
Æthelstan ou Athelstan est reconnu comme le premier véritable roi d'Angleterre. Son règne s'étendit de 927 à 939. Fils d'Édouard l'Ancien (règne : 899-924) et petit-fils d'Alfred le Grand (règne : 871-899), il hérita du royaume anglo-saxon du Sud en 924 avant de s'emparer de York, alors aux mains des Vikings, en 927, et d'asseoir son autorité sur tout le nord de l'Angleterre. Il contribua grandement à unifier les différentes communautés de son royaume, notamment les Merciens, les Saxons de l'Ouest, les Danois et les Northumbriens, en organisant des conseils nationaux, en réformant les lois en vigueur et en encourageant l'unité à travers l'imposition du christianisme en tant que religion d'État.
Il sut également étendre son influence bien au-delà des frontières de l'Angleterre en soumettant les rois du Pays de Galles, d'Écosse et de Strathclyde, et en forgeant des alliances avec les souverains de Francie, de Germanie et de Norvège. Il affronta la plus grande épreuve de son règne en 937 lorsqu'une coalition d'Écossais, de Celtes et de Vikings tenta de s'emparer du nord de l'Angleterre. Toutefois, la défaite de ces envahisseurs à la bataille de Brunanburh a marqué un tournant décisif de l'histoire du nouveau royaume : il s'agit de la première grande victoire du Royaume Uni d'Angleterre.
Notre source principale d'informations au sujet d'Æthelstan est un ensemble d'annales contemporaines, la Chronique anglo-saxonne, qui fournit des détails essentiels mais limités. Ces détails ont depuis été enrichis par l'historien du XIIe siècle Guillaume de Malmesbury, qui disait travailler à partir d'un livre ancien sur le roi, aujourd'hui perdu. On comprendra d'autant plus facilement l'admiration qu'éprouvait Guillaume vis-à-vis d'Æthelstan dans la mesure celui-ci était un grand mécène de l'abbaye de Malmesbury. Selon Guillaume, le roi était 'extrêmement aimé par ses sujets en raison de l'admiration qu'il inspirait par sa force d'âme et son humilité, [et] il était redoutable pour ceux qui se rebellaient contre lui, du fait de son invincible courage'. Il nous dit également que le roi était 'd'une tournure majestueuse, mince, avec des cheveux blonds pâles' qui, selon l'enquête de Guillaume sur le cercueil d'Aethelstan, étaient 'joliment adornés de fils d'or' (Sharpe, 134).
Jeunesse
Æthelstan est né en 894 d'Édouard et de sa première épouse, Ecgwynn. Édouard, encore jeune homme, était l'héritier du royaume méridional du Wessex, gouverné par son père, Alfred le Grand, qui avait su tenir tête victorieusement aux envahisseurs vikings, leur infligeant une cuisante défaite à la bataille d'Edington en 878, après qu'ils eurent conquis le nord et l'est de l'Angleterre.
Alfred éprouvait une affection particulière pour son petit-fils. Ainsi, lorsqu'Æthelstan eut environ cinq ans, Alfred organisa une cérémonie publique pour le jeune prince, lui offrant un manteau écarlate, une ceinture sertie de diamants et une épée au fourreau d'or, présentant le garçon comme un prince 'digne du trône'. Æthelstan fut ensuite envoyé dans les Midlands de l'Ouest pour y être élevé par la fille d'Alfred, Æthelflaed, la Dame des Merciens (règne 911-918), et son mari, Æthelred, le Seigneur des Merciens (règne 881-911), un fidèle vassal du Wessex.
Plus tard, Æthelstan fut salué comme le 'souverain le mieux éduqué qu'ils [les Anglais] aient jamais eu', car on lui avait appris à lire et à écrire à la fois en anglais et en latin (Foot, 29). Il a probablement aussi étudié des ouvrages classiques de théologie et de philosophie, notamment les Soliloques d'Augustin d'Hippone et La Consolation de la philosophie de Boèce. Lorsque Édouard devint roi du Wessex à la mort de son père en 899, sa première décision d'importance fut d'écarter la mère d'Æthelstan, Ecgwynn, qui n'avait qu'un statut politique mineur, au profit d'une consort plus prestigieuse, Ælfflaed de Wiltshire. Sa nouvelle épouse était la fille de l'Ealdorman Æthelhelm de Wiltshire (mort en 897), un puissant seigneur qui avait été l'un des principaux commandants militaires d'Alfred. Si cette union avait le mérite de renforcer la position d'Édouard, elle compromettait celle d'Æthelstan, car le fils du second mariage d'Édouard, Ælfweard, pouvait dès lors revendiquer son appartenance àune lignée maternelle supérieure à celle de son demi-frère aîné. Ælfweard a également grandi dans le Wessex aux côtés de son père, nouant des liens avec les représentants du pouvoir du royaume, tandis qu'Æthelstan était éloigné en Mercie.
