Brésil portugais

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 08 juillet 2021
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Disponible dans ces autres langues: anglais, portugais, espagnol, Turc
Rio, Portuguese Brazil (by Nicolas-Antoine Taunay, Public Domain)
Rio, Brésil portugais
Nicolas-Antoine Taunay (Public Domain)

Avec ses nombreuses ressources naturelles, le Brésil fut de loin la plus importante colonie de l'empire portugais et fut, à un moment ou à un autre, le premier producteur mondial de sucre, de diamants et de tabac. Colonisées à partir des années 1530, la plupart des colonies étaient des villes côtières jusqu'à ce que l'intérieur ne soit lui. aussi exploité, ce qui entraîna un conflit supplémentaire avec les Amérindiens.

Ayant importé un grand nombre d'esclaves d'Afrique, la société brésilienne devint multiculturelle mais resta dominée par les Européens blancs. La colonie fut menacée militairement et commercialement à plusieurs reprises par les Français, les Hollandais et les Britanniques, mais le Portugal conserva son joyau de couronne coloniale jusqu'à l'indépendance du Brésil en 1822.

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L'Europe découvre le Brésil

Vasco de Gama (c. 1469-1524) contourna le Cap de Bonne-Espérance pour se rendre en Inde en 1497-1499, donnant aux Portugais l'accès au commerce des épices de l'Orient. Les Portugais créèrent ensuite un empire de ports commerciaux allant de l'Afrique de l'Est au Japon. L'un des sous-produits du voyage épique de Vasco de Gama fut important pour le Brésil à l'autre bout du monde. De Gama avait été le pionnier d'une nouvelle route qui descendait l'océan Atlantique afin de profiter de vents favorables. Il s'agissait d'une stratégie risquée qui consistait à naviguer loin vers le centre de l'Atlantique. Lorsque Pedro Álvares Cabral partit répéter l'exploit de Vasco de Gama en mars 1500, il navigua trop à l'ouest et «découvrit» le Brésil par accident (bien que la visite ait pu être planifiée par les Portugais). Cabral resta huit jours à Baia Cabrália où il fit la connaissance d'Amérindiens. Un marin espagnol, Vicente Yáñez Pinzón avait peut-être été le premier Européen à voir la côte brésilienne l'année précédente, mais on ne sait pas exactement où il s'était rendu. Quoi qu'il en soit, ce sont les Portugais qui revendiquèrent le Brésil parce que, comme cela avait été convenu avec l'Espagne dans le traité de Tordesillas de 1494, il se trouvait dans leur sphère d'influence. Une deuxième expédition portugaise, dirigée par Gonçalo Coelho, explora plus en détail la côte brésilienne en 1501. Un autre explorateur célèbre, le florentin Amerigo Vespucci (1451-1512), visita en 1502, et il en fit la description suivante:

Cette terre est ravissante et couverte d'un nombre infini d'arbres verts et de très grands arbres qui ne perdent jamais leur feuillage. Tout au long de l'année, ils produisent les parfums aromatiques les plus sucrés et produisent une infinité de fruits, gratifiants au goût et sains pour le corps... et les champs produisent des herbes aromatiques. et des fleurs et de nombreuses racines si sucrées et si bonnes, si merveilleuses... que je me suis imaginé à proximité du paradis terrestre.

(98)

Portuguese Colonial Empire in the Age of Exploration
L'Empire Colonial Portugais à I' Époque des Grandes Découvertes
Simeon Netchev (CC BY-NC-SA)

Le nom Brésil, qui apparaît pour la première fois sur les cartes datant de 1511, peut provenir du «bois de braise», un feuillus populaire de couleur rougeâtre exporté de l'Inde vers l'Europe au Moyen Âge. Un type de bois similaire était courant dans les forêts du Brésil. Sinon, la source peut être brasa, le nom portugais de la teinture de ce séquoia foncé qui signifie «charbon lumineux». L'une des premières exportations lucratives du Brésil fut ces feuillus, utilisés dans tous les domaines, des navires aux violons. Ce bois attira des commerçants portugais privés au Brésil à partir de 1502 qui établirent le premier comptoir commercial (Feitoria) au nord de Rio de Janeiro.

