
Le Despotat d'Épire était l'un des États successeurs de l'Empire byzantin lorsque celui-ci se désintégra à la suite de la prise de Constantinople par la quatrième croisade en 1204. À l'origine, c'était le plus prospère de ces États successeurs, puisqu'il faillit reprendre Constantinople, mais après 1230, il se limitait géographiquement à l'Épire à proprement parler et, occasionnellement, aux territoires voisins de Thessalie et des îles Ioniennes. Au cours des deux siècles suivants, l'Épire conserva en grande partie son indépendance, bien qu'elle ait dû naviguer à l'extrémité des sphères d'influence byzantine et italienne. Enfin, en 1479, ce qui restait des territoires du Despotat d'Épire furent conquis par l'Empire ottoman.
De ses cendres
Lorsque la capitale byzantine de Constantinople fut mise à sac en 1204 par la quatrième croisade (1202-1204), les principaux territoires de l'Empire byzantin en Europe furent conquis par les Latins, tandis qu'à la périphérie de l'empire, trois États grecs (ou romains) succédèrent à l'Empire byzantin. L'Empire de Trébizonde, dans le nord de l'Anatolie, près de la Géorgie, apparut à peu près à la même époque, voire un peu avant la chute de Constantinople. Dans le cœur anatolien de l'ancien Empire byzantin, l'Empire de Nicée vit le jour.
La résistance byzantine en Europe fut initialement moins cohérente. De nombreux Grecs marchèrent avec les envahisseurs latins, dont Michel Ier Comnène Doukas cousin des anciens empereurs byzantins Isaac II Ange (r. de 1185 à 1195 et de 1203 à 1204) et Alexis III Ange (r. de 1195 à 1203). Au lendemain de la quatrième croisade, Michel servit sous Boniface de Montferrat, le nouveau roi de Thessalonique (r. de 1205 à 1207). Mais alors que les forces latines se dirigeaient vers l'ouest, Michel rompit avec l'armée latine et se dirigea vers le pays d'Épire, au nord-ouest de la Grèce, le long de la mer Adriatique, où l'un des membres de sa famille était gouverneur provincial byzantin dans la capitale régionale d'Arta.
Protégée à l'est par les monts Pindus et à l'ouest et au sud par la mer, la région de l'Épire était depuis longtemps empreinte d'un un esprit d'indépendance, depuis l'époque d'Alexandre le Grand et de Pyrrhus; sous Michel, cette région allait redevenir une entité politique indépendante. Michel s'autoproclama souverain de la région et établit Arta comme capitale. Lui et ses descendants gouverneraient l'Épire, avec des fortunes diverses, pendant le siècle suivant, d'abord en tant que candidat sérieux à la restauration de l'Empire byzantin, puis en tant que cité grecque à l'intersection des mondes byzantin et italien.
Empire de Thessalonique
Dans un premier temps, Michel Ier (r. de 1205 à 1215) accepta d'être le représentant vénitien en Épire et conclut la paix avec les États latins qui émergèrent à la suite de la quatrième croisade, permettant ainsi à l'Épire de survivre pendant les premières années de la puissance latine. Mais au bout de quelques années, Michel se constitua une armée assez importante et se battit contre les Latins. Il reconquit une partie de la Thessalie, y compris la ville clé de Larissa, et reprit à Venise l'importante île de Corfou et le principal port de l'Adriatique, Durazzo.
Après la mort de Michel en 1215, son demi-frère Théodore Ier Comnène Doukas (r. de 1215 à 1230) conduisit l'Épire à son apogée avant de subir une défaite catastrophique. Sous Théodore, l'Épire tenta de restaurer l'Empire byzantin. En 1217, lorsque l'empereur latin Pierre de Courtenay (r. de 1216 à 1217) tenta de traverser le territoire épirote, Théodore le captura. Théodore mena ensuite les armées épirotes dans une série de campagnes réussies, repoussant les Latins hors de Thessalie, repoussant les Bulgares et, en 1224, reprenant Thessalonique, la deuxième ville de l'ancien Empire byzantin. En 1227, Théodore fut couronné empereur romain par l'archevêque chrétien orthodoxe d'Ohrid. L'empire de Thessalonique était désormais établi et semblait sur le point de recréer l'empire byzantin.
