Dix Femmes Paléochrétiennes qui Méritent d'Être Connues

Article

Joshua J. Mark
par , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié sur 28 mars 2023
Disponible dans d'autres langues: Anglais, Espagnol
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De nombreuses femmes célèbres du début du christianisme ont contribué de manière significative au développement de la foi, mais ont été largement oubliées depuis. Certaines ont été canonisées par l'Église ou reconnues d'une autre manière, mais leurs efforts ont généralement été éclipsés par ceux de leurs homologues masculins. Malgré cela, ces femmes ont contribué à jeter les bases de l'Église.

Les femmes figurent en bonne place dans les évangiles et le livre des Actes du Nouveau Testament chrétien en tant que soutiens du ministère de Jésus. La plus célèbre d'entre elles est Marie-Madeleine, très probablement une femme de la classe aisée au lieu de l'étiquette de prostituée qui lui est encore injustement accolée, mais il y a aussi Marie et Marthe, les sœurs de Lazare, Marie, la mère de Jésus, la femme au puits de Samarie, la femme prise en flagrant délit d'adultère, et bien d'autres qui sont parfois chaleureusement évoquées dans les épîtres même si ces femmes, en général, ont un statut de seconde classe.

Proba
Faltonia Proba, De mulieribus claris
Sailko (Public Domain)

Les premières personnes repertoriée comme ayant vu le Christ ressuscité étaient des femmes, et les femmes font partie intégrante de la première communauté chrétienne telle que décrite dans le livre des Actes. Jésus lui-même n'a rien à dire sur l'égalité des sexes; tout au long des évangiles, il semble considérer comme allant de soi qu'il n'y a rien d'intrinsèquement supérieur chez l'un ou l'autre. Saint Paul (c. 5 - c. 67 de notre ère), cependant, et d'autres auteurs des épîtres qui constituent le Nouveau Testament, ont introduit la misogynie chrétienne qui associe les femmes à Éve et à la déchéance de l'homme.

Ève, comme l'écrit Paul, a été trompée et a ensuite tenté Adam de pécher; laissé à lui-même, Paul laisse entendre qu'Adam serait resté heureux dans le jardin d'Éden, de même que tous ses descendants et ceux d'Ève. Par conséquent, il ne faut pas faire confiance aux femmes, elles ne peuvent pas avoir d'autorité sur les hommes et doivent apprendre des hommes en silence de peur qu'elles ne tentent davantage les descendants d'Adam (I Timothée 2:11-14). Malgré cela, Paul lui-même semble se faire l'écho de la vision de Jésus sur l'égalité des sexes lorsqu'il écrit:

Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni libre, il n'y a plus ni homme ni femme; car tous vous êtes un en Jésus Christ. (Galates 3:28)

Les nombreux autres passages du Nouveau Testament, qui soutiennent la supériorité masculine, ont été - et sont toujours - cités bien plus souvent que la phrase des Galates, et les femmes se voient toujours refuser des postes de direction dans un certain nombre de dénominations et de sectes chrétiennes. Il n'en a cependant pas toujours été ainsi, et de nombreuses femmes de l'Église paléochrétienne ont occupé des postes d'autorité, créé des ordres religieux et écrit des ouvrages théologiques influents avant leur suppression.

Femmes dans le paléochristianisme

Toute personne ayant une connaissance même sommaire du christianisme a déjà entendu le terme "Pères de l'Église", mais beaucoup moins celui de "Mères de l'Église". Pourtant, aux premiers temps du christianisme, les femmes étaient à l'avant-garde de la religion. Les femmes romaines furent les premières à prendre le christianisme au sérieux et il existe de nombreux récits - conservés dans les écrits des Pères de l'Église eux-mêmes et dans les récits des martyrs - de femmes fortes qui convertirent leur foyer à la nouvelle foi.

