Outils de l'Âge de Pierre

Article

Emma Groeneveld
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 21 décembre 2016
Disponible dans ces autres langues: anglais
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L'âge de pierre couvrant environ 99 % de l'histoire technologique de l'humanité, il semble qu'il y ait beaucoup à dire sur le développement des outils au cours de cette période. En dépit de notre dépendance à l'égard du peu de sources archéologiques qui existent, c'est bien le cas.

L'âge de pierre désigne la vaste période durant laquelle la pierre fut largement utilisée pour fabriquer des outils. Jusqu'à présent, les premiers outils en pierre ont été datés d'environ 2,6 millions d'années. La fin est fixée à la première utilisation du bronze qui n'est pas apparu partout au même moment ; le Proche-Orient fut le premier à entrer dans l'âge du bronze vers 3 300 avant notre ère. Il faut reconnaître que la pierre n'était pas, loin s'en faut, le seul matériau utilisé pour les outils durant toute cette période, mais c'est le plus résistant à la dégradation et il survit donc un peu mieux que les autres.

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Neolithic Stone Axe with Wooden Handle
Hache en pierre néolithique avec manche en bois
JMiall (CC BY-SA)

Périodes de temps

Il est important de réaliser que les méthodes choisies pour diviser l'âge de pierre en petits segments (voir ci-dessous) dépendent du développement technologique, et non des frontières chronologiques. Comme ces développements ne se sont pas produits au même moment dans toutes les régions, il n'est pas question de fixer des dates précises. Bien sûr, cette méthode présente quelques difficultés, car les caractéristiques définissant chaque culture d'outils en pierre sont déterminées par nous-mêmes. Comme toutes les méthodes de classification construites artificiellement, elles simplifient à l'extrême et laissent de nombreuses zones d'ombre, par exemple en ce qui concerne les périodes de transition. Cependant, tant que l'on garde cela à l'esprit, il s'agit d'un moyen utile d'ajouter une certaine structure à une période de temps aussi longue.

L'âge de pierre est considéré comme se composant du :

  • Paléolithique (ou Ancien âge de pierre)
  • Mésolithique (ou âge de pierre moyen)
  • Néolithique (ou nouvel âge de pierre).

Le paléolithique s'étend de l'apparition des premiers outils en pierre, datés d'environ 2,6 millions d'années, à la fin de la dernière période glaciaire, il y a environ 12 000 ans. Il est subdivisé en trois périodes : le Paléolithique inférieur ou précoce (il y a environ 2,6 millions d'années - environ 250 000 ans), le Paléolithique moyen (il y a environ 250 000 ans - environ 30 000 ans) et le Paléolithique supérieur ou tardif (il y a environ 50 000/40 000 ans - environ 10 000 ans ; certaines de ces cultures ont persisté jusqu'à ce que l'hémisphère nord se réchauffe à nouveau). En outre, dans ces cadres, diverses cultures de la pierre sont identifiées, dont certaines que vous trouverez ci-dessous.

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Le Mésolithique a vu les humains s'adapter au climat plus chaud, à partir d'environ 12 000 avant J.-C. jusqu'à la transition vers l'agriculture qui s'est produite à des moments différents selon les régions, la plus ancienne étant celle du Proche-Orient, vers 9 000 avant J.-C. (qui, en raison de sa rapidité, a en quelque sorte sauté le Mésolithique). À l'autre extrême, l'agriculture ne s'est répandue en Europe du Nord que vers 4 000 ans avant notre ère environ.

Middle Palaeolithic Hand Axe
Hache à main du Paléolithique moyen
José-Manuel Benito Alvarez (CC BY-SA)

Le Néolithique n'a donc pas non plus de point de départ chronologique précis, mais il est défini par le passage à un mode de vie plus sédentaire basé sur l'agriculture et l'élevage. L'introduction du bronze marque la fin du Néolithique qui se produit progressivement dans diverses régions à partir d'environ 3 300 avant notre ère.