En 1230, Théodore avait pris Andrinople et était à portée de main de Constantinople elle-même, mais au lieu de marcher sur la Reine des villes, Théodore se tourna vers le nord pour combattre les Bulgares. Le 9 mars 1230, les Bulgares du tsar Ivan Assen II (r. de 1218 à 1241) écrasèrent les forces épirotes à la bataille de Klokotnitsa. Théodore fut fait prisonnier et les troupes bulgares se déversèrent en Macédoine et en Épire. Les chances de l'Épire de restaurer l'Empire byzantin se volatilisèrent sur le champ de bataille de Klokotnitsa.
Le frère de Michel et de Théodore, Manuel Comnène Doukas (r. de 1230 à 1241), prit le contrôle de Thessalonique mais survécut grâce à la bonne volonté des Bulgares et d'Ivan Assen. Théodore, devenu aveugle, revint à Thessalonique en 1237 et éjecta son frère Manuel, qui partit régner sur le territoire épirote en Thessalie jusqu'en 1241. Théodore ne régna pas de plein droit, mais nomma son fils Jean empereur (r. de 1237 à 1244). Au cours des dix dernières années, l'Empire de Nicée ne cessa de se renforcer sous la direction de l'empereur Jean III Doukas Vatatzès (r. de 1222 à 1254). En particulier après la mort d'Ivan Assen en 1241, le territoire nicéen en Europe se développa de manière exponentielle. En 1242, Doukas Vatatzès obligea Jean (fils de Théodore) à renoncer à son titre impérial et à accepter le titre byzantin de despote. En 1246, Doukas Vatatzès éjecta de Thessalonique le frère de Jean, Démétrios Comnène Doukas (r. de 1244 à 1246), et incorpora officiellement la ville à l'Empire de Nicée.
Le véritable Despotat
Alors que l'empire de Thessalonique s'effondrait, l'Épire redevenait indépendante. Après la bataille de Klokotnitsa, Michel II Comnène Doukas (r. de 1230 à 1267/1268), fils de Michel Ier, se déclara souverain de l'Épire. Après la disparition de l'Empire de Thessalonique, l'Épire était le seul État grec d'Europe à s'opposer à l'Empire de Nicée. Bien que Michel se soit d'abord battu pour résister aux Nicéens, la paix fut conclue entre les deux États, scellée par une alliance matrimoniale et le titre de despote fut accordé à Michel et à son fils. Si les premiers souverains d'Épire n'étaient pas redevables à l'Empire de Nicée, le règne de Michel II marqua le début du véritable Despotat d'Épire, puisque ses souverains, depuis lui jusqu'à la fin de l'État, portaient ce titre, accordé par l'Empire de Nicée, qui, après 1261, était l'Empire byzantin restauré.
L'Épire était loin d'être un voisin complaisant; sa position se compliqua tout particulièrement lorsque le roi de Sicile, Manfred (r. de 1258 à 1266) envahit l'Épire en 1257 et occupa Durazzo et Corfou, ainsi que les villes clés de Valona, Kanina et Berat. Pour sauver la face, Michel fut contraint de marier sa fille à Manfred, la dot de cette dernière étant constituée des territoires déjà conquis par Manfred de Sicile.
Les ambitions de Manfred dépassaient largement l'Épire. Il s'allia au prince d'Achaïe et l'armée sicilienne-épirote-achéenne se mit en marche pour conquérir l'empire de Nicée, mais l'empereur nicéen Michel VIII Paléologue (r. de 1259 à 1282) défit l'armée combinée à la bataille de Pélagonie en 1259. Bien que Michel II et les forces épirotes aient fui avant même le début de la bataille, les forces de Michel VIII envahirent l'Épire et prirent la capitale d'Arta.
Michel II obtint le soutien de Manfred en Italie et de la Thessalie et reprit Arta. Même après la reconquête de Constantinople par Michel VIII en 1261, qui rétablit l'Empire byzantin, Michel II refusa obstinément de s'incliner. Finalement, en 1264, alors qu'une armée byzantine marchait sur l'Épire, Michel II s'assit à la table des négociations. Son fils et héritier Nicéphore Ier Doukas (r. de 1267/1268 à 1297) fut marié à la nièce de Michel VIII et ce dernier confirma le titre de despote de Nicéphore.
