Religion Scythe

Définition

Patrick Scott Smith, M. A.
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 03 décembre 2021
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Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
Mixoparthenos (by Carole Raddato, CC BY-SA)
Mixoparthénos
Carole Raddato (CC BY-SA)

La religion scythe semble être un amalgame de croyance en un panthéon de dieux greffé à une vénération plus ancienne des animaux et à des pratiques chamaniques. D'après les découvertes de leurs sépultures, les Scythes semblent avoir eu une profonde affinité avec les animaux qui leur étaient familiers. Peut-être dû à un reste de concept primitif de la terre-mère, la plupart des images de dieux trouvées sont celles d'une déesse.

Hérodote, cependant, parle d'un panthéon scythe similaire au panthéon grec. Lorsqu'il écrit en 430 avant Jésus-Christ, les colons grecs étaient déjà établis autour de la mer Noire, où vivaient les Scythes pontiques. Ainsi, dans le cadre de leurs échanges commerciaux et de leurs interactions avec les Grecs, les Scythes se familiarisèrent avec leurs dieux, et certains d'entre eux leur étaient familiers.

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En ce qui concerne l'activité sociale, bien que les Scythes n'aient pas eu de temples, il existe de nombreuses preuves de la fonction sacerdotale de leurs kourganes et de leurs édicules à Arès en termes de biens, de construction et de sacrifices associés. Enfin, en ce qui concerne la guérison individuelle, même en tant que divinateurs, leurs chamans, par le biais de la production extatique et de la prescription médicinale, jouaient très certainement un rôle important.

Les divinités scythes

Comme dans toutes les cultures anciennes, le culte et le symbolisme des éléments devaient faire partie intégrante du système de croyances des Scythes. Avec l'étendue plate de la steppe sur laquelle ils se déplaçaient, une caractéristique importante de la vie quotidienne était le ciel qui rencontrait la terre à l'horizon. Le soleil est une autre caractéristique manifeste à laquelle la steppe n'offre guère d'échappatoire. Offrant une sécurité contre les bêtes sauvages la nuit et une utilité pratique quotidienne pour la cuisine et la métallurgie, le feu dans les temps anciens était également essentiel et avait une influence symbolique considérable. Il n'est donc pas surprenant que la terre, le ciel, le soleil et le feu aient pris une valeur théologique particulière pour les Scythes. Selon Hérodote (4.127.4), dans sa réplique à Darius Ier (r. de 522 à 486 avant J.-C.), lorsque l'empire perse achéménide envahit la Scythie, le chef scythe, Idanthyrse, aurait affirmé qu'Hestia (déesse du feu) et Zeus (dieu du ciel) étaient les seuls dieux devant lesquels il s'inclinerait.

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L'image de la terre et du ciel s'exprimait dans la croyance que lorsque le dieu du ciel, Papaeus, s'était uni à la Terre mère, tous les autres dieux étaient nés.

Comprenant le système de croyances des Scythes à partir de sa perspective du panthéon grec, Hérodote mentionne huit divinités que les Scythes adoraient, bien qu'il précise qu'à l'exception d'Arès, les Scythes n'avaient "ni images, ni autels, ni sanctuaires" (4.59). Outre Hestia et Zeus, que les Scythes appelaient Tabitha et Papée, il y avait Api (la terre-mère), Goetosyrus (Apollon) et Argimpasa (Aphrodite). Et bien qu'Hérodote omette leurs noms scythes, il mentionne également Hercule, Arès et Poséidon. Outre Hercule - l'ancêtre ultime revendiqué par de nombreux peuples anciens - ces dieux représentaient des éléments que les Scythes connaissaient bien : Arès était associé à la guerre, Apollon au soleil. L'image de la terre et du ciel s'exprimait dans la croyance que lorsque le dieu du ciel, Papée, s'était uni à la Terre Mère, tous les autres dieux étaient nés.

De plus, les bienfaits de la déesse de la fertilité étaient essentiels à toutes les cultures. Bien que l'on sache peu de choses sur elle, on pense que l'équivalent scythe d'Aphrodite était Argimpasa, apparentée à Arti, la déesse iranienne de l'abondance matérielle. En ce qui concerne les images d'une divinité dans les kourganes scythes, qu'il s'agisse d'Api, la mère terre, ou d'Argimpasa, Aphrodite, la déesse de la fertilité, son lien avec la fertilité est évident. Puisque c'est la terre et les femmes qui donnent la vie, le concept de terre-mère était de première importance pour les anciens. Ainsi, pour la même raison, une déesse résiduelle de la fertilité aurait une place d'importance similaire pour les Scythes. Enfin, concernant un élément essentiel de la guerre scythe, le cheval, Hérodote mentionne Thagimasadas comme étant l'équivalent de Poséidon, mais non pas comme un dieu de la mer mais comme un protecteur du cheval.

