Bataille de Wattignies

Article

Harrison W. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 11 janvier 2023
Disponible dans ces autres langues: anglais
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La bataille de Wattignies fut une bataille importante de la guerre de la Première Coalition, qui fait partie des grandes guerres révolutionnaires françaises (1792-1802). Elle se déroula les 15 et 16 octobre 1793 entre une armée hétéroclite de la Première République française et une armée professionnelle de la Coalition. Victoire française, la bataille empêcha l'empiètement de la Coalition sur le sol français.

Battle of Wattignies, 15-16 October 1793
Bataille de Wattignies, 15-16 octobre 1793
Unknown (Public Domain)

La bataille fut le point culminant d'une trilogie de victoires françaises pendant la campagne des Flandres de 1792-1795, au cours de laquelle les Français battirent les armées de la Coalition au coup par coup: les Britanniques les 6-8 septembre à la bataille d'Hondschoote et les Hollandais à la bataille de Menin le 13 septembre. Wattignies, qui se déroula contre une force essentiellement autrichienne, consolida les victoires remportées lors des batailles précédentes, affaiblissant la présence de la Coalition en Flandre et assurant la survie de la Révolution française (1789-1799) pour une année supplémentaire.

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Contexte

La Première Coalition était une alliance des grandes puissances européennes, unies contre la Révolution française. Perturbés par le procès et l'exécution de Louis XVI et par la promesse des révolutionnaires d'étendre leur révolution aux quatre coins de l'Europe, les dirigeants des anciens régimes européens avaient rassemblé une armée multinationale pour tuer la jeune République française dans son berceau. Commandée par le noble autrichien Prince Frédéric Josias de Saxe-Cobourg-Saalfeld, cette armée comptait plus de 100 000 hommes à son apogée, composés de soldats d'Autriche, de Prusse, de Grande-Bretagne, du Hanovre, de Hesse-Cassel et de la République néerlandaise. Balayant les Français de Belgique en mars 1793, cette immense armée assiégea les fortifications françaises près de la frontière franco-belge, prenant Condé-sur-l'Escaut et Valenciennes en juillet. Avec l'Armée française du Nord toujours en déroute après une deuxième défaite à la bataille de Raismes, il semblait à la plupart des observateurs que la Coalition était à portée de main de la victoire.

Les politiques du Comité eurent pour effet de gonfler les armées françaises de conscrits indisciplinés et non entraînés.

Pourtant, en août 1793, la puissante armée alliée se divisa en deux. Après la chute de Valenciennes aux mains de la Coalition, les contingents britanniques reçurent des ordres du gouvernement du Premier ministre William Pitt le Jeune, leur ordonnant de s'emparer en toute hâte de la ville portuaire de Dunkerque. Malgré les protestations de Cobourg lui-même, le prince Frédéric, duc d'York et d'Albany, commandant de l'armée britannique, détacha consciencieusement ses 35 000 hommes de l'armée principale et marche vers l'ouest jusqu'à Dunkerque. Cobourg, déterminé à finir de capturer les fortifications de la frontière française, fit tourner ses 45 000 Autrichiens dans la direction opposée, assiégeant Le Quesnoy, tandis que des détachements de soldats néerlandais maintenaient une mince ligne de communication entre les armées britannique et autrichienne. De nombreux historiens militaires considèrent cette manœuvre comme une énorme bévue qui a peut être coûté la victoire à la Coalition.

