Homo Floresiensis

Définition

Emma Groeneveld
de , traduit par Babeth Étiève-Cartwright
publié le 05 juin 2017
X
translations icon
Disponible dans ces autres langues: anglais
Homo Floresiensis Reconstruction (by Karen Neoh, CC BY)
Reconstruction de l'Homo Floresiensis
Karen Neoh (CC BY)

L' Homo floresiensis (ou Homme de Florès), surnommé "hobbit" parce qu'il ne mesurait qu'un mètre environ, est une espèce éteinte d'humain fossile qui vivait sur l'île de Florès, en Indonésie, au Pléistocène. Floresiensis est encore entouré d'une grande part de mystère. Fouillés pour la première fois dans la grotte de Liang Bua en 2003, ces humains auraient vécu environ 74 000 à 12 000 années de nous, ce qui aurait fait d'eux les derniers humains survivants en dehors de notre propre espèce d'Homo sapiens. Des preuves récentes suggèrent cependant que ces humains étaient en fait beaucoup plus anciens : leurs ossements datent maintenant d'environ 100 000 à 60 000 ans, et les outils trouvés à côté d'eux ont entre 190 000 et 50 000 ans. Il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas encore sur l'Homo floresiensis, y compris l'ascendance exacte de l'espèce qui est encore pleine d'inconnu.

Apparence et mode de vie

Ces petites personnes sont maintenant connues grâce à plus de 100 morceaux appartenant à environ 9 ou 14 individus, tous trouvés dans la grotte de Liang Bua. Le spécimen type (LB1) est un squelette partiellement complet qui devait mesurer environ 106 cm, tandis que les autres individus étaient peut-être encore un peu plus petits. Par rapport aux autres humains qui vivaient à la même époque, comme les Néandertaliens (qui mesuraient en moyenne 165 cm) et notre Homo sapiens, les Floresiensis avaient donc une perspective très différente.

Supprimer la pub
Advertisement

À l'image de leur petit corps, le seul crâne retrouvé - celui du spécimen LB1 - présente un cerveau d'environ 426 cm3 (contre environ 1300 cm3 pour l'Homo sapiens actuel). Les squelettes de l'Homo floresiensis présentent une étrange mosaïque de caractéristiques, dont certaines sont plus modernes et d'autres assez primitives ; par exemple, il avait des jambes courtes par rapport à ses bras, de grands pieds (ce qui correspond étrangement à son surnom de hobbit), des os de poignet primitifs, mais des pouces relativement modernes.

Homo Floresiensis Skull
Crâne d'Homo Floresiensis
Ryan Somma (CC BY-SA)

L' Homo floresiensis vivait de chasse et de cueillette sur une île qui montrait des signes évidents d'isolement, heureuse de faire son bout de chemin évolutif en toute tranquillité. Certains petits mammifères devinrent plus grands que leurs congénères du continent, tandis que d'autres, plus grands, devinrent nains, comme la version florésienne du stégodon, une créature ressemblant à un éléphant qui semble avoir été chassée par l'Homo floresiensis. On trouve également des dragons de komodo, des rats géants et d'effrayants oiseaux carnivores, comme l'énorme cigogne marabout de 1,8 mètre de haut. Bien que l'Homo floresiensis disposait d'outils en pierre assez perfectionnés et qu'on pense qu'il connaissait le feu - ce qui l'aurait aidé à faire face à toutes ces choses - les signes plus symboliques ou modernes qui se dégagent des preuves d'enterrement ou d'ornementation personnelle sont totalement absentes.

Supprimer la pub
Advertisement

Mise au jour de leurs origines

Au cours de la dernière décennie, toute une série de théories ont été proposées pour expliquer qui étaient les ancêtres de l'Homo floresiensis. Dès le départ trois théories principales se sont dégagées . La première était que l'Homo floresiensis avait évolué à partir de l'Homo erectus asiatique et qu'il était devenu nain après son arrivée sur l'île (les cas de nanisme sur des îles isolées ne sont pas rares) ; la deuxième était qu'il était issu d'une espèce précoce d'Homo ayant des racines en Afrique, comme l'Homo habilis; et la troisième était qu'il aurait pu être un Homo sapiens précoce frappé par une sorte de maladie ou de trouble. Malheureusement, ces théories n'ont pas pu expliquer correctement toutes les caractéristiques de "hobbit" de l'homo floresiensis, ou ont souffert d'un manque de données disponibles pour faire pencher la balance en faveur de l'une ou l'autre de ces théories.