Ces circonstances particulières n'empêchèrent pas Æthelstan d'effectuer un apprentissage royal exemplaire. Désormais dirigés par Æthelflaed, après la mort de son mari en 911, les Merciens entrèrent en guerre contre les Vikings des Midlands de l'Est. En sa qualité d'un des principaux lieutenants de sa tante, Æthelstan dirigea des forces armées et construisit des forteresses en son nom, ce qui lui valut renommée et respect parmi les Merciens. À la mort d'Æthelflaed en 918, la Mercie passa à son frère, Édouard, et Æthelstan continua à exercer ses fonctions, peut-être même en tant que représentant de son père en Mercie, acquérant ainsi une précieuse expérience tant politique que militaire.
Succession et le Nord
Après un règne marqué par des victoires militaires et l'expansion de son royaume, Édouard mourut à l'été 924. Cependant, ses dernières volontés en ce qui concernait sa succession n'étaient pas clairs. Les Merciens et les Saxons de l'Ouest convoquèrent chacun leur propre witan (assemblée comprenant les membres les plus éminents de la noblesse et du clergé) pour discuter de la succession, et les Saxons de l'Ouest choisirent Ælfweard comme nouveau roi.
Ils estimaient qu'Æthelstan avait été trop longtemps absent et qu'il était désormais plus Mercien que Saxon de l'ouest. Plus rédhibitoire encore, des rumeurs commencèrent à se répandre selon lesquelles la mère d'Æthelstan avait été en réalité la concubine d'Édouard et non son épouse légitime, ce qui affaiblissait considérablement les prétentions d'Æthelstan au trône. Cependant, alors que les préparatifs pour le couronnement d'Ælfweard battaient leur plein, deux semaines seulement après la mort d'Édouard, celui-ci s'éteignit à son tour. C'était maintenant au tour des Merciens d'agir : ils déclarèrent Æthelstan roi, et les Saxons de l'Ouest, soucieux de préserver l'union entre les deux royaumes, acceptèrent de le reconnaître pour souverain. Son couronnement eut lieu l'année suivante à Kingston-upon-Thames, un domaine royal près de Londres, à la frontière entre la Mercie et le Wessex. Il y jura de régner de manière équitable sur les deux peuples, sous le titre utilisé par son père et son grand-père de 'roi des Anglo-Saxons'. Cependant, outre la promotion de l'unité et de la continuité, le couronnement d'Æthelstan exprimait également ses ambitions élevées. Traditionnellement, un roi anglo-saxon était investi d'un anneau, d'une épée, d'un sceptre, d'une baguette et d'un casque de guerre cérémoniel lors de son couronnement. Mais lorsque Æthelstan s'agenouilla devant l'archevêque Æthelhelm de Cantorbéry, c'est une couronne qui fut placée sur sa tête à la place d'un casque. Le nouveau roi affichait clairement ses aspirations à l'imperium sur toute l'île de Bretagne (Britannia), le territoire jadis gouverné par les empereurs de Rome, qui avaient autrefois orné leurs pièces de monnaie de couronnes, et prit Charlemagne (règne 768-814), le roi franc qui restaura le titre d'empereur romain en se faisant couronner en l'an 800, pour modèle.
L'héritage d'Æthelstan comprenait l'actuel sud de l'Angleterre (Wessex), les Midlands (Mercie) et l'Est Anglie (conquise aux Vikings par Édouard). À l'ouest, protégés par la digue d'Offa, se trouvaient les différents royaumes gallois, et au nord, le royaume viking de York. Æthelstan avait initialement négocié la paix avec le roi Sihtric de York (règne : 921-927) en 926. Cependant, lorsque Sihtric mourut l'année suivante et que son frère, Guthrith de Dublin (règne : 921-934), mit le cap à l'est pour s'emparer du trône, Æthelstan marcha vers le nord, s'empara d'abord de York et se proclama maître de la ville.
Bien que les habitants du nord aient généralement considéré les rois du sud avec une certaine méfiance, de nombreux chrétiens étaient restés dans la région. Ainsi, faisant cause commune, Æthelstan fit de l'Église du nord un partenaire dans son gouvernement de la Northumbrie, accordant de vastes étendues de terres à l'archevêché de York afin de s'assurer sa loyauté et son soutien. Il se rendit également au sanctuaire de Saint Cuthbert dans la cathédrale de Durham, où il fit des offrandes à ce saint, le plus vénéré du nord.
