Sacsahuamán

Définition

Mark Cartwright
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 20 juillet 2016
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Disponible dans ces autres langues: anglais, espagnol
Sacsayhuaman Fortifications (by David Stanley, CC BY)
Fortifications du Sacsahuamán
David Stanley (CC BY)

Le complexe forteresse-temple du Sacsahuamán (également Saksaywaman ou Saqsawaman, ce qui signifie "Aigle royal") se trouve à la limite nord de l'ancienne capitale inca, Cuzco. Construit sous le règne de Pachacútec (r. de 1438 à 1471) et de ses successeurs, ses immenses murs bien construits restent aujourd'hui un témoignage non seulement de la puissance inca, mais aussi des compétences des architectes incas et de leur approche consistant à intégrer harmonieusement leurs structures monumentales dans le paysage naturel. Le Sacsahuamán est encore utilisé aujourd'hui pour des reconstitutions de cérémonies d'inspiration inca.

Construction

La forteresse est la plus grande structure construite par les Incas. Elle fut construite sur un promontoire rocheux élevé, face au terrain marécageux du nord, à l'extérieur de la capitale inca de Cuzco. Les découvertes de poteries indiquent que le site avait déjà été occupé par des résidents incas. Commencé sous le règne du grand bâtisseur d'empire inca Pachacuti Inca Yupanqui (Pachacútec), ou peut-être de son fils Thupac Yupanqui, au milieu du XVe siècle, le projet fut confié à quatre architectes: Huallpa Rimachi, Maricanchi, Acahuana et Calla Cunchui. Les premières structures furent construites uniquement avec de la boue et de l'argile. Les souverains suivants les remplacèrent par une magnifique maçonnerie en pierre qui utilisait d'énormes blocs polygonaux finement taillés, dont beaucoup mesuraient plus de 4 mètres de haut et pesaient plus de 100 tonnes. Pour mener à bien un projet d'une telle ampleur, 20 000 ouvriers avaient été recrutés dans le cadre du système bien établi des Incas, qui consistait à extraire des biens et de la main-d'œuvre des peuples qu'ils avaient conquis. Selon un système de rotation, 6 000 d'entre eux avaient été affectés à l'exploitation des carrières, tandis que les 4 000 autres creusèrent des tranchées et posèrent les fondations. Les murs de la forteresse furent construits en sections verticales, probablement, chaque section étant la responsabilité d'un groupe de travailleurs d'une même ethnie.

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Les Incas étaient des maîtres tailleurs de pierre. D'énormes blocs étaient extraits et façonnés à l'aide de pierres plus dures et d'outils en bronze. Les marques sur les blocs de pierre indiquent qu'ils avaient été martelés plutôt que taillés. Les blocs étaient déplacés à l'aide de cordes, de rondins, de poteaux, de leviers et de rampes en terre (des marques révélatrices sont encore visibles sur certains blocs), et certaines pierres présentent encore des nœuds en saillie ou des indentations qui servaient à aider les ouvriers à saisir la pierre. Le fait que les pierres étaient grossièrement taillées dans les carrières, puis retravaillées à leur destination finale est clairement indiqué par les exemples inachevés laissés dans les carrières et sur les différentes routes menant aux chantiers de construction. La taille fine et la mise en place des blocs sur le chantier étaient si précises qu'il n'était pas nécessaire d'utiliser du mortier. Enfin, la surface finie était réalisée à l'aide de meules et de sable.

Le complexe de la forteresse comprenait des temples, notamment un pour le dieu du soleil Inti, et servait de lieu pour les cérémonies incas.

L'archéologie expérimentale a démontré qu'il était beaucoup plus rapide qu'on ne le pensait de préparer et d'apprêter les pierres utilisées par les Incas. Malgré cela, il aurait fallu de nombreux mois pour produire un seul mur. Les Incas veillaient également à ce que les blocs s'emboîtent les uns dans les autres et à ce que les murs soient inclinés afin de maximiser leur résistance aux tremblements de terre. Le temps a prouvé leur efficacité puisque 500 ans de tremblements de terre ont remarquablement peu endommagé les structures incas laissées en l'état, et le Sacsahuamán ne fait pas exception à la règle.