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Pendant ce temps, la France était occupée à se réorganiser. Alors que la Coalition se préoccupait des fortifications frontalières, le Comité de salut public, le gouvernement exécutif de facto de la France, donnait la priorité à la défense de la République. Mettant en œuvre le règne de la Terreur pour découvrir les ennemis contre-révolutionnaires et les espions étrangers, le Comité purgeait les armées des officiers soupçonnés de déloyauté. Des dizaines de généraux et d'officiers furent emmenés à Paris où ils furent arrêtés, jugés et, dans certains cas, exécutés. Pendant ce temps, le Comité appliquait une politique de conscription massive, la levée en masse, qui permit à la France d'aligner 14 armées et 800 000 soldats à la fin de l'année. En septembre, ces politiques eurent pour effet de gonfler les armées françaises de conscrits indisciplinés, non entraînés et commandés par des officiers peu enclins à agir contre les ordres des représentants en mission, de peur de se retrouver sans tête. L'efficacité de ces réformes restait à voir.

Batailles de Hondschoote et de Menin

Lorsque l'armée de la Coalition se divisa, les Français ne perdirent pas cette occasion. Le commandant de l'armée française du Nord, le comte de Custine, avait récemment été guillotiné pour son inaction, ce qui signifiait que le premier ordre du jour était de nommer un successeur. Le poste fut occupé par l'infortuné général Jean-Nicolas Houchard, qui reçut immédiatement l'ordre de lever le siège de Dunkerque et de "précipiter les Anglais dans la mer" (Palmer, 94). Houchard était poussé par les représentants jacobins de Paris qui, bien qu'étant des civils, exerçaient une autorité totale sur les généraux, et qui lui ordonnèrent d'attaquer immédiatement l'armée d'York. La bataille d'Hondschoote qui s'ensuivit, les 6 et 8 septembre, fut désordonnée et chaotique, mais se solda par une victoire bien nécessaire pour les Français. Pris au dépourvu, York fut contraint d'abandonner le siège et de se retirer à Furnes.

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Battle of Hondschoote
Bataille de Hondschoote
Boussod & Valadon (Public Domain)

Après sa victoire, Houchard ignora les ordres des représentants de la mission de poursuivre et de détruire l'armée d'York. Au lieu de cela, il se tourna vers Menin, où une armée hollandaise de 13 000 hommes avait été laissée à découvert par la retraite d'York. La bataille de Menin, qui eut lieu le 13 septembre, fut une nouvelle victoire française et une humiliation pour la Coalition. Les pertes néerlandaises comprenaient 5 généraux (dont le prince Frederik d'Orange-Nassau, fils du stadtholder néerlandais, qui fut blessé), 88 officiers, 3 000 hommes et 40 canons ; les pertes françaises furent relativement légères.

Les restes de l'armée hollandaise s'enfuient vers Courtrai, laissant Menin aux Français ; ces derniers contrôlaient désormais la route entre les Britanniques à Furnes et les Autrichiens au Quesnoy. Le duc d'York, frustré, blâma ses alliés hollandais pour ce revers, ignorant son propre rôle dans la défaite ; dans une lettre à son père, le roi George III, York écrivit : "Nos bons amis les Hollandais se sont encore comportés avec leur lâcheté habituelle" (Brown, 113). Un tel sentiment illustre la méfiance mutuelle entre les nations de la Coalition qui entravait leur unité.

Jourdan prend le commandement

Houchard conduisit son armée française victorieuse à Courtrai, espérant réoccuper la ville des mains de la Coalition. Lorsqu'il arriva, il découvrit qu'elle était bien défendue par une force autrichienne retranchée. Les Français furent repoussés, et découvrirent que Menin avait été repris par York en leur absence. Plutôt que d'engager les Britanniques, Houchard se retira à Lille pour se regrouper. Il y fut arrêté à la fin du mois de septembre ; malgré les récents succès de Houchard, le Comité de sécurité publique était frustré par son incapacité à donner suite à ses victoires. Comme son prédécesseur Custine, Houchard fut emmené à Paris où il fut accusé de lâcheté et de trahison et finalement guillotiné le 15 novembre.

