K'inich Yax K'uk' Mo

Définition

Joshua J. Mark
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 27 mars 2014
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Disponible dans ces autres langues: anglais, portugais
K'inich Yax K'uk Mo (by Charles Tilford, CC BY-NC-SA)
K'inich Yax K'uk Mo
Charles Tilford (CC BY-NC-SA)

Yax K'uk' Mo' (prononcé `Yash Kook Mo') était le fondateur et le premier roi de la dynastie qui régna sur la cité maya de Copan (dans l'actuel Honduras) pendant 350 ans. Connu officiellement sous son nom royal, K'inich Yax K'uk' Mo', il régna pendant onze ans, de 426 à 437 de notre ère. Son nom est traduit par "premier ara Quetzal radieux" ou "ara vert aux yeux de soleil" ou encore "soleil dans la bouche de l'oiseau Quetzal". Les nombreuses interprétations de son nom se reflètent dans les diverses théories concernant ses origines. Il n'était pas originaire de Copan, et les spécialistes pensent qu'il était peut-être venu de Teotihuacán, de Tikal ou de Caracol, ou d'une autre région. Tout ce que l'on sait clairement, c'est qu'un homme nommé K'uk Mo' Ajaw émergea d'un endroit éloigné de Copan en 416 de notre ère, qu'il prit part à une action militaire et qu'il devint roi en 426.

Le fait qu'il ait bien gouverné et qu'il ait été très respecté est attesté par les hommages des souverains ultérieurs et par les archives archéologiques qui montrent clairement que Yax K'uk Mo' essentiellement construisit ce qui est aujourd'hui reconnu comme la ville maya de Copan. Les informations concernant sa vie proviennent de gravures sur des stèles, des monuments et des temples découverts à Copan et dans la région de Quirigua: le célèbre autel Q (commandé par le dernier roi de Copan, Yax Pasah, représentant les 16 rois de Copan en commençant par Yax K'uk Mo'); la stèle E de Copan (qui raconte sa blessure, ou "chute", lors de l'engagement militaire de 416 de notre ère); Le temple II de Copan (dédié à la maison de Yax K'uk Mo'); la pierre de Xulpi (un monument funéraire dédié à Yax K'uk Mo' en 437 de notre ère); et le Motmot Marker (un monument maya de la plaine) qui est la première représentation du roi.

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Lieu d'origine et ses célèbres "lunettes

Le nom de K'uk Mo l'associe à la ville de Tikal, notamment en raison de la statue Hombre de Tikal qui, bien que dépourvue de tête, représente un chef de guerre et porte le nom de K'uk Mo. Les chercheurs ne s'accordent cependant pas sur la question de savoir s'il s'agit d'une représentation du grand roi de Copan ou d'un autre guerrier. Le mayaniste David Stuart a souligné que la désignation "K'uk Mo" était assez courante dans la région. Néanmoins, Yax K'uk Mo' était également connu sous le nom de "Seigneur de l'Ouest" (le seul souverain de Copan à porter ce titre), qui était une désignation honorifique portée par les rois de Tikal et, plus particulièrement, par le premier souverain de Tikal Siyaj K'ak' qui initia l'essor de cette ville en 378 de notre ère et dont les exploits semblent avoir été imités lors de l'ascension au pouvoir de Yax K'uk Mo. Certaines représentations de Yax K'uk Mo', cependant, le présentent avec des vêtements et des ornements de Teotihuacán; ses "lunettes" sont associées au dieu de la pluie Tlaloc, vénéré dans la ville de Teotihuacán, ce qui le rattache également à cette région.

LES "LUNETTES", QUI SELON CERTAINS AUTEURS SERAIENT LA PREUVE D'UNE ACTIVITÉ EXTRATERRESTRE ANCIENNE DANS L'ESSOR DE LA CIVILISATION MAYA (CAR ELLES RESSEMBLENT À DES LUNETTES DE PILOTE), NE SONT PAS DES PROTECTIONS OCULAIRES MAIS FONT PLUTÔT PARTIE DE LA COIFFE CÉRÉMONIELLE DU ROI.