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La vénération des animaux

Un aspect unique de la culture scythe est la pléthore et la prédominance de leurs images animales. Dans leurs kourganes, on trouve des images de déesses et de la vie quotidienne - des hommes à la guerre, des femmes qui dansent, des gens à leurs tâches quotidiennes - mais surtout, les Scythes s'entouraient et se couvraient d'images d'animaux.

Un thème est celui de la prédation. Citons par exemple le célèbre pectoral Tolstaya Mogila, avec des scènes bucoliques de la vie quotidienne dans la partie supérieure, mais des chats et des griffons mythiques mordant et griffant des cerfs et des chevaux dans la partie inférieure. Dans le kourgane de Bratoliubivskyi, dans la région de Khersonska, une plaque d'or montre un léopard des neiges attaquant un cerf. Dans les montagnes de l'Altaï, à Pazyryk, des découpes de cuir provenant de housses de selles révèlent des chats et un griffon en train d'abattre des cerfs. Un tel penchant commun pour les représentations singulières de la prédation violente peut refléter, pour les Scythes, la violence qui prévalait dans leur propre vie de guerriers. Peut-être aussi, en identifiant et en imaginant un but parallèle aux images qu'ils créaient, se voyaient-ils eux-mêmes, avec une férocité similaire, terrassant leurs ennemis.

Scythian Golden Pectoral from Tovsta Mohyla
Pectoral en or scythe
Terminator (Public Domain)

Cependant, à d'autres égards, il semble que les Scythes aient entrelacé leur destin de manière plus bénigne et bénéfique. Des cerfs et des oiseaux figurent sur les épis de faîtage des lieux de culte. À Pazyryk, on a trouvé des brides de chevaux utilisées pendant les cérémonies, avec des images de béliers, d'aigles mythiques et de cerfs. Parmi leurs célèbres coiffes, celles de Pazyryk et d'autres sites de l'Altaï étaient généralement ornées de silhouettes de cerfs, puis de figures d'oiseaux et d'épingles à cheveux en cerf argenté ou doré. À Ak-Alakha, la coiffe d'une femme noble était recouverte de figures félines en or. Puis, comme nous le verrons, sur un autre site, les corps de l'élite décédée étaient recouverts de panthères d'or. Les Scythes ne se contentaient pas de se parer d'animaux, ils s'en tatouaient le corps. Sur le corps d'un chef à Pazyryk, on trouve des images abstraites de chats recroquevillés, de cerfs, de béliers, d'antilopes et de chèvres, tandis que sur un autre site, une femme, connue sous le nom de princesse de Sibérie, avait également des tatouages de conception et de couverture similaires.

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Bien que ces représentations soient connues sous le nom d'"art animalier" scythe et qu'elles puissent être considérées uniquement comme des déclarations de mode, si l'on considère le mélange considérable de croyances religieuses dans la vie quotidienne des anciens, on peut se demander quel rôle ces images jouaient. Puisqu'ils s'en entouraient de manière si prolifique, il semble qu'ils pensaient que leur destin était lié, et qu'à ce titre, leurs images animales leur apportaient fortune et protection.

Charge sacerdotale

Bien qu'Hérodote ne mentionne pas les prêtres en tant que tels, il existe une pléthore de preuves archéologiques soutenant la charge sacerdotale. Dans la région de Touva en Russie, sur le site funéraire d'Arzhan-1, un kourgane conique massif datant de la fin du 9e siècle avant notre ère a été fouillé entre 1971 et 1974. Mesurant 120 mètres de large et 4 mètres de haut, sa construction consistait en une sous-structure rayonnante segmentée précise, composée de compartiments en rondins recouverts de dalles de pierre. 70 autres chambres rayonnaient à partir de la chambre funéraire centrale carrée de 8 mètres de côté (26 pieds). La touche finale à Arzhan-1 aurait probablement été l'érection d'une stèle en pierre au sommet du monticule.

Alors qu'Arzhan-1 avait été entièrement dépouillé de la plupart de ses objets funéraires, sur le site plus petit d'Arzhan-2 (datant du 7e siècle avant J.-C.), 9 300 objets ont été trouvés, dont 5 600 en or, principalement de minuscules appliques d'animaux. Étonnamment, 5 000 de ces appliques en or étaient des panthères en or portées à parts égales par le "roi" et la "reine". Un tel soin et une telle construction témoignent d'un investissement considérable en temps et en travail de la part d'une communauté qui, selon les apparences, aimait et honorait ses dirigeants tout en recherchant son bonheur dans l'au-delà. En tant que tels, les kourganes n'étaient pas seulement des tombes mais aussi des lieux de culte.

