Religion dans les colonies d'Amérique

Article

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 12 avril 2021
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Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol

La religion dans les colonies d'Amérique était dominée par le christianisme, bien que le judaïsme ait été pratiqué dans de petites communautés après 1654. Les confessions chrétiennes comprenaient notamment les anglicans, les baptistes, les catholiques, les congrégationalistes, les piétistes allemands, les luthériens, les méthodistes et les quakers. La religion était pleinement intégrée dans la vie des colons et influençait entièrement leur vision du monde.

Les colonies de la Nouvelle-Angleterre avaient été fondées par des séparatistes - des anglicans qui prônaient la séparation de l'Église anglicane - et des puritains - ceux qui cherchaient à purifier l'anglicanisme des influences et des pratiques catholiques - tandis que les colonies du centre et du sud avaient été fondées par des anglicans, des quakers ou, dans le cas du Maryland, par des catholiques et des protestants non-conformistes.

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Pilgrims Going to Church
Pèlerins se rendant à l'église
George Henry Boughton (CC BY-NC-SA)

Bien qu'il y ait généralement eu une certaine unité de vue au sein des congrégations et des communautés, les interprétations de la Bible et les pratiques différaient d'un village ou d'une colonie à l'autre, même si les uns et les autres affirmaient suivre les préceptes d'une confession donnée. Les puritains de Boston, par exemple, différaient des séparatistes puritains de la colonie de Plymouth et des puritains de Salem qui se conduisaient différemment de ceux du Connecticut, et il en allait de même pour les anglicans de Virginie et ceux des Carolines.

Les juifs et les catholiques, minoritaires, étaient périodiquement persécutés pour leur foi, accusés de sorcellerie et rendus responsables des mauvaises récoltes et de la malchance en général. Vers 1700, les pratiques religieuses des Autochtones avaient été condamnées comme étant sataniques et étaient observées en secret ou, du moins, ne faisaient pas l'objet d'une grande publicité de la part des participants. L'athéisme n'était pas toléré et les systèmes de croyance tels que le déisme ne se développèrent pas avant le XVIIIe siècle. Le christianisme protestant, considéré comme une "religion révélée" (fondée sur les écritures), était la force religieuse dominante qui façonna la culture coloniale et, avec le rationalisme protestant du XVIIIe siècle, faisait partie intégrante de la fondation et de la diversification des États-Unis d'Amérique.

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Colonies de la Nouvelle-Angleterre

Les premières colonies de Nouvelle-Angleterre furent fondées entre 1620 et 1638 par des séparatistes et des puritains désireux d'établir des communautés religieuses dans lesquelles ils pourraient pratiquer librement leur culte. Ces deux sectes avaient été persécutées en Angleterre et, une fois fermement établies en Amérique du Nord, elles en persécutèrent d'autres. Leur prétention à fonder des communautés basées sur la liberté religieuse ne s'étendait qu'à leurs propres croyances, à l'exception des colonies du Rhode Island, qui mettaient l'accent sur la tolérance religieuse. Les colonies de Nouvelle-Angleterre firent de la religion la priorité et la vie des gens tournait autour d'elle. Toutes les activités de travail et de loisir s'arrêtaient le samedi après-midi, lorsque les pensées étaient censées se tourner exclusivement vers Dieu, et ne reprenaient que le dimanche soir; le dimanche, jour de repos, était consacré à l'église.

Le dimanche, jour de repos, était consacré à l'église. La fréquentation de l'église était obligatoire et les offices duraient toute la journée, avec un court entracte pour le déjeuner.

Les services religieux duraient toute la journée, avec un court entracte pour le déjeuner qui était servi dans une Sabba-day house (également connue sous le nom de noon-house ou "maison de midi") - une sorte de taverne ou d'auberge tout spécialement construite à proximité de la maison d'assemblée. Les gens n'étaient pas autorisés à rentrer chez eux avant la fin des services du dimanche. Les sermons duraient souvent entre trois et cinq heures et étaient précédés de lectures de la Bible et d'hymnes chantés sans accompagnement d'orgue ou d'autre instrument de musique. Comme beaucoup de gens étaient analphabètes, un diacre chantait une ligne de l'hymne que l'assemblée répétait ensuite, ce qui prenait beaucoup de temps, tout comme la prière.