Les "lunettes", qui selon certains auteurs seraient la preuve d'une activité extraterrestre ancienne dans l'essor de la civilisation maya (car elles ressemblent à des lunettes de pilote), ne sont pas des protections oculaires mais font plutôt partie de la coiffe cérémonielle du roi. Le titre "aux yeux de soleil" (Kinich) de son nom était également utilisé par les souverains de Teotihuacán qui portaient des coiffes similaires avec ce qui semble être des lunettes sur les yeux. Cet ornement sur les yeux représentait peut-être la séparation du souverain d'avec le peuple et son association avec le regard pénétrant des dieux (représentés par le soleil). David Stuart, quant à lui, s'oppose à la thèse de Teotihuacán comme point d'origine, affirmant que le nom de Yax K'uk Mo représente des oiseaux originaires du sud de la Mésoamérique, mais pas de la région de Teotihuacán. Stuart écrit:

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Dans l'ensemble, on peut simplement conclure, à partir de l'art dynastique et des inscriptions les plus anciennes, que K'inich Yax K'uk' Mo' était un roi maya, mais qu'il avait d'importants contacts et associations avec l'étranger" (239). Stuart souligne également que le Motmot est une création purement maya, qu'il est la plus ancienne représentation de Yax K'uk Mo' et qu'il le présente en costume maya. Stuart conclut alors que "c'était un seigneur maya profondément imprégné des traditions de Teotihuacán. (193)

Ses contacts avec Teotihuacán, son expérience militaire et ses probables compétences politiques précoces lui permirent d'accroître le pouvoir et le prestige de la ville de Copan au point que l'on peut dire qu'il l'aurait refondée.

Copan, Quirigua et Tikal

La cité de Tikal était au sommet de sa puissance à l'époque de l'apparition de Yax K'uk Mo à Copan. L'historienne Maria Longhena écrit: "Une série de facteurs, dont la position stratégique de Tikal dans l'aire culturelle maya et son développement historique enregistré sur ses monuments, ont récemment conduit les épigraphistes Nikolai Grube et Simon Martin à formuler une théorie selon laquelle Tikal et Calakmul occupaient ensemble une position dominante par rapport aux autres cités-états mayas de la période classique" (243). C'est en raison de l'importance de Tikal que les chercheurs ont supposé que Yax K'uk Mo' avait probablement été soutenu par le régime de cette ville lors de son ascension à Copan ou que son accession au pouvoir était le résultat d'un coup d'État initié par Tikal, qui fut tenté pour la première fois en 416 de notre ère et accompli en 426 de notre ère. La ville voisine de Quirigua avait été fondée par les rois de Copan avant l'arrivée de Yax K'uk Mo et fut subordonnée à la ville mère pendant la majeure partie de son histoire.

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Tikal Main Plaza
Place principale de Tikal
chensiyuan (CC BY-SA)

Une inscription au sommet de l'autel Q de Copan raconte comment le fondateur, alors connu sous le nom de K'uk Mo' Ajaw, était venu de très loin et, le 5 septembre 426, et

aurait "pris K'awiil", dans le sens de saisir un sceptre sous la forme de la divinité aux pieds de serpent, marquant ainsi une transition vers le statut royal. Trois jours plus tard, portant désormais son nom royal complet, K'inich Yax K'uk' Mo', il se rend au wi te' naah, qui peut se traduire par "Maison des racines", une structure liée à la fondation des dynasties, avec de fortes associations avec le Mexique central. À cette occasion, on sait qu'au moins un autre seigneur de la région, le roi de Quirigua, y a accédé. L'emplacement [de la Maison des racines] n'est pas précisé, mais sa distance par rapport à Copan est implicite dans les 152 jours qui s'écoulent avant l'"arrivée ici" du fondateur à Ox Witik, le principal nom de lieu de Copan (Martin et Grube, 192).