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Scythian Gold Appliqués
Décorations en or scythes
Gary Todd (Public Domain)

Comme le but d'un prêtre était d'intercéder pour la communauté auprès d'une divinité, les kourganes eux-mêmes suggèrent des bénédictions sacerdotales. De plus, comme les sacrifices faisaient partie du processus, si la coutume ancienne était la norme, la construction, les arrangements et les sacrifices des kourganes n'auraient pas seulement été bénis mais aussi rituellement orchestrés. À Arzhan-1, dans la zone centrale de la tombe, se trouvaient huit des assistants du chef. Dans les chambres environnantes se trouvaient des groupes de chevaux, certains avec leurs dresseurs. À Arzhan-2, comme le monticule est entouré de 200 fosses d'offrandes brûlées, les preuves de sacrifices humains et équins sont nombreuses.

Hérodote décrit de la même manière une sépulture scythe où "la concubine du roi, son échanson, son cuisinier, son palefrenier, son écuyer et son messager" furent sacrifiés et enterrés avec lui ; 50 chevaux et leurs cavaliers furent également sacrifiés et préservés ; dressés sur des piquets et placés autour du "grand tertre", ils étaient prêts à être montés à l'instant de leur résurrection magique (4.71-72.). Confirmant le récit d'Hérodote, une expédition russo-allemande à Tchertomlyk a trouvé des restes de chevaux et des ossements humains éparpillés autour du tumulus. Enfin, considérant les kourganes comme des locaux religieux avec des rituels conventionnels, Hérodote mentionne un rituel scythe similaire impliquant leur culte à Arès. Après avoir sacrifié des moutons, des chèvres et des chevaux, ils construisaient des structures carrées à deux niveaux avec des branches. Pour finaliser le processus, comme les stèles au sommet de leurs kourganes, ils plaçaient une simple épée au sommet.

Bien qu'il y ait de nombreuses preuves de rituels sacerdotaux, on ne sait toujours pas qui les exécutait.

Si le processus rituel impliquant les édifices à Arès et les kourganes ne fait aucun doute, l'identité de ceux qui accomplissaient les rites reste une question ouverte. S'agissait-il d'une classe de prêtres ou de devins, comme les chamans ? Traditionnellement, alors que les prêtres antiques dirigeaient et bénissaient l'activité communautaire par le biais de sacrifices rituels, le rôle principal du chaman était celui d'un guérisseur. Bien que leur talent de divination ait été un attribut donné par les dieux, les chamans pouvaient tomber en disgrâce auprès de l'élite. Selon Hérodote, si la révélation d'un chaman s'avérait fausse, il pouvait être brûlé par le roi. Attaché, puis placé dans un chariot auquel on mettait le feu avec les bœufs attelés fuyant dans la panique, cette scène dramatique d'embrasement - les jougs du chariot se brisant parfois en deux et les bœufs étant consumés - devait rappeler de manière poignante aux devins et au public qui était le chef.

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À l'inverse, dans la plupart des sociétés où la classe sacerdotale était bien définie, la relation entre l'élite dirigeante et les prêtres était généralement coopérative. Parfois, les rois pouvaient être des prêtres conduisant des rituels ou ils pouvaient initier le rituel. Certains, comme les anciens rois hawaïens, co-officiaient avec le grand prêtre et possédaient même le temple. Ou, comme chez les Romains, ils pouvaient être issus de la classe dirigeante. Cependant, chez les Scythes, bien qu'il y ait de nombreuses preuves de rituels sacerdotaux, on ne sait toujours pas qui les pratiquait. Ce qui est plus sûr, ce sont les tâches et les responsabilités de leur classe de devins, les chamans.

Les chamans scythes

Comme chez tous les peuples de l'Antiquité, l'aide du monde des esprits faisait partie intégrante des activités quotidiennes. Lorsqu'il s'agissait de guérison individuelle, la fonction du chaman était d'intercéder entre l'individu ayant besoin d'aide et le monde des esprits qu'il voulait implorer. Pour prouver ses compétences, le chaman devait faire la preuve de son influence, ce qu'il faisait de deux manières : des chants et des danses extatiques destinés à impressionner et à convaincre que ses liens avec le monde des esprits étaient réels, associés à des prescriptions médicinales ayant un taux de réussite adéquat. Cela conférait au chaman sa crédibilité en tant que guérisseur.

