Édouard Ier d'Angleterre

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 09 janvier 2020
X
translations icon
Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
King Edward I of England (by National Portrait Gallery, CC BY-NC-ND)
Le roi Édouard Ier d'Angleterre
National Portrait Gallery (CC BY-NC-ND)

Édouard Ier d'Angleterre régna de 1272 à 1307. Édouard succéda à son père Henri III d'Angleterre (r. de 1216 à 1272) et était connu sous le nom de "Longshanks" (ou le Sec) en raison de sa taille impressionnante et de "Marteau des Écossais" en raison de ses attaques répétées contre l'Écosse. Au cours d'un règne mouvementé et souvent brutal, il participa à une croisade, soumit le Pays de Galles, tenta de conquérir l'Écosse et construisit de nombreux châteaux de qualité qui subsistent encore aujourd'hui, en particulier dans le nord du Pays de Galles. Son fils Édouard II d'Angleterre (r. de 1307 à 1327), puis son petit-fils Édouard III d'Angleterre (r. de 1327 à 1377) lui succédèrent.

Guerre du deuxième baron et succession

Le prince Édouard vit le jour le 17 ou le 18 juin 1239. Il était le fils aîné d'Henri III d'Angleterre et d'Éléonore de Provence (1223-1291). Connu pour son tempérament fougueux et son assurance, Édouard était surnommé "Longshanks" en raison de sa taille - 1,9 mètre (6 ft. 2 inches), une stature inhabituellement impressionnante pour l'époque médiévale. Il était fort, athlétique et aussi bon cavalier qu'épéiste. Édouard était un fervent partisan du tournoi médiéval, un événement auquel il participait souvent en personne, et il battit notamment le comte de Chalon lors d'un tournoi qui s'était tenu à Chalon. Destiné à devenir roi, le jeune prince devrait encore se battre pour que le trône de son père et le sien restent à l'abri des usurpateurs.

Supprimer la pub
Advertisement
Édouard Ier ne se contenta pas de régner sur l'Angleterre et le Pays de Galles, il s'attaqua également à l'Écosse.

Henri III avait réussi à mettre fin à la guerre des Barons qui avait été alimentée par le mécontentement suscité par le règne de son père, le roi Jean d'Angleterre (r. de 1199 à 1216), qui n'avait pas respecté la charte des libertés de la Magna Carta (alias Grande Charte). Henri et son régent, Guillaume le Maréchal, comte de Pembroke (1146-1219), considéré comme le plus grand des chevaliers médiévaux, vainquirent les barons rebelles lors de la bataille de Lincoln, le 20 mai 1217. Malheureusement, Henri n'avait pas compris la leçon et ses campagnes militaires inefficaces, les impôts élevés pour les financer et le soutien financier excessif de sa famille française n'eurent pour effet que de provoquer une deuxième guerre des barons.

Les barons voulaient limiter le pouvoir royal et ils stipulèrent, dans les Dispositions d'Oxford de 1258, que les impôts devaient être versés au Trésor et ne pas être disponibles pour les caprices du roi, et qu'un conseil de 15 barons devait conseiller le roi. Un autre organe, le parlement, fut créé comme lieu de discussion sur la politique, auquel les chevaliers des comtés et les bourgmestres de certaines communes furent invités à participer. Henri rejeta les Provisions en 1262, ce qui déclencha une guerre civile.

Supprimer la pub
Advertisement

Edward I of England & Eleanor of Castile
Edouard Ier d'Angleterre et Aliénor de Castille
Lincolnian (Brian) (CC BY-SA)

Les choses ne se passèrent pas bien pour les royalistes. Le 14 mai 1264, après la bataille de Lewes, le roi et le prince Édouard furent tous deux capturés par le chef rebelle Simon de Montfort, comte de Leicester (l. c. 1208-1265) qui se fit roi en 1264. Heureusement pour Henri, son fils Édouard réussit à échapper à la captivité en mai 1265 et put ainsi contribuer à rétablir le monarque légitime sur le trône.

Édouard, qui avait déjà acquis une expérience militaire précieuse lors des campagnes de son père au Pays de Galles, leva une armée composée de loyalistes et de barons déjà contrariés par la politique égoïste de de Montfort et vainquit les rebelles à la bataille d'Evesham dans le Worcestershire, le 4 août 1265. De Montfort fut tué et Henri fut restauré, mais il passa la majeure partie de ses dernières années à s'éloigner de la politique et à améliorer les monuments architecturaux du pays, tels que l'abbaye de Westminster et la cathédrale de Lincoln.

