Dynastie Tang

Définition

Emily Mark
de , traduit par Jerome Couturier
publié le 28 février 2016
X
translations icon
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
Emperor Xuanzong (by Zhuwq, Public Domain)
Empereur Xuanzong
Zhuwq (Public Domain)

On qualifie souvent la Dynastie Tang (618-907 EC) de plus grande dynastie impériale de l'histoire chinoise ancienne. C'était un âge d'or de réformes et de progrès culturels, qui posèrent les fondations de politiques qui sont encore observées en Chine aujourd'hui. Le deuxième empereur, Taizong (règne 626-649) est considéré comme un dirigeant exemplaire, qui réforma le gouvernement, la structure sociale, l'armée, l'éducation et les pratiques religieuses.

Sous le successeur de Taizong, Gaozong (r. 649-683), le pays connut de nouvelles réformes lorsque son épouse, Wu Zetian (624-705) prit le contrôle du gouvernement. Wu Zetian est la seule femme souveraine de Chine, et même si elle est considérée comme une figure très controversée aujourd'hui, ses réformes ont posé les bases du succès ultérieur du grand empereur Xuanzong (r. 712-756). Sous le règne de Xuanzong, la Chine devint le pays le plus prospère du monde.

Supprimer la pub
Advertisement

La plupart des inventions et des progrès les plus impressionnants de l'histoire chinoise (poudre à canon, climatisation, cuisinières à gaz, impression, progrès de la médecine, de la science, de la technologie, de l'architecture et de la littérature) proviennent de la Dynastie Tang. Les empereurs Taizong, Wu Zetian et Xuanzong firent de la Dynastie Tang la grande période qu'elle fut, mais bien que la dynastie soit restée au pouvoir, l'âge d'or se termina avec le déclin de Xuanzong qui plongea le pays dans le chaos. Les Tang furent suivis par la Dynastie Sung (960-1234) qui ramena l'ordre en Chine.

La Montée de la Dynastie Tang

Après la chute de la Dynastie Han (202 AEC - 220 EC), le pays traversa une période de changements de pouvoir au cours de laquelle les dynasties Wei, Jin et Wu Hu (d'origine non chinoise, au nord, les 'Cinq Barbares') gouvernèrent successivement. Les Wu Hu furent remplacés par la Dynastie Sui (589-618), qui commença bien et fit de nombreuses avancées, mais comme tant de dynasties dans l'histoire de la Chine, termina mal avec sur le trône un tyran qui se souciait plus de lui-même et de son opulence que du bien du peuple.

Supprimer la pub
Advertisement

La dynastie Sui se caractérisa par la rationalisation de la bureaucratie et un intérêt croissant pour les arts. La légende de Mulan, la fille qui prend la place de son père dans l'armée et devient un héros de guerre, date de cette période. Cependant, plus les Sui devenaient confortables et puissants dans leur règne, et plus ils voulaient de puissance et de luxe.

Les deux derniers rois, Wen et Yang, mirent tous leurs efforts dans l'expansion militaire dans la péninsule coréenne et la construction d'immenses monuments pour honorer leurs noms. Yang hérita du gouvernement en faillite de son père mais poursuivit sa politique, et conduisit le pays à s'endetter de plus en plus. Il fut finalement assassiné par son chancelier et général, Yuwen Huaji. Li Yuan, duc de Tang, se révolta, prit le contrôle, et devint alors l'Empereur Gaozu (r. 618-626) et fonda la dynastie Tang.

Supprimer la pub
Advertisement
GAOZU CRÉA EN 624 LE CODE LÉGAL TANG, QUI DEVAIT ÊTRE UTILISÉ PAR LES FUTURES DYNASTIES, ET FUT MÊME COPIÉ PAR D'AUTRES PAYS COMME LE JAPON, LA CORÉE ET LE VIETNAM.

Gaozu & Taizong

Gaozu était un monarque efficace qui réforma les politiques qui avaient conduit à des abus sous la dynastie Sui. C'est Gaozu qui mit en œuvre les pratiques bureaucratiques encore en vigueur en Chine aujourd'hui. Malgré qu'il dirigeait bien le pays, son fils, Li Shimin, voyait la possibilité d'améliorations. Li Shimin s'était battu aux côtés de son père pour fonder la Dynastie Tang et estimait qu'il devrait jouer un rôle plus important dans l'élaboration de la politique. Il fut récompensé par le poste de duc de Qin (prenant le nom de Qin Wang), mais estima qu'il méritait plus.