Certaines de ces premières mères de l'Église embrassèrent le christianisme de façon si complète qu'elles donnèrent tout ce qu'elles possédaient - souvent des sommes d'argent considérables et de grands domaines - pour aider les pauvres, les malades et les nécessiteux, conformément à la directive de Jésus: "toutes les fois que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous les avez faites." (Matthieu 25:40). Le service aux autres, en particulier à ceux dans le besoin, était un service au Christ lui-même.

L'idée de la traduction de la Bible en latin est venue d'une femme nommée Paula qui a non seulement inspiré le travail mais l'a aussi relu et édité pour sa publication.

Un certain nombre de ces femmes étaient connues sous le nom de Mères du désert, fondatrices d'ordres monastiques dans les déserts d'Égypte, de Syrie, de Perse et d'Asie mineure. Connues sous le nom d'Ammas ("mères"), elles étaient le pendant féminin des Abbas ("pères") plus connus, tels qu'Antoine le Grand (également connu sous le nom de saint Antoine d'Égypte, 251-356 de notre ère), à qui l'on doit l'établissement du monachisme chrétien. D'autres femmes étaient des écrivaines célèbres qui mêlèrent la littérature et la philosophie pré-chrétiennes aux préceptes bibliques, tandis que d'autres encore contribuèrent à des projets de construction, des programmes sociaux et des efforts évangéliques, tout en soutenant des hommes dont les contributions sont aujourd'hui bien connues.

Tout étudiant de la Bible sait que saint Jérôme (347-420 de notre ère) a traduit l'œuvre de l'hébreu et du grec en latin, créant ainsi la traduction Vulgate qui serait utilisée par l'Église pendant plus de 1 000 ans. Peu de gens savent cependant que l'idée de cette traduction est venue d'une femme nommée Paula qui a non seulement inspiré l'œuvre mais l'a également relue et éditée avant publication.

Transfert de pouvoir

Le rôle des femmes dans l'Église est resté plus ou moins le même, même après l'élévation du christianisme par Constantin le Grand (272-337 de notre ère) en 313 par son Édit de Milan, qui proclamait la tolérance pour la nouvelle foi. La situation a toutefois changé après le concile de Nicée de 325 de notre ère. Constantin avait convoqué le concile dans sa villa de Nicée pour uniformiser la croyance et la pratique chrétiennes. La question la plus importante était de décider du statut du Christ en tant que Dieu, dieu-homme ou prophète, mais de nombreux autres aspects du christianisme étaient loin d'être uniformes. Il existait, en fait, de nombreuses versions différentes du concept religieux central d'un Dieu unique et vrai qui rachète le monde.

First Council of Nicaea
Premier Concile de Nicée (Monastère du Grand Météore, Grèce)
Jjensen (Public Domain)

Tout en uniformisant la vision chrétienne, Constantin voulait également que la pratique religieuse reflète cette uniformité. Le pape Clément Ier (c. 35-99 de notre ère) avait décrété que seuls les hommes pouvaient servir comme prêtres ou détenir l'autorité dans l'Église parce que le Christ n'avait choisi que des hommes comme apôtres. L'écrivain ecclésiastique Eusèbe (263-339 de notre ère) rapporte que le concile, suivant l'exemple de Clément (et très probablement influencé par les avertissements de Paul sur l'infériorité des femmes) avait décrété que les femmes étaient des laïques qui pouvaient occuper des postes subalternes mais n'avaient aucune autorité sur les hommes. Cependant, à l'époque du concile de Nicée, de nombreuses femmes avaient déjà prouvé qu'elles étaient des chefs religieux capables et inspirants, et beaucoup d'autres allaient le faire par la suite.