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Tout au long de la semaine, les citoyens pouvaient porter des vêtements aux couleurs vives, ce qu'ils faisaient d'ailleurs, mais le dimanche, ils portaient des vêtements noirs ou sombres, censés signifier le repentir et la pensée sanctifiée. La fréquentation de l'église était obligatoire et, une fois que le tambour (ou la trompette, la conque ou la cloche) retentissait pour le service du dimanche, tout le monde était censé se rendre à la maison d'assemblée et s'asseoir à la place qui lui avait été assignée (un diacre ou un sacristain faisait le tour des maisons pour s'assurer que tout le monde, à l'exception des malades, s'était rendu à l'église). Les places étaient attribuées en fonction de la classe sociale, les citoyens les plus importants s'asseyant devant et les autres derrière eux. Prendre la place de quelqu'un d'autre était considéré comme une grave infraction et le contrevenant était condamné à une amende, parfois lourde. Les hommes et les femmes s'asseyaient séparément dans certaines églises, ensemble dans d'autres, et les garçons et les filles étaient séparés dans la plupart des cas. Les garçons, considérés comme plus turbulents, étaient assis vers l'avant de l'église où ils pouvaient être surveillés de près. Les garçons qui se comportaient mal pendant l'office étaient battus publiquement ou soumis à d'autres mesures disciplinaires après l'office.

Colonies du centre et du sud

Les colonies du centre furent sous contrôle hollandais jusqu'en 1664 et suivirent la politique hollandaise de tolérance religieuse et d'appréciation de la diversité. Des communautés juives s'établirent pour la première fois à New Amsterdam (plus tard New York) en 1654 et la plus ancienne habitation juive encore existante en Amérique du Nord, la Gomez Mill House à Newburgh, NY, date d'environ 1714. Bien qu'il y ait eu des conflits religieux entre les différentes communautés chrétiennes de la région, ils n'étaient pas aussi marqués qu'en Nouvelle-Angleterre où les dissidents étaient exilés et pendus bien plus souvent.

En 1681, le riche quaker William Penn (1644-1718) fonda la Pennsylvanie qui accueillit des personnes de diverses confessions ainsi que des Autochtones de différentes tribus. Contrairement à d'autres colonies, la Pennsylvanie n'imposait pas de lois religieuses strictes, mais l'interprétation quaker du christianisme influençait son code juridique, et les gens étaient tenus d'assister à des services religieux chaque semaine. La Pennsylvanie fut la première colonie à condamner l'esclavage et les mauvais traitements infligés aux Autochtones, ainsi qu'à adopter une loi imposant la tolérance religieuse et le respect mutuel entre les différentes confessions. Les maisons d'assemblée quakers, comme celles d'autres confessions, étaient également utilisées pour les assemblées municipales et l'affichage d'avis publics.

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William Penn
William Penn
Brooklyn Museum (CC BY)

Les bagnes et les piloris (dispositifs d'immobilisation pour les punitions) étaient généralement situés à l'extérieur de la maison d'assemblée, sur la place de la ville. Les maisons d'assemblée de New York, du Delaware, du New Jersey et de Pennsylvanie n'étaient pas peintes, car cela était considéré comme une manifestation de vanité. Elles étaient construites en bois ou en pierre, avec du papier huilé aux fenêtres et, plus tard, des vitres clouées dans les appuis. L'intérieur de la maison de réunion était sombre, avec des bancs au centre et le long des murs et, si la communauté en avait les moyens, une galerie à l'arrière, en haut d'une volée de marches ou accessible par une échelle, où s'asseyaient les classes les plus basses - les esclaves africains et les Autochtones.

Les églises réformées hollandaises de New York avaient une cloche suspendue à un arbre devant ou au-dessus de la porte, qui était sonnée pour amener les gens à l'office, tandis que d'autres confessions tiraient un coup de feu, désignaient une personne pour souffler dans une conque ou faisaient sonner un tambour. Une fois le signal donné, comme dans les églises de Nouvelle-Angleterre, on s'attendait à ce que les gens soient présents, quelle que soit la saison ou le temps. L'experte Alice Morse Earle commente:


Toutes les églises n'étaient pas chauffées. Peu d'entre elles disposaient de poêles avant le milieu du [XIXe] siècle. Le froid des bâtiments humides, jamais chauffés de l'automne au printemps, fermés et sombres tout au long de la semaine, était difficile à supporter pour tout le monde. Dans certaines des premières maisons d'assemblée construites en rondins, des sacs de fourrure faits de peaux de loup étaient cloués aux sièges et, en hiver, les fidèles y enfonçaient leurs pieds. Les chiens aussi étaient autorisés à entrer dans la maison de réunion et à se coucher sur les pieds de leur maître. Des fouetteurs de chiens étaient désignés pour les contrôler et les expulser lorsqu'ils devenaient indisciplinés ou insupportables. (347)

Les peaux de loups étaient également clouées aux murs de la maison d'assemblée ou de l'église pour les isoler, et les hommes comme les femmes apportaient des manchons à l'église pour garder leurs mains au chaud. Les femmes apportaient également des poêles à pied - de petits récipients métalliques posés sur des plates-formes en bois et remplis de braises provenant du feu familial - pour se réchauffer les pieds.
Ces considérations relatives à la chaleur et au confort furent également observées dans les colonies du Sud, bien que dans une moindre mesure. La colonie de Jamestown en Virginie, fondée en 1607, tint ses premières réunions religieuses dans le fort avant d'avoir les moyens de construire une maison d'assemblée. La fréquentation de l'église était aussi stricte en Virginie qu'en Nouvelle-Angleterre.

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Historic Jamestowne
Historic Jamestowne
Ken Lund (CC BY-SA)

Les Cavaliers de Virginie étaient un groupe de "gardiens du dimanche" autoproclamés qui veillaient à l'application des règles concernant la conduite des gens le dimanche. Il était interdit de travailler, de faire du commerce, de s'adonner à des activités de loisir et de rester à l'église toute la journée, à l'exception de l'entracte autorisé pour le déjeuner. Lorsque Sir Thomas Dale (c. 1560-1619) arriva en 1611 et établit ses lois strictes en matière de discipline et de règles pour la colonie, il déclara également que le fait de ne pas aller à l'église devait être puni de mort - bien que cette politique n'ait jamais été mise en œuvre. L'Église anglicane dominait en Virginie et les sectes dissidentes étaient souvent persécutées. Après 1750, lorsqu'un grand nombre de baptistes émigrèrent dans la région, ils furent fréquemment arrêtés, harcelés, battus et invités à aller ailleurs.

Le Maryland fut fondé en premier lieu pour accueillir les catholiques romains qui observaient la messe le dimanche, mais pas toute la journée. Les colons protestants venus de Nouvelle-Angleterre et des Middle Colonies finirent par évincer les magistrats catholiques, expulser les prêtres jésuites et autres prêtres catholiques et remodeler la colonie à leur image entre 1644 et 1646, après quoi le protestantisme anglican domina.

Les colonies de Caroline, et plus tard de Géorgie, étaient plus diversifiées sur le plan religieux, avec une importante communauté baptiste en Géorgie. Même si les anglicans n'étaient pas majoritaires, ils occupaient souvent des postes de pouvoir. Comme dans les autres colonies, la religion influençait la vie quotidienne, mais les rituels couramment associés à la pratique religieuse aujourd'hui - tels que les mariages et les funérailles - n'étaient pas initialement liés à une église donnée, mais pouvaient être des affaires civiles.

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Mariages et funérailles

Les mariages, comme tous les autres aspects de la vie, se déroulaient différemment d'une région à l'autre ou d'une colonie à l'autre. L'expert David Freeman Hawke note:

Le mariage, qui était en Angleterre une cérémonie standardisée contrôlée par l'Église anglicane, prit diverses formes en Amérique. Les étapes menant au mariage restèrent relativement constantes - négociations entre les parents ou les tuteurs au sujet de la dot, suivies de fiançailles - mais la cérémonie elle-même différait grandement. Les Hollandais et les Allemands de Pennsylvanie la célébraient dans leur langue maternelle. Les Quakers l'organisaient dans leurs maisons d'assemblée où, à la stupéfaction des étrangers, un couple se mariait sans l'aide du clergé ni d'aucune autorité séculière, en prononçant des vœux qu'il avait souvent lui-même formulés. Dans le Sud, le rite anglican inscrit dans le Livre de la prière commune resta intact, mais le gouvernement local s'immisçait dans ce qui avait été autrefois le domaine exclusif de l'Église. (92)

En Nouvelle-Angleterre, les mariages pouvaient être célébrés par tout homme de plus de 21 ans en règle avec la communauté, tandis que dans les colonies du centre, un couple pouvait être marié par une autorité civile ou religieuse et, comme en Nouvelle-Angleterre, le mariage n'était pas considéré comme un événement important. On considérait qu'il était naturel que les gens se marient et, dans certains cas, des couples vivaient ensemble sans s'engager dans une quelconque cérémonie formelle, bien que cela ait été considéré comme un comportement scandaleux.