Gaozu maintint son règne cependant, créant en 624 le Code légal Tang qui devait être utilisé par les futures dynasties, et qui fut même été copié par d'autres pays comme le Japon, la Corée et le Vietnam. Il réforma également l'aristocratie pour empêcher la surimposition des paysans, et redistribua les parcelles de terre.

Vers cette époque, il fit héritier son fils Li Jiancheng. Ce décret fut plus que ce que Li Shimin pouvait tolérer, il s'attendait en effet à être nommé après les efforts qu'il avait fournis pour réprimer les révoltes Sui. Li Shimin organisa alors un coup d'état et assassina ses frères, dont Li Jiancheng, puis a força Gaozu à abdiquer en sa faveur. Une fois empereur, il prit le nom de Taizong, fit exécuter ses adversaires (y compris son père, enfin), puis utilisa le culte des ancêtres à son avantage, déclarant que tous ceux qui avaient été tués étaient désormais ses conseillers célestes.

Supprimer la pub
Advertisement

Tang Dynasty Provinces c. 742 CE
Provinces de la dynastie Tang vers 742 de notre ère
Yug (CC BY-SA)

Taizong s'était montré être un général si efficace sous l'administration de son père que personne ne le défia une fois qu'il prit le contrôle. La foi en lui n'était pas mal placée, il s'avéra être un empereur encore plus efficace que son père. Taizong est régulièrement cité pour ses nombreuses réformes et sa politique de tolérance religieuse, qui permit à diverses religions telles que le Christianisme et le Bouddhisme de s'établir en Chine, à côté des pratiques indigènes du Confucianisme et du Taoïsme. Quoi que son père ait accompli, Taizong était meilleur et devint considéré comme le co-fondateur de la dynastie Tang, et un modèle de gouvernance juste et efficace.

Wu Zetian

Vers 638, Taizong choisit une belle jeune fille de 14 ans nommée Wu Zhao comme l'une de ses concubines. Elle était si adorable qu'elle attira l'attention de son fils. Wu Zhao commença une liaison avec le fils de Taizong, le prince Li Zhi, alors même qu'elle était encore l'une des concubines de Taizong. Quand Taizong mourut en 649, Wu Zhao se soumit à la coutume établie et se fit raser la tête avec les autres concubines de Taizong. Elle fut envoyée dans un temple pour vivre le reste de sa vie en tant que religieuse, mais Li Zhi, maintenant devenu l'Empereur Gaozong, la fit ramener à la cour par amour.

Wu Zhao devint première concubine de Gaozong, et son amour pour elle bouleversa sa femme, l'Impératrice Wang, et l'ancienne première concubine, Xiao. Pour se débarrasser d'elles et augmenter son pouvoir, Wu Zhao aurait assassiné sa propre enfant et accusé Wang du crime. Elle devint rapidement le pouvoir derrière le trône, et quand Gaozong mourut en 683, elle se déclara Impératrice Wu Zetian ('Souveraine du Ciel'), et changea le nom de la dynastie en Zhou pour montrer qu'une nouvelle ère commençait.

Supprimer la pub
Advertisement

Empress Wu Zetian
Impératrice Wu Zetian
Unknown (Public Domain)

Wu Zetian (r. 683 à 704) fut l'une des plus grandes souveraines de la Chine ancienne. Elle améliora l'éducation, la fiscalité, l'agriculture, et réforma le gouvernement et les excès de l'aristocratie chinoise. Elle fut critiquée par les historiens comme étant un tyran qui créa une force de police secrète, et commença une politique de rémunération des informateurs pour l'alerter sur d'éventuelles révoltes dans le pays. Ces dernières années, cependant, les historiens ont eu tendance à réviser ces assertions, et les politiques de l'Impératrice Wu Zetian sont maintenant considérées comme ayant stabilisé le pays.

Suivant le modèle des autres souverains en Chine, elle devint plus intéressée par son propre confort et son plaisir vers la fin de son règne, et fut forcée d'abdiquer en faveur de son fils Zhongzong. Elle mourut en 705.