Supprimer la pub
Advertisement
Le tombeau d'Édouard porte la légende suivante : Édouard Ier, marteau des Écossais. Gardez la foi".

Édouard assura en effet la régence de son père et, après la mort d'Henri, probablement à la suite d'une attaque cérébrale, le 16 novembre 1272, le prince Édouard devint Édouard Ier d'Angleterre. Édouard étant parti pour ce que l'on appelle parfois la neuvième croisade (1271-1272), le couronnement n'eut lieu que le 19 août 1274, comme d'habitude à l'abbaye de Westminster. Édouard régnerait jusqu'en 1307.

Vie privée

Édouard épousa Éléonore de Castille (née vers 1242) en octobre 1254, alors qu'elle avait 12 ans et qu'il n'en avait que 15, mais le mariage se passa bien. Éléonore accompagna même son mari lors de sa croisade et lorsqu'elle mourut en 1290, Édouard souffrit beaucoup de sa perte. Le passage de son cercueil de Lincoln à Londres fut commémoré par l'érection de 12 croix monumentales, dont l'une, la dernière du parcours, donna son nom à Charing Cross, à Londres. Édouard, qui avait déjà une famille de 11 filles et 4 fils, se remariait le 10 septembre 1299 avec Marguerite (v. 1282-1318), la fille de Philippe III de France (r. de 1270 à 1285). Marguerite avait plus de 40 ans de moins qu'Édouard, mais le mariage fut une nouvelle réussite.

Caernarfon Castle, Wales
Château de Caernarfon, Pays de Galles
Matt Buck (CC BY-SA)

Soumission du Pays de Galles

La série de défaites militaires d'Henri III au Pays de Galles (1228, 1231 et 1232) avait conduit Henri à conférer à Llywelyn ap Gruffudd (v. 1223-1282) le titre de prince de Galles. L'indépendance du Gallois s'affirma encore plus lorsqu'il refusa d'assister au couronnement d'Édouard en 1274. Le nouveau roi était cependant plus doué pour la guerre que son père, et Édouard était bien décidé à se venger de cet affront. Organisant une immense armée en 1276, le roi anglais marcha sur le Pays de Galles et dépouilla Llywelyn de ses terres, bien qu'il lui ait permis de conserver son titre royal, devenu insignifiant. Néanmoins, les Gallois avaient toujours l'ambition de se libérer de la domination anglaise et Dafydd, le frère de Llywelyn, déclencha une nouvelle rébellion. Les rebelles furent vaincus et Llywelyn fut tué en 1282, sa tête présentée en triomphe au roi d'Angleterre, puis exposée à la Tour de Londres. Dafydd fut finalement capturé et exécuté, lui aussi, était tirée par un cheval, pendue puis écartelée.

Supprimer la pub
Advertisement

Édouard était désormais déterminé à imposer sa domination sur la région, en particulier sur le nord du Pays de Galles où les rebelles avaient établi leur quartier général, en construisant une série de puissants châteaux. À partir de 1283, des forteresses aussi imposantes que le château de Caernarfon, le château de Conwy et le château de Harlech furent construites. Le roi veilla à ce que ses châteaux soient souvent construits sur des sites d'importance culturelle et historique pour les Gallois, afin d'envoyer un message clair indiquant qu'un nouvel ordre s'était instauré dans la région. Il alla même jusqu'à faire naître son fils Édouard au château de Caernarfon - le cœur de l'administration anglaise au Pays de Galles - le 25 avril 1284, puis lui conféra le titre de prince de Galles (formellement attribué en 1301). Par la suite, il devint habituel pour un monarque anglais de donner ce titre à son fils aîné.

Malgré les châteaux et la propagande royale, les Gallois n'étaient pas tout à fait soumis et une autre rébellion majeure éclata en 1294, menée cette fois par Madog ap Llywelyn. Édouard, bien que contraint d'hiverner au château de Conwy, réussit à reprendre le contrôle du château de Caernarfon en 1295. Madog fut alors vaincu par une armée dirigée par le comte de Warwick à Maes Moydog en mars 1295, et le Pays de Galles fut désormais administré comme s'il faisait partie de l'Angleterre, la région ayant déjà été divisée en shires dans le Statut de Rhuddlan de 1284 afin de briser les anciens royaumes traditionnels. Une nouvelle série de châteaux fut alors érigée pour garantir l'obéissance, dont le château de Beaumaris, qui est peut-être le plus bel exemple de château médiéval concentrique encore existant.