Dix femmes paléochrétiennes qui méritent d'être connues

Les dix femmes énumérées ici sont choisies aux deux extrémités du spectre: celles dont les noms peuvent être familiers à certains et celles dont peu ou personne n'a jamais entendu parler. Ces dix femmes ne représentent qu'un très petit échantillon des nombreuses femmes qui ont contribué au développement du christianisme primitif et les lecteurs sont encouragés à explorer le sujet de manière plus approfondie en consultant les livres figurant dans la bibliographie ci-dessous. Les dix femmes sont:

  • Thècle d'Iconium
  • Perpétue martyre
  • Synclética d'Alexandrie
  • Marcelle d'Alexandrie
  • Macrine la Jeune
  • Proba
  • Sainte Paule
  • Mélanie l'Ancienne
  • Eudoxie
  • Égérie

Thècle d'Iconium (1er siècle de notre ère) est connue grâce à l'œuvre apocryphe Les Actes de Paul et de Thècle, qui raconte sa conversion au christianisme par saint Paul et ses voyages ultérieurs avec lui, son sauvetage divin de diverses persécutions et de la mort, et sa carrière de guérisseuse, de prédicatrice et de chef religieux inspirant. L'histoire de Thècle a été régulièrement rejetée dans le passé comme une fiction chrétienne, mais les spécialistes modernes pensent que, bien qu'il y ait sans doute une certaine exagération des événements, le récit est basé sur une femme réelle. Dans ses épîtres, Paul mentionne régulièrement des femmes qui l'ont aidé, et l'histoire de Thècle n'est pas très différente de beaucoup d'autres, si ce n'est qu'elle fut sauvée miraculeusement de la mort à plusieurs reprises. Un aspect de son histoire connu pour être vrai des femmes de son époque est son vœu de chasteté, qu'elle respecta de sa conversion jusqu'à la fin de sa vie. Les femmes qui choisissaient de vivre chastement, même si elles étaient mariées, faisaient preuve d'une grande individualité en revendiquant des droits sur leur propre corps et, par extension, sur la direction de leur vie.

Saint Thecla
Sainte Thècle
Testus (Public Domain)

Perpétue (181-203 de notre ère) est célèbre en tant que martyre paléochrétienne qui, avec son esclave Felicité, refusa de renier sa foi et fut exécutée pour cela. Le spécialiste I. M. Plant note que "dans presque tous les cas, les histoires de martyrs chrétiens sont fictives... le martyre de Perpétue, cependant, est généralement considéré comme une exception à cette règle" (164). Citoyenne de Carthage, Perpétue fut arrêtée lors d'une persécution des chrétiens sous l'empereur romain Septime Sévère vers 202-203 de notre ère. Elle avait 22 ans à l'époque et allaitait son nouveau-né lorsqu'elle fut emmenée en prison. Son père, un païen en règle avec les autorités, la supplia de renoncer à sa foi, mais elle refusa et fut exécutée avec Felicité. Sur la base des détails du récit original concernant la maternité, les spécialistes pensent que le récit fut écrit par une femme - la première partie, peut-être, par Perpétue en personne - ce qui, comme le souligne I. M. Plant, ferait de son histoire "la plus ancienne littérature chrétienne existante écrite par une femme" (165).

Synclética d'Alexandrie (c. 270 - c. 350 de notre ère) est l'une des Mères du désert les plus connues et l'une des premières fondatrices de la tradition monastique. Synclética était la fille de parents riches d'Alexandrie, en Égypte, et sa beauté attira de nombreux prétendants. Elle les refusa tous, cependant, en raison de sa dévotion au Christ. Après la mort de ses parents, elle se coupa les cheveux, donna son héritage aux pauvres et quitta la ville avec sa jeune sœur (qui était aveugle) pour vivre une vie de chasteté, de pauvreté et de solitude près de la crypte d'un parent. Dans sa solitude, on dit qu'elle lutta contre des démons qui essayèrent de la convaincre de reprendre sa vie antérieure de richesse et de plaisir, mais elle resta fidèle à sa foi. Ayant atteint l'illumination et la proximité de Dieu qu'elle recherchait, elle consentit à enseigner à d'autres personnes qui la recherchaient et fournit des directives à ce premier ordre monastique de femmes. Ces règles, consignées par son biographe (probablement l'évêque Athanase d'Alexandrie, 296-373 de notre ère), influenceraient plus tard le monachisme européen.

