Pertinax

Définition

Donald L. Wasson
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 19 septembre 2013
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Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
Pertinax Sestertius (by Classical Numismatic Group, CC BY-SA)
Pertinax
Classical Numismatic Group (CC BY-SA)

Pertinax fut empereur romain pendant trois mois en 193 de notre ère et, en tant que successeur de Commode, on espérait qu'il redonnerait à la fonction d'empereur la sobriété dont elle avait tant besoin. Cependant, l'ancien professeur, tout en remettant de l'ordre dans les affaires de l'État, se lança également dans une série de réductions des dépenses publiques, ce qui conduisit à son impopularité générale et à sa chute aux mains de la garde prétorienne.

Après l'assassinat de l'empereur romain Commode le 31 décembre 192 de notre ère, le trône de l'empire fut laissé vacant. Comme par le passé, notamment lors de la mort de l'empereur Caligula, le choix du successeur revint à la garde prétorienne. En l'absence de candidats familiaux, le choix se porta sur un ancien professeur et commandant militaire, Publius Helvius Pertinax. Malheureusement, son manque d'habileté à apaiser ceux qui l'entouraient (le Sénat, la Garde et les citoyens) causerait sa perte. Après seulement quatre-vingt-sept jours sur le trône impérial, il mourut. Dans son Histoire romaine, Dion Cassius écrit: "Pertinax était un homme excellent et droit, mais il ne régna que très peu de temps et fut ensuite éliminé par les soldats".

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Jeunesse

Pertinax vit le jour le 1er août 126 de notre ère à Alba Pompeia, en Ligurie, d'un esclave affranchi, Helvius Successus; le nom de sa mère est inconnu. Son père passa de l'esclavage à la richesse dans le commerce de la laine, ce qui permit à son fils de recevoir une éducation classique qui, à son tour, permit à Pertinax de mener une vie tranquille et sans histoire en tant que professeur de grammaire. Cependant, en 161 de notre ère, à l'âge de trente-cinq ans, il se lassa de la faible rémunération et quitta l'enseignement pour entrer dans l'armée.

Bien qu'il ait fini par donner à la garde prétorienne les primes qu'il avait promises, il ne réussit jamais à gagner sa loyauté.

Bien qu'il n'ait eu aucune expérience militaire, son éducation et l'argent de sa famille lui permirent de devenir le commandant d'une petite légion de soldats gaulois en Syrie. Ses qualités de meneur d'hommes ne passèrent pas inaperçues et il devint rapidement tribun à York. Plus tard, il combattit aux côtés du futur empereur Marc Aurèle sur la frontière danubienne. Malgré quelques frictions au début, ses liens étroits avec Marc Aurèle lui permirent de devenir sénateur, consul en 175 de notre ère, gouverneur de Dacie puis de Syrie en 181 de notre ère et préfet de Rome en 189 de notre ère.

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Assassinat de Commode

L'assassinat de l'empereur Commode sema la panique et fit couler le sang dans la ville. Après la levée du corps de l'empereur (qui serait plus tard enterré dans le mausolée d'Hadrien), Laetus, commandant de la garde prétorienne et l'un des conspirateurs de la mort de Commode, et Electus, chambellan de Commode, se rendirent chez Pertinax et lui offrirent le trône. Conscient qu'il devait s'assurer du soutien de la garde, Pertinax se rendit au camp de la garde prétorienne où il garantit à chaque soldat une prime de 12 000 sesterces. De là, Pertinax se rendit au Sénat au milieu de la nuit. C'est là que Commode, alors décédé, avait été condamné et que Pertinax fut proclamé empereur - mais cette acceptation allait bientôt se transformer en consternation et en écœurement.

Pertinax
Pertinax
Egisto Sani (CC BY-NC-SA)

Les excès de Commode avaient pris fin car les finances de l'empire étaient désormais en ruine. Dion Cassius écrit: "... il (Pertinax) a immédiatement mis de l'ordre dans tout ce qui était auparavant irrégulier et confus; car il a fait preuve non seulement d'humanité et d'intégrité dans l'administration impériale, mais aussi de la gestion la plus économique et de la considération la plus attentive pour le bien-être public". Tout d'abord, il réduisit les extravagances qui avaient été accordées à la Garde par Commode. Bien qu'il soit finalement parvenu à donner à la Garde les primes qu'il avait promises, il ne réussit jamais à gagner sa loyauté. Même les gouverneurs de province ne soutenaient pas leur nouvel empereur; la folie de Commode leur avait appris à se méfier de celui qui s'asseyait sur le trône.

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Pertinax, empereur

Pour rétablir les finances de l'empire et payer les primes des gardes, Pertinax vendit tout ce qu'il put et vida les coffres. Il accusa même un fonctionnaire du palais de détournement de fonds. Dion Cassius écrit qu'il "a levé de l'argent du mieux qu'il a pu sur les statues, les armes, les chevaux, les meubles et les favoris de Commode, et a donné aux prétoriens tout ce qu'il avait promis ...." Si le public était initialement satisfait (du moins jusqu'à ce qu'il ne réduise le nombre de jeux de gladiateurs), ce n'était pas le cas de la garde et des fonctionnaires du palais. Pertinax et son règne étaient en danger. Il avait tout simplement essayé trop de choses, trop tôt.

Alors que l'empereur se trouvait à Ostie pour inspecter une cargaison de céréales, un complot d'assassinat mené par un membre de la garde prétorienne, Quintas Sosius Falco, fut découvert. Falco fut gracié - il devint évident qu'il avait été piégé - mais plusieurs autres personnes impliquées furent exécutées. Chaque jour qui passait, la garde prétorienne était de plus en plus mécontente de Pertinax. Le 28 mars 193, trois cents gardes prirent d'assaut les portes du palais sans grande résistance. Bien que son chambellan Electus lui ait dit de partir, Pertinax choisit de rester et d'affronter la garde. Bien qu'il ait tenté de les raisonner, ses paroles restèrent lettre morte: Electus et lui furent poignardés à mort. Au moment où l'un des gardes plongea son épée dans Pertinax, il lui aurait dit : "Les soldats t'ont envoyé cette épée".

En conclusion, le passage de l'empereur sur le trône fut un désastre, car il fut trop dur et trop autoritaire. Comme beaucoup d'autres avant lui, sa tête fut coupée, placée sur un poteau et promenée dans les rues de Rome. Sans successeur apparent, le trône était à nouveau vacant. Pertinax serait le premier de ce que l'on appellerait l'année des cinq empereurs. L'empire fut plongé dans une guerre civile et il faudrait attendre quatre ans avant que la poussière ne soit dissipée.

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Bibliographie

  • Cassius Dio. Roman History.
  • Kerrigan, M. ADark History: The Roman Emperors. Metro Books, 2008
  • Potter, D. The Emperors of Rome. Metro Books, 2007
  • Scarre, C. Chronicles of the Roman Emperors. Thames and Hudson, 1998

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Donald L. Wasson
Donald a enseigné l’histoire antique et médiévale ainsi que l’histoire des États-Unis à Lincoln College (Illinois). Éternel étudiant d’histoire depuis qu’il a découvert Alexandre le Grand, il met toute son énergie à transmettre son savoir à ses étudiants.

Citer cette ressource

Style APA

Wasson, D. L. (2013, septembre 19). Pertinax [Pertinax]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10440/pertinax/

Style Chicago

Wasson, Donald L.. "Pertinax." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le septembre 19, 2013. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10440/pertinax/.

Style MLA

Wasson, Donald L.. "Pertinax." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 19 sept. 2013. Web. 27 avril 2024.

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