Administration en Angleterre

Édouard tenta d'éviter les erreurs de ses prédécesseurs en veillant à la sécurité de son pays, l'Angleterre. Le roi fit son possible pour que les barons et leurs droits soient protégés et que l'administration locale soit améliorée grâce à l'arpentage (1274-75) et à une meilleure tenue des registres (les Hundred Rolls). En 1275, le Statut de Westminster codifia 51 nouvelles lois, dont beaucoup s'inspiraient de la Grande Charte. Le procès par jury fut rendu obligatoire (auparavant, l'accusé devait y consentir) et des juges de paix furent nommés.

Supprimer la pub
Advertisement

[vidéo:6-1883]

Le Parlement modèle se réunit pour la première fois en 1295. Il comprenait des membres du clergé et des chevaliers, ainsi que des propriétaires de grands domaines, dont deux représentants de chaque comté et de chaque ville (ou bourg). L'adhésion au parlement était toujours réservée aux personnes fortunées, mais elle était plus large que jamais, car Édouard cherchait le meilleur moyen de s'assurer le soutien de ses demandes de revenus plus importants. Le parlement approuva également le projet de campagne militaire d'Édouard en Écosse. Le roi n'avait peut-être aucun intérêt à limiter son propre pouvoir ou à accroître celui de l'élite, mais le fait qu'il ait régulièrement convoqué le parlement pour lever des impôts donna néanmoins le coup d'envoi à cette institution omniprésente dans le gouvernement anglais, qui acquit un caractère et une préséance qui lui étaient propres. L'inclusion de membres riches mais sans titre marqua le début de ce qui allait devenir la Chambre des communes.

Une autre conséquence du besoin de fonds fut l'attaque contre la communauté juive du royaume. En 1287, Édouard commença à expulser tous les Juifs de son royaume, confisquant leurs biens afin de renflouer ses caisses de guerre et d'apaiser l'Église qui considérait les prêteurs d'argent comme une menace. En 1290, la quasi-totalité des 2 000 Juifs du royaume étaient partis, d'une manière ou d'une autre, et Édouard était si satisfait de sa politique qu'il la répéta en Gascogne (voir ci-dessous).

Attaques contre l'Écosse

Édouard ne se contenta pas de régner sur l'Angleterre et le Pays de Galles, il s'attaqua également à l'Écosse. Le roi anglais avait espéré prendre le contrôle de l'Écosse par des moyens pacifiques en arrangeant le mariage de son fils avec Marguerite de Norvège, qui était la petite-fille et l'héritière du roi Alexandre III d'Écosse (r. de 1249 à 1286). Malheureusement, ces plans n'aboutirent pas car Marguerite mourut de maladie aux Orcades en septembre 1290. Édouard dut alors décider qui serait le successeur d'Alexandre (un événement souvent appelé la Grande Cause): le puissant noble John Balliol (né vers 1249) ou Robert Bruce (né en 1210 et grand-père de son homonyme plus célèbre). En 1292, Édouard choisit Balliol, peut-être parce qu'il était le plus faible des deux et qu'il pouvait donc être plus facilement manipulé. En fin de compte, les Écossais eux-mêmes se lassèrent des réponses inefficaces de Balliol à la domination d'Édouard et une rébellion ouverte était dans l'air.

Vous aimez l'Histoire?

Abonnez-vous à notre newsletter hebdomadaire gratuite!

Sir William Wallace
Sir William Wallace
Kjetil Bjørnsrud (CC BY-SA)

Le roi d'Angleterre connut alors d'autres problèmes. Le Pays de Galles était sur le point d'assister à la rébellion de 1294 menée par Madog et la Gascogne était sérieusement menacée en France - le seul territoire du roi de l'autre côté de la Manche depuis que son père l'avait cédé lors du traité de Paris de 1259. La Gascogne, qui fournissait un revenu appréciable grâce à la taxation du commerce florissant du vin, avait en effet été perdue au profit de l'ambitieux Philippe IV de France (r. de 1285 à 1314) et les taxes qu'Édouard imposa aux Écossais pour payer sa campagne ratée en France furent la goutte d'eau qui fit déborder le vase. En 1295, l'Écosse s'allia officiellement à la France - première étape de ce que l'on appellerait la "Auld Alliance" - et Balliol se sentit suffisamment sûr de lui pour ne pas rendre hommage à Édouard.