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Les premiers outils

En 2010, une affirmation a été émise selon laquelle les premières preuves de l'utilisation d'outils devraient être repoussées à 3,3 millions d'années - bien avant que les premiers Homo aient parcouru la terre; leur première apparition ayant récemment été repoussée à environ 2,8 millions d'années. Nos ancêtres supposés, l'Australopithecus afarensis, sont tenus responsables de la production de marques sur des os de bovidés sur un site à Dikika, en Éthiopie. En outre, la découverte dans le Turkana occidental, au Kenya, d'outils en pierre datant de 3,3 millions d'années semble conforter l'idée que les humains n'ont peut-être pas été les premiers utilisateurs d'outils.

L'utilisation d'outils la plus ancienne dûment attestée remonte à 2,6 millions d'années.

Toutefois, une évaluation plus critique des deux sites a conduit les chercheurs à rejeter ces affirmations. Les marques de Dikika pourraient également avoir été faites par des dents de crocodiles ou par les piétinements, et le site du Turkana occidental pourrait avoir souffert du glissement de matériaux provenant de couches plus jeunes dans le dépôt, ce qui aurait entraîné une datation incorrecte. Tant que ces possibilités n'ont pas été écartées, les preuves doivent être considérées comme insuffisantes.

Cela ne signifie pas pour autant que les humains sont condidérés les seuls ayant pu utiliser des outils. Tous les homininés qui étaient présents à cette époque peuvent avoir utilisé une sorte de technologie de la pierre dans une mesure plus ou moins grande. Les homininés sont le groupe qui comprend les humains modernes, les espèces humaines éteintes et nos ancêtres immédiats - des espèces qui sont plus étroitement liées aux humains modernes qu'à toute autre chose. Ce groupe comprend non seulement les membres des genres Homo, mais aussi Australopithecus (auquel appartient la célèbre Lucy), Paranthropus, et Ardipithecus. De nombreux anthropologues soutiennent que l'Homo était probablement le plus habitué à utiliser et à fabriquer des outils, car la taille de son cerveau augmenta très rapidement au cours du premier million d'années qui suivit la première utilisation d'outils correctement comptabilisée, il y a 2,6 millions d'années, et la taille de ses dents diminua. Cela ne put se produire que s'il existait des outils pour compenser les dents plus petites. Il ne s'agit probablement que d'une question de temps avant que la première documentation solidement étayée de l'utilisation d'outils par des non-Homos soit mise au jour.

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Lake Turkana, Kenya
Lac Turkana, Kenya
Doron (CC BY-SA)

Bien que certains animaux - comme les chimpanzés, connus pour utiliser des bâtons pour creuser à la recherche de termites - utilisent une sorte d'outils, le processus de fabrication de ces premiers artefacts en pierre est unique aux homininés. Malgré la simplicité des premiers outils en pierre, ils témoignent d'une manière délibérée et contrôlée de fracturer la roche à l'aide de coups percussifs, ce qui témoigne d'une innovation comportementale certaine.

Le Paléolithique inférieur ou précoce

Le Paléolithique inférieur commence avec les premières preuves de la technologie de la pierre (aussi appelée lithique), datées jusqu'à présent d'environ 2,6 millions d'années et provenant de sites en Ethiopie. Deux industries sont reconnues dans cette période, à savoir l'Oldowayen et l'Acheuléen. Elle dure jusqu'à il y a environ 250 000 ans, jusqu'au début du Paléolithique moyen.

L'Oldowayen

L'industrie de l'Oldowayen, qui tire son nom de la gorge d'Olduvaï en Tanzanie, est la plus ancienne industrie de la pierre présente dans nos sources archéologiques. Elle se caractérise par des galets taillés et des outils sur éclats, trouvés à côté d'artefacts abîmés comme des marteaux, ainsi que des os d'animaux occasionnels présentant des marques de coupe.