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Amma Syncletica of Alexandria
Synclétique d'Alexandrie
Unknown Artist (Public Domain)

Sainte Marcelle (325-410 de notre ère) était une riche chrétienne romaine qui, après la mort de son mari, se consacra à sa foi par une vie de chasteté et de service aux autres. Elle ouvrit sa somptueuse demeure sur l'Aventin à Rome à ceux qui recherchaient une vie d'abnégation, de prière, de jeûne et de mortification de la chair. Elle était l'amie de la future Sainte Paule et la correspondante de Saint Jérôme. Marcelle, qui était auparavant l'une des femmes les plus riches de la ville, donna ou vendit ses biens matériels, y compris tous ses vêtements, ses bijoux et ses cosmétiques coûteux, au profit des pauvres et pour vivre libre de tout bien en communion avec le Christ. Comme beaucoup de premières chrétiennes, Marcelle reconquit son identité par la chasteté, refusant de se remarier alors que la loi le lui imposait, et elle se consacra à son ordre monastique improvisé qui allait inspirer d'autres femmes à suivre son exemple. Elle mourut lors du sac de Rome par les Wisigoths en 410 de notre ère.

Macrine créa une communauté chrétienne qui se consacrait à parfaire sa relation avec Dieu et était fréquemment consultée par les pèlerins qui venaient lui demander conseil.

Macrine la Jeune (c. 330-379 de notre ère) était une ascète chrétienne dont la dévotion à Dieu inspira l'œuvre et la vie de ses frères cadets bien plus célèbres, Saint Basile de Césarée (c. 329-379 de notre ère) et Saint Grégoire de Nysse (c. 335 - c. 395 de notre ère). Macrine, comme beaucoup d'autres sur cette liste, était née de parents aisés en Anatolie (la Turquie actuelle) et était vouée à faire un bon mariage. Lorsque son fiancé mourut, elle refusa d'épouser quelqu'un d'autre et choisit une vie de chasteté et de prière, affirmant (comme beaucoup d'autres mystiques) que le Christ était son époux et qu'elle n'avait besoin de personne d'autre. Macrine pratiquait un ascétisme rigide et se consacrait à l'éducation des autres, en particulier de ses jeunes frères. Après la mort de son père, elle s'installa avec sa mère dans un domaine sur l'Iris, dans le Pont, où elle fonda une communauté chrétienne qui s'efforçait de parfaire sa relation avec Dieu et était fréquemment consultée par les pèlerins qui venaient lui demander conseil.

Proba (c. 322-370 de notre ère) se distingue en tant que première femme écrivaine chrétienne solidement attestée par les archives. Elle est connue pour le genre d'œuvre littéraire appelé cento ("patchwork"), dans lequel un auteur utilise des lignes d'œuvres poétiques établies, tissées avec les siennes, pour créer une œuvre totalement nouvelle. De nos jours, il s'agirait d'un "sampling" dans la musique populaire, où un artiste emprunte une mélodie connue, en tout ou en partie, pour en faire un morceau original. Proba était issue d'une riche famille romaine et fut très probablement élevée dans la tradition païenne romaine avant de se convertir au christianisme quelque temps avant de se lancer dans sa carrière littéraire. Elle combina la poésie de Virgile avec des thèmes bibliques pour souligner les aspects éternels et héroïques du christianisme. Ses œuvres furent ensuite utilisées dans les salles de classe romaines pour enseigner aux enfants des classes supérieures, car elles combinaient subtilement l'histoire païenne du passé avec les idéaux chrétiens.