Les funérailles étaient plus standardisées et étaient toujours présidées par un religieux, quelle qu'ait été la confession à laquelle appartenait le défunt. Le corps était préparé pour l'enterrement à la maison, par les femmes de la famille, puis enterré dans une concession sur la propriété familiale, dans le cimetière de la ville ou, éventuellement, dans le cimetière de l'église ou de la maison d'assemblée. Les premières pierres tombales étaient de simples dalles de pierre placées au pied de la tombe pour empêcher l'esprit du défunt - ou le cadavre lui-même - de sortir. Cette mesure reposait sur la croyance chrétienne selon laquelle Dieu ressusciterait les morts lors du Jugement dernier et que l'esprit d'une personne pourrait réanimer un cadavre; on craignait que certains esprits ne veuillent pas attendre et qu'ils se lèvent plus tôt et veuillent rentrer chez eux. Par la suite, la simple pierre tombale devint une dalle de pierre et remplit la même fonction, mais il s'agissait désormais de monuments ornés d'inscriptions en l'honneur du défunt et placés à la tête du défunt, là où l'esprit pourrait les voir et les apprécier, et reposer en paix.

Plymouth Burial Hill
Colline funéraire de Plymouth
c_neuhaus (CC BY-NC-ND)

Les funérailles suivirent la même progression, du plus simple au plus complexe. Au départ, les funérailles étaient une affaire semi-privée entre la famille et les amis proches, mais elles finirent par se transformer en un événement social où les voisins étaient invités à rendre un dernier hommage au défunt, puis à se joindre à un repas commun. Hawke commente:


Le modeste repas qui suivait le service devint un festin. Les personnes aisées, et même celles qui n'avaient pas les moyens, distribuaient des cadeaux coûteux aux participants - écharpes, gants, voire anneaux d'or. Comme le remarque John C. Miller, "les funérailles tendaient à devenir l'occasion d'un étalage ostentatoire de richesse, plus que de deuil". (93-94)

Les funérailles étaient l'un des rares rituels en dehors du service dominical encouragé par les puritains de Nouvelle-Angleterre, qui suivaient ce même modèle de festins communautaires, souvent très somptueux, après l'enterrement. Le service funéraire, autrefois simple, au cours duquel un pasteur pouvait prononcer quelques mots sur la tombe, se transforma en une affaire élaborée au cours de laquelle une famille payait un pasteur pour qu'il prononce un sermon complet et un éloge funèbre du défunt. On en vint à considérer qu'il s'agissait d'un aspect nécessaire de l'enterrement pour s'assurer que le défunt repose en paix et ne revienne pas hanter les vivants.

Superstitions et esclavage

Les croyances qui sont aujourd'hui considérées comme des superstitions étaient considérées comme de simples faits de la vie par les colons. Les fantômes faisaient partie intégrante du monde naturel, tout comme les sorcières, les démons, les anges et autres esprits. La Bible étant considérée comme la parole inerrante de Dieu, et la Bible indiquant clairement l'existence de ces entités, il était impossible de nier leur existence sans remettre en question l'autorité de la Bible. Les signes et les présages, pensait-on, étaient régulièrement fournis par Dieu pour aider les gens à mieux comprendre le monde visible et invisible qui les entourait.

Ceux qui s'opposaient à la pratique de l'esclavage étaient considérés comme des fauteurs de troubles qui n'avaient pas une véritable compréhension de la parole de Dieu et de la vision chrétienne.

Le tonnerre lors d'un enterrement, par exemple, n'était considéré comme un bon présage que s'il retentissait après la fin du rituel; il était interprété comme un signe que l'esprit du défunt était arrivé au ciel. En revanche, si le tonnerre retentissait pendant les funérailles, on pensait que l'esprit du défunt avait été envoyé en enfer. Dans ce cas, le jugement avait été rendu selon la justice et la miséricorde divines, et il n'y avait rien à faire, mais on pouvait conjurer régulièrement le mauvais sort dans d'autres circonstances en portant des amulettes, des talismans, en récitant régulièrement le Notre Père, et en prenant d'autres précautions pour plaire à Dieu et éviter l'attention du diable.