L'Homo floresiensis avait des jambes courtes par rapport à ses bras, de grands pieds, des os du poignet primitifs, mais des pouces relativement modernes.

Des études récentes (voir, par exemple, Argue 2017) jettent un peu de lumière dans ce fouillis obscur, cependant. De nouvelles données suggèrent que Floresiensis semble en effet être lié à une lignée d'Homo précoce enracinée en Afrique (il y a plus de 1,75 million d'années) et qu'il est soit une espèce sœur de l'Homo habilis, soit une espèce sœur d'un groupe qui englobe au moins l'Homo habilis, l'Homo erectus africain et asiatique et l'Homo sapiens (et qui se situe à un niveau évolutif similaire à celui de l'Homo habilis). Les ancêtres de Floresiensis ont dû quitter l'Afrique lors d'un événement migratoire encore inconnu, qui pourrait même avoir précédé ou presque coïncidé avec les premiers pas de l'Homo erectus hors d'Afrique, qui est généralement considéré comme le premier Homo à avoir fait le grand saut.

Supprimer la pub
Advertisement

Dans ce nouveau schéma, il est démontré que l'Homo floresiensis n'est pas étroitement lié à l'Homo erectus ou à l'Homo sapiens en particulier, et en raison de cette distance par rapport à l'Homo sapiens, la théorie fumeuse proposant que Floresiensis était une forme malade de Sapiens - qui avait déjà beaucoup de mal à expliquer l'ensemble de l'histoire - semble maintenant être sortie de la poêle à frire et avoir atterri dans le feu.

Location of the Island of Flores, Indonesia
Localisation de l'île de Florès, Indonésie
M.Minderhoud (ed.) (Public Domain)

Malgré cette clarification, il y a toujours un énorme fossé entre ces premiers Homo (habilis?) vivant en Afrique il y a plus de 1,75 million d'années, et les squelettes de Floresiensis présents sur l'île de Florès en Indonésie il y a environ 100 000 à 60 000 ans (avec des outils datant d'environ 190 000 à 50 000 ans). Le seul tremplin possible à ce jour a été mis au jour en 2016, sur le site de Mata Menge, situé sur Florès à une distance de 74 km de la grotte de Liang Bua où les spécimens de Floresiensis ont été découverts. Un morceau de mâchoire et quelques dents découverts sur place se sont révélés beaucoup plus anciens que les spécimens de Floresiensis, puisqu'ils datent d'environ 700 000 ans, et étonnamment, ils sont environ 20 % plus petits que les hobbits. Ces fragments sont donc de bons candidats pour être les ancêtres de l'Homo floresiensis, et si cela est vrai, leur lignée doit avoir voyagé depuis l'Afrique au moins une fois entre leur première apparition là-bas et leur arrivée sur Florès, il y a au moins 700 000 ans environ.

Points d'interrogation

Outre les lacunes évidentes de leur lignée, l'histoire des "hobbits" comporte d'autres points d'interrogation. Lorsque leurs ancêtres partirent à l'aventure hors d'Afrique à une époque inconnue, un long voyage les séparait non seulement de l'île de Florès, mais l'île était également entourée de suffisamment d'eau pour qu'une simple baignade ne suffise pas à la rejoindre. Il a été proposé qu'un tsunami ou un autre déplacement soudain d'eau ait emporté la lignée des Floresiensis depuis des endroits proches comme Sulawesi jusqu'aux rivages verts de Florès, et pour l'instant, cette idée semble faire l'objet d'un consensus provisoire pour expliquer cette part de mystère. En outre, les personnes qui sont arrivées sur l'île étaient-elles déjà très petites ou le sont-elles devenues dans l'isolement de l'île (ce qui semble plausible, mais comment les fossiles de Mata Menge, 20 % plus petits, s'intègrent-ils dans cette équation ?)