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Le commandement de la très importante armée du Nord fut alors proposé au général Jean-Baptiste Jourdan (1762-1833), âgé de 31 ans, qui se remettait d'une blessure subie à Hondschoote. Le Comité choisit Jourdan parce que c'était un roturier qui devait sa carrière entièrement à la République, n'ayant été que simple soldat avant la Révolution. Jourdan était naturellement inquiet de prendre le commandement d'une armée qui comptait plus de 100 000 hommes. Il arriva au camp de l'armée à Gavrelle le 25 septembre, où il tenta de refuser le commandement en invoquant son manque d'expérience. Les représentants des Jacobins attachés à l'armée prévinrent Jourdan qu'un tel refus pourrait entraîner son arrestation, car un récent décret ordonnait l'arrestation de tout citoyen qui refusait un emploi qui lui était attribué. À contrecœur, Jourdan accepta le commandement.

Jean-Baptiste Jourdan
Jean-Baptiste Jourdan
Julie Volpelière & Horace Vernet (Public Domain)

L'armée dont il hérita était dans un état de délabrement confus. Une grande partie des hommes de Houchard avait été arrêté avec lui, laissant Jourdan avec un désordre bureaucratique. L'armée était si désorganisée que l'on ne savait plus quels généraux dirigeaient quelles divisions, certaines unités étant privées de la plupart de leurs officiers par les récentes arrestations. En raison de l'afflux de conscrits, Jourdan devait également composer avec des milliers d'hommes non formés et indisciplinés, dont la plupart ne disposaient pas de vêtements, d'armes et de chaussures adéquats ; environ trois quarts des soldats de Jourdan étaient pieds nus. L'armée manquait également de chevaux pour transporter l'artillerie, et les acheteurs des armées devaient rivaliser avec la Commune de Paris pour obtenir les denrées alimentaires limitées.

Jourdan n'eut d'autre choix que d'écrire à Paris pour demander de l'aide. Début octobre, le ministre de la guerre Lazare Carnot (1753-1823) arriva et constata par lui-même que Jourdan n'avait pas exagéré. Grâce à son influence, Carnot fut en mesure de se procurer des fusils, des chevaux, de la nourriture et 8 000 paires de chaussures à Paris et dans les villes environnantes. Si Jourdan fut sans aucun doute reconnaissant de l'aide de Carnot, il est possible qu'il ait été moralement abattu lorsqu'il devint évident que Carnot n'avait pas l'intention de retourner à Paris. Au lieu de cela, Carnot insista pour que Jourdan marche pour vaincre les Autrichiens qui avaient commencé le siège de Maubeuge. Conscient des destins de ses prédécesseurs, Jourdan n'osa pas refuser.

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Le siège de Maubeuge

Le 13 septembre, Le Quesnoy tomba aux mains des Autrichiens. Le prince de Cobourg assiégea alors Maubeuge, une autre ville fortifiée située à 11 miles au sud de Mons. La République française ne pouvait pas laisser tomber Maubeuge; si elle le faisait, Cobourg contrôlerait quatre fortifications françaises, ce qui lui donnerait une base d'opérations sur le sol français d'où il pourrait lancer des attaques plus loin dans l'intérieur. Cobourg assiégea la ville avec 26 000 hommes, dont 10 000 Autrichiens et 16 000 Hollandais commandés par le stadtholder en personne, Guillaume V, prince d'Orange. La force de couverture, commandée par le comte Clerfayt, était composée de 37 000 hommes. Elle était postée au sud de Maubeuge, allant de Wattignies à l'extrême gauche à Monceau-Saint-Waast à droite, une ligne d'environ 8 miles (13 km) de long.