L'Empereur Xuanzong

L'empereur Zhongzong fut empoisonné par sa femme, l'Impératrice Wei, afin que son fils puisse régner, mais Wei et son fils furent assassinés par la fille de Gaozong et de Wu Zetian, la princesse Taiping, qui mit son frère Ruizong sur le trône. Ruizong abdiqua après avoir vu une comète qu'il prit comme un signe qu'il n'était pas apte à régner (une interprétation suggérée par Taiping), et c'est son fils Xuanzong (r. 712-756) qui devint empereur. Taiping avait espéré qu'elle serait élevée par Xuanzong une fois qu'il serait arrivé au pouvoir, mais quand elle vit que cela n'arriverait pas, elle s'est pendue.

Vous aimez l'Histoire?

Abonnez-vous à notre newsletter hebdomadaire gratuite!

La Dynastie Tang commença son âge d'or sous le règne de Xuanzong. Sous Taizong et Wu Zetian, le Bouddhisme avait été élevé au rang de religion la plus populaire du pays, mais Xuanzong considérait que les enseignements bouddhistes manquaient de spiritualité, il promut donc le Taoïsme et décréta même qu'"une copie de l'enseignement du Tao devait être gardée dans chaque foyer" (Wintle, 148). Le Bouddhisme avait donné naissance à de nombreuses écoles de pensée, mais Xuanzong estimait que le Taoïsme était une croyance unificatrice qui devait favoriser une plus grande harmonie. Selon le chercheur Justin Wintle, ses réformes religieuses et politiques résultèrent en la tranquillité intérieure, ce qui encouragea la productivité et le commerce extérieur.

Xuanzong abolit la peine de mort, améliora l'économie grâce à la sécurité sur la Route de la Soie, le commerce maritime et les réformes financières. Il construisit des temples et des complexes administratifs, des routes et développa l'industrie. Il réorganisa aussi l'armée afin que les agriculteurs ne soient plus conscrits contre leur volonté, il constitua une armée professionnelle d'anciens combattants, qui étaient plus efficaces pour garder les frontières et récupérer les terres des tribus nomades.

Avancées Culturelles

Xuanzong était un homme cultivé, un poète, qui patronnait les arts et encourageait l'expression créative. Plus de 50 000 poèmes, pièces de théâtre, nouvelles et autres œuvres littéraires, ainsi qu'une encyclopédie, furent produits pendant la Dynastie Tang, principalement sous le règne de Xuanzong. L'impression sur bois, qui commença à grande échelle sous Taizong, fut améliorée, et plus de livres devinrent disponibles. Ceci conduisit à un plus haut niveau d'alphabétisation et à de meilleurs emplois pour les classes inférieures, leur permettant d'être désormais éligibles pour passer les examens de fonctionnaire pour les emplois gouvernementaux. Des bibliothèques publiques furent construites pour rassembler les livres imprimés et les calendriers purent être produits pour une large diffusion. Les progrès de la médecine, tels que la reconnaissance des symptômes d'une maladie et la façon de la traiter, étaient désormais disponibles en dehors de la profession médicale par le biais de livres qui suggéraient également des habitudes préventives et promouvaient la diététique comme contribuant à la bonne santé.

Chinese woodblock print
Gravure sur bois chinoise
The Trustees of the British Museum (Copyright)

Les progrès technologiques conduisirent à la création d'horloges, et le premier mécanisme d'horloge au monde fut inventé par l'ingénieur Yi Xing en 725. L'expertise mécanique aboutit aussi à la création d'automates, personnages motorisés qui se mouvaient tout seuls. Même si des marionnettes motorisées existaient en Chine depuis la dynastie Qin (221-206 AEC), les automates de la dynastie Tang étaient plus complexes, basés sur des dessins de Héron d'Alexandrie (vers 10-70 EC) qui était célèbre pour ses inventions en Egypte. Un exemple d'automates Tang était un moine motorisé qui collectait des dons, et un autre était un verseur de vin automatique en forme de montagne qui utilisait une pompe hydraulique.