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En 1549, le Brésil devint une colonie officielle de la Couronne et la capitale fut établie à Salvador da Bahia.

En 1511, la Couronne portugaise, méfiante de l'intérêt croissant de l'Espagne, prit en cachette une initiative officielle au sujet du Brésil. João de Lisboa et Estêvão Froes prirent le commandement de deux caravelles pour explorer la côte brésilienne. L'Espagne envoya une flotte pour en faire de même en 1515. Les deux pays étaient à la recherche d'un itinéraire autour de la pointe sud des Amériques et d'un accès à l'Asie. L'explorateur portugais Fernand de Magellan (c. 1480-1521), au service de l'Espagne, fut le premier à réaliser cet exploit lors de son expédition de 1519-1522 qui fit le tour du globe. L'Espagne avait gagné son accès à l'océan Pacifique, mais c'est le Portugal qui commença à coloniser le Brésil.

Les portugais vont vers l'ouest

La première colonie portugaise au Brésil fut établie à São Vicente en 1532. Plusieurs centaines de colons étaient venus par bateau pour mettre en place ces colonies qui devinrent de plus en plus nombreuses le long de la côte brésilienne. Les territoires furent distribués par la Couronne sous la forme de 15 allocations féodales ou «capitaineries» qui obligeaient les nobles, ou plus précisément, leurs vassaux, à exploiter les terres pour l'agriculture. Le modèle de capitainerie avait été utilisé avec succès dans les colonies insulaires du Portugal en Atlantique Nord , mais le développement colonial fut plutôt lent au Brésil. La qualité des immigrants était basse, avec de nombreux aventuriers sans scrupules et autres indésirables mêlés aux véritables colons, aux hommes d'église et à ceux qui cherchaient à se libérer de la persécution religieuse comme les Juifs et les Juifs convertis (nouveaux chrétiens). Par conséquent, la Couronne nomma un gouverneur en 1549 pour mettre de l'ordre et faire avancer les choses. Le Brésil devint une colonie officielle de la Couronne et la capitale fut établie à Salvador da Bahia où un hôpital, une prison, une cathédrale, des murs de fortification et une maison de douane furent construits.

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À partir du milieu du XVIe siècle, les Français avaient été éliminés en tant que rivaux commerciaux et, en 1567, la toute récente colonie de France Antarctique dans la baie de Guanabara leur fut reprise. Cette colonie devint Rio de Janeiro. En 1570, les colonies prenaient forme, et les Amérindiens indigènes étaient assujettis et obligés de résider dans des villages sous contrôle portugais.

Dancing Tapuias
Tapuias dansants
Albert Eckhout (Public Domain)

En 1572, une vice-royauté fut créée, comme celle de Goa pour l'Estado da India (l'Empire portugais à l'est du Cap de Bonne-Espérance). La vice-royauté était divisée en deux parties, Salvador étant la capitale du nord et la capitale sud Rio de Janeiro (Rio devint l'unique capitale en 1763). Au cours des dernières années du XVIe siècle, l'intérieur brésilien fut exploré, principalement par les rivières, et de nouvelles colonies furent créées. En 1600, les Européens du Brésil colonial étaient environ 30 000. Dans les années 1620 les autres puissances européennes menaçaient encore la région, principalement autour de l'embouchure de l'Amazone, mais pour le moment, ces incursions étaient facilement refoulées par des expéditions au départ de Belém.

Les Amérindiens

Les Européens étaient un peu déconcertés par les indigènes du Brésil. Ils ne semblaient avoir ni propriété ni souverain, aucun système politique, aucune classe au sein de leur société et ne semblaient pas croire en l'âme. Ils vivaient selon la nature, prenant tout ce dont ils avaient besoin, qui était très peu, de la forêt qui était leur foyer, même s'ils pratiquaient une un type d'agriculture sur brûlis. Les premiers explorateurs parlèrent de cannibalisme, de guerre impitoyable entre tribus et même de sacrifices humains. Sans aucun doute, les Européens n'étaient en mesure d'apprécier ou de comprendre la culture de ces Amérindiens Tupi-Guarani, comme ils furent appelés par les étrangers, mais ils ne firent pas non plus l'effort de mieux les connaître. Tout comme dans d'autres parties de l'empire, les Portugais n'étaient ici que pour exploiter les ressources locales, et seuls les missionnaires s'intéressèrent aux peuples qui avaient vécu tranquilles en Amérique du Sud pendant des millénaires et ils étudièrent même les langues autochtones.