Prince Frederick Josias of Saxe-Coburg-Saalfeld
Frédéric-Josias de Saxe-Cobourg-Saalfeld
William Essex (Public Domain)

Désireux de rejoindre toutes les forces de la Coalition, Cobourg écrivit à York et l'exhorta à rejoindre le siège de Maubeuge en toute hâte. York fit de son mieux pour s'exécuter, mais son armée était ravagée par la maladie et n'arriverait pas à temps pour la bataille à venir. Pendant ce temps, Cobourg construisit de vastes ouvrages de siège autour de la ville et commença à faire pression sur les 17 000 défenseurs français. Le premier jour du siège, les défenseurs sortirent contre la Coalition mais furent repoussés après de durs combats. Le 10 octobre, la garnison fut réduite à la moitié des rations, tandis que les malades et les mourants se pressaient dans les hôpitaux. Cobourg mit son artillerie en place et commença à bombarder la ville le 14 octobre. La ville aurait pu tomber rapidement si l'Armée du Nord de Jourdan n'était pas apparue le même jour.

Jourdan commandait quelque 45 000 soldats prêts au combat, ayant tenu à l'écart la moitié la plus inexpérimentée de son armée. Il était néanmoins plus nombreux que l'armée de couverture de Clerfayt, qui était si peu étendue que Clerfayt ne pouvait raisonnablement utiliser que 21 000 de ses hommes. Malgré ce désavantage numérique, Cobourg n'était pas inquiet. La veille de la bataille, il plaisantait avec ses officiers en disant que s'il perdait le combat à venir, il abandonnerait ses titres de noblesse et deviendrait un sans-culotte. Les soldats français furent très amusés lorsque la nouvelle de cette plaisanterie parvint à leur camp, et ils se mirent immédiatement à fabriquer un pantalon qu'ils présenteraient au prince lorsqu'il perdrait inévitablement. Le moral était au beau fixe dans l'armée de Jourdan, surtout lorsqu'ils eurent vent de la nouvelle de la victoire de la République sur la Révolte de Lyon, quelques jours auparavant.

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Premier jour : 15 octobre

Le matin du 15 octobre, l'armée autrichienne était retranchée, attendant l'attaque française. Bien que Clerfayt ait été nominalement aux commandes, Cobourg décida de prendre personnellement le contrôle de la bataille. Il écrivit au prince d'Orange pour demander des renforts, mais le stadtholder néerlandais refusa de déplacer ses soldats loin de Maubeuge, craignant qu'une nouvelle sortie de la garnison française n'ait été un désastre si personne ne restait pour la contenir. Il s'avéra que la garnison de Maubeuge ne jouerait aucun rôle dans les combats, son commandant étant convaincu que les combats n'étaient qu'une ruse pour les attirer et prendre la ville. Mais avant la bataille, les deux parties avaient supposé que la garnison aiderait l'attaque de Jourdan.

Jourdan commença la bataille par un double assaut contre les flancs autrichiens.

Jourdan commença la bataille par un double assaut contre les flancs autrichiens. Sur la droite française, deux divisions des généraux Duquesnoy et Beauregard partirent à 7 heures du matin, leur objectif étant l'extrémité de la ligne autrichienne à Wattignies même. Simultanément, une division française sous les ordres de Jacques Fromentin avança sur la gauche. Des problèmes surgirent dès le début. Selon l'historien Ramsay Weston Phipps, la division de Beauregard était "de mauvaises troupes sous les ordres d'un mauvais général", qui s'enfuit à la première vue de la cavalerie autrichienne en atteignant la ville d'Obrechies (256). Leur déroute laissa 5 canons aux Autrichiens et laissa le flanc de la division Duquesnoy exposé.

Malgré la perte de la division de soutien de Beauregard, Duquesnoy parvint à se rendre jusqu'à Wattignies. Soutenu par des tirs de canons, il chassa deux bataillons autrichiens et commença à occuper la ville ; alors qu'il faisait avancer sa division, ses hommes furent surpris par une féroce contre-attaque autrichienne. Les hommes de Duquesnoy s'enfuirent et les Autrichiens contrôlèrent à nouveau la ville. Sur le flanc gauche français, la division de Fromentin se retrouva dans un ravin, aux prises avec un bataillon d'infanterie croate pour le contrôle du village de Saint-Aubin. Lorsque les Autrichiens envoiyèrent des renforts, Fromentin fut contraint de se retirer, abandonnant huit canons.