Après s'être assuré de York, Æthelstan convoqua plusieurs souverains du nord, venus d'Écosse, de Strathclyde (un royaume celte du nord-ouest) et de Bamburgh (terres anglaises au nord du Yorkshire), à une réunion à Eamont Bridge, dans le comté de Cumbrie, à la frontière nord-ouest de son royaume. Là, ils jurèrent tous fidélité à Æthelstan et, en tant que rois chrétiens, promirent de ne jamais s'allier avec les païens Vikings. Æthelstan avait aussi certainement un œil sur les ambitieux parents de Sihtric à Dublin, qui revendiquaient toujours York.
Après avoir solidement ancré son autorité dans le nord, il retourna dans le sud, à Hereford, près de la frontière galloise, où les rois gallois se soumirent également à son pouvoir et s'engagèrent à lui verser un tribut annuel de 'vingt livres d'or et trois cents livres d'argent, ainsi qu'à lui remettre 25 000 bœufs, ainsi que tous les chiens de chasse et oiseaux de proie qu'il souhaiterait' (Sharpe, 134).
La réputation d'Æthelstan et l'étendue de son royaume étaient telles que ses rivaux avaient été soumis par la simple menace de la violence ou, comme le raconte le chroniqueur Guillaume de Malmesbury, 'par la seule terreur inspiré par son nom' (Sharpe, 132). Mais comment ce 'roi de toute la Grande-Bretagne', comme on nommait désormais Æthelstan, allait-il gouverner et maintenir l'unité de son nouvel empire ?
Gouvernance, législation et conseils royaux
Un roi anglo-saxon exerçait traditionnellement son autorité par l'intermédiaire de petits conseils royaux composés de ses principaux partisans. Cependant, en tant que souverain d'un royaume nouvellement formé et considérablement agrandi, les conseils d'Æthelstan ressemblaient davantage à des assemblées nationales, dont certaines comptaient plus de 100 nobles et ecclésiastiques venus de toute l'Angleterre. Selon Michael Wood, ces conseils 'permettaient au roi de s'entretenir avec les dirigeants des régions, de délibérer sur les crimes et les peines correspondantes, d'élaborer des lois, de recevoir les ambassadeurs étrangers et de définir la politique à mener. En face à face, il lui était possible de persuader, récompenser et, si nécessaire, de menacer' (21).
Ils contribuaient également à neutraliser le séparatisme régional. Les Saxons de l'Ouest, qui avaient autrefois favorisé le frère d'Æthelstan, et les Merciens, qui avaient grandi avec Æthelstan, siégeaient désormais ensemble au sein d'un conseil commun. Ils étaient rejoints par leurs anciens rivaux, les chefs de guerre vikings soumis de l'est et du nord de l'Angleterre Pendant ce temps, les archevêques de Cantorbéry et d'York étaient unis pour la première fois par un projet politique commun tout en se réjouissant de ce que leur nouveau protecteur soit un homme véritablement pieux et érudit.
Les lois promulgées par Æthelstan lors de ces conseils révèlent un souverain énergique, désireux d'imposer de la stabilité à son royaume. Il fit interdire la frappe des monnaies et le commerce en général en dehors des burhs (villes fortifiées), ce qui provoqua une concentration de l'activité commerciale dans les villes, où les achats et les ventes pouvaient être réglementés par des agents royaux. Ces agents veillaient à ce que les litiges commerciaux soient rapidement résolus et à ce que les nouvelles pièces de monnaie respectent les normes de poids et d'argent en vigueur. Parmi ses lois plus sévères se trouve la peine de mort pour vol, un problème persistant sous son règne. Cependant, après mûre réflexion, il fit plus tard passer l'âge de la peine de mort de 12 à 15 ans arguant qu'il lui semblait 'trop cruel de faire périr un homme si jeune' (Whitelock, 428). Il fit également adopter les premières lois anglaises destinées à aider les pauvres, en proclamant :
Je souhaite que vous [les propriétaires terriens] fournissiez toujours de la nourriture à tout Anglais démuni, s'il devait s'en trouver un [sur vos terres], ou en tout [autre] lieu.