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Les relations commerciales pacifiques et occasionnelles avec la population autochtone virèrent rapidement en hostilités. Les Portugais assujettirent tous les Amérindiens ayant l'intention de faire la guerre et tentèrent d'utiliser les plus pacifiques pour le travail, mais ce n'était pas un travail auquel les hommes amérindiens étaient habitués, et ils se faisaient facilement la malle à la première occasion. Les Portugais utilisèrent des Amérindiens capturés par des tribus plus amicales comme esclaves, ils organisèrent leurs propres expéditions de chasse aux esclaves et les missionnaires forcèrent les Amérindiens à vivre dans les missions (aldeamentos) contrôlées par des organisations telles que la Société jésuite. Dans les années 1560, la société amérindienne était en plein marasme, des dizaines de milliers de personnes avaient été tuées par des maladies européennes comme la variole, et la plupart de ceux qui étaient encore libres abandonnaient leurs villages pour aller loin dans l'intérieur du pays; l'expansion coloniale rattrapa très vite nombre d'entre eux dans une guerre sanglante d'extermination. En 1755, les Amérindiens furent finalement reconnus comme étant des sujets à part entière de la Couronne portugaise, et les missions furent démantelée.

Plantations de canne à sucre et esclavage

Les Portugais avaient développé un brillant système de plantation pour cultiver de la canne à sucre dans des colonies comme São Tomé et Principe. Vu qu'il s'agissait d'une culture à forte intensité de main-d'œuvre, des esclaves avaient été amenés d'Afrique de l'Ouest voisine pour travailler dans les plantations (fazendas). Le système fut ensuite appliqué à plus grande échelle au Brésil colonial à partir des années 1530, où la disponibilité des terres était beaucoup plus importante. Les premières plantations furent établies au Pernambouc, à São Vicente et à Rio. En quelques décennies, le Brésil devint le premier producteur mondial de sucre. En 1570, le Brésil comptait 60 sucreries (engembos), en 1645, il y en avait 350.

Making Sugar Loaves
Faire des pains au sucre
The British Museum (CC BY-NC-SA)

Les esclaves des plantations furent initialement acquis localement, mais à partir de 1570, l'esclavage des Amérindiens fut interdit. La plupart des esclaves venaient donc d'Afrique par bateau, en particulier de la colonie portugaise d'Angola. Le Brésil était de loin le plus grand importateur d'esclaves des Amériques tout au long du XVIIe siècle. Lorsque la production de sucre brésilien atteignit son apogée de 1600 à 1625, 150 000 esclaves africains traversèrent alors l'Atlantique. Dans toute l'histoire de la traite des esclaves de l'Atlantique, environ un tiers des esclaves avaient voyagé à bord de navires portugais vers le Brésil et avaient été revendus dans des colonies espagnoles. Un esclave sur cinq ne survécut pas aux horribles conditions de transport à bord de navires exigus et sales. Le voyage vers Rio était l'un des plus longs et durait 60 jours. Les esclaves africains devaient apprendre la langue locale, le portugais créole. La main-d'œuvre plus qualifiée provenait des immigrants, dont beaucoup provenaient de colonies portugaises d'Atlantique Nord, qui souffraient énormément à cause de la production de sucre à grande échelle du Brésil. La majeure partie du sucre produit était expédiée en Europe.

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Commerce, or et diamants

Des carraques naviguaient régulièrement du Brésil à Lisbonne, transportant 125 types de produits allant des carapaces de tortue aux pierre de topaze. Comme indiqué plus haut, le Brésil était un important exportateur de bois et aussi de teinture rouge foncé ou même violette issu du bois brésilien (caesalpina echinata), et très demandée par les fabricants de tissus en Europe. Les bois de feuillus étaient la principale exportation brésilienne jusqu'à ce qu'ils ne soient remplacés par le sucre au début du XVIIe siècle, mais ils restèrent importants jusqu'au XIXe siècle, lorsque la rareté plus que toute autre chose fit que cette partie de l'industrie du bois diminua considérablement.