La dynastie Tang inventa également la poudre à canon, l'étanchéisation, l'ignifugation, les cuisinières à gaz et la climatisation. Ils développèrent des machines agricoles pour accélérer les processus de plantation, d'irrigation et de récolte des cultures. Les pauvres, qui portaient principalement des peaux d'animaux, pouvaient désormais se permettre le linge que portait la classe moyenne, même si les tissus que les pauvres pouvaient acheter étaient plus grossiers. La qualité de vie de la population chinoise s’améliora radicalement, et le développement du commerce apporta de nouvelles idées, inventions et des produits en plus grand nombre que jamais. La Dynastie Tang était à son apogée lorsque Xuanzong commença son déclin personnel, ce qui conduisit à la chute de toute la dynastie et plongea le pays dans le chaos.

La Révolte d'An Lushan

Le règne de Xuanzong fut aussi réussi parce qu'il comprenait comment un pouvoir équilibré favorisait l'équité et la justice, ce qui améliorait la vie de chacun. L'une des réformes gouvernementales les plus importantes de Wu Zetian que Xuanzong conserva, fut de placer les gens à des postes élevés sur la base du mérite plutôt que sur celle des liens familiaux. Les enseignants furent embauchés parce qu'ils connaissaient leur matière, non parce qu'ils étaient le cousin d'un autre fonctionnaire, les administrateurs agricoles furent promus à leur poste pour la même raison, et ainsi de suite pour d'autres nominations. Cette politique commença à changer lorsque Xuanzong devint fatigué de la vie publique, vers 734, et commença à dépendre davantage des conseils de son épouse, Wu Huifei, qui lui suggéra d'élever un ami proche de sa famille, Li Linfu, à une position plus importante afin qu'il assume une partie du fardeau du pouvoir. Li Linfu fut nommé chancelier et cette seule décision de la part de Xuanzong devait faire plus que toute autre pour détruire la dynastie Tang. Li Linfu était un homme corrompu et avide de pouvoir qui ne se souciait que de monter. Jouant le rôle de serviteur dévoué de l'empereur, il tenta de s'emparer du pouvoir pour lui-même et de déposer Xuanzong.

L'empereur ne se doutait de rien et plaçait une grande confiance en Li Linfu. En 737, Wu Huifei mourut et Xuanzong se retira davantage dans ses plaisirs personnels, laissant les affaires du gouvernement à Li Linfu. Xuanzong fit amener plus de quatre mille des plus belles femmes au palais pour son plaisir et les y garda emprisonnées pour le divertir. Toutes ces femmes n'étaient rien cependant, une fois qu'il vit celle qui devait être son véritable amour et qui devait aider à hâter le déclin de la dynastie Tang autant que n'importe quel plan que Li-Linfu aurait pu concevoir.

Glazed Tang Dynasty Camel
Chameau glacé de la dynastie Tang
James Blake Wiener (CC BY-NC-SA)

En 741, Xuanzong tomba amoureux d'une femme nommée Yang Guifei, qui était mariée à l'un de ses fils. Yang quitta son mari et emménagea dans le palais impérial avec Xuanzong. Il négligeait encore plus ses devoirs d'empereur pour cette histoire d'amour et acceptait tout ce que Yang Guifei lui demandait. Elle commença par de petites demandes, qu'il a accepta, puis celles-ci se transformèrent en demandes plus importantes jusqu'à ce qu'elle lui permette de promouvoir des membres de sa famille à des postes importants, même si ces personnes étaient incompétentes pour le poste. Toutes les réformes importantes et les progrès réalisés par Xuanzong commencèrent à s'effriter alors que les membres de la famille de Yang abusaient de leurs positions et négligeaient leurs devoirs. Pendant tout ce temps, Li Linfu menait ses propres politiques et faisait la promotion des membres de la famille Yang, quelles que soient les positions confortables pour lesquelles ils pouvaient le payer.

La politique consistant à utiliser des étrangers dans l'armée (issue des réformes militaires de Xuanzong) conduisit à la promotion de certains de ces hommes à des postes de commandement très élevés, et Li Linfu en profita pour y placer des hommes choisis par lui. Si certains de ces hommes étaient des commandants qualifiés, nombre d’entre eux ne l’étaient pas et devaient leur poste à Li Linfu. Lorsqu'il mourut en 753, il avait déjà condamné la dynastie qu'il avait prétendu servir. Les commandants non qualifiés de l'armée et les bureaucrates incompétents du gouvernement ne pensaient qu'à leur propre pouvoir et richesse, et le peuple en souffrait.