Cette inscription est interprétée comme signifiant que Yax K'uk Mo' reçut sa commission (ou son pouvoir) de Tikal (associée au voyage de 152 jours), se rendit d'abord à Quirigua, pour y installer un dirigeant loyal à sa cause, puis vint (ou marcha à la tête d'une armée) à Copan. Au cours des onze années de son règne, la ville s'agrandit grâce à d'importants projets de construction qui permirent d'ériger d'immenses temples et pyramides dans le style de Tikal et de Teotihuacán.

Pierre de Xulpi et tombe de Hunal

Yax K'uk Mo' présida le festival à la fin du 9e Baktun avec son fils, K'inich Popol Hol, le 11 décembre 435 de notre ère. Un Baktun est une période de 394 ans, ou 20 cycles Katun de 144 000 jours, dont le début et la fin étaient marqués par d'importantes célébrations chez les anciens Mayas (et chez leurs descendants de nos jours). On ne sait pas si son fils avait pris le pouvoir à cette époque et si Yax K'uk Mo' s'était retiré ou s'ils étaient des souverains conjoints, mais il semble que le père et le fils aient accompli des rituels d'égale importance lors de cette fête. La pierre de Xulpi, une borne funéraire datée du 30 novembre 437 de notre ère, avait été commandée par K'inich Popol Hol en l'honneur de son père. La mort de Yax K'uk Mo' est donc datée de cette année-là, mais il est possible qu'il soit mort plus tôt que la date indiquée sur la pierre. Un aspect important de cette pierre est que Yax K'uk Mo' est personnellement lié à Siyaj K'ak', le seigneur de guerre de Tikal, qui est également arrivé "mystérieusement" dans cette ville en 378 de notre ère et avait lancé les projets de construction et d'expansion qui avaient fait de Tikal une ville si prospère.

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Ball Court, Copan
Terrain de jeu de balle, Copan
Adalberto Hernandez Vega (CC BY)

En 2000, des archéologues travaillant à Copan ont mis au jour la tombe d'un ancien roi que la plupart des spécialistes reconnaissent aujourd'hui comme étant K'inich Yax K'uk Mo'. La position centrale de la tombe dans la ville et les objets personnels enterrés avec le corps suggèrent fortement l'identification avec le premier grand roi de Copan. Mais surtout, comme le note l'historien Geoffrey E. Braswell, ces objets correspondent précisément à la représentation de Yax K'uk Mo sur l'autel Q: "l'individu de la tombe Hunal souffrait d'une grave fracture de parade de l'avant-bras droit qui correspond à la représentation du portrait de guerrier de K'inich Yax K'uk Mo sur l'autel Q, où il est montré tenant un petit bouclier protégeant son avant-bras droit". L'analyse des isotopes de strontium des dents du squelette a révélé qu'il n'était pas originaire de Copan, mais qu'il avait passé sa jeunesse au sud de la ville, dans le bassin du Peten, et qu'il n'avait vécu dans la région de la ville qu'au cours des dernières années de sa vie. La tombe voisine de celle que l'on appelle la "Dame en rouge" est une preuve supplémentaire que le squelette de la tombe de Hunal est bien celui de Yax K'uk Mo'. On pense que Yax K'uk Mo' légitima son règne sur Copan en épousant une femme noble de la ville. L'analyse minutieuse du squelette de la "Dame en rouge" montre qu'elle était née dans la région de Copan, que ses riches vêtements la désignent comme membre de la famille royale et que sa proximité avec la tombe du roi en fait une proche parente.

