le dieu de la guerre, des batailles, de la victoire au combat mais il régnait aussi sur la pensée, la raison, la poésie, le chant et la logique.

Ses disciples les plus farouches étaient connus sous le nom de ‘berserkers’ et se battaient férocement sans crainte apparente de la mort. Ils agissaient ainsi par gratitude pour les faveurs dont Odin les avait comblés dans la vie et parce qu'ils croyaient en les récompenses qui les attendaient après la mort. Selon la mythologie nordique, ces héros vivaient dans le Walhalla d'Odin, passant le plus clair de leur temps à festoyer et à boire lorsqu'ils ne mettaient pas leurs compétences martiales à l’épreuve en préparation du Ragnarök, la bataille cataclysmique finale qui devait annoncer la fin du monde connu. Odin ne voulait que les meilleurs guerriers pour ce combat final contre les forces du chaos, mais il avait aussi besoin d'autant de guerriers qu'il pouvait en rassembler. L'habileté au combat s'imposa donc comme l'une des compétences les plus importantes et les plus appréciées des Vikings, disciples d'Odin.

Odin on Sleipnir (Tjängvide image stone)
Odin sur Sleipnir (Pierre de Tjängvide)
Berig (GNU FDL)

Puisque leurs compatriotes s’étaient détournés de la croyance ancestrale au profit d’un christianisme d'origine plus récente, les Vikings estimaient n'avoir aucun lien d'ascendance ou d'honneur duquel tenir compte lorsqu'ils rencontraient les peuples de Grande-Bretagne ou d'ailleurs. Ainsi, la mise à mort d’un homme désarmé par un guerrier - comme cela se produisit à Lindisfarne - pouvait être considéré comme un acte déshonorant, mais seulement d'un certain point de vue. Il n'était pas toléré de tuer des proches sans une solide provocation ou de tuer un ennemi qui avait capitulé au combat (bien qu'il existe de nombreuses preuves que cela se soit produit), mais ces égards ne s'appliquaient pas aux non croyants habitant d'autres pays.

La religion des Scandinaves encourageait donc les raids en Grande-Bretagne dans la mesure où ils étaient non seulement des facteurs d’enrichissement personnel ainsi que d’une éventuelle gloire terrestre, mais aussi d'immortalité, à condition de mourir au combat, ainsi que la promesse d'une place dans l'armée d'élite d'Odin pour la bataille de la fin du monde. Aucun de ces raids n'aurait été possible, cependant, sans l'habileté des Scandinaves à travailler le bois et, surtout, à construire des navires capables d'effectuer de tels périples.

La construction navale

Des gravures rupestres de Scandinavie datées d'environ 4000 à 2300 avant notre ère indiquent que les habitants savaient déjà construire des bateaux, mus par des pagaies, pour la navigation côtière. La construction navale ne dépassa le stade d'embarcations de petite taille que vers 300-200 avant J.-C. et ne devait pas connaître de développements ultérieurs avant les interactions avec les commerçants romains - ainsi qu'avec les marchands celtes et germaniques qui utilisaient la technologie romaine - vers les années 200-400 de notre ère.

Le professeur Harl note que 'le premier grand navire dont nous disposons est le bateau de Hjortspring découvert sur Als, une île au large du Danemark, datant d'environ 300-200 avant notre ère' (42). Ce navire, cependant, suit de près la conception rudimentaire du passé et est propulsé par des pagaies. Le premier navire capable de naviguer en haute mer est connu sous le nom de bateau de Nydam, également originaire du Danemark, vers 350-400 de notre ère.

Gokstad Viking Ship
Bateau viking de Gokstad
Karamell (CC BY-SA)

Harl note que ‘l'innovation la plus importante introduite par les Romains fut la voile’ (43). C’est donc la voile qui aurait permis aux Vikings de parcourir les mers avec l'audace dont ils faisaient preuve et de lancer des raids à leur guise. L'autre aspect important était la quille, développée au début du VIIIe siècle, ainsi que la contrequille, une forte pièce de bois qui pouvait supporter un grand mât et une grande voile. Harl décrit l'un de ces bateaux ultérieurs :

Le bateau-tombe de Gokstad (vers 900-905) est un navire de guerre ; il mesure environ 23 mètres de long et possède une quille et une contrequille capables de supporter un mât de près de 14 mètres de haut. La voile pouvait avoir une surface de 70 à 77 mètres carrés. Ce bateau est un ouvrage magnifique qui allie force et souplesse. Tous les bateaux de l'ère viking étaient construits pour glisser sur l'eau plutôt que pour combattre les vagues. (44)

C'est à bord de ces bateaux que les Vikings montèrent leurs expéditions depuis les côtes scandinaves jusqu'aux régions connues aujourd'hui sous les noms de Grande-Bretagne, Écosse, Irlande, France, Allemagne, Italie ainsi que d'autres régions de la Méditerranée.

Armées et colonies

Les premiers raids et leurs généreux butins incitèrent des expéditions militaires plus élaborées. En 865, acheminée par une flotte immense, la Grande Armée, menée par Halfdan et Ivar le Désossé, débarqua en Est-Anglie et ravagea tout le pays. En 867, la ville de York tomba sous ses coups, en 868, elle attaqua la Mercie et en 871, Halfdan ayant vaincu toutes les forces envoyées contre lui, était devenu si puissant qu'Alfred le Grand n'eut d'autre choix que de lui verser une somme exorbitante pour lui faire quitter le Wessex.