Pendant ce temps, Jourdan avait positionné son centre dans les bois, se préparant à les charger dès qu'il serait certain que les attaques de flancs avaient réussi. Au cours de la matinée, Jourdan fut informé de la progression modérée de ces attaques. Carnot incita Jourdan à attaquer immédiatement, en prévenant que ce n'était pas le moment d'être prudent. Jourdan pensait qu'il était trop tôt pour une attaque, mais l'ordonna quand même, menant personnellement la charge contre le centre ennemi.

Lazare Carnot at the Battle of Wattignies
Lazare Carnot à la bataille de Wattignies
Georges Moreau de Tours (Public Domain)

Le centre autrichien, commandé par Clerfayt, était retranché le long du chemin creux de Monceau, et se composait de cinq bataillons de grenadiers endurcis, soutenus par des régiments d'émigrés français et de Croates. Dès que les soldats républicains français furent repérés sur la crête de la colline, les Autrichiens déclenchèrent volée après volée des tirs de fusils. La charge française s'enlisa et l'attaque devint rapidement un massacre. Les tentatives de Jourdan pour préparer ses canons échouèrent, les artilleurs français étant pris pour cible par les tireurs d'élite autrichiens. Lorsque les renforts autrichiens arrivèrent, Jourdan ordonna la retraite. 1 500 Français étaient tombés dans cette attaque sur le centre autrichien.

Deuxième jour : 16 octobre

Au matin du deuxième jour, le 16 octobre, Jourdan décida de concentrer le gros de son attaque sur Wattignies; Carnot revendiquerait plus tard le mérite de ce plan, mais de nombreux historiens militaires l'attribuent à Jourdan. Alors que la division de Fromentin recevait l'ordre de distraire la droite et le centre autrichiens avec des tirailleurs, 22 000 Français devaient avancer contre la gauche autrichienne en trois colonnes. Un épais brouillard couvrit le terrain jusqu'à 9 heures du matin, mais dès qu'il se leva, les Français commencèrent un bombardement d'artillerie incessant sur Wattignies.

Par deux fois, les Français attaquèrent la ville, et par deux fois, ils furent repoussés par le feu nourri des Autrichiens. Pourtant, à chaque assaut, les défenseurs fléchirent davantage ; lorsque les Français attaquèrent une troisième fois, les Autrichiens cédèrent sous le poids du nombre. À la tombée de la nuit, les Français contrôlaient Wattignies et se retranchaient, s'attendant à une contre-attaque de la Coalition le lendemain matin. Cette attaque n'eut jamais lieu ; se méfiant toujours des 17 000 soldats français à l'intérieur de Maubeuge, Cobourg décida de réduire ses pertes. Il leva le siège et se retira de l'autre côté de la Sambre pour trouver des quartiers d'hiver pour son armée. Les pertes autrichiennes pour la bataille furent de 365 tués, 1 753 blessés et 369 disparus. Les pertes françaises étaient nettement plus élevées, entre 3 000 et 5 000 hommes.

Les suites de la bataille

Jourdan fut choqué d'apprendre qu'il avait gagné la bataille ; dans la nuit du 16 octobre, il avait écrit à Paris qu'il pensait que la bataille se terminerait par une impasse. Le 17 octobre, les Français marchèrent triomphalement dans Maubeuge, mais trouvèrent une population fatiguée qui ne semblait pas sauter de joie à l'idée d'être libérée. Carnot rapporta à ses collègues du Comité de salut public que "les citoyens de Maubeuge ne nous ont pas reçus avec les transports qu'ils semblent devoir manifester à l'égard de leurs libérateurs... il faut travailler à électriser un peu ces régions et à rétablir l'esprit public" (Palmer, 102-3). Il s'agissait, bien sûr, d'une recommandation pour amener la Terreur à Maubeuge.