Il fallut un certain temps pour mettre la machine en marche, mais l'or exporté vers Lisbonne à partir des mines brésiliennes, principalement à Minas Gerais, devint considérable. Comme le note l'historien A. R. Disney,

En 1711, la quantité annuelle d'or brésilien légalement expédiée au Portugal s'élevait à près de 15 000 kilogrammes (33 000 livres)... Soudain, le Portugal recevait de ses précieux territoires d'outre-mer beaucoup plus d'or que n'importe quelle autre puissance impériale n'avait jamais extrait d'une colonie.

(Vol 1, 252-3).

Alors que la ruée vers l'or se poursuivait dans le Minas Gerais, la production annuelle atteignit un pic de plus de 30 000 kg et ne fut jamais inférieure à 18 000 kg au cours des prochaines décennies.

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Le manioc était une culture majeure du Brésil colonial, principalement cultivé pour le marché intérieur afin de nourrir la population d'esclaves et de main-d'œuvre libre qui travaillait sur les plantations. Le blé était cultivé à grande échelle autour de São Paolo. Il y avait de nombreux grands ranchs de bétail situés à la périphérie du territoire colonial qui fournissaient de la viande, du lait, du cuir et des engrais à la colonie. À partir de la fin du XVIIe siècle, le tabac fut cultivé en quantités importantes, une culture indigène qui nécessitait beaucoup moins de dépenses initiales en capital que la canne à sucre. Le tabac de Bahia représentait 90 % de la production et le Brésil devint le premier producteur mondial, stimulé par l'augmentation de la dépendance chez les fumeurs européens, africains et asiatiques.

Slave Women, Brazil
Slave Women, Brésil
Carlos Julião (Public Domain)

Dès le début des années 1730, le Brésil produisit des diamants en quantités importantes, ce qui défia l'autre source majeure mondiale, Madras (aujourd'hui Chennai) en Inde. En bref, au cours de cette décennie, les carats de diamants annuels arrivés à Lisbonne s'élevaient à 300 000 carats, soit quatre fois plus que les exportations de Madras vers l'ensemble de l'Europe. En effet, la production était si élevée que la Couronne fut obligée de restreindre sévèrement l'extraction de diamants au Brésil afin que les prix ne chutent pas trop. Tous ces lingots d'or et ces diamants firent probablement du roi portugais João V du Portugal (r. 1706-1750) le monarque le plus riche d'Europe. Malheureusement pour le peuple portugais, la majeure partie de la richesse fut effacée par des projets de construction somptueux ou permit de réduire les dettes chroniques de l'État. Les coûts énormes du maintien d'un empire mondial et du déficit commercial du pays étaient des trous noirs que même les richesses du Brésil ne pouvaient combler.

Société coloniale

Comme ailleurs, la société coloniale dans les zones urbaines était dominée par de grands propriétaires fonciers et des marchands. Il y avait aussi des soldats portugais, des hommes d'église, des artisans et des petits agriculteurs, tous désireux d'avoir une vie meilleure que ce qu'ils auraient eu dans leur terre natale souvent appauvrie. Il y avait aussi des degregados (indésirables) tels que les condamnés, les non-catholiques et ceux qui avaient connu les vicissitudes de la vie. Il y avait des immigrants d'autres colonies portugaises, en particulier des îles de l'Atlantique, et des marchands européens venus de Grande-Bretagne, d'Italie, de France et d'autres pays. Il y avait aussi des esclaves africains et des enfants d'esclaves (environ un tiers de la population totale) et des esclaves qui avaient gagné ou acheté leur liberté.