Sainte Paule (347-404 de notre ère) était une proche collaboratrice de saint Jérôme qui l'encouragea à traduire la Bible de l'hébreu et du grec en latin, créant ainsi la traduction Vulgate qui continua à être utilisée pendant les 1 500 années suivantes en tant qu'écriture faisant autorité du christianisme. Paule était une autre riche aristocrate romaine qui, après la mort de son mari, fut attirée par la communauté monastique de femmes établie par Marcelle sur la colline de l'Aventin. Elle fit la connaissance de saint Jérôme par l'intermédiaire de Marcelle et voyagea beaucoup avec lui, établissant un centre religieux à Bethléem et pratiquant un ascétisme strict, notamment l'abstinence. Elle aida Jérôme à traduire la Bible, à relire son œuvre et à l'éditer pour la publier. Lorsqu'elle mourut, sa disparition fut profondément pleurée par la communauté chrétienne et elle fut sanctifiée dans l'année qui suivit.

Saint Paula
Sainte Paule
RickMorais (CC BY)

Melanie l'Ancienne (c. 350-410 de notre ère) était une Mère du désert honorée pour sa dévotion à Dieu et son soutien aux ordres chrétiens. Membre de l'une des familles les plus riches de l'Hispanie romaine, elle revint à Rome avec son mari proconsul et sa famille, mais elle vit tous ses fils, sauf un, mourir de la peste. Après avoir perdu sa famille, elle se convertit au christianisme et renonça au monde, se rendant en Égypte pour vivre dans un monastère. Contrairement à d'autres convertis au christianisme, Melanie ne fit pas don de ses biens matériels et utilisa son importante fortune pour soutenir des communautés et des initiatives chrétiennes. Lorsque les moines de son ordre furent exilés en Palestine, elle partit avec eux et les soutint jusqu'à ce qu'ils puissent revenir. Elle fonda deux ordres monastiques à Jérusalem qu'elle administra, et est considérée comme une Mère du désert pour son ascétisme strict et sa dévotion à la prière solitaire.

Eudoxie (c. 400-460 de notre ère) fut l'un des écrivains les plus prolifiques de son temps. Elle créa de nombreux ouvrages sur des thèmes chrétiens qui, comme ceux de Proba, puisaient dans la littérature pré-chrétienne. Elle était née à Athènes et s'appelait Athénaïs avant de se convertir au christianisme vers l'âge de 20 ans et de prendre le nom d'Élia Eudoxia après son baptême. Ses œuvres étaient assez populaires et allaient d'un cento s'inspirant d'Homère à des poèmes sur la vie de son mari et ses victoires militaires, en passant par des vies de saints et l'histoire de l'Église. Elle est probablement plus connue pour son œuvre Le martyre de saint Cyprien qui raconte l'histoire de la chaste chrétienne Justine, les tentatives de séduction du sage païen Cyprien, sa conversion au christianisme et son martyre pour sa foi.

Aelia Eudocia
Eudoxie
Pitichinaccio (Public Domain)

Egérie (également connue sous le nom d'Ethérie, c. 380 de notre ère) était une voyageuse et écrivaine chrétienne connue uniquement par son œuvre Itinerarium (également connue sous le nom d'Itinerarium Egeriae = Voyages d'Egérie). D'après le texte, elle était une femme de la classe supérieure qui se rendait en pèlerinage sur les sites importants mentionnés dans la Bible. Elle traversa les régions de la Turquie actuelle, de l'Égypte, d'Israël, du Liban, de la Jordanie, de la Syrie, de l'Irak, de l'Iran, du Koweït, de l'Arabie saoudite et revint dans la région de l'Anatolie. Son œuvre fut suffisamment populaire pour être copiée et est reconnue de nos jours comme étant tout à fait unique pour son époque, car il s'agit d'un récit profondément personnel des voyages d'Égérie, qui donne également un aperçu de l'état des sites qu'elle visita, des voyages de l'époque et, puisqu'il est écrit en latin, de la façon dont cette langue était écrite à l'époque.

Conclusion

Les contributions de ces femmes furent reconnues par leurs contemporains masculins qui inclurent des récits de leur vie dans leurs ouvrages sur les saints masculins. Synclética était si bien considérée qu'on lui accorda sa propre biographie, et saint Jérôme fit l'éloge de Paule dans ses ouvrages. Les œuvres de Proba et d'Eudoxie semblent avoir été largement lues, à en juger par les copies, et même si l'œuvre d'Égérie ne fut découverte qu'au 19e siècle, on réalisa alors qu'elle apparut sous forme d'extraits dans d'autres œuvres peu après son époque.