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Bien qu'il n'y ait pas de fin précise et qu'il ait coexisté pendant un certain temps avec l'industrie acheuléenne plus tardive (qui commença il y a environ 1,7 million d'années), les archéologues fixent généralement la fin à environ 1 million d'années lorsqu'ils parlent de l'Oldowayen. Les sites Oldowayens sont avant tout connus en Afrique (dans des endroits comme l'Éthiopie, le Kenya et l'Afrique du Sud), mais on constate ensuite qu'ils se sont répandus vers le Proche-Orient et l'Asie orientale, probablement apportés par l'Homo erectus.

Oldowan Chopper
Hachoir oldowayen
BabelStone (CC BY-SA)

Sur ces sites, des technologies simples ont été utilisées pour transformer des matériaux tels que les laves volcaniques, le quartz et le quartzite en outils par le biais de techniques connues sous le nom de percussion à marteau dur et de percussion bipolaire, dans laquelle une enclume en pierre sert de base pour poser le caillou pendant qu'il est frappé avec un marteau en pierre. De cette manière, les pierres étaient transformées en hachoirs, en grattoirs à usage intensif et autres outils similaires, en percuteurs battus tels que les marteaux et les sphéroïdes, en éclats et en fragments frappés à partir de pierres tournées et manipulées, et en pièces retouchées telles que des grattoirs et des alènes. Il est clair que ces premiers humains étaient habiles et savaient comment tirer le maximum d'une pièce, car les sites montrent souvent des dizaines de pierres débitées accompagnées de milliers de copeaux, ce qui indique que de nombreux copeaux étaient martelés à partir du même morceau de roche.

Les premiers outils étaient très probablement utilisés pour aider ces humains à dépecer des animaux, à couper des plantes et même à travailler le bois.

Ces premiers outils étaient très probablement utilisés pour aider ces humains à dépecer des animaux (pas toujours ceux qu'ils avaient chassés eux-mêmes, mais probablement aussi ceux qu'ils avaient récupérés lorsque c'était possible), à couper des plantes et même à travailler le bois. En se glissant dans la peau des premiers humains, les chercheurs ont réalisé des expériences qui ont montré que les copeaux oldowayens permettent de dépecer avec succès des carcasses allant de petits mammifères à des animaux pesant des centaines de livres, ce qui reflète la gamme d'os que l'on trouve généralement sur ces sites. La moelle nutritive contenue dans les os et les cerveaux juteux à l'intérieur des crânes solides pouvaient être récupérés en les ouvrant à l'aide d'un percuteur. La pierre résiste bien à l'épreuve du temps, mais elle n'était pas la seule chose que ces gens utilisaient dans leur vie quotidienne. Il est probable que toute une gamme de matériaux, allant de la peau et de l'écorce utilisées pour créer des récipients, au bois utilisé pour créer des bâtons de fouille, des lances ou des massues, en passant par des outils de fouille en corne ou en os, étaient également utilisés.

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L'Acheuléen

Alors que l'Oldowayen était encore en plein essor et avait presque atteint l'Asie orientale grâce aux mains habiles de l'Homo erectus, l'Afrique vit l'essor d'une deuxième industrie de l'outil : l'Acheuléen (il y a environ 1,7 million d'années à environ 250 000 ans et nommé d'après St Acheul en France), qui se répandit un peu plus tard dans toute l'Eurasie. Il vit le développement d'outils aux formes nouvelles : de grands bifaces comme les haches à main, les pioches, les fendoirs et les couteaux permirent à l'Homo erectus, et plus tard à l'Homo heidelbergensis, d'avoir littéralement une meilleure prise sur le traitement de leurs proies et de leurs cueillettes.

Acheulean Handaxe
Hachette acheuléenne
Hugo Obermaier (Public Domain)

Ces bifaces - c'est-à-dire à deux faces, avec une surface de travail sur deux côtés - représentent un nouvel élément dans la fabrication d'outils en pierre. Ils étaient fabriqués à partir de grands éclats frappés dans des pierres ou dans des galets plus gros. Les outils étaient plus façonnés qu'auparavant, comme le montre la large gamme d'outils retouchés créés savamment, tels que les couteaux à bord abattu, les alènes et les racloirs. Mais ce sont surtout les haches à main et les fendoirs qui montrent la capacité à créer des objets symétriques à partir de matériaux en pierre, ce qui indique une capacité cognitive et des aptitudes motrices plus élevées que celles visibles dans l'industrie oldowayenne.