Comme dans d'autres colonies, le nombre limité de femmes européennes entraîna un grand mélange entre les races (Européennes, Amérindiennes et Africaines), plus au Brésil que dans n'importe quelle autre colonie portugaise. Au sein de chacun de ces groupes, il y avait un autre niveau de diversité car chaque catégorie comprenait de nombreuses nationalités différentes avec des cultures différentes et de nombreuses langues africaines et amérindiennes. La progéniture mixte de ces interrelations était connue sous le nom de mestiços (métis). Les races mixtes et les esclaves libérés devaient se démener au sein de cette société car non seulement ils devaient lutter contre les préjugés au quotidien, mais le racisme institutionnel existait sous de nombreuses formes. Les Africains, les Amérindiens et les peuples de races mixtes avaient énormément de difficultés à se mettre à leur compte car les banques leur accordaient rarement des prêts. Ils ne pouvaient pas non plus faire du commerce puisqu'ils ne pouvaient pas obtenir de licence. Les non-Blancs devaient donc se contenter de postes en bas de l'échelle de la société tels que les commis, les assistants dans les magasins, les coiffeurs ou comme main-d'œuvre dans les plantations. Beaucoup vivaient en marge de la société, cultivant juste assez de nourriture pour eux-mêmes et leurs familles sur de petites parcelles de terre ou vivaient de la charité d'autrui; beaucoup plongèrent bien en dessous du seuil de pauvreté. Les non-Blancs ne pouvaient pas non plus participer au gouvernement local ou à la câmera et il était donc impossible de modifier les limites de la société coloniale dominée par les Blancs qui leur étaient imposées.

Slavery in Brazil
Esclavage au Brésil
Wilfredor (CC BY-SA)

L'élite blanche fit son possible pour maintenir sa position de supériorité en imposant des lois discriminatoires et en faisant se marier leurs enfants uniquement avec d'autres familles européennes. Il n'était pas rare que de riches pères blancs envoient leurs filles dans un couvent au Portugal plutôt que de se marier en dessous de leur rang au Brésil. Les enfants de l'élite blanche étaient envoyés au Portugal afin d'y être éduqués, car seule une éducation rudimentaire était disponible dans les plus grandes villes du Brésil. C'était là une autre différence qui créa une fracture distincte et durable , entre «eux» et «nous» dans la société brésilienne dans son ensemble.

Attaques néerlandaises contre le Brésil

Dès le début du XVIIe siècle, d'autres puissances européennes commencèrent à défier l'empire portugais. Les ports étaient perquisitionnés et les navires étaient attaqués, leur cargaison confisquée et ils étaient ensuite coulés. Le Brésil était une cible comme les autres, en effet, la colonie avait connu la concurrence, en particulier de la part des Français, dès les premiers jours de sa fondation. Au fur et à mesure que la puissance maritime néerlandaise et britannique augmentait, leur menace pesait également sur le Brésil.

Les Néerlandais formèrent la Compagnie néerlandaise des Indes Occidentales (WIC) en 1621 pour commercer, piller et former de nouvelles colonies américaines. En 1624, ils capturèrent Salvador mais ne purent le garder qu'un an. En 1630, les Néerlandais mirent la main sur Olinda et Recife et, en 1632, Pernambouc. Ils occupèrent ensuite le nord du Brésil en 1635, et les Portugais, désireux de protéger le meilleur atout de leur empire, furent obligés d'envoyer une armada de 41 navires et 5 000 hommes en 1638. Les Portugais ne reprirent le contrôle total du Brésil qu'en 1654 (en grande partie grâce à la distraction des Néerlandais pris par une guerre contre l'Angleterre à partir de 1652), mais les répercussions sur le commerce, notamment cekui du sucre, furent très importantes.

La Compagnie brésilienne (Companhia Geral do Brasil) fut créée en 1649 sur le modèle de la WIC. La meilleure organisation centralisée du commerce brésilien qui résulta de la création de cette entité porta ses fruits et l'introduction d'un système de convois pour les navires naviguant vers l'Europe réduisit considérablement les pertes subies à causes des attaques de corsaires. En 1663, un traité de paix fut conclu entre le Portugal et les Pays-Bas, un accord renouvelé en 1669. Pour 4 millions de cruzados (pièces d'or de l'époque), les Néerlandais acceptèrent de renoncer à toutes leur revendications sur le Brésil. Ce n'était pas une somme énorme, mais il fallut 50 ans aux Portugais pour payer leut dette. Les défis territoriaux du Brésil portugais étaient maintenant considérablement réduits. Au lieu de cela, l'arme préférée des puissances européennes fut le commerce.