Supprimer la pub
Advertisement

Liang Bua Cave
Grotte de Liang Bua
Rosino (CC BY-SA)

Sur l'île elle-même, il y a évidemment d'énormes lacunes dans la chronologie des "hobbits", et nous ne connaissons vraiment qu'une vue d'ensemble - il est difficile de remplir de nombreux détails concernant le mode de vie de cette espèce. Nous ne savons pas non plus exactement quand ils disparurent, car l'absence de preuves datant de moins de 50 000 ans démontre seulement que nous ne pouvons pas encore retracer leur existence au-delà de ce point, mais pas qu'ils n'ont certainement pas vécu pendant un certain temps encore. En outre, même avec une date d'environ 50 000 ans en tête, Floresiensis pourrait avoir une période de chevauchement avec Homo sapiens et les Denisovans en Asie du Sud-Est. Des découvertes récentes ont montré que les premiers humains modernes ont atteint l'île indonésienne de Sumatra, située plus à l'ouest, il y a environ 73 000 à 63 000 ans, et une présence humaine a également été mise au jour dans le nord de l'Australie, il y a environ 65 000 ans. En l'absence de preuves directes, la question de savoir s'ils se sont réellement rencontrés reste ouverte.

Il faudra sans doute un bon moment pour résoudre plus précisément cette énigme de l'Homo floresiensis. Mais lorsque nous y parviendrons (ou si nous y parvenons), leur histoire a le potentiel d'ajouter un aspect très intéressant, peut-être même bouleversant, au parcours évolutif clairement complexe de l'Homo. Après tout, l'œuvre de Tolkien qui correspond au surnom de ces personnes a une suite elle aussi.

Supprimer la pub
Publicité

Bibliographie

  • A find in Australia hints at very early human exit from AfricaAccessed 29 Aug 2017.
  • Aiello, L. C. "Homo floresiensis." Handbook of Paleoanthropology. Vol III, edited by Henke, Winfried, and Ian Tattersall (eds.). Springer, 2015, 2281-2297.
  • Argue, D. e.a. "The affinities of Homo floresiensis based on phylogenetic analyses of cranial, dental, and postcranial characters." Journal of Human Evolution, Vol. 107, June 2017, pp. 107–133.
  • Brown, P. e.a. "A new small-bodied hominin from the Late Pleistocene of Flores, Indonesia." Nature, 431, 28 October 2004, pp. 1055-1061.
  • Culotta, E. "Likely hobbit ancestors lived 600,000 years earlier." Science, Vol. 352, Issue 6291, 10 June 2016, pp. 1260-1261.
  • Morwood, M. J. e.a. "Archaeology and age of a new hominin from Flores in eastern Indonesia." Nature, 431, 28 October 2004, pp. 1087-1091.
  • Morwood, M. J. e.a. "Further evidence for small-bodied hominins from the Late Pleistocene of Flores, Indonesia." Nature, 437, 13 October 2005, pp. 1012-1017.
  • Sutikna, T. e.a. "Revised stratigraphy and chronology for Homo floresiensis at Liang Bua in Indonesia." Nature, 532, 21 April 2016, pp. 366–369.
  • Van den Bergh, G. D. e.a. "The Liang Bua faunal remains: a 95 k.yr. sequence from Flores, East Indonesia." Journal of Human Evolution, Volume 57, Issue 5, November 2009, pp. 527-537.
  • Westaway, K. E. e.a. "An early modern human presence in Sumatra 73,000–63,000 years ago." Nature, 548 (17 August 2017), pp. 322–325.

Traducteur

Babeth Étiève-Cartwright
Babeth s'est consacrée à la traduction après avoir enseigné l'anglais au British Council de Milan. Elle parle couramment le français, l'anglais et l'italien et a 25 ans d'expérience dans le domaine de l'éducation. Elle aime voyager et découvrir l'histoire et le patrimoine d'autres cultures.

Auteur

Emma Groeneveld
Emma a étudié l'histoire et l'histoire ancienne. Pendant sa maîtrise, elle s'est concentrée sur Hérodote, ainsi que sur les anecdotes croustillantes de la politique des cours antiques. Plus récemment, elle s'est plongée dans la préhistoire au sens large.

Citer cette ressource

Style APA

Groeneveld, E. (2017, juin 05). Homo Floresiensis [Homo Floresiensis]. (B. Étiève-Cartwright, Traducteur). World History Encyclopedia. Extrait de https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15543/homo-floresiensis/

Style Chicago

Groeneveld, Emma. "Homo Floresiensis." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. modifié le juin 05, 2017. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-15543/homo-floresiensis/.

Style MLA

Groeneveld, Emma. "Homo Floresiensis." Traduit par Babeth Étiève-Cartwright. World History Encyclopedia. World History Encyclopedia, 05 juin 2017. Web. 24 avril 2024.

Adhésion