La raison pour laquelle ces femmes ont été effacées de l'histoire officielle de l'Église est débattue par divers spécialistes, la réponse dépendant toujours des valeurs politiques, religieuses ou de genre de l'auteur de l'affirmation. Dans presque tous les cas, les arguments de ces débats en disent beaucoup plus sur l'auteur moderne que sur le sujet en question. La spécialiste Laura Swan résume toutefois succinctement la situation en écrivant :

L'histoire des femmes a souvent été reléguée dans le monde de l'ombre: on la sent mais on ne la voit pas. Beaucoup parmi les pères de l'Église sont devenus célèbres grâce aux femmes. Beaucoup de ces pères ont été éduqués et soutenus par des femmes fortes, et certains sont même considérés les fondateurs de mouvements qui furent en fait initiés par les femmes de leur vie. (3)

À mesure que l'Église se développait, depuis sa légitimation par Constantin jusqu'au Moyen Âge, les femmes perdaient de plus en plus de terrain en matière d'égalité des droits et de dignité fondamentale. L'Église médiévale considérait les femmes comme de dangereuses tentatrices à éviter par tout homme pieux, souillées par le péché originel de la duplicité d'Ève, et même leur association avec la Vierge Marie ne pouvait racheter complètement leur nature. La cause la plus probable de l'exclusion de femmes de grand mérite de l'histoire de l'Église est simplement qu'elles ne correspondaient pas au récit de l'Église opposant des hommes pieux et dévoués à des femmes dévoyées et pécheresses et, lorsqu'il a fallu choisir entre changer ce récit ou changer l'histoire, le passé a été tranquillement effacé.

Questions et réponses

Quelles sont les femmes célèbres du début du christianisme ?

Parmi les femmes les plus célèbres du début du christianisme, on peut citer Perpétue la martyre, Sainte Marcella, Proba, Sainte Paula et Égérie, mais il y en a eu beaucoup d'autres.

Que faisaient les femmes au début du christianisme ?

Les femmes ont apporté une contribution significative au christianisme primitif, notamment en fondant des ordres monastiques, en soignant les malades et les pauvres, en écrivant des ouvrages religieux, en évangélisant, en devenant martyres pour leur foi et, dans le cas de Sainte Paula, en aidant à traduire la Bible en latin.

Pourquoi les femmes ont-elles été placées dans une position subalterne dans l'Église ?

Les femmes ont été subordonnées aux hommes dans l'Église après le concile de Nicée en 325, sur la base de l'argument selon lequel le Christ n'avait choisi que des hommes comme disciples.

Quelle est l'importance des femmes dans le christianisme primitif ?

Les femmes ont joué un rôle important dans le développement du christianisme primitif en s'efforçant de vivre en tant qu'exemples des enseignements du Christ, ce qui a contribué à la diffusion de la foi. Leurs contributions individuelles, en particulier dans les œuvres écrites, ont créé des modèles rendus célèbres par la suite par des écrivains masculins.

À propos du traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

A propos de l'auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

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Style APA

Mark, J. J. (2023, mars 28). Dix Femmes Paléochrétiennes qui Méritent d'Être Connues [Ten Should-Be Famous Women of Early Christianity]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Récupéré de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1409/dix-femmes-paleochretiennes-qui-meritent-detre-con/

Le style Chicago

Mark, Joshua J.. "Dix Femmes Paléochrétiennes qui Méritent d'Être Connues." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. Dernière modification mars 28, 2023. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-1409/dix-femmes-paleochretiennes-qui-meritent-detre-con/.

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Mark, Joshua J.. "Dix Femmes Paléochrétiennes qui Méritent d'Être Connues." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 28 mars 2023. Web. 04 oct. 2024.

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