Des outils de forme plus précise nécessitaient une technique plus délicate ; en effet, des matériaux plus tendres comme le bois, l'os, le bois de cervidé, l'ivoire ou les pierres tendres étaient désormais utilisés comme percuteurs dans ce que l'on appelle la technique du percuteur doux. Le silex devint un matériau populaire, et en le travaillant, ainsi que les laves et les quartzites déjà connus, cette technique produisait des éclats plus fins qui étaient ensuite raffinés.

L'industrie acheuléenne était prospère et très répandue. On la retrouve non seulement en Afrique et en Eurasie, mais aussi au Proche-Orient, dans le sous-continent indien, ainsi qu'en Europe occidentale. Dans le cas de l'Acheuléen tardif, d'impressionnantes découvertes de lances en bois aiguisées à Schöningen, en Allemagne (datées d'au moins 300 000 ans), et à Clacton, en Angleterre, fournissent les premières preuves d'une chasse active et d'un armement de chasse approprié.. Elles ont été attribuées à l'Homo heidelbergensis. L'Europe de l'ère glaciaire a dû faire face à des conditions climatiques parfois glaciales, en particulier à certaines latitudes, mais les modèles d'utilisation des grattoirs acheuléens suggèrent qu'ils étaient utilisés pour gratter les peaux qui pouvaient ensuite être transformées en vêtements simples. Je ne serais pas étonné que les plaids douillets s'avèrent être beaucoup plus anciens que nous le pensons.

Il est intéressant de noter que, bien que la forme des haches à main varie considérablement dans le temps et l'espace, certains sites acheuléens présentent des formes et des tailles récurrentes qui donnent l'impression que leurs fabricants étaient tous abonnés au même magazine de fabrication d'outils, car il semble qu'ils se soient tous tenus à des normes stylistiques de production similaires.

Le Paléolithique moyen

Le Paléolithique moyen (il y a environ 250 000 à 30 000 ans, parfois appelé "moustérien" d'après le site du Moustier en France) marque un changement par rapport à la popularité des haches à main et des fendoirs présents tout au long de l'Acheuléen. Au lieu de cela, l'accent a été mis sur les formes retouchées réalisées sur des éclats produits à partir de pierres soigneusement préparées selon la technique dite de Levallois - une technique qui fut également utilisée dans une faible mesure au Paléolithique inférieur et au Paléolithique supérieur.

L'utilisation de cette technique impliquait une préparation minutieuse de la pierre de silex en la dégrossissant d'abord pour lui donner une face aplatie et en concevant une plate-forme de frappe spécifique. De cette façon, les fabricants d'outils pouvaient contrôler la forme de l'éclat à frapper. À partir de ces éclats, des formes retouchées telles que des racloirs, des pointes, des denticules et parfois des lames étaient fabriquées, qui sont bien représentées dans plusieurs de ces assemblages. Les techniques du marteau dur et du marteau doux étaient toutes deux utilisées pour aider les fabricants d'outils à obtenir les formes souhaitées.

Drawings of Middle Palaeolithic Tools: Points & Scrapers
Dessins d'outils du Paléolithique moyen : pointes et grattoirs
Adrien de Mortillet and Gabriel de Mortillet (via Wellcome Images) (CC BY)

Outre la pierre, la technologie de fabrication de lances en bois, qui trouve ses racines dans l'Acheuléen, s'est poursuivie au Paléolithique moyen, comme on peut le voir sur le site de Lehringen, en Allemagne, où une lance à la pointe durcie par le feu a été trouvée et a été associée à une carcasse d'éléphant. Des pointes en os, bien que rares, ont également été trouvées dans ce secteur. On a également trouvé des pointes en pierre dont la base était amincie, ce qui pourrait indiquer qu'elles ont pu être fixées à un manche de lance. La découverte des plus anciens outils en pierre à bitume connus en Europe s'inscrit également dans la période correspondant à cette industrie et, avec les pointes en pierre mentionnées ci-dessus, elle contribue à plaider en faveur du développement d'outils composites au Paléolithique moyen. L'utilisation du bitume comme adhésif pour la fixation des pointes de flèches et autres est également connue sur plusieurs sites européens du Mésolithique et du Néolithique, mais pas avant une période beaucoup plus tardive.