Lazare Carnot
Lazare Carnot
Louis-Léopold Boilly (Public Domain)

La victoire de Wattignies fut célébrée dans toute la France, et la ville elle-même fut même rebaptisée Wattignies-la-Victoire. Il s'agit plus d'un succès de propagande que d'un succès stratégique ; ni Cobourg ni York n'étaient éliminés de la guerre, leurs armées représentant toujours une menace. Pourtant, la bataille fut célébrée comme un second Valmy, et Carnot et Jourdan écrivirent chacun à Paris pour louer la conduite de l'autre. Cette admiration mutuelle ne tarda pas à s'effondrer lorsque Jourdan refusa un ordre du Comité de sécurité publique de reprendre les forts occupés par Cobourg ; l'hiver ètait trop proche, argumenta Jourdan, et son armée n'était pas suffisamment approvisionnée. Le général demanda à être autorisé à prendre ses quartiers d'hiver à la place, disant au Comité qu'il ne conduirait pas ses hommes à la boucherie.

Le Comité accepta à contrecœur et l'Armée du Nord prit ses quartiers d'hiver, mettant ainsi fin à la campagne de l'année. Mais lorsque Jourdan refusa un autre ordre d'envoyer 15 000 hommes pour combattre les rebelles vendéens (Jourdan prétendit qu'il n'avait pas d'hommes en réserve), le Comité perdit toute patience. Fin décembre, Jourdan fut convoqué à Paris pour "parler" avec le Comité ; à son arrivée, il fut démis de son commandement et arrêté le 10 janvier 1794. Le mandat d'arrêt avait été rédigé par Carnot en personne, qui avait commencé à s'attribuer tout le mérite de Wattignies.

Par chance, un représentant de la mission prit la défense de Jourdan en parlant de sa vaillante conduite. Pour cette raison, Jourdan évita le sort de ses prédécesseurs et fut épargné d'un rendez-vous désagréable avec Madame Guillotine. Au lieu de cela, il reçut une pension et fut contraint de prendre sa retraite. Cette retraite ne durerait pas longtemps ; Jourdan reprendrait bientôt le commandement et mènerait la République française à une autre victoire, encore plus importante, lors de la bataille de Fleurus le 26 juin 1794. Fleurus serait la bataille la plus importante de la campagne des Flandres ; par la suite, les Français resteraient victorieux pour le reste de la guerre.

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Questions & Réponses

Qu'est-ce que la bataille de Wattignies ?

La bataille de Wattignies est une bataille qui se déroula pendant la guerre de la Première Coalition (1792-1797) entre une armée de la Première République française et une armée de la Coalition. Elle se déroula les 15 et 16 octobre 1793 et se solda par une victoire française.

Pourquoi la bataille de Wattignies fut-elle importante ?

La bataille de Wattignies fut la troisième et dernière bataille d'une série de victoires françaises qui arrêtèrent l'invasion de la France par une armée de la Coalition. Les deux autres batailles étaient Hondschoote et Menin.

Qui dirigeait l'armée française à la bataille de Wattignies ?

À la bataille de Wattignies, l'armée française du Nord était dirigée par Jean-Baptiste Jourdan, un général de 31 ans qui deviendrait maréchal d'Empire sous Napoléon Ier. C'est la première fois qu'il commandait une armée au combat.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Harrison W. Mark
Harrison Mark est diplômé de SUNY Oswego où il a étudié l'histoire et les sciences politiques.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, H. W. (2023, janvier 11). Bataille de Wattignies [Battle of Wattignies]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2138/bataille-de-wattignies/

Style Chicago

Mark, Harrison W.. "Bataille de Wattignies." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le janvier 11, 2023. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-2138/bataille-de-wattignies/.

Style MLA

Mark, Harrison W.. "Bataille de Wattignies." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 11 janv. 2023. Web. 05 oct. 2024.

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