À la mort de Michel II, Nicéphore régna sur l'Épire, mais la Thessalie fut confiée par Michel à son fils illégitime Jean Doukas. Nicéphore fut alors impliqué dans une invasion italienne de l'Empire byzantin, menée cette fois par le conquérant de Manfred, Charles Ier de Sicile (r. de 1266 à 1285). Nicéphore finit par s'allier à Charles lorsque les forces byzantines commencèrent à empiéter sur son territoire. Michel VIII tenta de se soumettre au pape et de réunifier les Églises orthodoxe et catholique, ce qui aboutit à la réunification officielle des Églises lors du concile de Lyon en 1274, dans l'espoir que le pape puisse arrêter Charles. Cela permit à Nicéphore de se présenter comme le protecteur de l'orthodoxie contre l'empereur byzantin hérétique de Constantinople, mais Nicéphore fut contraint d'accepter la vassalité de Charles, et les Byzantins reconquirent les territoires septentrionaux de l'Épire.
Les plans de Charles furent anéantis par les Vêpres siciliennes en 1282, qui lui firent perdre l'île de Sicile, ce qui conduisit à la paix entre l'Épire et Byzance pendant une décennie. Cependant, les ambitions italiennes se manifestèrent à nouveau avec le fils de Charles, Charles II (r. de 1285 à 1309), et Nicéphore maria sa fille au fils de Charles II, Philippe de Tarente, en lui offrant plusieurs villes côtières en dot. À la mort de Nicéphore, Philippe tenta de s'emparer du Despotat d'Épire, auquel il avait droit en vertu du droit féodal occidental, mais pas nécessairement en vertu du droit byzantin. Cependant, la veuve de Nicéphore, Anna, réussit à assurer le trône à son fils Thomas (r. de 1297 à 1318).
Le règne de Thomas fut principalement marqué par le rapprochement de l'Épire avec l'Empire byzantin, en grande partie grâce à l'influence de sa mère, qui était apparentée à l'empereur byzantin. En 1315, Thomas tenta de se rapprocher de son beau-frère Philippe de Tarente, mais avant qu'il ne puisse agir, il fut assassiné par son neveu, le comte Nicolas Orsini de Céphalonie. La domination grecque sur l'Épire et la dynastie des Doukas prirent alors fin.
La maison d'Orsini
Le comte Nicolas Orsini de Céphalonie (r. de 1318 à 1323) monta sur le trône et épousa la veuve de Thomas. Alors qu'Arta accepta rapidement Nicolas, la deuxième ville la plus importante d'Épire, Ioannina, changea d'allégeance à l'Empire byzantin en 1318. Nicolas fit rapidement appel à Constantinople pour obtenir la reconnaissance de son statut de despote, ce qu'Andronic II lui accorda. Bien que le comté de Céphalonie ait désormais été associé au Despotat d'Épire, sans Ioannina, le Despotat était réduit par rapport à l'époque des Doukas. Nicolas tenta d'offrir sa fidélité et des conditions extrêmement généreuses à Venise en échange d'une assistance militaire, mais Venise refusa. Lorsque la guerre civile éclata dans l'Empire byzantin au début des années 1320, Nicolas attaqua le territoire byzantin et assiégea Ioannina, mais il fut tué par son frère Jean II Orsini (r. de 1323 à 1335).
Jean II convainquit Ioannina de l'accepter comme gouverneur au nom de l'empereur byzantin. Il se convertit à l'orthodoxie et se maria au sein de la famille byzantine des Paléologue. Bientôt, le nouvel empereur byzantin, Andronic III Paléologue (r. de 1328 à 1341), lui conféra à la fois le titre de despote et le reconnut comme gouverneur de Ioannina. Jean profita de l'apparente faiblesse byzantine pour réintégrer complètement Ioannina dans le Despotat d'Épire. En 1333, l'Épire annexa également des terres en Thessalie, mais plus tard dans l'année, l'armée byzantine sous les ordres d'Andronic III reprit l'ensemble de ce territoire à l'Épire. Entre-temps, Jean de Gravina déposa Jean comme comte de Céphalonie en 1325. En 1331, une armée angevine soutenue par Gautier V de Brienne obligea le Despotat d'Épire à se soumettre à Naples.