(Lois d'Æthelstan)
Pour Æthelstan, aider les pauvres et les vulnérables faisait partie de ses devoirs de souverain chrétien, responsable de l'âme de ses sujets. Ces responsabilités incluaient la protection de l'église et la garantie d'une assistance spirituelle dans tout son royaume. Il a également fondé de nouvelles églises à Milton Abbas et Muchelney, dans le sud-ouest de l'Angleterre, et plusieurs églises et monastères, dont l'abbaye de Malmesbury, ont bénéficié de ses dons de terres, de livres et de reliques. Cette générosité a attiré des érudits et des moines du continent, ce qui a permis à ces maisons religieuses d'être bien pourvues en personnel et de poursuivre les programmes éducatifs lancés par Alfred.
Famille et politique étrangère
Æthelstan n'était pas un roi médiéval comme les autres dans la mesure où il ne s'est jamais marié. Bien que décrit comme homosexuel dans le film Sept rois doivent mourir (2023), il n'existe aucune preuve contemporaine de ce fait. Quoi qu'il en soit, un certain nombre de raisons politiques l'ont poussé à rester célibataire. En effet, Aethelstan avait deux frères très jeunes : Edmond (né en 921) et Eadred (né en 923) - issus du troisième mariage de son père avec Eadgifu de Kent - qu'il a adoptés et préparés à gouverner. Or, se marier et avoir ses propres fils aurait inévitablement conduit à un conflit entre ses fils et ses frères, et après avoir été impliqué dans la crise de succession de 924, Aethelstan souhaitait à tout prix en éviter d'en créer une nouvelle.
Il se trouve qu'en outre, Æthelstan n'avait pas non plus besoin de se marier pour former des alliances étrangères. Il entretenait déjà de bonnes relations avec le continent et avait arrangé des mariages pour ses sœurs afin de renforcer ces liens. Au nombre de sa parentèle européenne figuraient un cousin, le comte Arnulf (règne : 918-965), qui régnait sur la Flandre voisine, et un neveu, le prince Louis (règne : 936-954), héritier du trône de Francie, bien qu'il ait grandi en Angleterre après que sa dynastie, les Carolingiens, eut été destituée en 922.
Alors que la dynastie carolingienne (anciens souverains de Francie et de Germanie) reculait à travers l'Europe, de nouvelles familles régnantes émergèrent et étaient désireuses de s'unir par mariage à la maison de Wessex, plus établie, prestigieuse et prospère. En 926, la sœur du roi, Eadhild, épousa Hugues, duc des Francs, qui honora Æthelstan en lui offrant l'épée de Constantin le Grand et la lance de Charlemagne. Une deuxième sœur, Ealdyth, épousa le prince Otton (futur roi d'Allemagne, règne 936-973) en 930, et une autre, Ælfgifu, épousa un prince bourguignon la même année. Ces alliances aidèrent Æthelstan à rétablir son neveu Louis sur le trône de Francie lorsqu'il atteignit l'âge requis, son accession au trône en 936 étant soutenue par Hugues de France et Arnoul de Flandre.
Outre Louis, Æthelstan accueillit à sa cour plusieurs jeunes princes étrangers, dont Haakon de Norvège (qui régna de 934 à 961) et Alain II de Bretagne (qui régna de 938 à 952), qui furent tous deux soutenus par une flotte et des troupes terrestres afin de s'imposer comme souverains de leurs pays respectifs dans les années 930. Ces mariages et ces interventions firent d'Æthelstan le premier roi anglais à jouer un rôle important en Europe. En effet, à la fin des années 930, presque tous les souverains chrétiens de la côte ouest de l'Europe étaient ses alliés.
La bataille de Brunanburh
Les conquêtes et les traités d'Æthelstan avec les souverains du nord apportèrent six années de paix à la Grande-Bretagne, pendant lesquelles 'la paix régnait partout et tout était en abondance', nota un chroniqueur nostalgique (Campbell, 54). Malheureusement, la paix prit fin en 933 lorsque le roi Constantin II d'Écosse (règne : 900-943), cherchant à s'affranchir de la tutelle d'Æthelstan, voulut se libérer des liens d'allégeance aux Anglais. En réponse, Æthelstan mena une campagne militaire vers le nord, pillant l'Écosse et réprimant la révolte. Constantin fut ensuite emmené de force vers le sud jusqu'à Buckingham, où il dût une nouvelle fois prêter allégeance à Æthelstan.
Cependant, il n'avait pas renoncé à ses projetsd'indépendance. À peine de retour chez lui, Constantin recommença à comploter, cette fois avec des alliés tels qu'Owen de Strathclyde (actif : 930), qui aspirait à se libérer de la suzeraineté anglaise, et Olaf de Dublin (règne 934-939), fils de Guthrith, qui avait perdu York au profit d'Æthelstan en 927. Ayant hérité de Dublin en 934, Olaf était désormais craint de l'autre côté de la mer d'Irlande, commandant la loyauté de plusieurs rois vikings et largement considéré comme l'héritier légitime de York. Et si York pouvait être reconquise, les rois du nord gagneraient un État tampon et un allié puissant contre les Anglais.