Le roi d'Angleterre réagit énergiquement à la désobéissance écossaise en formant une nouvelle armée qu'il conduisit en personne à Berwick, avec une force totale de 25 000 à 30 000 hommes. À Berwick, selon Walter of Guisborough, chroniqueur du XIVe siècle, Édouard commença comme il avait l'intention de continuer et massacra 11 060 habitants de la ville. Le roi, surnommé "le marteau des Écossais", était désormais déterminé à conquérir l'ensemble du pays et, en juin, il avait déjà fait beaucoup pour atteindre son objectif. Balliol se rendit après la bataille de Dunbar (1296), trois barons anglais furent nommés pour gouverner l'Écosse et Édouard vola même la pierre de Scone (ou pierre du destin), symbole de la monarchie écossaise, pour la placer dans l'abbaye de Westminster, sous la chaise du couronnement. La pierre ne fut restituée qu'en 1996. De bonnes nouvelles arrivèrent également de France : la Gascogne avait été restituée à Édouard à la suite de l'intervention du pape dans le conflit. Les relations amicales furent cimentées par le mariage d'Édouard avec la fille de Philippe III, Marguerite, et par les fiançailles du prince de Galles avec Isabelle, fille de Philippe IV de France.

Beaumaris Castle
Château de Beaumaris
Cadw (Open Government License)

L'Écosse ne fut cependant jamais tout à fait soumise et, malgré des invasions en 1298 et 1300, une rébellion majeure éclata, menée par le propriétaire terrien (et plus tard chevalier) William Wallace (c. 1270-1305) - vedette éponyme du film Braveheart de 1995 - et Sir Andrew Moray of Bothwell. Les rebelles remportèrent une célèbre victoire en septembre 1297 à la bataille de Stirling Bridge, mais Édouard, à la tête de son armée, remporta un autre affrontement en juillet 1298 à la bataille de Falkirk, où 20 000 Écossais furent tués. Édouard envoya ensuite d'autres armées en 1301 et 1303, récupérant au passage le château de Stirling, mais ce n'est qu'en 1305 que Wallace fut finalement capturé à Glasgow, puis exécuté comme traître à Londres. En février 1306, les Écossais continuèrent de se rassembler autour de leur figure de proue, Robert le Bruce (né en 1274), petit-fils du rival de John Balliol pour le trône en 1292. S'étant autoproclamé roi en février 1306, Robert bénéficiait du soutien des barons écossais du nord, mais fut d'abord contraint de fuir en Irlande. Cependant, lui et les Écossais profitèrent grandement de la mort soudaine d'Édouard et de l'incompétence de son successeur; le roi Robert régnerait sur l'Écosse jusqu'en 1329.

Royal Funerary Procession in the Middle Ages
Procession funéraire royale au Moyen Âge
Mohawk Games (Copyright)

Mort et successeur

Édouard mourut de maladie, probablement de dysenterie, à l'âge de 68 ans, le 7 juillet 1307 à Burgh by Sands, près de Carlisle, alors qu'il s'apprêtait à entamer une nouvelle campagne contre les Écossais. Il fut enterré à l'abbaye de Westminster et, à sa demande, sa tombe fut gravée avec la légende suivante: "Édouard Ier, Marteau des Écossais. Gardez la foi". Son fils Édouard II d'Angleterre lui succéda. Son règne, qui dura jusqu'en 1327, fut entaché d'incompétence militaire, de favoritisme excessif à l'égard de ses amis, d'anarchie au sein de ses propres barons et, cerise sur un gâteau royal loin d'être splendide, d'une défaite retentissante face aux Écossais à Bannockburn, en juin 1314. Un autre Édouard lui succéderait, Édouard III d'Angleterre, petit-fils d'Édouard Ier et dernier membre du trio qui acheva la période "édouardienne" de l'Angleterre médiévale (1272-1377).

Supprimer la pub
Publicité

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2020, janvier 09). Édouard Ier d'Angleterre [Edward I of England]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18603/edouard-ier-dangleterre/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Édouard Ier d'Angleterre." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le janvier 09, 2020. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-18603/edouard-ier-dangleterre/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Édouard Ier d'Angleterre." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 09 janv. 2020. Web. 25 avril 2024.

Adhésion