Deux ans plus tard, Jean fut empoisonné par sa femme Anna et son jeune fils Nicéphore II Orsini lui succéda (r. de 1335 à 1340). Lorsqu'une armée byzantine arriva dans le nord pour soumettre les Albanais, le faible despote fut la proie des factions pro- et anti-byzantines et, pour éviter la guerre, Anna capitula et céda l'Épire aux Byzantins sans combat en 1338. Le jeune Nicéphore fut emmené dans la Principauté d'Achaïe, où la régente, Catherine de Valois, qui était également l'impératrice latine en titre, équipa une armée qui envahit le sud de l'Épire et reprit Arta. Andronic III revint en 1340 avec son megas domestikos Jean Cantacuzène, et après des sièges sanglants et la conviction de Cantacuzène, les rebelles se rendirent et Nicéphore fut pris. Après 135 ans, l'Épire était à nouveau byzantine.
À la mort d'Andronic III en 1341, une guerre éclata entre sa veuve et Cantacuzène pour savoir qui serait le régent du jeune Jean V (r. de 1341 à 1391). La guerre civile durerait jusqu'en 1347 et dévasterait Byzance. Anna profita du chaos pour lever à nouveau le drapeau de la rébellion en Épire, mais celle-ci fut rapidement réprimée par l'un des députés de Cantacuzène.
Pendant ce temps, le souverain serbe, Étienne Douchan ( alias Stefan Uroš IV Dušan r. de 1331 à 1355), marcha vers le sud et s'empara de la majeure partie de la Grèce septentrionale, y compris l'Épire, en 1348. Étienne nomma son frère Siméon Uroš despote et le maria à la fille d'Anna, mais à la mort d'Étiennne en 1355, la Serbie sombra dans le chaos et Siméon quitta l'Épire pour se battre contre son neveu pour le trône serbe. Dans ce chaos, Nicéphore, qui avait survécu à la guerre civile byzantine, reprit la Thessalie et l'Épire en 1356. Cependant, une rébellion des Albanais entraîna la mort de Nicéphore au combat en 1359. Avec sa mort, le dernier descendant direct des premiers comnène Doukas, despotes de l'Épire, disparut.
La restauration italienne
Après la mort de Nicéphore, Siméon revint de Serbie et reprit la Thessalie et l'Épire, mais cette fois sous le titre d'empereur et non plus de despote. Bientôt, Siméon abandonna l'Épire aux Albanais, créant deux nouveaux despotats, l'Étolie et l'Acarnanie, et nommant les chefs albanais Jean Spata (Gjin Boua Spata) et Pierre Losha à la tête du pays. L'importante ville de Ioannina refusa cependant d'accepter la domination albanaise et le gendre de Siméon, Thomas Preljubović, devint le despote de Ioannina en 1367. À la mort de Losha en 1374, Spata réunit les deux despotats, mais malgré les attaques albanaises régulières contre Ioannina, la ville resta hors des mains des Albanais. Thomas réussit à repousser les Albanais et reçut même l'épithète de "tueur d'Albanais", mais la Chronique de Ioannina décrit son règne comme un règne de terreur et il fut assassiné en 1384.
À la mort de Thomas, les Albanais de Spata attaquèrent Ioannina, qui avait élevé à sa tête la veuve de Thomas, Marie Ange Doukas Paléologue (r. de 1384 à 1385), fille de Siméon Uroš. Marie épousa rapidement le noble et aventurier florentin Esaù de' Buondelmonti (r. de 1385 à 1411). Esaù reçut le titre de despote de l'empereur byzantin Jean V. Il se soumit rapidement en tant que vassal des Turcs ottomans, la nouvelle grande puissance de la région, pour aider à se défendre contre les attaques albanaises. Après la mort de Marie, il épousa la fille de Spata en 1396, mais d'autres tribus albanaises continuèrent d'attaquer Ioannina et, en 1399, Esaù et son armée furent capturés par un groupe d'entre elles. Esaù fut racheté quelques mois plus tard.