Un général mi-sogdien/mi-turc nommé An Lushan voyait les abus de la famille Yang Guifei comme un signe que Xuanzong n'était plus apte à régner. An Lushan commandait les meilleures troupes de l'armée chinoise et estimait qu'il avait le devoir d'agir et de conduire ces hommes à rétablir un gouvernement convenable. Il monta donc une révolte contre la maison au pouvoir en 755, menant son armée de plus de 180 000 personnes contre la capitale. Il renversa Xuanzong et se déclara empereur. Il fut défié par les forces Tang et sa rébellion écrasée, mais il avait commencé quelque chose qui ne pouvait pas être arrêté. Entre 755 et 763, le pays fut déchiré par des guerres au cours desquelles près de 36 millions de personnes moururent.

Xuanzong fuit la capitale en 755 avec Yang Guifei et sa famille. Les hommes de l'escorte militaire qui les accompagnaient accusèrent Yang pour les troubles et assassinèrent sa famille en cours de route. Xuanzong réalisa qu'il s'était laissé séduire loin de ses devoirs, et permit la strangulation de Yang. L'histoire d'amour de Xuanzong et Yang Guifei fut ensuite romancée par le poète Bai Juyi en 806 dans son œuvre célèbre, le Chant des regrets éternels, poème qui demeure populaire de nos jours. Après la mort de Yang, Xuanzong abdiqua en faveur de son fils Li Heng, qui devint l'Empereur Suzong (r. 756-762). Suzong combattit les forces rebelles mais ne put les vaincre complètement.

Lui et son père devinrent de plus en plus déprimés et frustrés devant l'échec des stratégies, Xuanzong mourut de maladie en 762, et Suzong, de la même maladie moins de deux semaines plus tard. Son fils, Li Yu, lui succéda, devenant l'Empereur Daizong (r. 762-779). Daizong écrasa la Révolte d'An Lushan en 763, mais le pays était en ruines et le respect traditionnel accordé à l'empereur et à la maison royale fut compromis. Des seigneurs de guerre indépendants dirigeaient maintenant différentes parties de la Chine, et Daizong ne fut pas en mesure de commander avec le niveau d'autorité que Xuanzong avait au début de son règne.

La Dernière Dynastie Tang

En 780, Daizong fut remplacé par son fils, Dezong (r. 780-805), qui ne put rien faire pour contrôler le pouvoir croissant des seigneurs de guerre des régions. Il plaça les eunuques du palais aux commandes de son armée, espérant qu'ils auraient plus de succès, mais tout ce qu'ils finirent par faire fut de saper l'autorité de l'empereur en affirmant leur propre puissance militaire. À Dezong succéda son fils malade Shunzong en 805, qui abdiqua rapidement en faveur de son propre fils Xianzong (r. 806-820).

L'Empereur Xianzong fait partie des très rares bons empereurs de la fin de la dynastie Tang. Il élimina le contrôle de l'armée par les eunuques et le prit en main personnellement. Il mena ensuite ses forces contre les seigneurs de la guerre et parvint à les maîtriser, stabilisant ainsi le pays. Il rétablit ensuite le système de mérite des nominations impériales que Wu Zetian avait initié et qui avait été un aspect si important du règne réussi de Xuanzong. La Chine commença à regagner lentement un certain niveau de la prospérité qu'elle avait connue au début du règne de Xuanzong, alors qu'il rétablissait le respect de l'autorité du trône. En 813, des révoltes commencèrent à éclater, probablement initiées par d'anciens seigneurs de guerre ou leurs proches, et Xianzong mena de nouveau personnellement son armée au combat mais fut vaincu. Il se regroupa et remporta une victoire sur l'insurgé Li Shidao en 817, rétablissant l'ordre dans le pays. Peu de temps après, le lettré confucéen Han Yu déclara que ces révoltes et le déclin de la dynastie étaient dus au Bouddhisme, qui sapait les valeurs traditionnelles chinoises en détournant l'attention des traditions importantes. La critique de Han Yu devint largement connue et créa une réaction contre les bouddhistes et les pratiques bouddhistes.