Tout ce qui précède indique que ces humains du Paléolithique moyen étaient peut-être très avancés. Il a été avancé que les étapes et la prévoyance nécessaires pour utiliser avec succès la technique du noyau préparé, par exemple, auraient exigé une quantité considérable de compétences de la part du fabricant. Le début de la fabrication des manches semble renforcer cette idée. Il est toutefois difficile de dire si ce progrès aurait été principalement limité à la sphère technologique ou s'il peut être considéré comme un progrès plus général des capacités humaines, par exemple en matière d'intelligence sociale et environnementale.

Ce qui est clair, en revanche, c'est que l'homme s'est répandu à travers le monde dans des environnements de plus en plus difficiles ; la plupart des zones d'Afrique et d'Eurasie ont été conquises, allant des climats tropicaux et tempérés aux climats périglaciaires, à l'exception des durs déserts, des forêts tropicales les plus denses et des toundras arctiques ou très septentrionales. À la fin de cette période (qui coïncide avec le Paléolithique supérieur), les humains ont même atteint la lointaine Australie il y a environ 40 000 ans, qui était reliée à la Papouasie-Nouvelle-Guinée grâce à la baisse du niveau des mers à cette époque. Les homininés qui correspondent à la période de cette industrie sont les homo sapiens archaïques, y compris les Néandertaliens, et les humains anatomiquement modernes (Homo sapiens sapiens).

Paléolithique supérieur ou tardif

Il existe des zones dans lesquelles le Paléolithique moyen a été conservé pendant un certain temps encore, tandis que d'autres avaient depuis adopté les caractéristiques qui les font entrer dans le Paléolithique tardif (vers 50 000/40 000 - vers 10 000 ans), ce qui constitue un bon exemple de la confusion typique en matière de datation qui résulte de ce mode de classification technologique. Cette industrie recule en même temps que les calottes glaciaires de la dernière glaciation ou ère glaciaire, après laquelle le climat s'est réchauffé. Elle est mieux connue des sites occupés par des humains anatomiquement modernes, et est généralement associée à ces derniers, mais une partie d'entre eux s'inscrit également dans la période des dernières populations de Néandertaliens, qui ont disparu des archives fossiles il y a environ 30 000 ans.

Creeping Hyena Spear Thrower of La Madeleine
Propulseur de lance en forme de hyène rampante de La Madeleine
Enigma51 (CC BY)

Le Paléolithique supérieur connut une énorme prolifération d'outils. Des outils à lame en pierre ont été créés, mais l'accent s'est déplacé de la pierre vers des artefacts fabriqués à partir de matériaux tels que l'os, le bois de cervidé et l'ivoire. Les aiguilles et les pointes étaient fabriquées à partir de ces matériaux non lithiques, qui se prêtaient parfaitement à ces formes fines, et leur présence indique que les vêtements cousus devaient être la norme à partir de 18 000 ans avant notre ère . Même des prouesses technologiques telles que les propulseurs de lances, les tendeurs de tiges, les harpons, les arcs et les flèches ont commencé à apparaître. Un lanceur de flèches est en fait une longue tige munie d'un crochet à son extrémité auquel on peut fixer une flèche, ce qui augmente à la fois la distance et la vitesse du projectile lancé par les mains habiles d'un chasseur à l'œil vif. Certaines de ces flèches étaient magnifiquement décorées de sculptures, ou même taillées en forme d'animaux ; la culture magdalénienne d'Europe occidentale en fournit des exemples étonnants. Vers la fin du Paléolithique supérieur, les flèches (et donc, par voie de conséquence, les arcs) étaient utilisées, comme on l'a découvert sur un site à Stellmoor, en Allemagne, et comme l'implique la petite taille de nombreuses pointes que l'on trouve dans cette industrie. Ces dispositifs mécaniques représentent un grand bond en avant dans l'évolution des technologies de la chasse et de l'armement.