La pierre de Xulpi et la tombe de Hunal, associées à l'autel Q et au reste des inscriptions de Copan (comme l'escalier hiéroglyphique fortement érodé), semblent confirmer que Yax K'uk Mo' était un chef de guerre de Tikal qui imita la vie du premier héros Siyaj K'ak' et créa une métropole à Copan qui, espérait-il, refléterait la grandeur de la puissante Tikal. Il réussit à atteindre son objectif et posa les bases d'une dynastie qui, pendant 350 ans, se concentra sur le développement de l'art, de la culture, du commerce, de l'expansion par le biais de campagnes militaires et de magnifiques projets de construction. Les 16 rois de Copan sont honorés sur un pied d'égalité dans leur représentation sur l'autel Q en raison de l'uniformité de leurs efforts et de leurs réalisations pour améliorer la vie des citoyens de la ville. Tous semblent avoir suivi la politique et la vision de Yax K'uk Mo pour la ville et chacun prit soin et améliora les efforts de son prédécesseur. En 1988, des fouilles à Copan ont permis de découvrir une crypte à côté de l'autel Q qui contenait les restes de 15 jaguars sacrifiés en 775 par le dernier roi de la dynastie, Yax Pasah, en l'honneur de ses 15 prédécesseurs. Ce document, ainsi que les archives que chaque roi compléta, illustrent la vision coopérative et progressiste des souverains de Copán: au lieu d'essayer de surpasser personnellement leur prédécesseur, ils lui rendaient hommage en conservant la même vision et les mêmes politiques.

Déclin de Copan

En 738, le treizième roi de Copán, Uaxaclajuun Ubaah K'awill, fut capturé par le roi de Quirigua et décapité. Longhena écrit: "Cela marque un moment dramatique pour le prestige politique et militaire de la ville de Copan qui, à cette époque, connaissait une période particulièrement faste et devait être l'une des villes mayas les plus importantes et les plus peuplées" (252). Quirigua avait clairement abandonné son statut de vassal à cette époque et rivalisait activement avec Copan pour la primauté. Copan semble être devenue de plus en plus peuplée à cette époque et les œuvres d'art de cette période représentent plus de conflits militaires que les œuvres des périodes précédentes. Les grands projets de construction se poursuivirent pendant cette période, mais lorsque le seizième souverain de Copan, Yax Pasah, monta sur le trône en 763, il lança un autre type d'art. Son règne fut marqué par des constructions plus modestes et un accent mis sur l'histoire de la ville.

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Sous Yax Pasah, l'escalier hiéroglyphique, construit en 710 pour relater l'histoire de la ville, fut rénové et l'autel Q fut créé. L'attention portée à ces deux monuments, ainsi qu'à l'art hiéroglyphique commandé sous le règne de Yax Pasah, reflète le souci d'enregistrer la gloire du passé dans un présent incertain. Le règne de Yax Pasah mit fin à la dynastie fondée par Yax K'uk Mo', et le dernier roi de Copan, un souverain du nom d'Ukit Took, laissa derrière lui un autel inachevé et aucune amélioration ou rénovation des structures de la ville. La population de Copan diminua au fur et à mesure que les ressources se raréfièrent. La surexploitation des terres et une population trop nombreuse pour les réserves d'eau entraînèrent un exode constant de la ville et une forte baisse de son prestige. La célébration de Katun en 810 se déroula à Quirigua et non à Copan et, en 830, la ville était abandonnée.

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Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Joshua J. Mark
Auteur indépendant et ex-Professeur de Philosophie à temps partiel au Marist College de New York, Joshua J. Mark a vécu en Grèce et en Allemagne, et a voyagé à travers l'Égypte. Il a enseigné l'histoire, l'écriture, la littérature et la philosophie au niveau universitaire.

Citer cette ressource

Style APA

Mark, J. J. (2014, mars 27). K'inich Yax K'uk' Mo [K'inich Yax K'uk' Mo]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-12538/kinich-yax-kuk-mo/

Style Chicago

Mark, Joshua J.. "K'inich Yax K'uk' Mo." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le mars 27, 2014. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-12538/kinich-yax-kuk-mo/.

Style MLA

Mark, Joshua J.. "K'inich Yax K'uk' Mo." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 27 mars 2014. Web. 27 avril 2024.

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