Les coalisés firent voile et marchèrent sur le nord de l'Angleterre durant l'été 937, opérant leur jonction à Brunanburh, probablement l'actuelle ville de Bromborough dans le Wirral, sur la mer d'Irlande. Æthelstan marcha lentement depuis le sud, suivi par les guerriers de Mercie et du Wessex, et arriva dans le Wirral vers octobre 937.
Brunanburh fut l'une des plus grandes batailles de la période anglo-saxonne, les deux camps comptant entre 5 000 et 10 000 combattants. Æthelstan commandait personnellement le flanc gauche de l'armée anglaise contre les Vikings, tandis que le prince Edmond, alors âgé de 16 ans, menait le flanc droit contre les Écossais et les Bretons de Strathclyde. L'affrontement à Brunanburh fut d'une grande brutalité et ses survivants l'appelèrent tout simplement 'la grande bataille' (Campbell, 54). Un poète contemporain horrifié, relatant la mort de plusieurs chefs de l'invasion, commenta : 'Jamais on ne vit plus grand massacre sur cette île' (Livingston, 43). À la fin de la journée, alors que la bataille commençait à s'éterniser, les forces anglaises finirent par briser le mur de boucliers de leurs ennemis. Le chaos se répandit alors dans les lignes de bataille tandis que les envahisseurs étaient massacrés ou n'avaient d'autre choix que de s'enfuir.
Æthelstan resta maître du terrain, mais à quel prix. Il perdit une grande partie de son armée, ce qui l'empêcha de rétablir son hégémonie sur l'Écosse et le Strathclyde. Cependant, cette bataille marqua un tournant décisif pour les Anglais, qui la considèrent comme la première grande victoire pour la défense de leur patrie.
Mort et postérité
Le 27 octobre 939, alors qu'il tenait sa cour à Gloucester, Æthelstan s'éteignit à l'âge de 45 ans. La cause de sa mort reste inconnue. La Chronique anglo-saxonne se contente d'indiquer : 'Cette année, le roi Aethelstan mourut à Gloucester' (Giles, 65). Son corps fut transporté et enterré à l'abbaye de Malmesbury. Ce fait rompait avec la tradition, car les rois du West Saxon étaient généralement enterrés à Winchester, siège de l'évêque principal du Wessex. Cependant, la préférence de la ville pour Ælfweard en 924 avait conduit à des relations glaciales avec le roi. Malmesbury, quant à elle, était un lieu religieux ayant la faveur d'Æthelstan et se trouvait à la frontière entre la Mercie et le Wessex, démontrant que même dans la mort, il se sentait tout autant lié à son héritage ouest-saxon qu'à son éducation mercienne.
Contrairement à son père, Æthelstan avait réglé sa succession de son vivant et, à sa mort, le trône revint naturellement à son frère Edmond (règne : 939-946), jeune vétéran de Brunanburh, avec le soutien total des seigneurs anglais. Cependant, les colons vikings du nord et de l'est du royaume, qu'Æthelstan et sa tante Æthelfaed avaient conquis, retirèrent immédiatement leur allégeance aux Anglais et appelèrent Olaf de Dublin pour les diriger. Ils craignaient peut-être Æthelstan, mais Edmond n'inspirait pas (encore) la même terreur à ses ennemis que son frère. Il allait toutefois se battre pour le contrôle du nord de l'Angleterre, un conflit qui allait durer une génération et se terminer avec un troisième frère, le roi Eadred (règne : 946-955), qui établit définitivement le contrôle des Saxons de l'Ouest sur la Northumbrie en 954.
Même si son empire devait s'effondrer après sa mort, Æthelstan demeura indépendant et invaincu au combat tout au long de sa vie. Ses contemporains le reconnaissaient certainement comme un souverain remarquable. Un poète de sa cour proclama qu'Æthelstan était 'célèbre dans le monde entier' (Foot, 94). Un moine irlandais le louait comme 'le pilier de la dignité du monde occidental', et jusqu'en Islande, on se souvenait de lui comme 'Æthelstan le Victorieux' (Foot, 106 & 179). Bien qu'il ait régné pendant plusieurs décennies sur l'ensemble de la Grande-Bretagne, se présentant comme un empereur romain des temps modernes, il restera finalement dans les mémoires comme le tout premier roi d'Angleterre.