Les technologies de la lame sont typiques de l'industrie de la pierre et montrent des éclats allongés produits par marteau doux ou par percussion indirecte : un percuteur frappait un poinçon placé sur le bord d'un noyau de lame. Les lames ainsi obtenues pouvaient être transformées en toute une série d'outils tels que des couteaux à bord abattu, des burins et des racloirs. En raison de la diversité des technologies du Paléolithique supérieur, certaines d'entre elles, comme le Solutréen d'Espagne et de France et les Clovis et Folsom du Nouveau Monde, se concentraient sur les pointes bifaciales qui pouvaient avoir été produites par la technique du marteau doux ou par l'écaillage sous pression. D'autres technologies, comme celles de l'Afrique et de l'Asie centrale et orientale, mettent l'accent sur les petites lames appelées " lamelles " et les microlithes géométriques (petites lames ou fractions de lames en silex) qui sont transformés en outils composites et en projectiles par le biais de la fabrication de manches.

Magdalenian Bone Sewing Needle
Aiguilles à coudre en os magdaléniennes
Didier Descouens (CC BY-SA)

L'homme moderne a réussi à atteindre l'Australie il y a environ 40 000 ans, ce qui correspond à la fois au Paléolithique moyen et au Paléolithique supérieur. Cependant, ce n'est que relativement tard dans le Paléolithique supérieur que nous voyons les premières traces d'humains traversant le détroit de Béring et atteignant les Amériques, où ils sont arrivés il y a au moins 15 000 ans. La culture la plus visible est celle de Clovis (il y a environ 13 500 à environ 13 000 ans), célèbre pour ses pointes de lance cannelées et souvent associée aux restes de mammouths. Les humains avaient alors conquis tous les continents possibles (l'Antarctique n'est pas ce que l'on pourrait considérer comme un critère réaliste) et des climats allant des tropiques aux déserts et aux climats arctiques froids comme la pierre, utilisant cette nouvelle gamme d'outils pour exploiter efficacement leur environnement et les aider à s'adapter à toutes ces températures différentes.

Le Mésolithique

La façon dont l'homme s'est adapté à de nouveaux terrains et à un éventail plus large de climats au cours du Paléolithique supérieur est un bon précurseur du type d'adaptation requis lorsque la dernière glaciation ou période glaciaire s'est terminée il y a environ 12 000 ans. Le climat s'est réchauffé, entraînant une élévation du niveau des mers, inondant les zones côtières de faible altitude et créant, par exemple, la Manche, et des forêts plus denses ont commencé à apparaître. Il est important de noter que de nombreux mammifères préhistoriques géants, tels que les mammouths laineux, ont progressivement disparu, probablement poussés par le climat et peut-être aussi par les chasseurs humains, ce qui a eu un impact sur le type de sources de nourriture disponibles pour les chasseurs-cueilleurs contemporains. Le Mésolithique, qui s'étend de la fin de la période glaciaire à la transition vers l'agriculture (qui s'est produite à des moments différents selon les régions), a vu les humains s'adapter à ces environnements changeants. Alors que l'agriculture n'a atteint l'Europe du Nord qu'aux alentours de 4 000 avant notre ère, le Mésolithique a à peine eu le temps de commencer au Proche-Orient, où le passage à l'agriculture s'est fait vers 9 000 avant notre ère.