Le tribut versé par Alfred, cependant, n'entraîna pas le départ des Vikings de Grande-Bretagne et Halfdan continua à exercer son autorité après le retour d'Ivar le Désossé sur ses terres. Il réprima des rébellions sur ses territoires et institua des pratiques juridiques et des coutumes danoises de sorte qu'en 875, il avait créé un royaume viking en Grande-Bretagne et distribué des terres dans le Yorkshire en récompense à ses vétérans. De fait, en 879, il était suffisamment puissant pour pouvoir installer un roi client, Ceowulf II (r. de 874 à 883), sur le trône de Mercie. Ses politiques furent poursuivies par le seigneur de la guerre Guthrum qui ravagea le Wessex jusqu'à sa défaite aux mains d'Alfred le Grand à la bataille d'Eddington en 878. Cet évènement entraîna la division de la Grande-Bretagne entre le royaume du Wessex d'Alfred, une région de Mercie orientale rebaptisée Danelaw, contrôlée par Halfdan, et l'Est-Anglie de Guthrum.

Dans la série télévisée Vikings, la conquête de la Grande-Bretagne par les Vikings est condensée et divers événements sont intervertis ou télescopés dans l'intérêt du récit. Ragnar Lodbrok n'a jamais fait le genre d'incursions en Grande-Bretagne décrites dans la série et n'a jamais conclu de contrat ou de traité avec Egbert de Wessex concernant la Mercie ou le retour de la reine Kwenthryth sur le trône de Mercie. La séquence du cinquième épisode de la troisième saison, qui voit le massacre par Aethelwulf de la colonie nordique du Wessex, est fictive, mais des raids sur des colonies nordiques par des Anglo-Saxons ou des Saxons de l'Ouest ont bien eu lieu, tout comme dans cet épisode. Malgré cela, de nombreuses communautés établies par les Vikings ont prospéré et se sont même agrandies.

England Around 910 CE
L'Angleterre vers 910
Philg88 (CC BY-SA)

Alors que d'autres armées et explorateurs vikings travaillaient à étendre l'influence scandinave dans le reste du monde, ceux qui s'étaient installés en Grande-Bretagne vaquaient normalement à leurs tâches domestiques, comme ils l'auraient fait autrefois chez eux. La région du Danelaw fonctionnait selon des lois familières aux Vikings, et ils continuaient à observer leur ancienne religion. Chez eux, au Danemark, cependant, le roi Harald à la dent bleue avait converti les Danois au christianisme, ce à quoi son fils, Sven à la barbe fourchue, s'opposait. C'est probablement à cause de cette différence de vues en matière de religion- bien que d'autres facteurs aient certainement pesés dans la balance - que Sven finit par déposer son père.

L’héritage des Vikings

En 1013, Sven envahit la Grande-Bretagne, sous prétexte d'un massacre perpétré contre la population danoise. Son fils, Cnut, l'accompagna en tant que commandant d'une partie de son armée. Après la mort de Sven en 1015, Cnut fut proclamé roi du Danemark et, durant son règne, réalisa l'union de son pays à la Grande-Bretagne. Il revendiqua ensuite les trônes de Norvège et de Suède et les soumit à son contrôle sévère. Les historiens ultérieurs considèrent Cnut le Grand comme l'un des souverains les plus efficaces de l'ère viking - toutes époques confondues- pour ses préceptes juridiques et son habileté dans les domaines militaires et politiques.

Le dernier grand roi viking, Harald Hardrada, aprés d'humbles débuts, servit dans la prestigieuse garde varangienne (ou garde varègue) de l'empereur de Byzance avant de finalement devenir roi de Norvège. Son invasion de la Grande-Bretagne en 1066 ne lui permit pas de remporter la couronne escomptée, mais affaiblit considérablement les forces anglo-saxonnes sous les ordres de Harold Godwinson, de sorte que la victoire de Guillaume le Conquérant était pratiquement assurée lors de la bataille de Hastings.

La conquête normande de la Grande-Bretagne en 1066 envoya des immigrants fuyant leur pays dans toutes les régions du monde occidental, influença la langue et la culture des îles britanniques et, essentiellement, fixa le cap du développement de l'Ouest à partir de ce point précis. Cette conquête avait été rendue possible par l'invasion viking qui l'avait précédée, et la culture des îles britanniques se développa de 793 à environ 1066 en réponse aux raids vikings, à l'assimilation, à la culture et au droit. En fait, il n'est pas exagéré d'affirmer que le monde actuel serait méconnaissable sans les incursions des vikings. Bien qu'ils n'aient été au départ qu'un moyen facile de gagner fortune et gloire personnelle, les raids vikings en Grande-Bretagne devaient définir de façon durable non seulement la culture de cette région, mais aussi celle de tout le monde occidental.

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Traducteur

Yves Palisse
Linguiste passionné d'Histoire, Yves P Palisse est un traducteur indépendant possédant des années d’expérience dans les domaines de la traduction, de l’analyse des médias et du service à la clientèle. Après avoir beaucoup voyagé dans toute l'Europe, Il a fini par poser ses bagages à londres en 1999. Il a une passion pour les sciences humaines, le droit et la justice sociale.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2018, mars 20). Les raids vikings en Grande-Bretagne [Viking Raids in Britain]. (Y. Palisse, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1197/les-raids-vikings-en-grande-bretagne/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Les raids vikings en Grande-Bretagne." Traduit par Yves Palisse. World History Encyclopedia. modifié le mars 20, 2018. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1197/les-raids-vikings-en-grande-bretagne/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Les raids vikings en Grande-Bretagne." Traduit par Yves Palisse. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 20 mars 2018. Web. 24 avril 2024.

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