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Conception

Si la théorie selon laquelle tout Cuzco aurait été aménagé pour former un puma vu d'en haut est correcte, alors le Sacsahuamán en était la tête. La forteresse comporte trois terrasses distinctes qui se succèdent en gradins. Les murs, d'une hauteur de 18 mètres chacun, sont disposés en zigzag sur 540 mètres, de sorte que chaque mur compte jusqu'à 40 segments, ce qui permettait aux défenseurs de prendre les assaillants entre deux feux, un résultat favorisé par la courbure générale de toute la façade de la forteresse. En outre, les architectes incas cherchaient très souvent à intégrer harmonieusement leurs structures dans le paysage naturel environnant, et le contour du Sacsahuamán fut construit de manière à imiter les contours de la chaîne de montagnes qui se dresse derrière lui. Ceci est particulièrement évident lorsque le soleil crée de profondes ombres triangulaires entre les terrasses en zigzag, exactement comme il le fait sur la chaîne de montagnes avec ses pics et ses vallées.

Sacsayhuaman Panorama
Panorama du Sacsayhuamán
Darkmagic (CC BY-SA)

Autre élément défensif, il n'y avait qu'une seule petite porte sur chaque terrasse qui donnait accès aux bâtiments intérieurs et aux tours situées sur le flanc de la colline. Les témoins oculaires espagnols décrivent une grande tour circulaire de quatre ou cinq étages placée au centre de la forteresse et dont les fondations (ainsi que celles de deux autres) sont encore visibles aujourd'hui. À l'arrière du complexe, dans une zone connue sous le nom de Suchuna (toboggan), il y avait d'autres terrasses, des patios, des dépendances et un système d'approvisionnement en eau comprenant des citernes et des aqueducs. Enfin, une zone de terrasses en gradins creusées dans le flanc de la colline du Rodadero est supposée avoir été un sanctuaire religieux, peut-être dédié à la déesse de la terre Pachamama, ou une plate-forme d'observation d'où le souverain inca pouvait assister aux cérémonies, ou encore un lieu d'observation astronomique.

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Fonction

Une fois achevée, la forteresse aurait pu accueillir au moins 1 000 guerriers, mais elle fut rarement utilisée car les Incas ne subirent aucune invasion de la part d'États ennemis. C'est probablement pour cette raison que le Sacsahuamán fut conçu comme bien plus qu'une forteresse. Le complexe comprenait des temples, notamment un pour le dieu du soleil Inti, et servait de lieu pour les cérémonies incas. Le Sacsahuamán était également un important entrepôt inca où étaient conservés des armes, des armures, des denrées alimentaires, des textiles de valeur, des céramiques, des outils en métal et des métaux précieux.

Sacsayhuaman Terrace Gateway
Entrée de la terrasse du Sacsahuamán
Martynas (CC BY-NC-SA)

Le Sacsahuamán fonctionna en tant que forteresse pendant la conquête espagnole du Pérou à partir de 1532. Les Espagnols, menés par Francisco Pizarro, conquirent Cuzco peu après avoir tué le souverain inca Atahualpa en 1533, mais ils durent ensuite faire face à un siège organisé et soutenu de la part d'une grande armée inca. Pizarro envoya son frère Juan attaquer les Sacsahuamán à l'aide de cavalerie, puis escalader les murs à l'aide d'échelles. L'offensive fut couronnée de succès, même si Juan mourut au cours de l'opération, et l'occupation de la forteresse permit aux Espagnols de résister au siège.

Utilisation ultérieure

Après l'effondrement de l'empire suite à l'invasion européenne, la plupart des pierres du Sacsahuamán furent réutilisées ailleurs dans les bâtiments coloniaux de Cuzco. Les ruines furent recouvertes de terre par les Espagnols pour empêcher leur utilisation par les forces incas rebelles et le site ne fut redécouvert qu'en 1934. Aujourd'hui, les ruines de la forteresse accueillent le festival annuel de reconstitution inca, l'Inti Raymi, qui se tient au solstice d'hiver.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Mark Cartwright
Mark est un auteur, chercheur, historien et éditeur à plein temps. Il s'intéresse particulièrement à l'art, à l'architecture et à la découverte des idées que toutes les civilisations peuvent nous offrir. Il est titulaire d'un Master en Philosophie politique et est le Directeur de Publication de WHE.

Citer cette ressource

Style APA

Cartwright, M. (2016, juillet 20). Sacsahuamán [Sacsayhuaman]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-14839/sacsahuaman/

Style Chicago

Cartwright, Mark. "Sacsahuamán." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juillet 20, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-14839/sacsahuaman/.

Style MLA

Cartwright, Mark. "Sacsahuamán." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 20 juil. 2016. Web. 28 avril 2024.

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