L'archétype de l'outil du Mésolithique (bien qu'il soit également présent en dehors de cette industrie) est le microlithe - une petite lame ou fraction de lame en silex, souvent d'environ 5 mm de long et 4 mm d'épaisseur seulement. Le fait de frapper une petite carotte peut donner les résultats escomptés, tout comme une technique consistant à entailler une lame plus grande puis à en détacher une petite partie. Cette technique a donné naissance à de minuscules déchets appelés microburins, qui lui ont donné son nom. Les microlithes pouvaient être utilisés comme pointes d'armes ou de flèches, ou plusieurs microlithes pouvaient être réunis pour créer des bords tranchants sur des outils. Au Mésolithique ancien, ces microlithes semblent être très standardisés par rapport au même type d'objets du Mésolithique ultérieur, ce qui peut donner des indices sur les différentes manières dont ces peuples ont pu chasser.

L'énorme pourcentage de pointes de flèches présentes dans les assemblages mésolithiques indique une forte probabilité que les parties charnues des proies de ces chasseurs-cueilleurs aient connu une fin malheureuse aux mains d'archers habiles.

Bien que les décorations riches et imaginatives observées au Paléolithique supérieur soient largement absentes du Mésolithique, ces microlithes montrent une évolution vers un type d'outil composite très sophistiqué et polyvalent, qui était en outre beaucoup plus efficace en termes d'utilisation des ressources en silex que les industries précédentes. L'énorme pourcentage de pointes de flèches présentes dans les assemblages du Mésolithique indique une forte probabilité que les parties charnues des proies de ces chasseurs-cueilleurs aient connu une fin malheureuse aux mains d'archers habiles. Les types de proies que ces flèches pouvaient abattre allaient des petits animaux, tels que les oiseaux et les poissons, aux plus gros gibiers, tels que l'onagre et la gazelle, qui pouvaient être abattus avec des flèches à pointe en forme de ciseau. On pouvait également fixer des barbes sur les flèches, ce qui - comme l'ont montré des expériences - s'avère très efficace pour causer des blessures larges et béantes une fois que la pointe de la flèche avait atteint sa cible. Plus la blessure était grande, plus les dommages internes étaient importants, et plus la perte de sang était importante.

Cependant, bien que les armes de ces peuples du Mésolithique étaient tout à fait capables d'abattre des bêtes énormes, et parce que le nombre de bêtes énormes a diminué à cette époque, il fallait trouver des alternatives. Heureusement, ces chasseurs-cueilleurs ont réussi à s'adapter à un régime alimentaire plus varié, en utilisant leurs flèches sur de nombreux animaux différents, ainsi qu'en développant un matériel de pêche sophistiqué, à savoir les premiers filets et hameçons connus. Les pioches et les haches étaient même utilisées pour défricher les arbres indésirables, et on a retrouvé des canoës et des skis pour cette période. Les herminettes en os se sont avérées utiles pour déraciner les tubercules, tandis que les alènes pouvaient être utilisées pour le traitement des plantes et le travail des peaux. Les grattoirs, également utilisés pour décharner, éclaircir et assouplir les peaux, étaient très populaires au Mésolithique supérieur, tout comme les outils en os et en bois de cervidé.

Mesolithic Harpoons & Lyngby Axe
Harpons mésolithiques et hache Lyngby
Wolfgang Sauber (CC BY-SA)

Il est frappant de constater que ces personnes étaient capables d'entrer en contact avec des sociétés lointaines pour échanger des biens et des outils, comme le montre la diffusion de l'obsidienne méditerranéenne et du silex polonais de couleur chocolat. Il faut souligner que cette époque connaîssait de grandes variations régionales.

Le Néolithique

Avec l'arrivée de l'agriculture, entre environ 9 000 avant J.-C. au Proche-Orient et jusqu'à environ 4 000 avant qu'elle ne se propage jusqu'en Europe du Nord, les modes de vie des sociétés concernées ont évidemment changé radicalement. C'est la seule partie de l'âge de pierre où les sociétés en question ne sont plus des chasseurs-cueilleurs. Cependant, comme le laisse entendre la façon dont nous choisissons de laisser cet âge se terminer avec le début de l'utilisation du bronze (dont la première utilisation eut lieu au Proche-Orient vers 3 300 avant notre ère), le Néolithique vit encore l'utilisation d'outils en pierre.