L'année suivante, en 1400, Carlo Tocco, comte de Céphalonie, commença à recruter une grande armée de mercenaires pour attaquer les Albanais en Épire. En 1408, l'Acarnanie était aux mains de Carlo, qui commença alors à s'emparer d'autres terres au nord. À la mort d'Esaù en 1411, le peuple de Ioannina proclama Carlo Ier Tocco (r. de 1411 à 1429) leur nouveau chef quelques semaines plus tard.
Alarmés par la puissance accrue de Carlo, les seigneurs albanais se regroupèrent et, lors de la bataille de Kranea en 1412, ils mirent en déroute les forces de Carlo. À la suite de cette bataille, Carlo noua des relations étroites avec les Turcs ottomans afin de parer aux futures attaques albanaises. En 1415, Manuel II accorda à Carlo le titre et la couronne de despote. L'année suivante, en 1416, Carlo marcha sur Arta, exécuta les derniers dirigeants de Spata et s'empara de la ville. Le Despotat d'Épire était enfin réunifié.
Carlo dut faire face à deux complications importantes: la diversité ethnique de l'Épire (Grecs, Serbes, Albanais et Italiens) et les incursions turques répétées à partir de 1418. Malgré ces problèmes, l'aventureux Carlo se lança dans une nouvelle expansion en 1421; en Morée, il força l'achat de la grande ville de Clarentza, occupa la partie nord-ouest de la péninsule et fit de la principauté d'Achaïe un vassal. Cependant, lorsqu'il attaqua le Despotat byzantin de Morée, les forces byzantines battirent de manière décisive la flotte de Carlo en 1426, et le mariage entre la nièce de Carlo et le futur Constantin XI Paléologue (1449-1453) fut arrangé, la dot étant constituée des possessions de Carlo dans le Péloponnèse.
La réunification de l'Épire fut de courte durée. À la mort de Carlo, en 1429, ses possessions furent divisées: les îles, Ioannina et Arta revinrent à son neveu, Carlo II Tocco (r. de 1429 à 1448), tandis que l'Étolie et l'Acarnanie furent réparties entre ses trois fils illégitimes, Ercole, Menuno et Torno. Les luttes intestines commencèrent immédiatement et Ercole et Menuno demandèrent l'aide des Ottomans. En 1430, Ioannina se rendit aux Ottomans pour éviter que la ville ne soit détruite, comme l'avait été Thessalonique quelques mois auparavant. Carlo II fut autorisé à rester seigneur d'Arta après s'être soumis aux Ottomans en tant que vassal. Carlo ne serait jamais couronné despote par les empereurs byzantins, faisant ainsi de Carlo Ier le dernier despote officiel de l'Épire.
Carlo II tenta de résister à la domination ottomane dans les années 1440, mais les Ottomans le forcèrent rapidement à se soumettre à nouveau à la vassalité. Six mois seulement après la mort de Carlo, Arta fut capturé en 1449 par les Ottomans. Ses jeunes fils furent autorisés à régner dans les îles Ioniennes et à conserver les trois châteaux qu'ils avaient laissés sur le continent. Le règne de Leonardo III Tocco (r. de 1448 à 1479) ne fit qu'attendre que le marteau des Ottomans ne s'abatte sur les dernières possessions des Epirotes. En 1460, il ne restait plus que le château de Vonitsa sur le continent. Les appels à l'aide adressés à Venise, à l'Aragon et à la papauté se soldèrent par des sommes dérisoires et des promesses vides ou sans engagement. En 1479, une flotte ottomane conquit Vonitsa, la Céphalonie, Ithaka, Zante et Leucade en l'espace de quelques semaines. Léonard III s'était enfui avec le trésor qu'il avait pu rassembler. Son frère Antonio revint avec une flotte napolitaine en 1481 et reprit brièvement Céphalonie et Zante, mais il fut tué en 1483. Avec sa mort, le Despotat d'Épire, dernier héritage direct de l'Empire byzantin en Grèce, prit fin.