Si l'étude moderne du chamanisme a commencé par se concentrer sur les tribus sibériennes du sud de la Russie (des régions qui étaient autrefois l'arrière-cour de la Scythie), des caractéristiques communes aux rituels chamaniques étaient pratiquées dans le monde entier. Pour convaincre leur public qu'ils devaient être les personnes à consulter en cas de besoin, la performance extatique était, pour le chaman, absolument essentielle. Vêtu d'une robe et d'une coiffe exagérées (pour ressembler à un oiseau, un cerf ou un ours) et établissant un espace rituel autour d'un autel, la première tâche du chaman était de combattre les mauvais esprits. Ensuite, avec l'aide d'esprits secourables (généralement animaux ou ancestraux), l'invocation des esprits célestes pouvait commencer. La maladie étant considérée comme un mal spirituel - une conséquence du départ de l'âme du corps - l'âme devait donc être restaurée. En Sibérie, cela impliquait souvent l'exploit surhumain d'un vol magique que seul le chaman pouvait réaliser grâce à une transe extatique. Au risque de perdre sa propre âme dans un voyage périlleux vers les enfers ou les sphères célestes, le chaman ramenait et restaurait l'âme du patient. Ce processus de restauration était essentiel pour les capacités de guérison du chaman.

Siberian Shaman
Chaman sibérien
Ninara (CC BY)

Le chaman exécutait un rituel de chants rythmés, de danses et d'incantations fiévreuses, en utilisant des objets symboliques comme des branches ou des plumes comme accessoires pour renforcer sa concentration. Les cloches accentuaient les gestes animés du chaman, tandis que le feu, la fumée et l'encens pouvaient également être utilisés pour exalter les sens. Dans certaines régions du monde, des hallucinogènes étaient ingérés par le chaman et le public. En fin de compte, bien que des combinaisons variées de ces éléments aient été utilisées, le tambour était le dispositif le plus universel et le plus efficace. Mircea Eliade explique :

[Le tambour] a un rôle de première importance dans les cérémonies chamaniques. Son symbolisme est complet, ses fonctions magiques nombreuses et variées. Il est indispensable à la conduite de la séance chamanique, qu'il lui permette de voler dans les airs ou d'invoquer les esprits... le tambour permet au chaman de contacter le monde spirituel qu'il s'apprête à traverser. (168)

En comparant les objets découverts dans deux grands sites funéraires et certains dans la vallée de Minoussinsk à deux pétroglyphes de la période Tagar, on peut peut-être faire la lumière sur le chamanisme scythe. A Ak-Alakha et Pazyryk, dans la région de l'Altaï du Touva, des coiffes stylisées élaborées ont été découvertes. Parmi les autres objets, on trouve des hochets et des tambours. Dans la vallée de Minoussinsk (et dans toute la Scythie), on a trouvé des hochets et des cloches en bronze au sommet des poteaux. Ces objets sont représentés sur le pétroglyphe de Georgievskaya, datant de la période Tagar, qui montre un chaman avec une coiffure exagérée, tenant un hochet (ou une baguette) dans une main et un tambour à main avec des cloches dans l'autre. Ensuite, le pétroglyphe de la vallée de Minoussinsk semble montrer un chaman ayant atteint l'extase, debout derrière un autel dans un cercle d'espace délimité.

Scythian Territorial Expanse, c. 700-300 BCE
Etendue territoriale scythe c 700-300 av. J.-C.
Simeon Netchev (CC BY-NC-SA)

Si la majeure partie des recherches sur le chamanisme se concentre sur l'élément extatique, la prescription de médicaments - comme en témoignent notamment les chamans scythes - n'était pas seulement complémentaire mais essentielle. Un exemple de l'expertise des Scythes dans l'utilisation des plantes est leur utilisation du cannabis pour soulager la douleur. En 1993, dans la partie la plus orientale de la confédération scythe, à Ak-Alakha, sur le plateau d'Ukok, dans les montagnes de l'Altaï, des fouilleurs ont découvert le site funéraire de la "princesse de Sibérie", qui était peut-être une chamane ou une guérisseuse. Décédée jeune, à l'âge de 20 ans, on pense aujourd'hui qu'elle a souffert et est morte d'un cancer. On a trouvé à ses côtés une pochette de cannabis, dont les effets antidouleur ont pu la soulager quelque peu.