Parmi tout cela, l'esclavage était accepté comme faisant partie du plan de Dieu. En plus d'encourager la croyance en des entités surnaturelles, la Bible soutenait également l'esclavage à travers les récits de l'Ancien Testament et les épîtres du Nouveau Testament, en particulier la phrase bien connue "Esclaves, obéissez à vos maîtres terrestres" d'Éphésiens 6:5 et l'histoire de l'esclave Onésime dans le livre de Philémon, qui retourne à son maître de son plein gré.

Ceux qui s'opposaient à la pratique de l'esclavage étaient considérés de la même manière que les dissidents religieux minoritaires: des fauteurs de troubles qui n'avaient pas une véritable compréhension de la parole de Dieu et de la vision chrétienne. À l'exception de la province de Pennsylvanie, qui condamnait cette pratique, l'esclavage était un aspect accepté de la vie dans toutes les colonies et était toléré, voire parfois adopté, même en Pennsylvanie. Des Africains et des Autochtones avaient régulièrement été réduits en esclavage par les colons blancs depuis environ 1640 en Virginie et ce, jusqu'à la fin de la guerre civile américaine en 1865.

Apprendre à lire à un esclave - même la Bible - était contraire à la loi dans de nombreuses colonies, en particulier dans le Sud, car on pensait que cela allait à l'encontre du plan de Dieu. Un esclave instruit était considéré comme dangereux dans la mesure où il risquait de déclencher une insurrection, mais on pensait également qu'il mettait son âme en danger en poursuivant une voie - telle que l'éducation - qui lui était refusée par Dieu.

Conclusion

Quelles qu'aient été les divergences entre les colons et leurs diverses congrégations, ils étaient d'accord avec la phrase de l'Ecclésiaste 5:2 - "Dieu est au ciel et vous êtes sur la terre; que vos paroles soient donc peu nombreuses" - en ce sens que Dieu était une réalité, que les humains étaient soumis à la volonté de Dieu telle qu'elle est révélée dans la Bible et que l'individu n'avait pas le droit de remettre en question l'autorité et l'inerrance de la Bible. Cette autorité était toutefois définie par la confession chrétienne majoritaire et, à moins d'être pendu ou exécuté pour dissidence, il était possible de quitter la colonie et de former sa propre confession sur la base d'une interprétation différente de la Bible.

La colonie de la baie du Massachusetts inspira la colonisation des actuels Rhode Island, Connecticut et New Hampshire en exilant les dissidents mais, entre 1659 et 1661, elle pendit les quakers (connus sous le nom de "martyrs de Boston") pour avoir propagé des croyances dérangeantes. Les habitants des colonies du centre qui s'opposaient à la diversité religieuse émigraient souvent vers les colonies du sud, en particulier le Maryland et la Virginie, où l'anglicanisme y était fermement établi vers 1700.

La diversité religieuse en Amérique et les conflits qui l'accompagnaient se poursuivirent tout au long du XVIIIe siècle, mais après le Grand réveil des années 1730 et 1740 - un mouvement de réveil spirituel encourageant une relation personnelle avec Dieu -, le rationalisme protestant prévalut dans les classes supérieures et commença à influencer les classes inférieures. Les Pères fondateurs adoptèrent le concept de religion naturelle - l'existence de Dieu mise en évidence par le monde naturel - plutôt que celui de religion révélée - la volonté de Dieu révélée par les Écritures.

Les philosophes rationalistes commencèrent à exercer une plus grande influence sur la culture coloniale, ce qui conduisit au rejet de croyances fermement ancrées dans le passé, notamment le droit divin des rois et d'autres formes d'autorité ordonnée par Dieu. Bien que la religion révélée soit restée une constante dans la culture américaine, la religion naturelle et le rationalisme protestant encouragèrent le mouvement qui finit par conduire à la guerre d'indépendance américaine (1775-1783) et à la création des États-Unis d'Amérique.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2021, avril 12). Religion dans les colonies d'Amérique [Religion in Colonial America]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1726/religion-dans-les-colonies-damerique/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "Religion dans les colonies d'Amérique." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le avril 12, 2021. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1726/religion-dans-les-colonies-damerique/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "Religion dans les colonies d'Amérique." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 12 avril 2021. Web. 29 avril 2024.

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