Implication britannique au Brésil

La menace des rivaux européens obligea le Portugal à signer plusieurs autres traités commerciaux avec ses rivaux à partir du milieu du XVIIe siècle. Les Portugais signèrent le traité de Methuen de 1703 avec la Grande-Bretagne, qui permit aux investisseurs britanniques de faire prospérer les échanges depuis et vers le Brésil. En 1711, la France reprit brièvement Rio de Janeiro et l'Espagne grignota une zone au sud du Brésil. L'empire portugais était en effet fragile, et un accord avec les Britanniques semblait être l'option la plus sûre. Grâce à la demande toujours croissante en Europe, au milieu du XVIIIe siècle, le coton, le riz, le cacao et le café furent ajoutés au sucre, au tabac et au bois du Brésil en tant que principales exportations brésiliennes. De plus, le Brésil était désormais un marché important pour les produits européens tels que le vin, l'huile d'olive, les céréales et les draps de laine. Le fait est que bien que le Brésil reste entre les mains des Portugais, les commerçants britanniques se voyaient accorder certains privilèges. Il s'agissait notamment du droit de négocier des marchandises dans les ports portugais (à l'exception du pétrole, du vin et de la morue) et de bénéficier de droits favorables sur les importations britanniques vers le Brésil. Les commerçants néerlandais et français reçurent par la suite des avantages similaires.

Dutch Ship in Recife, Brazil
Navire néerlandais à Recife, Brésil
Abraham Willaerts (Public Domain)

La conséquence de cette politique, bien qu'elle ait été imposée aux Portugais en raison de leur manque de puissance militaire, est qu'ils perdirent de plus en plus d'opportunité de commerce. La situation s'aggrava avec la baisse de la production d'or et le développement de plantations sucrières coloniales rivales dans les Caraïbes et en Amérique du Nord, réduisant considérablement les clients des produits portugais-brésiliens et faisant grimper le prix des esclaves. Pour tenter de remédier à la balance commerciale toujours décroissante de la couronne, des lois somptuaires furent adoptées empêchant les citoyens portugais-brésiliens d'acheter certains produits étrangers comme la verrerie, la porcelaine et les textiles.

Indépendance

Le Brésil commença à agir en tant que pays à part entière au XVIIIe siècle. Des recrues venues du Brésil, y compris des Amérindiens, furent envoyées pour aider le Portugal à garder le contrôle de ses colonies les plus problématiques telles que l'Angola portugaise. Ils apportèrent avec eux des aliments amérindiens qui furent alors également cultivés en Afrique. Il y avait également des échanges directs entre le Brésil et l'Afrique sans la participation directe de la Couronne portugaise.

De nombreux Brésiliens, inspirés par les événements de la guerre révolutionnaire américaine (1776-1783) et les contacts avec certains de ses dirigeants, commencèrent faire campagne pour l'indépendance. Pourtant, la colonie fut jugée suffisamment sûre pour la cour portugaise qui craignait pour sa propre sécurité après que la France ait envahi le Portugal en 1807, et qui se transféra au Brésil pendant les guerres napoléoniennes (1803-1815). Il s'avéra que cette décision allait accélérer le processus d'indépendance.

Les Brésiliens, désireux de se libérer des taxes et des devoirs imposés par le gouvernement portugais, et cherchant des droits égaux pour tous les citoyens, obtinrent l'indépendance en 1822, et firent curieusement de Pedro Ier (r. 1822-1831) leur roi et le premier empereur du Brésil. Pedro était le fils de João VI du Portugal (r. 1816-1826). Le Brésil était donc devenu une monarchie à part entière, bien qu'il ait manifestement eu des liens étroits avec la monarchie traditionnelle portugaise. Les Portugais restèrent impliqués dans la traite lucrative des esclaves avec le Brésil, bien qu'elle ait été officiellement décrétée illégale en 1836 par le gouvernement portugais. Le commerce se termina finalement en 1853 lorsque le gouvernement brésilien imposa sa propre interdiction d'entrée d'esclaves. Devenu république en 1891, le Brésil subit deux périodes de dictature entre 1930-45 et 1964-69, puis devint une république démocratique en 1985.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2021, juillet 08). Brésil portugais [Portuguese Brazil]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-19911/bresil-portugais/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Brésil portugais." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juillet 08, 2021. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-19911/bresil-portugais/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Brésil portugais." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 08 juil. 2021. Web. 24 avril 2024.

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