La perspicacité médicinale des chamans scythes est révélée lorsque Mithridate VI (r. de 120 à 63 avant J.-C.) les engagea pour faire partie de sa suite. Dirigeant du royaume hellénistique du Pont au nord de l'Anatolie, Mithridate était l'ennemi juré le plus dangereux de Rome. Également connu sous le nom de "roi du poison" parce qu'il ingurgitait de faibles quantités de sa propre formule de poison en guise d'antidote à un assassinat, Mithridate fut le premier Occidental à mettre au point des recettes thériaques appelées plus tard mithridatium. En fin de compte, c'est une équipe de chamans-docteurs scythes qui était apparemment la plus experte. Appien d'Alexandrie raconte qu'après avoir été gravement blessé au cours de la troisième guerre de Mithridate, lors de la bataille de Zéla en 67 avant J.-C., par un dard sous l'œil, et au genou par une pierre :

Mithridate fut soigné par les Agari qui utilisent le poison des serpents comme remède. Certains membres de cette tribu accompagnaient toujours le roi en tant que médecins. (Guerres Mithridatiques, 13.88)

À l'époque où les Agari étaient à sa cour, Mithridate effectua des recherches approfondies en toxicologie assez impressionnantes pour que Pompée (106-48 avant J.-C.) envoie ses notes à Rome pour qu'elles soient traduites en latin. Le fait qu'il ait fait confiance aux Scythes pour le guérir reflète certainement le niveau de compétence des chamans en matière de pharmacologie. Outre l'utilisation du poison de serpent, les propriétés psychotropes et curatives des plantes avaient déjà une longue histoire en Extrême-Orient, en Asie et en Méditerranée. La connaissance que les Scythes avaient des plantes et de leurs effets est indiquée lorsque Hérodote parle de leur utilisation du cannabis pour se griser. Dans le cadre de leur célébration après l'enterrement d'une élite principale, les Scythes érigeaient un sauna portatif en forme de tipi ; des pierres chaudes étaient placées dans une fosse au milieu du tipi. Après s'être oint le corps d'un onguent fait de cyprès, de cèdre et d'encens pilés, ils entraient dans le sauna, jetaient du chanvre sur les pierres chaudes et "hurlaient de joie devant le bain de vapeur". (4.73-75) En attribuant des éléments chamaniques à ce rituel, Eliade dit des Scythes : "Un fait, au moins, est certain : le chamanisme et l'ivresse extatique produite par la fumée de chanvre étaient connus des Scythes" (394-96).

Scythian Female Headdress
Coiffe de femme scythe
State Hermitage Museum (Public Domain)

Enfin, principal talent de l'Enarée, aux dires d'Hérodote, un autre outil de la boîte à outils du chaman était la divination. Rappelant la pratique chamanique courante qui utilise des techniques rythmiques pour induire des états d'esprit modifiés permettant d'établir des connexions avec d'autres mondes, certains devins scythes, non nommés par Hérodote, prenaient un faisceau de bâtons et, en déposant les bâtons un par un, ils prophétisaient. Après avoir ramassé le fagot, ils recommençaient.

Conclusion

Une façon de caractériser la religion scythe est un amalgame de croyances. Alors qu'ils étaient en contact avec des cultures ayant des systèmes plus anthropomorphiques, ils conservèrent un culte de type naturel centré sur un résidu dedéesse de la terre-mère sous la forme d'Argimpassa. Ainsi, alors que leurs kourganes révèlent une identité avec leur monde animal et une déesse de la fertilité qui occupait une place primordiale, ils invoquaient également des notions anthropomorphisées des représentations de la vie qui leur étaient familières. Par exemple, leurs dieux du ciel, du soleil, du feu, de la guerre et du cheval étaient, selon Hérodote, l'équivalent en Scythie des dieux grecs Zeus, Apollon, Hestia, Arès et Poséidon.

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Bibliographie

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Patrick Scott Smith, M. A.
Patrick Smith, M.A., a présenté des recherches pour l’American Schools of Oriental Research et l’Académie des sciences du Missouri. En tant que rédacteur pour l’Association pour l’Étude Scientifique des Religions, il a remporté le prix Frank Forwood pour l’excellence en recherche en 2015.

Citer cette ressource

Style APA

A., P. S. S. M. (2021, décembre 03). Religion Scythe [Scythian Religion]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-20306/religion-scythe/

Style Chicago

A., Patrick Scott Smith, M.. "Religion Scythe." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le décembre 03, 2021. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-20306/religion-scythe/.

Style MLA

A., Patrick Scott Smith, M.. "Religion Scythe." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 03 déc. 2021. Web. 19 avril 2024.

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