Malgré cet énorme changement vers un mode de vie plus sédentaire, il est clair que certaines traditions du Mésolithique ont perduré jusqu'au Néolithique. Les technologies de l'os et du bois de cerf et l'utilisation de pointes de projectiles en sont des exemples. Des couteaux de récolte et des faucilles ont été trouvés tant au Paléolithique qu'au Mésolithique, car ils étaient également utilisés avant l'agriculture, mais ils sont devenus populaires dans ce nouveau contexte. Quant aux techniques de travail de la pierre, comme le meulage et le perçage, qui n'étaient pas rares, même au Paléolithique supérieur, elles ont pris une toute nouvelle dimension et ont été appliquées avec beaucoup plus d'ardeur qu'auparavant.

L'effet le plus important sur la technologie semble provenir des exigences économiques liées au soutien d'une population plus nombreuse (que les bandes de chasseurs-cueilleurs), comme dans les villages. Un tel mode de vie entièrement sédentaire aurait nécessité moins d'outils légers et faciles à transporter sur le terrain (on a fait valoir qu'il existe un contraste entre les chasseurs-cueilleurs, même les plus sédentaires, et les agriculteurs sédentaires). Un bon exemple d'une pièce d'équipement qui aurait été légèrement peu pratique à transporter par la seule main de l'homme est le métier à tisser, qui est presque exclusivement connu des agriculteurs, et qui facilitait la production textile. Il est concevable que les outils utilisés dans la production textile aient été parmi les premiers à apparaître au début du Néolithique. Un site néolithique en Syrie présente des outils tels que des forets et des alésoirs qui ont pu être utilisés pour l'assemblage du bois - ou l'assemblage de pièces de bois à l'aide de chevilles et autres.

Si tout cela vous semble plutôt pacifique jusqu'à présent, ne vous inquiétez pas. Les humains ne seraient pas des humains s'ils ne montraient pas aussi un aperçu de leur côté violent. Les haches sont très visiblement présentes dans les archives archéologiques du Néolithique ; on connaît des tas entiers de haches en silex. Cependant, d'autres matériaux que le silex étaient également utilisés. Ces outils entrent dans la catégorie des outils en pierre polie, ils étaient soigneusement polis et pouvaient être montés sur des manches en bois. Toutefois, plutôt que de n'imaginer que des hordes déchaînées de guerriers avec des haches, il s'agissait souvent de haches de travail, utilisées pour abattre des arbres plutôt que des voisins.

Malheureusement, au fil du temps et de la transition entre les âges du bronze et du fer, de la préhistoire à l'histoire, jusqu'à aujourd'hui, l'utilisation (et le potentiel meurtrier) des armes semble continuer à croître de manière exponentielle. Pour ma part, je préfère les vieilles pierres et autres outils de l'âge de pierre.

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Bibliographie

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  • Villmoare, Brian e.a. "Early Homo at 2.8 Ma from Ledi-Geraru, Afar, Ethiopia." Science, Vol. 347, Issue 6228, 20 March 2015, pp. 1352-1355.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Emma Groeneveld
Emma a étudié l'histoire et l'histoire ancienne. Pendant sa maîtrise, elle s'est concentrée sur Hérodote, ainsi que sur les anecdotes croustillantes de la politique des cours antiques. Plus récemment, elle s'est plongée dans la préhistoire au sens large.

Citer cette ressource

Style APA

Groeneveld, E. (2016, décembre 21). Outils de l'Âge de Pierre [Stone Age Tools]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-998/outils-de-lage-de-pierre/

Style Chicago

Groeneveld, Emma. "Outils de l'Âge de Pierre." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le décembre 21, 2016. https://www.worldhistory.org/trans/fr/2-998/outils-de-lage-de-pierre/.

Style MLA

Groeneveld, Emma. "Outils de l'Âge de Pierre." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 21 déc. 2016. Web. 04 oct. 2024.

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