Xianzong ne fit rien contre les persécutions des bouddhistes parce vers 819, il était devenu obsédé par l'idée de sa propre mort, prenant de grandes quantités d'élixirs promettant une longue vie, voire même l'immortalité. Ces potions le rendaient irritable et erratique, et il fut assassiné par l'un de ses eunuques en 820. Xianzong fut remplacé par son fils Muzong (r. 821-824) qui passait son temps à jouer au polo et à boire, jusqu'à ce qu'il soit tué par accident lors d'un match de polo. Son fils Jinzong (r. 824-826) lui succéda, lequel ne faisait que perdre ses journées à boire avec ses concubines jusqu'à ce qu'il soit assassiné par ses eunuques et remplacé par son frère Wenzong (r. 826-840). Wenzong prit ses responsabilités au sérieux mais il était indécis et facilement influencé par les avis des différents conseillers. Il est considéré comme un bon empereur pour ses efforts visant à stabiliser le pays et à poursuivre la politique de Xianzong.

Tang Dynasty Horse
Cheval de la dynastie Tang
James Blake Wiener (CC BY-NC-SA)

Quand il mourut en 840, il fut remplacé par son frère Wuzong (r. 840-846), âgé de 16 ans, qui prit au sérieux la critique du Bouddhisme de Han Yu et commença une persécution par le gouvernement de toutes religions autres que le Taoïsme. Il reprit l'affirmation de Han Yu selon laquelle les monastères et les temples bouddhistes n'étaient que des façades pour les chefs rebelles, et il les ferma. Entre 842 et 845, des religieuses et des prêtres bouddhistes furent assassinés ou forcés de quitter leurs monastères. Des statues bouddhistes furent détruites et beaucoup furent fondues pour en créer de nouvelles honorant l'empereur. À côté du Bouddhisme, toutes les autres religions non chinoises souffrirent également. Le Manichéisme, le Zoroastrisme, le Judaïsme et le Christianisme nestorien (qui avait été bien accueilli par le deuxième empereur Taizong) souffrirent tous de persécutions par la destruction de leurs biens et des poursuites judiciaires. Wuzong mourut en 846 après s'être empoisonné avec un élixir d'immortalité et fut remplacé par Li Chen, 13ème fils de Xianzong, qui prit le nom de Xuanzong (r. 846-859) pour s'associer à l'âge d'or de la Dynastie Tang.

Xuanzong II mit fin aux persécutions religieuses des années précédentes, mais ne permit que la réouverture des temples et monastères bouddhistes. Les églises, les synagogues et les temples du Manichéisme et du Zoroastrisme restèrent fermés et ces croyances proscrites. Xuanzong II modela son règne sur le grand Taizong si étroitement qu'après sa mort il fut appelé 'Petit Taizong'. Il relança les politiques du début de la dynastie Tang et initia des réformes dans le gouvernement et l'armée. Le patrimoine culturel chinois devint un élément central de son règne alors qu'il tentait de ramener la gloire des premières années des Tang. En 859 EC cependant, Xuanzong II se suicida accidentellement après avoir bu un élixir et fut remplacé par son fils Yizong (r. 859-873), qui ne ressemblait en rien à son père et accélérera le déclin de la dynastie.

Déclin et Chute des Tang

Comme on peut le voir, la Dynastie Tang continua à s'accrocher au pouvoir après 763, mais ne retrouva plus jamais son ancien niveau d'excellence, sauf chez des empereurs individuels tels que Xianzong et Xuanzong II. Même si Taizong, Wu Zetian et le premier Xuanzong avaient créé des politiques que n'importe quel souverain pouvait mener, leurs règnes furent couronnés de succès en raison de leurs personnalités individuelles, et de la manière dont ils mirent en œuvre les politiques et les réformes qu'ils firent. Justin Wintle écrit: "Rétrospectivement, les Tang accordaient une trop grande confiance à leurs talents de souverains impériaux" (139). Dans le cas de ces trois empereurs, leurs talents individuels ne pouvaient pas être transférés à un successeur. Après la mort du premier Xuanzong, la dynastie déclina régulièrement et s'effondra. Xuanzong, comme de nombreux dirigeants avant et après lui, perdit de vue ses responsabilités envers le peuple et se livra à ses propres plaisirs à ses dépens. La Révolte d'An Lushan illustra à quel point il avait complètement perdu le contact avec ses sujets, la révolte n'avait été possible que parce que le gouvernement avait perdu le respect et le contrôle de ses sujets. L'historien Harold M. Tanner commente à ce jujet:

" La dynastie Tang est fameuse pour son expansion territoriale, ses grandes villes et palais, son commerce extérieur florissant, son art, sa littérature et sa vie religieuse, et pour la vie luxueuse de ses aristocrates. Ce pouvoir et cette gloire n'ont été possibles que parce que le gouvernement impérial contrôlait la production céréalière, le travail et les armées. Lorsque l'état Tang perdit le contrôle de ces choses, son pouvoir diminua et il fut moins capable de faire face aux crises internes et externes (172).

Le coup final vint avec la Révolte de Huang Chao (874-884), dirigée par un ancien fonctionnaire du gouvernement. Huang Chao était un trafiquant de sel qui passa à plusieurs reprises les examens du gouvernement pour devenir fonctionnaire et échoua. Frustré par son incapacité à avancer, ainsi que par l'état du pays sous l'Empereur Yizong, il rejoignit les forces rebelles de Wang Xianzhi. Yizong était un très mauvais souverain taoïste qui plaçait ses propres plaisirs au-dessus de ses devoirs envers le peuple, et passait plus de temps à boire avec ses concubines qu'à s'occuper des affaires de l'état. Il y eut une famine généralisée en Chine en raison de la sécheresse et le gouvernement ne faisait rien pour aider à nourrir sa population, tandis que Yizong et la cour impériale continuaient à profiter des meilleures nourritures et boissons. Quand Yizong mourut en 873, son fils Xizong (873-888) prit le trône et continua sa politique de gratifications personnelles aux dépens du peuple. Huang Chao s'était alors élevé dans les rangs des forces rebelles et mena ses troupes au combat contre les forces Tang. Cette révolte coûta la vie à plus de 100 000 personnes et détruisit la capitale Chang'an.

Les empereurs de la dynastie Tang qui suivirent la Révolte Huang Chao étaient inefficaces et la dynastie prit fin en 907. L'Empereur Zhaozong (r. 888-904 EC) était bien intentionné et faisait de son mieux mais ne pouvait pas inverser le déclin de la dynastie, qui progressait régulièrement depuis la Révolte d'An Lushan. En 904, le puissant seigneur de guerre Zhu Quanzhong (aussi Zhu Wen, 907-912) fit assassiner Zhaozong et plaça le fils de onze ans de Zhaozong, Aidi, sur le trône impérial en tant que dirigeant fantoche. Aidi fut le dernier des empereurs Tang et tint le trône de 904 à 907, lorsque Zhu Wen le fit assassiner à l'âge de 15 ans. La Période des Cinq Dynasties et Dix Royaumes a suivi (907-960) où les familles et associés des seigneurs de guerre qui avaient revendiqué des territoires après la Révolte d'An Lushan renforcèrent leur contrôle. La Chine resta divisée entre ces royaumes jusqu'à la montée de la dynastie Sung (960-1234) qui unifia le pays sous domination centrale à nouveau.

Supprimer la pub
Publicité

Bibliographie

World History Encyclopedia est un associé d'Amazon et perçoit une commission sur les achats de livres sélectionnés.

Traducteur

Jerome Couturier
Je suis médecin, spécialisé en Génétique. J'aime l'Histoire et l'Antiquité depuis mon plus jeune âge. J'ai toujours eu un interêt pour la recherche dans divers domaines scientifiques, dont l'archéologie.

Auteur

Emily Mark
Emily Mark a étudié l'histoire et la philosophie à l'Université de Tianjin, Chine, et l'anglais à SUNY New Paltz, NY. Elle a publié des essais historiques et de la poésie. Ses premiers récits de voyage ont été publiés dans le magazine Timeless Travels.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, E. (2016, février 28). Dynastie Tang [Tang Dynasty]. (J. Couturier, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13980/dynastie-tang/

Style Chicago

Mark, Emily. "Dynastie Tang." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. modifié le février 28, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-13980/dynastie-tang/.

Style MLA

Mark, Emily. "Dynastie Tang." Traduit par Jerome Couturier. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 28 févr. 2016. Web. 24 avril 2024.

Adhésion